« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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jeudi 30 novembre 2023

Z comme Zoom sur les témoins

Dans les registres de Conques certains témoins réapparaissent régulièrement. Très régulièrement.

L'accordée de village, JB Greuze © Louvre

 

Les personnalités importantes de la paroisse sont sollicitées à de nombreuses reprises pour être témoin lors de mariage et décès ou parrain de nouveau-nés. L’organiste Jean Avalon (voir la lettre I de ce ChallengeAZ) est 3 fois témoin, 4 fois parrain et représentant 3 autres fois (voir la lettreA de ce ChallengeAZ).
Mais ce ne sont pas les notables les plus présents. 

 

  • Jacques Alran

Il est sollicité 39 fois : 3 fois parrains, 1 fois témoin à une naissance et 35 fois témoin à un décès ; notamment lors du décès de mon sosa 256, Pierre Astié.

 

Sépulture Pierre Astié, 1786 © AD12

"Pierre Astié veuf de Catherine Soutouly âgé d’environ 90 ans décédé le jour d’hier a été inhumé ce 12 mai 1786 en présence de Jacques Alran soussigné et de François Roux cordonnier qui n’a su signer de ce requis"

Originaire de la Vinzelle, habitant de la ville de Conques depuis environ 17 ans lors de son mariage en 1757 avec Marianne Vernhes, il est alors travailleur, c'est-à-dire manouvrier ou journalier. Ensemble ils auront au moins trois enfants. Lors de la décennie étudiée il est d’abord dit fournier (propriétaire ou gérant d'un four à pain) en 1780, puis restant (1788) et hospitalier (1788) : il a donc fini sa vie à l’hospice. Il est, en tant que témoin, souvent associé à d’autres restants de l’hôpital sans que les personnes pour lesquelles il est témoin n’y soient forcément dites décédées (comme mon ancêtre Pierre ci-dessus) : est-ce une simple omission ou sont-ils décédés en dehors de l'hospice ? Dans ce cas, pourquoi ces témoins hospitaliers sont-ils sollicités si souvent : était-ce un rôle particulier qui leur était demandé en tant que restants ? Jacques Alran meurt âgé d’environ 70 ans en 1789. Il a lui-même pour témoin deux hospitaliers.

 

  • Pierre Chatelier 

Il est témoin 42 fois (33 décès, 5 naissances et 4 unions).

Sépulture Martial, 1789 © AD12

"L’an 1789 et le 7ème juillet a été inhumé Martial fils à père et mère inconnus décédé le jour d’hier âgé d’environ dix jours, en présence de Pierre Chatelier soussigné et de Joseph Delagnes tous restants audit hôpital qui n’a su signer de ce requis"

Fils d’un cordonnier devenu huissier (sic) il se trouve allié par le mariage de sa sœur à la famille Vernhes ; parmi lesquels on trouve un cordonnier, des teinturiers, un meunier et, par alliance, Pierre Bories praticien et Jacques Alran cité ci-dessus. Son oncle maternel était praticien. Lettré, il signe tous les actes. Il ne semble pas s’être marié.

Il est restant à l’hôpital : en 1764 il est qualifié de « garçon* de la présente ville » (il a alors 28 ans) puis en 1767/1768 « garçon de l’hôpital »; dès 1762, puis en 1764 et à partir de 1769 et pendant toute la décennie suivante, il est dit « pauvre de l’hôpital ». Entre 1780 et 1790 il est alternativement dit demeurant à l’hôpital ou restant et à nouveau pauvre en 1793. Mais curieusement en 1789 il est qualifié de praticien et à nouveau, un peu plus tard en l'an II « praticien de la maison communale de l'hôpital ». S’il ne fait aucun doute qu’il demeurait et « travaillait » à l’hôpital peut-on en conclure qu’il en était le médecin ? Qu’il avait fait des études de médecine ? Ou s’agit-il d’un savoir empirique hérité de sa longue expérience à l’hospice (il y est associé depuis une trentaine d’année) ?

 

  • François Roux

François Roux est – ou sont – régulièrement sollicité(s). Mais combien sont-ils ? Je compte un François Roux qui ne sait pas signer, un François Roux qui sait signer, un autre qui est cordonnier sachant signer, un cordonnier ne sachant pas signer et encore un dernier François Roux maître cordonnier ne sachant signer.

Un François Roux, cordonnier, est décédé en 1801. Dans la marge il est noté « cet individu ne laisse personne de sa famille ». Il demeure au faubourg de Conques. C’est celui qui signe.

Au total ce(s) François Roux sont sollicités 48 fois (45 décès, 2 unions, 1 naissance).

Le(s) François Roux qui ne signe(nt) pas est celui qui est majoritairement sollicité (44 décès et 1 naissance à lui « tout seul »). Je pense que ceux qui sont cordonnier, maître cordonnier et sans métier précisé, mais ne signent pas, ne forment qu’une seule et même personne. Il est souvent associé à des restants de l’hôpital (Guillaume Alary, Alexis Lacombe, Pierre Chatelier). Dans la décennie suivante il est dit travailleur (ou est-ce un nouveau François Roux ?).

"L’an 1788 et le 27ème juillet a été inhumée Catherine Carles décédée de la veille âgée d’environ 60 ans épouse de Pierre Anterrieux vigneron mariés du village de la Capelle, en présence d’Antoine Anterrieux vigneron et de François Roux cordonnier tous de Conques soussignés"

"L’an 1789 et le 5ème décembre a été inhumé Antoine Bruguière du lieu de la Salesse décédé de la veille âgé d’environ 72, en présence d’Antoine Vidal vigneron et François Roux cordonnier tous de Conques qui n’ont su signer de ce requis"

 

  • Alexis Lacombe

Il est sollicité 40 fois (34 décès, 1 union, 4 naissances).

Sépulture Alexis Lacombe, 1789 © AD12

"L’an 1789 et le 10 mars a été inhumé Alexis Lacombe affidé à l’hôpital natif de la paroisse de Noailhac décédé de la veille âgé d’environ 48 ans, en présence d’Antoine Flaugergues et de Joseph Bonal restants audit hôpital qui n’ont su signer de ce requis"

D’abord juste dit tisserand, il est qualifié de restant à l’hôpital à partir de 1783. Lors de son décès il est « affidé » (attaché à l’hôpital). Il est clair qu’à la fin de sa vie il compte parmi les personnes auxquelles l’hôpital donne un emploi. Concernant le début de la décennie, il est difficile de savoir s’il est un tisserand employé par l’hôpital ou simplement à son compte.

Son acte de décès le dit originaire de Noailhac, paroisse voisine de Conques (environ 8 km de distance). Le seul que j’ai trouvé né là-bas est plus vieux de 7 ans par rapport à l’âge au décès ; ce qui peut correspondre. Il ne semble pas marié à Conques.

 

  • Les femmes

Les femmes, elles, ne sont pas demandées de cette manière. Je mets à part les sages femmes (voir la lettre S de ce ChallengeAZ) qui sont plus présentes à cause de leur métier. 

Celles qui sont citées le plus de fois sont marraines de trois nièces, comme les deux sœurs Cussac, Marie Jeanne et Marianne, ou trois enfants sans lien de famille, comme Elisabeth Delagnes, Madeleine Servières ou Agnès Garric. Ces deux dernières sont restantes à l’hôpital ; ce sont les seules parmi ces femmes dont je connais le « métier » (si l'on peut dire que restant(e) soit un métier). 

Aucune n’est citée comme témoin lors d’un décès.

 

 

* Le terme garçon peut signifier qu’il n’est pas marié mais désigne aussi un employé subalterne travaillant dans une administration, dans un commerce ou pour le compte de quelqu'un.

 

 

mercredi 29 novembre 2023

Y comme Ytier

Les noms dans les registres de Conques, c’est parfois un peu compliqué ; certains n’en n’ont pas (voir la lettre P de ce ChallengeAZ).


Livret de famille © abebooks.com

 

D’autres en changent car, on le sait, les patronymes n’ont pas d’orthographe. Si les noms de familles se sont fixés à la fin du Moyen Age, ce n’est pas le cas pour leur orthographe. En effet, le porteur de patronyme, souvent illettré, n’est pas capable d’épeler son nom. On dit aussi que les accents locaux pouvaient perturber les rédacteurs, pour peu qu’ils ne soient pas du coin. Par ailleurs sous l’Ancien Régime, il n’y a ni loi ni obligation en la matière.

 

Elisabeth Ytié devient Ityé lors de son décès en 1782. Elle était nommée Itié en janvier 1781 et Ytié en novembre de la même année. Marchande, elle savait signer : elle orthographiait elle-même son nom Itié. Son père était né sous le patronyme d'Ithié.

Sépulture Elisabeth Ytié, 1782 © AD12

" Elizabet ityé veuve de jean vidal marchand mourut agée d'environ 22 ans et fut inhumée le lendemain par nous curé soussigné..."

De même Rols devient Raouls (voir la lettre S de ce ChallengeAZ) ou Vaurs devient Baurs.

 

"…Marie Anne Benazech fille légitime et naturelle de Monsieur Jean Benazech et de demoiselle Marie Vaurs…"

"…Joseph Benazech fils légitime et naturel de Me Jean Benazech notaire royal et de demoiselle Maris Baurs…"

 

Pierre Vigouroux a du avaler la moitié des lettres qui composent son nom lorsqu’il a déclaré le mariage de sa fille…

Pierre Vigouroux, janvier et juillet 1781 © AD12

"...Pierre Vigouroux fils legitime de Pierre Vigouroux aubergiste et Catherine Carles..."
"…Antoinettre Vigroux fille de Pierre Vigroux et de Catherine Carles…"

 

Parmi les témoins se trouvent souvent cités Joseph Delagnes et Joseph Delannes…. Jusqu’à ce que je rencontre Marie Delagnes, épouse Pradalier, aussi nommée Marie Delannes : les deux Joseph ne formaient sans doute qu’une seule et même personne !

"… son parrain a été Joseph Delagnes pauvre audit hôpital…"

"… son parrain a été Joseph Delannes restant audit hôpital …"

Le fait qu’on le rencontre souvent associé à Alexis Lacombe, François Roux et autres restants à l’hôpital renforce cette hypothèse.

 

Il est parfois difficile de reconnaître le nom de ses ancêtres…

"…fils légitime à Antoine Selves vigneron dit Romigou et à Jeanne Prodensis…"

En fait Jeanne se nomme Pradellis : c’est la fille et la sœur de mes sosas Pradellis (271 et 133).

 

Quant à Antoine Cibie, son patronyme a été quelque peu malmené au cours des années…

Antoine Cibie, 1781, 1782, 1785 © AD12

"… avons donné la bénédiction nuptiale à Antoine Sivie fils naturel à Jean Sivie…"

"…Anne Sevie fille à Antoine Sevie…"

"…Jeanne Cibie âgée de dix huit mois fille légitime et naturelle d’Antoine Cibie…"

 

La loi du 6 fructidor an II (« Aucun citoyen ne pourra porter de nom ni de prénom autres que ceux exprimés dans son acte de naissance : ceux qui les auraient quitté sont tenus de les reprendre ») n’a guère fait changer la situation.

Si, dans une société à dominante orale, les erreurs d’orthographes n’avaient que peu d’incidence, l’apparition d’une administration toujours plus exigeante a créé de réelles difficultés pour certaines personnes dont le nom (et donc l’identité) avait « changé ».

Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que l’orthographe du nom se fixe, grâce à l'apparition du livret de famille (en 1877). Lors du mariage, le nouveau couple reçoit un livret officiel. Il reprend les extraits des actes la concernant (naissances, mariage) et il est mis à jour à l’occasion de tout nouvel événement qui le concerne (naissances d’enfants, séparation/divorce, décès). Il contient également des rappels de la législation liée à la famille (mariage, filiation, adoption, autorité parentale, etc…).
Ces livrets de familles ont été créés à Paris pour servir d’état civil bis, en cas de besoin, car la mairie avait brûlé au moment de la Commune. Conservé par les personnes à leurs domiciles, cela permet d’éviter que la catastrophe de 1871 ne se reproduise. Tout l’état civil ancien parisien de 1530 à 1870 était parti en fumée et pendant des années, chaque fois qu’ils devaient prouver leur identité, les Parisiens ont dû apporter les contrats notariés ou les duplicatas d’état civil qu’ils conservaient chez eux. Les livrets de famille constituent un résumé certifié conforme des actes concernant chaque personne. Ils seront généralisés dans le reste de la France en 1884 : chaque mairie doit fournir gratuitement le livret de famille à tous les couples (lors du mariage pour les couples mariés ou lors de la naissance du premier enfant pour les non mariés ; et de façon plus récente lors de l’adoption d’un enfant par un parent célibataire).

A la naissance de chacun de ses enfants, le couple rapporte un document écrit : par copie des événements précédents, le nom reste donc identique tout au long de la vie.

Par ailleurs, avec les progrès de l’alphabétisation, les déclarants sont désormais capables de corriger l’orthographe de leurs noms si besoin est.

 

 

mardi 28 novembre 2023

X comme XXX

Les lettres patentes royales, fondant l’hôpital de Conques en 1762, indiquent que l’établissement puisse accueillir les « enfants exposés, [et que] les familles nécessiteuses et surchargées puissent y déposer leurs enfants pour y être nourris, entretenus et élevés, et enseigné au travail de la manufacture, jusqu’à ce qu’ils puissent se suffirent à eux-mêmes par l’exercice de l’art ou métier qu’ils y auront appris ». 

 

Saint Vincent de Paul trouvant un bébé abandonné sur le seuil d'une église, HFE Philippoteaux © Louvre


Et, de fait, de nombreux enfants nés de père et mère inconnus sont accueillis à l’hôpital : j’en compte 75. Parmi eux 55 sont baptisés durant la décennie (les autres sont nés avant 1780), soit une moyenne de 5 par an, avec un maximum de 9 enfants abandonnés en 1782.

 

Baptême Marie Thérèse, 1782 © AD12

"Marie Thérèse, fille a pere et mere inconnus, exposée à la porte de l'hôpital de cette ville la nuit du onze au douze mai 1782, a été baptisée par moi soussigné le lendemain, sa marraine a été Marie Thérèse fille habitante dudit hôpital qui requise de signer a dit ne savoir"

 

Si les enfants sont déposés la plupart du temps à la porte de l’hôpital, on trouve aussi mentionnés différents lieux de la ville :

"… Dorothée fille a pere et mere inconnus exposée au fond du faubourg dans la nuit passée…"

"… Jacques fils a pere et mere inconnus a été trouvé exposé sur le pont de cette ville…"

"… Jean Antoine fils de pere et mere inconnus trouvé ledit jour au faux bourg…"

"… Jean Louis fils a pere et mere inconnus exposé à la porte de Fumouze de la présente ville…"

Il s'agit d'une des portes fortifiées de la ville.

"… Jean Pierre fils a pere et mere inconnus exposé à la place de Conques…"

"… Joseph fils a pere et mere inconnus exposé dans la ville de Conques…"

"… Madeleine fille trouvée au delà du pont de Conques…"

"… Marie Angélique fille a pere et meree inconnus trouvée exposée dans la nuit précédente sur le pont…"

Baptême Marie Jeanne, 1783 © AD12

"… Marie Jeanne fille a pere et mere inconnus qui à été rencontrée exposée dans la chapelle Notre Dame de Pitié de l'église de Conques…"

"… Pacome fils a pere et mere inconnus exposé de la place du bourg…"

"… Thomas fils a pere et mere inconnus qui à été exposé dans la nuit dernière au faubourg de la présente ville…"

 

Voire dans les paroisses voisines :

"… Marie Jeanne Suzanne fille a pere et mere inconnus exposée à la porte de Mr le curé de St Marcel a été remise et portée à l'hôpital de cette ville …"

"… Marguerite Camille fille a pere et mere inconnus exposée à Calvignac paroisse de St Marcel…"

"Pierre Alexis fils a pere et mere inconnus exposé dans la paroisse de St Cyprien âgé d'environ un mois a été baptisé sous condition dans l'église de Conques par nous vicaire soussigné"

 Ces deux paroisses sont voisines de Conques (aujourd'hui réunies à la commune).


3 enfants ont été présentés par les sages femmes Jeanne Rols et Marie Carles (pour en savoir plus sur les sages femmes, voir la lettre S de ce ChallengeAZ).

Baptême Antoine, 1787 © AD12

"… a été baptisé Antoine fils a pere et mere inconnus qui nous a été présenté par Jeanne Rols sage femme…"

 

La plupart ont comme parrain ou marraine des personnes demeurant à l’hôpital.

"… a été baptisé par moy soussigné un enfant exposé devant la porte de l'hôpital de Conques sur les onze heures de la nuit dernière et luy a été donné le nom de François, son parrain a été François Marty pauvre dudit hôpital…"

 

Les enfants ou leurs effets ne sont jamais décrits. Seule une fois il est mention d’un billet qui accompagne le nourrisson :

Baptême Marie Rose, 1781 © AD12

"Le 6 juillet 1781 a été baptisé par moy soussigné une fille exposée devant la porte de l'hôpital de Conques dans la nuit du 5 au 6 dudit mois avec un billet portant qu'elle n'étoit point baptisée et luy a été donné le nom de Marie Rose, sa marraine a été Marie Albespy fille associée dudit hôpital…"

 

Le 4 juin 1788 deux enfants ont été exposés la même nuit, Joseph et Marie Cécile. Il n’est pas précisé si ce sont deux jumeaux ou si c’est le hasard qui les a réunis dans l’abandon. Le premier est décédé à l’âge de 25 mois, la seconde a survécu au-delà de 1790.

 

Aucun enfant né de père et mère inconnus ne s'est marié dans la décennie qui nous occupe.

26 de ces enfants sont décédés entre 1780 et1790.

 

La plupart restent à l’hôpital, seuls 4 d’entre eux ont été mis en nourrice (d'après ce que l'on sait lors de leur décès).

"… Marie Jeanne âgée de trois mois décédée chez Anne Landes sa nourrice épouse d'André Cavanac…"

"…a été inhumé dans le cimetière de Conques François enfant trouvé âgé d'environ un an mort de la veille au village de Ladrech paroisse de St Marcel…"

 

Au total je compte 46 décès d’enfants d’ascendance inconnus durant la décennie : les 26 cités ci-dessus et une vingtaine supplémentaire qui n’ont pas été retrouvés parmi les baptêmes.

 

"… Anne fille de pere et mere inconnus âgée d'environ trois ans décédée à l'hôpital le jourd'hyer a été inhumée ce jourd'hui 27 août 1783..."

 

Les témoins aux décès de ces jeunes inconnus (ou presque) sont souvent des personnes qui demeurent elles aussi à l’hôpital.

"Catherine âgée d'environ deux ans et demy mourut à l'hôpital le 18 juin 1782 et fut enterrée le lendemain par nous vicaire soussigné, présent à son enterrement Pierre Chatelier soussigné demeurant à l'hôpital dudit Conques et Antoine Bonal demeurant aussi à l'hôpital qui na su signer de ce requis"

 

Le plus âgé de ces enfants de père et mère inconnus accueillis à l'hôpital décédés durant la décennie était âgé de 9 ans. 13 d’entre eux n’avaient pas 1 an.

 

 

lundi 27 novembre 2023

W comme Waouh

Voici quelques actes peu ordinaires qui ont retenu mon attention lors de cette décennie 1780/1790 à Conques.

Vieillard dans l'attitude de l'étonnement, E. Bouchardon © Louvre

 

  • Valse hésitation lors d’un baptême, une cérémonie en deux temps.

Pourquoi François Labro (le prêtre de Conques dont on a déjà parlé à la lettre H – voir ici) a-t-il refusé de tenir l’enfant ? Pourquoi se sont la grand-mère et la sage femme qui ont présenté l’enfant et souhaité le faire baptiser au plus vite, arguant un danger de mort, avant que le père du nouveau-né n’interrompe la cérémonie ? Pourquoi enfin l’enfant ne fut représenté à l’église pour y être baptisé que le lendemain ? Que de questions suscitées par cet acte peu commun…

Baptême Pierre Anterrieux, 1780 © AD12

"L’an 1780 et le 17 [décembre] est né Pierre Anterrieux fils a Pierre et à Jeanne Dalmon mariés de Conques et a été présenté à l'église le même jour au soir par Annette Rols ayeule du baptisé et par Jeanne Rols sage femme toutes deux de Conques et la cérémonie fut commencée, l'enfant fut tenu par Geraud Anterrieux frère du baptisé par le refus qu'en fit François Labro de Conques et après avoir demandé à la sage femme si l'enfant risquoit a attendre laquelle répondit qu'il y avoit du danger, présent encore Baptiste Deltour et la cérémonie interrompue par Pierre Anterrieux père du baptisé ledit enfant fut reporté de nouveau à l'église le 18 et la cérémonie continuée et tenue [ ?] donnée Geraud Anterrieux ayeul continué a assisté audit baptême faisant avec Pierre Antoine Falissard de la place de Conques les fonctions de parrains Marion Anterrieux ayant aussi assisté à la cérémonie pour être marraine, présent Pierre Anterrieux père, Geraud Anterrieux oncle, Pierre Antoine Falissard, Jean Pierre Madrieres, Baptiste Deltour soussignés avec Annette Rols ayeule et Jeanne Rols qui n’ont su signer requis Marion Anterrieux absente"

 En tout cas l’enfant ne semble pas avoir souffert de cette tragi-comédie : en effet il a survécu, a atteint l’âge adulte et s’est marié en 1819...

 

  • Enterrement d'un bourgeois
"Monsieur Pierre Flaugergues avocat et notaire royal âgé d'environ 85 ans décédé le jour d'hier a été inhumé ce jour d'hui 7ème jour de mois d'août 1785, en présence de Mrs Jean Pierre Aymé vicaire et Jean François Labro hebdomadier du chapitre, l’enterrement a été fait par le chapitre de notre consentement, lequel consentement a été reconnu nécessaire par ledit chapitre ainsi qu'il nous la déclaré par Mr Guiot chanoine dudit chapitre, ledit enterrement a été fait en notre présence et avons pris place à côté du chanoine officiant et sommes entrés de côté en célébrant dans la maison du défunt, pour être aussi présent à l'enterrement du corps, toutes les cérémonies ont été faite à l'autel de paroisse"

On a déjà parlé de la levée des corps (voir la lettre T de ce ChallengeAZ). La situation est similaire pour ce notable, fils de notables (la famille compte de nombreux avocats, juges, notaires) : là encore chanoines et curé se sont mis d'accord et officient ensemble ("de côté") depuis la maison du défunt jusqu'à l'autel de paroisse.

 

  • Cas unique dans la décennie : un fils illégitime !

Baptême Jean Baptiste Arnaud, 1787 © AD12

"L'an 1787 et le 17e octobre est né et a été baptisé un Jean Baptiste fils illégitime à Baptiste Arnaud marié de cette ville qui s'est déclaré lui-même père de cet enfant et l’a reconnu pour son fils en présence d'Antoine Lagarrigue et de geraud maître cordonnier et de Geraud Anterrieux clerc du chapitre et à Marguerite Imbaut du lieu de Grand Vabre restante ici de même [?] sa marraine a été Marie Carles sage femme ledit Arnaud père de l'enfant et la marraine requis de signer ont dit ne savoir lesdits Lagarrigue et Anterrieux ont signé avec moi
La Rousse vic"

Ce pauvre vicaire semble tout bouleversé de déclarer cette naissance, comme le suggère la rature et la mère nommée après les témoins…


Sépulture Jean Baptiste Arnaud, 1788 © AD12

"L'an 1788 et 11e juin est décédé et a été inhumé le 12e dudit mois Jean Baptiste Arnaud fils naturel à Baptiste Arnaud travailleur marié de cette ville et Marguerite Imbaud native du lieu de Grand Vabre restante de Conques qui se déclarent en être père et mère le 17ème octobre 1787 jour du baptême du défunt en présence d'Antoine Lagarrigue Me cordonnier et de Geraud Anterrieux clerc du chapitre qui signe [?] sur le registre de ladite année, ont été présents à la sépulture Joseph Delagnes et Alexis Lacombre restants à l'hôpital où est décédé ledit Jean Baptiste Arnaud qui n'ont su signer de ce requis
La Rousse vic"

Remis de ses émotions, le vicaire peut enregistrer le fruit du péché rejoignant son créateur…

 

 

samedi 25 novembre 2023

V comme Vie et mort

Le XVIIIème siècle à Conques est marqué par la misère, alternant des périodes relativement viables et de graves disettes, entre aléas climatiques, épidémies et guerres royales. 


Une enquête datée de 1771 indique que les deux tiers des familles sont accablées d’impôts et « la plupart passent la moitié de leur temps sans pain, 20 familles manquent de presque tout et le reste des deux tiers auraient grand besoin de secours ». La paroisse compte environ une centaine de mendiants.
En 1780 il n’y a plus qu’un seul faubourg, une partie des boutiques ne se retrouvent plus. Le sol est jugé mauvais et « le meilleur ne peut être que médiocre ». L’allivrement (= fixation du taux d'un impôt)
est tellement excessif, que beaucoup de propriétaires ont abandonnés leurs fonds commerciaux. La production la plus avantageuse est la vigne. Le mauvais état des chemins (jugés « affreux ») empêche le déploiement du commerce. Par manque de prairies il n’y a pas de grands bestiaux. 60% de la population ne mangent « du pain que les dimanches. Le reste de la semaine ils ne se nourrissent que de châtaignes. Encore  n’en ont-ils pas en suffisante quantité. Encore les leur arrache-t-on des mains pour payer l’impôt. Telle est la misère du pays ». 

 

Mendiant comptant sa recette, AG Decamps © Louvre

 

Dans la décennie étudiée à Conques, je compte presque autant de naissances que de décès (340 pour 345).

La moyenne est de près de 31 naissances par an, avec un minimum en 1780 (18 naissances) et un maximum en 1788 (40).

Nombre de naissances par années

 

Concernant les décès, ils sont supérieurs aux naissances lors de 4 années (1780, 1785, 1787 et 1790) ; mais très inférieurs en 1781 par exemple (14 décès pour 25 naissances).

 

La misère régnante ne semble donc pas avoir des répercutions très nettes, notamment au niveau des décès. Il faut toutefois relativiser l’enquête de 1771 : ton et expressions sont caractéristiques d’une époque et on ne les emploierait plus aujourd’hui. S’il est sûr que les temps étaient difficiles, on a vu qu’il y a un éventail variés de métiers dans la ville (voir à la lettre K de ce ChallengeAZ : voir ici). Et comme on vient de le voir, la balance ne penche pas dramatiquement du côté des décès.

 

Au niveau national la mortalité féminine n’est que très légèrement supérieure à la mortalité masculine (3%) en raison des dangers de l’accouchement. Il faut supposer que les dangers encourus par les hommes (à l’armée ou dans l’exercice de leur profession) compensent celui de la maternité.

 

A Conques, je ne compte que deux femmes susceptibles d’êtres décédée des suites de couches : 

  • peut-être Anne Desmon décédée en 1784 cinq mois après la naissance de son dernier enfant ; ce qui la classe quelque peu hors délais (qui est de 42 jours pour être considéré comme suites de couches) à 24 ans.
  • et plus sûrement Jeanne Banide, ma sosa 131, décédée la même année dix jours après la naissance de mon ancêtre Catherine à l'âge de 33 ans.
 

Sépulture Jeanne Banide, 1784 © AD12

"jeanne banide epouse de jean chivaillé charpentier agée d'environ trente deux ans mourut le 22 may 1784 et fut inhumée le lendemain par nous curé soussigné en presence de jean chivaillé son mari et d'antoine costes de conques qui requis de signer ont dit ne savoir"

 

Toujours au niveau national l’espérance de vie est inférieure à 30 ans, avant la Révolution. Si je compte la moyenne d’âge au décès à Conques je trouve 58 ans en prenant en compte la population âgée de plus de 10 ans ; ce chiffre tombe à 30 ans si je compte la totalité de la population. La mortalité infantile (décès d'enfants âgés de moins d'un an) est alors très importante. Toutefois elle est inférieure à Conques par rapport à la moyenne nationale : 180 p. 1000 au lieu de 280 p. 1000.

 

On notera qu’il n’y a aucune référence à la Révolution dans les registres de Conques. Il n'y a pas même une rupture dans les registres : la transition de fait en douceur en 1792. Jusqu'au 26 septembre les actes sont rédigés par le curé et les suivants à partir du 6 octobre par l'officier municipal. Là-bas le temps s’écoule comme si l’extérieur n’existait pas…

 

 

 

vendredi 24 novembre 2023

U comme Union

A Conques il existait un couvent. On trouve cette communauté féminine sous plusieurs noms : Sœurs de l'Union, Filles de l'Union ou Filles du Travail.


Ancien couvent des Sœurs de l'Union


Elles furent établies à Conques vers 1733 pour enseigner (« dire la leçon ») aux jeunes filles. Pour cela, elles ne percevaient pas d’honoraires (contrairement au maître d’école, pour les garçons, qui percevait 150 livres). Au milieu du XVIIIème siècle elles étaient 8.

Ce sont elles qui ont donné le terrain où s’est établi l’hospice. Deux d’entre elles étaient au bureau dudit hospice.

 

Ces sœurs s’apparentent aux communautés de « pieuses filles » fondées à partir du XVIIème siècle, intermédiaires entre les tiers ordres (association de fidèles s'inspirant, le plus souvent, de la règle d'un ordre religieux) et les congrégations religieuses. Elles se distinguent des nonnes qui prononcent des vœux, apportent une dot à leur communauté, que l’on trouve davantage en ville.

 

Elles étaient dites parfois « sœurs agrégées » ou « associées ». Le succès vient de la polyvalence des sœurs, ce qui correspond aux besoins des communes rurales des régions pauvres : elles soignent les malades et les orphelins, assistent les mourants, font la toilette du mort, entretiennent le linge d’église, catéchisent les enfants, les initient au moins à la lecture comme aux travaux d’aiguille. Elles s’adressent en particulier aux jeunes filles des milieux pauvres. Simplicité, pauvreté et amour du travail les caractérisent. Elles sont souvent d’origine modeste. Ces communautés peuvent être très petites, comptant moins d’une dizaine de sœurs.


Les Sœurs de l’Union Chrétienne s’inscrivent dans ce courant. C’est une congrégation fondée en Rouergue au XVIIème siècle. Les sœurs se présentent à l’origine non comme des religieuses, mais comme des « veuves ou des filles unies dans une maison pour l’éducation et l’instruction des jeunes filles ». Devant leur succès, l’évêque de Rodez les reconnaît officiellement et leur accordent un règlement en 1682. En 1700 ces religieuses enseignantes obtiennent les lettres patentes du roi qui leur assure une reconnaissance officielle. Présentes dans les villes, dès les années 1680, elles ont, par la suite, essaimé dans tout le Rouergue en assurant une instruction sommaire aux jeunes filles.

Plusieurs Sœurs de l’Union apparaissent dans les registres paroissiaux.

Sépulture Françoise Issanjou/Issanchou, 1783 © AD12

"Françoise Issanchou sœur des Filles de l’Union âgée d'environ soixante et dix ans, mourut audit couvent le 22 janvier 1783 et fut enterrée le lendemain par nous curé soussigné, en présence de Me Jean Pierre Aymé vicaire, d'Arnaud Costes qui n’a su signer de ce requis"

 Elle était probablement la fille de mes sosas 1118 et 1119.

 

Sépulture Jeanne Astorg © AD12

"…a été inhumée Jeanne Astorg agrégée aux Filles de l'Union de cette ville décédée de la veille âgée d’environ 75 ans…"

Sépulture Catherine Cabroulie, 1790 © AD12

"L’an 1790 et le 6ème octobre a été inhumée Catherine Cabroulie fille agrégée aux Sœurs de l'Union de cette ville, restante à l'hôpital, décédée de la veille âgée d’environ 28 ans…"

 


 

 

jeudi 23 novembre 2023

T comme Tombeaux et levées des corps

Les curés de Conques sont assez avares de détails concernant les tombeaux des défunts. Toutefois certains des paroissiens de Conques se voient gratifier de quelques précisions quant à leurs décès.

Mise au tombeau, Anonyme, XIXème siècle © Louvre 


  • Quelques rares mentions du cimetière :

"L'an 1788 et le 13ème juillet est décédé Jacques, fils à père et mère inconnus, au village de Lapade paroisse de Montignac âgé d'environ cinq mois, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse en présence de Jacques Alran et de Joseph Delannes qui n'a su signer"

 

Sépulture Jean Escudier, 1784 © AD12

"Jean Escudier maçon veuf âgé d’environ 70 ans mourut le 6e février 1784 et fut inhumé le lendemain dans notre cimetière par nous curé..."

"Ce 8e mars même année un garçon maréchal ferrant natif de la paroisse de Bouillac habitant Conques depuis environ 20 ans a été trouvé noyé au dessus de la chaussée du moulin de Combelong sur les frontières de la paroisse de Noailhac et la vérification faite par la justice il a été enterré le 10 du mois de l'agrément du sieur père de Noailhac dans le cimetière de Conques. Il étoit âgé d'environ 65 ans"


  •  Les tombeaux des chanoines :

"…a été inhumé dans le cimetière et les tombeaux du chapitre messire Charles Lacarbonniere chanoine du chapitre de Conques…"

"… a été inhumé dans le cimetière et dans les tombeaux du chapitre messire Marie Anne François Charles Masson chanoine du chapitre de Conques…"

 S'agit-il de l'ancienne tour servant de caveau aux chanoines ?


"Marie Jeanne Besombes âgée de 4 ans fille légitime et naturelle de Pierre Besombes maréchal et d’Anne Toulouze mariés décédée le jour d’hier a été inhumée ce jour d’hui 8 septembre 1785 dans un tombeau appartenant à Mr Guiot de son consentement et pour cette fois ci seulement…"

Ce Mr Guiot est l’un des chanoines du chapitre. Histoire curieuse de cette enfant inhumée dans le tombeau d'un chanoine : les actes paroissiaux ne disent pas tout...


  • Autre tombeau :

"Le 15 est décédé Marion Laville fille légitime à feu Laurent Laville et Foy Vernhes mariés de la ville de Rodez et a été inhumée le 16 de février 1780 au cimetière devant un tombeau appartenant à la fraternité situé derrière la chapelle de St Jacques âgée de 7 ans…"

Pour mémoire les prêtres de la Fraternité disposaient de leur propre chapelle, dédiée à St Thomas de Cantorbery. Les notables s'y faisaient enterrer (voir à ce sujet la lettre H de ce ChallengeAZ). Laurent Laville était fils de notaire, qualifié de bourgeois; son épouse fille de marchand.

 

  • La levée des corps :
Sépulture Foy d'Humières, 1784 © AD12

"Noble Foy d’Humières âgée d’environ 62 ans décédée le jour d’hier a été inhumée ce jour d’hui 5ème août 1784. En présence de Me Jean Pierre Aymé vicaire et de Me Jean François Labro hebdomadier du chapitre. L'enlèvement a été fait par le chapitre de notre consentement lequel consentement nous a été demandé par ledit chapitre qui nous a envoyés Mr Labro hebdomadier dudit chapitre pour l'obtenir et lequel nous avons accordé après qu'il ait été convenu avec Mr labbe de Masson syndic dudit chapitre et en présence dudit Me Labro que cela étant une pure concession de ma part cela ne tiendrait ne tirerait à aucune conséquence pour l'avenir, nous présents à l'enlèvement du corps qui a été fait dans la chambre de Mademoiselle d'Humières où nous sommes montés avec l'officiant toutes les cérémonies faites à l'autel de paroisse"

Foy d'Humières était la fille du seigneur de diverses places. Elle vivait avec sa mère et ses sœurs au château d'Humières dans les hauts de Conques. La levée du corps est faite par les chanoines avec le consentement du curé de la paroisse et en présence de celui-ci, avant la cérémonie funèbre à l'autel de la paroisse.

 


Sépulture de Pierre Benezech, 1788 © AD12

"L’an 1788 et le 18ème décembre a été inhumé Pierre Benezech marchand décédé de la veille, époux de Jeanne Baurs, âgé de 71 ans, à laquelle inhumation a assisté le chapitre, de notre consentement donné aux parents du défunt, et nous avons assisté au présent enterrement et sommes entré en la maison du défunt pour faire l'enlèvement et conjointement avec Me Figeagol chanoine officiant, et le tout s'est fait en présence de monsieur Antoine la Rousse vicaire de la présente paroisse et de Jean Baptiste Fabre régent des écoles soussignés avec nous"

Les chanoines du chapitre ont donc assisté à l’enterrement du marchand, mais avec l’accord du curé de la paroisse. Après la levée du corps, une procession s’est déroulée de la maison du défunt jusqu’à l’église. Et c’est l’un des chanoines qui a procédé à la cérémonie. Mais pas n’importe lequel : Me Figeagol (ou Fijagol) était aussi vicaire général du chapitre (premier collaborateur de l’abbé).