« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

jeudi 26 juin 2014

#ChallengeAZ : W comme www.murmuresdancetres.blogspot.fr

A force d’engranger des informations, il faut bien les organiser. L’idée est venue de les mettre en scène, pour les rendre plus attrayantes à lire que d’interminables pages de texte sous Word : interactif, ludique, au gré des envies.

Ne trouvant pas, à l'époque, comment éditer un CD-Rom depuis chez soi, j'ai commencé à faire un site internet. Au fur et à mesure sont venues s’ajouter les pages sur les mariages, les photos, les lieux que mes ancêtres ont connus... Et puis la capacité autorisée - gratuite - du site a atteint ses limites maximum.

C’est alors que j’ai découvert le Challenge AZ 2013 dans la seconde quinzaine d’avril ; et de là, les nombreux blogs de généalogie qui émaillent la toile. L’idée d’en ouvrir un à mon tour s’est lentement, mais sûrement, insinuée. Et c’est en novembre 2013 que j'ai inauguré mon blog Murmures d’ancêtres. 

Capture d'écran blog Murmures d'ancêtres

Et puisqu’on est aujourd’hui à la lettre W, parlons du web en général :
Internet est aussi très précieux pour faire les recherches elles-mêmes : les sites communautaires, comme Geneanet, où chacun peut déposer sa généalogie, par exemple. Ils m’ont permis d’avancer sur bien des branches. Même si, on ne le dira jamais assez, il faut toujours en vérifier les informations car beaucoup se contentent de recopier des données qui s'avèrent parfois fausses dès le départ.

Les réseaux sociaux permettent aujourd'hui d'échanger, de diffuser, de débloquer aussi parfois...  C'est une autre façon de mettre en valeur sa généalogie, de la partager. Parce que la généalogie c'est aussi une question de partage.

Et bien sûr il y a aussi les archives en ligne : elles permettent de progresser de chez soi, à l’heure souhaitée, comme on en a envie. Quand on habite loin du secteur recherché et qu'on ne peut pas se déplacer, c'est irremplaçable. Sans cela, je n'aurai pas autant progressé et j'aurai peut-être même arrêté faute de sources à exploiter. Du coup, pour les départements qui ne sont pas en ligne, ou qui n’ont que des collections partielles, c’est parfois la frustration. L’impression d’être arrêtée sur le coup. Parfois ce n’est qu’une question de patience (de plusieurs années tout de même) et enfin les recherches peuvent reprendre et la famille s’agrandir.

Aujourd’hui ce n’est plus seulement l’état civil, mais aussi, les actes notariés, les archives militaires, les recensements en ligne... qui permettent d’appréhender d’une façon différente la vie de nos ancêtres. On peut compléter le décor, ajouter de la chaire au squelette que l'on a bâti avec les actes d'état civil.

Autre surprise, liée à internet, des cousins qui se manifestent ; des descendants d’une branche lointaine qui ont remarqué mon arbre en ligne. Ils me demandent parfois des compléments d’information. D’autres fois, au contraire, ce sont eux qui m’ont permis de débloquer des impasses.

En bref : le web, une mine d’or pour la généalogie aujourd’hui.


mercredi 25 juin 2014

#ChallengeAZ : V comme vigneron, forcément

Vigneron, c’est le métier le plus courant parmi les 128 métiers exercés par mes ancêtres.
Vignes © espacebrouilly

Mais comme c'était l'objet du Généathème de mars, je n'en reparlerai pas ici (voir l'article M comme métier). D’une manière générale, ce sont des métiers liés au travail de la terre qui sont majoritaires : laboureurs, cultivateurs, métayers, journaliers, bêcheurs…

Parmi les métiers les plus courants chez mes ancêtres, on compte quelques exceptions au domaine agricole :
  • les marchands (une cinquantaine d'individus) ; mais un certain nombre d’entre eux sont tantôt qualifiés de marchands, marchands fermiers, marchands puis vignerons (ou inversement) : la plupart restent donc liés aux métiers de la terre. Seuls quelques uns (8 personnes) échappent à cette tendance car la nature de la "marchandise" nous est connue : marchand boulanger, marchand de toile,  marchand tanneur, marchand meunier. Seulement 19 de ces marchands signent leurs actes d’état civil.
  • les "sans" : la mention "sans profession" recouvre des situations très variables selon les époques et les régions. La personne ne travaille effectivement pas; elle exerce la profession de son époux mais comme c'est une femme son métier n'est pas déclaré; elle est "mère au foyer"; cette mention équivaut aussi parfois à la retraite.
  • les domestiques.
  • les ménagères; mais selon les époques, ce terme désigne aussi un métier de la terre : lorsque l'agriculteur dispose d'une grande surface de terres, qu'il est riche, il est qualifié "ménager", c'est à dire chef de maison. L'épouse est donc la ménagère.
  • les tisserands.
  • les propriétaires (qui sont souvent des propriétaires terriens), qualifié ainsi souvent en fin de vie, lorsque la personne a pu, après une dure vie de labeur, acheter une terre.

Beaucoup plus rares dans ma généalogie, on compte 62 métiers différents exercés par une seule personne parmi nos ancêtres. Certains sont peu ou mal connus : les définitions ont été empruntées à D. Chatry, les métiers de nos ancêtres ( * ). Quelques exemples :

- Métiers de la santé :
  • Apothicaire (Bénavent Jean, à Conques, XVIIème). Celui qui prépare et qui vend les remèdes pour les malades : pharmacien.
  • Maître apothicaire (Bel François, à Taninges, XVIIIème)
- Métiers du bâtiment :
  • Couvreur d'ardoise (Courballay Guillaume, à Villevêque, 1672)
  • Maître charpentier (Bouchard Antoine, à Durtal, 1731)
- Métier du textile :
  • Chapelier (Astié Augustin, à Conques, 1805/1821)
  • Drapier (Bodet Jean, à Villevêque, 1619)
  • Tissier en toile (Vallée René, à Brain sur l'Authion, 1669). Personne qui fabrique des tissus de lin, de chanvre.
  • Maître cordonnier (Chaney Claude, à Cerdon, 1680)
  •  Mercière (Bregeon Clémentine, à Châtillon)
  • Sarger (Raouls Jean, à Conques, avant 1744). Ou serger : ouvrier fabriquant des étoffes ou tissus de laine, de la serge.
  • Tailleuse (Coutand Marianne, à La Pommeraie, 1840)
- Métiers agricoles et apparentés :
  • Charron (Brard Mathurin, à Jarzé, 1697). Fabricant de chars, charrettes, tombereaux, brouettes et autres moyens de transport.
  • Cordier (Bédier Jacques, à Faremoutiers, 1703)
  • Vacheron (Gros Joseph, à Chezery, 1721). Définition pas trouvée.
- Métiers de la sécurité :
  • Employé dans la brigade (Puissant Marin, à Candé, 1740/1742)
  • Gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio (Astié Pierre Jean, à  Ajaccio, 1851)
- Métiers de l'administration :
  • Procureur de fabrique (Bieslin Jean, à Pellouailles, 1707). Personne chargé des intérêts matériels de la communauté religieuse du village.
  • Receveur de l’enregistrement (Martin Pierre-Jean, à Conques, 1815, 1833). Personne qui fournit les renseignements pour l'établissement des titres de propriété des biens immeubles et la rédaction des déclarations de succession.
- Métiers de l'éducation :
  • Instituteur / instituteur primaire / institutrice (Berrod Jean-François, à Montanges, 1844, et Mérignat, 1853 / Roy Flora, à Châtillon sur Sèvre, 1924)
  • Nourrice d'enfants (Pillet Marie, au Plessis Grammoire, 1866)
- Métiers liés à l'entretien :
  • Blanchisseuse (Béroud Roze, au Poizat, 1839)
  • Cuisinière (Le Floch Ursule, à Tigeaux, 1900)
  • Lingère (Galerne Marie, à Loudéac, 1868/1874)
- Métiers du commerce :
  • Employé de la Banque de France (Rols Alexandre, à Angers, 1868)
  • Marchand boulanger (Nourry Pierre, à Candé 1753)
  • Représentant de commerce (Borrat-Michaud André, à Angers, 1946)
- Métiers liés à l'eau :
  • Marinier (Macréau Henri Lucien, à Mortcerf, 1720). Marin d'eau douce, c'est à dire naviguant sur rivières et canaux, généralement sur une péniche assurant le transport des marchandises.
  • Pêcheur (Le Tessier François, à Ménil, 1702)
  • Pontonnier (Le Tessier Jean, à Ménil, 1704). Personne percevant les droits de pontonage payés par ceux qui traversent une rivière soit sur un pont soit dans un bac.
- Métiers de bouche :
  • Aubergiste (Prost Joseph Marie, à Martignat, 1838). Personne tenant maison où l'on loge et ou l'on donne à manger.
  • Cabaretier (Pillet Jacques, à Ingrandes s/Loire, 1810). Personne tenant maison où l'on donne à boire et à manger pour de l'argent.
  • Farinier (Jarousseau Pierre, à Rochetrejoux, 1738). Marchand qui vend de la farine.
- Divers :
  • Coutelier (Puissant Charles, à Candé, 1856)
  • Déménageur (Borrat-Michaud Jean François, à Eaubonne, 1920)
  • Maître maréchal (Mathieu Mermillon Pierre, à Montanges, 1685)
  • Ouvrière  lapidaire (Gros Marie, à Condamine, 1916). Ouvrière taillant toutes sortes de pierres précieuses.
  • Rentière (Maire Marie-Sophie, à Groissiat, 1855)
  • Botteleur (Le Floch Vincent Marie, à Loudéac, 1901). Ouvrier métallurgiste chargé de mettre en bottes les barres (ou verges) de fer pour la vente; les verges de fer étant ensuite utilisées par les cloutiers, entre autres.
 

On compte cinq métiers exercés de père en fils ou belle-mère/bru :



  • Praticien (Regourd Pierre et Etienne, en Rouergue). Médecin. Il épouse une fille d'apothicaire (Bénavent Marie, à Conques, en 1672)

  • Concierge des prisons (Puissant Marin et son fils Joseph, à Candé, de 1745 à 1783). Le père a d’abord été « employé dans la brigade ».
  • Cordonnier (Puissant Urbain et Pierre, à Morannes, 1663)
  • Filandière (Le Mauff Suzanne et sa bru Le Goff  Marie Louise, à Loudéac, en 1808 et 1843). Fileuse de lin : Femme travaillant les filasses de lin avec un rouet de manière à en produire des fils qui sont ensuite mis en pelote.
  • Maréchal en œuvres blanches (Clavier Pierre et son fils Gabriel, à Saint Sylvain, en 1700 et 1701). Taillandier (forgeron) ne fabriquant que des outils tranchants.

 ( * ) Sauf le receveur de l'enregistrement.

mardi 24 juin 2014

#ChallengeAZ : U comme Usson

Usson, Rey Grobellet ou Beresteste : je compte 1 146 patronymes différents dans ma généalogie.


Fréquence des patronymes, ancêtres directs
(les 25 patronymes les plus fréquents)

Parmi les 25 patronymes les plus fréquents on trouve trois des quatre branches principales : Astié, Assumel Lurdin et Borrat-Michaud. Les Gabard ne comptent que 11 porteurs; ce qui n'est pas très étonnant puisque la Révolution nous empêche de remonter cette branche très loin dans le temps.
On trouve également des patronymes présents à la fois du côté paternel et maternel, comme les Robin.
529 patronymes ne sont portés que par une seule personne, parmi nos ancêtres.

Si on englobe la totalité de ma généalogie, les résultats diffèrent un peu.

 Fréquence des patronymes, tous les ancêtres
(les 25 patronymes les plus fréquents)

Environ un tiers des patronymes restent mystérieux (leur étymologie n'a pas été trouvée).
Pendant longtemps l’orthographe des patronymes n’était pas fixe : on voit donc parfois des évolutions apparaître au cours des registres :
  • On a parlé du R de Astié (cf. article du challenge A comme Astié).
  • Le changement est parfois phonétique : Halary > Alary. 
  • D’autres fois il évolue véritablement : Angeard > Anjard > Enjard > Jard > Jar > Legeard > Lejard. Ces évolutions compliquent le travail de recherche, notamment lorsque l'individu déménage.
Le cas de l’Ain est ainsi particulièrement difficile. Les patronymes varient beaucoup selon les générations : 
  • Les noms s’ajoutent au fur et à mesure des générations : Assumel devient ensuite Assumel Lurdin, Alhumbert devient Alhumbert Blanc...
  • Au contraire, au cours des générations on perd parfois le second nom : Mathieu Verney devient Mathieu, Berrod Rochais devient Berrod...
  • Les « dit » (les surnoms) sont nombreux. Ainsi on voit un "Assumel dit Lurdin" (qui deviendra ensuite Assumel Lurdin), "Jean Buffard dit Bon garçon" (1689) ou son père "Jean Bon garçon dit Buffard" (1707), "Jean Vualliat dit Cougniat" (1698), "Peytier Jean dit la pierre" (1706)... Alombert Etienne est qualifié, dans son acte de décès, en 1780, de « petit homme des granges du poisat hameau de ladite paroisse [Lalleyriat] ». 
Du fait de cette grande variation des patronymes, les individus identifiés ne le sont pas tous de façon certaine.
Dans ma généalogie, on retrouve les caractéristiques traditionnelles des noms :
  • ceux qui désignent une particularité physique : Lebeau, Petit, Gros
  • ceux qui désignent un lieu : Desboys, Fontaine, Deslandes, Deschamps
  • ceux qui désignent un métier : Verdier, Vigneron, Le Maçon, Cordier
  • ceux qui rappellent le règne animal : Loiseau, Lecocq, Pigeon
  • ceux qui rappellent les liens avec la sphère seigneuriale : Lecuyer, Châtelain, Chasteaux, Roy, Chevallier
  • Ceux qui sont des prénoms : Gérard, Antoine, Robert

Bon, bien sûr, on choisi pas son (ses) nom(s) de famille. Et le nom ne présage en rien de la personne elle-même... Mais je dois avouer que c'est avec un peu de soulagement que j'ai constaté qu’il n’y a pas de patronyme ridicule ou insultant dans ma généalogie : je suis ainsi tombée dans les registres, au cours de mes recherches, sur des Clochard ou, mieux encore (si l'on peut dire), des Connard; heureusement sans lien de parenté. Ni de mariage hasardeux : je me souviens de cette histoire racontée par mes parents : deux de leurs connaissances se sont mariés, Mlle Cochon a épousé M. Sallé, et ils ont emménagé rue des Longs Boyaux ! Véridique !


lundi 23 juin 2014

#ChallengeAZ : T comme tombe, dernière demeure

Du coup, la généalogie est devenue le prétexte pour voyager. Deux-Sèvres/Vendée, Aveyron, Haute-Savoie, Bretagne, Anjou... A chaque fois, une visite au cimetière s’impose. Pour la plupart des gens, aller voir un cimetière est une démarche macabre. Sans doute notre rapport à la mort a-t-il bien changé au cours des derniers siècles. Mais pour moi, cela ne diffère pas d'une visite aux archives, en fin de compte. Et cela permet de répondre à une question essentielle : reste-t-il des preuves matérielles de nos ancêtres, en dehors de la trace éphémère qu’ils sont laissés dans les actes et les vieux papiers ?

Cimetière de Conques © coll. personnelle

Pour l’instant, deux cimetières nous ont permis cette confrontation directe avec le passé : 
  • celui de Saint-Amand-sur-Sèvre (79) où subsiste la tombe de Gabard Célestin Félix, mon AAGP décédé en cette commune en 1924,
  • celui d’Angers où quatre tombes ont été identifiées : le couple Astié Daniel et Assumel-Lurdin Marcelle (mes GP, décédés en 2001 et 2013) et celle des parents de Daniel, Augustin et Lejard Louise (AGP paternels décédés respectivement en 1974 et 1970), le couple Gabard Joseph et  Roy Flora (AGP maternels décédés en 1965 et 1996), et celle de Borrat-Michaud André et Bregeon Clémentine, la grand-mère de son épouse réunis dans le même caveau (GP et AAGM décédés en 1963 et 1953).

J'ai eu la chance, pendant longtemps, de ne pas être confrontée à la mort de proches. Pas de deuil. Pas de visite au cimetière.

Alors, avec ces excursions un peu particulières (pour des vacances), en un instant ils sont là, ces aïeux disparus. Ils sortent de cette espèce de vie virtuelle où ils sont tous : un nom sur une liste, une ligne dans un registre... Là sous nos yeux. Concrètement. 

D’autant plus présent lorsqu’une photo figure sur la pierre grise, comme c’est le cas pour Célestin. 

Détail tombe Célestin Gabard © coll. personnelle

En effet, la tombe, par ailleurs très sobre, est ornée d’une de ces plaques de porcelaine que l’on trouve couramment dans le Limousin voisin (du fait de son histoire porcelainière). De format circulaire, comme les assiettes (facile à fabriquer, la machine est déjà calibrée), ornée d’une bande noire. Une seconde bande dorée, à demi effacée, suit la première. Le texte est sobre : « Ici repose le corps de célestin Gabard, décédé le 8 Xbre 1924, à l’âge de 64 ans Priez Dieu pour lui ». En médaillon son portrait, en noir et blanc. Le seul décor vient souligner le médaillon : une frise dorée de points et de fleurs, en grande partie effacée. ( * )

Pour les autres cimetières visités, nos ancêtres ont quitté ces régions vers 1870 pour les Astié (Aveyron), vers 1895 pour les Borrat-Michaud (Haute-Savoie), vers 1875 pour les Le Floch (Bretagne). Il est difficile de retrouver (et surtout d’identifier) des tombes aussi anciennes.


( * ) Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet des plaques de porcelaine qui ornent les tombes en Limousin (et parfois plus loin aussi), je vous recommande l'excellent ouvrage de JM. Ferrer et Ph. Grandcoing : "Des funérailles de porcelaine" (éd. Culture et patrimoine en Limousin)


samedi 21 juin 2014

#ChallengeAZ : S comme santé (et maladie)

La santé (et la maladie) touchent nos ancêtres, bien sûr. On les voit confrontés à ces phénomènes au travers des archives, de façon plus ou moins claire.


 
Chirurgie © Encyclopédie Diderot


Plusieurs de mes ancêtres exercent des métiers dans le domaine de la santé : 
  • Apothicaire (Bénavent Jean, à Conques, 12) ou maître apothicaire (Bel François, à Taninges, 74). Les apothicaires sont les "ancêtres" des pharmaciens. Ils préparaient et vendaient des drogues et des médicaments. Au Moyen-Age, ils vendaient du sucre (alors produit exotique et rare, vendu comme épice ou médicament - pour lutter contre le rhume par exemple). Ils appartenaient à la corporation des épiciers. La distinction entre les deux professions ne se fera qu'au XVème siècle. La formation est essentiellement pratique et le métier s'apprend au contact d'un apothicaire confirmé qui transmet son savoir. C'est au XVIIIème qu'ils prennent le nom de pharmaciens. Ils obtiennent alors l’exclusivité de la préparation des remèdes (au grand dam des épiciers).


  • Praticien (Mommaton Simon, à Entraygues, 12). Les Regourd Pierre et son fils Etienne, en Rouergue, sont praticiens tous les deux. Le fils est dit marchand 30 ans plus tard. Il épouse une fille d'apothicaire (Bénavent Marie, à Conques, en 1672). Le praticien est le médecin qui soigne les malades (par opposition à ceux qui se consacrent à l'étude théorique ou aux recherches en laboratoire).

La maladie frappe mes aïeux : on la voit ou on la devine. 
  • Alombert Goget François est décédé en 1775. Selon l'acte « Il est décédé à Villers les Bois "où il est venu pour peigner le chanvre, s'y est trouvé saisi d'une maladie delaquelle après avoir été muni des sacrements il est mort" (copie de l'acte de décès reçu par le curé de Lalleyriat, 01, qui "certifie avoir couché mot à mot sans avoir ni ajouté ni diminué l'acte mortuaire"). »


  • Merlan Jeanne (décédée à 80 ans en 1725 à la Chapelle sur Crécy, 77), Coquet Marie (décédée à 56 ans en 1726 à la Chapelle sur Crécy) et Bremond Claude (décédée à 38 ans en 1668 au Pin, 79) sont décédées des suites de maladie, mais "après avoir reçu les sacrements de l'Église". On ignore de quelles maladies il s’agit ; quelque chose de suffisamment long sans doute, pour qu'elles aient eu le temps de faire appel à un prêtre pour recevoir l’extrême onction.
 
  • Daburon Aubin décède le 20 juin 1626 à Bauné, 49, après 6 de ses enfants, tous décédés à moins d'un mois d'intervalle, âgés de 5 à 20 ans. On sait que la peste sévit en Anjou à cette période : c'est sans doute la cause de ces morts multiples. De la même manière, Ouvrard Magdelaine est dite "morte de contagion" le 28 septembre 1640 à Villevêque, 49 ; et son époux Pierre un mois plus tard. La peste est de retour.

Enfin une pensée émue pour Amagat Marianne qui a son premier enfant en 1759 à Conques; mais la naissance se passe mal : "le chirurgien a baptisé par un pied un enfant de Pierre Martin et Marianne Amagat et puis la tiré mort, lequel a été enseveli". On remarque la présence d'un "chirurgien" (et non la matrone ou sage-femme habituelle) : l'accouchement a donc dû être long et difficile pour qu'on fasse appel à un ce type de médecin. En on comprend pourquoi : l'enfant se présentait par le siège, les pieds en avant. La mort du nouveau-né a dû être pressentie avant l'expulsion car le baptême a lieu alors que le bébé n'est pas encore complètement né. En effet, une fois sorti, la mort a été constatée. (cf. article du blog Hélas monsieur…).


vendredi 20 juin 2014

#ChallengeAZ : R comme relis-le encore !

Comme Pénélope, cent fois sur le métier remettez votre ouvrage : lisez et relisez encore et encore !


Vase grec, Pénélope et Télémaque, © StudyBlue


Car on manque toujours quelque chose.

Récemment encore (mardi dernier, pour tout dire) je relisais les actes de mariages que j'avais récoltés, à la recherche des mentions de contrats de mariages - en vue d'un recensement exhaustif. Quand soudain, une phrase me saute aux yeux, dans l'acte de mariage de Théodore Macréau et Marie Louise Gibert (1866, La Chapelle sur Crécy, 77) : "Permission de mariage délivrée par le Général commandant la subdivision de Seine et Marne le 1er février."

Bon sang ! j'ai ce document depuis 2009 et je n'avais pas vu ça !

En plus, c'est la première fois que je rencontre ce type de mention au cours de mes recherches. C'est une mention un peu énigmatique, et je n'ai pour l'heure aucune idée de l'endroit où chercher des informations sur ce nouveau document. Mais cela ouvre de nouvelles pistes. Si j'ai bonne mémoire, je crois avoir lu que les soldats se devaient d'obtenir la permission de leurs supérieurs pour se marier. Cela signifie donc que Théodore était soldat en 1866. Né trop tôt (1840) pour apparaître dans les registres militaires en ligne, je n'avais pour l'heure aucune information sur sa vie de soldat (ou d'officier ?).

Ni une ni deux, je recherche ce point de droit sur internet : "Aucun militaire ou employé aux armées de terre et de mer ne peut se marier en France, et même hors de France, sans rapporter une autorisation spéciale de ses chefs. Aux termes des décrets en date des 16 juin, 3 et 28 août 1808, cette autorisation est accordée : par le Ministre de la guerre, aux officiers de tout genre en activité de service; par les conseils d'administrations des corps respectifs, aux sous-officiers et soldats (etc.)." Pourquoi, me direz-vous ? "Le motif de ce décret ( ... ) avait été d'empêcher que les officier ne pussent contracter des mariages inconvenants, susceptibles d’altérer la considération due à leur caractère." ( * )

Et voilà, au hasard d'une relecture, une nouvelle fenêtre s'ouvre, des questions fleurissent : quel type de document chercher ? où chercher ? ... (un arbre à questions vient de pousser subitement : voir l'article du challenge AZ sur ce blog Questions qui nous questionnent).

J'ai pris cet exemple parce qu'il est récent, mais je dois avouer que cet épisode m'est déjà arrivé : mention marginale oubliée dans le coin d'un page, acte trouvé après une deuxième ou troisième lecture des registres, blocage délié grâce à un témoin négligé... Bref, même si vous croyez avoir bien dépouillé tous vos actes, n'hésitez pas à relire, on ne sait jamais !
 

( * ) De l'état civil et des améliorations dont il est susceptible, M. Hutteau-D'Origny, 1823, consultable sur Gallica ici.




jeudi 19 juin 2014

#ChallengeAZ : Q comme questions qui nous questionnent

La généalogie c'est le jeu des mille questions.

Arbre à questions © FranceInter


La première d'entre elles : qui sont mes ancêtres ? C'est elle qui nous fait entreprendre cette aventure à travers les âges, les pages, les images...

Mais très vite, une question en amène une autre : Quel métier exerçaient-ils ? Quelle a été leur vie ? Où ont-ils vécu ? Où sont-ils passés (cf. article du présent Challenge AZ D comme disparu) ? ...

Questions qui restent parfois sans réponse.
Questions qui apportent leurs lots de surprises.
Questions sans fin (comme la généalogie).

Le manque d'archive se mêle à notre vision "moderne" :
Pourquoi Assumel Lurdin Louis Marie, tailleur d’habits, devient-il soudain cultivateur ?
Pourquoi les parents donnent-ils toujours les mêmes prénoms à plusieurs enfants de la même fratrie ?

Certaines questions se retrouvent sans doute chez tous les généalogistes : pourquoi une famille déménage-t-elle soudain ?
Par exemple, pourquoi Astié Augustin Pierre Jean déménage-t-il d’Aveyron en Anjou (dans les années 1870), avant de revenir en Aveyron (1882/1886) et de redéménager en Anjou (1888/1895), pour finir sa vie en région parisienne (1908/1914) ?

D'autres questions auront sans doute leurs réponses un jour, notamment lorsque je pourrai accéder aux archives correspondantes.
Par exemple, pourquoi le certificat de bonne conduite a-t-il été refusé à Roy Joseph Auguste lorsqu’il était dans l’armée ? Une simple consultation de son dossier militaire peut (ou pas... ) répondre à cette question.

Mais si ces questions peuvent paraître frustrantes (notamment lorsqu'elles restent sans réponse), elles sont le fruit de notre curiosité (et de notre imagination peut-être aussi parfois !). Elles sont surtout notre moteur : ce sont elles qui nous font avancer.