« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 25 septembre 2015

Pierre, mon grand frère

Devant le poulailler, le dos légèrement courbé par le poids des ans, affairée à mes tâches quotidiennes, je regarde mon grand frère. Pierre. Assis au soleil sur le banc devant la maison, appuyé sur sa canne, il semble perdu dans ses pensées. Nos jeunes années me reviennent à l'esprit.

Le frère © Cliché d'origine Delcampe

Des années plutôt heureuses, à l'ombre du château de Préciat, en la paroisse de Villevêque, où notre père était laboureur et vigneron. Il avait déjà 9 ans quand je suis née, en 1674. Nous avons grandi ensemble, lui presque en haut de la fratrie et moi presque en bas. Nous étions 8 enfants, puisque une sœur aînée, Jeanne, n'avait vécu que 4 mois. L'insouciance de la jeunesse a été ternie par la mort de notre mère, Jeanne Vaugoyau, un jour de juillet 1682. Elle avait 47 ans. Nous nous sommes retrouvés démunis sans elle. Elle était le pilier de notre famille. Lui il avait déjà 17 ans, mais moi je n'en n'avais que 8. Malgré la douleur de cette disparition, le temps a continué à s'écouler. Il a aidé notre père et nous a accompagné, mes frères, ma sœur et moi, du mieux qu'il a pu. Nous sommes restés très proches.

On appelait Pierre "le Jeune" car il avait le même prénom que notre père, grand-père, arrière-grand-père et peut-être même leurs pères avant eux ! Pierre s'est marié un beau jour de juillet 1685, avec Marguerite Ouvrard la fille d'un marchand de la ville d'Angers. Ils avaient 20 ans tous les deux. Comme ils étaient beaux !

Pourtant l'avenir leur réservait de sombres jours. Je n'avais que 13 ans lorsque leur premier enfant, une fille prénommée Jeanne, est née. Mais la naissance a été difficile et le prêtre vicaire a dû faire une cérémonie de baptême simplifiée en attendant l'autorisation de l’Évêque de faire le supplément des cérémonies du baptême [ 1 ]. Malgré une entrée dans le monde un peu difficile, elle s'est accrochée et a survécu... une douzaine d'années seulement car hélas elle nous a quittés en 1699. Des 7 enfants qu'ils ont eu ensemble, deux autres n'ont malheureusement pas vécu. Le premier, né chez eux à Villevêque, a été ondoyé deux jours plus tard en l'église de Pellouailles [ 2 ] (avec la permission du curé de Villevêque et de Monseigneur l’Évêque) et finalement ensépulturé à Villevêque trois semaines après. La dernière naissance s'est terminée plus mal encore puisqu'elle a coûté la vie à Marguerite et à l'enfant qui l'a suivie aussitôt dans l'autre monde. Marguerite avait 34 ans seulement.

Mon courageux grand frère se retrouvait, seul, à la tête d'une famille de 4 enfants encore vivants, âgés de 11 à 2 ans.

Toujours proche de mon frère, il m'a demandé d'être la marraine du premier fils qui a vécu et qui a été prénommé... Pierre, bien sûr ! J'ai accompagné sa famille du mieux que j'ai pu.

Même si nous n'habitons pas la même paroisse, il a pu me rendre visite régulièrement. Rapidement il m'a annoncé son désir de se remarier. 9 mois après le décès de Marguerite, Pierre a épousé en secondes noces une autre Marguerite, fille de Guillaume Roger, un laboureur de Pellouailles.

Ensemble, ils eurent 5 enfants, dont deux encore décédés en bas âge. Sur les 12 enfants que Pierre a eu au total, seuls 7 sont parvenus à l'âge adulte. Quelle tristesse.

Les années ont passé. Les enfants, qui ont survécu, ont grandi, puis se sont mariés; comme Marguerite qui a épousé Jérôme Hervé en 1714. Pour pouvoir se marier, ils ont dû obtenir une dispense de deux bans signée du vicaire général de Monseigneur l’Évêque. Et il a même fallu que la tante et le cousin dudit Jérôme témoignent pour dire qu'il n'était engagé dans aucune autre relation. Et puis Jacques, Jean, Marie...

Même quand la famille a déménagé à Saint Sylvain, nous avons continué de nous voir. Il a abandonné la vigne pour le travail de la terre, mais au fond il est resté le même.

Malgré les difficultés, les joies et les peines, nous avons traversé la vie.
Une vie simple, de modestes laboureurs et vignerons de l'Anjou. Notre vie.


[ 1 ] Suppléer les cérémonies du baptême : Faire à l'église le supplément des prières et des cérémonies omises lors de l'ondoiement.
[ 2 ] Habitant La Gilberdière, hameau plus proche géographiquement du bourg de Pellouailles les Vignes que de celui de Villevêque, plusieurs de leurs enfants ont été baptisés en l’église de Pellouailles.


Pierre Dibon est mon sosa n°1194, ancêtre à la 11ème génération. Né le 8 juin 1665 à Villevêque, marié le 4 juillet 1685 à Villevêque avec Marguerite Ouvrad, puis le 30 juin 1700 à Pellouailles les Vignes avec Marguerite Roger. Apparemment décédé entre 1739 et 1741, mais malgré de longues et patientes recherches, je n'ai pas (encore) trouvé son acte de décès... Je descends aussi de sa fille Marguerite (sosa n°597) épouse de Jérôme Hervé (sosa n°596).
Sa sœur Perrine Dibon est aussi mon ancêtre, sosa n°1227.

Ce récit est basé sur ses actes de naissance et mariages, ainsi que sur les actes de naissances et mariage de ses enfants.


Pour voir Perrine avec les yeux de son frère Pierre, cliquez ici.

© Delcampe



vendredi 18 septembre 2015

Perrine, ma petite soeur

Assis au soleil sur le banc devant la maison, je regarde ma petite sœur. Perrine. Devant le poulailler, le dos légèrement courbé par le poids des ans, elle s'affaire à ses tâches quotidiennes. Appuyé sur ma canne, je repense à nos jeunes années.

La sœur © Cliché d'origine Delcampe

Des années plutôt heureuses, à l'ombre du château de Préciat, en la paroisse de Villevêque, où notre père était laboureur et vigneron. J'avais déjà 9 ans quand Perrine est née, en 1674. Je l'ai vue grandir, moi presque en haut de la fratrie et elle presque en bas. Nous étions 8 enfants, puisque ma sœur aînée Jeanne n'a vécu que 4 mois. L'insouciance de la jeunesse a été ternie par la mort de notre mère, Jeanne Vaugoyau, un jour de juillet 1682. Elle avait 47 ans. Nous nous sommes retrouvés démunis sans elle. Elle était le pilier de notre famille. Si j'avais déjà 17 ans, Perrine n'en n'avait que 8. Mais malgré la douleur de cette disparition, le temps a continué de s'écouler. J'ai essayé d'aider notre père et d'accompagner mes frères et sœurs du mieux que j'ai pu. Nous sommes restés très proches.

J'étais là le jour du mariage de Perrine, en 1696, en l'église d'Andard. Elle, si heureuse, aux côtés de Jean Launay, son époux, un marchand vigneron. A 21 ans elle quittait la fratrie pour s'installer à la Roche Tinard avec lui. Les années se sont écoulées, rythmées par les naissances et les déménagements.

Les quatre premières années de leur mariage, Perrine a donné naissance à quatre enfants. A chaque fois Jean était absent. Mais il était là pour déclarer le décès du troisième, prénommé Jean comme lui, et qui n'a vécu qu'un seul jour.
Ensuite la famille a déménagé à Sarrigné. Entre 1701 et 1710, Perrine a donné naissance à 5 enfants supplémentaires.
Puis ils se sont installés à Bauné, à la ferme de Saint Victor.

C'est là que Jean nous a brutalement quitté, à l'âge de 42 ans seulement. J'étais là pour assister ma sœur lors de l'enterrement de son époux en l'église de Bauné, ce jour froid de janvier 1713. Perrine était alors en fin de sa dixième grossesse. Marguerite est née un mois plus tard, une nuit de février. Fille posthume, elle ne connaîtra jamais son père.

Ma courageuse petite sœur se retrouvait, seule, à la tête d'une famille de 9 enfants, âgés de 16 ans à quelques heures. Je l'ai accompagnée du mieux que j'ai pu.

Ainsi j'étais présent en 1716 lorsque Perrine, sa fille aînée âgée de 18 ans, a épousé Pierre Basset, un fermier de la paroisse. Bien qu'il soit âgé de dix ans de plus, j'espère qu'ils connaîtront un heureux mariage.

Même si nous n'habitons pas la même paroisse, j'ai heureusement pu lui rendre visite régulièrement. C'est pour cela que j'ai rapidement deviné qu'elle projetait de se remarier. Son choix s'était porté sur Jacques Le Breton, un jeune laboureur de la paroisse âgé de 26 ans. Et visiblement il n'avait pas peur d'épouser une veuve, mère de 9 enfants encore vivants (même si tous n'habitaient plus le foyer) et de 17 ans son aînée. Le mariage a eu lieu en décembre 1718. Pourtant ce mariage a failli ne pas se faire : il a fallu obtenir, non seulement, une dispense de deux bans (puisque seul le premier ban a été officiellement publié, sans opposition connue) par Monseigneur l'évêque d'Angers, mais encore une dispense de parenté du deux au troisième degré (à cause d'ancêtres communs) accordée par notre Saint Père Clément XI lui-même. Celle-ci, il a fallu l'anticiper : elle a été signée par le Saint Père en août et vérifiée au greffe des insinuations seulement sept jours avant la noce !

Ensemble, ils eurent un fils, prénommé Jacques - comme son père - né en 1720. Perrine avait alors 45 ans pour cette onzième grossesse.

Les années ont passé. Les enfants ont grandi, puis se sont mariés : Nicole en 1731, Marie en 1734, Michel en 1735, Marguerite en 1737. On a connu des deuils aussi, comme le décès de Laurent en 1719 qui n'avait que 16 ans.

Malgré les difficultés, les joies et les peines, nous avons traversé la vie.
Une vie simple, de modestes laboureurs et vignerons de l'Anjou. Notre vie.


Perrine Dibon est mon sosa n°1227, ancêtre à la 11ème génération. Née le 28 décembre 1674 à Villevêque, mariée le 7 mai 1696 à Andard avec Jean Launay, puis le 13 décembre 1718 à Bauné avec Jacques Le Breton. Je perds sa trace après 1737 : malgré de longues et patientes recherches, je n'ai pas (encore) trouvé son acte de décès... Je descends ensuite de sa fille Perrine (sosa n°613), épouse de Pierre Basset (sosa n°612).
Son frère Pierre Dibon est aussi mon ancêtre, sosa n°1194.

Ce récit est basé sur ses actes de naissance et mariages, ainsi que sur les actes de naissances et mariage de ses enfants.


Pour voir Pierre avec les yeux de sa sœur Perrine, cliquez ici.

© Delcampe


vendredi 11 septembre 2015

Décédé chez la veuve d'à côté

Que s'est-il passé en 1722 au village de la Villeneuve (paroisse de Mûr de Bretagne, 22) ? Une note sibylline du curé dans un acte de décès m'alerte et me fait mener l'enquête.

Avant d'en venir aux faits proprement dit, examinons le contexte :
En 1695 Jean Le Dilhuit épouse Olive Guitterel à Mûr de Bretagne. Il a une trentaine d'années (les sources ne sont pas toutes d'accord sur l'année exacte de sa naissance) et Olive a 23 ans. Ensemble ils auront six enfants, dont trois fils et une fille mort-née. En 1704, alors qu'elle n'a que 32 ans, Olive décède. Bien qu'à la tête d'une famille de cinq enfants, âgés de 8 à 3 ans, Jean ne semble pas s'être remarié (en tout cas pas à Mûr).

Jean décède à son tour, une vingtaine d'années plus tard. Mais voici le fameux acte de décès :

Acte de décès de Jean Le Dilhuit, Mûr de Bretagne, 1722 © AD22

Jean le Dilhuit aagé denviron soixante et trois ans décédé chez 
Marguerite Baudic veuve de feu Guillaume Guilloux du village de
Auquinian paroisse de Neuliac le vingt et unieme jour du mois de janvier 
mil sept sept cens vingt et deux et transporté par ses enfants par ses
enfants (sic) en sa demeure au village de la Villeneufe paroisse de
Mur, a esté ensuite enterré {le vingt et quatrieme} par moy soussignant Recteur dans leglise
paroissiale dudit Mur et ont assisté au convoy Estienne Ledilhuit
Guillaume Le Dilhuit ses fils marie Le Dilhuit Susanne le Dilhuit
ses filles et Claude Ralle qui ne signent lesdits jours et an que dessus
interligne vingt et quatrieme approuvé
yves le berre Recteur de Mur

Jean n'était donc pas chez lui lorsqu'il a quitté ce monde; c'est le moins qu'on puisse dire. Mais ses enfants ont ramené son corps fissa à la maison !

Ce court texte est plein de non-dits :
  • la relation qu'entretenaient Jean et la veuve Guilloux,
  • la réaction des fils face au lieu de décès, plutôt original, de leur père, 
  • la location d'un attelage, s'ils n'en possèdent pas (on ignore leur métier),
  • le retour du corps à la maison - la maison légitime,
  • la réaction de l'entourage, des voisins, du curé,
  • l'emplacement du tombeau : avec sa défunte épouse légitime ? Ses parents ?

Aussitôt, mon imagination s'enflamme et vient combler les trous : l'intimité entre le veuf et la veuve, la stupéfaction des fils apprenant le lieu de décès de leur père, le retour à la maison et l'organisation des obsèques.

Bien sûr, la veuve Guilloux est peut-être juste l'épicière du coin. Et le décès de Jean chez elle, tout à fait anodin. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de penser qu'ils entretenaient des relations particulières. A cause de la mention du curé qui a souligné ce lieu de décès peu ordinaire et aussi à cause de son tremblement (un tremblement intellectuel, j’entends, avec la répétition des termes "par ses enfants" et l'oubli de la date rajoutée en interligne : était-il perturbé en rédigeant l'acte ?).

Puis je me suis intéressée à la fameuse veuve. Après l'avoir vainement cherchée (notamment sur Genearmor), j'ai essayé de la retrouver par sa paroisse. Malheureusement j'avais du mal à l'identifier : aucun nom ne semblait correspondre dans les Côtes d'Armor. Aux grands maux les grands remèdes, j'ai élargi la recherche à toute la Bretagne. Et c'est là que j'ai identifié la veuve et sa paroisse.

Auquinian est un village de la paroisse de Neulliac (aujourd'hui dans le Morbihan), distant de Mûr de 10 kilomètres - les paroisses sont voisines, malgré le changement de département actuel.

Marguerite et Guillaume ont eu au moins deux enfants, nés en 1706 et 1707. Plus surprenant, un acte de décès de Guillaume Guilloux a été trouvé... mais en 1730; un acte paraissant vraisemblable (avec mention de deux beaux-frères plausibles) mais qui vient contredire l'état de veuvage de Marguerite en 1722. Je penche plutôt pour un homonyme décédé en 1730 (notamment parce que sa fille se mariant en 1726 est dite "décrétée de justice" [ 1 ] et que le décès de la mère n'a pas été trouvé avant ce mariage : c'est donc le père qui est décédé).

Me voici ainsi épluchant les registres de Neulliac, à rebours : je trouve finalement un autre Guillaume Guilloux, décédé en 1720. Les témoins sont moins convaincants, mais la date correspond mieux. Sans certitude, je l'adopte; car enfin il y a peu de chance que Jean se soit trouvé chez son "amie" si celle-ci était encore mariée !

Où se sont-ils connus ? L'histoire ne le dit pas. Ils n'apparaissent ni l'un ni l'autre comme témoins de leurs actes familiaux respectifs. J'ignore quel métier ils pratiquaient.

Et en fin de compte, je ne saurais jamais quelles relations entretenaient Jean et Marguerite. Peut-être que je me suis laissée emporter par mon imagination ? Ou y avait-il vraiment une histoire entre eux ?



[ 1 ] Décrété(e) de justice : dit de l'un des époux qui est mineur et orphelin de père ou de mère. Spécifique à la Bretagne. Ce consentement (dit "décret") est reçu devant le juge du lieu où le mariage doit être célébré. L’opération, d’après la coutume de Bretagne, requiert en outre l’avis de 12 parents paternels ou maternels. Selon l’avis rendu par les parents, le juge "décrétait" ou non le mariage, en suivant l’opinion des personnes présentes.

vendredi 4 septembre 2015

Le Bescherelle de la généalogie

En ces temps de rentrée scolaire, rappelons quelques règles d'orthographe et de grammaire applicables à la généalogie :

Manuel lexique ou dictionnaire portatif des mots françois, 1750 © Wikisource

1. Les noms propres n'ont pas d'orthographe

Tout généalogiste a été confronté à cette règle : pendant longtemps l'orthographe des noms n'était pas fixe. Du coup Alary devient facilement Halary ou Halari.
Ça se complique quand les générations déménagent souvent et que le patronyme évolue à chaque fois : il m'a été difficile de pister les Lejard quand ils sont devenus Jard, Jar, Legeard, Anjard, Angeard (heureusement qu'ils avaient des épouses bien identifiables...).
Dans le même acte Jean Jacques Baudin signe Boudin, mais sa fille Marianne signe Baudin.
Parfois le nom inscrit dans la marge de l'acte n'est même pas orthographié de la même manière que dans le corps de l'acte, mais ça... faites pas attention, c'est pas très grave.
Cela s'explique par les nuances dialectales ou phonétiques (le curé neuf n'est pas du pays et a du mal à se faire à l'accent du coin) ou l'illettrisme du porteur de patronyme qui n'est pas capable de corriger le rédacteur.

Mon astuce : gardez l'esprit bien ouvert lorsque vous recherchez un patronyme et ne vous arrêtez surtout pas à la forme que vous connaissez. Comme les trains, un nom peut en cacher un autre.

2. Manque de chance, les noms communs non plus !

Là, c'est la galère ! Et comme la grammaire ce n'est pas beaucoup mieux...

Mon astuce : bon courage !

3. Toponymie : la théorie de l'évolution

Avec les toponymes (on parle bien des noms de lieux, pour ceux qui sont assis près du radiateur...) il faut garder à l'esprit qu'ils ont tous connu au moins une évolution et la plupart plusieurs : la première est celle de l'époque post-romaine (quand Augustoritum devient Limoges par exemple). Mais en généalogie, vous aurez peu de chances d'y être confronté.
Par contre, des évolutions postérieures, c'est nettement plus probable. Par exemple : quand Pierre His devient Pierris puis Le Pierry (tient ! ça me dit quelque chose...).
Pour les noms des grandes villes ou grosses paroisses/communes, les évolutions sont assez reconnaissables, car bien connues en général. Mais pour les lieux-dits ou hameaux, cela peut se compliquer. Entre les paroisses qui ont disparu, les noms qui changent au fil du temps, etc... il peut vite devenir laborieux d'identifier ou de retrouver le lieu qui a abrité votre ancêtre.
Quant à connaître son histoire, c'est autre chose. Récemment Marino, du blog De France et d'aïeux, nous a donné un exemple des surprises que révèle la toponymie dans l'article Toulouse : du gibet à la salade.

Mon astuce : lancez un projet collaboratif pour recenser tous les lieux-dits de la carte de Cassini (première carte géométrique du royaume de France, dressée par la famille Cassini au XVIIIème siècle - voir la numérisation desdites cartes sur le site de Gallica). Et surtout n'oubliez pas de le publier en accès libre sur le Net, ça peut toujours servir...

4. Et si on inventait la ponctuation ? Heu, non finalement...

Du coup, dans un acte notarié moyen, une seule phrase peut faire entre 70 et 100 lignes (dactylographiées), plus d'un millier de mots. Proust peut aller se rhabiller avec sa phrase la plus longue qui ne contient que 243 mots (dans Du côté de chez Swann). Mine de rien, la ponctuation aide vachement bien à la compréhension d'un texte. C'est en son absence qu'on s'en rend compte le mieux !

Mon astuce : faites la transcription au kilomètre, même si vous n'y comprenez rien, et relisez le tout ensuite; éventuellement à tête reposée. Après le sens du texte viendra peut-être. Ou pas.

5. Un mot qui n'existe pas, il existe quand même

Vous êtes en train de transcrire un texte. L'écriture est peu familière et la tâche est ardue. Soudain vous tombez sur un mot qui n'existe pas : vous pensez que vous lisez mal. Et bien non : parfois le mot n'existe vraiment pas. Ou tout au moins il n'existe plus car la courte mémoire des Hommes l'a oublié. Affouage, grangeage, intestat, ritte, spectable ne sont pas des erreurs de Scrabble. Un jour ils ont tous eu leur propre définition officielle. Ceux-là (et d'autres, rencontrés au fil de mes lectures) trouvent leur explication dans la page lexique de ce blog.

Mon astuce : ne vous arrêtez pas à ce que vous savez. Comme dirait l'autre : je ne sais qu'une chose c'est que je ne sais rien (merci Socrate).

6. Les règles de majuscule... il n'y en n'a pas

En matière de majuscule, il n'y a qu'une chose à retenir : il n'y a pas de règle. Et quand il n'y a pas de règle, c'est l'anarchie. Ici c'est donc ce qu'on appelle l'anarchie majusculaire.
Dans la même phrase le prénom est écrit sans majuscule et le nom avec. Ou pas. Pareil pour les noms communs, finalement.
Seul Dieu a droit à sa majuscule systématique. Ou presque.

Mon astuce : les majuscules, après tout en s'en fout !

7. En annexe : la paléographie pour les Nuls

Jeune généalogiste (jeune dans la pratique, pas forcément en âge), tu es soudain confronté à un texte du XIXème dont l'écriture est indéchiffrable. Cela te décourage et tu décides d'arrêter la généalogie. Erreur ! Parce qu'au XVIIème et même au XVIème siècle il y a de magnifiques documents, tout à fait lisibles. Le vieil âge n'est pas forcément synonyme d'incompréhension.

Mon astuce : ne vous découragez pas. Si vous ne souhaitez pas faire appel à un paléographe professionnel ou si vous n'avez pas le temps/les moyens de faire une formation, je vous conseille de lire et relire le document. A force de patience, la graphie du préposé aux écritures devient plus familière et la lecture plus aisée. Si votre environnement le permet, lisez à haute voix, vous percerez peut-être quelques secrets.