« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 30 septembre 2016

#Centenaire1418 pas à pas : septembre 1916



Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de septembre 1916 sont réunis ici. 

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Jean François disparaît "des radars" entre sa blessure (fin janvier) et son retour au front en septembre. J'ignore où il a été soigné et où il a passé sa convalescence. Il m'a donc fallu inventer un probable parcours, basé sur la consultation de différentes archives (vie à l'hôpital, autres batailles...).

Cependant, n'ayant pas assez de matière (et d'imagination), j’ai été obligée de faire une pause dans le suivi journalier de mon arrière-grand-père, jusqu'à ce qu'il revienne au front. Le voici donc de retour...

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
___ 

9 septembre
Je suis transféré au 51è BCA, et de retour sur le front, après plus de 7 mois de convalescence.
Cette fois c’est la Somme. 
Je fais connaissance avec un nouvel encadrement : le capitaine Monnier, le lieutenant Barbier…

10 septembre
Dire que je trouvais que le relief savoyard parfois épuisant : ici tout est si plat. Ah ! je regrette ma montagne ! mon Criou !

11 septembre
Départ pour Méricourt s/Somme où nous cantonnons.
Méricourt © frumence.blogspot.com.

12 septembre
D’autres gars arrivent, fraichement débarqués du dépôt du 23ème BCA. En tout nous sommes près de 900 hommes et 200 chevaux et mulets.

13 septembre
On repart par voie de terre près d’Eclusier s/Somme. Ceux qui voyageaient en trains arrivent également. C’est de Fabry Fabrègues qui est le chef de Bataillon Commandant.

14 septembre
A 4h nous partons pour Cléry où nous arrivons après deux heures de marche.
Trajet Méricourt/Cléry 

Nous occupons la tranchée des hannetons, à 300 m à l’Ouest de Cléry.
Notre mission est se tenir prêts à renforcer, soutenir ou relever la 70ème DI.

15 septembre
Nous gardons les mêmes emplacements, prêts à attaquer dans les directions d’Inferno, Feuillancourt ou Mont-Saint-Quentin.
Carte d'état-major Clery © geoportail

16 septembre
Mêmes emplacements.

17 septembre
Le Bataillon fournit chaque nuit des corvées importantes pour les travaux de communication et les transports de munitions.
Les sapeurs sont mis à la disposition de la brigade pour nous construire des abris.

18 septembre
Le Commandant du Bataillon et ceux des Compagnies vont en reconnaissance sur les premières lignes.

19 septembre
Mêmes emplacements. L’aménagement de la tranchée continue. Les bombardements aussi.

20 septembre
Mêmes emplacements. Corvées et travaux divers pour toute la brigade.

21 septembre
Aucune note pour ce jour.

22 septembre
Aucune note pour ce jour.

23 septembre
Je me dis que tout ce que je vis maintenant c’est du rab, un véritable rabiot de vie inespéré. 


24 septembre
Mêmes emplacements. Les bombardements continuent : on évacue plusieurs sous-lieutenants blessés.

25 septembre
Départ à 4 heures. Notre Compagnie, avec le PC et un Peloton de mitrailleuses, nous rendons dans les tranchées des Berlingots et de Vau, en réserve de brigade.
Une attaque vers Feuillancourt se prépare, en liaison avec la 3ème Brigade de chasseurs à droite et le VIIème CA à gauche.
Les ordres d’attaque arrivent à 12h35. A 13h l’attaque est lancée. Seules les premières vagues ont pu sortir, aussitôt fauchée par les mitrailleuses ennemies. Mêmes résultats malheureux chez les voisins de droite et de gauche.
A 16h40 l’ordre est reçu de reprendre l’attaque à la nuit tombante.
A 18h45 les gars ne peuvent toujours pas sortir des tranchées : le tir de barrage ennemi et le feu de ses mitrailleuses sont très violents.
Chasseurs, 1916 © Gallica

26 septembre
Journée  sans changement. Un projet d’attaque sur des objectifs limités n’est finalement pas mis à exécution.
En réserve dans le talus près de 1118, nous observons tous ces mouvements et ce déchaînement de violence.
Dire que j’avais presque oublié le bruit assourdissant des explosions.

27 septembre
Le Chef de Bataillon fait une reconnaissance détaillée des 1ères lignes. Si les attaques n’ont pas obtenues les résultats espérés, les sacrifices n’ont pas été vains : la 47ème DI a maintenu devant elle d’importantes réserves, ce qui a facilité le succès de l’attaque principale à Thiepval.
On doit maintenant s’organiser, durer, afin de permettre au Haut Commandement de consacrer toutes ses réserves à l’exploitation des résultats obtenus.
Thiepval, août1916 © commons.wikimedia.org

28 septembre
Un poste d’observation très important sur les tranchées de Zombor est poussé en avant du centre du front du bataillon.

29 septembre
Travaux d’approche en vue d’une attaque du bataillon sur les tranchées de Zombor et de l’Inferno, en liaison à gauche avec la 12ème DI.

30 septembre
Un élément de tranchée est creusé, sur une vingtaine de mètres, partant du centre du front du bataillon et se dirigeant vers le NE. C’est l’amorce de la nouvelle position à conquérir.


lundi 19 septembre 2016

L'escargot est très très lent

Mais ne dit-on pas "rien ne sert de courir..."
Au début il y a Marguerite Valette. Je la connais depuis longtemps (sa fiche a été créée quand j’ai acheté la première version de mon logiciel de généalogie en 2009 ; ce qui signifie que je l’avais identifiée avant cette date, sûrement en remontant mon arbre, grâce à ses enfants). Et je peux dire que je la connais assez bien puisque j’ai trouvé son acte de naissance en 1698 à Conques (Aveyron), son mariage en 1716 et son décès en 1721 – sans doute décédée de suites de couches (un fils né 4 jours plus tôt) ; actes trouvés au fil du temps et des recherches. J’ai ainsi su qu’elle était la fille de Jean Valette (ou Vallette), qualifié tantôt de menuisier et tantôt de maître menuisier, et de Marie Burguiere, mariés en 1696 à Conques (identifiés en 2010).
Et pendant longtemps ça s’est arrêté là. Impossible de remonter plus haut.

  • Première étape :
Feuilleter les registres BMS à la recherche de la génération supérieure. Rien, absolument rien concernant la mère.
Mais une énigme concernant le père : je vois bien apparaître régulièrement un Jean Valette, menuisier qui plus est, mais marié à une certaine Paule Raouls (par ailleurs fille d’un autre couple de mes ancêtres). Ensemble ils ont quatre enfants. D’accord, c’était avant le mariage d’avec Marie Burguière, Paule étant décédée deux ans avant la seconde ( ?) union, mais le coup de l’homonyme parfait, on me l’a déjà fait (voir l'article Exploit ou fantôme ? – ça doit être le fait de mettre en enfant au monde alors qu’on est déjà morte qui m’avait mis la puce à l’oreille… !). De plus, dans l’acte de mariage Valette/Burguière, Jean n’est pas dit veuf, alors… Alors j’avais juste mis une note dans la fiche de « mon » Jean signalant cet « autre Jean ».
Après une rapide recherche,  je ne trouvais de famille pour aucun des deux Jean à Conques. J’ai donc commencé à faire « l’escargot » : compulser les registres des paroisses alentours pour voir si ce n’était pas un voisin plutôt qu’un paroissien de Conques. Chronophage (et un peu décourageante car vaine), cette démarche n’a rien donné non plus. Au bout d’un moment j’ai arrêté de tourner.

  • Deuxième étape :
Les archives départementales de l’Aveyron ont mis en ligne les registres notariaux pour Conques (entre autres) : très complets, ils s’étendent de 1179 (!) à 1770, hormis quelques failles spatio-temporelles (ils manquent en 1642/1688 et 1747/1755 par exemple). Du coup, pendant longtemps, je n’y étais plus pour personne, feuilletant les registres (virtuellement) page après page. C’est d’ailleurs quand il n’y a pas de répertoire, ni même d’en-tête à l’acte que tu te rends compte de leur importance. Manque de chance, le Jean Valette qui épouse Paule Raouls le fait en 1680, en plein dans une des lacunes des archives notariales ; dommage, un contrat de mariage m’aurait - peut-être - bien arrangé. Je ne trouve pas non plus de contrat de mariage pour les Valette/Burguière à Conques.

Accessoirement, si l’on peut dire, je compulse tous les registres notariaux de la paroisse, car après tout j’y ai aussi beaucoup d’autres ancêtres. Oui, oui, tous les registres mis en ligne, du moins à partir du moment où j'y ai identifié des ancêtres, fin XVIIème siècle.

Et là je tombe sur une autre énigme : de nombreux actes notariés de Me Flaugergues, notaire à Conques, sont signés par un Jean Valette, menuisier, apparaissant en tant que témoin ou protagoniste des actes.

Signature Jean Valette, acte notarié Conques, 1689 © AD12
Signature Jean Valette, acte notarié Conques, 1699 © AD12

Or « mon » Jean ne signe pas son acte de mariage avec Marie Burguière, pas plus que l’acte de naissance de sa fille l’année suivante. Ni le mariage d’avec Paule Raouls.

J’ai continué néanmoins à compulser les archives notariales, pour voir si 1 + 1 = 1 (vous me suivez ?)*. Bref, ça m’a pris un moment mais à force de persévérance j’ai trouvé… le testament de la mère, Marie Burguière. Et dans ce testament une mention : celle de sa propre mère demeurant à Villecomtal (à près de 30 km de Conques). Je ne risquais pas de trouver sa famille à Conques, puisqu’elle n’y était pas originaire ! Grâce au legs de trente sols que Marie faisait à sa mère, j’ai pu retrouver rapidement toute sa famille à Villecomtal : père, mère, frères, sœurs, oncles, tantes et grands-parents (13 personnes en une journée). Franchement, pour 30 sols ça valait le coup !

Tweet du 09/09/2016 © M.Astié

Autre trésor dans ce testament : la mention d’une somme due dans la dot de Marie. S’il y a eu dot, il y a sans doute eu contrat de mariage. Ni une ni deux, j’ai cherché ledit contrat, mais cette fois à Villecomtal, où il attendait sagement que je le déniche depuis 320 ans… Je n’étais pas prête de le trouver à Conques, soit dit en passant. Sans plus attendre, je me suis attelée à sa transcription, un peu fébrile car espérant toujours résoudre le mystère de(s) Jean Valette. Le futur marié est bien dit menuisier de la ville de Conques… mais c’est tout !!! Ses parents ne sont pas cités. Les témoins ne font pas partie de son entourage proche. Il n’apporte rien dans la corbeille du mariage (ce que je n’ai, je crois, jamais rencontré encore), si ce n’est en fin d’acte un droit d’augment (ou gain de survie) à sa future épouse, comme c’est la coutume du pays. Quelle déception !
Mais en bas, tout en bas, qu’est-ce que j’aperçois ? La signature du futur époux : Jean Valette (qui signe Vallette). Et là pas de doute : c’est la même que celle qui apparaît au bas des actes de Me Flauguergues cités plus haut.

Signature Jean Valette, CM 1696 Villecomtal © AD12

  • Troisième étape : 
Je retourne examiner les actes Valette/Raouls sur la période où ils ont été mariés. Je m’aperçois que les parents dudit Jean sont cités dans l’acte de mariage avec Paule ! Ils sont dits de Rieutort : je ne risquais pas de les trouver à Conques non plus. Rieutort, Rieutort… c’est bien beau ça, mais c’est où Rieutort ? En continuant je trouve rapidement le mariage d’Étienne Valette, aussi menuisier, frère de Jean (les parents cités sont identiques). Tiens ? Ne serait-ce pas le parrain de Marguerite Valette, la fille de Jean, dont les liens de parenté ne sont pas précisés ? Mais dans l’acte de mariage d’Etienne, le curé est un peu plus bavard et précise que Rieutort est dans le diocèse de Mende ! En Lozère (actuelle) ! A 150 km de Conques ! Et bien je n’aurai pas assez de toute une vie à faire l’escargot pour arriver jusque là-bas !
A Rieurtort-de-Randon (nom actuel), il n’y a pas de registre en ligne antérieur à 1727 et pas (encore) d’acte notarié en ligne pour la période qui m’intéresse. Les recherches sur les ascendants de Jean (et d’Étienne) s’arrêtent là… pour le moment.

  • Conclusion :
Je pense aujourd’hui que les deux Jean Valette sont une seule et même personne. Le faisceau d’indices qui me fait penser cela est principalement influencé par les signatures de Jean, des dates concordantes et la présence d’Étienne. Donc, sauf mention précise qui viendrait me prouver le contraire, je viens d’adopter officiellement Jean Valette comme unique ancêtre. La recherche a été longue (plus de 7 ans), et encore : j’ai arrêté de faire l’escargot au bout d’un moment ; mais a, sans doute, trouvé une conclusion heureuse.



* J’ai concentré mes recherches dans la même paroisse : quand on reste sur place, ce n’est plus « l’escargot », alors c’est quoi ? La limace ? Faut dire que ça m’a pris du temps…


lundi 5 septembre 2016

Des Astié survivront-ils ?


Ma famille paternelle est originaire de Conques (en Rouergue). Le plus lointain ancêtre de cette lignée que j’ai pu identifier s’est marié en 1671. Il appartient à la 11ème génération. Avant ça… des lacunes de registres BMS et des registres notariaux. Les recherches se compliquent. Même si je ne désespère pas de trouver les générations précédentes un jour, pour le moment, ça s’arrête là.

Pour ceux qui l’ignorent, j’ai un patronyme que l’on doit sans doute à saint Astier, ermite du Périgord : fils d’une famille romaine, né au VIème siècle à Puy-de-Pont (Périgord). La légende veut que, devenu ermite, il réalisa de nombreux miracles donnant au lieu une certaine renommée. Après sa mort, son tombeau attirant la dévotion des fidèles, une abbaye fut bâtie au VIIIème siècle, autour de laquelle s'est établie une cité, Saint-Astier. D’après les spécialistes, ce patronyme viendrait d'un nom de personne qui pourrait correspondre au germanique Asthari (ast = lance + hari = armée), mais qu'il faut plutôt sans doute rattacher au latin Asterius (dérivé de "aster" = étoile), popularisé par divers saints, notamment ledit ermite du Périgord cité plus haut.

Le patronyme est très fréquent dans l'Ardèche et la Drôme, ainsi qu'en Auvergne.
- on en compte un peu plus de 93 700 en France en 1700,
- 74 800 en 1800,
- 30 000 en 1900 [1].
Des familles plus ou moins célèbres portent ce nom (je n’aurai pas renié Alexandre Astier et toute sa famille s’ils avaient voulus être de mes cousins, par exemple). Pour la première fois j’ai rencontré ce « nom » en prénom : Astier Nicolas, récent vainqueur olympique en équitation (bien sûr, vous aurez remarqué comme moi que son prénom est un nom et que son nom est un prénom…).

Mais, chez moi, petite originalité : mon nom s’orthographie sans le R final : « Astié ». Ce qui fait toute la différence ! Cette variante est portée surtout dans le Tarn et le Lot-et-Garonne. Du coup le nom se fait plus rare :
- un peu plus de 7 100 porteurs en France en 1700,
- 3 300 en 1800
- et seulement 1 300 en 1900 ! [1]


Une partie de la famille Astié (la mienne) - générations 2 et 3 - à Saint-Astie(r) © coll. personnelle

Et c’est alors que je me suis demandé combien de temps encore notre « originalité patronymique » pourrait se perpétuer.

Que les épouses, filles, sœurs, mères me pardonnent, mais je ne parlerai pas d'elles dans cet article (elles apparaîtront à peine, voire pas du tout, dans les extraits d'arbre mis en illustration !).

Génération 1 :
Dans ma famille proche (ce que l’on appelle la famille « nucléaire »), il n’y a qu’un fils, mon frère, mais il n’a pas d’enfant. C’est cuit pour nous.

Génération 2 :
Mon père a eu quatre frères :
  • L’aîné de mes oncles a eux deux fils, mais un seul a donné deux fils à son tour.
  • Le second a deux fils et un petit-fils.
  • Le troisième deux fils et deux petits-fils.
  • Le dernier n’a eu qu'une fille. Adieu le patronyme. A moins qu'elle ne choisisse de donner son propre patronyme à ses enfants, ce qui est maintenant possible. A ma connaissance ce n’est pas le cas.
Extrait arbre généalogique Astié générations -1 à 3

Si on résume il y a eu 7 fils dans ma génération (n°1), qui ont donné eux-mêmes 5 fils (génération n°-1 !) nés entre 1995 et 2010. Soit, pour le moment, 5 chances que le patronyme se perpétue de notre côté.

Génération 3 :
Mon grand-père était fils unique. Cela réduit le champ des recherches.

Génération 4 :
Il faut donc remonter à la génération précédente pour trouver à nouveau des fils; enfin des fils qui ont survécu à la Première Guerre Mondiale. Cette génération de mon arrière-grand-père compte 8 fils. Parmi eux :
  • Augustin mon ancêtre direct, donc, 
  • Deux fils décédés en bas âges (9 semaines pour l’un et 5 ans pour l’autre),
  • Trois Poilus Morts pour la France,
  • Louis, né en 1877, marié en 1914; et François né en 1884, marié en 1904 puis en 1942.
Bon, là, on tombe dans « le trou noir de la généalogie » : cette génération qui est trop vieille pour être encore connue des vivants et trop jeune pour apparaître librement dans les archives communicables. Il me sera difficile de savoir s’ils ont eu des fils, ayant eux-mêmes enfanté des mâles - enfants à chercher.
Extrait arbre généalogique Astié générations 3 à 5

Génération 5 :
Que des fils : on en compte 6.
  • Augustin mon ancêtre.
  • Trois fils, Adrien, Jean François et Louis, tous mariés.
  • Deux autres enfants, Antoine et Benoît, nés en 1859 et 1861.
Tous sont susceptibles d’avoir eu des enfants. Adrien n'a eu que deux fils qui ont survécu : l'un marié en 1909 et l'autre en 1920 - enfants à chercher; Jean François a aussi eu deux fils mariés (en 1907 et 1919) mais ceux-ci n'ont eu apparemment que des filles; le dernier, Louis, n'a eu que trois filles. 
Les parents ont déménagé au moins 8 fois : je n'ai pas retrouvé la trace des deux derniers enfants et j'ignore quand ils sont décédés ni s'ils se sont mariés (et ont enfanté) - enfants à chercher.

 Extrait arbre généalogique Astié générations 5, 6 et descendantes

Génération 6 :
5 fils, dont mon ancêtre Pierre et son petit frère décédé en bas âge. Mes ancêtres commencent à avoir la bougeotte et il devient difficile de les pister suite à leurs déménagements respectifs et fréquents. J'ai ainsi pu trouver trace des mariages des trois autres fils à Conques (en 1835, 1853 et 1859), mais si l'un est resté sur place (et a eu une seule fille), les deux autres disparaissent des radars - enfants à chercher.

Extrait arbre généalogique Astié générations 5 à 7 et descendantes
Génération 7 :
Deux fils seulement, dont mon ancêtre direct, Augustin. Les pistes de recherche se réduisent enfin. Son frère Pierre n'a que des filles.
 Extrait arbre généalogique Astié générations 6 à 8 et descendantes

Génération 8 :
4 fils, dont mon ancêtre Antoine et un fils mort en bas âge. Restent deux pistes à explorer : Pierre et Pierre (sic) ! Pour le moment  je n'ai pas trouvé leurs décès en bas âges ni leur mariage jusque dans les années 1770. Les recherches continuent...
 Extrait arbre généalogique Astié générations 7 à 9

Génération 9 :
4 fils :
  • Mon ancêtre Pierre
  • Guillaume, peut-être décédé en 1734
  • Jean, peut-être décédé en 1731 
  • Georges
D'après les dépouillements des registres de Conques (1698/1760) deux des quatre fils seraient décédés à 30 et 23 ans (forte supposition grâce aux témoins même si la parenté n'est pas formellement prouvée), mais ils n'apparaissent pas dans les relevés des mariages de la paroisse. Je perds la trace de Georges après sa naissance et ne le trouve pas dans les dépouillements cités ci-dessus ou ceux du Cercle Généalogique du Rouergue ; il n'est pas cité dans le testament de son père en 1732 : sans doute est-il décédé avant cette date, mais où...? Je n'ai pas encore eu le temps de compulser tous les registres d'état civil, mais pour le moment mes recherches sont vaines.

 Extrait arbre généalogique Astié générations 9 à 11

Génération 10 :
Mon ancêtre Jean n’a qu’un frère, Charles. Comme Georges, lors de la génération précédente, je perds sa trace très rapidement.

Génération 11 :
Mon plus lointaine ancêtre connu, le fameux Antoine Astié.

Signature d'Antoine Astié lors de son mariage, 1671 © AD12

Trois autres enfants Astié apparaissent dans les registres de l'époque (sont-ce les sœurs d'Antoine ?) :
  • Jeanne née en 1647, décédée l'année suivante,
  • Jeanne née en 1655,
  • Catherine née en 1659.
Mais pas de fils !

Un long travail de recherche de généalogie descendante m’attend pour voir si mon patronyme si spécial (pour moi en tout cas) se transmettra encore à travers les âges…


[1] Source : Geneanet.
Merci à JP pour ses infos de généalogie descendante, lui qui est un lointain cousin... mais descendant d'une fille Astié !


lundi 22 août 2016

La petite boucherie de Jean

Jean Avalon vivait à Entraygues (Aveyron), à la fin du XVIIème siècle. Il était marié et avait trois enfants : Louis, Bonne et Bonne (sic). Il était boucher de profession. Alité "d'une certaine maladie corporelle de laquelle il croit mourir" mais jouissant toutefois de ses bons sens et entendements et d'une parfaite mémoire, bref sentant sa fin devenir proche, il avait fait venir le notaire pour rédiger son testament (décembre 1700). Il ne voulait pas, comme sa défunte épouse Bonne (re-sic), mourir ab intestat, c’est-à-dire sans avoir réglé ses affaires (et éviter les discussions entre ses enfants) en les couchant sur un testament en bonne et due forme. A son fils, trop jeune, il avait préféré désigner Simon Mommaton son gendre (époux de Bonne l’aînée), comme légataire universel. Tout était en ordre. Moins de quinze jours plus tard, il s’était éteint en son logis. Lors de son enterrement, il fut enseveli dans le tombeau de ses prédécesseurs au cimetière Saint-Georges, comme il le souhaitait.
A chacun de ses enfants il a légué 4 000 livres, ce qui représente une somme assez conséquente et nous laisse deviner une certaine aisance chez ce boucher d’Entraygues.

Trois mois plus tard, Simon utilise à son tour les services du notaire afin de régler ladite succession de feu son beau-père (avril 1701). Les possessions de Jean sont divisées en quatre lots : trois pour ses enfants et le dernier pour Simon son gendre.
Le document notarial qui nous renseigne sur ces faits n’est pas un inventaire après décès proprement dit (où toutes les possessions sont scrupuleusement notées et décrites (voir à ce sujet l’article d’Elise), mais les lots sont suffisamment bien détaillés pour nous donner une idée des possessions du boucher.

On peut y distinguer :
  • Les immeubles :
- deux maisons : une "rue droite" à Entraygues, l'autre "au devant de la porte supérieure de ladite ville",
- une "petite boucherie" (rue Droite), 

Entraygues, rue Droite © Delcampe
- une petite étable et grange,
- des chais,
- un "entier domaine" situé dans la paroisse voisine de Notre-Dame de Bez.
  • Les terres :
- des jardins,
- des vignes,
- plusieurs « chastaignal » (= châtaigneraies ?),
- des champs,
- des bois,
- des chanvriers (où on cultive le chanvre),
- des prés.
  •  Des meubles :
- plusieurs dressoirs,
- une "garderobe",
- des tables hautes,
- une petite table se fermant à deux battants,
- une "petite vielle table",
- des tabourets,
- une vieille escabelle (= siège bas, généralement à trois pieds),
- un banc,
- plusieurs maies à pétrir le pain,
- des "lits garnys" et un bois de lit,
- plusieurs caisses fermant à clé et de "vieilles caisses". 
  • Le linge, la vaisselle et les ustensiles :
- des chemises d'homme,
- "les habits du défunt à l'exclusion d'un manteau" -  ledit manteau est en fait dans un autre lot,
- des linceuls (= draps),
- une couverte (= couverture),
- des nappes,
- des serviettes,
- des landiers de fer (= chenets de cheminée) et une grille de fer (sans doute pour la cuisson dans la cheminée),
- des poêlons, poêle à frire, poêle à feu,
- des bassinoires (pour réchauffer le lit avant de s’endormir),
- petit mortier en métal à pilon,
- une cuillère de fer et une autre de cuivre,
- une lampe,
- de la vaisselle (sans précision),
- des pots de fer et d’étain, un pot de métal,
- des armes : un pistolet de ceinture et un vieux fusil,
- des cruches à huile,
- des chandeliers de laiton,
- des livres (si je lis correctement le document).
  •  Des outils :
- une faux pour couper les buissons,
- des fourches de fer, 
- des fessoirs (= arrosoir ou houe ?), 
- un panier,
- un tamis,
- une hache,
- un pressoir pour le suif,
- un peigne à peigner le chanvre,
- une corde,
- un crible (= tamis) à blé,
- un coin de fer à fendre le bois,
- des planches.
  •  Du bétail et des marchandises :
- des moutons et brebis avec leur laine,
- 144 livres d'étain,
- du cuivre pour 110 livres,
- une charrette de foin et de chanvre,
- un grand lard,
- de l’huile de noix,
- du seigle.
  • Les instruments spécifiquement liés à la boucherie :
- les "balances pour la boucherie",
- un "grand coffre qui est dans ladite boucherie",
- les couteaux de la boucherie,
- un tour de fer à tourner la broche,
- des poids, dont un lot de poids de balance se fermant dans lequel il y en a deux autres petits,
- un entonnoir de fer blanc,
- des tonneaux,
- des barriques,
- un seau.
  • Et enfin des archives :
- 45 documents dans le 1er lot,
- 44 documents dans le 2ème,
- 29 documents dans le 3ème,
- et 55 documents dans le dernier lot.
Soit au total : 173 documents (sans compter ceux passés pour acquérir les biens transmis).
Ces documents sont des obligations, des promesses, des transports.
  • Des éléments que je n'ai pas réussi à identifier (ou déchiffrer) :
- caral (cazal ?),
- nogarelle (nogarette ?),
- noguier (= un nogue : un baquet ?),
- cuissin à portefaix.

Une estimation de chaque lot a été faite :
- lot 1 : valeur 3620 livres six sols;
- lot 2 : 3622 livres 8 sols;
- lot 3 : 3615 livres 12 sols 8 deniers;
- lot 4 : 3448 livres. Celui-ci (dévolu au gendre, rappelons-le) est un peu moins élevé car ledit gendre a touché la constitution dotale de 500 livres de Bonne Noel sa belle-mère, promise dans son contrat de mariage et qui lui appartient de plein droit, ce qui fait la différence.
Soit un total d’un peu plus de 14 305 livres.

Il y a donc plusieurs maisons, garnies de meubles, de vaisselle, de linge...; le tout plutôt en bon état visiblement. Rien qu'avec ce partage de 1701, on devine que Jean a réussi et devait, sans doute, faire partie des notables locaux.
C'est pourquoi l'expression "la petite boucherie" située Rue Droite m'a interpellée : elle ne devait pas être si petite que ça. Ou alors elle devait très bien rapporter vu le legs laissé par Jean à son décès !