« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 21 octobre 2017

#RDVAncestral : le tuteur

Le temps est gris en ce froid mois de janvier 1760. J’aperçois la petite assemblée qui se serre autour d’un trou. Un trou béant et noir qu’il a été difficile de creuser dans cette terre gelée d’hiver. Antoine est là. Il fixe ce trou à qui l’on vient de confier le cercueil de sa belle-mère. Autour de lui ses demi-frère et sœurs, sa tante et d’autres qu’il ne semble pas remarquer, tant il est absorbé dans ses pensées en fixant ce trou.

Combien de fois s’est-il retrouvé devant un trou semblable ? Il se concentre pour essayer de se rappeler :
- sa mère, Jeanne Le Tessier. Il avait 8 ans, il ne s’en souvient pas très bien.
- son grand-père paternel François Courtin, l’année suivante.
- sa grand-mère maternelle, Jeanne Duffé ; il avait 13 ans.
Ses deux autres grands-parents, il ne les a pas connus.
- deux de ses frères aînés sont là aussi : le premier décédé à 8 jours, le second mort-né.
Deux ans après le décès de sa mère, son père s’est remarié avec Marie Rogue. C’est cette Marie qui repose là maintenant. Ensemble ils ont eu 10 enfants, mais cinq fois il a fallu revenir ici porter en terre ces petits êtres qui n’ont pas vécu.
- et puis l’année dernière c’était son père.
- et maintenant Marie.

Pendant qu’Antoine était plongé dans ses pensées, la cérémonie s’est terminée et chacun s’est retiré dans la discrétion. Il ne reste autour de lui que les enfants. Soudain, il sent qu’on lui tire la manche : c’est Perrine, sa demi-sœur, âgée de quatre ans. Elle pleure :
- Maman ! Je veux maman !
Antoine sort de sa torpeur. Ils sont six autour de lui, âgés de 16 à 4 ans : cinq filles et un garçon. 


Frise d'enfants © via 9decoeur.org

J’en profite pour m’approcher :
- Tu veux que je m’occupe des enfants ?
Il ne répond pas, toujours soucieux. Que va-t-elle devenir toute cette fratrie ?

Je le laisse à ses pensées et rassemble le petit groupe de bambins pour les ramener à la maison, au chaud. Perrine pleure toujours dans mes bras, appelant sa mère. Elle ne comprend pas bien ce qui s’est passé aujourd’hui et pourquoi sa maman ne vient pas la réconforter.
A quelques pas derrière nous, je remarque que le jeune Jacques Raveneau est toujours là. Il fixe Marie, l’aînée des enfants. Peut-être qu’elle ne restera pas longtemps avec ses frère et sœurs, finalement…

Antoine nous rejoint enfin à la maison. Il ne sait toujours pas qui va s’occuper de cette troupe.
- Le conseil de famille ne s’est-il pas réuni ? lui demandais-je.
- C’est pour demain. Mon oncle Pierre, celui de Tiercé, a proposé son aide. Le père de Marie Rogue est toujours de ce monde, mais il a 80 ans et il est bien fatigué maintenant. A mon avis, il ne passera pas l’année, alors s’occuper de petits enfants… La famille de ma mère demeure à Briollay et ne s’est pas précipité pour prendre en charge des enfants qui ne sont pas de leur sang. Mon oncle Jacques est prêtre à Gesté : il ne prendra certainement pas des filles chez lui, mais peut-être pourra-t-il nous aider financièrement. Mes autres oncles et tantes, je ne sais pas. Il reste Mathurine, la sœur de feue Marie qui était à l’enterrement aujourd’hui. Ma propre sœur, qui s’appelle aussi Mathurine, mariée depuis 10 ans, et moi. Ma femme et moi feront ce qu’il faudra, bien sûr, même si je ne sais pas trop comment…

Accueillir sa fratrie faute de parents pour s’en occuper, cela paraît naturel, mais je comprends l’embarras d’Antoine : comment recevoir six enfants d’un coup ? Sans parler des problèmes « techniques » : où les faire dormir, comment les nourrir… Même si Antoine est un fermier relativement aisé [1], ce n’est pas évident de faire face à ce type d’événement. D’autant que sa situation peut basculer du jour au lendemain, avec ces hivers rigoureux, les disettes et les famines qui se multiplient…

La nuit est maintenant tombée. Les enfants se sont endormis, même la petite Perrine qui a enfin cessé de réclamer sa maman… pour le moment.
Je me retire à mon tour, dans le silence de la maison, Antoine toujours plongé dans ses pensées, préoccupé par ses nouvelles responsabilités.


Marie, l’aînée des enfants, âgée de 16 ans, épousera l’année suivante Jacques Raveneau, de cinq ans son aîné. Pierre Courtin, son oncle de Tiercé, y est mentionné comme son tuteur.
Perrine, la cadette, se mariera 15 ans plus tard, « procédant sous l’authorité de son frère Antoine ».
Nicolas Rogue, le père de Marie, décèdera en octobre de la même année 1760, âgé de 80 ans.
J’ignore qui s’est occupé des quatre autres enfants et qui a été nommé leurs tuteurs.
Bien que mariés depuis 1757, je n’ai pas trouvé d’enfant né d’Antoine Courtin et de son épouse avant 1766 : hasard, recherches infructueuses ou est-ce parce qu’il occupait de ses demi-frères et sœurs ?


[1] Antoine Courtin, quelques années plus tard, signera le cahier de doléances de Villevêque (en 1789). Pour pouvoir y prétendre, il devait être Français, âgé d'au moins 25 ans et compris dans le rôle des impositions ; ce qui signifie qu’il n’était pas parmi les plus miséreux. Sur les 300 feux que comptait alors la paroisse, une cinquantaine de personnes ont été réunies au moment de la messe dominicale, pour rédiger ces cahiers de doléances. Une vingtaine l’ont signés, dont notre Antoine, mais il n’a pas fait partie des 4 députés qui sont allés représenter la paroisse à la réunion qui s’est tenue par la suite à Angers. Pour en savoir plus, voir l’article paru à ce sujet sur le blog en cliquant ici.

samedi 14 octobre 2017

Projet Philomène #2 : Philomène Assumel-Lurdin

Parti d’une remarque sur les réseaux sociaux (« on a tous une mémé Philomène »), le projet a pris corps : les descendants des « mémés Philomène » ont alors rédigés des billets racontant leur(s) Philomène(s). 
Sainte Philomène a été « mise à la mode » par le curé de St Jean d’Ars (Ain) en 1837 ; pour en savoir plus sur la sainte, voir ici grâce à l'article d'Antequam. Pour retrouver tous les billets des « mémés Philomène » écrits par les généablogueurs, cliquez ici ou ici pour les situer sur la timeline.
Dans mon arbre je compte deux Philomène, nées dans l’Ain aux XIX et XXème siècle : voici la seconde (qui est aussi la petite-fille de la Philomène #1).


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Philomène ne parle plus, mais elle pense : ses pensées sont indiquées en italique.

- Voilà Marcelle ! Vous êtes bien installée dans votre fauteuil ?
C’est à moi qu’elle parle ? Pourquoi elle m’appelle Marcelle ? Je m’appelle Philomène, comme ma grand-mère. Je ne sais même pas qui c’est, cette femme !
- Je vous allume la télé !
Elle est bien gentille cette dame, mais qu’est-ce qu’elle fait chez moi ?
- Voilà. On se revoit tout à l’heure.
Philomène regarde autour d’elle.
Mais où suis-je ? Ce n’est même pas ma maison ici ! Et où sont mon mari et mes enfants ? Pourquoi je suis toute seule ici ?
Elle regarde la télévision, sans vraiment la voir.
Cette machine fait un bruit horrible. Mais arrêtez ça ! Je préfère la radio : c’est plus calme. Ah ! les soirées autour du poste, tous réunis. C’était bien.
Sur le mur il y a des photos, mais elle ne sait pas qui sont ces gens.
Hi ! Hi ! Hi ! Je me rappelle le scandale quand on a été chez le photographe avec mes sœurs. Ou plutôt quand on est sorties : le photographe avait osés prendre des clichés avec mon dos à moitié dénudé ! C’est papa qui n’a pas été content ! Hi ! Hi ! Hi !

Marcelle Philomène Assumel-Lurdin, 1934 © Coll. personnelle

Ah non ! papa n’était plus là. Ça devait être maman alors qui était en colère. Je ne sais plus. En tout cas il y a eu un sacré tapage !
Marcelle regarde autour d’elle : elle ne sait pas si c’est le matin ou l’après-midi. Une comptine lui trotte dans la tête.
Je ne me souviens plus si c’est maman qui nous la fredonnait ou si je la chantais aux petits. Les générations se mélangent dans ma tête, les époques se mêlent et s’entremêlent. Les souvenirs se brouillent : je ne sais plus.
- Re-bonjour Marcelle, c’est encore moi !
Pourquoi elle dit « encore » ? Cette dame est charmante mais je ne l’ai jamais vue !
- Vous avez de la visite : c’est votre fils qui vient vous voir.
Mon fils ! Qu’est-ce qu’elle raconte ! Ce monsieur n’est pas mon fils. Mes enfants sont encore petits et les derniers ne savent à peine marcher. Elle raconte n’importe quoi !
- Bonjour maman. Comment vas-tu aujourd’hui ?
Philomène regarde à nouveau par la fenêtre, n’écoutant son visiteur que d’une oreille. Elle sourit en pensant à ses enfants. Et puis soudain elle regarde cet homme qui est son fils droit dans les yeux et une larme perle à ses paupières. Lui aussi la fixe : il se passe quelque chose. Ils se prennent dans les bras, très émus. Et puis soudain, c’est fini. Marcelle est repartie.
Comme je suis fatiguée. Et ce monsieur qui n’arrête pas de parler. Il est bien gentil, mais je voudrais qu’il s’en aille maintenant. Je vais fermer les yeux un moment, comme ça il partira peut-être, croyant que je me suis endormie.
Mais où je suis ici ?
- Alors Marcelle ? C’était bien cette visite ?
Marcelle ? Visite ? De quoi elle parle ? Qu’est-ce qu’elle raconte ?.
- Vous avez de la chance : une de vos filles hier, un de vos fils aujourd’hui : vous avez souvent des visites n’est-ce pas ?
Je ne comprends rien à ce qu’elle dit ! Je n’ai vu personne depuis des jours !
- Il vous a raconté ses vacances ?
Les vacances. Je me rappelle de vacances au bord de la mer, à vélo, avec notre bébé. C’étaient nos premiers congés payés.
Elle regarde par la fenêtre.
Où est la pelouse ? Il y avait bien une pelouse ? … Non c’était un parc je crois. Je ne sais plus…
Je m’ennuie. Personne ne vient me voir.
Dehors il n’y a pas de montagne. J’habite aux pays des montagnes. Ou bien est-ce près d’un fleuve ? Ou dans un château ? Je ne sais plus…
- C’est l’heure du dîner : ce soir c’est du poisson.
Je n’aime pas le poisson.
- Vous vous rappelez ce que vous avez mangé ce midi ?
Ce midi j’ai pas mangé. Rien depuis ce matin. Ils sont bien aimables ici, mais ils ne nous donnent rien à manger. Chez moi c’était mieux. Mais où je suis ici ?
- Le hachis parmentier, vous vous rappelez ?
De toute façon, je n’aime que les quenelles sauce Nantua, comme les faisaient ma mère. C’était son pays. C’est là que je suis née… Enfin, je crois…
Marcelle détourne la tête.
- Il faut manger Marcelle !
Pfff ! Elle m’embête ! C’est aux enfants qu’on dit ça ! Bon, allez, pour lui faire plaisir alors.
Je crois que j’ai des frères et sœurs …
Soudain Marcelle se met à pleurer.
Raymond ! mon petit frère ! il est à l’hôpital : il a eu un accident de vélo. Il va mourir, je le sens. Il faut que je prévienne maman et papa !
Marcelle s’agite. Bien que paisible la plupart du temps (ce qui la rend très appréciée du personnel), l’aide soignante n’arrive pas à la calmer. Elle appelle du renfort. Finalement ils réussissent à coucher Marcelle.
C’est la nuit ? Où suis-je ? Ce n’est pas mon lit ? Je suis seule. Où est mon époux. Je n’entends pas les enfants. Ce n’est pas ma maison. Depuis quand suis-je ici ? Pourquoi j’y suis ? Je ne me rappelle plus. Je suis si fatiguée. Je voudrai que tout cela s’arrête…


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Ce texte est une fiction, mais qui se base sur des événements réellement vécus. En effet, Marcelle Philomène Assumel-Lurdin, épouse Astié, a vu sa mémoire partir en lambeau à la fin de sa vie (elle nous a quittés en 2013). Les griffes d’Alzheimer se sont refermées sur elle, comme sur son époux quelques années avant elle. C’étaient mes grands-parents. Comment a-t-elle vécu ses derniers temps ? Se rendait-elle compte ? En tout cas pour nous ce fut une double épreuve. Une pensée pour elle ainsi que pour ses enfants et les membres de notre famille toute entière, durement éprouvés, qu’elle a cessé petit à petit de reconnaître quand nous lui rendions visite…


samedi 7 octobre 2017

Projet Philomène #1 : Philomène Prost

Parti d’une remarque sur les réseaux sociaux (« on a tous une mémé Philomène »), le projet a pris corps : les descendants des « mémés Philomène » ont alors rédigés des billets racontant leur(s) Philomène(s). 
Sainte Philomène a été « mise à la mode » par le curé de St Jean d’Ars (Ain) en 1837 ; pour en savoir plus sur la sainte, voir ici grâce à l'article d'Antequam. Pour retrouver tous les billets des « mémés Philomène » écrits par les généablogueurs, cliquez ici ou ici pour les situer sur la timeline.
Dans mon arbre je compte deux Philomène, nées dans l’Ain aux XIX et XXème siècle : voici la première (qui est aussi la grand-mère de la Philomène #2).


Les trois enfants sont  là : Joseph (54 ans), Marie Félicie (47 ans) et Marie Virginie (42 ans). Ils trient les vêtements, les effets, les papiers. Philomène Prost, leur mère, a été mise en terre ce matin.

Un dialogue commence entre les trois « grands enfants » de la disparue :
- Quelle longue vie elle a eue : elle a quand même vécu 85 ans !  Je n’ai pas eu connaissance d’un membre de notre famille qui ait vécu aussi longtemps.
- En tout cas, elle fait sûrement partie des records, c’est sûr !
- Vous avez remarqué : papa et maman sont décédés le même jour, un 14 septembre, à 30 ans d’intervalle !
- Dire qu’elle est restée veuve pendant toutes ces années.
- Je n’avais que 12 ans quand papa est mort, fait remarquer Marie Virginie, la plus jeune. C’est curieux qu’elle ne se soit jamais remariée.
- Elle a été tellement affligée de son décès, qu’elle n’a pas eu la force d’aller le déclarer à la mairie : c’est notre oncle qui s’en est chargé.
- Oui, mais j’étais là, ajoute Joseph Hippolyte, l’aîné, et je me rappelle que le maire l’a qualifiée de « dame » dans cet acte.
- Tiens !
- Qu’est-ce que tu as trouvé ?
- Des vieux papiers : ici il y est mentionné une vente, en 1888 pour 726 francs, et deux acquisitions, datées de 1898 et 1909, pour une valeur de 615 francs, soit au total 1 071 francs.
- Tu sais à quoi ça correspond ?
- Non, pas vraiment. Il n’y a pas de détail ici.
- Oh ! Son acte de naissance : vous saviez qu’en fait elle s’appelait Marie Philomène ?
- Vraiment ? Mais on ne l’appelait que Philomène pourtant ! Je me rappelle même l’agent recenseur, lorsqu’il venait à la maison, il inscrivait bien « Philomène » seulement, et puis après la mort de papa c’était « Philomène veuve Gros [de son nom d’épouse], cultivatrice, chef de ménage ».
- C’est vrai !
- Elle a été aussi tisseuse et même ouvrière en soie, le saviez-vous ?
- Je ne sais pas pourquoi elle s’est mariée aussi tard : en février 1873 elle avait déjà 29 ans. Ce n’est pas tout jeune…
- Bah !moi aussi je me suis mariée à cet âge, réplique Marie Félicie !
- Oups ! ben moi, je n’avais que 24 ans… complète Marie Virginie.
- Elle attendait peut-être le retour de papa : souvenez-vous, pendant la campagne de 1870, il avait été fait prisonnier à Sedan, avec le 79e régiment de ligne où il était affecté. Il est resté 8 mois en captivité ! Le temps qu’il revienne, qu’il soit officiellement démobilisé et que le mariage soit conclu entre les familles, ça prend du temps.
- Je ne trouve pas de contrat de mariage dans ses papiers : je crois qu’il n’en n’a pas été fait.
- Oh ! Regardez : maman a signé son acte de mariage mais elle a inversé deux lettres : « Phiolmene » au lieu de « Philomène » !

Signature Philomène Prost, 1873 © AD01

- Ça  devait être l’émotion !
- Sur nos actes de mariage elle ne signait que « Prost » ajoutèrent en cœur les filles.
- Vous vous rendez compte quand même : elle est née sous la Monarchie de Juillet et le règne de Louis-Philippe, a connu successivement la Second République avec Louis Napoléon Bonaparte, le Second Empire avec Napoléon III, s’est mariée sous la Troisième République, a vécu sous 10 Présidents avant de s’éteindre sous le mandat de Gaston Doumergue !
- Et tous ces bouleversement de la société : les soubresauts politiques, mais aussi la Révolution industrielle, l’école obligatoire, la séparation des Églises et de l’État, les inventions comme la voiture, la Grande Guerre.
- Pourtant, il reste si peu de choses d’elle. Nous ne savons pas comment elle a vécu tous ces bouleversements, nous ne l’avons jamais questionné.
- Nous n’y avons même jamais pensé !
- Comme je le regrette aujourd’hui.
- Combien de fois je l’ai vue inquiète lorsque j’étais malade « de l’albumine » en 1912 [1] songea Marie Félicie.
- Elle s’inquiétait toujours.
- C’était une mère…
- Notre mère.


Marie Philomène Prost est née le 3 mars 1843 à Martignat (Ain). Elle a épousé Alphonse Élie Frédéric Gros le 22 février 1873 à Martignat et est décédée le 14 septembre 1928, toujours à Martignat. Ensemble ils ont eu trois enfants. Elle est mon sosa n°23, c'est-à-dire la grand-mère de ma grand-mère paternelle. Tous les détails mentionnés dans cette scène imaginaire sont issus des sources que j'ai pu trouver la concernant.


[1] L'albumine est la principale protéine du sang, soluble dans l'eau et fabriquée par le foie. Elle empêche la fuite de l'eau contenue dans le sang (plus précisément le plasma) vers les tissus, où elle est susceptible d'entraîner des œdèmes (collection d'eau dans les tissus). Un niveau inférieur à la normale d'albumine peut être un signe de maladie des reins ou du foie.