« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

dimanche 26 mai 2019

La mère de la mère de... ma mère


samedi 18 mai 2019

#RDVAncestral : A l'école !

En arrivant à Cocherel (petite bourgade de Seine et Marne actuelle), je demandais mon chemin pour me rendre chez les Bachelier – mes ancêtres à la XIIème génération. Presque à chaque fois on me regardait d’un air bizarre, on chuchotait une fois que j’avais le dos tourné, sans parler du couple qui refusa carrément de me répondre ! Je me demandais bien ce qu’il se passait : qu’avaient fait mes ancêtres pour subir cet opprobre de la part de leur communauté ? Finalement j’arrivais enfin à trouver leur maison et j’y fus accueillie à bras ouverts. Cela me changeait de l’atmosphère pesante qui avait accompagnée mon entrée dans le bourg.

Après les salutations et diverses politesses d’usages, j’osais raconter mon arrivée et l’accueil plutôt froid, pour ne pas dire hostile, que j’avais reçu dès lors que je prononçais leur nom.
- C’est à cause de moi ! répondit une petite voix tranquille.
Je me penchais de l’autre côté de la table pour apercevoir son auteur : une petite fille haute comme trois pommes, qui jouait silencieusement avec une poupée de chiffon.
- Mais non, ma chérie : ce n’est pas ta faute, rassura la voix chaude de sa mère Jeanne.

Ma surprise devait se lire sur mon visage. Pierre et Jeanne échangèrent un regard puis Pierre prit la parole :
- Nous avons décidé d’instruire notre fille, de lui faire apprendre ses lettres et un peu les chiffres. Nous pensons que le savoir c’est important.
- Et pas que pour les garçons, appuya Jeanne.
- Et c’est là l’origine du problème ?
- Beaucoup ne partagent pas notre point de vue : ils disent que la seule chose que les filles doivent savoir c’est tenir leur ménage et satisfaire leur mari. Même le curé y a fait allusion lors d’un prêche à l’église. Désormais, même ceux qui nous soutenaient auparavant n’osent plus le faire ouvertement.
- Ah ! Je comprends mieux maintenant…


Alphabet méthodique © crdp-strasbourg.fr

Jeanne enchaîna tristement :
- Apprendre aux filles c’est apprendre au diable. Seule l’éducation religieuse est permise. De toute façon elles sont sottes et n’y comprendraient rien. C’est ça qu’on nous dit. Et encore, des fois c’est pire : si elles sont savantes elles deviennent vaines, voire lascives et dangereuses !
Jeanne regarda sa petite fille qui, dans l’innocence de sa jeunesse, n’avait rien de tout cela.
- Les filles passent de la domination du père à celui du mari. Ou alors  c’est le couvent ! Pas d’autre alternative possible, confirma Pierre.
- Moi je ne veux pas de cela pour ma fille : je veux qu’elle soit instruite et qu’elle trouve un mari qui l’appréciera pour cela aussi. Et pas juste une servante pour s’occuper des gosses et balayer sa cuisine.
L’intention était louable, mais l’époque ne s’y prêtait guère. Rencontrer une féministe au XVIIème siècle était déjà curieux, mais un féministe encore plus ! Parce que bien sûr, rien ne pouvait se faire sans la volonté du mari. Et de toute évidence, celui-ci était tout acquis à cette cause ; ce qui me fit bien plaisir moi qui, tous les jours ou presque, assistais au lent grignotage des droits des femmes un peu partout dans le monde.

- Mais alors, qu’allez-vous faire ?
- Nous cherchons un cours paroissial qui voudrait l’accepter parce que, bien sûr, le curé de notre paroisse de veut pas en entendre parler. Peut-être à Vendrest, d’où je suis originaire et où ma famille est connue et respectée.
- J’espère qu’ils l’accepteront car cela fait déjà une heure de marche pour y aller, plus encore pour Anne et ses petites jambes. Parce qu’on ne pourra pas l’accompagner : il y a trop de besogne ici. Elle devra y aller seule, souligna Jeanne.
- En attendant, nous avons commencé à l’éduquer nous-mêmes, reprit Jeanne dans un souffle, surveillant la porte au cas où une oreille indiscrète passerait par là.
- Je suis moi-même un peu instruit : oh ! pas un savant hein ? Mais je sais mes lettres, alors je me sers des citations de la bible utilisées lors des offices par le curé, comme ça on ne peut rien me reprocher ! expliqua Pierre.
Un petit air de défi éclairait son visage.

J’admirais ces parents qui, seuls, contre tous, voulaient absolument éduquer leur fille. Quitte à prendre des risques, à être mis à l’écart de leur communauté. Combien de siècles avaient-ils d’avance ? Au XVIIème siècle près de 90% des femmes étaient illettrées. Et encore, dans les 10% restant il y avait surtout des citadines bien nées et vivant déjà dans un milieu sinon cultivé au moins instruit.
Je ne sais pas s’ils trouvèrent enfin une école pour accueillir et éduquer leur fille, mais une chose est sûre : à 18 ans, lors de son mariage, elle savait parfaitement signer son nom et peut-être bien plus encore...

Signature Anne Bachelier, Cocherel, 1673 © AD77

On est alors en 1673. C’est la plus ancienne signature féminine de mon arbre.


lundi 29 avril 2019

Un rayon de soleil

Le soleil joue avec le vent et quelques uns de ses rayons passent à travers les arbres arrivant jusqu’à moi, réchauffant sur mon visage. Quelle douce sensation.  Je crois que je ne l’avais pas ressentie depuis que j’étais enfant, lorsque je gardais les bêtes de mon père : seule dans les prés je contemplais les nuages filant dans le ciel et admirais la cime des arbres... Il y a si longtemps. 

J’essaye d’ouvrir les yeux pour retrouver mes rêves d’enfants, mais la luminosité m’empêche de bien distinguer la frondaison au-dessus de moi. Ce n’est pas grave. J’entends le vent dans les branches. Cela me suffit. Je suis bien ainsi. Enfin un moment de repos : je suis si fatiguée. 


Le soleil dans les arbres © istockphoto.com

J’essaye de me concentrer sur mon enfance mais mes souvenirs me fuient… J’avais un frère ? Un frère jumeau, Pierre. Oui, je crois que c’est cela. Et plus tard sont arrivés les autres jumeaux… Comment était-ce ? Joseph et… Laurence. Les pauvres petits : ils n’ont pas survécu plus de quelques jours. Un peu comme notre aînée Marie Marthe qui n’a vécu qu’un mois.

J’ai toujours aimé la nature. Les longues promenades sur le plateau, quand je pouvais voler un peu de temps pour moi. J’allais jusqu’au lac de Viry parfois ou à l’ancienne forteresse. Les corvées j’étais toujours volontaire pour les faire tant qu’elles nécessitaient une sortie à travers la campagne ou simplement rester dehors. Tout plutôt que de rester enfermée à la maison ! Le moulin, la halle, le lavoir… Et surtout le silence de la campagne.

Mais grandir, j’ai pas bien eu le temps : à 11 ans on m’avait déjà mariée, à presque 12 j’avais mon premier fils. Mon Dieu, j’étais si jeune ? Oui, je crois. Quatre fils ont éclairé ma vie. Mon bonheur, ma joie. Quatre ? Non trois : mon petit Claude François nous a quitté avant même mes relevailles. Perdre un enfant quand on est soi-même encore un enfant : quel malheur mon Dieu. Mais la vie continue. 

Adieu la campagne : il fallait s’occuper des enfants qui se succédaient, de l’entretien de la maison, de la gestion de la ferme. La vie s’est écoulée sans qu’on puisse la retenir, comme l’eau d’un ruisseau dans sa main. Pas même un petit moment. Pas de pause. Pas de soleil sur le visage. Juste la fatigue et les années qui s’accumulent. Adieu le silence : toujours un enfant qui crie, une vache qui meugle, un mari qui appelle.

Cette journée a pourtant si bien commencé : la cueillette des fruits. Je suis dehors, comme j’aime tant ça. On s’aide entre voisines pour monter à l’échelle dans les fruitiers et recueillir les précieux joyaux dorés au soleil. Les commères sont un peu bavardes, mais j’essaie de m’isoler dans mon coin, dans mes pensées. Dans le silence.

Pourquoi ai-je si froid alors que le soleil brille ? Ah ! oui, ça doit être parce que je suis sous les arbres. Je me rappelle d’un froid similaire quand j’ai dû enterrer mon Joseph. Je n’avais pas trente ans. C’était un homme bon : il a dû aller tout droit au paradis. Il me manque bien. Mais parfois je l’entends encore me parler : il doit me surveiller depuis là-haut !

Il n’y a plus de silence : pourquoi elles crient toutes autour de moi ? Laissez-moi quelques minutes encore seule avec le vent et le soleil. Ensuite on reprendra les tâches quotidiennes. Le cours de la vie.
J’ai eu le bonheur de marier mon aîné l’année dernière : j’espère qu’il ne tardera pas à me donner un petit-enfant à cajoler. Et mes deux autres fils vont-il se marier bientôt et me faire grand-mère aussi ? J’emmènerai les petits à travers la campagne. Laisser jouer le soleil sur leurs visages. Oh ! oui, comme j’ai hâte.

Où diable est-il ce soleil ? Je tourne la tête cherchant sa chaleur sur ma peau. C’est bizarre, je ne vois que l’herbe. Et mon panier. Il est par terre, renversé. Les fruits sont tombés : il va falloir que je les ramasse. Je le ferai tout à l’heure : pour l’instant je suis trop fatiguée. Je ferme les yeux à nouveau.

Une auréole rouge sombre s’étend autour de ma tête. Mais je ne la vois pas. Je n’ouvrirai plus les yeux. Je ne ramasserai pas les fruits éparpillés au sol. Je ne reprendrais pas mes tâches quotidiennes. Peu importe : enfin je retrouve le silence de mon enfance.


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Décès Clémence Monneret, 1720, Viry © AD39

Le vingt et un juin mil sept cent vingt j’ai inhumé dans le cimetiere de cette paroisse a côté droit de la petite porte de l’Eglise le corps de Clemence monneret, veuve de feü Claude Romand de Rognat, décédée par une chûte le jour auparavant ; en presence du sieur joseph antoine thomas de saint claude, de messire jean claude molard notaire, jean claude potard pierre potard metayer et autres
Molard prêtre


samedi 20 avril 2019

#RDVAncestral : Au bureau de placement

J’ai rendez-vous aujourd’hui avec Ursule Le Floch, épouse Macréau. C’est ma « dernière » (ou la première : tout dépend dans quel sens on navigue dans l’arbre) ancêtre bretonne ; celle qui s’est exilée en région parisienne. Je suis curieuse d’entendre la propre version de cette expérience vécue par mon ancêtre.

Elle m’a donné rendez-vous devant l’église de Tigeaux, en Seine et Marne. Je la trouve debout près du portail, perdue dans ses pensées, indifférente à la vie de la place et au passage des badauds autour d’elle. Il me faut lui presser légèrement le bras pour la ramener à la réalité.

- Ah ! Vous voilà ! J’étais ailleurs, je le crains dit-elle un peu gênée.
Sous l’embarras, elle tordait ses mains, pressant un joli petit sac légèrement usé. Ayant pitié de mon ancêtre et de son pauvre réticule qui risquait de ne pas survivre au traitement qu’il subissait, je proposais à Ursule de s’installer dans un troquet tout proche. Une limonade bien fraîche l’ayant remise de ses émotions, Ursule commença à me raconter son histoire :

- Nous sommes nombreux, nous les Bretons, à être venus à Paris. Les familles ont beaucoup d’enfants là-bas, dans la très catholique Bretagne, en particulier dans les campagnes. La petite taille des exploitations agricoles ne peut nourrir toutes les bouches. Pour beaucoup c’est l’indigence, voire la misère. Il faut donc se résoudre au départ pour trouver un emploi. C’est ce que j’ai fait.

Quand j’ai débarqué à Paris, je m’en souviens comme si c’était hier. En sortant de la gare, la tête me tournait : je n’avais jamais vu tant de monde. Pourtant ma ville d’origine, Loudéac, dans les Côtes du Nord, est une grande ville déjà : près de 6 000 habitants. Mais là… Rien à voir. Heureusement ma sœur aînée m’attendait. Elle était à Paris depuis près d’une année alors forcément elle était habituée et s’est moquée gentiment de moi. Pour ne pas lui donner une raison de me ridiculiser encore plus, j’ai pris une grande inspiration et je me suis jetée tête la première dans la foule, à sa suite. Nous avons presque dû nous battre pour monter dans un tramway à chevaux qui était bondé. Nous étions très serrées et je n’avais pas l’habitude d’une telle proximité, mais je me suis mordue la langue pour ne pas laisser échapper une plainte. Ma sœur avait l’adresse d’un bureau de placement dans le quartier des Halles. 

Je n’ai pas vraiment eu le temps d’admirer le paysage, les grands immeubles tout en hauteur, ou celui tout rond de la Bourse du commerce : tout ce qui m’importait c’était de garder un minimum de place sans me faire écraser les pieds ni perdre mon bagage. Je serrais si fort les lanières de mon sac que j’en avais mal aux mains ! Enfin ma sœur donna le signal pour descendre : ouf ! 

Nous sommes entrées et avons attendu notre tour. Ça a duré près de deux heures avant que nous soyons reçues : pendant ce temps-là j’ai eu le temps d’observer (discrètement, hein ?, je ne suis pas une commère) les autres personnes qui attendaient. La salle était pleine de filles à l’air triste assises sur leurs bancs. Certaines avaient les joues creuses et les yeux caves : elles sentaient la misère à plein nez. Je les plaignais les pauvres : elles avaient peu de chance de trouver un emploi ici. Et une femme sans homme, sans soutien, dans la capitale, ça finit bien vite dans la rue, si vous voyez ce que je veux dire… L’une d’elles, un peu mieux mise, s’est moquée de moi : elle m’a dit qu’on ne me prendrait pas, parce qu’on cherchait de la viande plus fraîche !

- De la viande ? demandais-je.
- C’est le nom qu’on donne aux jeunes filles qui veulent se placer. Sans doute voulait-elle dire que j’étais déjà trop âgée. Les patrons aiment quand leurs servantes sont jeunes : ils peuvent les façonner à leurs goûts. Mais en même temps il faut avoir de l’expérience : c’est une équation difficile à résoudre ! Quand mon tour est venu, ma sœur m’a poussée en avant. Je me suis retournée horrifiée, voyant qu’elle ne m’accompagnait pas, mais ça aurait été mal vu – ça je l’ai compris plus tard – si je n’étais pas capable de parler à un patron, comment pourrais-je remplir toutes les tâches qui m’incomberaient par la suite ?

J’ai eu de la chance. J’ai plu au recruteur parce que j’étais la seule à porter un chapeau – toutes les autres étaient en cheveux – et que ma robe était propre et pas usée comme certaines. Je n’avais travaillé que chez une seule famille, les Le Ho, des amis de la paroisse qui étaient boulangers. Enfin, chez leur fils surtout. Or il se trouve qu’il a déménagé et n’a pas voulu m’emmener avec lui (enfin, je crois que c’est sa future femme qui ne voulait pas trop que je vienne). En tout cas ils ont été assez gentils pour écrire une lettre de recommandation où ils faisaient mon éloge. C’est comme ça que le soir même j’ai été engagée comme servante. 

La jeune servante, v.1900/1910, Henry Caro-Delvaille © dezenovevinte.net

- Franchement, vous n’auriez pas préféré vivre chez vous, en Bretagne ? demandais-je.
- Ah ça non ! Mon père était dur. Et travailler aux champs, c’est le bagne. Notez que domestique c’est pas beaucoup mieux. Il me fallait trimer de sept heures à vingt deux heures : préparer à manger, brosser les habits, nettoyer les chaussures, astiquer les cuivres, repasser… Je n’avais pas un moment pour souffler. Il y avait un dîner par semaine avec des invités, je devais rester jusqu’à leur départ, parfois à deux ou trois heures du matin. Je me rattrapais pendant les courses : je rognais un quart d’heure par-ci par-là pour admirer les devantures des magasins.
Et puis brutalement mon patron est décédé : un arrêt cardiaque a dit le médecin. On ne m’a pas gardé : il a fallu que je retrouve une nouvelle place. Mais cette fois, je me suis faite embaucher comme cuisinière, c’est quand même moins fatiguant. Et puis, dans ta cuisine, t’es presque ta propre patronne… Enfin, presque, tu vois ?

J’acquiesçais : la cuisine était son royaume, tant que le patron ne se piquait pas de régenter cet espace-là comme le reste de la maison.

- C’est ainsi que je suis arrivée ici à Tigeaux. Là, pour sûr, c’est la campagne : 200 habitants, plus d’arbres et de bêtes que d’hommes ! dit-elle en riant. C’était une bonne place, reprit-elle redevenant sérieuse. Et puis… c’est là que j’ai connu mon époux ajouta-t-elle dans un souffle, rougissante comme une jeune fille. Ou plutôt comme une jeune mariée car les épousailles avaient été célébrées il y a peu. J’ai quittée ma place de cuisinière pour le suivre. Fini la domesticité : c’est le retour à la terre. Mais je ne regrette rien.
- Pas même votre Bretagne natale ? demandais-je, insistant encore sur ce déracinement.
- Des fois, pour sûr. Ma maison, ma famille. Et surtout ma sœur jumelle que j’ai laissée là-bas… La voilà presque triste maintenant.

Après un grand soupir (pour se donner du courage, ou chasser ses idées noires ?), elle dit :
- Mais bon, c’est la vie ! Y a pas de regret à avoir : c’est comme ça ! Et finalement c’est un mal pour un bien puisque maintenant j’ai trouvé le bonheur et puis ma belle-famille m’a fait bon accueil : j’ai pas à me plaindre. D’autres que moi ont eu des expériences bien plus difficiles sans doute… Allez, c’est pas tout, mais il faut que je rentre maintenant. C’est que j’ai un bout de chemin avant de retrouver ma maison.

Je la remerciais et la regardais partir, quand tout à coup elle se retourna vers moi :
- Merci à vous ! Je n’avais jamais raconté ça à personne. Chez nous, on est plutôt des taiseux. Je suis contente d’avoir pu parler avec vous. Au revoir !
Elle me fit un signe d’adieu avec la main et en un instant elle disparut. C’est ainsi qu’elle me quitta, sans remord ni regret, ma petite Bretonne courageuse, pour reprendre le cours de sa vie d’exilée.