« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

jeudi 1 octobre 2020

Le grenadier disparu

Noël Puissant naît en 1780 à Candé (Maine et Loire). Son père, Joseph, est concierge des prisons. Lui-même est tailleur d’habits. Lorsqu’il a 21 ans, il épouse Cécile Chaillou. Celle-ci a un enfant né de père inconnu l’année précédente… prénommé Noël. Est-ce que le père inconnu ne serait pas si inconnu que ça ? En effet, lors du mariage les deux jeunes mariés reconnaissent que ce petit garçon est "véritablement leur fils". Noël Puissant épouse donc Cécile en 1801. En 1803 ils donnent naissance à un autre fils prénommé Charles Prosper. Je ne leur ai pas trouvé d’autre enfant. 

Cécile décède en 1863, toujours à Candé. Elle est alors dite veuve. Mais Noël (ou Jean Noël), lui a disparu depuis longtemps. En effet, lors du mariage de Charles en 1829, il est dit "absent" et dont l'absence a été constatée par le tribunal d'Angers, sans qu'il soit possible "de procurer le consentement" audit mariage. J’ai longtemps cherché le décès de Noël, à Candé et dans les communes environnantes. Hélas en vain. Sa disparition (date, lieu) restait "environnée de ténèbres". 

Ce n’est que récemment que son nom est apparu dans les relevés des soldats napoléoniens sur Geneanet (source : Mémoire des hommes - Registres matricules des sous-officiers et hommes de troupe de l'infanterie de ligne, 1802-1815, SHD/GR 21 YC 176). J’y ai découvert son matricule (n° 14 157) et sa description : il mesurait 1,71 m, avait un visage ovale, le front haut, les yeux gris, un gros nez, une bouche moyenne, le menton long, les cheveux et sourcils châtains. Il y est dit conscrit de l'an X (1802) mais je suppose qu’il a alors tiré un bon numéro. 

En effet : il procrée un fils en mars 1801, se marie en mars 1802, conçoit un second fils dans la foulée et déclare sa naissance en janvier 1803. Il est donc indubitablement en Maine et Loire à l’époque de sa conscription et n’est pas parti au service militaire qui est alors d’une durée de 5 ans. 

Cependant sa fiche militaire nous indique qu’il est ensuite remplaçant d’un "conscrit de 1814", Guillot Jean Mathurin de Gené (canton du Lion d'Angers). Celui-ci n’a pas encore été retrouvé, j’ignore donc tout de lui. Noël Puissant s'est porté volontaire pour remplacer le mauvais numéro tiré par Jean Mathurin. Pourquoi ce choix ? Difficile de répondre à cette question. A première vue, la situation du couple est plutôt favorable : il a un métier qualifié, elle est lettrée (elle signe), ils connaissent une stabilité de domicile sur plusieurs générations, ils portent les titres distinctifs de Sieur et Dame. Mais peut-être connaissent-ils des problèmes d’argent ? Ou le goût de l’aventure tenait-il Noël ? En l’état actuel des connaissances, je n’ai pas de réponse à cette question. 

Toujours est-il que le 2 avril 1813 Noël Puissant s’engage devant notaire à remplacer Jean Mathurin Guillot pour effectuer son service militaire contre une somme de 6 000 francs à 5% d’intérêt. Le 12 avril il est affecté au 19ème régiment de ligne en tant que grenadier. Le 25 avril la somme est versée à Noël, alors sous les drapeaux. 

Mais dès le mois de juin il ne donne plus signe de vie, soit deux mois seulement après son incorporation. 

En janvier 1818 Cécile fait des démarches pour retrouver son époux disparu. En effet, les dernières nouvelles de Noël datent du 8 juin 1813. Elle dépose une requête au tribunal conformément à la loi du 13 janvier 1817, afin de faire reconnaître officiellement l’absence de son époux. L’absence est l’état d’une personne dont on ignore la résidence, dont on n’a plus de nouvelles, et dont l’existence peut paraître douteuse. La loi du 24 ventôse an XI (15 mars 1803) établi la procédure à suivre pour attester de manière officielle l’absence d’un proche. Elle ne peut être entamée qu’après un délai de 4 ans, auprès du tribunal de première instance qui ordonnait alors une enquête. Mais entre le début de la procédure et la réelle possession des biens du disparu il peut s’écouler une trentaine d’années ! 

C’est pourquoi la loi du 13 janvier 1817 établit des catégories spéciales de disparus, notamment celle des militaires absents. Une requête accompagnée de pièces justificatives doit être présentée par les parties requérantes (héritiers, épouse) au parquet du dernier domicile connu du disparu – ce que fait Cécile à Angers le 29 janvier 1818 - qui la transmet au ministère de la Justice. Celui-ci envoie le dossier au ministère de la Guerre pour obtenir des renseignements complémentaires ou pour un supplément d'enquête sur la disparition ou le décès du militaire disparu. Ainsi complété, le dossier est ensuite transmis au tribunal de première instance qui prononce le jugement déclaratif. La procédure prévoit un avis de recherche : la publicité est assurée par le Moniteur universel (dans le cas de Cécile, le 26 novembre 1818). 

Le Moniteur Universel, 26 novembre 1818 © Retronews Gallica

S’il n’y a toujours aucune trace du disparu le tribunal peut prononcer son jugement et l’entrée en possession provisoire puis définitive des biens par les parties requérantes. L’enquête diligentée montre que Noël a bien été engagé, sous le matricule 14 157, au 19ème régiment de ligne (attesté par un certificat daté du 13 février 1819). Elle révèle en outre "qu’il était à l’hôpital le 14 août 1813, mais qu’il n’existe dans les bureaux aucun extrait mortuaire applicable audit Puissant". En d’autres termes, on sait qu’il a été hospitalisé mais on n’a aucune preuve qu’il y soit décédé. Ni à l’hôpital, ni ailleurs : il a disparu. 

En conséquence, le tribunal déclare officiellement l’état d’absence dudit Noël Puissant. L’épouse du disparu est autorisée à entrer en possession de ses biens, tant en son nom d’épouse qu’en celui de tutrice de ses enfants (jugement du 14 décembre 1919, enregistré le 3 janvier 1820). 

Fiche matricule Noël Puissant © Mémoire des hommes

La fiche matricule de Noël Puissant précise que lorsqu’il était à l’hôpital il était prisonnier. Cependant il n’y a pas plus de détail : où est situé l’hôpital ? Quand a-t-il été fait prisonnier ? Si on se rapproche du 19ème régiment d’infanterie, on voit qu’en 1813 il était engagé dans la campagne d’Allemagne. Si les États allemands ont d’abord été soumis par Napoléon, devant ses premières défaites (comme la Berezina en décembre 1812) ils se retournent contre lui l'un après l'autre et se joignent à la Sixième Coalition autour de la Russie. Napoléon rejoint précipitamment la France pour réunir une nouvelle armée de jeunes conscrits tandis que les Russes se lancent à la poursuite de la Grande Armée en Europe centrale. Pour parer la menace, la mobilisation de 1813 est décrétée : une armée de 400 000 soldats est réunie, composée majoritairement de jeunes conscrits inexpérimentés issus des classes 1814 et 1815. Au printemps, ils rejoignent les restes de la Grande Armée. 

Une partie se porte en Pologne, une autre en Allemagne et d’autres encore jusqu’aux frontières suédoises. Un vaste champ de bataille ! Le courage des jeunes conscrits ne compense pas leur inexpérience : 18 000 d'entre eux meurent dès les premiers combats. Si Noël a été blessé au cours des ces batailles le champ d’investigations pour retrouver son hôpital est aussi vaste que le champ de bataille ! D’autant plus que, sous l’Empire, mourir à l’hôpital est beaucoup plus fréquent que sur les champs de bataille ! Alors chercher la trace d’un soldat blessé dans un hôpital que l’Armée n’a pas retrouvé elle-même… 

Bref, je sais maintenant pourquoi Noël a disparu. Et en attendant d’en savoir plus, je pense que je peux ramener la date de décès de Noël à 1813 et je peux arrêter de chercher son acte de décès en Anjou ! 

 

Sources :  Centre historique des archives nationales, wikipedia, napoleon.org, retronews, Mémoire des hommes, Geneanet

mardi 8 septembre 2020

Marié deux fois

Tout commence par un mariage, à Saint-Amand-sur-Sèvre (79). Il est assez bizarrement formulé, mais on est en période révolutionnaire : les nouveaux maires, en plus de leurs diverses responsabilités communales, sont en charge de l’état civil – jusque là chasse gardée des curés.

Donc une Révolution, un nouveau calendrier, des nouveaux citoyens… on peut comprendre que le maire soit perturbé que son style s’en ressente.

 

Mariage Ribouleau Jacques, 1801 © AD79

 

LE BEL maire de la commune de St Amand sur Sèvre arrondissement communal

de Thouars le nommé JACQUES RIBOULEAU maréchal

talandier demeurant au village de la Gidalière  commune de

Saint-Amand fils de CHARLES RIBOULEAU bordier né commune de

Saintes ( ?), son père est CHARLES RIBOULEAU ; et sa mère

est JEANNE JADAU, décédée de l'an huit, son frère

est PIERRE RIBOULEAU, et sa femme du dit

RIBOULEAU talandier de la Gidalière est

 MARIANNE GABARD femme du dit citoyen RIBOULEAU

demeurant au village de la Gidalière commune

de Saint-Amand fille de feu GABARD, sa mère

est HANNE GOBIN vivante demeurante commune de Saint

Amand, les témoins est le beau-frère de la femme

de JACQUES RIBOULEAU, son oncle est JACQUES

GABARD qui m'ont déclaré savoir signer et

ont signé avec moi. Louis Martineau,

J Gabard, Le Bel maire, Jacques Ribolleau,

Marie Anne Gabard,

 

Bon, Monsieur le Maire n’aurait sans doute pas reçu le grand prix de grammaire et de conjugaison. Passons cela.

Ce qui m’a interpellé d’abord c’est la façon de désigner les fiancés que l’on marie : « le nommé X (son nom n’a pas d’importance ici), son père est X et sa mère est X ». Jusqu’à présent, ici et ailleurs, même en période révolutionnaire, on ne dit pas que untel « est ». On dit plutôt Untel « fils de ». Ceci dit pourquoi pas ? Cela ne change pas grand-chose à l’affaire, me suis-je dis au début.

Par ailleurs, les lecteurs attentifs auront remarqué qu’il n’y a pas de date non plus. Ça arrive aussi parfois. L’acte précédent est daté du 7 thermidor an IX, le 28 juillet 1801. Les deux suivant n’ont pas de date, le troisième est du 2  thermidor an IX. Bon le calendrier est peu chamboulé, passé au shaker de la Révolution. Les personnes ayant déposé leurs arbres sur Geneanet sont un peu perdus aussi : ils ont parfois daté le mariage du 20 mai (30 floréal). D’autres ne s’y sont pas risqué et sont resté sur un prudent « 1801 » tout court.

Et puis aussi il y a cette mention particulière : la fiancée, future épousée (normalement) est désignées deux fois de suite par le terme « femme de », ce qui sous-entend qu’elle est déjà mariée.

Enfin, dans l’acte de décès du père de la mariée, une autre mention tire carrément la sonnette d’alarme : l’un des témoins est Jacques Ribouleau, qualifié de gendre du défunt. Or Jacques Gabard est décédé en 1798, trois ans avant le fameux mariage bizarre. On peut tout accepter : des mariages sans date, des mariages libellés curieusement, mais des gendres avant mariage, ça non.

Et quand on découvre un enfant né en 1799 du couple Ribouleau/Gabard, là c’est la goutte d’eau. Bon d’accord les enfants nés avant mariage arrivent quelques fois, mais là c’est n’est plus un péché c’est une anomalie spatio-temporelle. En examinant bien cet acte de 1799 on s’aperçoit que Marianne est dite « sa femme en légitime mariage ». Plus de doute possible. Un mariage a eu lieu avant 1801 (acte de confirmation ?). Avant 1799 (naissance du fils). Avant 1798 (décès du père).

Pourquoi ne pas feuilleter les registres, me direz-vous ? Et bien parce que nous sommes en pleine Deux-Sèvres vendéenne, que les registres paroissiaux ont subi les foudres des colonnes infernales. Que dans la décennie 1790 ont est davantage occupé à ne pas se faire embrocher par un sabre qui traîne plutôt que de remplir des lignes dans un registre.

Mais dans la décennie suivante on régularise les choses. Et c’est ce qui a du se passer pour Jacques et Marianne. C’est ce qui explique que Marianne soit dite « femme de » Jacques dans cet acte de 1801. Reste à trouver le véritable acte de mariage.

C’est le relevedu79 qui me met sur la piste : un acte daté du 20 janvier 1796, filiatif, avec des informations complémentaires du genre parmi les témoins on compte le frère du marié et l’oncle et parrain de la mariée. Hum… ça donne envie de voir cet acte en vrai. Il précise même « Mariage célébré par Pierre GABART curé de Chambreteau » : ah ! l’ancêtre mythique qui ferait partie de la famille et qui permettrait de compléter une génération supplémentaire car ses parents à lui sont connus (contrairement « aux miens »).

Le Cercle Généalogique des Deux-Sèvres confirme cette pépite. Hélas ni l’un ni l’autre ne donne la cote du document : ça se complique pour « le voir en vrai ».

Bref, quoi qu’il en soit Jacques et Marianne ne se sont pas vraiment mariés deux fois. Ils ont simplement fait confirmer ce qui s’était sans doute perdu. Et les petites lumières qui ont clignoté à la lecture de l’acte de 1801 avaient bien un sens caché. Toujours faire confiance à son instinct.

 

mardi 7 juillet 2020

La maison du Palais

Ma famille paternelle a habité à Conques (12) pendant plus de deux cents ans. Pour deux de ces générations, Pierre Astié, marié en 1726, et son fils Antoine, marié en 1769, nous avons même l’adresse : rue du Palais (1775, 1776) ou « au Palais » (1809). Sur les hauts de Conques existe toujours aujourd’hui une place, dite place du Palais. Une petite rue (une ruelle !) en descend vers l’abbaye : elle s’appelle la rue du Palais.

 

Sur les traces de mes ancêtres à Conques, j’avais adopté cette rue sans barguigner. Mais restait à savoir quelle maison, dans cette rue ! Longtemps j’en suis restée à cette question, n’étant  pas sur place et ne pouvant pas percer ce mystère à distance.

 

Et puis cette année les archives départementales d’Aveyron ont mis en ligne le cadastre ; plans et matrices comprises. Pour Conques, le cadastre a été établi dans les années 1840. Ce sont donc les fils d’Antoine - Augustin, marié en 1805, et sa génération - qui ont été concerné. Il était temps : c’est son fils Pierre Jean qui va être le premier Astié à quitter Conques en 1850.

 

J’espérais donc trouver Augustin rue du Palais. Que nenni ! S’il apparaît bien dans les matrices, Augustin ne demeure néanmoins plus à cette adresse. Possédant la parcelle 96, je l’ai retrouvé dans les bas de Conques. En superposant le plan cadastral de la ville et celui de Google Maps, j’ai en effet localisé une maison qui pourrait être la sienne. (*)

 

Chapellerie d’Augustin (parcelle 96) ?

 

Située dans la rue montant à l’abbaye, la maison d’Augustin, nous dit le cadastre, a trois « portes et fenêtres ». Pour l’identifier je pars des parcelles à partir du haut de la rue, un vaste ensemble qui fait l’angle, et je compte en descendant la rue.

En 1840 l’ensemble se partage en plusieurs propriétaires :

- parcelle 88 près de l’abbaye, François Nolorgues ;

- sur l’arrière au 89 le rez-de-chaussée appartient à Germain Jeuliens, le premier étage à Jean Louis Avalon, géomètre, et le « dessus » à Joseph Combes et ses héritiers ;

- sur le devant le 90 à Laurens Chivalier, tailleur d’habits ;

- le rez-de-chaussée du 91 à André Besses tandis que les étages appartiennent au Jean Louis Avalon cité plus haut.

Puis en descendant la rue la parcelle 92, un espace non bâti (passage pour aller vers la rue voisine sans doute), la 95 et ma fameuse parcelle paternelle, la 96. Suivent la 97, un autre passage et, tout à fait en aval, la 98 qui fait l’angle avec une rue montant sur les hauts de Conques.

 

En rédigeant cet article, cet intitulé de découpage en étages m’interpelle. En examinant mieux le parcellaire, je m’aperçois que j’ai fait une erreur : la disposition des rues a changé et ce que je prenais pour la grande rue montant à l’abbaye est aujourd’hui une rue secondaire. Du coup je tournai le dos à la maison d’Augustin au lieu de lui faire face.

 

 

(nouvelle) Chapellerie d’Augustin, vue d'en haut ?

 

Et là, le découpage en étage s’explique aisément : ce sont des maisons en rez-de-jardin car la pente, ici, est très prononcée. Les parties à l’étage (appartenant à Jean Louis Avalon) correspondent aux entrées dans la rue actuelle, et les rez-de-chaussée donnent sur la rue située en contrebas.

La maison elle-même ne devait pas être un palais (sans mauvais jeu de mot) car elle est classée en catégorie 9 (la plus basse). Ses voisines oscillent entre 8 et 9, mais on voit tout de même au bout de la rue une maison classée en 4. (**)

 

La maison de la parcelle 96 vue du bas © JP Barthe

Bref, Augustin a déménagé ! Mais qu’est devenue la maison rue du palais ?

 

L’enquête continue. Je ne trouve pas d’autre Astié dans les états des sections dressés en 1840. Augustin est le deuxième enfant (sur trois) d’Antoine.

- Pierre est l’aîné. Il est décédé en 1836, son épouse Marianne Frances en 1840 : c’est pourquoi ils n’apparaissent pas dans les états des sections.

- Marie Anne est la sœur cadette. Elle est mariée à Jean Pierre Barbes. Mais ils disparaissent des radars après leur mariage : je ne les retrouve pas non plus dans le cadastre de Conques.

 

Il me faut explorer la génération suivante.

- je sais déjà que les 8 enfants d’Augustin ne sont pas héritiers de la maison du Palais : ils appartiennent à ma branche directe, je les ai donc bien étudiés et aucun acte ne les concernant ne mentionne la maison du Palais.

- je débusque Marie Anne et son époux à Sénergues, une commune voisine : ils ont déménagés et ne sont donc plus concernés.

- reste l’aîné Pierre. C’est ma meilleure piste. Rapidement mon intuition se confirme : Pierre est décédé en 1836 "à la survivance de son épouse en sa maison, en son quartier du palais à Conques." Et sa veuve après lui (en 1840) "est décédée en sa maison située au palais de cette ville". C’était logique : il est l’aîné il a donc hérité de la maison paternelle.

 

Mais il y a un point que j’ignore encore : où était située cette fameuse maison au Palais ?

 

Dans la rue du Palais, les maisons occupent les parcelles 183, 182, 181, 180, 179. Elles appartiennent à Jean Dalmon (183), Antoine Lacombe (181  et 182), Georges Jordy (180), Jean Baptiste Ladrech (179). Je ne trouve aucun lien entre ces personnes et ma famille.

 

Je poursuis donc mes recherches en repartant de Pierre. En épluchant les registres d’état civil, je découvre que Pierre a eu trois filles, toutes mariées à Conques :

- la cadette Christine déménage à Decazeville après son mariage : elle sort du jeu.

- les deux aînées Marianne et Marie Jeanne se marient à Conques en 1827. Les gendres, Jean Antoine Dujou et Jean Antoine Marty, apparaissent dans les folios du cadastre : le premier est propriétaire des parcelles 138 et 141 et le second de la 135.

 

 

Plan cadastral de Conques © AD12

 

Si ces parcelles viennent bien de l’héritage des épouses et non de leurs lignées paternelles j’aurais localisé la maison du Palais. Les parents Dujou ont vécu est sont décédé à Grand-Vabre (paroisse voisine) : les parcelles 138 et 141 ne proviennent donc pas d’un héritage paternel. Est-ce donc la maison transmise par le beau-père Astié ? La 141 est une toute petite bâtisse : un grenier ou un appentis peut-être ? La 138 serait donc la maison Astié au Palais.

Conques © GoogleMaps

Ces maisons sont bien dans le quartier du Palais, mais pas dans la rue du même nom. Un mythe s’effondre. Un peu.

 

Hypothèse subsidiaire : mes ancêtres ont habité cette rue dans les années 1775 et ont déménagé plus loin dans le quartier avant 1809. Ce qui ne change pas grand-chose à la situation :

1) Je ne peux pas identifier une éventuelle maison rue du Palais avant le cadastre (en l’état actuel de mes connaissances)

2) La 138 reste en lice pour une maison Astié « au Palais »

 


La maison de la parcelle 138 © JP Barthe

La 138 est une bâtisse tout en longueur, à 4 portes et fenêtres selon le cadastre. La 141 en compte seulement 2. Les deux sont transmises en 1874 à son fils Pierre Dujou.

La maison 135 (appartenant à Jean Antoine Marty) ne connaîtra pas une grande destinée : en 1855 elle subit un incendie. Elle est transmise 10 ans plus tard en état de ruine à Henri Boudes et sort ainsi de la famille. Aujourd’hui cette parcelle est non bâtie : c'est un jardin.


Le jardin de la parcelle 135 © JP Barthe


Et que devient la parcelle 96, la maison d'Augustin, me direz-vous ? C'est l'histoire de Louis et Julie Astié, les petits-enfants d'Augustin : une histoire que je vous raconterai peut-être une autre fois...

Pour clore cette enquête il faudrait consulter l'enregistrement et voir si les maisons transmises sont minutieusement décrites. Mais en attendant j’ai la satisfaction d’avoir résolu une énigme en identifiant (probablement) la parcelle où vécut une partie de mes ancêtres.

 

 

* Cet épisode a été conté dans le récent #RDVAncestral : Le déménagement

** Pour mémoire les parcelles de meilleure qualité sont classées 1 (et paient l’impôt le plus élevé) ; plus on s’éloigne de ce score, moins bonne est la parcelle.