« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mardi 30 novembre 2021

Z comme Zieuter

   - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Si vous m’avez suivie jusque là, vous aurez constaté que j’ai bien tout zieuté ces archives concernant mes ancêtres et que j’ai fait plein de découvertes. Parfois surprenantes, d’autres fois un peu tristes (beaucoup d’objets sont dits « uzés » et de piètre qualité, reflétant un niveau de vie bien peu élevé).


© livresetscience.com


C'est tout un monde qui s'est révélé au travers de ces archives notariales: mobiliers, outils, vêtements et volontés diverses.

Peut-être que certains de ces objets ont fait écho aux possessions de vos propres ancêtres, si vous êtes familiers de ces documents.

Si ce n'est pas le cas, j’espère que je vous aurais donné envie à votre tour d’aller zieuter hors des chemins battus, ceux du classique état civil. Explorez les fonds notariaux des archives départementales (sur place ou en ligne). N’hésitez plus !

Si l’écriture des notaires vous fait un peu peur, n’oubliez pas que l’entraide est toujours possible, notamment sur les réseaux sociaux où vous trouverez toujours un accueil bienveillant ; et puis bon, au pire, si quelques mot vous résistent et que vous ne savez pas ce qu’est une coquonière de gueuse : moi non plus et alors ?

Cela ne m’a pas empêché de soulever le linceul* et de découvrir les détails insoupçonnés dans ce bâtiment particulier qu’est le grenier savoyard où j’ai découvert une paire de gamache*, un pochon*, une braye*, quelques patagons*, etc…

Et si vous ne comprenez pas cette phrase ou si vous ne vous souvenez pas de ces définitions, mettez la page Lexique de ce blog dans vos favoris ;-)

Bonnes découvertes à toutes et à tous.

 

lundi 29 novembre 2021

Y comme Yoyoter

    - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Yoyoter, pour ceux qui ne serait pas familier de ce verbe, c’est divaguer, raconter n’importe quoi.


© arcadefever.fr


Bien souvent, en tentant de déchiffrer les actes notariaux je me suis dit que mes ancêtres yoyotaient. En fait - il faut bien l’avouer - c’était simplement moi qui n’arrivais pas à lire l’écriture du notaire ! Mais quand même, de temps en temps, j’ai été bien surprise en lisant certains actes.

 

Ainsi lorsque je déchiffrais au milieu d’une liste (à but fiscal, donc tout à fait sérieuse) recensant les différents membres d’une famille de mes ancêtres la mention « sale un cochon », j’ai été quelque peu déstabilisée. « Mais ils yoyotent ! ». J’ai relu plusieurs fois, mais c’était bien ça. Et oui, dans les archives on peut apprendre, avec surprise, que nos ancêtres salaient des cochons.

On remarquera au passage que jamais, au grand jamais, les cochons n’étaient recensés dans les documents notariés que je possédais jusque là !

Il m’a fallu un certain temps pour faire le lien entre la liste et le cochon : en effet j’étais en train de transcrire une liste dressée en vue du paiement de la gabelle, un impôt perçu sur le sel. Donc, celui qui sale un cochon (ou plusieurs) payait davantage que ceux qui n’en salait pas.

 

Finalement, ils ne yoyotaient pas tant que ça (bien sûr !).

 

 

Source : gabelle du sel pour Vulliez Louise Françoise, de 1779 à 1787 (Samoëns, Haute-Savoie)

 

samedi 27 novembre 2021

X comme Inconnus ou illisibles

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Certains objets ont été difficilement lus (et donc peut-être mal transcris) et d'autres sont restés totalement inconnus.


Musée Cognac © al.deliquet.free.fr

 

-         "un brochoir [ ?] avec ses textilles [ ?] asses bonnes,

-          un couloir a lait

-          une patiere plus de moitié uzée, une autre patiere de sappin

-          un bavoir [ ?]

-          Une maconaise vuide [vide ?]

-          Un president de lict [= lit]

-          un petit redressoir avec son basset deux portes fermant a clef de sappin

-          un capat sellon la condition de ladites filles de la maison dou elle part et celle ou elle vat [vient après l’habit de noce : est-ce une cape ?]

-          trois carrere de maisons haut et bas avec ses yssues  de devant et derniere a icelles maisons appartenant

-          une carrée de maison servant de chauffepied par le milieu, rues et issues derrière;

-          trois carrée de maisons logis servants de granges étable et cellier issues devant et derrière aves la masure y joignant

-          trois carree de maison hault et bas avecq ladite issue de devant et derriere a icelle maison apartenant avecq une portion de terre plantée et jardin darbres et un champ

-          la moitié de la maison manable* servant de grange rues et issues devant [résolu]

-          une casse d’eau de cuivre,

-          quatre ficheux de soye et deux toyle de coton avec deux moitie de soye et moitie fleur [= fichus ou mouchoir ?]

-          une chaudiere de cuivre tenant environ deux sceaux, une autre chaudiere de cuivre tenant environ un sceau, une autre chaudiere tenant environ demy sceau

-          deux pots a feu de gueuse,

-          un pot a feu de gueuse tenant environ trois pots

-          une coquoniere de gueuse tenant environ un pot

-          un bronzier de gueuse tenant environ deux pots,

-          une petite montagne* lieudit a la bottiere paroisse de samoën [résolu]

-          un putrissoir,

-          une table à couper les herbes avec le couteau,

-          demi douzaine de four echelles,

-          une coconiere,

-          une loge à boure

-          un tournier

-          une petitte bode"

 

Si quelqu’un a connaissance de l’un de ces objets ou mention, merci de me le faire savoir…

 

Sources : Inventaire Buffard Jean, 1707 (Ardon, Ain), Inventaire Janvion Claude, 1796 (Lalleyriat, Ain), Testament Assumel Lurdin Claude, 1777 (Le Poizat, Ain), Contrat de mariage Barberel Jacques, 1658 (La Sauvagère, Orne), Contrat de mariage Guibé Noël, 1729 (La Coulonche, Orne), Contrat de mariage Langlois Charles, 1708 (La Coulonche, Orne), Donation Huet Barbe, 1645 (La Sauvagère, Orne), Succession Bidault Richard, 1671 (La Coulonche, Orne),  Testament Seraie Marie, 1658 (La Sauvagère, Orne), Contrat de mariage Baud Claudy, 1708 (Morzine, Haute-Savoie), Contrat de mariage Moccand Pierre Joseph, 1755 (Samoëns, Haute-Savoie), Codicille et inventaire de Michaud Jean, 1722 (Morillon, Haute-Savoie), Inventaire Moccand Jean, 1739 (Samoëns, Haute-Savoie), Inventaire Moccand Pierre Joseph, 1771 (Samoëns, Haute-Savoie), Inventaire Guilliot Nicolas, 1767 (Samoëns, Haute-Savoie), Inventaire Guilliot Nicolas, 1767 (Samoëns, Haute-Savoie), Testament Anthoine Henry et son épouse, 1727 (Morillon, Haute-Savoie), Testament Bel François, 1773 (Taninges, Haute-Savoie), ), Partage entre les frères Robin, fils d’Alexandre Pierre, 1782 (Les Epesses, Vendée), Vente Caillaud Pierre, 1759 (La Verrie, Vendée)

 

 

vendredi 26 novembre 2021

W comme Warning

  - Objets et possessions de mes ancêtres à travers les archives notariées -

 

Les warning sont des feux de détresse. On les allume lorsqu’il y a danger (ou lorsqu’on ressent la possibilité d’un danger). C’est ce qu’ont perçu plusieurs de mes ancêtres : danger de mourir sans avoir laissé ses affaires en bon ordre - mourir « ab intestat », c'est-à-dire sans avoir fait rédiger son testament. Les warning s’allument en général lorsqu’on est malade.


© sebsauvage.net


- lequel etant detenu malade dans son lit depuis hier

- laquelle se trouvant detenue malade dans son lict de sadite maison de beval considerant qua cause de sa longue […?] elle nespera longuement vivre en ce monde

- lequel estan couché [ ?] dans un lit malade depuis quelques temps dans laquelle icelle maison

- laquelle de gré saine de ses sens, memoyre et entendement, touttefois allitée de maladie corporelle, considérant l’incertitude de l’heure de la mort assurée à touttes créatures vivante pour n’en estre prévenue auparavant que d’avoir preveu au salut  de son ame et disposé des biens qu’il a pleu à Dieu luy donner en ce monde, a faict  et faict par cette son Testament

- détenu malade de corps dans son lit de la cuisine de la maison située audit lieu

- detenu malade de corps d'une jaunisse auprès du feu de la cuisine de sa maison audit lieu du Poisat

 

Parfois il était bien temps d’allumer les warning (2 jours avant le décès, pour le délai le plus court), et de faire venir notaire et témoins. D’autres fois le souffreteux s'est remis et a continué sa vie plusieurs années encore, bien qu’on ne sache pas toujours s’il fut complètement guéri ou s’il dut rester alité tout ce temps (17 ans est le record de longévité entre la rédaction du testament et la date du décès). 

On appréciera au passage, de temps à autres, le détail du lieu où se situe le lit du patient, voire de la maladie elle-même qui est citée.

 

Sources : Testament Gras Claude, 1756 (Montanges, Ain), Testament Molinier Antoinette, 1694 (Mousset, Aveyron), Testament Jacquiot Bernard, 1689 (Montanges, Ain), Testament Robin Clauda, 1691 (Montanges, Ain), Testament Assumel Pierre François, 1781 (Le Poizat, Ain), Testament Assumel Lurdin Claude, 1777 (Le Poizat, Ain),