« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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samedi 5 janvier 2019

2019

Je suis 2019. Sosa 2019.

Sur une idée originale (comme ils disent dans les génériques de films) de @FFGenealogie, je vous présente 2019.

Tweet de @FFGenealogie

Les habitués de la généalogie savent que chaque ancêtre a un numéro et que les impairs sont tous des femmes. 2019 est donc une femme; mon ancêtre à la XIème génération plus précisément.
Elle se nomme Marie Boisseau et a vécu à la charnière du XVII et du XVIIIIème siècle à Saint-Malo-du-Bois, localité située dans le bocage vendéen, au Nord du département actuel, arrosée par la Sèvre Nantaise.
Bon c’est Saint-Malo ou Saint-Malô, je n’ai jamais pu savoir et même sur le site internet de la mairie ils l’écrivent des deux manières (je l’ai même vu orthographié Saint-Mâlo, c’est dire…). Quoi qu’il en soit, à l’époque de Marie c’était Saint-Malo, sans accent nulle part.
De toute évidence, le Malo en question fait référence à son célèbre homonyme situé un peu plus au Nord. Et quand au Bois, son origine « provient du bocage épais qui environnait jadis le bourg ». C’est, toujours selon la mairie, « un petit village, presque sans histoire. Ni châteaux, ni belles demeures [ce que contredit Wikipedia en mentionnant un château sur les hauteurs du village au XVème siècle, NDLR]. Le vent de la tourmente a [tout de même, NDLR] soufflé en 1793, tout le pays étant à feu et à sang au lendemain de la Révolution. » Saint-Malo dépendait des terres du Puy du Fou.


Saint Malo du Bois © AD85

Comme vous l’aurez constaté Marie a un nom assez peu original :
Boisseau, ou sa variante Boissel, aurait pour origine le surnom d’un mesureur (le boisseau étant une mesure de capacité pour les grains). Patronyme très présent, notamment dans les années 1700 entre Nantes et Poitiers. [*]
Marie se rapporte évidement à la mère de Jésus-Christ et l’un des prénoms les plus répandus (15% des prénoms donnés en 1700). [*]
Autant dire qu’elle doit avoir une palanquée d’homonymes. Bon, en fait pas tant que ça : une seule à Saint Malo – mais quand même 80 résultats si on élargit la recherche à 30 km (allez ! j’avoue : je triche un peu. 80 est le nombre de résultats donnés par Geneanet mais il y a beaucoup de doublons, donc un peu moins de 80 en fait…).

Je connais son époux, Etienne Pasquier, et au moins trois filles, dont mon ancêtres directe Jeanne, épouse Boury. Je sais qu’elle est décédée le 16 juin 1754 à l’âge d’environ 75 ans ; ce qui la fait naître vers 1679. Sa fille Jeanne étant née vers 1705 (d’après son acte de décès), j’estime le mariage de Marie aux environs des années 1700.

Cela fait beaucoup de flou et de « environ », n’est-ce pas ? C’est qu’à Saint-Malo on se heurte à la fameuse barrière de 1737 : il n’y a pas de registre antérieur. Pour mémoire, en août 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts prescrit l’enregistrement des baptêmes (obligation étendue aux mariages et aux sépultures en mai 1579). En avril 1667, l’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye impose la tenue de ces registres dits paroissiaux en deux exemplaires : l’un reste aux mains du curé, le second est transmis au greffe de la sénéchaussée, juridiction royale et non ecclésiastique. Mais on retrouve des lacunes récurrentes antérieures à 1737, dans nombre de paroisses. Ce phénomène s’explique par la multiplication des offices (charges achetées, dont les revenus viennent grossir le Trésor royal), soit disant pour assurer un meilleur fonctionnement, mais aboutissant en fait à une désorganisation du système. Finalement une déclaration royale du 9 avril 1736 rappelle et complète l'ordonnance de 1667. Elle est efficace car elle permet, dès l’année suivante, de retrouver des collections de registres paroissiaux quasi-complètes dans toutes les paroisses. [**]

Pour en revenir à Marie, je connais donc son époux, Etienne Pasquier. Il était laboureur ; ce qui indique un niveau de vie sans doute peu élevé. Il est décédé avant son épouse, en 1741. Celle-ci ne semble pas s’être remariée.

Et trois filles.
Certains généalogistes donnent davantage d’enfants : après vérification j’ajoute Gabrielle qui semble bien faire partie de la fratrie. Et peut-être Charles, témoin à un mariage d’un de ses neveu Boury (mais il est indiqué avec la parenté de l’épouse ; est-ce une erreur du rédacteur ou un homonyme ?). Par contre, je ne vois pas comment rattacher Mathurine, donnée comme sixième enfant du couple. Cet article est donc l’occasion d’ajouter deux feuilles à mon arbre (ou 1,5, la deuxième n’étant pas complètement sûre). Un fil entraînant un autre, j’ai aussi complété la famille de Louis Boury, l’époux de Jeanne.

Je ne connais pas les parents de Marie, même si sur internet figure un Luc ou Lucas Boisseau en tant que père (la mère n’est pas identifiée) ; mais cette information n’est pas sourcée et je n’ai pas pu, pour le moment, le relier à Marie. Par contre, je sais qu’elle a un frère, Pierre, présent au décès de son beau-frère Etienne Pasquier. De la même manière, j’ignore si Laurence, présentée comme sa sœur, l’est véritablement ; les actes que j’ai trouvés ne la rattachant pas formellement à Marie et/ou à sa famille.

2019 garde donc quelques trous et mystères, mais de nouvelles découvertes ont déjà été faites : c’est prometteur pour l’année généalogique à venir…


[*] Selon Geneanet
[**] Archives départementales de Vendée


samedi 15 septembre 2018

#RDVAncestral : Le jour du recensement

En entrant dans la ferme de la Gidalière, je fus saisie un instant : Célestin Félix faisait les cent pas autour de la table, fulminant visiblement et grommelant son ressentiment. Son épouse Marie Henriette cousait dans un coin de la pièce, essayant de se faire plus petite qu’elle n’était, ce qui n’était pas un mince exploit. Les quatre enfants, âgés de 7 à 2 ans, assis autour de la table, croquaient chacun dans une épaisse tartine couverte d’une tranche de lard. Ils ne pipaient mot, sentant bien que, s’ils ne levaient ne serait-ce que le petit doigt, leur père Célestin éclaterait définitivement. Il est des fils qu’il faut veiller à ne point rompre. Seul Pierre, du haut de ses 83 ans, semblait échapper à l’ambiance électrique régnant dans la pièce (il en avait vu d’autres, lui !) : il était assis au plus près des flammes, profitant de la chaleur du feu ronflant dans la cheminée pour réchauffer ses vieux os.

Devant cette scène frisant l’apocalypse, je n’osais moi-même bouger, bien qu’après avoir frappé à la porte on m’avait invitée à entrer. Marie déposa son ouvrage et trottina vers moi. Sans un mot elle me prit la main et me fit assoir à côté des enfants. J’eu droit au même régime alimentaire, mais je dois dire qu’à l’heure du goûter, le lard ne me tentait que moyennement. Les enfants me regardaient curieusement, oubliant faim et tartine. Célestin, lui, faisait toujours sa ronde, de plus en plus vite semble-t-il.

Finalement (fatalement ?) il explosa :
- Bon sang ! Nous faire attendre comme ça toute la sainte journée ! Mais il croit qu’on est à ses ordres ma parole ! Comme si on n’avait rien d’autre à faire ! Ah le…
Il s’arrêta net. Je n’avais pas eu le temps de jeter un coup d’œil à Marie que celle-ci, d’un seul regard, avais stoppé l’insulte qui allait fleurir sur les lèvres de Célestin. Je les regardais l’un après l’autre, tournant la tête comme sur un court de tennis : Célestin la bouche ouverte, stoppé dans son élan, muet, et Marie fronçant les sourcils indiquant discrètement les chastes oreilles des enfants. Elle n’en n’avait pas l’air comme ça, mais Marie devait être une maîtresse femme à qu’il ne devait pas être bon de désobéir.
Célestin repris sa marche et son marmonnements. Entre deux borborygmes incompréhensibles, je parvins à distinguer quelques mots : recensement, fichage, impôts ; et même un « maudit » qui lui échappa mais un nouveau regard de Marie lui interdit de poursuivre dans cette voie.
- Non mais qu’est-ce qu’ils croient ? Je ne suis pas dupe ! Le cadastre, le recensement… Tous ça c’est pour nous faire payer des impôts et toujours davantage encore ! On nous contrôle, on nous contrôle, mais qui le contrôle lui ? dit-il encore, accompagnant sa dernière remarque d’un coup de tête vers la porte. Cette porte par lequel entrerait bientôt l’agent recenseur. 

C’est lui que la famille attendait, mais son passage tardait et bloquait tout le monde dans la maison, empêchant la réalisation des travaux agricoles urgents du jour. Ce qui ne faisait qu’augmenter la colère de Célestin. Je remarquais tout de même que les domestiques n’éteint pas présents : ils avaient dû être envoyés à faire quelque tâche urgente. On avait beau n’être qu’en mars, dans les régions rurales c’était l’époque où les travaux agricoles devenaient de plus en plus chronophages. Alors passer sa journée à attendre un agent pour remplir un papier leurs paraissait tout à faire secondaire, voire dangereux pour leurs intérêts personnels. Une véritable perte de temps, dont ils ne tireraient aucun bénéfice, bien au contraire sans doute. Je plaignais le pauvre agent qui, lorsqu’il arrivera, sera probablement bien mal reçu.
Après une bonne demi-heure d’attente supplémentaire, l’agent recenseur frappa enfin ! Les enfants, ayant terminé leur collation, avaient débarrassé le plancher et s’étaient égaillés en dehors de la maison. Les trois autres n’avaient guère changé de position ni d’attitude. L’accueil de Célestin fut glacial, ce n’était rien de le dire ; l’image de la Sibérie orientale m’effleura un instant l’esprit. Marie fit un effort, mais sans rien exagérer non plus. Pierre ne bougea pas de son coin de cheminée.

L’agent, lui, ne remarqua rien, ou tout au moins fit comme si de rien n’était. Peut-être avait-il l’habitude. Il ne se présenta pas : de toute façon il était de la commune et tout le monde le connaissait déjà. Il s’’assit sans façon à la table et ouvrit son sac de cuir noir pour en sortir un tas de feuilles pré-imprimées, une plume et un encrier. Plus tard, une fois sa tournée achevée, les feuillets seraient recopiés dans un ouvrage soigneusement relié.
- Alors, alors… Liste nominative des habitant de la commune de Saint Amand sur Sèvres, département des Deux-Sèvres, pour l’année 1901, de la ferme dite de la Gidalière… Premier ménage enregistré : Monsieur Gabard Alexandre, son épouse, leurs enfants et une aïeule… C’est votre frère, ce monsieur Gabard ?
- Oui ! Et alors ?
- Rien, rien, c’était juste comme ça… Deuxième ménage recensé : Monsieur Manceau Victor, son épouse, enfants et petite-fille.
Gros soupir sonore de Célestin.
- Troisième ménage : c’est vous.
- Ah ! Tout de même !
- Je vous écoute : veuillez m’énoncer clairement, je vous prie, le nom de chaque présente vivant dans ce foyer, ainsi que ses prénoms, âges, nationalité, situation familiale, profession et employeur s’il y a lieu.
- Gabard Célestin Félix, 40 ans, nationalité française, marié, fermier,
- Benetreau Marie Henriette, 30 ans, nationalité française, mon épouse, fermière également,
- Nos enfants : Célestin Aubin Eugène, 7 ans, nationalité française, sans profession ; Marie Léonie Henriette, 6 ans, nationalité française, sans profession ; François Joseph, 3 ans, nationalité française, sans profession ; Joseph Elie, 2 ans (pendant un instant je perds la litanie de Célestin car je pense à ce petit bout de chou de 2 ans qui deviendra mon arrière-grand-père, mais que je ne connaîtrai jamais… réellement en tout cas !),
- Gabard Pierre, 83 ans, veuf, mon père, nationalité française, sans profession,
- Gabard Joseph Florentin, 32 ans, nationalité française, domestique à gages ici à la ferme,
- Nauleau Auguste, 25 ans, nationalité française, domestique à gages ici à la ferme,
- Fuzeau Alexandre, 24 ans, nationalité française, domestique à gages ici à la ferme,
- Et enfin Herbet Augustine, 18 ans, nationalité française, servante ici à la ferme.
- Bien, bien, bien… Tous sont résidants et présents dans la commune ce jour ?
- Oui !
- Votre ménage ne compte aucune autre personne qui résiderait habituellement ici, mais en serait momentanément absente pour quelque raison que se soit ?
- Non !
- Il n’y a ici aucun hôte de passage, ne résidant pas dans la commune, et ainsi étant susceptible d’être recensé ailleurs ?
- Non ! Je vous ai tout dit !
- Bon, bon, bon… Alors je relis pour que tout soit parfaitement clair :
1 Gabard Célestin, 40 ans, marié chef de ménage, fermier,
2 Benetreau Marie, 30 ans, épouse, sans profession,
3 Gabard Célestin, 7 ans, garçon membre du ménage, sans profession ;
4 Gabard Marie, 6 ans, fille idem, idem ;
5 Gabard François, 4 ans, garçon idem, idem ;
6 Gabard Joseph, 3 ans, idem, idem ;
7 Gabard Pierre, 84 ans, veuf, grand-père, idem,
8 Gabard Joseph, 32 ans, garçon domestique à gages à la ferme Gabard,
9 Nauleau Auguste, 25 ans, idem, idem,
10 Fuzeau Alexandre, 24 ans, idem, idem,
11 Et enfin Herbet Augustine, 18 ans, servante, idem… 


Extrait des recensements de la commune de Saint Amand sur Sèvres, 1901 © AD79

- Bon tout y est ! Je ne reste pas : vos voisins, les Rochais, m’attendent. Bien le bonsoir la compagnie !
Et l’agent de repartir plus vite qu’il n’était entré. Célestin quand à lui, explosa littéralement :
- Non mais tu te rends compte : il nous fait attendre toute la journée, nous demande une foule de renseignements et au final il n’en n’écrit pas même la moitié ! Mais c’est vraiment de la mascarade ce recensement ! Aaargghhh !
Et sur ce cri de fureur il sorti lui aussi. Je jetais un regard inquiet à Marie et Pierre, restés imperturbables, ayant quelques craintes au sujet de ce pauvre agent recenseur si Célestin lui tombait dessus.

- Ne t’inquiète pas : il a dû aller passer sa colère à pelleter quelques fourches de foin : ça le calme toujours… Mais bon, il n’a pas tout à fait tort : il nous demande des renseignements et ne les note même pas ! Tss, tss… En plus il s’est trompé dans l’âge de mes petits : François n’a pas encore ses 4 ans ni Elie ses 3.
- Et moi je ne fêterai mes 84 qu’en mai ! ajouta Pierre du fond de la pièce où il se tenait.
- Et puis bon, je ne suis pas sans profession : je suis fermière, tout aussi bien que mon Célestin est fermier. Enfin ! Avec l’administration, c’est comme ça, c’est eux qui décident et on n’a pas notre mot à dire. Espérons qu’avec le temps ça s’améliorera…

En les quittant, je n’osais pas lui dire que les tracas administratifs avaient une belle et longue vie devant eux et que, moi aussi, j’ai souvent pesté devant les approximations des agents recenseurs lorsque j’étudiais leurs écrits pour ma généalogie. Enfin, quelques fois ils m’ont apportés de précieuses informations. Il faut juste garder à l’esprit que des vérifications sont toujours nécessaires.


samedi 19 mai 2018

#RDVAncestral : Né post mortem

Le petit groupe marchait tranquillement le long du chemin, les muscles endoloris après une longue journée de travail. Fatigués mais heureux. Je les avais rejoint, mais je me faisais discrète car contrairement à eux je n’avais pas passée une journée harassante aux champs, et je ne voulais attirer sur moi ni regards de jalousie, ni railleries. Au fur et à mesure des sentiers qui quittaient le chemin principal, quelques personnes quittaient le groupe sur un « à demain ! » joyeux afin de regagner leurs propres fermes. Plus on s’éloignait des champs où grossissaient chaque jour le tas de bottes moissonnées, plus le groupe s’étiolait. Je marchais en silence à côté de René, resté un peu en arrière du groupe, perdu dans ses pensées. Je respectais son silence, me faisant encore plus discrète qu’avant, si cela était possible.

Devant nous, la forte carrure de son frère Jaques, plus âgé que René de trois ans. Volubile, il marchait en remuant les bras et en s’esclaffant : il devait raconter une anecdote apprise au cours de la journée par un quelconque voisin. A son côté leur aînée Marguerite, qui avait huit ans de plus que René, marchait d’un pas plus calme, écoutant probablement d’une oreille distraite l’histoire de Jacques, comme elle en avait l’habitude. Devant eux leurs parents, Marguerite et Jean. Enfin, leurs parents : ce n’était pas tout à fait vrai : Jean était le second époux de Marguerite. Leur véritable père c’était Jacques Coeffard. Je savais que René y pensait souvent à ce Jacques ; c’était d’ailleurs la raison de ma présence ici. Sans doute parce qu’il ne l’avait pas connu. Jean était un bon mari, il s’occupait bien de René et de toute la famille. Mais ce n’était pas son père. Pas vraiment. De son véritable père, on n'en parlait jamais à la maison. De plus, les faibles indices qu'il avait appris au sujet des circonstances de sa naissance peu ordinaire et entourée de mystères le troublaient et il y pensait souvent. Comme ce soir sur ce sentier.

Ayant atteint la ferme, chacun se mit aux tâches qui lui étaient dévolues : s’occuper des poules, arracher les légumes du potager pour la soupe du soir, affûter les couteaux… Près du feu, je regardais Marguerite qui observait son fils depuis un moment. Je crois que j’étais arrivée au bon moment. Souvent elle avait remarqué que René avait tendance à s’enfermer dans le silence, comme en retrait. Rien à voir avec l’exubérance de Jacques. Mais c’était de plus en plus fréquent ces temps-ci. Après le repas, alors que chacun s’apprêtait à aller se coucher, Marguerite retint René.
- Que se passe-t-il mon fils ?
- Rien, maman.
- Reste un peu avec moi une minute.
Je ne savais que faire : devais-je m’en aller moi aussi ? Marguerite, voyant mon hésitation, m’assura que je pouvais rester également. Ouf ! Car je pressentais que ce moment était important.
- A quoi penses-tu ?
René garda le silence un instant. Hésitant. Il ne voulait pas faire de mal à sa mère, remuer des souvenirs douloureux. Mais il voulait savoir. Devinant ses pensées, je retenais mon souffle, de peur que le moindre geste fasse reculer René. Enfin il prit la parole.
- Je sais que Jean n’est pas mon vrai père, même s’il a toujours été très bon avec moi, mais je voudrais savoir…
Il ne termina pas sa phrase. Peut-être lui-même ne savait-il pas vraiment ce qu’il voulait savoir !
Mais sa mère vint à son secours :
- Tu veux en connaître un peu plus sur les circonstances de ta naissance et la disparition de ton véritable père, Jacques ?
- Oui, c’est ça, avoua René dans un souffle, les yeux au sol.


Ombre © mystere-poetique.skynetblogs.be

Marguerite eut un sourire pour son fils. Elle ne prit pas la parole tout de suite. Se replongeant dans ses souvenirs. Enfin, elle commença son récit :

- Je me rappelle un jour, c’était la fin de l’été. Je te regardais dans ton berceau, un pauvre sourire sur les lèvres. Tu n’étais qu’un bébé qui s’endormait doucement, les poings serrés. Repus, car tu venais de finir de manger, tu poussais de temps en temps des soupirs de satisfaction, tout en t’abandonnant au sommeil.

Dire que cet enfant aurait dû faire ma joie, pensais-je alors. Promesse d’un futur qui ne sera jamais sans doute. Rappel d’un passé douloureux sûrement.

Je me disais : « Oh ! Jacques ! Pourquoi m’as-tu quitté si vite ? Tu n’as même pas su que j’attendais un autre fils. Je m’apprêtais à te l’annoncer le jour où… ».

Le cœur serré, Marguerite nous raconta ce triste soir où mon père s’est tenu sur le pas de la porte, tournicotant son chapeau entre ses mains, n’osant franchir le seuil de la maison.
Toute à ma joie de la bonne nouvelle à annoncer, je ne remarquais pas immédiatement la figure ravagée de mon père. Ni le fait qu’il était seul. Et puis tout d’un coup je compris, sans qu’une parole ne fût échangée. Ce qui s’est passé ensuite reste flou dans ma mémoire. Le retour du corps de Jacques dans une charrette à bras tirée par des voisins, les funérailles lors d’un jour froid de février de 1724 dans le cimetière de Saint Hilaire de Mortagne, et puis ce ventre qui ne cessait de prendre de l’ampleur, gonflé de vie. La vie qui avait été retirée à celui qui était à ses côtés pour la protéger, veiller sur elle et leurs enfants. Durant toute leur existence. C’était ce qu’ils s’étaient promis. Mais cela ne sera pas.

Et puis le bébé était arrivé. Tu es arrivé. Et jamais je ne m’étais sentie plus seule.

René se crispa, mais Marguerite l’apaisa d’un regard et reprit le cours de son histoire :

Au début, les deux aînés avaient eu de la curiosité pour le nourrisson. Puis rapidement ils s’en étaient détournés. Je les soupçonnais un peu de ne le guère porter dans leurs cœurs, ce petit frère qui réclamait toute l’attention de leur mère. J’avais même surpris une fois un coup de pied en douce dans le baquet qui te servait de berceau. Mais comment leur en vouloir, alors que moi-même je n’étais pas loin d’éprouver les mêmes sentiments ! J’en avais honte : comment en vouloir à ce petit être innocent ? Mais je ne pouvais réfréner ses sentiments.

Deux mois après le décès de mon époux, c’était mon père qui partait à son tour. Ma mère étant décédée depuis une demi douzaine d’années, voici que j’étais devenue orpheline.
Comme je me sentais seule : mes parents  disparus, mon époux, mes beaux-parents. Il ne restait que moi, mes deux aînés de 8 et 3 ans et ce petit braillard qui ne cessait de réclamer sa pitance si fort et si souvent que  les voisins eux-mêmes ne devait plus le supporter ! Dans mon souvenir mes deux aînés n’avaient pas été aussi bruyants. Mais peut-être avais-je oublié… Ces cris étaient un rappel incessant de l’absence cruelle de mon époux.

L’inquiétude me gagnait : je ne pourrais sûrement pas rester à La Métairie maintenant que Jacques n’était plus là pour travailler la terre. Où irais-je avec mes trois petits ?

Enfin je sortis de ma torpeur :
« Allez ! Secoue-toi ma fille ! La besogne ne va pas se faire toute seule. »
Profitant du sommeil de René et du bref répit qu’il me procurait, je me concentrais sur mes tâches quotidiennes. Fataliste, je savais que je me remarierais. Sans doute rapidement car il fallait bien nourrir ces petites bouches affamées (et la mienne !). Alors la vie reprendrait son cours, comme si rien ne s’était passé. Je verrais mes enfants grandir, se marier et me donner des petits-enfants à leurs tours. Je me sentirais alors sûrement bien entourée et beaucoup moins seule.

Mais pour l’instant je ne voulais pas y penser. Ces dix années de mariage avec Jacques avaient été un tel bonheur, même si la vie n’était pas facile tous les jours, je ne voulais pas effacer cela d’un trait de plume. Je souhaitais garder encore ces heureux souvenirs pour moi seule. Encore un peu.

Jetant un œil au bébé endormi, je me fis ce jour-là le serment de l’aimer de tout mon cœur. Comme les deux autres. Comme si Jacques avait été encore là…

Le silence se fit sur cet aveu. Le visage de René était indéchiffrable.  Il se leva pour regagner son lit. Un instant il se retourna et ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose. Mais finalement il la referma et partit se coucher.

Marguerite semblais triste de cet aveu. Je lui posais une main sur le bras pour la réconforte :
- Ne vous inquiétez pas : il vaut mieux savoir. Même si c’est parfois un peu difficile à entendre. Il vaut toujours mieux savoir…


samedi 5 mai 2018

Comment trouver des parents...

... quand il n'y a plus de registre et qu'on porte un nom fort commun.
Au début il y a la mère.


Elle se nomme Charrier, patronyme ayant de nombreux homonymes dans ce coin des Deux-Sèvres vendéennes. Et elle porte un prénom, disons... assez connu : Marie !
Je ne connais pas ses parents : registres perdus, pas d'acte de mariage, déménagements à répétition (un coup en Vendée, un coup dans les Deux-Sèvres), acte de décès non filiatif. Mais sont époux est connu grâce aux générations suivantes. Notamment par le mariage de sa fille, mon ancêtre directe.


Longtemps je me suis arrêtée là, faute de sources disponibles.
Et puis à la fin de l'année dernière, j'ai reçu son contrat de mariage (ça, c'est signé @RayDeborde, encore une fois, ;-) qui a encore été travailler pour moi - merci à lui... encore).
Lecture en travers : je vois cité René, le frère de la mère - encore un prénom original : on cumule dans la famille.


J'ai bien essayé de chercher René Charrier (dans les deux départements) mais il y a trop d'homonymes pour un résultat probant. Nouveau coup d'arrêt dans mes recherches.

Et puis lors d'une semaine ordinaire, une alerte de Geneanet : des nouvelles de Marie Charrier sont publiées, avec ses parents ! Chouette me direz-vous. Ben, pas vraiment : l'arbre n'est pas assez détaillé, les actes non filiatifs pour être sûr que les parents soient bien les parents. De plus, il y a 11 ans de décalage entre l'âge (estimatif) donné par l'acte de décès de Marie et celui donné dans l'arbre en ligne. Ce n'est pas rédhibitoire, mais disons que ça ne va pas dans le bon sens.
J'élargis mes recherches grâce à l'option correspondances  : 5 couples correspondent avec ma Marie, mais les parents varient d'un arbre à l'autre ! Certains donnent bien un frère René, mais...
Trop d'homonymes, je vous dis.


Je relis alors le contrat de mariage et je vois parmi les témoins la tante maternelle, veuve de René. Je l'avais bien notée, mais sans comprendre l'importance.


Je retourne sur Geneanet avec ce couple : 4 résultats, aux informations très variables : noms juste cités, mention du décès de René sans lieu ou avec un lieu (mais pas le bon département) pour un autre. Je vais voir l'acte de décès à tout hasard. Il est filiatif : chouette ! Mais bon, son épouse n'est pas mentionnée. Nouveau doute. Elle est bien dite veuve l'année suivante (dans le contrat de mariage), mais quand même. Nouveau doute.

Certains arbres donnent un fils, d'autre une fille. Je vais voir le fils dont l'acte de mariage est mentionné (1825). Et cet acte est très détaillé et confirme le décès (douteux) de René cité plus haut.

Donc ce René est bien le frère de "ma" Marie. Et je connais enfin leurs parents, cités dans l'acte de décès de René. Et voici comment j'ai trouvé Honoré et Marie.


Et vous savez quoi ? Ce n'est aucun des parents cités dans les 5 arbres publiés sur Geneanet !

Ce "nouveau couple" est d'ailleurs inconnu sur Geneanet, ce qui s'explique sans doute à cause de la disparition des registres qui les ont fait entrer dans les oublis de l'histoire...



samedi 7 avril 2018

Etranges naissances

J’avais dans l’idée de rédiger cet article depuis un moment déjà. Et puis @lulusorciere a fait part de la première publication de l’archiviste Sylvie Boudaud (@deedee8586) dans laquelle elle raconte comment Pierre Proust et sa sœur Mathurine sont nés à un intervalle très particulier (voir ici).

Je protestais aussitôt sur Twitter de ce plagiat inopportun (même s’il est vrai que mon article n’était pas encore écrit, mais quand même : j’avais eu l’idée avant, c’est sûr) :

Hélas, on ne se débarrasse pas des sorcières comme ça et c’est ainsi qu’après avoir renoncé à vous expliquer « mon » cas, j’acceptais finalement de le faire.

Voici donc l’histoire de Modeste Boissinot et son deuxième époux François Bertrand. Ils se sont mariés à Saint-Amand-sur-Sèvre (Deux-Sèvres) quelques années après la Révolution, mais à une époque où le calendrier révolutionnaire est encore en place.

Pour cette affaire de calendrier, il suffit de se rappeler qu’au cours de notre histoire nous avons changé plusieurs fois de calendrier : calendrier julien (dont le nom vient de Jules César), puis grégorien (venant du pape Grégoire XIII qui réforma le précédent au XVIème siècle) et enfin le fameux calendrier républicain. Si les deux premiers faisaient commencer l’année le 1er janvier, le premier jour du troisième est placé au 22 septembre 1792, date de la proclamation de la République, et donc départ d’une nouvelle année/nouvelle ère (même si ledit calendrier n’est entré véritablement en vigueur que le 6 octobre 1793 – 15 vendémiaire an II).
Mais les petits rigolos qui ont décidé de changer le calendrier ont aussi décidé de faire véritablement table rase du passé (c’était dans l’ère du temps faut dire) et ils ont tout changé : le début d’année, donc, mais aussi le nom les mois, des jours, des années. Et c’est là que ça rigole moins pour tous ceux qui ont à faire avec les dates de cette période.

Les Révolutionnaires sont des poètes, c’est bien connu, et c’est ainsi que les nouveaux noms s’inspirèrent des saisons, de la végétation et de la plume de Fabre d’Eglantine, écrivain et homme politique à qui l’on doit cette nouvelle nomenclature :
- mois d’automne :
Vendémiaire (22 septembre/21 octobre) : mois des vendanges ;
Brumaire (22 octobre/20 novembre) : des brouillards et brumes ;
Frimaire (21 novembre/20 décembre) : du froid sec ou humide ;
- mois d’hiver :
Nivôse (21 décembre/19 janvier) : de la neige qui blanchit la terre ;
Pluviôse (20 janvier/18 février) : des pluies qui tombent avec plus d'abondance ;
Ventôse (19 février/ 20 mars) : des giboulées et du vent qui vient sécher la terre ;
- mois du printemps :
Germinal (21 mars/19 avril) : de la germination et de la montée de la sève ;
Floréal (20 avril/19 mai) : de l'épanouissement des fleurs ;
Prairial (20 mai/18 juin) : de la récolte des prairies et de la fécondité ;
- mois d’été :
Messidor (19juin/18 juillet) : des moissons dorées qui couvrent les champs ;
Thermidor (19 juillet/17 août) : de la chaleur solaire et terrestre qui embrase le sol ;
Fructidor (18 août/16 septembre) : des fruits que le soleil dore et mûrit.

La semaine ne comporte plus 7 jours, mais dix, d’où le nom de décade. Pour chaque jour, là franchement, on s’est pas foulé :
1er jour     : primidi ;
2ème jour : duodi ;
3ème jour : tridi ;
4ème jour : quartidi ;
5ème jour : quintidi ;
6ème jour : sextidi ;
7ème jour : septidi ;
8ème jour : octidi ;
9ème jour : nonidi ;
10ème jour : décadi (jour de repos - dimanche).

Néanmoins chaque jour de l'année a reçu un nom en propre, les noms des saints du calendrier grégorien ayant été remplacés par des noms de fruits, de légumes, d'animaux, d'instruments, etc… Ainsi, par exemple, je suis née un jour nommé « crible » - une passoire, un tamis quoi (pas terrible, mais bon, on ne choisit pas…).

Cependant, il reste une période bissextile, parce que décidément les calendriers ne s’entendent jamais bien avec la rotation de la Terre et du Soleil. Du coup, on hérite d’une « Franciade » (période de quatre ans au bout de laquelle il faut ajouter un jour pour qu'elle reste alignée avec l'année tropique) et de « sanculotides » (5 ou 6 jours selon les années qui s’ajoutent à l’année ordinaire qui est composée de 12 mois de 30 jours chacun, soit 360 jours au total). Les sanculotides, aussi appelés « jours complémentaires », sont ajoutés  afin que les années comportent plus ou moins 365 jours (365,242 25 jours en moyenne exactement) [1] ; ce que vous n’avez pas manqué de remarquer en lisant le présent article, un peu plus haut : le calendrier commence le 22 septembre et se termine le 16 : les sanculotides viennent donc combler ce trou.

On notera que certains ont fait de la résistance : dans les registres d’état civil on utilise parfois toujours « l’ancienne date ». Ou bien on met les deux : celle du nouveau calendrier et celle de « l’ancien style ». En tout cas « l’ère vulgaire », comme la nomme le décret instituant ce nouveau calendrier, est abolie ; ce qui, avouons-le, ne nous facilite pas le travaille tous les jours.

Par ailleurs, le nouveau découpage de la journée qui faisait aussi partie du package révolutionnaire, n’a jamais eu de succès et fut rapidement abandonné. [2]

Enfin, des esprits censés ont décidé de l’abrogation de ce calendrier le 1er janvier 1806 (11 nivôse an XIV). On est alors revenu à notre bon vieux calendrier grégorien, toujours en usage aujourd’hui.

Bon, heureusement, pour éviter les maux de tête, des convertisseurs de calendrier existent, ce qui nous évite d’avoir à apprendre par cœur tout le calendrier républicain (sauf si le cœur vous en dit…). Personnellement, j’utilise celui-ci

Mais pourquoi ces précisions quant à ce calendrier républicain ? Et bien parce que si l’on n’y prend pas garde, on peut passer à côté de situations assez cocasses. Ainsi, pour en revenir à Modeste et François mes ancêtres, je leur ai très vite trouvé deux enfants. La première, Marie Françoise (mon ancêtre directe) est née le 21 thermidor an XI. Son frère, Pierre, est né le 5ème jour complémentaire An XI (déclaré le 6). S’il est facile de discerner que les deux naissances sont rapprochées (car la même année), j’ai mis une fraction de seconde de plus pour m’apercevoir que le 6ème jour complémentaire suit d’environ un mois et demi le 21 thermidor (soit en bon français grégorien respectivement le 22 septembre et le 8 août 1806). Morale de l’histoire : il faut toujours faire les conversions de calendriers. Toujours.


Vu la période, le lieu, les remous de l’histoire, j’ai bien sûr pensé à une erreur de déclaration, mais il semble bien que non (celle de Pierre en tout cas est confirmée dans son acte de mariage ; celle de Marie Françoise n’apparaît pas et l’âge qui lui est donné est plus ou moins fluctuant selon les actes). Quoi qu’il en soit aucune mention particulière ne signale un événement qui expliquerait ce délai peu ordinaire, ou bien une erreur de date, entre les deux naissances.

Donc, soit on a là la grossesse la plus courte de l’histoire. Soit c’est l’accouchement le plus long de l’histoire. Franchement, si c’est la deuxième hypothèse, je plains ma pauvre Modeste. Inévitablement, je me pose des questions : à cette époque, dans les campagnes, on accouchait à la maison. Mais qu’a pensé Modeste, mère de trois enfants, âgée de 36 ans, quand elle s’est rendu compte après la naissance du troisième qu’elle était encore enceinte ???? Parce que j’imagine que l’accouchement n’a pas duré un mois et demi (on n’a certainement pas entendu du « Poussez madame ! Poussez ! » pendant ce délai : même les sages-femmes les plus endurantes y aurait perdu leur latin). Alors, quoi ? Elle est repartie tranquille au champ moissonner un coup et puis au bout d’un moment elle s’est dit « Tiens, et si j’y retournais ? » !

Les commentaires ayant suivi la parution de l’article de Sylvie ont exploré quelques hypothèses médicales pour expliquer ce phénomène de naissances si rapprochées. Mais loin de la science, je ne peux m’empêcher de penser à mon ancêtre, à ce qu’elle a pu ressentir et/ou imaginer concernant cet double accouchement peu ordinaire.




[1] Pour les fans de chiffres, l’année tropique (ou année solaire, c'est-à-dire le temps que met la Terre à faire le tour du Soleil) comporte environ 365,242 189 8 jours ; bien loin de celle des calendriers juliens (365,25 jours) et grégoriens (365,2425 jours) !
Une année sextile désigne l'année qui avait un 6e jour complémentaire et ce jour lui-même. Tous les quatre ans, l'année républicaine comptait donc un sixième jour complémentaire, en plus des cinq jours complémentaires ordinaires. Le terme sextile a pour origine un terme d'astrologie : l’aspect sextil est l'aspect de deux planètes qui sont éloignées entre elles de soixante degrés, ou de deux signes entiers, qui font la sixième partie du zodiaque. Dans notre calendrier, cette année qui comporte un jour supplémentaire est nommée bissextile.
[2] Pour les plus curieux : la journée allait de minuit à minuit, comportait 10h, découpées en 10 parties, elles-mêmes décomposables en 10 parties et ainsi de suite.


lundi 5 mars 2018

Pension de guerre

Je connais Modeste Boissinot depuis longtemps : elle fait partie des premiers ancêtres dont j’ai été photographier les actes directement sur place (avant la mise en ligne des registres sur internet). C’était mon premier « voyage généalogique », en l’occurrence dans les Deux-Sèvres. A Saint-Amand-sur-Sèvre pour elle, mais aussi dans les communes limitrophes du département ou de la Vendée voisine pour d’autres. Elle est mon ancêtre à la 8ème génération (sosa n°230). Au fur et à mesure des années, j’ai complété les informations que j’avais récoltées sur sa vie :
- Actes de naissance/décès,
- 3 mariages,
- 4 enfants trouvés,
- domiciles,
- emploi,
- etc…

Mais il reste des zones d’ombres, bien sûr…
Je sais donc qu’elle est donc née aux Châtelliers-Châteaumur (Vendée) en 1766. A partir de 1789 elle s’est installée à Saint-Amand avec son premier époux Jacques Barret, qui était de la paroisse. De lui elle a eu deux enfants. Mais il décède pendant les guerres de Vendée, en 1793 semble-t-il. Bien que mère de deux jeunes enfants de 2 et 4 ans, elle attend 8 ans pour se remarier.
En 1801 elle épouse François Bertrand (mon ancêtre direct) dont elle a deux enfants nés en 1803. Mais dès 1804 elle se retrouve à nouveau veuve avec 4 enfants à charge (16, 14, 1 ans). A ce moment-là je sais qu’elle est bordière à Saint-Amand, mais j’ignore si elle s’occupe seule de la borderie ou si elle est en association avec quelqu’un d’autre ; dans cette hypothèse cela ne peut pas être son père (décédé en 1803), ni son beau-père (décédé en 1801), je ne lui connais pas de beau-frère (mais cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas) et quand à ses frères ils semblent être restés en Vendée. Peut-être y a-t-il des personnes extérieures à la famille, comme des domestiques ou valets de ferme ? En 1812 son fils aîné, âgé d’environ 22 ans, est dit cultivateur : peut-être travaillent-ils alors ensemble ?
Après le décès de son deuxième époux, elle attend 13 ans pour se marier une troisième fois, en 1817, avec Louis Marie Foulonneau qui est domestique ; ses enfants ont alors 28, 26 et 12 ans. Elle est dite fermière. Son fils aîné s’est marié en 1812, sa fille peut-être vers 1820 (ou avant ? date non connue), mais les deux petits sont sans aucun doute encore avec elle. Cette ultime union restera sans postérité semble-t-il, ce qui n’est gère étonnant : elle a désormais 50 ans.
Elle décèdera au bourg de Saint-Amand à 72 ans, en 1839.

C’est beaucoup et peu à la fois. Les archives paroissiales de Saint-Amand ont disparu et celles de la période révolutionnaire sont largement lacunaires. Sur le site des archives départementales, il n’y a pas de recensement en ligne antérieur à 1836 pour ladite commune, pas de tables de succession ou d’archives notariales : ma marge de manœuvre pour dénicher des informations supplémentaires reste donc assez mince.

Cependant, au hasard de mes lectures de blogs généalogiques, voilà que je retrouve la trace de Modeste Boissinot grâce Raymond Deborde (@RayDeborde), auteur du blog L’arbre de nos ancêtres. Raymond a été directement aux archives éplucher (courageusement) les registres de veuves ou blessées suite aux guerres de Vendée. Et voilà qu’il y a déniché ma Modeste !

Revenons sur le contexte : en 1812 Jacques Barret, fils de Jacques Barret et de Modeste Boissinot se marie (avec une femme aussi prénommée Modeste, soit-dit en passant…). Dans son acte de mariage il est dit que son père est décédé à Saint-Amand en 1793. Comme il n’y a pas de registre antérieur à l’an VI (1798) dans cette commune, je n’ai pas trouvé le décès de Jacques père. Je ne connais pas les circonstances de son décès, mais je n’ignore pas que la période est fort troublée dans ce pays à cheval sur la Vendée, les Deux-Sèvres et le Choletais… Je soupçonne donc les guerres de Vendée, mais sans preuve.
En 1804, c’est Modeste elle-même qui déclare le décès de son deuxième mari. C’est un fait assez rare pour une femme (action en général « réservée » aux hommes). Déjà, je m’étais dit que c’était une femme de caractère. Le fait que je n’ai pas trouvé d’homme dans son entourage pour gérer la ferme avec elle va d’ailleurs dans ce sens.

Lorsque le roi Louis XVIII arrive au pouvoir en 1814, il crée une commission afin de récompenser les soldats qui lui ont été fidèles, notamment pendant les guerres de Vendée. Parmi les survivants, beaucoup sont devenus « nécessiteux » car, blessés pendant les combats, ils ne peuvent plus travailler. Il reste aussi beaucoup de veuves, dont les époux ont été tués au combat, voire des blessées lorsqu'elles se sont elles-mêmes battues (voir l'article de Raymond). Les demandeurs/demandeuses étaient souvent dans une situation précaire, dans le besoin, voire carrément « indigentes » ou « pauvresses » pour les veuves n’ayant plus d’homme dans leur entourage pour les aider.

C’est probablement le cas de Modeste : elle a 25 ans lors du décès de Jacques, deux enfants de 3 et 4 ans, pas de famille proche. Lorsque la commission se met en place, elle a 48 ans, est veuve en secondes noces et deux ou trois enfants à charge.

La commission adresse l’ordonnance royale aux maires, qui sont chargés d’établir les dossiers de demande de pension. Après examen, ces pensions sont accordées (ou non). J’ignore cependant comment les maires ont établi leurs listes : Y a-t-il eu un appel général par voie d’affichage ou autre ? Est-ce que les prétendant(e)s se sont manifestés d’eux-mêmes ?
Bref, je n’ai guère été étonnée d’y voir apparaître Modeste : dans une situation précaire, mais sans doute non dénuée de caractère, elle a fait valoir ses droits. Comme les autres, elle a rédigé (ou fait rédiger car il semble qu’elle soit illettrée) une demande manuscrite relatant les états de services de son défunt mari, un extrait de registre de baptême, un certificat d’indigence certifié par le maire, et différents papiers notamment militaires. [1]

Raymond a compulsé deux types de registres, réalisés par arrondissements (chacun classés et renseignés un peu différemment) :
- Le premier vient du Ministère de la Guerre et s’intitule « État nominatif de trois cent soixante quinze veuve de Militaires de l’Armée vendéenne et femmes blessées auxquelles sa Majesté* a accordé des pensions par ordonnance » (* il s'agit de Louis XVIII)
- Le second s’intitule « État de propositions pour pensions annuelles à accorder aux veuves des militaires blessés de l’armée vendéenne ».

Ces documents nous apprennent différents éléments :
- que Modeste demeure toujours à Saint-Amand.
- que les rédacteurs des registres n’étaient pas trop regardants sur l’orthographe des patronymes (Baret pour Barret et Birssinot pour Boissinot !),
- que Jacques était simple soldat (mais du côté du roi donc),
- que Modeste était déclarée « indigente »,
- que Jacques est décédé à Luçon (et non à Saint-Amand comme je le croyais jusque-là),
- que la demande de pension de Modeste a été « brevetée », ce qui signifie probablement qu’elle a été acceptée : elle touchera 40 francs. Les a-t-elle reçus ? Ça c’est une autre histoire. Théoriquement les pensions ont été versées à partir de 1818. Mais, au fil des ans et des nombreux changements de régimes politiques, les dossiers ont souvent été classés sans suite ou le versement suspendu. Par ailleurs, une ordonnance de 1823 vient corriger le premier texte et impose que les veuves ne soient pas remariée. Or à cette date Modeste s’est déjà remariée deux fois ! Finalement, en 1832 Louis Philippe, souverain arrivé au pouvoir avec la Monarchie de Juillet (1830/1848), a complètement supprimé ces pensions. [1]


40 francs à l'effigie de Louis XVIII,1818 © coinshome.net

Par ailleurs, on découvre que Jacques est décédé à Luçon : cette petite ville qui se situe dans le Sud du département de la Vendée a connu trois batailles au cours de l’année 1793, en juin, en juillet et en août. Chacune de ces batailles a vu la victoire des républicains, avec un nombre élevé de blessés et de morts (notamment la dernière qui en comptabilise à elle seule plusieurs centaines). Dans les documents compulsés par Raymond, on dénombre 30 veuves dont les époux sont tombés à Luçon. Ces documents ne comportent néanmoins pas assez de détails pour savoir quand exactement est décédé Jacques. Je ne l’ai pas trouvé figurant sur les registres de décès de Luçon, notamment après la bataille d’août où le directeur de l’hôpital déclare un grand nombre de décès. J’ignore également le sort de Modeste, dont le mari s’est visiblement battu du côté des républicains, dans ce pays de chouans : en a-t-elle souffert ? Cela reste un mystère.

Est-ce pour cela que Modeste a attendu 8 ans avant de se remarier ? Parce qu’elle n’était pas bien vue ? Ou simplement parce qu’il n’y avait plus beaucoup d’hommes à marier au pays, vue l’hécatombe provoquée par le conflit (François a 7 ans de moins que Modeste et il est originaire de Combrand, situé à une dizaine de kilomètres de Saint-Amand).

En 1804, ledit François deuxième époux a bien fait une déclaration de succession (déclarée le premier germinal an XIII) mais seules les tables sont en ligne sur le site des archives départementales et je n’ai pas de détail quand aux biens transmis ni aux héritiers.
Lors de ses troisièmes épousailles, un contrat de mariage a été rédigé par Modeste et Louis Marie, devant Me Roy le 10 février 1817 (enregistré le 20) : l’époux apporte en dot 500 francs, tandis que l’épouse apporte 940 francs ! Ce qui est, reconnaissons-le, assez loin de l’idée  que je me faisais de « l’indigence » déclarée cinq ans plus tôt.
Je ne l’ai pas trouvée elle-même lors de son décès en 1839 (lacunes 1834/1840 des tables de succession), ni aucun testament qu’elle aurait pu rédiger : je ne sais donc pas qui a hérité de ses biens, et la valeur de ceux-ci.

Quoi qu’il en soit, grâce à Raymond, j’ai pu lever un coin du voile sur la fin du premier époux de Modeste… même s’il reste encore bien des questions sans réponse.



[1] Source Demandes de pensions des soldats vendéens

samedi 13 janvier 2018

La guerre de la Vandée

Nombre de mes ancêtres habitaient de part et d’autre de la limite entre la Vendée et les Deux-Sèvres. Pour le moment, je n’ai trouvé aucune preuve que l’un ou l’une d’entre eux ait pris une part active dans le conflit dit des « guerres de Vendée ».

Pour mémoire, les guerres de Vendée est le nom donné à la guerre civile qui opposa, dans l'Ouest de la France, les républicains (les bleus) aux royalistes (les blancs), entre 1793 et 1796. Comme partout en France, la Vendée a connu des manifestations paysannes entre 1789 et 1792. Mais c'est au moment de la levée en masse, en 1793, que la révolte ou rébellion vendéenne, aussi appelée insurrection vendéenne, s'est déclenchée, dans un premier temps comme une jacquerie paysanne classique, avant de prendre la forme d'un mouvement contre-révolutionnaire.

Étalée sur trois années, la guerre a connu plusieurs phases, avec une brève période de paix au printemps 1795. Elle s'est terminée au début de l'année 1796, après avoir fait plus de 200 000 morts et causé de nombreuses destructions. [*]

Au plus fort des combats, on distingue notamment la mise au point d’un plan de campagne dans lequel vingt colonnes mobiles, ultérieurement rebaptisées « colonnes infernales », sont chargées de dévaster et d'appliquer la politique de la terre brûlée dans les territoires insurgés des départements du Maine-et-Loire, de la Loire-inférieure (aujourd’hui Loire Atlantique), de la Vendée et des Deux-Sèvres qui forment la « Vendée militaire ». Seules quelques villes indispensables à la marche des troupes doivent être préservées. La consigne est de passer au fil de la baïonnette tous les rebelles « trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises, » ainsi que « les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. » Il ajoute que « les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l'ait préalablement ordonné. » En revanche les hommes, femmes et enfants dont le patriotisme ne fait pas de doute devront être respectés et évacués sur les derrières de l'armée.
D’où les nombreuses destructions et disparitions de personnes (insurgées ou non) de ce territoire. Au cours de cette période, plusieurs dizaines de milliers de civils vendéens ont été massacrés, des centaines de villages brûlés (et de multiples archives ont disparues !). [**] Un accord de paix est signé en février 1795, assortie d’amnisties et d’indemnités compensatoires. Mais la paix reste bien fragile, l’insécurité demeure et le conflit ne tarde pas à reprendre de la vigueur. De nouveaux accords de paix sont finalement signés en janvier 1800. Le traumatisme de ces violentes destructions perdurera longtemps dans le paysage et les mentalités de la Vendée.

 Le Bataillon Carré, Affaire de Fougères, 1793 © Julien Le Blant, Wikimedia Commons

Tout cela explique les nombreux trous de ce côte-ci de mon arbre, notamment à cause de la disparition des archives, mais aussi à cause des « trous de mémoire ». Ainsi par deux fois dans des actes on évoque ce conflit pour justifier le fait qu’on ignore le lieu et la date de la disparition de certaines personnes. [***]

Prenons l’exemple de Jean Jadaud et son épouse Marianne Fuzeau. De Jean, je ne sais presque rien. On le dit originaire de Montravers (Deux-Sèvres) mais je n’ai pas trouvé le document qui l’atteste de façon certaine. Son épouse est peut-être de Saint-Amand-sur-Sèvre (Deux-Sèvres), commune limitrophe de la Vendée qui a elle aussi perdue ses archives anté-révolutionnaires. J’ignore leur date de mariage, probablement dans les années 1750. Je leur connais 10 enfants, tous nés avant la Révolution. Pour aucun d’eux je n’ai pu trouver d’acte de naissance. Par contre j’ai retrouvé six actes de mariage et quatre actes de décès, attestant de leur filiation. Un seul acte donne une date de naissance précise : le mariage de Marie Anne, née en 1778 à St Amand. Ces actes se situent tantôt en Vendée tantôt dans les Deux-Sèvres.

Cherchant le décès de Jean, je m’aperçois qu’il est dit déjà décédé en l’an V/1796 (mariage de son fils Jean à La Flocellière, 85) et en l'an IX/1801 (mariage de sa fille Marie Anne à La Verrie, 85). Mais il n'est pas dit décédé au mariage de son fils Joseph en l’an VIII/1800 à St Amand, 79. Ce dernier élément ne prouve pas véritablement qu’il soit encore vivant : ce peut être un simple oubli, comme cela arrive régulièrement pour ce genre de mention.

En 1826 le mariage de son 9ème enfant, son fils Alexis, à St Amand (79) nous apporte davantage de précisions : Alexis est dit âgé de 48 ans, mais il a fallu un acte de notoriété passé devant un juge de paix cantonal pour le confirmer ; ce qui nous laisse supposer que les registres anciens ont disparus. Le fait que je juge de paix soit du canton de St Amand nous porte à croire qu’il est né dans cette commune, vers 1778 donc ; ce qui est d’ailleurs prouvé un peu plus loin : « né et domicilié en cette commune ». Ce qui lui faisait une quinzaine d’années durant les fameuses guerres de Vendée. En 1826 il est dit majeur (à 48 ans, c’est logique) et exerçant la profession de domestique.  Cet acte de mariage donne sa filiation : il est le « fils légitime de feu jean jadaud, cultivateur, et de feue marie anne fuzeau, les deux décédés en cette commune en les temps des guerres de la vandée sans pouvoir en préciser le jour ».

Si vous vous rappelez le début de l’article, les guerres de Vendée ont lieu entre 1789 et 1796 puis, malgré des accords de paix, se prolongent jusqu’en 1800. Ce qui place donc vraisemblablement les décès des parents Jadaud dans la décennie 1789/1799. Malheureusement il n’y a pas de registre de décès à St Amand antérieur à l’an VI, et encore sont-ils très lacunaires : an VI, VII, IX, X, 1802 ; 18 pages en tout.
Je n’y ai pas trouvé le décès de Jean Jadaud. Par contre, j’ai trouvé celui de son épouse Marianne Fuzeau ! Et là, surprise : elle est décédée en novembre 1807, « confortablement installée » - si je puis dire - dans la ferme de ses fils Jacques et Joseph, au lieu-dit La Ruffinière, commune de St Amand. Ce sont ces/ses deux fils et l’un de ses gendres qui déclarent son décès au maire François Guetté (un autre de mes ancêtres soit-dit en passant…). Elle est alors dite âgée de 77 ans. Ledit Jacques est mon ancêtre direct.

Ces deux actes (décès de Marianne et mariage d’Alexis) m’inspirent deux réflexions :
- tout d’abord novembre 1807 c’est un peu tard pour parler encore des guerres de Vendée, même si le conflit « officiel » s’est prolongé par de nombreuses escarmouches.
- et surtout comment Alexis a-t-il pu oublier le décès de sa mère ? Il avait alors environ 29 ans lorsqu’elle a été inhumée et lors de son mariage en 1826 cela faisait à peine 20 ans que sa mère était décédée, chez ses frères, dans la ferme familiale ! D’autant plus que Jacques était présent au mariage d’Alexis : pourquoi n’a-t-il pas lui aussi mentionné le décès de sa mère, qu’il a lui-même déclaré ?

Vu l’âge d’Alexis, l’hypothèse du trou de mémoire me semble peu probable. Une brouille familiale « escamotant » les parents n’est pas envisageable puisque Jacques était présent au deux événements. Est-ce que l’officier d’état civil a voulu s’épargner la peine de consulter ses registres ? Ou est-ce simplement dû au fait que les dates de naissance et de décès étaient moins suivies autrefois ? Nous ne le saurons probablement jamais. Peut-être a-t-on ici la preuve que les guerres de la « Vandée » ont laissé des traces inaltérables dans les mémoires… et dans les registres.


[*] On notera toutefois que ce chiffre varie beaucoup d’une source à l’autre en raison de la difficulté à différencier et comptabiliser les militaires, les civils, les "insurgés", les exilés, etc...
[**] Source : Wikipedia
[***] L’autre couple concerné est Jean Rabaud et Renée Marolleau dont les décès n’ont pas été retrouvés formellement.