« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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vendredi 9 janvier 2015

Luxure en Vendée ?

Comme je l'ai déjà dit sur ce blog, la généalogie, c'est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. C'est ce qui m'est arrivé récemment : une recherche (que je croyais) innocente et qui a suscité beaucoup de questions et des découvertes inattendues.

Poursuivant l'exploration des registres paroissiaux à la recherche des actes concernant mes aïeux, je feuilletais (virtuellement) ceux de Vendée. Je n'avais que peu d'information sur Jacques Gendronneau et son épouse Jeanne Cosset, les parents de Jeanne (qui, elle m'est assez bien connue). J'ignorais où et quand ils sont décédés et mariés, par exemple.

Après une recherche sur Noms de Vendée (rappelez-vous, j'en ai parlé ici), je vois qu'ils ont au moins un enfant né au Vieux Pouzauges. Je me rends donc directement à la page indiquée et trouve en effet la naissance de Louis :


Registre du Vieux Pouzauges, AD85

"Le vingt quatre du mois de mars mil sept cent trente neuf est né et
baptisé le lendemain par moy soussigné loüis fils naturel de Jacque
gendronneau et de Jeanne cosset, a été parrain sans marrain
mathurin blanchard qui ne sait signer au lieu de loüis heriau et de
jeanne pequin qui ont été refuzés pour parrain et marraine.
Moreau prêtre"

Dans cet acte, plusieurs éléments m'interpellent :
  • Le fait que le parrain et la marraine choisis aient été refusés : c'est la première fois que je trouve cette mention. Malheureusement la raison de ce refus m'est inconnue. C'est la légère frustration qui accompagne parfois le généalogiste lors de ses découvertes.
  • Le fait que l'enfant est dit "enfant naturel". Rappelons qu'un enfant naturel est un enfant conçu hors mariage. Cet état n'est pas définitif, puisque les parents peuvent reconnaître officiellement leur(s) enfant(s) naturel(s) lors de leur mariage [ 1 ]. J'ignore en effet la date de mariage du couple : d'après cet acte, il doit être postérieur à 1739.
Est-ce que ces deux éléments sont liés ? Je reste sur ma faim.

Ce qualificatif de "naturel" est assez rare, surtout dans des époques où on ne plaisantait pas avec le mariage et les relations extra conjugales. C'est pourquoi cette mention retient mon attention.

Ignorant le lieu de naissance de mon ancêtre Jeanne (sœur de Louis), je poursuis mon exploration des registres du Vieux Pouzauges pour voir si elle y est née quelques années avant ou après son frère.

 Et là, je m'aperçois que les enfants naturels sont légions dans ces registres. Ainsi, sont qualifiés de "naturels" :
  • 15 enfants sur les 29 actes de naissance enregistrés en 1737, 
  • 13 sur 34 en 1738,
  • 10 sur 36 en 1739,
  • 16 sur 31 en 1740,
  • 18 sur 37 en 1741,
  • 9 sur 31 en 1742.
Soit environ 40% des naissances sur ces cinq années. Et cette expression n'est pas une lubie du rédacteur, car on la retrouve indifféremment sous la plume du curé Coursin, du prêtre Moreau et du diacre Touchault.
On notera aussi quelques naissances illégitimes, mais beaucoup plus rares (une en 1741, un autre en 1742 par exemple), de mère seule ou de couple.
Certains couples ont plusieurs enfants naturels. On trouve parfois la mention "fille de non légitime mariage". Les parrains/marraines refusés se retrouvent dans la plupart des autres actes d'enfants naturels, mais ils ne sont pas systématiques.

Alors je me demande ce qui a bien pu pousser les braves habitants de ce coin paisible de Vendée à tomber ainsi dans la luxure et à faire des enfants hors mariage à tour de bras !

Bon, soyons honnêtes, vu l'ampleur du phénomène, il y a peu de chance que ce soit une question de luxure. Je commence donc à explorer le monde merveilleux du Net à la recherche d'une piste expliquant ce phénomène.

Un faisceau d'indices me met alors sur une toute autre piste :
  • les parrains/marraines refusés par le curé
  • les mentions du "non légitime mariage"
  • l'acte de mariage de mes ancêtres non trouvé
Ces curiosités sont le signe de la religion protestante des parents. Bien qu'elle ne soit jamais mentionnée par les rédacteurs de ces actes, on le devine entre les lignes. Pour mémoire, en 1685 Louis XIV révoque l’Édit de Nantes (promulgué par Henri IV en 1598) accordant la liberté de culte aux protestants. Malgré une émigration massive, nombreux sont ceux qui restent en France. Ceux qui refusent d'abjurer leur foi entrent alors dans l'illégalité.

Concernant ce qu'on appelle aujourd'hui l'état civil, la seule source disponible, ou presque, pendant cette période est constituée par les registres paroissiaux catholiques. Ils enregistrent les baptêmes, mariages et sépultures, suivant les rites catholiques uniquement (le protestantisme étant, en principe, éradiqué du royaume). Malgré cela, on peut y discerner la présence des protestants. 

Le premier indice est le fait que le prêtre mentionne qu’il a refusé les parrains et marraines choisis par les parents. C’est lui qui désigne les remplaçants. Dans ce cas, en général, il n’y a alors pas de doute sur la religion des parents. Mais il arrive aussi que certains curés complaisants acceptent les parrains et marraines choisis par les parents : on l'a vu ici, le refus n'est pas systématique.

La mention de la naissance d’un enfant né d’illégitime mariage, ou né d'un non légitime mariage confirme qu’il y a eu mariage, mais hors de l’Église officielle (catholique). En effet dès la révocation de l’Édit de Nantes, certains protestants restés en France ont officialisé leur union devant un prêtre, bon gré mal gré; mais d'autres en revanche, malgré les risques, ont choisi de faire appel à des pasteurs clandestins itinérants. C'est ce que l'on appelle des mariages "au désert". Le problème majeur est que ces registres, s’ils ont existé, ne sont qu’exceptionnellement parvenus jusqu’à nous : illégaux, leurs propriétaires risquaient la prison pour eux et pour ceux qui y figuraient si ces registres étaient trouvés. Des "certificats" pouvaient être délivrés, lesquels ont eux-mêmes malheureusement souvent disparu au fil du temps. Parfois, les protestants ont simplement vécu en couple avec la seule bénédiction de leurs parents, puisque pour eux le mariage n’est pas un sacrement. La trace écrite dudit mariage protestant est donc la plupart du temps impossible à trouver.

Les protestants restés dans le royaume ont cherché à résister, de façon plus ou moins ouverte, à la "catholicisation" forcée qu'ils subissaient. Par exemple, le baptême, donné par un prêtre catholique aux enfants protestants était un baptême forcé, puisque les parents n’avaient pas le choix du "baptisant". Ils retardaient donc le plus possible le baptême (puisque la religion catholique recommande de le faire le plus vite possible). Ou bien ils choisissaient des prénoms dans l’Ancien Testament, comme Abraham, Esther, Judith, etc... trouvant leur inspiration dans la lecture assidue de la Bible, qu'ils pratiquaient régulièrement (ce qui n'a pas été constaté ici). Mais parfois, les prêtres, en réaction, refusaient de donner aux enfants ces prénoms bibliques choisis par leurs parents. En généalogie, les choses se compliquent alors car on peut trouver un enfant nommé Abraham par sa famille et identifié comme tel à son mariage après la Révolution, mais qui a été baptisé sous le nom de Pierre ! En conséquence, il est difficile de retrouver le bon acte de baptême.

Les protestants n’ont retrouvé officiellement un état civil propre qu’avec l’Édit de Tolérance, en 1787. Outre le fait que, désormais, les protestants peuvent légalement faire enregistrer leurs mariages, naissances et décès, ils peuvent aussi faire des "réhabilitations de mariages", grâce aux certificats produits par les mariés, et faire inscrire dans l’acte les enfants issus de leur couple, même quand ceux-ci ont été baptisés en leur temps au sein de l’Église catholique. On peut trouver également des registres particuliers aux protestants ouverts dans certaines paroisses; malheureusement ils sont rares.

Dans le cas qui me préoccupe, cette hypothèse protestante est enfin confirmée lors du mariage de Jeanne, en 1766. Après une lecture attentive de l'acte quasi effacé, on peut deviner la mention suivante : "avec le consentement de la mère de la [contractante ?] comme étant de la religion protestante".

Et c'est la première protestante de ma généalogie.

Point de luxure, donc, bien au contraire !


[ 1 ] Dans ma généalogie, je connais par exemple le cas de Joseph Borrat-Michaud et Antoinette Jay qui, lors de leur mariage, reconnaissent Félicie, fille naturelle d'Antoinette (âgée de douze ans) et Marie Louise, fille illégitime de Joseph et d'Antoinette (âgée d'un an).




vendredi 12 décembre 2014

Nouvelle ère

Avant la généalogie c'était les voyages à la mairie : secrétaires plus ou moins aimables, registres parfois fourrés n'importe comment dans une cave humide, consultation dans la salle du conseil municipal (au mieux).

Avec la mise en ligne progressive, on peut faire ça à son rythme, quand on a 10 minutes (ou plusieurs heures, parce que, moi, personnellement, je n'ai jamais pu m'arrêter au bout de 10 minutes).

On entre aujourd'hui dans une troisième phase, une nouvelle ère : l'indexation collaborative.

Grâce au travail formidable effectué par des bénévoles (et une volonté certaine des archives départementales), il est possible de taper le nom recherché et, avec un peu de chance, aussitôt le nom apparaît. Alors d'accord, le plaisir de la recherche c'est une part importante de la généalogie. Mais entre, compulser pendant des heures des registres (virtuels ou non), à s'user les yeux sur des encres pâlies, pour finalement s'apercevoir qu'il n'y a rien. Rien de rien. Et taper un nom et repérer immédiatement la paroisse, la date, voir même parfois la page directe du registre où se trouve l'acte longtemps recherché. Entre les deux mon cœur ne balance pas trop longtemps.

Quelle joie de trouver enfin un acte resté inconnu, tout simplement parce qu'il était dans la paroisse voisine sans qu'on puisse le soupçonner. Des situations se débloquent souvent à partir de là.
Je citerais par exemple l'excellente base Noms de Vendée.


 Formulaire de recherche Noms de Vendée, AD85

On peut y rechercher une personne, mais aussi un couple. La base donne alors tous les actes où les deux personnes sont citées : naissances ou mariages des enfants, etc... Ainsi quand on ne trouve pas directement la personne, on peut avoir de la chance par ses frères et sœurs. Cela permet aussi de faire des découvertes inattendues.

Par exemple, en faisant une recherche par couple avec Baudin René et Mousseau Marie Anne, deux types d'actes ressortent :
  • un acte de mariage : celui de leur fils René (mon ancêtre).
  • cinq actes de naissance : ce sont les naissances de cinq de leurs enfants (ils en auront dix au total : les relevés ne sont donc pas encore complets). 

Ce qui est intéressant c'est que tous sont inscrits dans les registres de Menomblet, sauf un qui se trouve dans celui de la paroisse voisine de Montournais (bien que les parents soient dits de Menomblet). Cet acte m'avait échappé. Coincé entre deux naissances à Menomblet, comment deviner qu'il y en a eu une autre dans une autre paroisse ? Sans ce type de relevé, impossible de le deviner. 

Bien sûr, on peut ajouter différents critères : dates, paroisse déterminée, orthographe exacte ou approchante...

Et en plus, pas chauvins les Vendéens : de nombreux relevés des communes limitrophes, notamment des Deux-Sèvres, figurent aussi dans la base (mais également de Charente ou Maine et Loire). Ce qui est très précieux pour moi, dont les ancêtres n'ont cessé de naviguer de part et d'autre de la "frontière" des deux départements voisins.

Noms de Vendée recense les informations issues de l'état civil (au sens large), mais a aussi la volonté de collecter celles d'une grande variété d'archives : minutes notariales, registres matricules militaires, recensements de population, papiers fiscaux d'Ancien Régime, tenanciers de seigneuries, archives judiciaires... Cette base est un outil participatif. Il évolue en permanence avec l’ajout progressif des contributeurs : ne pas hésiter à y retourner de temps en temps, donc.

Un accès totalement gratuit aux données est, faut-il le rappeler, d'autant plus appréciable.

Bien sûr chaque médaille a son revers. La puissance de la base nous fait parfois ressortir des actes qu'on n'a aucune envie de voir !

Par exemple, en tapant les noms du couple Landreau Mathurin et Morin Marie, je vois qu'ils ressortent sur un acte de décès : celui de leur fils Mathurin, âgé d'un an et demi en octobre 1706. Or, je tenais l'acte de naissance de Mathurin en février 1705 pour être celui de mon ancêtre. Cet acte de décès vient me prouver le contraire. J'ai donc découvert que mon ancêtre avait un frère homonyme (défunt). Mais il va falloir repartir à la pêche pour trouver la véritable naissance de "mon Mathurin"... (qui n'apparaît pas encore dans les relevés).

Heureux ou malheureux (après tout, ça fait partie du jeu), j'adhère totalement à ce nouvel outil généalogique.



mercredi 20 août 2014

Les coiffes de nos grands-mères

Les avez-vous remarquées sur vos clichés familiaux ? Attentifs aux visages, on ne fait pas forcément attention aux vêtements. Et pourtant...

On considère généralement qu'à partir du XIVème siècle apparaît le costume dit "personnalisé". On voit une différenciation des vêtements masculins et féminins, mais aussi des particularités régionales.

Au sein d'une même région, on distingue des différences notables dans le costume traditionnel. Par exemple, on ne peut pas parler "du costume breton" mais "des costumes bretons" tellement il existe de variantes, en particulier au niveau des coiffes. Si les techniques, comme le point de chaînette, sont les mêmes partout, chaque pays, chaque localité possède son propre style et ses propres motifs.
On a ainsi compté plus de soixante modes féminines différentes en Bretagne. Les couleurs, les broderies, les types de vêtements, les accessoires… Autant d’éléments qui distinguent une mode d’une autre. 

Ces différences géographiques s’accompagnent d’évolutions dans le temps. De 1850 à 1950, les costumes ne sont pas restés figés et chaque génération apporte des changements aux modes précédentes. Par ailleurs, il faut différencier les costumes portés le dimanche ou lors de cérémonie, du vêtement de travail. De la même manière, on distingue la coiffe usuelle, que l'on porte quotidiennement, de celle des jours de fête.

En Vendée c'est à l'éventaire du colporteur, puis plus tard auprès du mercier ambulant lors des grandes foires, que les paysannes vont trouver les éléments du trousseau qu'elles vont confectionner, ainsi que les éléments de la coiffe qu'elles fourniront ensuite à la lingère pour qu'elle la leur réalise.
Durant tout le XIXème siècle, vont naître de nombreux "grands magasins" qui proposeront leurs produits sur leurs catalogues. Désormais, les femmes choisissent tranquillement chez elles parmi une offre très vaste, tous les articles de mercerie nécessaires à la confection de leur coiffe, ainsi que leurs bonnets pour leur usage quotidien.


Catalogue Samaritaine, Gallica

Parmi les différents éléments du costume, la coiffe possède une connotation particulière, une conscience sociale. On fait remonter son usage, telle que nous la connaissons, à la première moitié du XIVème siècle. Mais depuis toujours, la tradition judéo-chrétienne (et avant celles-ci les religions antiques) désirait soustraire du regard des hommes les chevelures féminines, sujets de leurs désirs irrépressibles. A la puberté, les jeunes femmes ont donc pris la précaution de se chapeauter et ne sortent plus "en cheveux". Les femmes du peuple se couvraient la tête avec simplicité, et les aristocrates avec plus de recherche. Simple voile, petit bonnet de coton, ou hennin sophistiqué, chaque femme, quelle que soit son appartenance sociale ou religieuse, se doit de couvrir ses cheveux.

Le costume féminin, et particulièrement la coiffe, continue d’exister jusqu’au milieu du XXème siècle, date à laquelle, progressivement, les modes citadines sont adoptées et les costumes abandonnés.

Les coiffes sont des objets à la fois très précaires et porteurs d'une multiple mémoire. Précaires par la fragilité du tissu, de leur montage, leur légèreté ... Mais objets tenaces aussi, porteur d'histoires, des vies paysannes, des identités, des grands moments de l'existence (mariage, cérémonie, morts des proches...).

La coiffe paysanne consiste le plus souvent en une pièce de tissu simplement nouée et drapée autour de la tête. La forme évolue au cours des siècles, tant dans le volume que dans l'ornement. Mais au début du XIXème siècle, au simple rôle utilitaire que jouait le bonnet à la française porté par les paysannes, va se substituer un rôle essentiellement social. Le bonnet, se transformant en coiffe, va devenir le véritable signe d'identité de la femme du peuple. Cette évolution va débuter après la Restauration, vers 1815, et la guerre de 1914 en achèvera le déclin. L'heure de gloire des coiffes correspond aux heures de gloire de la paysannerie française.

Je n'ai malheureusement aucun cliché de mon aïeule bretonne, installée en Ile de France au tout début du XXème siècle. Et aucune coiffe savoyarde ou aveyronnaise ne figure sur les photos en ma possession.

Par contre, sur tous les clichés que je possèdent de mon arrière-arrière-grand-mère, Louise Chatelain, on la voit arborer la coiffe angevine.


Louise Chatelain, 1917, coll. personnelle 

Il s'agit de la coiffe des Ponts-de-Cé (49).
Appelée aussi coiffe à grand devant, cette coiffe est historiquement la première coiffe à tuyaux de l’Anjou et était portée tant à Angers qu'aux alentours. Elle deviendra le symbole de l’Anjou dans l’imaginaire collectif, comme la Bigouden en Bretagne. 
Le fond de coiffe et la passe sont taillés dans le même morceau de tissu et sont le plus souvent ornés de riches broderies blanches, réalisées à l’aiguille, avec des incrustations de dentelle à l’aiguille. La  dentelle  entourant le visage est assez large pour pouvoir être portée rabattue sur le front et mise en forme avec de larges tuyaux horizontaux au niveau des tempes.

Schéma de la coiffe des Ponts de Cé, Amis du Musée des Coiffes

Posée sur un bonnet de coton noir, la coiffe s’ajuste au moyen de deux lacets coulissants qui se croisent autour de la tête. Ils seront ensuite cachés par la passe du nœud. Ce dernier, en forme de grand papillon aux ailes déployées, est fixé à l’aide de deux grosses épingles à tête blanche au-dessus du front. De taille relativement modeste au temps des premières coiffes, le nœud va prendre beaucoup d’ampleur au fil du temps et se porter pointes en haut et parfois très relevé en diadème.  

Le fond de coiffe est creusé et maintenu en forme grâce à un grand peigne piqué dans le chignon, évoquant ainsi l’arrière des barques de Loire, ce qui lui donne une allure tout à fait caractéristique dite vulgairement "en cul de poule".


Coiffe "angevine", Amis du Musée des Coiffes

Concernant la coiffe de Louise Chatelain, il s'agit d'une coiffe de veuve car elle n'est ornée d'aucune broderie ou dentelle (son époux est décédé en 1901).

Quant à mon arrière-grand-mère, Marie Benetreau (décédée en 1951), elle portait toujours la coiffe vendéenne, qu'elle amidonnait avec soin.


Marie Benetreau, fin XIXème siècle, coll. personnelle

Les photos dont je dispose ne sont malheureusement pas assez nettes pour que je puisse distinguer précisément le type de coiffe qu'elle arbore, parmi les nombreuses coiffes vendéennes qui ont existé.



Supplanté par la puissante attraction de la mode internationale, le port du costume traditionnel est devenu anecdotique en France.
Son port est aussi directement proportionnel à la disparition de la ruralité, de l'attachement au terroir et de l'isolement des campagnes.
Chargé toutefois toujours d'un puissant symbolisme, il est conservé surtout dans le domaine du folklore.






Sources : Wikipedia, S. Pacaud : Costumes et coiffes folkloriques des terroirs de France, Le costume breton (CG du Finistère), Amis du Musée des Coiffes, Coiffes sans visages (Parole et patrimoine),

lundi 10 février 2014

Restons groupés !

René Roy et Mathurine Guitton se sont mariés à Treize-Vents (85) le premier février 1712. Neuf enfants vont naître de cette union, durant les treize années suivantes :
     - Pierre né le 31/5/1713
     - Marie née le 13/3/1714
     - Perrine née le 1/7/1716
     - François né le 17/9/1717 (notre ancêtre)
     - René né le 5/12/1720
     - Perrine née le 17/2/1722
     - Jean né le 15/5/1724, décédé le 28 (d'après mention marginale)
     - Perrine née le 15/2/1726 (baptisée à la maison en danger de mort)
     - Marie Anne (naissance non trouvée)

Leur première fille Marie se marie dès 1727 (donc âgée de 13 ans seulement), avec un futur âgé de 33 ans déjà.

Mais c'est un autre mariage qui nous intéresse aujourd'hui : celui de 1746. En effet, ce n'est pas un mais trois mariages qu'on célèbre aux Châtelliers-Châteaumur ce 5 juillet.
 
 

François, Perrine et Marie Anne se marient le même jour. 
François est âgé de 29 ans. 
Perrine de 30 ou 20 ans (deux sœurs portant le même prénom de Perrine dans la fratrie, on ignore laquelle se marie en 1746). 
Quant à Marie Anne, son acte de naissance n'a pas été trouvé; on ignore donc également son âge). 

Mariage Roy, AD85

Mariage de françois Roi et jeanne proux
je soussigné ay ce jourdhuy cinquieme juillet de
lan 1746 donné la benediction nuptiale
apres les trois publications faites par trois
dimanches ou fetes consecutifs sans quil nous soit
parvenu aucun empechement canonique vu les
certificat fournis par Monsieur le curé de St Mesmin
et par Monsieur le Prieur [?] de la flocelliere pour
la contractante, a françois Roy fils de René Roy
et de Mathurine Guitton ses pere et mere de cette 
paroisse et a jeanne Proux fille de deffunt pierre
Proux et de renée boismoreau de la paroisse de st
mesmin en presence de françois pasquier et antoine
Bideau lun son oncle et lautre parrein et rené Roy
pere du contractant de pierre Proux frere de la
contractante jean Roy son cousin qui ont declare
ne scavoir signer
Mariage de michel Moreau et de perrine Roy
je soussigné ay ce jourdhuy cinquieme juillet de lan 1746 
donné la benediction nuptiale apres les trois publications 
faites par trois dimanches ou fetes consecutifs sans 
quil soit parvenu a notre connaissance aucun 
empechement canonique vu le certificat fourni 
par Monsieur le curé de St mars de la reorte pour le
contractant, a michel moreau fils mineur de deffunt
Mathurin Moreau et de Marie agneau
ladite marie agneau et michel moreau sont
authorisés par charles auves leur mari et beau pere
demeurant a la peulie paroisse de St mars de la
reorte, et a perrine Roy fille mineure de René Roy
et de Mathurine Guitton demeurant a la brechouere
de cette paroisse en presence de charles auves beau
pere du contractant, d'andre Poupin son oncle,
de René Roy pere de la contractante de 
françois pasquier son oncle qui ont declare ne 
scavoir signer
Mariage de Mathurin Moreau et Marianne Roy
je soussigné ay cejourdhuy cinquieme juillet de lan 
1746 donné la benediction nuptiale apres les 
publications faites par trois dimanches ou fetes 
consecutifs sans quil soit parvenu a notre connaissance 
aucun empechement canonique et vu le certificat 
fourni par Monsieur le curé de St mars de La reorte pour 
le contractant a Mathurin Moreau fils mineur 
de deffunt Mathurin Moreau et de Marie agneau
demeurant a La brechouere de cette paroisse
ladite marie agneau et Mathurin Moreau sont
authorisés par charles auves leur mari et beau pere
demeurant a la peulie paroisse de St mars de la
reorte, et a Marie anne Roy fille mineure de René 
Roy et de Mathurine Guitton demeurant a la metayrie
de la brechouere de cette paroisse en presence de 
charles auves beaupere du contractant, 
d'andre Poupin son oncle, de René Roy pere 
de la contractante, françois pasquier son oncle 
qui ont declare ne scavoir signer

On remarque au passage que les deux filles Roy épousent deux fils Moreau : restons groupés !
Les deux familles habitaient l'actuel hameau de la Bréchoire, aujourd'hui composé d'une dizaine de maisons et bâtiments agricoles. Facile d'imaginer où les futurs couples se sont connus. François a, quant à lui, parcouru davantage de distance : il est allé chercher sa promise à 11 kilomètres.