« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 31 mars 2018

#Centenaire1418 pas à pas : mars 1918

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de mars 1918 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
___ 

1er mars
Je suis évacué vers l’intérieur.

2 mars
Je suis dans les vapes la plupart du temps. Seules les quintes de toux me réveillent et me soulèvent de mon lit comme la terre autour d’un cratère lors d’une explosion d’obus.

3 mars
Entre deux phases de sommeil, j’aperçois les fameuses infirmières !

Infirmières © lefigaro.fr

4 mars
J’apprends que les mauvaises conditions de vie des soldats sont la cause de nombreuses bronchites.

5 mars
Un nouveau blessé du bataillon est arrivé : il m’a dit que je vais louper la revue du Roi d’Italie ! Il va remettre la médaille de la Valeur Militaire Italienne au commandant de Fabry-Fabrègues.

6 mars
Les hôpitaux de l’arrière sont installés à la hâte dans différents locaux : écoles, couvents, châteaux, hôtels, ou simple demeure quand il n’y a plus que ça…  Mais dans les brumes de la fièvre je n’arrive pas vraiment à identifier l’usage premier de « mon » hôpital !

7 mars
Je vois passer d’un pas pressé médecins, chirurgiens, aumôniers. Et au milieu les infirmières, bien sûr.

8 mars
Tous les jours arrivent de nouveaux blessés : fractures à réduire, contagions à circoncire, blessures à panser. C’est une autre sorte de champ de bataille ici.

9 mars
Certains crient, d’autres sont silencieux, habités par les visions de luttes, fatigues, sang et boue.

10 mars
Ici il y a les vivants et puis les morts : nos camarades déchiquetés sur les champs de bataille rôdent entre nos lits. Est-ce la mémoire ou la fièvre ?

11 mars
On devine les batailles à l’afflux de blessés qui arrivent d’un coup. Quand il y en a trop, le manque se fait sentir : pansements, médicaments, médecins même se raréfient.

12 mars
Tous les jours des lits se libèrent, mais ce n’est pas toujours une bonne nouvelle : certains repartent au front, d’autres nous quittent les pieds devant…

13 mars
La population locale nous aide, en portant à l’hôpital de fortune où nous sommes des draps, des couvertures, des marmites, des sceaux, du pain, des légumes, etc… [1]

14 mars
Lors des grandes batailles les médecins sont débordés : un seul doit voir plusieurs centaines de blessés. Il n’a pas le temps de finir son examen qu’on l’entraîne vers un autre lit. La mortalité est effrayante. [1]

15 mars
Parfois personne n’a le temps de changer les pansements : souillés de terre ou de sang, ils dégagent une odeur nauséabonde. [1]

16 mars
Il paraît que la Bataillon a reçu une citation pour avoir protégé les villages et la population et qu’on est « acquitté de notre mission avec un zèle et une habileté au-dessus de tout éloge ».

17 mars
Les services religieux font le plein, même auprès de ceux qui, avant guerre, avaient tendance à un certain laisser-aller religieux : prières, invocations, vœux pieux, tout est bon pour s’attirer la protection divine. [1]

Les blessés sortent de la chapelle de l’hôpital, 1915 © Léon Jouhaud

18 mars
De pieuses dames visiteuses viennent voir les blessés, distribuant médailles, gâteaux ou tabac. D’autres s’investissent davantage et deviennent infirmières… [1]

19 mars
Certaines mauvaises langues affirment que c’est le costume qui a attiré les femmes vers cette activité d’infirmière, mais leur bonne volonté et leur charité étaient souvent leur première motivation. Je rends hommage à leur dévouement. [1]

20 mars
Le sous lieutenant Castet, évacué pour maladie, me donne des nouvelles du bataillon qui se prépare à remonter en ligne.

21 mars
Maman écrit : la vie est de plus en plus chère. Les prix ont augmenté d’une manière folle.

Vie chère, 1918 © Gallica

22 mars
Certains médecins sont parfois navrés de leur impuissance devant des blessures horribles. [1]

23 mars
Bravement, ces infirmières improvisées triomphèrent de leur répugnance du début et apprirent à ne pas se froisser du langage parfois cru des Poilus blessés ! [1]

Aux bons soins de dames charitables, 1915 © Léon Jouhaud

24 mars
L’anarchie dans les hôpitaux des débuts de la guerre s’est peu à peu calmée : l’organisation, les soins, les médecins et infirmières se sont nettement professionnalisés. [1]

25 mars
On alterne des jours où il ne se passe presque rien et d’autres où des trains déversent soudain 500 blessés !

26 mars
Au début, je pensais que les toubibs étaient des planqués à l’arrière. Aujourd’hui je constate la tâche essentielle et harassante qu’ils effectuent chaque jour.

27 mars
Je tousse de moins en moins : si je ne suis pas encore guéri, c’est quand même une bonne nouvelle…

28 mars
Les valides peuvent aller clopin-clopant faire leur toilette le matin, leurs serviettes sur le bras, le savon en main. Pour les autres, les infirmières faisaient leurs soins avec une cuvette d’eau, allant de lit en lit. [2]

29 mars
Parfois, oubliant ce qui nous avait amené là, nous jouions comme des enfants, nous aspergeant d’eau lors de la toilette, riant et chantant. Le retour de la salle commune nous ramenait bien vite à la réalité, hélas.

30 mars
Les anciens initient les bleus aux habitudes de la salle commune : ne pas fumer, ne pas jouer de l’argent à des jeux de hasard ou aux cartes, ne pas jeter des papiers par terre, etc… [2]

Hôpital © voyageurs-du-temps.fr

31 mars
Après le déjeuner un serviteur a fait tomber une pile d’assiettes dont l’une s’est brisée avec fracas. Beaucoup ont tressailli et tremblé croyant entendre d’autres bruits, ceux du temps du front… [2]


[1] Inspiré de "Souvenirs de guerre" de Léon Jouhaud.
[2] Inspiré de "Souvenirs d’une infirmière" de Julie Crémieux


samedi 24 mars 2018

Dis-moi dix mots 2018

C'est la Semaine de la Langue Française et de la Francophonie ! Dans ce cadre, l'édition 2018 de "Dis-moi dix mots" a pour thématique l'oralité et invite chacun à s'interroger sur les multiples usages de la parole : "Dis-moi dix mots sur tous les tons".  Ces dix mots sont choisis par les différents partenaires francophones : la France, la Belgique, le Québec, la Suisse et l'Organisation internationale de la Francophonie (qui représente 80 États et gouvernements).
Parler, c'est mobiliser la voix, le ton, l’accent : autant de ressources qui créent un espace de liberté où l’improvisation a toute sa place
Parler, c’est partager. La parole va de pair avec l’écoute.
Parler, c’est transmettre, par la voie de la littérature orale : mythes, légendes, contes… On a tous une histoire à raconter !
Parler, c’est parfois même parler pour ne rien dire, de tout et de rien, de choses et d’autres…
Parler, c’est surtout un plaisir : le plaisir de la réplique que l’on savoure au moment de la prononcer, du bon mot que l’on a sur le bout de la langue.

Bien sûr, j'ai adapté ce défi francophone à la généalogie !



Oralité et généalogie ? Impossible me répondez-vous. La généalogie ce n’est que de l’écrit : des actes, des vieux papiers, des plans… 

Mais non bien sûr ! Car le généalogiste qui étudie tous ces documents est dépositaire de la tradition mais ne la garde pas pour lui. Il la transmet et devient ainsi griot [1] – ou griotte (rien à voir avec la cerise… quoique la cuisine ancestrale se raconte tout aussi bien : suivez mon regard…).
Tantôt ce n’est que pauvre jactance [2] : des bavardages inutiles qui usent la patience du généalogiste chercheur de vérité. 

D'autres fois c'est un bruit infernal où les sources se mêlent en abondance. Le généalogiste devient alors volubile [3]. Il paraît même que certains crient leur bonheur dans la solitude de leur bureau ou exécutent une folle danse de la joie. Et pour ne pas continuer à se parler à eux-mêmes, isolés dans leur coin, ils peuvent même leur arriver d’ouvrir un blog pour raconter leurs trouvailles et les partager. Ils deviennent alors passeurs d’histoires. 

De temps à autre c’est l’ancêtre lui-même qui nous interpelle, lors de curieux rendez-vous intertemporels : « Ohé ! » [4] et, sans transition, le (ou la) voilà qui se met à raconter sa vie avec plus ou moins de bagou [5]. Il faut alors être attentif, car son accent [6] peut vous faire perdre le fil de son babillage si vous n’êtes pas familier de sa langue. Mais pour lui/elle, peu importe : il/elle continue à placoter [7], avec un plaisir particulier pour les anecdotes insolites ou les épisodes de la grande histoire, c’est selon… Leurs souvenirs sont truculents [8], joyeux, sombres parfois. Mais ce sont leurs histoires. Leurs vies.

Tantôt, enfin, il faut tendre l’oreille pour saisir ce que nous susurrent [9] nos ancêtres : l’encre a pâlie, une tâche obscurcit la page du registre tant convoitée ou bien les actes sont très mélangés. Il est alors fort difficile d’entendre leurs voix [10]. Celles-ci ne sont plus que de minces filets, des murmures. Murmures d’ancêtres, évidemment ! ;-)

Mais bruyants ou plus discrets, nos ancêtres ont bien des choses à nous dire. Alors écoutons-les. Et transmettons à notre tour leur parole.


Source des définitions, Le Petit Robert 2017 :

[1] Griot, Griotte
[gʀijo, gʀijɔt] nom
étym. vers 1680 ; guiriot 1637 ◊ peut-être portugais criado, de criar « nourrir, éduquer »
  En Afrique, Membre de la caste de poètes musiciens, dépositaires de la tradition orale. « Les griots du Roi m'ont chanté la légende véridique de ma race aux sons des hautes kôras » (Senghor).
 homonyme : Griotte.

[2] Jactance
[ʒaktɑ̃s] nom féminin
étym. 1876 « parole » ◊ de jacter
  FAM.,VIEILLI Bavardage.

[3] Volubile
[vɔlybil] adjectif
étym. 1812 ; « changeant » début xvie ◊ latin volubilis
1  Bot. Se dit d'une tige grêle qui ne peut s'élever qu'en s'enroulant autour d'un support.
▫ Plante volubile, à tige volubile. Le sens d'enroulement des plantes volubiles peut être dextre (liseron) ou sénestre (houblon).
2  (1897 ; voluble 1824) Courant. Qui parle avec abondance, rapidité.  bavard*, loquace. Être volubile (cf. Avoir la langue* bien pendue). « Éloquente, grandiloquente, volubile, […] agitant autour d'elle des paroles nombreuses » (Colette). « Elle se lança dans une volubile explication » (Martin du Gard).
▫ Adverbe volubilement. « une voix de femme qui parlait volubilement » (Le Clézio).
 contraire : Silencieux

[4] Ohé
[ɔe] interjection
étym. 1834 ; 1215 ◊ latin ohe
  Interjection servant à appeler. Ohé ! là-bas ! Venez ici. Ohé, les gars !

[5] Bagou
[bagu] nom masculin
étym. fin xviiie ; bagos xvie ◊ de bagouler « parler inconsidérément » (1447) ; de 2. goule
  Loquacité tendant à convaincre, à faire illusion ou à duper.  faconde, loquacité,
fam. tchatche, volubilité. Avoir du bagou, un bon bagou ( baratineur).
▫ On écrit aussi bagout. « Elle ne le cédait à aucune marchande du carreau pour le bagout » (Nerval).

[6] Accent
[aksɑ̃] nom masculin
étym. 1265 ◊ latin accentus
 I.
3  (1549) Signe graphique qui note un accent (langues anciennes ; espagnol, langues slaves, etc.).
▫ Signe qui, placé sur une voyelle, la définit (en français). E accent aigu [aksɑ̃tegy] (é : fermé) ; grave (è : ouvert), circonflexe (ê : ouvert ; plus long à l'origine).
▫ Signe diacritique analogue (à ; où).
▫ Caractère typographique correspondant à un accent graphique.
 II.
1  (1559) Ensemble des inflexions de la voix (timbre, intensité) permettant d'exprimer un sentiment, une émotion.  inflexion, intonation. « L'accent est l'âme du discours » (Rousseau).
III.
 (1680) Ensemble des caractères phonétiques distinctifs d'une communauté linguistique considérés comme un écart par rapport à la norme (dans une langue donnée). L'accent lorrain, du Midi, normand. Avoir l'accent italien, anglais (en français) ; l'accent français (en espagnol). « C'est ce qu'elle me dit en français, avec son accent de rocaille et de chant, cet accent italien des films qu'on aimait » (V. Olmi).
▫ Absolument Prononciation qui diffère de la norme et qui est rattachée à un fait géographique. Avoir un léger accent. Perdre son accent. Spécialement L'accent du sud de la France (pour les locuteurs du Nord). Parler avec l'accent ([avelasɑ̃]).

[7] Placoter
[plakɔte] verbe intransitif  
étym. 1900 ◊ de placoter « patauger » et « s'amuser à des riens », métathèse de clapoter
  (Canada) Fam. Bavarder.  2. causer, converser, papoter ; régional jaser. Elle « placote avec bonheur, elle parle de tout ce qui se passe » (M. Laberge).
  Cancaner.  régional mémérer. « On a tellement placoté sur son compte dans la famille » (Y. Beauchemin).
▫ Nom masculin (1909) placotage.

[8] Truculent, ente
[tʀykylɑ̃, ɑ̃t] adjectif
étym. fin xve, repris xviiie ◊ latin truculentus « farouche, cruel »
1  Vieux. Qui a ou qui veut se donner une apparence farouche, terrible. « Des gaillards à mine truculente […] frappaient sur les tables des coups de poing à tuer des bœufs » (Gautier).
2  (1872) Mod. Haut en couleur, qui étonne et réjouit par ses excès. Un personnage truculent.  pittoresque.
▫ (Choses) La prose truculente de Rabelais.  savoureux.

[9] Susurrer
[sysyʀe] verbe
étym. 1539 ◊ bas latin susurrare, onomatopée
1  Verbe intransitif Murmurer doucement.  chuchoter. « Sa voix fade susurrait, comme un ruisseau qui coule » (Flaubert).
2  Verbe transitif « Elle susurre quelques mots que je n'entends pas » (C. Orban).

[10] Voix
[vwɑ] nom féminin
étym. fin xe ◊ du latin vox, vocis  vociférer
I. Phénomène acoustique
Son humain
1  Ensemble des sons produits par les vibrations des cordes vocales. Émission de la voix.  articulation, phonation, voisement ; vocal. Altération, modification de la voix (enrouement, extinction de voix, mue). Perte de la voix : aphonie, mutité, mutisme. Être sans voix : être aphone ; fig. rester interdit sous l'effet de l'émotion.  muet.
  la voix, organe de la parole. De vive voix : en parlant ; oralement. Je le remercierai de vive voix. Parler à voix basse, à mi-voix, à voix haute ; à haute et intelligible voix. Élever* la voix. Couvrir la voix de qqn, en parlant plus fort que lui. Baisser la voix. Reconnaître la voix de qqn, reconnaître qqn à sa voix. « L'inflexion des voix chères qui se sont tues » (Verlaine). Tousser pour s'éclaircir la voix. Par extension « Les énormes voix des haut-parleurs » (Camus).
▫ Cin. Voix dans le champ*, hors champ* ; voix in, off*.
▫ La voix, exprimant les sentiments, les émotions. D'une voix gaie, gouailleuse, autoritaire.  2. ton.
▫ Voix de synthèse, voix artificielle, reconstituée par des moyens informatiques.
IIII. Abstrait
1  Ce que nous ressentons en nous-mêmes, nous parlant, nous avertissant, nous inspirant.  appel, avertissement, inspiration. La voix de la conscience, de la nature. La voix du sang*. La voix de la raison.  avis, conseil. Les voix intérieures.


Retrouvez les billets rédigés dans la cadre de l'opération Dis-moi dix mots sur ce blog en 2017 et 2015.


samedi 17 mars 2018

#RDVAncestral : La mort noire

Je me dirige vers la demeure de Pierre. Je sais qu’il m’attend, sans doute assis sur le banc devant la maison, comme à son habitude. En effet : il est bien là.

- Je te remercie de me recevoir et d’avoir accepté de me raconter tes souvenirs… même si je sais que cela doit être un peu pénible pour toi.
- Ça ne fait rien. De toute façon j’y pense souvent. J’étais petit : une dizaine d’années, mais je m’en souviens comme si c’était hier. Nous habitions au hameau de Fremoulin, dans la paroisse de Villevêque [1]. Je me suis réveillé : c’était en plein jour. Ce qui était surprenant : je ne dormais jamais en plein jour. Mais ce réveil était spécial : j’avais l’impression de sortir d’un cauchemar. Je n’ai pas de souvenirs précis, mais l’impression d’une grande faiblesse. Petit à petit je me suis rappelé que tout avait commencé par des démangeaisons, puis des taches noires apparues sur ma poitrine et sur mes bras, enfin le gros bouton sous mon aisselle qui faisait si mal. Après j’ai eu beaucoup de fièvre, je toussais et même j’ai vomi du sang. Et puis j’avais soif : c’était le pire, la soif : même en buvant beaucoup, j’avais toujours aussi soif. C’était terrible ! Parfois je sommeillais, parfois j’étais réveillé. Ma mère s’occupait de moi.
Ce que j’ai vu dans les yeux de ma mère avant que je ne perdre totalement conscience, je ne l’oublierais jamais. C’était pas la peste : c’était la peur. La peur d’une mère qui voit la mort prendre son fils.
Après, on a appris que la peste avait frappé la population par milliers, par dizaine de milliers peut-être. Dans les fermes, la moitié des métayers et des journaliers y avaient succombé. D’où le nom de « mort noire » qu’on lui a donnée.

Peste © commons.wikipedia.org

Après un silence, Pierre repris :
- Comme je te l’ai dit, quand je me suis réveillé, ce qui était venu en premier c’était l’étonnement de ce jour qui éclairait la pièce. Je me suis assis dans mon lit. La tête me tournait. J’étais sans force. Il m’a fallu un petit moment pour réussir à me lever.  
Dans la pièce commune, puis autour de la maison j’appelais ma mère. Je me rappelais alors qu’elle aussi avait fini par tomber malade, ainsi que mon père et ma petite sœur [2]. J’ai eu une grande peur soudain : étaient-ils encore vivants ? La maison était plongée dans le silence. Le hameau tout entier aussi d’ailleurs. Pourtant c’était le milieu de l’après-midi, d’après la position du soleil, une heure où l’air devrait vibrer de vie : les paysans qui passent avec leurs outils sur l’épaule, le grincement d’une roue de charrette, les conversations échangées en passant, la vache qui meugle au loin, les poules qui caquètent se disputant le grain… or je ne percevais aucun son !
Au bout d’un moment mon petit frère, Petit René, est arrivé :
- Tu es vivant !
Un voisin est entré :
- Que fais-tu debout Jeune Pierre ! Comment te sens-tu ?
- Où est ma maman ?
Le voisin a baissé les yeux.
- Maman est partie, a répondu Petit René.
Aussitôt j’ai été assommé, comme si j’avais reçu un coup sur la tête. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans ma mère.
Le voisin entreprit une pénible tâche :
- Et ce n’est pas tout mon pauvre petit : ton père lui aussi il est parti, ainsi que ta petite sœur. Il ne reste que toi, les deux petits et le bébé. C’est toi l’homme de la famille maintenant !
Il me fallut un moment pour comprendre ce que disait ce brave voisin : comment accepter, lorsqu’on a dix ans seulement, que tes parents soient partis subitement, te laissant seul avec tes petits frères et sœurs.
Plus tard, je voulus aller au cimetière voir leurs tombes. Hélas, on m’apprit qu’au bout d’un moment on avait cessé de célébrer des funérailles. La population était trop terrifiée à cause de la contagion : on évitait les rassemblements. On se contentait de laisser les cadavres sur le bord de la route : les « porteurs de cadavres » ramassaient les corps pour les transporter dans des fosses communes. En plus, le curé avait disparu une nuit, sans qu’on ne sût jamais où il était allé : effrayé lui aussi, il s’était enfui ! [3] Mais un curé tout de même ! Bref, impossible de savoir où reposait mes parents et ma sœur.
- Combien de temps suis-je resté au lit ?
- Deux semaines. Tu as été affreusement malade.
Je me demandais pourquoi j’avais survécu à la maladie alors que l’immense majorité y succombait. Certains, c’est vrai, ne l’attrapaient pas. On ne savait pas pourquoi : c’est comme s’ils étaient protégé par quelques forces mystérieuses. Les rares chanceux l’étaient doublement car c’était un mal que l’on n’attrapait jamais deux fois ; ça je l’ai appris plus tard.
Comme je ne pouvais pas rester seul à m’occuper de mes frères et sœurs  (ils avaient 7, 4 ans et 4 mois) on m’envoya chez un lointain cousin qui avait accepté de me prendre en charge : c’est comme ça que je me suis retrouvé à Angers.
Je me souviens de ce jour sinistre où j’ai rejoint la grande ville à l’arrière d’un chariot : les villages et hameaux étaient vides. Même dans cette immense cité le silence régnait encore.
Combien étaient mort ? Un tiers de la population ? La moitié ? Les rares personnes que l’on croisait étaient hagardes, étonnées d’en avoir réchappé. Certains secouaient la tête ou se mettait soudain à pleurer.
- ils sont morts.
- ils sont morts.
- ils sont morts.
C’était la phrase qu’on entendait le plus souvent. La plupart du temps les rues étaient vides : soit les gens étaient morts, soit ils se cachaient chez eux.

Un nouveau silence passa, que je n’osais briser. Pierre s’abîmait dans ses tristes souvenirs, sans doute maintes fois ressassé. Puis il reprit le cours de son récit, de façon un peu décousue mais sans doute suivait-il les méandres de sa mémoire :
C’est un mal dont on meurt dans les cinq jours en général, souvent moins. Des familles entières avaient disparues. Dans les campagnes, les maisons désertes n’abritaient plus que des cadavres en décomposition. Parfois on croisait un enfant en pleurs qui cherchait ses parents. Le bétail, décimé lui aussi, jonchait les champs.
- Quel était le remède ? Que préconisaient les médecins en ville ?
- Ils priaient, chantaient des cantiques, pratiquaient des saignées, faisaient payer une fortune pour ces soins inutiles car tout ce que l’on tentait restait sans effet. A ma connaissance,  ils n’ont guéri personne. Il y a une seule chose que l’on pouvait faire…
- Quoi ?
- On s’est vite rendu compte que la peste se transmettait d’une personne à l’autre ; comme la plupart des maladies, mais le voisinage était essentiel: si quelqu’un l’attrapait, ses proches étaient rapidement touchés aussi. Les réunions de personnes, les marchés et même les offices ont été déconseillés pour éviter la propagation de la maladie.
- Et la seule chose que l’on pouvait faire alors ?
- Partir le plus loin possible. Comme on dit : « Pars sans attendre, parcours une longue route et ne revient pas avant longtemps ».
C’est une loterie : pile ou face, la mort ou la vie.
Ça commence par un éternuement, puis on crache du sang et la semaine suivante vous êtes six pieds sous terre. Du coup, dès que quelqu’un se mettait à éternuer, c’était l’hystérie « la peste ! Il a la peste ! » ; même si ce n’était qu’un simple rhume.
Partout les cimetières étaient devenus trop petits : on en avait aménagé d’autres un peu plus loin : on les reconnaissait aux monticules de terre marquant les tombes fraîchement creusées.
Même les seigneurs n’étaient pas épargnés et eux aussi mourraient par dizaine. L’inquiétude se lisait sur les visages des rares survivants. Nombre de terres n’éteint plus cultivées à cause des nombreux journaliers ayant succombé à l’épidémie. Avant la peste, le pays n’avait jamais connu de pénurie de main-d’œuvre. Au contraire, dans bien des villages, c’était le travail qui manquait. Après c’était totalement l’inverse. Partout on s’inquiétait des récoltes à cause de la peste qui avait décimé les paysans.
Puis, petit à petit la peste connut un répit. On s’aperçut que les gens continuaient à mourir, mais ils étaient beaucoup moins nombreux à tomber malades. Quand enfin un jour on ne compta qu’un seul décès, l’euphorie régnait presque.
La vie a reprit son cours : les paysans travaillaient à nouveaux leurs cultures dans les champs, les marchés avaient rouvert, les églises étaient pleines, enfin pleines des survivants. Les gens se remettaient des ravages de la peste à une vitesse étonnante, comme s’il ne s’était rien passé. Pourtant, près de la moitié de la population avait été emportée.
Bien sûr, il y eu des récidives, mais elles ne furent jamais aussi virulentes que cette épidémie de l’été 1640. Celle qui me laissa orphelin et bouleversa profondément ma vie.

Pierre hésita un instant :
- Parfois j’ai pensé que j’aurai aimé être emporté avec mes parents… Mais au lieu de ça, j’ai vécu une longue vie : près de 80 ans, te rends-tu compte ? J’ai eu deux épouses, 8 enfants et de nombreux petits-enfants. Mais je ne saurai jamais pourquoi j’ai été épargné cet été là…

Je quittais Pierre, non sans le remercier de m’avoir fait partager un moment douloureux de sa vie. Moi non plus je ne savais pas pourquoi il avait été épargné cet été là… Mais sans cela, je ne serais pas ici aujourd’hui…



[1] Maine et Loire
[2] Magdelaine Aubry est décédée le 29 septembre. Son mari, Pierre, est décédé avant elle,  le 8 du même mois. Une jeune fille, Marie Ouvrard est décédée de la même façon  (« de contagion ») le 27, sans que des liens de parenté soient précisés ; mais pour l’histoire on peut prendre la liberté d’imaginer qu’elle était de la même famille.
[3] Véridique ! Si l’on en croit le Dictionnaire historique… de Célestin Port.

lundi 5 mars 2018

Pension de guerre

Je connais Modeste Boissinot depuis longtemps : elle fait partie des premiers ancêtres dont j’ai été photographier les actes directement sur place (avant la mise en ligne des registres sur internet). C’était mon premier « voyage généalogique », en l’occurrence dans les Deux-Sèvres. A Saint-Amand-sur-Sèvre pour elle, mais aussi dans les communes limitrophes du département ou de la Vendée voisine pour d’autres. Elle est mon ancêtre à la 8ème génération (sosa n°230). Au fur et à mesure des années, j’ai complété les informations que j’avais récoltées sur sa vie :
- Actes de naissance/décès,
- 3 mariages,
- 4 enfants trouvés,
- domiciles,
- emploi,
- etc…

Mais il reste des zones d’ombres, bien sûr…
Je sais donc qu’elle est donc née aux Châtelliers-Châteaumur (Vendée) en 1766. A partir de 1789 elle s’est installée à Saint-Amand avec son premier époux Jacques Barret, qui était de la paroisse. De lui elle a eu deux enfants. Mais il décède pendant les guerres de Vendée, en 1793 semble-t-il. Bien que mère de deux jeunes enfants de 2 et 4 ans, elle attend 8 ans pour se remarier.
En 1801 elle épouse François Bertrand (mon ancêtre direct) dont elle a deux enfants nés en 1803. Mais dès 1804 elle se retrouve à nouveau veuve avec 4 enfants à charge (16, 14, 1 ans). A ce moment-là je sais qu’elle est bordière à Saint-Amand, mais j’ignore si elle s’occupe seule de la borderie ou si elle est en association avec quelqu’un d’autre ; dans cette hypothèse cela ne peut pas être son père (décédé en 1803), ni son beau-père (décédé en 1801), je ne lui connais pas de beau-frère (mais cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas) et quand à ses frères ils semblent être restés en Vendée. Peut-être y a-t-il des personnes extérieures à la famille, comme des domestiques ou valets de ferme ? En 1812 son fils aîné, âgé d’environ 22 ans, est dit cultivateur : peut-être travaillent-ils alors ensemble ?
Après le décès de son deuxième époux, elle attend 13 ans pour se marier une troisième fois, en 1817, avec Louis Marie Foulonneau qui est domestique ; ses enfants ont alors 28, 26 et 12 ans. Elle est dite fermière. Son fils aîné s’est marié en 1812, sa fille peut-être vers 1820 (ou avant ? date non connue), mais les deux petits sont sans aucun doute encore avec elle. Cette ultime union restera sans postérité semble-t-il, ce qui n’est gère étonnant : elle a désormais 50 ans.
Elle décèdera au bourg de Saint-Amand à 72 ans, en 1839.

C’est beaucoup et peu à la fois. Les archives paroissiales de Saint-Amand ont disparu et celles de la période révolutionnaire sont largement lacunaires. Sur le site des archives départementales, il n’y a pas de recensement en ligne antérieur à 1836 pour ladite commune, pas de tables de succession ou d’archives notariales : ma marge de manœuvre pour dénicher des informations supplémentaires reste donc assez mince.

Cependant, au hasard de mes lectures de blogs généalogiques, voilà que je retrouve la trace de Modeste Boissinot grâce Raymond Deborde (@RayDeborde), auteur du blog L’arbre de nos ancêtres. Raymond a été directement aux archives éplucher (courageusement) les registres de veuves ou blessées suite aux guerres de Vendée. Et voilà qu’il y a déniché ma Modeste !

Revenons sur le contexte : en 1812 Jacques Barret, fils de Jacques Barret et de Modeste Boissinot se marie (avec une femme aussi prénommée Modeste, soit-dit en passant…). Dans son acte de mariage il est dit que son père est décédé à Saint-Amand en 1793. Comme il n’y a pas de registre antérieur à l’an VI (1798) dans cette commune, je n’ai pas trouvé le décès de Jacques père. Je ne connais pas les circonstances de son décès, mais je n’ignore pas que la période est fort troublée dans ce pays à cheval sur la Vendée, les Deux-Sèvres et le Choletais… Je soupçonne donc les guerres de Vendée, mais sans preuve.
En 1804, c’est Modeste elle-même qui déclare le décès de son deuxième mari. C’est un fait assez rare pour une femme (action en général « réservée » aux hommes). Déjà, je m’étais dit que c’était une femme de caractère. Le fait que je n’ai pas trouvé d’homme dans son entourage pour gérer la ferme avec elle va d’ailleurs dans ce sens.

Lorsque le roi Louis XVIII arrive au pouvoir en 1814, il crée une commission afin de récompenser les soldats qui lui ont été fidèles, notamment pendant les guerres de Vendée. Parmi les survivants, beaucoup sont devenus « nécessiteux » car, blessés pendant les combats, ils ne peuvent plus travailler. Il reste aussi beaucoup de veuves, dont les époux ont été tués au combat, voire des blessées lorsqu'elles se sont elles-mêmes battues (voir l'article de Raymond). Les demandeurs/demandeuses étaient souvent dans une situation précaire, dans le besoin, voire carrément « indigentes » ou « pauvresses » pour les veuves n’ayant plus d’homme dans leur entourage pour les aider.

C’est probablement le cas de Modeste : elle a 25 ans lors du décès de Jacques, deux enfants de 3 et 4 ans, pas de famille proche. Lorsque la commission se met en place, elle a 48 ans, est veuve en secondes noces et deux ou trois enfants à charge.

La commission adresse l’ordonnance royale aux maires, qui sont chargés d’établir les dossiers de demande de pension. Après examen, ces pensions sont accordées (ou non). J’ignore cependant comment les maires ont établi leurs listes : Y a-t-il eu un appel général par voie d’affichage ou autre ? Est-ce que les prétendant(e)s se sont manifestés d’eux-mêmes ?
Bref, je n’ai guère été étonnée d’y voir apparaître Modeste : dans une situation précaire, mais sans doute non dénuée de caractère, elle a fait valoir ses droits. Comme les autres, elle a rédigé (ou fait rédiger car il semble qu’elle soit illettrée) une demande manuscrite relatant les états de services de son défunt mari, un extrait de registre de baptême, un certificat d’indigence certifié par le maire, et différents papiers notamment militaires. [1]

Raymond a compulsé deux types de registres, réalisés par arrondissements (chacun classés et renseignés un peu différemment) :
- Le premier vient du Ministère de la Guerre et s’intitule « État nominatif de trois cent soixante quinze veuve de Militaires de l’Armée vendéenne et femmes blessées auxquelles sa Majesté* a accordé des pensions par ordonnance » (* il s'agit de Louis XVIII)
- Le second s’intitule « État de propositions pour pensions annuelles à accorder aux veuves des militaires blessés de l’armée vendéenne ».

Ces documents nous apprennent différents éléments :
- que Modeste demeure toujours à Saint-Amand.
- que les rédacteurs des registres n’étaient pas trop regardants sur l’orthographe des patronymes (Baret pour Barret et Birssinot pour Boissinot !),
- que Jacques était simple soldat (mais du côté du roi donc),
- que Modeste était déclarée « indigente »,
- que Jacques est décédé à Luçon (et non à Saint-Amand comme je le croyais jusque-là),
- que la demande de pension de Modeste a été « brevetée », ce qui signifie probablement qu’elle a été acceptée : elle touchera 40 francs. Les a-t-elle reçus ? Ça c’est une autre histoire. Théoriquement les pensions ont été versées à partir de 1818. Mais, au fil des ans et des nombreux changements de régimes politiques, les dossiers ont souvent été classés sans suite ou le versement suspendu. Par ailleurs, une ordonnance de 1823 vient corriger le premier texte et impose que les veuves ne soient pas remariée. Or à cette date Modeste s’est déjà remariée deux fois ! Finalement, en 1832 Louis Philippe, souverain arrivé au pouvoir avec la Monarchie de Juillet (1830/1848), a complètement supprimé ces pensions. [1]


40 francs à l'effigie de Louis XVIII,1818 © coinshome.net

Par ailleurs, on découvre que Jacques est décédé à Luçon : cette petite ville qui se situe dans le Sud du département de la Vendée a connu trois batailles au cours de l’année 1793, en juin, en juillet et en août. Chacune de ces batailles a vu la victoire des républicains, avec un nombre élevé de blessés et de morts (notamment la dernière qui en comptabilise à elle seule plusieurs centaines). Dans les documents compulsés par Raymond, on dénombre 30 veuves dont les époux sont tombés à Luçon. Ces documents ne comportent néanmoins pas assez de détails pour savoir quand exactement est décédé Jacques. Je ne l’ai pas trouvé figurant sur les registres de décès de Luçon, notamment après la bataille d’août où le directeur de l’hôpital déclare un grand nombre de décès. J’ignore également le sort de Modeste, dont le mari s’est visiblement battu du côté des républicains, dans ce pays de chouans : en a-t-elle souffert ? Cela reste un mystère.

Est-ce pour cela que Modeste a attendu 8 ans avant de se remarier ? Parce qu’elle n’était pas bien vue ? Ou simplement parce qu’il n’y avait plus beaucoup d’hommes à marier au pays, vue l’hécatombe provoquée par le conflit (François a 7 ans de moins que Modeste et il est originaire de Combrand, situé à une dizaine de kilomètres de Saint-Amand).

En 1804, ledit François deuxième époux a bien fait une déclaration de succession (déclarée le premier germinal an XIII) mais seules les tables sont en ligne sur le site des archives départementales et je n’ai pas de détail quand aux biens transmis ni aux héritiers.
Lors de ses troisièmes épousailles, un contrat de mariage a été rédigé par Modeste et Louis Marie, devant Me Roy le 10 février 1817 (enregistré le 20) : l’époux apporte en dot 500 francs, tandis que l’épouse apporte 940 francs ! Ce qui est, reconnaissons-le, assez loin de l’idée  que je me faisais de « l’indigence » déclarée cinq ans plus tôt.
Je ne l’ai pas trouvée elle-même lors de son décès en 1839 (lacunes 1834/1840 des tables de succession), ni aucun testament qu’elle aurait pu rédiger : je ne sais donc pas qui a hérité de ses biens, et la valeur de ceux-ci.

Quoi qu’il en soit, grâce à Raymond, j’ai pu lever un coin du voile sur la fin du premier époux de Modeste… même s’il reste encore bien des questions sans réponse.



[1] Source Demandes de pensions des soldats vendéens