« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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mercredi 7 février 2024

#Généathème : mémo archives

Tu n’es jamais allé faire des recherches généalogiques aux archives car elles t’intimident un peu ? Pas de panique ! Voici un court mémo pour t’expliquer comment on fait et te donner envie d’y aller (si ce n’était pas le cas). Selon les départements (ou municipalités) il peut y avoir quelques variantes à la marge, mais dans les grandes lignes le fonctionnement est identique partout. 

 

Vue partielle de la salle de lecture des archives départementales de la Creuse
au premier plan, les inventaires © coll. personnelle


D’abord l’inscription : c’est gratuit, il suffit d’une pièce d’identité. C’est le/la président(e) de salle (celui/celle qui est derrière le comptoir) qui l'enregistre. Tous les ans il faudra la renouveler, tout aussi simplement.

Tu t’installe à une table (ou bien c’est le président qui te désigne une place, selon l'usage local). Chaque place a un numéro : il te servira pour obtenir les documents.

Ensuite tu déposes une demande de cote (soit par papier soit sur un terminal informatique, ça dépend des départements) : tu indiques ton numéro de carte, celui de la place et la cote. Une cote = un document. Un document ça peut être un registre, une liasse de notaire, un plan, etc…. Chaque document est classé selon une série (exemple : la série E regroupe les actes concernant les familles, les notaires, l'état civil), éventuellement un numéro de sous série qui le précède (exemple 3 E pour les archives notariales) et un numéro d'article qui l’identifie (exemple 407, qui désigne un notaire et une date particulière). Le tout forme la cote (exemple : 3 E 407). Cette façon de classer les documents est appelé le cadre de classement.

En général, les archives fonctionnent par levée : la levée c’est quand le magasinier récupère toutes les demandes. Ensuite il va dans le magasin, cherche le carton ou le registre qui correspond. Puis il redescend en salle de lecture et là tu peux avoir accès à ton document. La levée peut avoir lieu toute les demi-heures ou 45 min ou… là aussi ça dépend des départements.

Donc, après la levée il faut attendre un peu que le magasinier ait tout récupéré et soit redescendu. Ensuite, soit tu viens chercher ton document, soit on l’apporte à la place ; là aussi ça dépend des dépôts d’archives.

Tu peux enfin consulter ton document.

Dans la plupart des archives, tu peux demander plusieurs cotes à chaque levée (ex : maximum 5 documents par levée) mais on ne te laisse regarder les documents sur ta table que un par un.

 

Cas n°1 : tu ne connais pas tes cotes à l’avance

Quand tu arrives en salle, il te faut regarder les inventaires. Ce sont de gros classeurs (ou un ordinateur) qui contiennent toutes les cotes (c'est-à-dire tous les documents conservés aux archives). En général on les repère assez facilement parce que l’ensemble prend du volume ; sinon le président de salle t’indiquera leur emplacement. Disons que tu cherches une liste de tirage au sort militaire : c’est la sous série 1R. Il y a plusieurs bureaux (par exemple un par canton). Tu identifie le canton qui t’intéresse et la date (dans ce cas : année de naissance de l’ancêtre + 20). Cela te donne les chiffres de fin de la cote : par exemple 128. La cote complète est donc 1R128. Il ne te reste plus qu’à reporter le numéro de la cote sur ta demande de document.

 

Cas n°2 : tu connais tes cotes avant de venir

Tu as fait un repérage sur le site internet des archives et tu as trouvé les inventaires (nommés "inventaires" mais peut-être aussi "états des fonds" ou "répertoires"). Ils sont organisés de la même façon qu’en salle, donc tu as identifié la série et la date qui t’intéresse. Tu as fait une liste des cotes que tu souhaites chercher. En arrivant aux archives, il te suffit de les indiquer sur tes demandes.

 

Cas n°3 : tu sais ce que tu cherches

Tu as trouvé ta cote (avant de venir ou sur place). Une fois que tu as récupéré ton document tu peux photographier la page qui t’intéresse (ou noter les infos sur un papier, chacun sa méthode) et passer au suivant. Ça va assez vite, finalement.

 

Cas n°4 : tu pars à l’aveugle

Par exemple, tu as beaucoup d’ancêtres dans un village. Il y a donc un maximum de chance pour que tu les trouve chez le notaire du coin (nos ancêtres passaient leur vie dans les études notariales, pour toutes sortes de raisons). Donc, tu repères la cote du notaire selon son lieu de domicile, la fourchette d’années où tes ancêtres ont vécu. Tu vas recevoir une liasse de notaire. Une liasse, c’est un tas d’actes (en général non reliés). Selon le mode de classement, la liasse peut contenir plusieurs années d’actes notariés ou juste quelques mois, ça dépend du volume : s’il y a peu d’actes, la liasse peut faire plusieurs années, et inversement. Disons que tu reçois l'année 1747 : tu peux alors passer en revue tous les actes voir si le nom de tes ancêtres apparaît (la plupart du temps le notaire a noté le nom des protagonistes et le type d’acte dans la marge, ça permet de les identifier plus aisément). La rechercher est plus longue que dans le cas précédent, mais cela laisse la place à la surprise. On y ait souvent de belles découvertes (inattendues, forcément).

 

En bref, c’est pas si compliqué que ça les archives, c’est juste une question d’habitude et si tu es perdu(e), le/la président(e) de salle est là pour d’aiguiller.

Si tu as l’occasion, je te conseille vraiment d’y aller. On y fait des découvertes très intéressantes et originales (puisque ces documents ne sont pas en ligne).

 

Mais qu’est-ce qu’on peut y trouver, aux archives ? Je dirais tout ce qui n’est pas en ligne ! Pour ma part, j’ai été chercher les fiches militaires de mes ancêtres avant les années 1860 (assez peu publiées en ligne pour cette période). C’est ainsi que j’ai découvert par hasard l’insoumission de Louis.

Je suis une grande adepte des actes notariés qui détaillent les vies de nos aïeux, leurs possessions (voir ici par exemple) ou la vie de leur paroisse (comme l’achat d’un droit de banc dans l’église) ; mais aussi les successions ou le cadastre pour retracer les possessions ancestrales.

En effet, le cadastre est un document réalisé à la base pour payer les impôts. Il est composé de deux éléments : les plans (qui peuvent être en ligne) et les états des sections (qui le sont moins souvent). Les plans c’est joli, mais ça ne te dit pas qui est propriétaire de quelle parcelle. C’est l’état des sections qui détaille le propriétaire, la nature de la parcelle (bois, pré, maison) et, pour les bâtiments, s’il y a plusieurs portes/fenêtres (car les impôts se payaient sur les ouvertures). Si tu veux savoir quelles terres/maisons avaient tes ancêtres, tu dois passer obligatoirement par les états des sections (qui sont, à mon avis, presque plus importants que les plans). Or bien souvent ils ne sont pas en ligne. Avec les plans seuls tu ne peux rien faire. Voir ici quelques exemples d’usage du cadastre en généalogie.

 

Pour finir, je n’ai qu’un seul conseil à te donner : va aux archives et fais-toi plaisir !

 

lundi 3 juin 2019

Calendes

Une fois n'est pas coutume, je vous présente aujourd’hui un petit outil que je trouve fort pratique. Il s’appelle « Calendes » et il permet de retrouver n’importe quel jour de la semaine, saint du jour ou fête religieuse à n’importe quelle date. Utile quand on se promène dans les méandres du temps comme nous le faisons, nous autres généalogistes.

Voici un exemple : je recherche depuis des années l’acte de décès de mon (arrière) mémé Berthe et enfin le Graal ! Le voici sous mes yeux. Mais le curé est facétieux et n’a pas souhaité me faciliter les choses : l’acte est daté de « l’Annonciation de l’an de grâce 1682 ». Et bien cela me fait une belle jambe ça !

J’ouvre aussitôt « calendes » et fait dérouler le calendrier jusqu’à trouver l’année correspondante : et hop ! en un clic je vois que l’Annonciation de l’an de grâce 1682 tombait le 25 mars. Je peux ainsi rentrer la date complète du décès de mémé Berthe dans mon logiciel de généalogie (parce que « Annonciation de l’an de grâce 1682 » il n’aimait pas trop en fait…).


Ça marche avec Pâques, fête mobile s’il en est, le solstice d’été ou encore le calendrier de l’Avent (pour les fans…), etc...

Dans l'exemple ci-dessous, j’ai affiché 1682 (et n’importe quel mois) : sur la partir droite de l’écran sont affichées toutes les grandes fêtes de l’année (on remarque que je n’ai coché ici que le fêtes chrétiennes) : ainsi pas besoin de dérouler tous les mois si on veut savoir quand tombait le début du carême cette année-là.



On peut choisir d’afficher les saints – ou pas.




Évidemment le calendrier républicain est disponible (en cliquant sur « correspondances entre calendriers » en haut à gauche), ainsi d’autres, plus exotiques : romain, éthiopien ou… pataphysique !




Et si l’astronomie vous passionne, ça marche aussi avec les levers de soleils ou les quartiers de lunes !




Si vos ancêtres viennent d’horizons lointains ou de religions différentes, on peut cliquer sur le calendrier juif, musulman ou orthodoxe.

Au fait ! J’ai failli oublier :
  • C’est gratuit (et ça c’est une bonne nouvelle)
  • Pour télécharger cliquez ici et choisissez Calendes ! 


En espérant que cet outil vous sera aussi utile qu'à moi...




    jeudi 26 octobre 2017

    #Généthème : A la découverte de nouvelles sources


    A la découverte de nouvelles sources, tel est le sujet du généathème du mois. Pour sortir des sempiternels registres paroissiaux, voire notariaux pour les plus audacieux, sortez de votre zone de confort, nous conseille Sophie de la @gazetteancetres, et explorez des sources inédites dans vos recherches.

    Alors j’ai fait un premier recensement rapide des sources que j’ai déjà compulsées : environ 80 documents différents ! Ma zone de confort est plutôt large. Je refais le même dénombrement, mais cette fois de façon exhaustive : je monte à plus d’une centaine. Et tout cela en tenant compte du fait que j’habite une région où aucun de mes ancêtres n’apparaît, ce qui fait que je suis entièrement dépendante des documents de famille ou disponibles sur internet. Donc, en attendant les pièces concernant la justice, par exemple, absolument jamais en ligne (en tout cas dans « mes » départements) et qui seraient, elles, véritablement inédites, je vous propose un tour d’horizon - presque complet - des sources que j’ai pu voir, avoir, utiliser pour constituer ma généalogie (en gras dans le texte) [1]. Évidemment, dans ces documents, il y a une grande part de hasard : les mises en lignes qui varient d’un département à l’autre, une trouvaille inattendue dans un registre, un généanaute qui vous indique une piste à suivre et, bien sûr, la vie même de mes ancêtres qui m’a amenée à explorer différents types de documents parce qu’ils y ont eu recours eux-mêmes au cours de leur existence.

    Des sources, des sources, des sources... © Coll. personnelle

    A noter : tous les mots suivi d’un astérisque* font l’objet d’une définition dans la page Lexique de ce blog.

    • La vie familiale
    Évidemment c’est par là que l’on commence en général. Je ne reviendrais pas sur l’intérêt des registres paroissiaux ou d’état civil (dit BMS* ou NMD*), les fondamentaux. Mais lorsque ceux-ci font défaut, on a parfois la chance de trouver un document qui peut pallier à son absence : les bans, un certificat de mariage ou un consentement parental peuvent remplacer un acte de mariage introuvable par exemple. Glissé entre deux pages des registres BMS/NMD ils peuvent nous indiquer éventuellement la date et le lieu du mariage, la raison de l’absence des parents qui habitent loin mais donnent leur consentement (vous avez remarqué ? les parents ne demeurent pas au même endroit que leur enfant : vous qui les avez cherché si longtemps en vain : en voilà l’explication…).
    Pour reconstituer la famille, les actes notariaux sont précieux bien sûr : contrats de mariage, testaments et codicilles sont les plus fournis en détails. Parenté, lieux d’habitation, fratrie…  mais pour reconstituer la vie de la famille il existe aussi les dispenses de consanguinité*, reconnaissance de dot (utile en particulier si le contrat de mariage est lacunaire), les successions… Si les enfants mineurs se retrouvent orphelins vous pouvez découvrir une demande de tutorat ou de procuration rédigée chez un notaire ou, comme c’est mon cas, dans les papiers de famille, une convocation du conseil de famille. Votre ancêtre a été blessé ou tué à la guerre : ses enfants ont peut-être été déclaré pupille de la Nation (j’en ai parlé ici).
    L’état civil de vos ancêtres est lacunaires : un petit tour par la presse, catégorie « état civil », qui vous annoncent naissances, mariages ou enterrements. Les papiers de famille ne sont pas à négliger alors fouillez votre grenier et ceux de votre parenté : faire-part de décès, livret de famille, certificat de décès, demande de congés maternité… Toutes ces sources ne sont peut-être pas égales en importance, mais peuvent étoffer votre histoire familiale.
    Les documents officiels qui recensent les populations vous donneront des indications : situation familiale, domicile, âge, profession, etc… Les plus connue sont les listes nominatives (couramment appelées recensements). Attention documents légèrement rébarbatifs et parfois « bourrés » d’erreurs : à recouper avec d’autres sources pour être sûr !  
    Il faut toujours garder à l’esprit que pour tous les documents il y a la lecture « positive » (celle que vous voyez) et la « négative » (celle qui est sous-entendue, mais non écrite). Ainsi, personnellement j’ai aussi découvert dans les recensements, en creux, des disparités régionales dans les façons de vivre (voir ici).
    Mais ces listes nominatives ne sont pas seules : il existe aussi, pour la Savoie (au sens large) par exemple, les capitations espagnoles*, mandements* ou état des âmes*. Dans la même veine, j’ai également trouvé un rôle d’imposition* en Aveyron.
    Autre témoignage « physique » : les tombes. Et comme les documents papier, il y a ce qu’elles disent et ce qu’elles ne disent pas. Les coutumes funéraires différentes selon les régions (plaques de porcelaine, couronnes de perles…). Et on peut aussi tomber (sans mauvais jeu de mot) sur un non-dit criant : à la recherche de la tombe d’un de mes ancêtres d’une génération proche, je m’aperçois finalement que sa veuve n’a jamais fait inscrire son nom sur sa tombe et qu’elle l’a mis là où il y avait de la place afin de ne pas prendre une nouvelle concession, c'est-à-dire dans le caveau de sa grand-mère à elle ; ce qui révèle beaucoup de choses sur l’entente dans ce couple, n’est-ce pas ?…
    Bon, si vous avez de nobles aïeux, d’autres que vous ont sûrement déjà travaillé sur votre branche patricienne : explorez la bibliographie, armorial, notices généalogiques en tous genres. Mettez-vous à l’héraldique* : blason*, sceau*, cachet*, seing manuel*… (voir ici). Cela faisait aussi partie de la vie de nos ancêtres. Et si, pour beaucoup, tout cela est aujourd’hui tombé en désuétude, leur importance autrefois n’est plus à démontrer.

    • La vie intime
    Au-delà de la reconstitution de la vie familiale, il y a ce que j’appelle la « vie intime ». Ce sont ces petites choses de rien mais qui, mises bout à bout, font une vie. Si vous en avez la possibilité (et la chance) ne négligez pas la mémoire familiale orale. Les souvenirs d’enfance, même s’ils sont brouillés, même s’ils sont inventés (je n’ai jamais eu d’ancêtre corse, contrairement à la légende familiale, comme je l’ai expliqué ici) sont tellement précieux.
    Dans les papiers de famille j’ai aussi retrouvé en vrac des cartes d’identité (inestimables : adresses, photos, signatures, etc…), cartes de communion, fiche dentaire, menus de fiançailles et de mariage, carte SNCF famille nombreuse, relevés bancaires, plan et devis pour la construction d’une nouvelle maison…
    Dans la presse ou revues spécialisées j’ai relevé des anecdotes, comme un concours de fabrication de ski remporté par mon arrière-grand-père (voir ici).
    Si vous avez de la chance, vous possédez des photographies : outre les visages de vos aïeux, vous pouvez distinguer leurs vêtements, leurs coiffes (comme ici). Et si vous vous demandez encore pourquoi ils ne sourient pas, ceinturent le bébé ou font reposer leurs bras sur une balustrade, faites un petit tour par ici.
    Et puis, il y a les signatures. En particulier quand la photographie fait défaut (ou n’a pas encore été inventée), c’est souvent la seule trace directe qui nous relie à notre ancêtre, les textes étant souvent rédigés par les curés, notaires ou autres intermédiaires. Mais les signatures, c’est eux. En vrai.

    • La vie militaire
    Pour les hommes, les documents militaires peuvent être source de nombreuses informations. Elles peuvent compléter, confirmer ou pallier une lacune. Les plus connues et les plus fournies sont les fiches matricules, couramment mises en ligne à partir de 1867 ou 1872. Mais avant ces documents il y a aussi les listes de contingents, les conseils de révision qui apportent leurs lots d’informations. En Haute-Savoie j’ai trouvé une autre source de recensement militaire : la consigne des mâles*.
    C’est avec tout cela que j’ai su que très peu de mes ancêtres ont fait la guerre car la plupart ont été dispensés, pour soutien de famille ou problèmes physiques (voir ici). Étonnamment, celui qui avait des yeux, je cite, « orangés très verdâtre » n’a pas été renvoyé dans ses foyers. Pourtant je trouve personnellement que c’est un bon motif !
    Si votre ancêtre a fait une/des guerre(s), il est possible de suivre son parcours grâce à son livret militaire (si vous avez la chance de le posséder), les Journaux de Marches et d’Opérations qui détaillent les actions des régiments au jour le jour (comme je le fais avec mon arrière-grand-père : #Centenaire1418 pas à pas) ou un dossier de carrière conservés aux archives nationales par exemple. Il a accompli un acte de bravoure ? Cherchez le diplôme de la citation à l’ordre de l’armée. Il a été blessé ? Adressez-vous aux archives médicales de l’armée (SAHMA) qui en conserve peut-être une trace.

    • La vie scolaire et professionnelle
    Les générations précédentes ont tout gardé ? Tant mieux. Pour ma part, je me suis bien amusée à lire le bulletin de notes de ma mère… Les diplômes, eux, sont soigneusement conservés : Certificat d’Étude, Brevet d’Enseignement Commercial, etc…
    Mais même s’il n’a pas été à l’école, il y a de fortes chance pour que votre ancêtre ait eu un métier (voire probablement plusieurs). Sauf, bien sûr, s’il était mendiant, mais dans ce cas aussi vous aurez peut-être l’occasion de le savoir (voir le RDVAncestral dédié).
    Là encore, les papiers de famille peuvent vous fournir attestation de travail, bulletin de paye, certificat de travail, diplôme de société récompensant « les bons et loyaux services » de votre aïeul. Lettre de nomination, lettre de licenciement, pension d’invalidité, véritable dossier de carrière peut-être… Si vous avez une grand-mère qui garde tout, vous en saurez beaucoup…
    Aux archives aussi on peut trouver des détails sur la carrière d’un ancêtre, notamment s’il a été employé par une administration qui gardera la trace de son dossier.
    Dans le Journal Officiel vous pourrez trouver nomination, avancement ou pension.

    • La vie matérielle
    Les archives notariales regorgent d’informations les biens de vos ancêtres : acte d’achat ou d’acquis, acte d’état*, bail*, ferme ou affermage*, arrentement*, cense*, cession*, donation*, échange*, licitation*, vente*, subrogation*, partage, prêt, quittance*, rente*, chastail* (cheptel). Votre ancêtre a pu faire une déclaration officielle (portant sur l’expertise à laquelle il a procédé par exemple) ou mettre son/ses bien(s) en hypothèque. Enfin, après son décès on peut trouver une demande d’inventaire suscitée par ses créanciers ou sa veuve, voire l’inventaire lui-même et alors là c’est le Graal : toutes les possessions de votre aïeul sont soigneusement détaillées, jusque dans leur état d’usure ; ce qui donne de précieuses indications quand à leur niveau de vie ; voir ici). 
    Les avis dans la presse peuvent compléter certains de ces documents, comme l’annonce d’une vente posthume.

    • La vie sociale
    Vos ancêtres n’étaient pas seuls. Il y avait plein de gens autour (qui étaient les ancêtres d’autres personnes, mais ça c’est une autre histoire). Bref, ils avaient une vie sociale !
    La plupart du temps, ils ont passés des accords avec des voisins, des amis des parents. En général, cela se faisaient devant notaires : c’est pourquoi en épluchant leurs minutes on trouve tout un tas d’obligation*, promesse*, transaction*, transport*, etc…
    Ils pouvaient s’engager dans la vie de leur paroisse : faire partie d’une confrérie* ou d’un syndic*, surveiller les comptes de fabrique*, instituer une fondation*, commanditer une nomination d’expert pour établir l’état de la maison curiale ou présider à la nomination de main d’œuvre pour faire faire des travaux dans la paroisse. Peut-être faisaient-ils partie de ces assemblées d’hommes qui participaient aux délibérations paroissiales, ou délibération des habitants, ou bien étaient-ils désignés par ces assemblées lors d’un contrat de permission qui les autorisaient à faire quelques tâches ou donner une somme d’argent à la paroisse.
    Plus tard, ils feront peut-être partie des rédacteurs du cahier de doléance de leur paroisse (voir ici). Et plus tard encore seront-ils inscrits sur les listes électorales (mais n’y cherchez pas les femmes… enfin, pas tout de suite !). Comme les recensements celles-ci peuvent confirmer des informations… ou vous embrouiller en vous en donnant d’autres, même pas toujours véritables ! A vous de tout vérifier.

    • Insolite
    Dans les registres paroissiaux on peut trouver des mentions qui sortent de l’ordinaire grâce à des curés bavards : règlement de compte, phénomènes climatiques extraordinaires, visite pastorale, inauguration de cloches, etc… (voir ici ou et bien d’autres sur le blog…). Ces événements qui ont été vécus par vos ancêtres et ont, peut-être, influencés le cours de leurs vies.
    La presse est aussi assez prolifique en matière de fait divers : écroulement de la corniche de l’église, vol de lapins appartenant à votre ancêtre, inauguration d’une usine où il va travailler, etc…
    C’est souvent savoureux, toujours divertissant.

    • Environnement
    Enfin, tout autour de vos ancêtres, il y a… tout le reste !
    Les cartes et plans vous donneront une idée plus ou moins précise (selon les époques) des paroisses (cartes de Cassini) et/ou des possessions de vos ancêtres : mappes sardes en Savoie (voir ici) ou plans cadastraux napoléoniens (mais bon, tant que les matrices – où sont inscrits les noms des parcelles et leurs propriétaires – ne seront pas numérisées, les plans mis en ligne ne servent servent pas à grand-chose ; les archives, si vous vous nous lisez…).
    Les dictionnaires historiques et géographiques locaux vous donneront un aperçu de la paroisse/commune de votre ancêtre. Attention toutefois : gardez à l’esprit qu’ils ont été rédigés à une certaine époque et qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre (genre une mention lapidaire « cette commune  n’a aucun intérêt » !). Ils permettent néanmoins de situer l’environnement dans lequel a évolué votre ancêtre (à un instant T, donc), de se faire une idée sur l'histoire, l’altitude, les cultures. En d’autres termes, de brosser un portrait « paysager » ; que vous pourrez compléter avec les  cartes postales anciennes qui vous montreront architecture, costumes et coutumes…

    Bref, une multiplicité de sources qui donneront un supplément d’âme à votre généalogie.



    [1] Et je ne vais parler là que des sources que j’ai rencontrées au cours de mes recherches, mais il y en a tellement d’autres…

    vendredi 4 septembre 2015

    Le Bescherelle de la généalogie

    En ces temps de rentrée scolaire, rappelons quelques règles d'orthographe et de grammaire applicables à la généalogie :

    Manuel lexique ou dictionnaire portatif des mots françois, 1750 © Wikisource

    1. Les noms propres n'ont pas d'orthographe

    Tout généalogiste a été confronté à cette règle : pendant longtemps l'orthographe des noms n'était pas fixe. Du coup Alary devient facilement Halary ou Halari.
    Ça se complique quand les générations déménagent souvent et que le patronyme évolue à chaque fois : il m'a été difficile de pister les Lejard quand ils sont devenus Jard, Jar, Legeard, Anjard, Angeard (heureusement qu'ils avaient des épouses bien identifiables...).
    Dans le même acte Jean Jacques Baudin signe Boudin, mais sa fille Marianne signe Baudin.
    Parfois le nom inscrit dans la marge de l'acte n'est même pas orthographié de la même manière que dans le corps de l'acte, mais ça... faites pas attention, c'est pas très grave.
    Cela s'explique par les nuances dialectales ou phonétiques (le curé neuf n'est pas du pays et a du mal à se faire à l'accent du coin) ou l'illettrisme du porteur de patronyme qui n'est pas capable de corriger le rédacteur.

    Mon astuce : gardez l'esprit bien ouvert lorsque vous recherchez un patronyme et ne vous arrêtez surtout pas à la forme que vous connaissez. Comme les trains, un nom peut en cacher un autre.

    2. Manque de chance, les noms communs non plus !

    Là, c'est la galère ! Et comme la grammaire ce n'est pas beaucoup mieux...

    Mon astuce : bon courage !

    3. Toponymie : la théorie de l'évolution

    Avec les toponymes (on parle bien des noms de lieux, pour ceux qui sont assis près du radiateur...) il faut garder à l'esprit qu'ils ont tous connu au moins une évolution et la plupart plusieurs : la première est celle de l'époque post-romaine (quand Augustoritum devient Limoges par exemple). Mais en généalogie, vous aurez peu de chances d'y être confronté.
    Par contre, des évolutions postérieures, c'est nettement plus probable. Par exemple : quand Pierre His devient Pierris puis Le Pierry (tient ! ça me dit quelque chose...).
    Pour les noms des grandes villes ou grosses paroisses/communes, les évolutions sont assez reconnaissables, car bien connues en général. Mais pour les lieux-dits ou hameaux, cela peut se compliquer. Entre les paroisses qui ont disparu, les noms qui changent au fil du temps, etc... il peut vite devenir laborieux d'identifier ou de retrouver le lieu qui a abrité votre ancêtre.
    Quant à connaître son histoire, c'est autre chose. Récemment Marino, du blog De France et d'aïeux, nous a donné un exemple des surprises que révèle la toponymie dans l'article Toulouse : du gibet à la salade.

    Mon astuce : lancez un projet collaboratif pour recenser tous les lieux-dits de la carte de Cassini (première carte géométrique du royaume de France, dressée par la famille Cassini au XVIIIème siècle - voir la numérisation desdites cartes sur le site de Gallica). Et surtout n'oubliez pas de le publier en accès libre sur le Net, ça peut toujours servir...

    4. Et si on inventait la ponctuation ? Heu, non finalement...

    Du coup, dans un acte notarié moyen, une seule phrase peut faire entre 70 et 100 lignes (dactylographiées), plus d'un millier de mots. Proust peut aller se rhabiller avec sa phrase la plus longue qui ne contient que 243 mots (dans Du côté de chez Swann). Mine de rien, la ponctuation aide vachement bien à la compréhension d'un texte. C'est en son absence qu'on s'en rend compte le mieux !

    Mon astuce : faites la transcription au kilomètre, même si vous n'y comprenez rien, et relisez le tout ensuite; éventuellement à tête reposée. Après le sens du texte viendra peut-être. Ou pas.

    5. Un mot qui n'existe pas, il existe quand même

    Vous êtes en train de transcrire un texte. L'écriture est peu familière et la tâche est ardue. Soudain vous tombez sur un mot qui n'existe pas : vous pensez que vous lisez mal. Et bien non : parfois le mot n'existe vraiment pas. Ou tout au moins il n'existe plus car la courte mémoire des Hommes l'a oublié. Affouage, grangeage, intestat, ritte, spectable ne sont pas des erreurs de Scrabble. Un jour ils ont tous eu leur propre définition officielle. Ceux-là (et d'autres, rencontrés au fil de mes lectures) trouvent leur explication dans la page lexique de ce blog.

    Mon astuce : ne vous arrêtez pas à ce que vous savez. Comme dirait l'autre : je ne sais qu'une chose c'est que je ne sais rien (merci Socrate).

    6. Les règles de majuscule... il n'y en n'a pas

    En matière de majuscule, il n'y a qu'une chose à retenir : il n'y a pas de règle. Et quand il n'y a pas de règle, c'est l'anarchie. Ici c'est donc ce qu'on appelle l'anarchie majusculaire.
    Dans la même phrase le prénom est écrit sans majuscule et le nom avec. Ou pas. Pareil pour les noms communs, finalement.
    Seul Dieu a droit à sa majuscule systématique. Ou presque.

    Mon astuce : les majuscules, après tout en s'en fout !

    7. En annexe : la paléographie pour les Nuls

    Jeune généalogiste (jeune dans la pratique, pas forcément en âge), tu es soudain confronté à un texte du XIXème dont l'écriture est indéchiffrable. Cela te décourage et tu décides d'arrêter la généalogie. Erreur ! Parce qu'au XVIIème et même au XVIème siècle il y a de magnifiques documents, tout à fait lisibles. Le vieil âge n'est pas forcément synonyme d'incompréhension.

    Mon astuce : ne vous découragez pas. Si vous ne souhaitez pas faire appel à un paléographe professionnel ou si vous n'avez pas le temps/les moyens de faire une formation, je vous conseille de lire et relire le document. A force de patience, la graphie du préposé aux écritures devient plus familière et la lecture plus aisée. Si votre environnement le permet, lisez à haute voix, vous percerez peut-être quelques secrets.




    vendredi 12 décembre 2014

    Nouvelle ère

    Avant la généalogie c'était les voyages à la mairie : secrétaires plus ou moins aimables, registres parfois fourrés n'importe comment dans une cave humide, consultation dans la salle du conseil municipal (au mieux).

    Avec la mise en ligne progressive, on peut faire ça à son rythme, quand on a 10 minutes (ou plusieurs heures, parce que, moi, personnellement, je n'ai jamais pu m'arrêter au bout de 10 minutes).

    On entre aujourd'hui dans une troisième phase, une nouvelle ère : l'indexation collaborative.

    Grâce au travail formidable effectué par des bénévoles (et une volonté certaine des archives départementales), il est possible de taper le nom recherché et, avec un peu de chance, aussitôt le nom apparaît. Alors d'accord, le plaisir de la recherche c'est une part importante de la généalogie. Mais entre, compulser pendant des heures des registres (virtuels ou non), à s'user les yeux sur des encres pâlies, pour finalement s'apercevoir qu'il n'y a rien. Rien de rien. Et taper un nom et repérer immédiatement la paroisse, la date, voir même parfois la page directe du registre où se trouve l'acte longtemps recherché. Entre les deux mon cœur ne balance pas trop longtemps.

    Quelle joie de trouver enfin un acte resté inconnu, tout simplement parce qu'il était dans la paroisse voisine sans qu'on puisse le soupçonner. Des situations se débloquent souvent à partir de là.
    Je citerais par exemple l'excellente base Noms de Vendée.


     Formulaire de recherche Noms de Vendée, AD85

    On peut y rechercher une personne, mais aussi un couple. La base donne alors tous les actes où les deux personnes sont citées : naissances ou mariages des enfants, etc... Ainsi quand on ne trouve pas directement la personne, on peut avoir de la chance par ses frères et sœurs. Cela permet aussi de faire des découvertes inattendues.

    Par exemple, en faisant une recherche par couple avec Baudin René et Mousseau Marie Anne, deux types d'actes ressortent :
    • un acte de mariage : celui de leur fils René (mon ancêtre).
    • cinq actes de naissance : ce sont les naissances de cinq de leurs enfants (ils en auront dix au total : les relevés ne sont donc pas encore complets). 

    Ce qui est intéressant c'est que tous sont inscrits dans les registres de Menomblet, sauf un qui se trouve dans celui de la paroisse voisine de Montournais (bien que les parents soient dits de Menomblet). Cet acte m'avait échappé. Coincé entre deux naissances à Menomblet, comment deviner qu'il y en a eu une autre dans une autre paroisse ? Sans ce type de relevé, impossible de le deviner. 

    Bien sûr, on peut ajouter différents critères : dates, paroisse déterminée, orthographe exacte ou approchante...

    Et en plus, pas chauvins les Vendéens : de nombreux relevés des communes limitrophes, notamment des Deux-Sèvres, figurent aussi dans la base (mais également de Charente ou Maine et Loire). Ce qui est très précieux pour moi, dont les ancêtres n'ont cessé de naviguer de part et d'autre de la "frontière" des deux départements voisins.

    Noms de Vendée recense les informations issues de l'état civil (au sens large), mais a aussi la volonté de collecter celles d'une grande variété d'archives : minutes notariales, registres matricules militaires, recensements de population, papiers fiscaux d'Ancien Régime, tenanciers de seigneuries, archives judiciaires... Cette base est un outil participatif. Il évolue en permanence avec l’ajout progressif des contributeurs : ne pas hésiter à y retourner de temps en temps, donc.

    Un accès totalement gratuit aux données est, faut-il le rappeler, d'autant plus appréciable.

    Bien sûr chaque médaille a son revers. La puissance de la base nous fait parfois ressortir des actes qu'on n'a aucune envie de voir !

    Par exemple, en tapant les noms du couple Landreau Mathurin et Morin Marie, je vois qu'ils ressortent sur un acte de décès : celui de leur fils Mathurin, âgé d'un an et demi en octobre 1706. Or, je tenais l'acte de naissance de Mathurin en février 1705 pour être celui de mon ancêtre. Cet acte de décès vient me prouver le contraire. J'ai donc découvert que mon ancêtre avait un frère homonyme (défunt). Mais il va falloir repartir à la pêche pour trouver la véritable naissance de "mon Mathurin"... (qui n'apparaît pas encore dans les relevés).

    Heureux ou malheureux (après tout, ça fait partie du jeu), j'adhère totalement à ce nouvel outil généalogique.



    dimanche 23 mars 2014

    Ligne de vie

    La ligne de vie, késako ?
    Si vous êtes adeptes des blogs de généalogie, et en particulier celui de Sophie Boudarel "la Gazette des ancêtres", vous le savez parfaitement, et sans doute en avez vous-même rédigées (voir son article à ce sujet ici).
    Pour les autres, il s'agit d'un tableau recensant toutes les informations trouvées sur un ancêtre. Il permet de valider la cohérence de l'ensemble, ou au contraire de déceler des anomalies, et pourquoi pas, d'aiguiller les recherches futures.
    J'ai testé à mon tour, sur quelques ancêtres et, très honnêtement, je ne suis pas très convaincue de l'utilité de faire ce travail (désolée Sophie !). En particulier lorsqu'on s'éloigne dans le temps et que le tableau se réduit comme peau de chagrin vu la (pauvre) somme des informations trouvées.

    Mais comme je n'aime pas gâcher le travail effectué, j'ai cherché à utiliser ce tableau. En lisant un article de Sophie à ce sujet dans le Revue Française de Généalogie (pp 43/46 du n°209), j'ai découvert la frise chronologique animée.
    Maïwenn Bourdic, sur son blog D'aïeux et d'ailleurs, a testé la version Timeline JS (voir ici).
    Personnellement, j'ai testé la version MyHistro.


    J'ai choisi de suivre la vie de Jules Assumel Lurdin. J'ai déjà parlé de mon arrière-grand-père dans l'article Sévère ou touchant sur ce blog. Grâce à un important dossier trouvé aux archives de l'Ain, j'ai pu récolter un somme d'informations assez conséquente. J'ai ajouté quelques mentions sur l'histoire nationale, pour rappeler le contexte.
    Vous pouvez consulter ici le résultat : la ligne de vie de Jules Assumel *

    Mes impressions sur MyHistro :
    • les +
    - Facilité d'utilisation pour créer les "événements" et les assembler dans "l'histoire" (un simple glisser-déposer et ils se classent tout seuls dans l'ordre chronologique).
    - La cartographie (bien qu'un peu volumineuse) qui permet de visualiser d'un coup d’œil les lieux cités.
    - On peut mettre une date inconnue (jour et mois), mais il faut mettre une année (ou une période).
    - Une nouvelle façon de présenter sa généalogie.
    • les -
    - On ne connaît pas les dimensions (fixes) de l'image qui accompagne l'événement : c'est parfois difficile à adapter.
    - On est obligé de mettre un lieu (même si on ignore où l'événement s'est produit).
    - L'impossibilité d'ordonner plusieurs événements d'une même période.


    Bien sûr, il existe d'autres éditeurs similaires (Dipity, Time Rime, Tiki Toki . . .).
    Globalement, je trouve le résultat de MyHistro plutôt sympa. Et vous qu'en pensez-vous ? Avez-vous testé la frise chronologique ?

    Après Prezi (voir ici la présentation de ma généalogie version Prezi), voici une autre façon de présenter sa généalogie. En particulier lors des réunions de familles, où on se demande souvent comment faire passer, de manière attrayante et ludique, la masse d'information que nous avons collectée.



    * Je n'ai pas réussi à l'intégrer directement dans le blog (si quelqu'un a le mode d'emploi, je suis preneuse).


    mardi 18 mars 2014

    Un, deux, trois . . .

    Parmi les documents complémentaires que peut consulter un généalogiste, il y a les listes de recensement.

    Autrefois appelées listes nominatives des habitants d'une commune, y figurent tous les habitants résident habituellement dans la commune (qu'ils soient présents ou non au moment du recensement); exception faite des hôtes de passage, des militaires, marins, détenus, élèves internes, etc . . . qui sont comptés à part. Ces derniers évoluent un peu au fil du temps (disons que la liste se précise) : les ouvriers étrangers à la commune occupés aux chantiers temporaires, les individus exerçant des professions ambulantes . . . Mais globalement l'esprit reste le même.

    Leur consultation permet de confirmer (ou non) la présence d'un ancêtre dans une commune. Mais ces documents sont aussi émaillés de multiples mentions qui peuvent nous fournir des détails complémentaires : le lieu précis d'habitation (hameau, rue), le métier, l'âge . . . Selon les époques, on peut trouver aussi des observations complémentaires, la nationalité, le nom du patron pour les ouvriers ou employés, etc . . .

    Entre les lignes, on peut déceler aussi quelques us et coutumes locales.

    Ainsi dans les listes nominatives de recensement de Saint Amand sur Sèvre (Deux-Sèvres), que ce soit en 1866, 1901 ou 1906, on s'aperçoit que les familles vivent souvent à deux ou trois générations sous le même toit, accompagnées de leurs domestiques.

    Recensement famille Gabard, 1901, AD79

    Prenons l'exemple de la famille Gabard, qui réside dans un hameau de la commune, La Gidalière :
    • Les Gabard apparaissent en 1866, le foyer est composé des parents, leurs sept enfants, et un domestique et un berger. Soit 11 personnes sous le même toit. Gabard Pierre est qualifié de "fermier, chef de ménage". 

    • En 1901, le foyer est composé des parents, des enfants, du grand-père (veuf) et des domestiques : trois "garçons domestiques à gages", âgés de 24 à 32 ans, et d'une "fille servante à gages" âgée de 18 ans. Soit 11 personnes. Gabard Célestin (fils de Pierre, comptabilisé au recensement de 1866) est aussi qualifié de "fermier, chef".

    • En 1906, le grand-père est décédé, mais il y a trois enfants de plus. Il y a toujours trois domestiques hommes (dont deux déjà présents au recensement précédent) et une servante (différente de celle de 1901). Soit 13 personnes.

    Grâce à au registre de 1901 de la même commune, on voit que la famille Roy est la seule à habiter le hameau de La Cornulière (contrairement à La Gidalière, par exemple, composé de cinq foyers, dont les Gabard). Le foyer est composé des parents, trois enfants, dont le fils aîné marié, son épouse, leur petite fille âgée de 10 mois, et deux garçons domestique à gages. Soit 9 personnes. Roy François est qualifié de "fermier, chef".

    Dans les listes nominatives de recensement de Seine-et-Marne, on suit assez facilement les différentes générations de la famille Macréau. Contrairement à ceux des Deux-Sèvres, ils vivent en cellule familiale restreinte, en général les parents et les enfants seulement. Néanmoins, on relève quelques curiosités, qu'on ne peut pas toujours expliquer :

    •  Le couple Macréau/Fouchy est recensé à Guérard (hameau du Grand Lud) : en 1836 ils habitent avec leur fille Louise; en 1841 et 1846 avec leur fille et leur fils Léon; de 1851 à 1861  il n'y a plus que Léon (la fille est mariée ou décédée); en 1866 avec leur bru mais Léon son époux n'est pas mentionné (sa trace n'a pas été retrouvée); de 1872 à 1886 ils habitent tout les deux et en 1891 et 1896 Etienne Macréau est seul puisque son épouse Angélique Fouchy est déjà décédée.

    • Le couple Macréau/Gibert est recensé à partir de 1866 au Grand Lud de Guérard (Marie Louise habite avec ses beaux-parents, Léon n'est pas présent), en 1872 ils habitent seuls avec leur fils Albert. On perd leur trace ensuite. On les retrouve à Tigeaux à partir de 1881 où ils habitent avec leurs deux enfants Albert et Henri; idem en 1886. Mais à partir de 1891, à leur domicile, vivent aussi des jeunes enfants : 2 en 1891, 3 en 1896 et 1901. On ne sait pas qui sont ces enfants, âgés de 4 mois à 8 ans. Seule une fillette a des liens familiaux connus : elle est la nièce de Marie Louise Gibert. Enfin, en 1906, ils vivent avec leur petit-fils (mais la génération intermédiaire, Macréau/Le Floch, n'est pas mentionnée; on ne sait pas où ils résident).


       Recensement famille Macréau, 1906, AD77  

      • Le couple Macréau/Le Floch est recensé en 1901 à Tigeaux. Comme vu précédemment leur fils vit avec ses grands-parents en 1906, mais eux n'ont pas été trouvés. En 1911 on les retrouve à Mortcerf avec leurs 6 enfants. L'un d'eux est dit né à Serris en 1906, ce qui nous apprend (enfin) où ils étaient à cette date (confirmé par les listes de recensement de Serris). On ignore toujours pourquoi leur fils aîné, âgé de 5 ans, habitait avec ses grands-parents et non avec ses parents en 1906.

      Ces précieuses sources sont, comme tous les documents anciens, à prendre avec précaution toutefois. Ainsi les âges donnés ne se vérifient pas toujours exactement. De même l'orthographe des noms peut varier. Par exemple mes ancêtres Borrat-Michaud sont recensés à Samoëns (Haute-Savoie) sous le nom Michaud (en 1866), Borrat-Michaud (en 1896), mais Méchond (en 1911) !

       

      vendredi 14 février 2014

      Toile peinte et balustrade

      Un article d'Arnaud Lefevbre intitulé Pourquoi les personnes ne souriaient pas sur les photos d’époque  m'a rappelé une conférence très intéressante sur l'histoire de la photo à laquelle j'ai assisté en 2011 * .
      Avant de vous en livrer quelques extraits, un rapide résumé de l'histoire de la photo en quelques dates : 

      1812 
      Premières recherches par Joseph Nicéphore Niepce. 

      1826 
      Niepce réalise la première photographie grâce à une plaque d'étain recouverte de bitume de Judée placée dans une chambre noire, face à une fenêtre de sa propriété. Temps de pose : huit heures.

      1839 
      William Herschel produit sa première photo et invente le mot de photographie. Invention officielle de la photographie. 

      1839 
      Le daguerréotype est une image positive obtenue grâce à une couche d'argent appliquée sur une plaque de cuivre précédemment polie. Grâce aux vapeurs d'iode, l'argent est sensible à la lumière. Temps de pose : 15 minutes. Le daguerréotype est une image positive unique non duplicable. L'utilisation du procédé s'arrêtera en 1860. 

      1840
      Le calotype ou talbotype est breveté par Henri Fox Talbot. La surface d'une feuille de papier est enduite d'une solution de nitrate d'argent. Temps de pose : entre une et plusieurs minutes. Après la prise de vue, on développe le négatif obtenu qui permet - au contraire du daguerréotype - de tirer plusieurs épreuves positives à partir d'un seul et même négatif. 

      A partir des années 1840
      Engouement pour le portrait. La photographie permet d'avoir une représentation de soi, jusque là réservée aux riches, avec le portrait en peinture. Un nouveau métier apparaît : photographe. C'est le début de l'industrialisation de la photographie.

      J'ai la chance d'avoir un certains nombre de clichés anciens des membres de ma famille. Et après avoir suivi cette fameuse conférence, j'ai fait la comparaison avec lesdits clichés. 

      Dans la seconde moitié du XIXème l'engouement pour la photo se fait sentir. On fait des portrait dans les moments importants de la vie (diplôme, mariage), ou plus simplement pour le souvenir. Elles peuvent prendre la forme d'un portrait sous verre ou d'une carte postale. Mais quoi qu'il en soit, cela reste un événement : on se déplace chez le photographe (photo prise en atelier). On soigne son apparence (vêtement, coiffure).

      Au début le temps de pause est assez long : on trouve des parades pour éviter la fatigue et le changement de position qui rendraient le cliché flou.
      - siège pour s'assoir (souvent un fauteuil à accoudoirs),
      - élément de mobilier pour s'accouder (souvent un fausse balustrade, ou une console), 
      - enfant tenu fermement pour éviter qu'il ne bouge

      Après avoir suivi cette conférence, j'ai regardé les clichés de ma collection personnelle et j'y ai retrouvé ces éléments.


      1871
      Photo la plus ancienne de nos ancêtres en notre possession (il s'agit d'une reproduction). Elle représente la famille Rols : Rols Alexandre, Puissant Marie-Anne son épouse et Rols Élisabeth, leur fille aînée (alors âgée de trois ans). 
      C'est un portrait fait en atelier. La famille est assise, devant une toile tendue (elle ne semble pas peinte). Le temps de pause est alors encore relativement long : près d'une minute. C'est sans doute pourquoi ils sont assis. Le plus souvent, un repose-tête était habilement dissimulé afin d'aider à tenir la pause. On remarque que chacun des deux parents tient fermement les bras de la petite fille afin qu'elle ne bouge pas et que le cliché soit net. Ce cliché a sans doute été pris à Angers car le couple y habite, au moins depuis 1868. 

      1917
      Portrait de la famille Lejard. 
      C'est aussi un portrait fait en atelier. La famille est disposée devant une toile tendue peinte. Pour aider à la pause, des accessoires sont disposés : fauteuil à accoudoirs pour l'aïeule, fausse balustrade pour d'autres. Le petit Daniel est lui aussi tenu fermement par sa mère afin qu'il ne bouge pas. Chacun a revêtu son plus beau costume pour immortaliser ce moment. 

      Années 1930
      Portrait de Marcelle Macréau, épouse Borrat-Michaud, et son fils André.
      Portrait fait en atelier. Une toile tendue peinte sert de décor : faux rideau de théâtre et fausse balustrade. La mère tient son fils afin qu'il ne bouge pas, mais d'une façon un peu plus lâche que sur les clichés précédents : l'enfant est plus grand et/ou le temps de pause est désormais mois long. Chacun est bien habillé et bien coiffé. 

      Début XXème ? (date non connue)
      Portrait de Célestin Félix Gabard et son épouse Marien Henriette Benetreau. 
      C'est aussi un portrait fait en atelier. Le couple est disposé devant une toile tendue peinte, un décor en perspective, et une plante. Il n'y a pas d'accessoire pour aider à la pause, si ce n'est la chaise sur laquelle est assise Marie. Celle-ci porte sa coiffe vendéenne qui ne la quittait pas. Elle tient une paire que gants qu'elle ne devait pas, contrairement à la coiffe, porter quotidiennement (elle était fermière).

      Si vous avez vous aussi des clichés anciens, pris en atelier, amusez-vous à déceler ces détails :
      - la toile peinte qui sert de décor en arrière-plan, 
      - des accessoires qui aident à tenir la pause : le fauteuil à accoudoirs, la console sur laquelle on s'appuie, la fausse balustrade, la canne ou le prie-Dieu
      - les parents qui tiennent les enfants pour éviter le flou
      - les vêtements du dimanche et la coiffure soignée

      * Conférence organisée lors de l'exposition "Limoges révélée, une ville et l'art photographique (1839-1914)" à la Galerie des Hospices.