Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.
Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.
Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er juin
Le bataillon va quitter le cantonnement cette nuit et se rendre par voie de terre à la gare d’Arques (près de Saint Omer).
2 juin
Nous nous embarquons dans deux trains : le premier part à midi le second à 15h.
3 juin
Itinéraire : Calais, Boulogne, Etaples, Abbeville, Abancourt, Serqueux, Pontoise, le Bourget, Noisy le Sec, Meaux. Débarquement du 1er train à Villers les Riganet, le second à la Ferté sous Jouarre dans la nuit du 3 au 4.
Carte Fauquembergues-Meaux
4 juin
Nous voici de retour en Seine et Marne. Tout le bataillon est réuni à Isle les Meldeuses où nous cantonnons.
5 juin
Étape de 2 à 6 heures sur Château la Trousse (4 km à l’Ouest de Lizy). La Division est rattachée au VIIeme C.A. Puis départ à 23h pour Crouy sur Ourcq.
Carte Isle-Crouy
6 juin
On repart à nouveau sur les routes. Les bleus se tournent souvent vers leur sous off, mais il paraît aussi fourbu que nous. Et tout aussi ignorant de notre prochaine affectation durable. [1]
Arrivée à 2h. Le Bataillon est en réserve de Division ; la moitié de l’effectif cantonne dans le village, l’autre moitié est au bivouac dans les boqueteaux à l’Est du village.
7 juin
Reconnaissance de travaux à exécuter par le bataillon entre le bois de Cerfroid et Chezy en Orxois.
8 juin
Travaux de nuit.
9 juin
Poursuite des travaux de nuit.
10 juin
Le Bataillon est en réserve de C.A.
11 juin
Exercice d’attaque avec des chars légers.
Chars Renault attaquant lors d'une offensive, 1918 © rosalielebel75.franceserv.com
12 juin
Mêmes exercices que la veille.
13 juin
Départ du capitaine adjudant major Roux qui part au 11eme corps pour y commander un bataillon. Le capitaine Marrin le remplace au titre d’adjudant major, le capitaine Montvignier Monnet prend le commandement de la CM.
14 juin
En exécution de l’ordre n°156/5 le bataillon vient s’établir au bivouac dans le bois au SO de Vasset. Départ à la tombée de la nuit. L’installation se fait sans incident.
Carte Crouy-Vasset
15 juin
Installation. Journée calme. Le soir reconnaissance des cadres sur la position intermédiaire.
16 juin
A 4 h le bataillon reçoit l’ordre de s’alerter. Nous restons silencieux et immobiles, dans l’attente et l’incertitude de notre sort. A 6h le téléphone signale la fin de l’alerte. La situation est rétablie et quelques prisonniers ont été faits.
17 juin
Les dispositions sont prises pour nous porter sur la ligne des réduits de la 1ère position (Chézy). Organisation des bivouacs. On commence des abris contre les bombardements.
18 juin
Chaque nuit une compagnie et une section de mitrailleuse vont travailler sur la position intermédiaire. A la chute du jour rafales sur le carrefour de Cerfroid. Dans la nuit des obus toxiques sur le plateau.
19 juin
Notre bataillon relèvera le 12e bataillon dans le sous-secteur de Chézy demain soir. Reconnaissance préalable. Ordre de bataillon n°198.
20 juin
Diverses nominations et mutations.
21 juin
Relève sans incident, terminée vers 1h. Dispositif : trois compagnies en 1ère ligne, une en réserve, une dans le village de Chézy. Journée calme. Dans la nuit l’artillerie ennemie se montre assez active : rafales de 77 et 105. Pertes : 1 tué et 3 blessés.
Travaux d’organisation des 3 lignes de surveillance, de résistance, des réduits. Étude de la réduction des effectifs dans la ligne de surveillance. Les permissions sont reprises au taux de 8%.
22 juin
L’aviation se montre active : dès le petit jour jusqu’à la nuit des avions ennemis survolent nos lignes. Activité d’artillerie semblable à celle de la veille. Pertes : 1 tué, 2 blessés, 1 mulet tué et 2 blessés.
Explosion d'une marmite boche, 1916 © Gallica
23 juin
Tir de 150 sur les batteries. Quelques coups de 77 et de 105 sur Chézy. Toute la nuit notre artillerie exécute des harcèlements extrêmement violents (75 et 155) sur les 1ères lignes et les arrières ennemis. Pertes : 2 mulets.
24 juin
Faible activité de l’artillerie allemande mais l’aviation ennemie continue à survoler très fréquemment nos lignes. Continuation des travaux d’organisation. Pertes : 2 blessés.
25 juin
Notre artillerie harcèle l’ennemi de 1 à 2h et de 3 à 3h30. Calme. Reconnaissance, à la nuit, du 11e bataillon qui relèvera le 51e dans la nuit du 26 au 27.
26 juin
Journée et nuit calme. La relève s’effectue sans incident. Elle se termine vers minuit.
Tiens ! C’était mon anniversaire aujourd’hui. Encore un de sauvé. 24 ans. C’est étrange, alors que tant sont tombés autour de moi.
Et moi je suis encore là…
27 juin
Le bataillon s’installe sur la position intermédiaire en réserve du groupe, à la place du 12eme bataillon qui passe en réserve de D.I. au Sud Ouest de Vasset.
28 juin
Nominations et affectations.
29 juin
Journée calme. L’aviation ennemie est active. Travaux d’organisation de la position intermédiaire pendant la nuit.
30 juin
Tir de contre batterie. Quelques rafales sur le plateau et les bois au Nord de la route de Cerfroid-Brumetz. Ordre général d’affectation n°89 de la 47e Division modifiant l’organisation du secteur sur la position des avants postes.
Le dispositif est réalisé par une série de relèves établissant deux groupes accolés en ligne et un autre en réserve. Le 51e est sur la droite, le 12e à gauche. Travaux effectués pour permettre l’occupation des lignes.
[1] Inspiré de « Ils rêvaient des dimanches » de Ch. Signol