« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 31 juillet 2015

#Centenaire1418 pas à pas : juillet 1915

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de juillet 1915 sont réunis ici. 

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
___ 


1er juillet
Les compagnies fabriquent des rondins et des chevaux de frise.
Les 2ème et 6ème Compagnies partent pour Pfeiferberg en réserve et à la disposition du 22ème Chasseurs.
La nuit se passe sans incident : ils rentrent à leur bivouac dans la nuit.
Ordre de bataillon n°1 : nominations et affectations.

2 juillet
Travaux divers.
Les 1ère et 4ème Compagnies partent pour Pfeiferberg en réserve et à la disposition du 22ème Chasseurs.
Ils restent sur leurs emplacements.
Ordre de bataillon n°2 : Citation à l’ordre de l’armée du Capitaine Baldoni pour bravoure.

3 juillet
La 2ème Compagnie relève la 4ème sur son emplacement à Pfeiferberg.
Linge Barrenkopf © pages14-18

4 juillet
Le 23ème Bataillon de Chasseurs relève dans la nuit le 52ème Bataillon de Chasseurs.
Nos trois compagnies (1ère, 4ème et la nôtre) nous mettons sous les ordres du Commandant du secteur de Metzeral (Cdt Richard de la 22ème).
Les trois autres Compagnies devant relever le 11ème Bataillon de Chasseurs au Braunkopf, une reconnaissance de terrain est effectuée.

5 juillet
Changement de cap ! Un autre ordre arrive, nous remettant à la disposition du Commandant Rosset (les 6 Compagnies).
Position du Bataillon :
1ère compagnie en première ligne devant Metzeral, tandis que la nôtre y reste en réserve.
2ème, 3ème et 6ème compagnie en 1ère ligne au Braunkopf, la 4ème en réserve.
Mitrailleuses : 2 pièces à la 2ème Compagnie, 1 pièce à la 3ème.
Poste de commandement au Braunkopf.

6 juillet
La relève du 11ème Bataillon de chasseurs a eu lieu dans les conditions prévues.
Les Compagnies vont occuper les emplacements désignés. La relève s’est effectuée sans incident et s’est terminée à minuit.
Dans le silence de la nuit, je perçois des soldats chuchoter entre eux. Je ne les vois pas, mais les entends clairement.
Ils n’en peuvent plus de cette guerre, qu’on leur avait promis courte. De tous leurs camarades disparus, pour des résultats quasi nuls.
De la souffrance quotidienne, la peur omniprésente et l’éloignement des familles. L’un d’entre eux dit carrément que tout est perdu ! Un silence glaçant semble approuver cette déclaration pessimiste.
Depuis la fin des combats de Metzeral, ce sentiment enfle dans les rangs.

7 juillet
Les Compagnies s’organisent sur les emplacements du 11ème Chasseurs.
Pertes : 2 blessés.

8 juillet
Organisation des emplacements : le poste de Commandement est transféré sur les pentes Ouest du Braunkopf.
Pertes : 2 blessés.

9 juillet
Organisation des emplacements :
La 4ème Compagnie, étant bombardée aux tranchées du Col du Braunkopf, va occuper le Bois carré.
Ordre de bataillon n°3 : décorations. Les Capitaines Anneau et Loire sont élevés au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur pour leur belle attitude au feu.
Ordre de bataillon n°4 : La belle conduite du Bataillon a été récompensée par une Citation à l’ordre de l’Armée.
Ordre de bataillon n°5 : citations à l’ordre de la Division.
Ordre de bataillon n°6 : citations à l’ordre de la Brigade.
Ordre général n°32 de la VIIème Armée du 9 juillet 1915 : est cité le 23ème Bataillon de Chasseurs car il « a fait preuve d’une vaillance et d’une énergie au-dessus de tout éloge, en enlevant une position très solidement organisée dans laquelle l’ennemi se considérait comme inexpugnable, d’après les déclarations mêmes des officiers prisonniers.
Lui a fait subir des pertes considérables et malgré un bombardement des plus violents n’a cessé de progresser pendant plusieurs journées consécutives pour élargir sa conquête. »
Ordre spécial de la VIIIème armée
Ordre spécial 23eme BCA, carte postale, 1915 © alpins.fr

10 juillet
Organisation des emplacements. Travaux divers, pose de treillage de fils de fer, constructions d’abris.
Ordre de bataillon n°7 : le Commandant de la Compagnie nous lit l’ordre de brigade suivant :
« Depuis quelques jours des bruits faux ou tendancieux, susceptibles de diminuer notre confiance dans la Victoire finale et de jeter le doute dans les esprits, circulent parmi nous […]. Les gens qui les répandent ou les colportent font une besogne malpropre indigne de Français et sont de véritables agents au service des boches, dont ils servent inconsciemment les intérêts.
Le Colonel commandant la brigade donne un démenti formel à tous ces bruits et invite les chasseurs à se taire et à ne pas répéter de pareilles inepties entre eux. Il n’hésitera pas à traduire en conseil de guerre tout porteur de fausses nouvelles.
[…] Nous qui avons trimé et souffert, nous voulons que notre sang versé nous rapporte non une paix débile, qui serait une honte, mais une paix glorieuse et durable qui nous assurera la tranquillité pour nous et nos enfants.
La situation est claire : l’Allemagne ne peut plus vaincre, ce n’est qu’une façade qui s’écroulera bientôt dans la ruine, ses pertes sont colossales et malgré ses apparences de victoire, elle est frappée au cœur.
Vous entendrez bientôt sonner l’heure où elle paiera les crimes dont elle doit compte à l’humanité toute entière.
[…] Laissez les embusqués, les démoralisés pleurer et geindre sur la longueur de la guerre que vous faites. Il n’y a qu’une façon de la terminer vite, cette guerre, c’est de continuer à taper dur et ferme, à tenir coûte que coûte. Avant de penser à une campagne d’hiver, tâchons donc de régler la question en été. Il y a un an bientôt nous avons pris nos fusils pour marcher à l’ennemi, nous préoccupions-nous en juillet des neiges de décembre ?
Haut les cœurs et pas de regard en arrière. Nos familles ne veulent nous revoir que victorieux. […] tenez bon Chasseurs et silence dans le rang. Vous êtes trop intelligents pour vous laisser impressionner par ces sottises inventées par des froussards ou des imbéciles.
Signé Lacapelle. »
Affiche "Taisez-vous" © Delcampe

11 juillet
Mêmes emplacements.
Les Compagnies de première ligne s’organisent. Placement de réseaux de fils de fer, construction d’abris.
Entrée d'abris, 1916 © Gallica

12 juillet
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux de la veille, réfection de certaines parties de tranchées abîmées, approfondissement des boyaux.
Ordres de bataillon n°8 et 9 : nouvelles citations à l’ordre de l’Armée, dont notre regretté Capitaine Mounier.

13 juillet
Mêmes emplacements.
Transport de matériel aux Compagnies de première ligne.
Organisation des premières lignes.

14 juillet
Mêmes emplacements.
Organisation des premières lignes.
Remise de Croix de guerre et de décorations par le Colonel Lacapelle Commandant la 4ème Brigade à Gaschney à des militaires du 23ème BCA.

15 juillet
Nous relevons la 1ère Compagnie à Metzeral.
La 4ème relève la 2ème Compagnie au Braunkopf.
La relève s’est effectuée sans incident.

16 juillet
Mêmes emplacements.
Organisation des premières lignes.
Pluies abondantes, réfection de boyaux et de parties de tranchées effondrées.
La boue, la boue, toujours la boue.
Ordre de bataillon n°10 : décoration au grade de Chevalier de la Légion d’honneur du Capitaine Ruffié.

17 juillet
Mêmes emplacements.
Placement d’un double réseau de fils de fer sur tout le front des premières lignes.
Ordres de bataillon n°11 et 12 : affectations et mutations ; nominations.

18 juillet
Mêmes emplacements.
Confirmation du renforcement du réseau de fils de fer.
Ordre de bataillon n°13 :
« Chasseurs,
Demain l’armée des Vosges attaquera l’ennemi sur son front en vue de s’emparer de Munster.
Notre objectif est le massif du Reichackerkopf.
Appuyé par une puissante artillerie qui vous précédera de ses projectiles dans vos attaques, ruinera les défenses de l’ennemi, vous enlèverez brillamment comme vous savez le faire les positions allemandes et vous vengerez par une victoire éclatante, nos camarades tombés sur le même terrain il y a quelques mois.
En avant donc, à la baïonnette dès que vous entendrez sonner la charge. Pénétrez tous ensemble au plus loin dans les lignes ennemies vigoureusement et hardiment sans arrière-pensée. Enfoncez l’ennemi et rejetez-le dans la vallée. Il s’enfuira devant votre offensive foudroyante. Marchez en avant en restant dans la main de vos chefs, en vous gardant conter les surprises, groupés pour frapper plus fort et tous ensemble.
Rappelez-vous que les sonneries de « Halte-là » et de « Cessez-le feu » sont interdites et ne peuvent que cacher une ruse de l’ennemi.
Les seules sonneries françaises permises sont « En avant » et la « Charge ».
Si l’adversaire contre-attaque, tenez bon et tirez bas. Foncez à courte distance sur lui à la baïonnette. Assommez-le à coups de grenades.
S’ils veulent se rendre, méfiez-vous, désarmez-les et dirigez-les vers l’arrière en petits groupes.
Vaillants chasseurs de la 4ème Brigade, vous allez, j’en suis sûr, compléter vos beaux succès du Braunkopf et de Metzeral par une éclatante victoire.
Hardi les gars !
Frappez ferme et Vive la France !
Le Colonel Commandant la 4ème Brigade
Signé Lacapelle. »
Munster, 1915 © thebluelinefrontier

19 juillet
Attaque de la 47ème Division dont le but est de s’emparer de Munster en agissant au Nord du Grossthal-Fecht sur le front Eichwald-Reichackerkopf de concert avec la 129ème Division qui attaquera sur le front Lingekopf-Barrenkopf.
Les 23ème et 63ème Bataillons de Chasseurs sous les ordres du Commandant Rosset maintiennent l’occupation actuelle du front et contribuent de leurs positions à inquiéter l’ennemi et à lui faire craindre une attaque éventuelle sur Muhlbach.
Vers midi, l’attaque s’étant déclenchée un feu d’une extrême violence part des tranchées du 23ème Bataillon dans les directions données.
Vers 17h, les premières lignes n’ayant pas été entièrement détruites par les gros calibres, l’attaque est renvoyée au lendemain.
Attaque du Linge © linge1915

20 juillet
Reprise de l’attaque de la 47ème Division.
Pour mener à bien la prise de Munster décidé par l’État Major français... il faut préalablement prendre les sommets dominant le cirque au fond duquel est blottie la ville. Sommets que les Allemands ont fortifiés par un réseau de tranchées bétonnées, fortins et abris.
Le 23ème coopère à l’attaque dans les mêmes conditions que la veille.
« Rien à signaler » disent les officiers. De notre côté…
Des vagues d’assaut, des garçons de 20 ans qui chargent à bout de souffle dans des pentes abruptes sous un bombardement infernal. Elles sont criblées de balles dès qu’elles débouchent et viennent mourir, mitraillées à bout portant, devant d’infranchissables réseaux de barbelés et des blockhaus bétonnés, où les attendent les corps des cisailleurs tués : C’EST LE LINGE !
Des monceaux de morts gisant mêlés aux blessés entre les lignes, frémissent sous le soleil de l’été 1915 : c’est la jeunesse de France, des troupes d’élite de Chasseurs, grouillant de rats, de mouches bleus, d’asticots, soulevée par des rafales d’obus, frappée par les balles, dans une puanteur indescriptible : C’EST LE LINGE !
Linge © DRAC Alsace


21 juillet 1915 :
Mêmes emplacements.
Reprise des travaux d’organisation des premières lignes. Placement de réseaux de fils de fer, construction d’abris pour les escouades. 

22 juillet 1915 :
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
De nouvelles attaques ont lieu. Leur insuccès est dû à l’impréparation de l'artillerie.

23 juillet
Mêmes emplacements.
Réfection de parties de boyaux et tranchées éboulées.
Tranchée allemande bouleversée, Vosges ©Gallica

Étayage avec rondins et planches. Construction d’un blockhaus.
Les chasseurs partis à l'assaut en quatre vagues le 20 juillet sont repoussés dans leurs tranchées.
Retour à la case départ.

24 juillet
La 2ème Compagnie relève la 3ème aux tranchées.
Relève effectuée sans incident.
Nouvel assaut dans la boue et la brume: la crête est enlevée.
Dans la nuit les Allemands préparent la contre-offensive et le lendemain soir ils reprennent le Lingekopf.

25 juillet
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
Ordre de bataillon n°14 :
« Chasseurs de la 4ème Brigade,
Notre drapeau – le glorieux Drapeau des chasseurs est confié à votre garde pendant quelques jours.
C’est un honneur qui vous rendra fiers et aussi une récompense qui vous est due.
Je n’ai pas besoin de vous dire ce qu’est notre Drapeau décoré de la Légion d’Honneur, de la Médaille Militaire, de la croix de guerre, lambeaux héroïques de soie tricolore qui renferment dans leurs plis toute la gloire du passé, toute celle du présent. [...]
Vous avez, depuis un an de guerre, forcé l’admiration du monde par votre énergie, votre courage et votre abnégation. […]
Réunis autour du drapeau des chasseurs, vous lui jurerez fidélité, vous ferez le serment non seulement de le défendre mais encore de le conduire, coûte que coûte, au bord de ce Rhin que nous voyons d’ici, au pied des dernières montagnes vosgiennes.
Et quand, votre tâche accomplie, vous défilerez sous l’Arc de Triomphe, au milieu des acclamations de la France entière, ne serez vous pas récompensés de vos peines et de vos fatigues en voyant flotter au-dessus de vos têtes notre glorieux étendard.
Signé : Lacapelle. »
Drapeau Chasseurs 8/8/1915 © Histoirémilitaria
Ordre de bataillon n°15 : Cassation de grade du caporal Portman, trouvé endormi dans son abri alors que ses hommes montaient au front, et ayant répondu à son sous-officier : « vous m’embêtez » !

26 juillet
Mêmes emplacements.
Commencement d’une tranchée en deuxième ligne par la 3ème Compagnie.
Transfert de matériel, rondins, fils de fer, piquets, grillage métallique nécessaires pour la construction de cette tranchée.
Brume, pluie, boue.
Nouvelle action limitée au Linge, méthodique feu roulant de l'artillerie, la crête est conquise au prix de lourdes pertes.  
Nuit du 26 au 27 juillet : Trois assauts de contre-attaques allemandes sont repoussés dans la nuit et jusqu'à midi du 27 juillet.

27 juillet1915 
Mêmes emplacements.
La 3ème Compagnie travaille toute la nuit à la construction de la tranchée de la deuxième ligne.
Ordre de bataillon n°16 : nouvelle cassation d’un caporal indigne de porter les galons.
En début d'après-midi, assaut français sur le Barrenkopf : demi-succès, puis échec.
Les Français abandonnent le Barrenkopf, trop exposé. Mais Joffre n'entend pas rester sur cet échec.
Il ordonne la reprise de la crête coûte que coûte. Les chasseurs repartent. La lutte est dantesque, souvent au corps à corps.
Entre les lignes, les cadavres s'amoncellent au point qu'il faut les arroser de phénol pour combattre l'insoutenable puanteur.

28 juillet
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
Ordres de bataillon n°17 et 18 : décoration de la Légion d’Honneur et nomination.

29 juillet
Mêmes emplacements.
Grande activité des travaux de construction des tranchées de 2ème ligne.
Transport de matériel.
Ordres de bataillon n°19 et 20 : citations à l’ordre du Bataillon et décorations.
Nouvel assaut de nos armées, mais le sommet du Linge est toujours tenu par les Allemands. Tout effort sera vain.

30 juillet
Mêmes emplacements.
Continuation des travaux en cours.
Transport de matériel aux Compagnies de première ligne.
Réfection des boyaux.

31 juillet
Mêmes emplacements.
La 1ère Compagnie nous relève enfin dans les tranchées de Metzeral.
Relève effectuée sans incident.
Les bombardements sont continus.
« Bombardement général allemand de grand style » a dit le Capitaine.
 

vendredi 24 juillet 2015

Pierre His... Le Pierris... Le Pierry

Tranquillement je remonte les générations. Il faut dire que suis bien aidée par plusieurs facteurs : la mise en ligne des registres notariés de ce coin de l'Orne (la Ferté Macé, la Ferrière aux Étangs, Briouze...) sur Geneanet [ 1 ] et le défrichage - avant moi - de nos généalogies communes par Bruno Gogel et Odile Halbert. Le site des archives départementales quant à lui n'est, hélas, guère performant et je n'y vais qu'à reculons (aaah ! les systèmes de navigation et de zoom impraticables).
Me voilà donc arrivée à Pierre His, dont je retrouve le contrat de mariage daté de 1648, à la Ferté Macé. Il demeure en la paroisse de Lonlay le Tesson. Les registres paroissiaux ne peuvent plus m'aider : pas de registre antérieur à 1662. Ce sont donc les actes notariés qui me permettent de progresser plus loin dans le temps. Il est le fils de feu Jean et de Julienne Clouet (enfin peut-être, son patronyme est difficile à déchiffrer).
Je ne sais même plus pourquoi je regardais la carte de Cassini, quand soudain, comme souligné par un cercle de relief et de végétation, un lieu-dit nommé Pierre His m'apparaît.


Pierre His / Lonlay le Tesson, carte de Cassini © Gallica

Tilt ! Happy Dance ! Montée d'adrénaline !

Parmi le peuple de laboureurs et de vignerons qui forme ma généalogie, aucun n'a donné son nom à une terre (et inversement).
Bon, pour le moment rien ne prouve qu'il y ait un lien entre les deux. Mais quand même...
D'ailleurs Pierre est dit "de la paroisse de Lonlay le Tesson", sans précision sur son lieu d'habitation.
D'autre part, toujours dans ledit document, il est nommé "Pierre Hayet fils de feu Jean His", même si dans tous les autres documents il est bien nommé His.
Après plusieurs investigations, il apparaît que "mon" Pierre His était crochetier, c'est-à-dire un artisan qui fait des crochets pour les crocheteurs et les portefaix ou les bêtes de somme. Le crocheteur gagne sa vie à charger, décharger et porter des fardeaux sur et avec des crochets. Le portefaix charge et décharge les produits solides, à l'aide de crochets qui sont des instruments à deux grandes branches et à deux crochetons avec une sellette (tandis que ceux des animaux sont des supports fixés sur le bât pour retenir les charges). [ 2 ]
Il était illettré. En effet, sur les actes le concernant, il appose sa marque. L'Orne est le seul endroit de ma généalogie ou les illettrés sont invités à apposer leur marque, tant sur les documents religieux (actes de baptêmes, mariage et décès) que civils (actes notariés). Mais on voit bien que la marque de Pierre est personnelle : elle est identique sur tous les documents et n'est pas faite au hasard, ne ressemble pas aux autres marques.

"Signature" de Pierre His, 1693 © AD61

Je ne sais rien de son père et sa "dynastie" se termine avec sa fille (du moins dans ma généalogie).

La commune de Lonlay-le-Tesson fait actuellement partie du département de l'Orne et du diocèse de Séez, canton de La Ferté-Macé. Sa superficie est de 1 237 hectares. 
Lonlay-le-Tesson comptait, en 1709, 244 feux (ensemble des personnes vivant dans un même foyer). La fabrication et le commerce de la toile tenait une place importante dans l'économie du pays.
Le château, dont il ne reste plus qu'une partie, a été construit en 1773. Il fut vendu en 1825 à M. Clouet qui le convertit en ferme. Une partie du bâtiment abrita un temps la mairie et l'école de garçons.

Quant au village de Pierre His, au fils du temps son nom évolue. En 1881, on le nomme Le Pierris. Sur le cadastre napoléonien il est écrit Pierry. Forme qu'il a gardée de nos jours : Le Pierry.

Le Pierry / Lonlay le Tesson © Geoportail

Le Pierris est dit "appartenant à la famille His" dans la Notice sur la commune de Lonlay-le-Tesson [ 3 ]. Ce village relevait de la seigneurie du Bois-Manselet dont il formait une des "aînesses".
Le Bois-Manselet était un petit fief tenu noblement de la baronnie de Briouze, et ce dès le XVème siècle. Il s'étendait à la fois sur les paroisses de Ménil de Briouze et de Lonlay le Tesson. Sur le registre de ses pleds et gages-plèges [ 4 ] étaient inscrits, notamment, les tenants du Pierris.
Le manoir du Bois-Manselet était une sorte de vieux logis normand, construit au pied des collines boisées du Mont d'Hère. Le fief tomba en désuétude à l'extinction de la famille dans les années 1840.

En conclusion, difficile de dire que "mon" Pierre His avait un lien avec le lieu-dit dont les tenants semblent être plus élevés que de simples crochetiers. Néanmoins il n'est pas exclu qu'il soit apparenté à cette famille... En bref : p'tète ben qu'oui, p'tète ben qu'non
D'accord c'est une conclusion de Normand, mais après tout leur sang coule dans mes veines aussi...


[ 1 ] Notamment par titep48/Michel Petit et dozeville/Jean-Pierre Bréard, qu'ils en soient chaleureusement remerciés.
[ 2 ] Source : www.vieuxmetiers.org 
[ 3 ] Source : Notice sur la commune de Lonlay-le-Tesson par le comte Gérard de Contades, Le Mans, 1881; via Odile Halbert).
[ 4 ] Le plaid est une audience du tribunal. Le gage-plège était, en Normandie, une convocation extraordinaire que faisait le juge dans le territoire d'un fief pour différents motifs (élection d'un prévôt ou d'un sergent, règlement de rentes et redevances seigneuriales...).


vendredi 17 juillet 2015

Mon beau-fils est mon gendre

Cerdon, le 29 septembre 1719.
Jour triste et gris. Nous sommes tous réunis. Après qu'il ait reçu le viatique et l'extrême onction [ 1 ], nous voici suivant le cortège funéraire de mon époux Benoît Morel, montant en direction de l'église saint Jean-Baptiste. Après la cérémonie menée par le curé Ferrières, nous irons au cimetière attenant. Ce n'est pas une situation inédite pour moi : je suis veuve pour la deuxième fois.
Nos enfants se serrent contre moi. Du haut de ses 13 ans, mon aînée Félicité va pouvoir m'aider dans les tâches quotidiennes. Mais les autres sont si petits : les trois filles de 10 à 6 ans et le bébé, Charles, qui n'a qu'un an. Il dort tranquillement dans mes bras, innocent et étranger à tout ce qui l'entoure. Claude et Joseph, les frères de Benoît, sont ici aussi bien sûr. Leur soutien est précieux. Après le chagrin, l'inquiétude me gagne : comment va-t-on vivre tous sans son salaire de maître maçon et tailleur de pierre ?

Acte de décès de Morel Benoît, 1719 © AD01
"Le vingt neuf septembre est décédé Benoit Morel Maître Maçon aagé denviron quarante ans après avoir reçu le viatique et lextreme onction la sepulture de son corps été faitte le meme jour au cimetiere de cette paroisse et en la presance de Claude et joseph Morel freres dudit defunt de Cerdon illetres enquis
Ferrieres curé"


Cerdon, le 17 février 1722.
Jour gai et clair. Nous sommes tous réunis. A 41 ans me voilà encore jouant le premier rôle à la noce. J'épouse aujourd'hui Joseph Mermet. Mon troisième époux. La famille Mermet est une des familles éminente de Cerdon. Son père a même eu le privilège d'être inhumé dans la nef de l'église. Nous nous connaissons depuis longtemps, en particulier par sa première épouse, Françoise Chavent (son frère a été témoin de la naissance de plusieurs de mes filles).
Nos promesses de mariage ont été préalablement publiées aux prônes de nos messes paroissiales suivant les ordonnances de l’Église sans n'y apprendre aucun empêchement. Mon beau-père André Comte David m'a menée à l'autel, mon père nous ayant quitté alors que je n'étais qu'une petite fille. D'autres sont présents, parents et amis : Joseph, le frère de Benoît feu mon deuxième époux, toujours fidèle. Jean et Jean-Baptiste Mermet, les cousins de Joseph. Nous réunissons nos deux foyers : de mon côté, il me reste mes quatre filles, âgées de 15 à 7 ans. Du sien, il y a ses sept enfants, âgés de 17 à 3 ans. Nous voilà une nombreuse famille ! Les plus petits ont à peine connu leur mère, décédée des suites de couches du dernier-né en 1717.

Acte de mariage de Mermet Joseph, 1722 © AD01
"Le dix septieme fevrier mil sept cent vingt deux Joseph fils de feu Jean Aymé Mermet veuf de Françoise Chavent aagé denviron quarante trois ans, et Jeanne Claudine Chaney veufue en premieres nopces de jean Aymé Ravet et en secondes de Benoit Morel aagé denviron quarante cinq ans ont reçu la benediction nuptiale leurs promesses de Mariage prealablement publiees trois fois aux prônes de nos messes paroissiales suivant les ordonnances de Leglise sans apprandre aucun empechement civil et canonique audit mariage auquel ont este present Jean Mermet et Jean Baptiste Mermet cousins de lespoux et andré Contoz David beau pere de lespouse et Joseph Morel son beau frere tous de Cerdon, ledit espoux avec Jean Mermet et ledit Contoz David ont signe"


Cerdon, le 13 août 1722.
Jour terne et sombre. Nous sommes tous réunis. Le curé Ferrières est à nouveau passé à la maison pour administrer viatique et extrême onction. Joseph nous a quittés si brutalement. Nous n'avons même pas été mariés durant un an ! Je te garderai dans mes prières, Joseph. Me revoilà portant le deuil, montant vers le cimetière. J'ai à peine plus de 40 ans et je me sens bien vieille aujourd'hui. La chaleur de mon sang semble s'être dérobée. Claude et Joseph Chavent, les oncles des enfants du premier lit de feu Joseph, m'accompagnent. Je me retrouve à la tête d'une famille de onze enfants. Je ne pense pas que je me remarierai à nouveau. De toute façon, j'ai maintenant beaucoup trop de travail pour aller chercher un mari comme une jeune fille de 20 ans !

Acte de décès de Mermet Joseph, 1722 © AD01
"Le treizieme d'aout mil sept cent vingt deux est décédé Joseph Mermet qui etoit fils de feu Jean Aymé Mermet aagé denviron quarante trois ans apres avoir été muni du saint viatique et du sacrement de lextreme onction dont le corps a este le lendemain inhumé au cimetière de cette paroisse en presence de Claude et Jean Chavent tous de Cerdon illetrés enquis 
Ferrieres curé"


Cerdon, le 28 février 1724.
Jour radieux et éclatant. Nous sommes tous réunis. Cette fois, ce n'est pas moi qui joue le premier rôle : je marie ma fille première-née, Félicité. Elle épouse... Jean Louis Mermet, le fils de feu Joseph. Mon beau-fils est devenu mon gendre. Au moins, je sais où ils se sont rencontrés : sous notre propre toit ! A force de se côtoyer, ils ont noués de solides liens. On peut qu'ils ont eu tout le temps de se découvrir et que leurs sentiments sont sincères. Ils ont 18 et 19 ans. Toute la famille est réunie pour fêter ce joyeux événement. Même le sieur Berard, le châtelain de Mérignat est venu : tous les curateurs ne s'occupent pas aussi bien de leurs protégés... Ma mère aussi, bien qu'âgée de près de 70 ans, a tenu à suivre la noce et de monter jusqu'à l'église. Heureusement Jean et Antoine, les frères du marié, l'ont soutenue dans ce périple ! J'espère que ma fille aura meilleur destin dans son union que dans les miennes.

Acte de mariage de Mermet Jean Louis, 1724 © AD01
"Le vingt huitieme fevrier mil sept cent vingt quatre Jean Louïs fils de feu Joseph mermet assiste de sieur françois Berard chatelain de Merigna son curateur judiciellement pourvu agé d'environ vingt deux ans et felicité fille de feu Benoit Morel et de Jeanne Claudine Chaney sa curatrice agée denviron vingt ans ont reçu la benediction nuptialle attendu pour trois publications il ne nous a apparu aucun empechement ny civil ny canonique faitte au moins au deux des conciles et ordonnances du diocese, ont etes presents Jean Mermet oncle dudit jean Louïs avec Jean Baptiste Mermet son fils, ladite Claudine Chaney avec Andre Comte David marié en troisieme nopces avec Marie Berard ayeule de ladite epouse qui ont tous signes
Ferriere chanoine"

Cerdon © AD01

  • Jeanne Claudine Chaney est née en 1680 à Cerdon (01), mariée trois fois (avec Jean Aymé Ravet en 1698, dont elle a eu une fille - décédée en bas âge; Benoît Morel en 1704, dont elle a eu 4 enfants - dont un fils mort en bas âge - et Joseph Mermet en 1722), décédée en 1762.
  • Joseph Mermet est né en 1680 à Cerdon, marié deux fois (avec Françoise Chavent en 1703, dont il a eu 7 enfants; et avec Jeanne Claudine Chaney), décédé en 1722.
  • Félicité Morel est née en 1705 (décédée en 1781), mariée avec Jean Louis Mermet, né en 1704 (décédé en 1781). Ils ont eu 10 enfants.
  • Maître Jean Ferrieres, ancien chanoine et curé de Cerdon, fut enseveli le 10 février 1727.

[ 1 ] Viatique : Sacrement de l'eucharistie (corps du Christ) administré à un mourant : le pain de vie qu'est l'eucharistie est donné à un mourant qui se prépare au "voyage" qu'est le passage de la vie terrestre à la vie éternelle.
Extrême onction : Un des sept sacrements qui se confère en oignant des saintes huiles un catholique en péril de mort.

vendredi 10 juillet 2015

L'appel de ses ancêtres

Pendant plusieurs années consécutives, mes parents et moi avons pris l'habitude de partir en vacances sur les traces de nos ancêtres. Chacun avait sa tâche : je préparais les recherches généalogiques en amont, ma mère s'occupait du gîte qui nous accueillerait et mon père nous conduisait.
Nous avons ainsi visité Conques (Aveyron), berceau des ancêtres de mon père, puis Samoëns (Haute-Savoie) et Loudéac (Côtes d'Armor), ceux de ma mère. Pour les deux premiers, le but était surtout de dénicher les actes d'état civil qui n'étaient pas en ligne. Le dernier était purement touristique, avec l'idée tout de même de voir les lieux où mes aïeux maternels avaient vécu.

Or donc, en cette "année bretonne", ma mère avait présélectionné plusieurs hébergements possibles et me les avait envoyés pour me demander mon avis. Parmi eux, un gîte situé sur la commune de Saint-Caradec, au lieu-dit La Theilo (à une dizaine de kilomètres de Loudéac).

Je me suis toujours demandé si l'appel de ses ancêtres avait résonné en ma mère. Parce que oui, ses ancêtres ont bien habité La Theilo à Saint-Caradec ! Parmi tous nos ancêtres bretons habitant Loudéac ou les environs (Saint-Caradec, Cadélac, Le Quilio, Merléac, Mûr de Bretagne, Saint-Guen, Trévé), parmi tous les hébergements possibles, comment a-t-elle sélectionné ce gîte situé précisément dans ce lieu-dit ? Est-ce un simple hasard ? Ou y a-t-il autre chose ? Cela, nous ne le saurons jamais...

Extraits carte Cassini et vue aérienne La Theilo / Saint-Caradec © Geoportail

A partir de là, plus question d'aller voir ailleurs. Nous avons logé sur le lieu même où Corentin Le Goff a vu le jour en 1779. Je connais peu de chose sur ses parents, Olivier Le Goff et Marie Etienne. Mariés en 1775, ils auront (au moins) cinq enfants. Ils meurent tous deux en 1817, à sept mois d'intervalle. Corentin sera maçon, comme son père. 

Pourtant, en ce pays, beaucoup de nos ancêtres étaient tisserands ou tailleurs d'habit. On y travaillait "les toiles de Bretagne". Ce voyage nous a permis de découvrir cette activité (entre autres).

Reconstitution historique de tissus © auxfilsdelarz.fr

Du XVI au XVIIIème siècle, la culture du lin et du chanvre, la fabrication des toiles et leur exportation vers l’Angleterre, l’Espagne et ses colonies d’Amérique ont occupé une main-d’œuvre considérable et ont fait la richesse de toute la Bretagne [ 1 ].

Cette activité toilière a eu des conséquences importantes sur le plan économique (prospérité), démographique (augmentation de la population) et artistique (maisons de marchands, enclos paroissiaux, etc.).

Elle a placé la Bretagne au cœur d'un vaste système d'échange planétaire. Les graines de lin étaient importées de Lituanie, via la Baltique et les Flandres, par le port de Roscoff ; les toiles étaient exportées vers l'Angleterre et l'Espagne par les ports de Saint-Malo, Morlaix, Landerneau… De l'Espagne, où étaient implantés des marchands français, les toiles de lin et de chanvre gagnaient les colonies d'Amérique.

Lin en fleur © Wikipedia

La production des toiles de Bretagne a constitué une activité massive pendant tout l'ancien Régime et encore au début du XIXème siècle. Elle prenait la forme particulière d'une "manufacture dispersée" faisant appel à une main d'œuvre rurale travaillant à domicile à partir de matériaux cultivés dans les jardins.

Dans le pays de Loudéac le lin tissé prenait le nom de « Bretagnes légitimes ». Longtemps les ateliers sont demeurés traditionnels. Ils se composaient de métiers à tisser, installés dans la maison près d'une source de lumière, de bobineuses ou de mécanismes à préparer les canettes.

Le travail du lin commence à la mi-juillet par l’arrachage des plants par la racine. Le lin est ensuite mis à rouire au ruisseau ou dans des cuves maçonnées. On fait tremper les plants une dizaine de jours afin que l’eau dissolve la gomme et agglutine les fibres. Ensuite on égrène le lin à l’aide d’un peigne en acier puis les tiges sont liées en bottes. L’égrenage se pratiquait parfois avant le rouissage. Les graines servent à la semence suivante ou à la fabrication d’huile. Puis on procède à l’écouchage, qui consiste à gratter les fibres avec un morceau tranchant de verre ou de fer pour en éliminer les impuretés. Les fibres courtes servent d’étoupe pour le calfatage des bateaux ou, mélangées à de l’huile, au bouchage des bouteilles de vin (à une époque où le bouchon de liège n’existe pas encore). Les filassiers vont ensuite, de ferme en ferme, mettre en place les filasses sur des cadres de bois. Les femmes filent au fuseau dans un champ ou près d’un de la cheminée et parfois au rouet à main ou à pédale. Les bobines sont alors mises bout à bout et posées sur un dévidoire qui permet de confectionner des écheveaux. Ces derniers sont acheminés chez le teilleur qui confectionne la toile.

Tisserand © tibihan-locronan.com

A Loudéac, l’industrie du lin et le commerce qui y était lié connurent leur apogée au XVIIIème siècle puis déclinèrent pour disparaître à la veille de la guerre 1914/1918.

A la simplicité de cette production succédait une intense activité d'exportation reposant sur des marchands dont la prospérité se repère aujourd'hui encore dans des constructions ostentatoires. Il peut être classé selon trois catégories :
  • un patrimoine lié à la production et au traitement des plantes à fibre, ainsi qu'à la production de toiles : routoirs, maisons buandières (ou « kanndi »), maisons de paysans-tisserands, manufactures, etc. 
  • un patrimoine lié au commerce des graines et des toiles : maisons de marchands toiliers, hôtels de négociant, halles, etc. 
  • un patrimoine indirectement lié à cette activité.

Outre une richesse individuelle, l'activité toilière est à l'origine d'un enrichissement collectif par le biais des offrandes faites aux fabriques des paroisses. Cet enrichissement et la concurrence entre paroisses expliquent notamment l'édification d'églises somptueuses et d'enclos paroissiaux dans le Finistère.

L’essoufflement de cette activité est sans doute aussi une des causes de l'émigration des Bretons. C'est ainsi que trois générations plus tard la descendante de Corentin Le Goff, Ursule Le Floch, s'installera en Ile de France. Mais ça, c'est une autre histoire...



[ 1 ] Source : www.linchanvrebretagne.org



vendredi 3 juillet 2015

#ChallengeAZ : en conclusion...



Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le savez c’est que j’ai bien accompli mon ouvrage, mais grâce à la diversification des sources il est possible de découvrir de nombreux aspects de la vie de ses ascendants.

La famille Assumel sur les bords de Loire, vers 1927 ( ?) © coll. personnelles
De gauche à droite, au premier plan : Marcelle (ma GM), Raymond, Anne, Robert, Roger
A l’arrière-plan, Marie Gros, Jules Assumel Lurdin et Marie-Rose


J’ai beaucoup aimé faire ce ChallengeAZ. 
Parce qu’en accumulant les sources, j’ai pu assez bien cerner la vie de Jules, mon bisaïeul. Au-delà des traditionnels naissance/mariage/décès, j’ai pu mettre au jour des moments de son existence et de sa personnalité, comme autant de pièces d’un puzzle qui s’assemblent et finissent par former un portrait précis. De grands instants de sa vie ou de brefs détails du quotidien. Parfois cocasses, parfois tristes. La vie, en somme.

Peut-être, aussi, vous ai-je donné quelques idées ou quelques pistes pour vos propres recherches : si tel est le cas, alors tant mieux.

Merci au moteur de recherche de Geneanet, à Gallica, aux Archives Départementales de l’Ain, de la Vendée, de la Haute-Savoie, du Maine et Loire et de Paris, aux Archives Nationales, à la tradition orale familiale, à Wikipedia, à ma tante, à sa cousine et à Google Maps  pour toutes ces trouvailles.
Sources : tradition orale familiale, france-inflation.com, presse en ligne, état du personnel des eaux et forêts (Ministère de l’Agriculture), fiches militaires, photos coll. personnelle, code forestier, carte postale ancienne, nature-extreme.forumactif.com, état civil, documents familiaux, Google Maps, listes électorales, listes de recensements, Journal Officiel, dictionnaire historique Pommerol, actes notariés, dossier Assumel-Lurdin (Ministère de l’Agriculture).