« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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vendredi 23 décembre 2022

#52Ancestors - 51 - Michel Barré

   - Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 51 : Sur quoi voulez-vous progresser ?

 

Sur la paléographie bien sûr !

 

S’il y a un fond que j’aime explorer, c’est le fond des notaires. Il révèle la vie de nos ancêtres : des événements importants, comme les contrats de mariage ou testaments, mais aussi des fragments d’existence aussi divers que variés. Ainsi au fil de mes recherches j’ai trouvé des achats, donations, baux, fondations de chapelle, réfections des murs du cimetière, comptes de fabriques. Mais aussi des actes plus mystérieux comme des remises en main, actes d’office ou lausimes*.

Pour les comprendre, il a fallu appréhender le vocabulaire notarial.

 

Mais bien sûr, avant cela, il faut pouvoir lire les documents !

 

C’est là que la paléographie intervient. Je n’ai jamais eu de formation en paléographie : tout ce que je sais je l’ai appris sur le tas. A force, je reconnais les formules notariales caractéristiques (comme « procedant de l’authorité avis et consentement », « a peine de tout damps » ou « une bonne parfaitte sante, mémoire de ses bons sens et entendement »).

Les documents de type testament obéissent à des structures identiques : date, protagonistes, état de santé, recommandation de son âme, dispositions, témoins, signatures. Bien des fois j’ai réussi à débloquer une transcription en retrouvant l’expression dans un autre document similaire dont le déchiffrement avait été plus facile.

Plus je lis un notaire, plus je me familiarise avec son écriture et plus il devient facile de comprendre son écriture.

Cette expérience me permet assez souvent de bien comprendre de quoi il s’agit. Mais parfois j’ai plus de mal à déterminer le sujet même du document.

 

Par exemple avec le document de Michel Barré.

Michel est mon ancêtre à la XIVème génération (sosa n°9158). Il a vécu au XVIIème siècle sans doute d’abord à La Ferté Macé puis à la Sauvagère (Orne). Il était clerc (de notaire ?). Je n’ai aucun acte paroissial le concernant. Tout ce que je sais de lui (et de son père, son épouse et ses filles) je l’ai appris dans les fonds notariaux.

Acte notarié Michel Barré, 1624 © AD61 via Geneanet


J’ai trouvé ce document grâce à l’indexation collaborative sur Geneanet (l’Orne n’a pas mis en ligne ses fonds notariés). La signature de Michel, aisément reconnaissable avec sa jolie ruche au bas de l’acte, confirme que cet acte concerne bien « mon » Michel.

D’ailleurs « Michel Barré fils de Léonard » sont les rares mots que je parviens à lire dans ce document.

 

La première ligne doit concerner la date (même jour et an que le document précédent ?).

Ligne 2 : Michel Barré fils de Léonard.

Ligne 3 Guillaume Nyault fils de ???

Ligne 4 : paroisse de la Ferté Macé

Un peu plus loin : la somme de soixante quatorze ???

 

C’est en gros à peu tout ce que je comprends.

 

On notera que ce n’est absolument pas une question de date : il est parfois plus facile de déchiffrer un document du XVIème qu’un autre du XVIIIème.

 

Les difficultés auxquelles on doit faire face ?

  • L’orthographe, bien sûr, qui n’est pas fixée – voir ici mes réflexions humoristiques à ce sujet. Mon truc à moi : lire à voix haute. Bien souvent le sens se révèle malgré mon cerveau strictement dressé à l’orthographe.
  • Les espacements entre les mots, qui ne sont pas toujours ceux auxquels nous sommes habitués aujourd’hui.
  • La forme des lettres qui, non seulement peuvent varier de celles que nous connaissons, mais qui en plus – les traîtresses – peuvent varier au sein d’un même mot ! La comparaison avec une lettre similaire dans le texte peut aider à déterminer de quelle lettre il s’agit. Conseil qui peut s’avérer aussi utile pour le point suivant.
  • Les caméléons : ces lettres qui se prennent pour une autre, comme le e/o, r/v ou p/x.

 

Mais bon, il faut bien l’avouer, ces trucs et astuces ne suffisent pas toujours. Et parfois, comme ici avec Michel, je reste dans l’ignorance la plus totale…

 

 

 

* Voir la page lexique de ce blog !

 

vendredi 11 novembre 2022

#52Ancestors - 45 - Famille Desjoncherets

 - Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 45 : Une histoire de fantôme

 

Parfois les liens généalogiques sont ténus. Ainsi la famille DESJONCHERETS : je l’ai reconstituée sur trois générations. Et pourtant je n'ai trouvé aucun acte paroissial les concernant.

Famille Desjoncherets sur trois générations


Au centre le couple Jean DESJONCHERETS et Louise BASSIN.

Heureusement j’ai pu découvrir leur contrat de mariage*. Il a été passé le 7 janvier 1601 à La Ferté-Macé (Orne) devant Me Chatterret ( ?). Très difficile à déchiffrer, je crois pouvoir discerner que la future mariée reçoit de son père (?) du "linge et [… ?] robes et coussins, ung coffre de bois de chesne [ ?] fermant a clef, neuf [ ?] le tout a lusage et ladite fille, ung pot, deux assiettes plates, deux ecuelles [… ?] le tout destain, une vache [… ?] ou le veau apres elle, ainsi que deux brebis [… ?]."

 

Le bilan n’est pas brillant pour la compréhension de la dot, mais la parenté des mariés est donnée ; ce qui m’a permis de compléter la génération supérieure : François DESJONCHERETS et Jeanne GEOFFROY ( ?) pour le fiancé, Marin BASSIN et Julienne GALLIENNE pour la fiancée. Lui est de La Sauvagère, elle est originaire de « Champgray » (peut-être Champsecret ?) demeurant à présent à La Sauvagère.

Je n’ai pas plus d’information sur cette génération (la XVème pour moi).

 

Ce couple central a eu 6 enfants, vraisemblablement nés à La Sauvagère. Je descends de deux d’entre eux, Nicole et Jacqueline : Nicolas LOUVEL, le descendant de Nicole 5 générations plus tard, épousera la descendante de Jacqueline à la 4ème génération, Anne GERMAIN.

J’ignore quand sont nés et décédés Jean et Louise. Je ne sais pas quel métier exerce Jean mais je sais qu’il est dit "honnête homme" dans les contrats de mariage de ses enfants Renée et Jullien. Je peux le suivre sur les différents actes notariés grâce à sa « signature » : en fait une simple marque mais qu’il reproduit à l’identique sur les différents documents où on lui demande de s’identifier.

La marque de Jean DESJONCHERETS, 1645


Je n’ai trouvé aucun acte de naissance ni de mariage des 6 enfants du couple DESJONCHERETS / BASSIN. Il n’y a pas de registre paroissial antérieur à 1687 à La Sauvagère.

 

Je n’ai aucun document sur les couples que forment Nicole et Jacqueline DESJONCHERETS (respectivement épouses FOURE et GERMAIN) mes ancêtres directes. Je ne les connais que par leurs enfants :

  • Le contrat de mariage de Renée FOURE, mentionnant ses parents, passé en 1653.
  • La présence de Jacques GERMAIN au contrat de mariage de sa sœur Julienne, dans lequel ses parents sont cités, et au bas duquel on reconnaît sa signature.

 

Grâce à des actes notariés je sais que Nicolas GERMAIN, l’époux de Jacqueline, est marchand. Cependant il ne paraît pas lettré car il ne signe pas : comme son beau frère Noel FOURE il ne fait qu’un dessin comme marque. Cependant son fils Jacques, lui, a une belle signature (il écrit son nom et son prénom en toutes lettres).

Marques de Noel FOURE (1653) et Nicolas GERMAIN (1645)


Bref, voilà trois générations fantômes, qui n’apparaissent que grâce à quelques mentions ténues dans des actes notariés.

 

 

 

* Je remercie ici titep48 qui a déposé sur Geneanet contrats de mariage et actes notariés (ces documents n’étant pas en ligne sur le site des archives départementales).

 

vendredi 26 août 2022

#52Ancestors - 34 - Nicolas Regnault

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 34 : Ligne de vie incomplète, demandez de l’aide

 

 

Nicolas Regnault naît à La Coulonche (61) en 1617. Quelques actes paroissiaux concernant sa fratrie ou son père, quelques actes notariaux le concernant : la ligne de vie de Nicolas n’est pas très fournie (une vingtaine de lignes).

Ligne de vie Nicolas Regnault

La visionneuse des archives départementales de l’Orne est très difficile à utiliser : cela ne facilite pas l’exploration. A priori il se marie en 1659 avec Anne Delaunay : j’ai son contrat de mariage, daté du 6 février, mais je n’ai pas trouvé son acte de mariage. La fiancée est originaire de Bellou en Houlme, une paroisse distante de 6 km de celle de Nicolas.

De cette union ne serait née qu’une seule fille, Julienne. Je n’ai pas trouvé sa naissance : d’après son décès elle se situerait en 1663, certains généanautes la placent un peu plus tôt en 1660 (information non sourcée).

Odile Halbert* a travaillé sur cette famille (avec Lucien Regnauld). Voici les informations qu’elle donne :

« Le patronyme Regnault s'est écrit Renault après 1750. Le nom est d'origine germanique "Raginwald" (de "Ragin- (ragn)" = conseil, et "-Waldan" = gouverner). Il a de nombreuses variantes orthographiques et diminutifs (Morlet M.T., Dictionnaire étymologique, Paris 1991).

Il y a, vers 1625 à La Coulonche, onze familles Regnault. Les parrainages des enfants permettent de fractionner les familles Regnault en deux souches : elles comportent sept couples têtes de descendances chacune ».

 

 « Mes » Regnault descendent d’un couple de cette seconde souche, André et Marie Langlois (les parents de Nicolas).

Toujours d’après Odile Halbert, Nicolas se serait remarié après le décès de sa première épouse Anne Delaunay. En effet, en 1667, un document notarié passé devant notaire à La Ferrière aux Étangs, mentionne Nicolas Regnault et son épouse Cécile Corbière (ils liquident l’héritage de cette dernière). Ils demeurent alors en la ville de Saumur (49). On notera que Nicolas fait simplement une marque au bas du document (un N), alors que dans les autres documents il signe « N.Regnault ».

Signature Nicolas Regnault 1667 / 1659

 

Odile Halbert pense que l'acte de décès qu'elle a trouvé concernant Anne Delaunay en 1707 n’est pas celui de la première épouse de Nicolas, mais celui d’une homonyme. Malheureusement, je n’ai pas retrouvé ce décès de 1707 (ni aucun autre concernant Anne). Son hypothèse est que, veuf de bonne heure, il a épousé en secondes noces (avant 1667) Cécile Corbière, originaire de la Ferrière aux Etangs. Le couple part s'installer à Saumur et liquide dans les années 1666/67 leurs héritages respectifs à la Coulonche et à la Ferrière aux Etangs.

Elle pense par ailleurs, qu'avant de partir Nicolas Renault n'a pas emmené sa (toute jeune) fille Julienne à Saumur mais qu'il l'a confiée à la garde de son frère Mathieu Regnault, alors marié à Anne Leconte. Devenu veuf, Mathieu Regnault épouse en 1671 Jeanne Bidaut (elle-même veuve de Pierre Dugué), duquel elle a un fils prénommé Julien. Ce Julien épouse en 1681… Julienne Regnault.

Cet acte de mariage ne signale pas le décès de la mère de la mariée, ni la paroisse du père. Cependant Nicolas n’est pas présent. En revanche, parmi les témoins se trouve Mathieu Regnault.

 

Plusieurs généalogies sur Geneanet indiquent que Nicolas est mort en 1681 à Saumur. Mais aucun ne source cette information. Sans doute se sont-ils copiés les uns les autres…

Nicolas est-il resté à Saumur après 1667 ? Et ce Nicolas époux Corbière est-il bien « mon » Nicolas ?

Bref, il reste quelques trous à combler dans la ligne de vie de Nicolas. Toute aide est la bienvenue !

 

 

*Que les généalogistes du Haut Anjou et de Normandie doivent bien connaître (Histoire du Haut Anjou)

 

 

 

vendredi 29 juillet 2022

#52Ancestors - 30 - Noël et Nicolas Germain

Article disponible en podcast !


 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 30 : Des familles, des fratries vivant ensemble ? Des associations insolites dans votre généalogie ?

 

Je compte plusieurs associations familiales dans mon arbre. Je les connais grâce à l’acte fondateur, passé devant notaire. Elles sont appelées société de gains ou communautés. Elles sont toutes fondées par des paysans. Toute sauf une : celle de Noël et son fils Nicolas GERMAIN qui sont marchands. Installés à La Sauvagère (61), ils vivent au début du XVIIème siècle.

La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent de mettre quelque chose en commun, dans la vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. Selon les cas, les parties y apportent de l’argent, des biens ou leur « industrie » (leur savoir-faire).

 

En 1643, Noël et son fils passent un accord de ce type devant notaire. « Quelque demeurance, frequentation & residence qu'ilz ayent faitte ensemble par le passé » ils décident désormais de s’associer « tenantz un seul feu, lieu et menage, boivant et mengeant ensemble ».

S’il n’y a pas de convention sur la durée de la société, elle est censée être contractée pour toute la vie des associés. Ici il est précisé qu’elle durera « tant qu'il plaira à Dieu les y maintenir ».

Noël et Nicolas attestent n’avoir acquis aucune autre société ou communauté de biens meubles en dehors de celle-ci.

Il est prévu que chacun d'eux jouira et disposera de ses biens, sans que l'un soit tenu de répondre des faits de l'autre ni de leurs « debtes, negosses et affaires ». C’est ici que l’on voit apparaître la nature de l’activité des Germain : ils font du négoce.

Pendant toute la durée de la communauté, Noël le père s’engage à ne « pretendre ny demander aucune chose, part ny portion aux biens meubles, mortz et vifz ». Les biens morts sont les biens qui ne peuvent se déplacer seuls (comme une table) ; les biens vifs, eux, se déplacent seuls (comme les animaux domestiques).

Sont également comprises dans l’accord les « espesses de marchandises apartenant audit Nicollas, de quelque qualité ou essence que ce soit, durant leur communauté en leur ditte maison ». Malheureusement le texte ne dit pas la nature des marchandises que vendent les Germain.

Ainsi que la « somme promise lors de son mariage et de son bon menage [par] ledit noel germain ».

En bref, le père ne pourra pas faire main basse sur l’apport du fils, meubles ou marchandises, ni sur sa dot.

Par contre, il est probable que chaque associé puisse se servir des choses appartenant à la société, pourvu qu’il les emploie à leur destination fixée par l’usage, car il n’y a pas de mention contraire dans le texte.

Noël reconnaît que son fils « a quitté la demeure et résidence qu’ils faisaient  personnellement luy et sa femme […] pour aller demeurer et resider aveq sondit père ».

On l’a vu, la société durera tant qu’il plaise à Dieu. Néanmoins, si l’un ou l’autre désire « dissoudre ladite communauté il pourra emporter ses meubles et marchandises » sans rien devoir à l’autre. Cette dissolution n’est possible que dans les sociétés illimitées dans le temps et à condition qu’elle ne porte pas tord à la société (en d’autres termes que l’associé qui souhaite la dissolution ne le fasse pas pour s’enrichir sur le dos des autres associés).

Il n’est rien stipulé concernant les épouses ou les héritiers des associés. Dans ce cas, ils ne sont pas considérés comme associés à part entière et n'auront droit qu’au partage de la société et de ses gains au moment du décès de l'un des associés. Pour faire partie intégrante de la société, ils devront passer un nouvel acte devant notaire.

Le notaire fait signer l’acte aux associés et à leurs témoins (bien sûr, l’acte se fait devant témoins). Comme le père et le fils ne savent pas signer, il leur fait mettre « leur marque ». Ce n’est pas n’importe quelle marque car elles sont uniques et propres à chaque individus (c’est d’ailleurs comme ça que je reconnaîtrais les Germain au fils des ans et des actes).

Marques de Noël et de Nicolas Germain, 1643 © AD61

On notera que l’on peut très bien être marchand sans savoir lire, compter suffit bien (ce n’est pas la première fois que je rencontre ce phénomène).

 

 

samedi 21 septembre 2019

#RDVAncestral : Les toiles de bébé

J’étais venue à la Coulonge (Orne) pour le baptême de Catherine Mesenge, mon ancêtre à la XIème génération. Mais finalement, au lieu d’aller à l’église, je me dirigeai vers la maison de ses parents.

Je frappai : pas de réponse. Pourtant, Françoise Salles, épouse Mesenge, était forcément là : on était juste après la naissance du bébé et donc les relevailles n’avaient pas encore été accordées à sa mère. De plus, il y avait de la fumée qui sortait de la cheminée et de la lumière filtrant aux fenêtres. Je décidai d’entrer. Un petit chaudron était en train de mijoter lentement dans la cheminée. Seul le doux frémissement du ragoût troublait le silence de la maison.

La porte de la pièce voisine était entrouverte : je m’approchai. Le petit Pierre, âgé de trois ans, n’était pas visible. Mais Françoise était là, elle. Non dans son lit garni d’une couette, oreillers et traversin, au chaud sous une couverture de sarge comme je l’imaginai, mais par terre, agenouillée. Elle me tournait le dos. Elle était devant un grand coffre de bois de frêne ouvert, la clé encore dans la serrure. Son coffre de mariage j’imagine. Les aunes de tissus, draps, serviettes et même l’habit de noce reçu lors de son contrat de mariage s’y entassaient.
Je m’approchai : Françoise tenait serrée dans ses mains quelques pièces de toile. Les larmes inondaient son visage.

- Françoise ?
Pas de réponse. J’appelai encore, un peu plus fort cette fois.
- Françoise ?
J'avançai davantage et lui touchai l’épaule.
- Françoise ? Puis-je vous aider ?
- …
- Que tenez-vous là ?
- C’est…
- Oui ?
- C’est… Ce sont des toiles… que j’ai cousues et confectionnées pour… pour Marie.
Je comprenais mieux maintenant.
- Marie ? Votre première-née ?
- Oui. J’avais préparé des linges pour l’emmailloter et la tenir au chaud pour aller à l’église la faire baptiser. Malheureusement elle n’en n’a pas eu besoin du petit linge que je lui avais préparé… « Aussitôt après décédée et inhumée » qu'a dit le curé. Alors j’ai remisé ces toiles dans mon coffre.
- Et trois ans plus tard, tu les as ressorties, n’est-ce pas ? (j’étais passé au tutoiement sans m'en rendre compte).
- Oui, pour Marguerite. Née et décédée le même jour. Elle non plus ne les a pas utilisées.
- Puis est venu Pierre, et aujourd’hui Catherine.
- Oui… mais aura-t-elle le temps de les user ?


 Linge © picclick.fr

Elle serra contre elle les toiles destinées à l’usage du nourrisson et étouffa un sanglot plein d’appréhension pour l’avenir de cette petite fille dont les deux aînées n’avaient pas vécues.
Le mois de janvier 1685 soufflait sa fraîcheur jusque dans la chambre : j’aidai Françoise à se recoucher, bien au chaud. Doucement, je lui retirai les linges qu’elles tenaient encore et les déposait précautionneusement dans le coffre. Approchant une chaise de son lit, je lui tenais compagnie. Je tentai d’alimenter la conversation, mais Françoise, quand elle me répondait, ne prononçait que quelques monosyllabes. Finalement, je laissai le silence reprendre ses droits. Françoise fixait intensément la porte. Serait-ce la porte du malheur, le père revenant sans enfant, la petite Catherine ayant déjà expiré comme ses deux sœurs ? Ou serait-ce la porte sinon du bonheur au moins de l’espoir, le bébé revenant affamé de lait et de vie ?
Le temps passait et la tension montait.

Finalement Anthoine Mesenge rentra, dans un tourbillon de neige. Sans s’en apercevoir, Françoise et moi retenions notre respiration, dans un ensemble commun chargé d’attente. Enfin, Anthoine déroula la longue houppelande qui l’enveloppait et découvrit un nourrisson étroitement emmailloté. Était-ce le voyage, l’arrêt, le changement de température ou de position, quoi qu’il soit un cri de protestation se fit entendre, crevant d’un coup le silence angoissé de la maison et nous rendant le souffle, à Françoise et à moi. Anthoine donna le bébé à sa mère.

Je me rendis compte que je m’étais laissée contaminée par l’angoisse de Françoise, alors que je savais pertinemment que Catherine vivrait, puisque j’étais sa lointaine descendante. Je regardai le coffre de bois : les toiles qu’il contenait seront bien utilisées par Catherine, puis par ses futures sœurs, aussi prénommées Marguerite et Marie (dans cet ordre). Rassurée, je quittai le couple et leur bébé… et les aunes de toiles attendant qu’on les transforme en divers vêtements et robes au fur et à mesure que la jeune Catherine grandirait.


samedi 17 décembre 2016

#RDVAncestral : la loge dans la forêt

J'avance lentement dans la forêt. Je suis partie tôt car je n'ai pas le sens de l'orientation et je sais que je vais me perdre. En effet j'ai un mal fou à suivre le sentier. D'ailleurs "sentier" c'est beaucoup dire : c'est plutôt une trace dans l'herbe, entre les arbres. J'erre un moment, reviens sur mes pas, avant d'apercevoir enfin la loge. Les maisons de bûcherons ou de charbonniers étaient installées directement en forêt, au plus près de leurs chantiers : celle qui m'intéresse est située près du village de La Prise (dont le nom signifie "pris sur la forêt"), paroisse de La Sauvagère (61).

Carte de Cassini, village de La Prise, paroisse de La Sauvagère © Geoportail

J'y ai rendez-vous avec la famille Guillouard : François le père, Jeanne son épouse, et Pierre leur fils. Les forestiers ont plutôt la réputation d'être des taiseux, mais là, assemblés près de la cheminée (nous somme en février 1657), la famille me raconte volontiers sa matinée.
Père et fils sont de retour du bourg de La Sauvagère où, ce matin, ils étaient chez le notaire Me Perier. Accompagné de Jean Bernier, ils ont fait rédiger un contrat de mariage pour Pierre avec la sœur de Jean, prénommée Marie. 

Ils m'expliquent que le père de Marie étant déjà décédé, c'est Jean qui s'occupe de tout désormais. Les deux fiancés se sont promis que, "au plaisir de Dieu [mariage] sera fait et accomply selon les constitutions et cérémonies de nostre mère sainte église catholique apostolique et romaine."

Jean Bernier "a promis, en faveur dudit mariage, en don pécuniel la somme de 150 livres". Cette somme représente à la fois la part de Jean, l'héritage paternel et les "biens meubles". Elle sera versée en plusieurs termes, dûment définis. Marie apportera aussi dans la corbeille de mariage un beau trousseau qu'elle a dû patiemment élaborer : "un habit honneste et selon son usage, un lit fourny de couette, traversier, oreiller, couverture et courtine et pendant dudit lit selon la coustume, avec une douzaine de linge." Ce linge sera complété par de la vaisselle : "6 écuelles, 6 assiettes, un pot, le tout d’estain." Le tout sera disposé dans "un coffre de bois de chesne fermant à clef bon et suffisant." Du bétail complète la dot : "une vache pleine ou le veau après elle, une genisse de 2 ans, 6 brebis pleines ou les aigneaux après elle." 
- Et toi François, qu'as-tu promis ?
- J'ai "consenty et accordé que de ladite somme de 150 livres en soit mis et employé en fond ou rente la somme de 100 livres au nom et ligne de ladite fille pour assignat." Et si jamais mon fils venait à décéder du vivant de Marie, j'ai promis quelle "ait son douaire coustumier sur tous ses biens comme sy dès à présent Pierre estoit héritier."

L'ensemble ne représente pas une grande fortune, mais les deux familles sont des gens modestes.
Je me tourne vers Pierre : 
- "Tu es content ?" 
Un large sourire est ma seule réponse.
- Le notaire a tout rédigé selon vos vœux ? Et il vous a fait signer le document ?
- Ben, nous autres on ne sait pas écrire, mais on a mis notre marque. Chacun a la sienne.
Extrait du contrat de mariage de Pierre Guillouard, 1657 © AD Orne via Geneanet

La nuit commence à tomber. François me raccompagne à la lisière de la forêt grâce à un petit lumignon qui n'éclaire pas grand chose; mais heureusement il connaît le chemin par cœur. Au moment de nous quitter, je me retourne et lui chuchote : "ne t'inquiète pas : il aura une belle vie...".

De retour dans le présent, je ne résiste pas à aller aux archives voir s'il reste des traces de cette matinée. Mais, si j'ai découvert plusieurs documents sur la famille confirmant ma prédiction (Pierre sera collecteur de taille [*] par exemple), je suis déçue car je ne trouve pas le contrat de mariage dans la liasse des archives du notaire Perier en 1657. Finalement, c'est O. Halbert qui va me donner la solution : "Il existe un véritable problème pour trouver les contrats de mariage dans les énormes registres reliés des archives notariales de l’Orne, car en fait puisque les dots étaient rarement payées dans les temps, on devait se référer à ce contrat souvent des décennies plus tard, lors de la "reconnaissance". Le notaire sortait donc à ce moment là le contrat de son année réelle, et le reclassait avec la transaction passée des décennies plus tard. Ainsi, à titre d’exemple, le contrat de Pierre Guillouard, passé en 1657, est classé en 1679, soit 22 ans plus tard." Et effectivement, il est là, bien plus tard que prévu, mais bien là, souvenir et preuve de notre rencontre en février 1657...

[*] Selon O. Halbert, le fait que Pierre ne sache pas signer n'est pas un obstacle à son métier de collecteur de taille : savoir compter et faire rentrer l'argent suffit !


dimanche 4 décembre 2016

Noël aimait les (jeunes) femmes

Tout commence normalement : Noël Barré habite La Coulonche (61). Il est issu de l'une des nombreuses familles Barré du lieu : selon Odile Halbert (via Lucien Regnauld), on trouve 25 couples Barré primitifs à La Coulonche (15 garçons et 13 filles) dont 11 couples mariés avant 1615, date du premier registre paroissial connu.
Noël naît en 1618... le 25 décembre, vous vous en doutez. Il est dit cuilronnier : c'est celui qui fabrique des couverts de table (on dit aussi cuironnier, cuilleronnier ou cuilleriste*).

Signature Noël Barré © AD61



A 25 ans il épouse Noëlle Laisné - et c'est un(e) des rares Noël(le) de ma généalogie qui n'est pas né(e) un 25 décembre. Elle a 18 ans. Ensemble ils auront 9 enfants, nés entre 1648 et 1669. Leur mariage va durer 32 ans. Noëlle meurt à 50 ans en octobre 1676. C'est jeune pour notre époque, mais plutôt commun pour le XVIIème siècle. Sans doute tous les enfants n'ont-ils pas tous quitté le foyer : la dernière-née se marie en 1696 par exemple; mais vu la difficulté de consultation des archives en ligne de l'Orne, seuls 4 mariages de la fratrie ont été identifiés et je ne sais pas si les autres sont parvenus à l'âge adulte.
En résumé > Noël, à 25 ans, épouse Noëlle, âgée de 7 ans de moins que lui. Ils ont 9 enfants. Elle meurt à 50 ans.

L'année suivante, Noël prend une nouvelle épouse, Margueritte Couppe. Est-ce pour s'occuper des enfants (la dernière-née n'a que 7 ans) ? Toujours est-il que, moins d'un an après le décès de sa première épouse, en juillet, il se marie donc en secondes noces avec Margueritte, âgée de 45 ans environ. Hélas le mariage sera court : Margueritte meurt 5 ans plus tard en mai 1682.
En résumé > Noël, à 58 ans, épouse Margueritte, âgée de 14 ans de moins que lui. Pas de postérité connue. Elle meurt à 50 ans.

Cette fois, Noël n'a pas beaucoup de patience : il se remarie à nouveau seulement quatre mois après le décès de sa deuxième épouse. La nouvelle mariée se nomme Françoise Mezenge et elle est âgée de 40 ans. Le mariage est beaucoup plus long cette  fois : 21 ans. On ne leur connaît pas de postérité non plus, mais en même temps Noël commence à être âgé pour enfanter. Mais pour la troisième fois, Noël va conduire son épouse au cimetière, en octobre 1703.
En résumé > Noël, à 63 ans, épouse Françoise, âgée de 24 ans de moins que lui. Pas de postérité connue. Elle meurt à 40 ans.

Veuf pour la troisième fois, Noël doit s'ennuyer... Il décide de se marier à nouveau avec Julienne Delaunay, 45 ans. Trois mois seulement se sont écoulés. Le veuvage est de plus en plus court. En même temps, Noël n'a plus vraiment le temps d'attendre : il a 85 ans ! Ce qui, pour le coup (et le siècle) commence à être remarquable, au sens premier du terme. Le mariage dure 8 ans et à nouveau Noël doit prendre le chemin du cimetière : il enterre sa quatrième épouse en juin 1712.
En résumé > Noël, à 85 ans, épouse Julienne, âgée d'environ 41 ans de moins que lui. Pas de postérité connue. Elle meurt à 53 ans (selon son acte de mariage) ou 60 ans (selon son acte de décès).

Donc plus ça va, plus le veuvage est court, plus Noël épouse des femmes de plus en plus jeunes. On double la différence d'âge à chaque mariage !

Et Noël me direz vous ? A 93 ans il décide de ne pas se remarier une cinquième fois. Ou peut-être qu'il n'a pas trouvé de candidate...
C'est finalement en mai 1713, à 94 ans donc, que Noël se décide à quitter ce monde. Par cette vie peu ordinaire, il fait partie des records de ma généalogie; et à plusieurs titres :

  • le nombre de mariages,
  • les écarts d'âge entre les époux,
  • l'âge de l'époux lors de ses mariages,
  • l'âge de l'époux au décès.
Une pensée pour toutes ces épouses qui se sont mariées avec un homme dont l'écart d'âge est si important. Hélas, les quelques lignes d'actes paroissiaux qui permettent de retracer les liens qu'elles ont noués avec Noël ne permettent pas de savoir pourquoi elles se sont mariées avec cet homme. Est-ce un choix de leur part ? Noël était-il particulièrement séduisant ? Ou au contraire leur a-t-on imposé ces noces ? Et du côté de Noël, pourquoi tous ces mariages, notamment les derniers ? Était-il amoureux ou y avait-il d'autres raisons (économiques, sociales, domestiques...) ? On atteint là les limites de la généalogie : nous ne le saurons sans doute jamais...




* Source : vieux métiers

vendredi 24 juillet 2015

Pierre His... Le Pierris... Le Pierry

Tranquillement je remonte les générations. Il faut dire que suis bien aidée par plusieurs facteurs : la mise en ligne des registres notariés de ce coin de l'Orne (la Ferté Macé, la Ferrière aux Étangs, Briouze...) sur Geneanet [ 1 ] et le défrichage - avant moi - de nos généalogies communes par Bruno Gogel et Odile Halbert. Le site des archives départementales quant à lui n'est, hélas, guère performant et je n'y vais qu'à reculons (aaah ! les systèmes de navigation et de zoom impraticables).
Me voilà donc arrivée à Pierre His, dont je retrouve le contrat de mariage daté de 1648, à la Ferté Macé. Il demeure en la paroisse de Lonlay le Tesson. Les registres paroissiaux ne peuvent plus m'aider : pas de registre antérieur à 1662. Ce sont donc les actes notariés qui me permettent de progresser plus loin dans le temps. Il est le fils de feu Jean et de Julienne Clouet (enfin peut-être, son patronyme est difficile à déchiffrer).
Je ne sais même plus pourquoi je regardais la carte de Cassini, quand soudain, comme souligné par un cercle de relief et de végétation, un lieu-dit nommé Pierre His m'apparaît.


Pierre His / Lonlay le Tesson, carte de Cassini © Gallica

Tilt ! Happy Dance ! Montée d'adrénaline !

Parmi le peuple de laboureurs et de vignerons qui forme ma généalogie, aucun n'a donné son nom à une terre (et inversement).
Bon, pour le moment rien ne prouve qu'il y ait un lien entre les deux. Mais quand même...
D'ailleurs Pierre est dit "de la paroisse de Lonlay le Tesson", sans précision sur son lieu d'habitation.
D'autre part, toujours dans ledit document, il est nommé "Pierre Hayet fils de feu Jean His", même si dans tous les autres documents il est bien nommé His.
Après plusieurs investigations, il apparaît que "mon" Pierre His était crochetier, c'est-à-dire un artisan qui fait des crochets pour les crocheteurs et les portefaix ou les bêtes de somme. Le crocheteur gagne sa vie à charger, décharger et porter des fardeaux sur et avec des crochets. Le portefaix charge et décharge les produits solides, à l'aide de crochets qui sont des instruments à deux grandes branches et à deux crochetons avec une sellette (tandis que ceux des animaux sont des supports fixés sur le bât pour retenir les charges). [ 2 ]
Il était illettré. En effet, sur les actes le concernant, il appose sa marque. L'Orne est le seul endroit de ma généalogie ou les illettrés sont invités à apposer leur marque, tant sur les documents religieux (actes de baptêmes, mariage et décès) que civils (actes notariés). Mais on voit bien que la marque de Pierre est personnelle : elle est identique sur tous les documents et n'est pas faite au hasard, ne ressemble pas aux autres marques.

"Signature" de Pierre His, 1693 © AD61

Je ne sais rien de son père et sa "dynastie" se termine avec sa fille (du moins dans ma généalogie).

La commune de Lonlay-le-Tesson fait actuellement partie du département de l'Orne et du diocèse de Séez, canton de La Ferté-Macé. Sa superficie est de 1 237 hectares. 
Lonlay-le-Tesson comptait, en 1709, 244 feux (ensemble des personnes vivant dans un même foyer). La fabrication et le commerce de la toile tenait une place importante dans l'économie du pays.
Le château, dont il ne reste plus qu'une partie, a été construit en 1773. Il fut vendu en 1825 à M. Clouet qui le convertit en ferme. Une partie du bâtiment abrita un temps la mairie et l'école de garçons.

Quant au village de Pierre His, au fils du temps son nom évolue. En 1881, on le nomme Le Pierris. Sur le cadastre napoléonien il est écrit Pierry. Forme qu'il a gardée de nos jours : Le Pierry.

Le Pierry / Lonlay le Tesson © Geoportail

Le Pierris est dit "appartenant à la famille His" dans la Notice sur la commune de Lonlay-le-Tesson [ 3 ]. Ce village relevait de la seigneurie du Bois-Manselet dont il formait une des "aînesses".
Le Bois-Manselet était un petit fief tenu noblement de la baronnie de Briouze, et ce dès le XVème siècle. Il s'étendait à la fois sur les paroisses de Ménil de Briouze et de Lonlay le Tesson. Sur le registre de ses pleds et gages-plèges [ 4 ] étaient inscrits, notamment, les tenants du Pierris.
Le manoir du Bois-Manselet était une sorte de vieux logis normand, construit au pied des collines boisées du Mont d'Hère. Le fief tomba en désuétude à l'extinction de la famille dans les années 1840.

En conclusion, difficile de dire que "mon" Pierre His avait un lien avec le lieu-dit dont les tenants semblent être plus élevés que de simples crochetiers. Néanmoins il n'est pas exclu qu'il soit apparenté à cette famille... En bref : p'tète ben qu'oui, p'tète ben qu'non
D'accord c'est une conclusion de Normand, mais après tout leur sang coule dans mes veines aussi...


[ 1 ] Notamment par titep48/Michel Petit et dozeville/Jean-Pierre Bréard, qu'ils en soient chaleureusement remerciés.
[ 2 ] Source : www.vieuxmetiers.org 
[ 3 ] Source : Notice sur la commune de Lonlay-le-Tesson par le comte Gérard de Contades, Le Mans, 1881; via Odile Halbert).
[ 4 ] Le plaid est une audience du tribunal. Le gage-plège était, en Normandie, une convocation extraordinaire que faisait le juge dans le territoire d'un fief pour différents motifs (élection d'un prévôt ou d'un sergent, règlement de rentes et redevances seigneuriales...).