« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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vendredi 2 décembre 2022

#52Ancestors - 48 - Augustin Pierre Jean Astié

  - Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 48 : Les ombres de votre généalogie (ancêtres non encore explorés)

 

Dans mon arbre, il n’y a pas vraiment d’ancêtre non exploré (comment résister à la tentation d’en savoir plus dès qu’un nouvel ascendant est connu ? Impossible). Mais il y a des pistes de recherche que je n’ai pas travaillées. En général, c’est parce que je suis loin du dépôt d’archives qui pourrait me renseigner.

Ainsi Augustin Pierre Jean Astié et son passé de prisonnier de guerre.

Augustin est né en 1851 à Conques (Aveyron) mais c'est son grand-père maternel Jean Antoine Mas qui a déclaré sa naissance, son père étant dit "gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio". J’ai déjà parlé sur ce blog des mes ancêtres soit disant Corses (voir ici).

Augustin grandit en Corse où son père est gendarme. Il est l’aîné de 6 enfants. Bien sûr, je n’ai pas de détails sur son enfance. Etait-elle heureuse ? Je l’ignore. Cependant, brusquement à 16 ans il décide de devancer l’appel et de s’engager dans l’armée. Qu’est-ce qui a provoqué cette décision ? Voulait-il juste « voir du pays » ? Y a-t-il eu un conflit qui a provoqué ce départ précipité du domicile familial ? En tout cas, s’il y a eu des désaccords avec ses parents, ils ont dû s’apaiser car ils ont eu de nombreuses relations par la suite.

 

Bref, il s’engage. En 1867. Sa fiche militaire a été trouvée en Aveyron avec la classe 1871.  Il y a là un mystère que je n’ai pas résolu pour l’instant : y a-t-il une trace de son engagement volontaire en Corse ? Avec une classe de 1867 ? Le Fil d'Ariane m'a dit qu'il n'y avait pas ce type de document pour cette période.

Sa fiche aveyronnaise m’apprend qu’il a les cheveux et les yeux châtains foncé, les sourcils noirs, le nez et le front ordinaire, le menton et le teint rond (sic), la bouche moyenne, le visage ovale. Cette fiche doit faire partie du recensement ordinaire des jeunes garçons à leurs 20 ans. Du coup elle comporte quelques curiosités : son métier est caporal au 32ème de ligne et son lieu de résidence est Kœnigsberg en Prusse – où il est prisonnier !

 

Fiche matricule d'Augustin (détail) © AD12
 

 

Comme il sera ensuite gendarme (à l’image de son père), je sais aussi par son dossier qu’il mesurait 1,71 m, qu’il est de culte catholique.

Il y est confirmé qu’il était engagé volontaire ; ce qui a été rendu possible par les lois du 21 mars 1832 et 1er février 1868.

 

Rappelons rapidement les étapes de la réquisition militaire auxquels sont soumis les jeunes hommes : la conscription (service militaire obligatoire) a été mise en place sous la Révolution ; tous les hommes de nationalité française âgés de 20 ans sont astreints à un service militaire obligatoire de cinq années. Selon différentes lois, des remplacements peuvent être possibles. A partir de 1818, l'armée se recrute désormais en priorité par engagements et tirages au sort, avec faculté de remplacement et de nombreuses exceptions (dispensés, soutiens de famille, ajournés ou réformés…). La durée du service militaire actif est de six années pour les appelés et de huit années pour les engagés volontaires.

 

La loi Soult du 21 mars 1832 (mentionnée plus haut dans le dossier d’Augustin) maintient ce système tout en réduisant de huit à sept ans la durée du service pour les engagés volontaires.

La seconde loi dont il est question dans le dossier, est la loi Niel du 1er février 1868 : elle supprime l’exonération (qui permet d'éviter le service militaire en versant à la Caisse de dotation de l'armée une somme servant à payer les rengagements d'anciens militaires) et rétablit le remplacement. Elle abaisse la durée du service de sept à cinq ans, mais maintient les soldats dans la réserve pendant quatre ans.

 

Donc Augustin s’est engagé pour 7 ans. Il est incorporé au 32ème régiment d’infanterie de ligne où il arrive le 3 octobre 1868 comme soldat de 2ème classe.

 

Le 7 juin 1870 Augustin est nommé caporal, de 2ème classe d’abord puis de 1ère classe en août. Le caporal est le plus haut grade militaire de la catégorie des hommes du rang (groupe de base de l’armée). Il commande une escouade, groupe variant entre une dizaine et une vingtaine d'hommes. Il est souvent l'adjoint du sergent et le remplace parfois. La classe n’est pas un grade mais une distinction. La première classe est de plus haute distinction que la seconde.

En octobre 1672 il est nommé sergent. C’est le premier grade de sous-officier de l’armée. Il est le plus souvent chef de groupe (une dizaine d’hommes), éventuellement secondé par le caporal.

 

En 1873 Augustin sera remis soldat 2ème classe par circulaire du 25 août (j’en ignore la raison). D’autant plus qu’il a eu un certificat de bonne conduite.

 

Il a fait campagne contre l'Allemagne, du 19 juillet 1870 au 19 juin 1871. Pas de blessure ni de décoration signalée.

 

La guerre de 1870 :

Cette guerre s’inscrit dans la montée des nationalismes, en particulier allemand, du XIXème siècle. Bismarck veut se débarrasser de ses ennemis, l’Autriche et la France. Pour provoquer les Français, il pousse le cousin du roi de Prusse à se porter candidat au trône d'Espagne. S'il était élu, la France serait cernée par une coalition ennemie, ce qu'elle veut absolument éviter. Elle s'oppose à cette candidature. Par une pernicieuse manipulation Bismarck transforme cette question diplomatique mineure en camouflet pour la France. Se sentant outragés, les Français déclarent la guerre à la Prusse 19 juillet 1870, bien que l'armée ne soit pas prête. L’armée allemande, mieux organisée et mieux entraînée, a permis la victoire de la Prusse et de l'Allemagne malgré un armement plus faible.  

La guerre de 1870 s'est déroulée autour d'étapes clés, comme la bataille de Sedan en septembre) ou le long siège de Paris. La bataille de Sedan conduit à la chute de Napoléon III, et à la proclamation de la République le 4 septembre. Le siège de Paris, quant à lui, dure du 20 septembre 1870 jusqu'à la fin de la guerre. Près de deux millions de Parisiens se voient alors pris au piège, pauvrement défendus par quelques dizaines de milliers de soldats, dans un siège très dur. Il s'achève le 28 janvier 1871 avec la signature de l'Armistice.

La défaite de la France lors de la guerre de 1870 peut s'expliquer par différents facteurs, notamment le manque d'organisation, l’excès de confiance des dirigeants militaires et le déséquilibre des forces militaires présentes. Outre la défaite de l’Alsace-Lorraine, une lourde dette de guerre, la défaite française marque aussi la chute du Premier Empire et la mise en place de la Troisième République et une grave animosité entre Français et Allemands, menant indirectement aux deux grands conflits mondiaux du XXème siècle.

 

Augustin a été fait prisonnier le 29 octobre 1870. J’en ignore les circonstances exactes. Peut-être était suite au siège de Metz qui a eu lieu du 20 au 28 (le 32e y a apparemment participé) ? En l’absence de dossier plus complet, difficile à dire. Les occasions ne manquaient pas hélas : près de 50 000 Français ont été faits prisonniers pendant ce conflit. Il est resté en détention jusqu’au 19 juin 1871, soit 8 mois.

 

Je ne peux qu’imaginer cette période de sa vie, la captivité : un voyage en train vers la Prusse sans doute pénible. Son arrivée à Kœnigsberg (ou Königsberg aujourd’hui Kaliningrad, situé dans une enclave Russe isolée entre Pologne et Lituanie), des infrastructures plus ou moins insalubres, le froid, la faim, les vermines et les maladies, sans oublier les exactions de leurs gardiens, les travaux forcés parfois.

 

L’armistice a été signé le 28 janvier mais Augustin est déclaré en campagne (et prisonnier) jusqu’au 19 juin 1871 : est-ce le temps qu’il a fallu pour rapatrier les détenus en France ?

 

Bref, sans dossier individuel, je n’en saurai pas plus. Peut-être pourrait-on le trouver dans une des listes et quelques dossiers individuels qui sont conservés dans la sous-série GR Yj Prisonniers de guerre français et étrangers, 1792-1874, au Service Historique de la Défense ? Pour le moment il n’y a pas d’inventaire en ligne sur les prisonniers de guerre. Habitant trop loin, je ne peux pas m’y rendre.

 

C’est la limite à mes recherches pour le moment. Bien sûr, si quelqu'un veut y aller pour moi, je ne dis pas non... ;-)

 

 

 

 

vendredi 21 octobre 2022

#52Ancestors - 42 - Antoine et Benoît Astié

Article disponible en podcast !


 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 42 : Perdu

 

J’ai perdu deux enfants. Bon, entendons-nous bien, pas des enfants à moi : des enfants à Pierre Jean Astié et Geneviève Mas (mes ancêtres à la VIème génération). Antoine et Benoît. Je les ai perdus.

Reprenons : Pierre Jean et Geneviève se marient à Conques (Aveyron) en 1850. L’année suivante Geneviève donne le jour à un enfant, Augustin Pierre Jean (de qui je descends). C’est Jean Antoine Mas, le grand-père, qui fait la déclaration de sa naissance, car le père est absent, il est « gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio » (c’est le début de l’enquête corse – voir ici).

Rapidement Geneviève rejoint son mari. On peut les suivre dans les différentes affectations corses de Pierre Jean (Ajaccio, Appietto, Péri) grâce aux naissances de ses enfants suivants :

  • Adrien (1853)
  • Jean François (1855)
  • Louis (1857)
  • Antoine (1859)
  • Benoît (1861)

Par Brigitte (du blog Chroniques d'antan et d'ailleurs) j’ai obtenu son dossier de gendarme. Je vous passe les détails de sa carrière qui ne sont pas l'objet de cet article. Le 6 mars 1870 Pierre Jean rédige une lettre, adressée au ministre de la guerre, pour demander sa mise à la retraite, après 25 ans de service (ce qui lui sera accordé en avril).

Comme demandé dans sa lettre, il revient en Aveyron. Il s’installe avec sa femme et au moins un de ses enfants à Aubin à une trentaine de kilomètres de Conques (présence attestée en 1873).

J’ai réussi à pister la famille dans les recensements :

- en 1866 à Péri. Il est gendarme, chef de ménage, demeure au n°78 (sans doute la gendarmerie) avec 7 autres gendarmes et leurs familles. Il habite avec son épouse (prénommée Rose) et 4 de leurs enfants, dont les deux derniers Antoine (7 ans) et Benoît (5 ans).

C’est la dernière fois que j’ai la trace des deux petits.


 

Pierre Jean quitte sans doute la Corse en 1870 (il n'apparaît pas dans le recensement de 1872), suite à sa demande de mise à la retraite. On sait qu'en 1873 la famille habite Aubin (Aveyron) grâce à la fiche matricule d'Adrien, mobilisé alors qu’il résidait chez ses parents.

Il n’y a pas de registre de recensement à Aubin antérieur à 1876.

- en 1876. Il habite Aubin, dans le village de Nauquières, avec son épouse, ses fils (Jean) François et Louis.

Et ainsi de suite jusqu’à son décès. Mais pas les petits.

 

Curieusement il apparaît dans le Bulletin des lois de la République Française, n°1584, 1870. Je dis curieusement car il est indiqué :

  • Position actuelle des titulaires : dans ses foyers
  • Domicile des titulaires : Compiègne (Oise)

Très curieux car la famille n’a jamais eu de contact avec l’Oise en général et Compiègne en particulier. Est-ce une confusion entre Con-ques et Com-piègne ?

La famille n’a pas été trouvée dans le recensement de 1872 à Compiègne.

 

Les deux enfants n’ont pas été trouvés dans les recensements militaires. J’ai cherché leurs décès, en vain : ni à Péri, ni à Aubin, ni à Compiègne. Ils ne sont jamais cités dans les actes d’état civil de leur fratrie. Ils ne sont pas présents aux décès de leurs parents. Aucune trace des deux enfants.

 

Je les ai perdus !

 

--- * ---

 

 Edit 2023 :

Les enfants sont-ils décédés sur le chemin du retour entre la Corse et l'Aveyron ? J'ai tracé sur une carte des chemins possibles empruntés par la famille pour ce voyage, en train ou à voiture/pieds. Puis j'ai recensé toutes les tables de décès/succession/absences ou, à défaut lorsqu'elles ne sont pas en ligne, les tables de décès d'état civil. 


Avec Jean Pierre, cousin à la recherche des deux enfants avec moi, nous avons compulsé... de nombreux documents. Hélas, toujours en vain.

Les deux enfants nous échappent encore...


 

samedi 11 mars 2017

#Généathème : les migrations de nos ancêtres

D'aussi loin que j'ai pu remonter, c'est-à-dire dans les années 1670, mes ancêtres éponymes ont habité Conques en Rouergue. Mais à partir de 1850, ils ont commencé à bouger. C'est Pierre Jean, le premier, qui quitte le berceau familial. En effet, il est gendarme et se voit muté dans différentes régions, notamment en Corse (histoire racontée dans le billet "L'ancêtre Corse : début de l'enquête" sur ce blog). Ses déplacements sont assez biens connus et expliqués.

Mais aujourd'hui, je vais m'intéresser à son fils aîné, prénommé Augustin Pierre Jean. Je vous le présente : il a les cheveux et les yeux châtains foncé, les sourcils noirs, le nez et le front ordinaire, le menton et le teint rond (sic), la bouche moyenne, le visage ovale [*].
Il est né en 1851 à Conques mais c'est son grand-père maternel Jean Antoine Mas qui a déclaré sa naissance, son père étant dit "gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio".
Conques, dessin F.A.Pernot, 1834 © Delcampe

Rapidement, le père fait venir son épouse et son fils en Corse. On retrouve donc Augustin, enfant au sein du foyer familial, dans les recensements : à Appietto (1855), à 10 km d'Ajaccio, puis à Peri (1861), 26 km plus loin.
Appietto et Peri (soulignés en rouge),  Corse du Sud © Magic Serviettes

Par sa fiche militaire, on apprend que, devançant l'appel, il s'est engagé volontaire (classe de mobilisation de 1867) à la mairie d'Ajaccio le 3 octobre 1868 pour 7 ans et incorporé au 32ème de ligne sous le n°3363. Il a 17 ans. Qu'est-ce qui le pousse à quitter la maison si tôt ? Nous ne le saurons probablement jamais.
En 1871, toujours d'après sa fiche militaire (qui se trouve en Aveyron) il est dit cultivateur et caporal au 32ème de ligne. Je ne sais pas si on peut considérer cela comme un nouveau "domicile", mais il est alors dit prisonnier à Koenisgberg (Prusse / aujourd'hui Kaliningrad dans une enclave Russe isolée entre Pologne et Lituanie).
En 1873 est libéré du service actif et envoyé dans la réserve. Mais il ne rejoindra probablement pas sa famille, qui a déménagé à Aubin près de Decazeville (Aveyron).
En tout cas en 1875, lorsqu'il épouse Cécile Rols, il réside à Angers, 31 rue de la Roë. La famille Rols est aussi originaire de Conques; le père de Cécile ayant quitté le Rouergue dans les années 1875, mais on ignore pourquoi. Il a d'abord été en Indre et Loire puis à Angers. Il y était épicier et Augustin était son employé. Tous habitaient la même adresse : on sait où Augustin a rencontré son épouse ! Lors du recensement de 1876 il y habite toujours.

Angers, 31 rue de la Roë aujourd'hui © Google street view

"Le décès survenu à 47 ans de son beau-père et patron l'oblige à trouver un autre emploi" (d'après ce que disait mon grand-père : en fait il a quitté l'épicerie deux ans avant le décès dudit beau-père). Peut-être pistonné par son père, il est nommé "gendarme à pied à la compagnie de Maine et Loire" en 1877: on le retrouve en poste à la gendarmerie de Beaufort en Vallée lors de la naissance de son second fils. Il est ensuite rapidement muté à La Possonière (naissance de sa fille en 1879). Mais il ne fait pas carrière dans la gendarmerie puisqu'il démissionne en 1880. Lors des décès de deux de ses enfants, le 3 et le 16 avril 1881 [**], il est revenu à Angers, au 63 faubourg Saint-Michel; îlot misérable et insalubre totalement démoli dans les années 1960; mais qui avait peut-être meilleure allure dans les années 1880 ? Il est alors dit respectivement ouvrier de fabrique et employé de commerce.

Angers, entrée du faubourg Saint-Michel © Delcampe

Il fait ensuite un bref retour en Aveyron entre 1882 et 1886, à Aubin. Il n'apparaît pas dans le recensement de la commune en 1881, ce qui laisse supposer qu'il y est arrivé en toute fin d'année (après le décès de son fils Alexandre en avril) ou en tout cas avant le mois de juin 1882 puisque sa fille Marie Euphrasie y naît à cette date. Il rejoint sans doute ses parents qui habitent la commune, à nouveau sans doute pistonné par son père puisqu'on le retrouve garde mine comme lui; mais il change régulièrement d'adresses : lieu-dit Le Moulinou en 1882 (naissance de Marie Euphrasie), Combes en 1883 (décès de son père), Peyrolles en 1884 (naissance de son fils François) puis à nouveau Combes en 1886 (naissance de son fils Élie).

 Combes à Aubin, Puits de Mine, 1910 © merigot.chez-alice.fr

Finalement il revient en Anjou : il demeure à Angers, mais il a une adresse différente à chaque naissance ou décès d'enfant : 39 rue des Banchais en 1888 (naissance de son fils Augustin), rue Victor Hugo en avril 1889 (naissance de son fils Ernest), 27 rue Larevellière en juin 1889 (décès de son fils Ernest), 10 rue de la Rame [?] en 1892 (naissance de son fils Benoît), 14 rue Fénelon en 1895 (naissance de son fils Alexandre). Il est journalier.

Détail des migrations de Augustin PJ Astié, Angers et ses environs © TravelMap

En septembre 1904 il demeure encore à Angers, route des Ponts de Cé (mariage de son fils François), mais il déménage ensuite à nouveau : cette fois il va en région parisienne. Selon la tradition orale familiale "il est parti à Paris, à pied, chercher du travail". Il a alors 54 ans. Il deviendra journalier au gaz.

Cette fois il rejoint vraisemblablement son fils qui habite déjà à Ivry : en juin 1905 on le retrouve à Ivry, 34 rue Nationale (décès de son frère Louis), puis rue Raspail en 1911 (recensement).

Finalement, son acte de décès, en 1914 porte l'adresse Paris 13ème, 11 rue Damesme (rue qui se trouve dans le prolongement de la rue Nationale d'Ivry).

Migrations d'Augustin Pierre Jean Astié © TravelMap

Ce qui fait tout de même 20 adresses (je ne compte pas la Prusse) en 62 ans de vie - soit un déménagement environ tous les trois ans en moyenne ! Et peut-être que quelques adresses m'ont échappées, notamment à la fin de sa vie où les sources ne sont plus disponibles en ligne.
La plupart de ces déplacements s'expliquent facilement : la raison principale semble être la recherche de travail, qui se fait essentiellement par rapprochement familial (parents puis enfants) ou relationnel (son futur beau-père). Mais pourquoi ces déménagements incessants dans une même ville à quelques mois d'écart (comme à Angers, Aubin ou Ivry) ? Cela reste un mystère.


[*] Description trouvée sur sa fiche militaire.
[**] Pour l'anecdote les deux décès ont la même adresse, 63 faubourg Saint-Michel, mais celui du 3 avril est classé dans le 1er arrondissement d'Angers tandis que celui du 16 est dans le 2ème arrondissement !

vendredi 6 novembre 2015

"L'ancêtre Corse" : début de l'enquête

"On a un ancêtre Corse" disait-on dans ma famille, du temps où notre généalogie n'avait pas été vraiment explorée. J'ai mené l'enquête, bien sûr...

Tout commence avec une mention sur un acte de naissance, celui d'Augustin Astié  (mon AAGP, sosa n°16), en juin 1851 à Conques (12) : c'est l'oncle maternel qui déclare la naissance de l'enfant car son père est "gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio (Corse)".

Les parents, Pierre Jean Astié et Geneviève Mas, se sont mariés en août de l'année précédente. Pierre Jean est issus d'une longue lignée de Astié vivant et demeurant à Conques, dont la plupart étaient vignerons. Lui-même était cultivateur l'année de son mariage. Avec cette mention de 1851, c'est la première fois que l'on voit un Astié quitter Conques. Et que commence la légende du Corse.
Ensuite je perds la trace du couple : sans doute Geneviève a-t-elle rejoint son mari sur l'île de beauté. D'après les premières recherches généalogiques de mon grand-père, je sais néanmoins que Pierre Jean est revenu prendre sa retraite à Conque où il a fini ses jours.

Grâce aux CD-Rom d'état civil (autre temps, autres mœurs...) de l'Aveyron, je retrouve en effet les actes de décès de Pierre Jean et Geneviève, non pas à Conques comme l'avait dit mon grand-père mais non loin de là : à Aubin près de Decazeville - respectivement en 1883 et 1897.

C'est alors que je suis contactée par un lointain cousin, Jean-Pierre, qui m'apprend la naissance de quatre enfants du couple, en Corse : Adrien, Jean François, Louis et Antoine, tous nés à Appietto entre 1853 et 1859. Jean-Pierre est le descendant du deuxième de ces enfants. Régulièrement, nous allons correspondre pour tenter de retracer le parcours de la famille "Corse". Car bien sûr il s'agit d'eux. De mon côté je peux donc dire que je n'ai point d'ancêtre Corse; du côté de Jean-Pierre... mais sans doute n'a-t-il pas la même légende familiale !

C'est la fin du suspens corse, mais le début d'une enquête au long cours.


  • Pierre Jean disparaît
J'ai fait là un résumé des recherches qui durèrent plusieurs mois, voire plusieurs années. Car nous avons un "trou" de plus d'une décennie que nous cherchons à combler : où est passé la famille entre 1859 (naissance de leur dernier enfant connu en Corse) et 1875 (mariage de leur fils Augustin qui confirme la résidence des parents à Aubin). Soit un manque de 16 ans. Nous pistons les enfants à la recherche du moindre indice. Pour cela nous explorons l'état civil de plusieurs départements, les recensements, les archives militaires (d'ailleurs merci à Jean-Pierre de passer ses vacances aux archives pour pallier des mises en ligne aveyronnaises assez pauvres). Les déplacements, voire même les allers-retours, des enfants Astié dans différentes régions ne facilitent pas les recherches (19 adresses connues pour Augustin !).

  • Louis, cet inconnu
Mais chaque découverte soulève des questions sans réponse. Par exemple en 1881 Pierre Jean et Geneviève (dont les patronymes sont orthographiés de façon plus ou moins fantaisiste) résident à Aubin avec un petit garçon de 4 ans dont le patronyme est Astié, prénommé Louis et qui est dit "fils". Mais s'ils ont bien un fils appelé Louis, il est alors âgé de 24 ans et il est caporal moniteur d'escrime au 9ème RI, basé à Bourges. Et un petit-fils qui a bien 4 ans, mais dont les parents vivent en Anjou (prouvé par deux actes de décès de jeunes enfants en 1881). Est-ce une erreur de saisie sur l'âge ? sur la parenté ? Qui est ce petit Louis ? Pour le moment nous pensons qu'il s'agit plutôt du petit-fils, mais pourquoi est-il sans ses parents ?

  • Les surprises du recensement
Plusieurs fois les recensements (quand ils existent : nous faisons face à plusieurs lacunes dans plusieurs communes) ont fait apparaître un enfant resté jusque là inconnu. Comme Alexandre, fils surprise d'Augustin. D'où l'intérêt d'explorer toutes les sources à disposition (mais ça, je l'ai déjà dit...).

Grâce à Brigitte (du blog Chroniques d'antan et d'ailleurs - merci à elle encore une fois), j'apprends que Pierre Jean a été muté à Peri (toujours en Corse) après son premier poste à Appietto : le créneau se resserre. Je le retrouve sans difficulté dans les recensements de Peri en 1861 et 1866; et là, surprise, la présence d'un nouvel enfant dont nous ne soupçonnions pas l'existence, né en 1861 à Peri ! La famille n'apparaît plus dans le recensement suivant en 1872. Pierre Jean a sans doute déménagé suite à sa demande de mise à la retraite faite en 1870. Mais pour où ? A nouveau il disparaît.

Par la fiche militaire de son fils Adrien, nous savons que Pierre Jean et Geneviève résident à Aubin en 1873. L'éclipse familiale a donc été réduite à 1871/1872.

  • Les enfants ont disparu à leur tour
Par contre, nous ne retrouvons plus trace d'Antoine et Benoît, les deux derniers enfants de la fratrie : après le recensement de Peri en 1866 (où ils sont âgés de 7 et 5 ans), on les voit plus ni dans les registres d'état civil des domiciles connus, ni dans les recensements postérieurs ou les registres matricules de leurs années de recrutement.

Il reste donc quelques mystères à éclaircir...