« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 20 septembre 2024

Fin de vie

Sentant sa fin proche venir, Marie Charrier (ma sosa 227 à la VIIIème génération) règle ses affaires. Elle n’a que 61 ans environ, mais elle est malade, détenue au lit. Depuis la « chambre basse » de la métairie de Cruhé, paroisse de Noirterre (79), elle reçoit notaire et témoins. 

Extrait du testament de Marie Charrier © AD79 


Dans  cette « chambre, ayant une porte et une petite fenêtre au midi donnant sur le jardin, une autre porte à main droite et communiquant dans une autre chambre, une autre porte et une fenêtre au couchant donnant sur la cour […], dans un lit à main gauche de la cheminée [se trouve] ladite Marie Charrier veuve Paineau malade mais saine d’esprit, mémoire et entendement. » Outre un sens du détail particulièrement entretenu, Me Melon a dû se rêver poète dans une autre vie et, à défaut de vers, il rédige des testaments particulièrement sensibles et délicats. Jugez plutôt :

« Laquelle [déclare] que son âge avancé, les infirmités dont elle se trouve accablée, jointe à une indisposition de santé qui depuis quelques temps lui font apercevoir que, si le temps de sa dernière heure est encore éloigné, elle n’a plus qu’à compter des jours de douleurs. Que dans cette idée elle s’est décidée à prendre des mesures relatives aux biens dont la vie lui laisse la libre disposition ».

Bref, elle met ses affaires en ordre et fait « son testament et ordonnance de dernières volontés ».

La veille déjà, le six novembre 1809, elle avait fait le bilan de ses biens. La communauté qui existait entre elle, son défunt mari et ses enfants, pour gérer la métairie de Cruhé, avait été dissoute trois ans auparavant, le 30 septembre 1806. Un inventaire avait été dressé devant le même Me Melon, notaire à Bressuire. Il résulte de cet acte que ladite communauté s’élevait, déduction faite du passif, à la somme de 9 964 francs. Marie Charrier y était fondée pour la moitié (soit 4 982 francs) et chacun de ses enfants - savoir François, Pierre, Perrine épouse de Jean Lavault, Marie Louise épouse de Mathurin Gabard, Françoise épouse de Jean Gabard (cousin du précédent), et Marie Anne aujourd’hui décédée - pour une douzième partie (soit 830,33 francs).

Mais ayant été observé audit inventaire que Perrine Paineau femme Lavault et Marie Louise femme Gabard avaient eu lors de leur mariage chacune la somme de 400 francs qui avait été prélevé sur ladite communauté, les parties consentirent que, sur l’actif de la communauté, il fut prit une somme de 1 600 francs en faveur des autres enfants, afin d’établir l’égalité entre eux. Le surplus de l’actif de ladite communauté, prélèvement fait, fut divisé entre Marie Charrier et ses enfants, suivant ce que chacun se trouvait fondé. Il restait donc à ladite veuve 4 182 francs, à Perrine et Marie 697 francs (en plus du versement de leurs dots de 400 francs chacune), et pour les autres enfants 1 097 francs.

 

Trois ans plus tard, en 1809 donc, Marie Charrier est « parvenue à un âge où le repos doit se mettre à la place des peines, des soins, des embarras qui depuis longtemps ont altéré sa santé, maintenant toujours chancelante. » Faisant le bilan que, depuis la dissolution de la communauté qui existait entre elle et ses enfants, la portion qui lui en a été départie diminue sensiblement, à la fois parce qu’elle ne peut se livrer à aucun travaux qui puissent faire fructifier ses avoirs et parce qu’il lui coûte continuellement pour se procurer ce qui est indispensablement nécessaire à sa subsistance. D’autre part, elle voit avec satisfaction François Paineau son fils aîné diriger avec soins ses intérêts particuliers et augmenter son avoir par son assiduité au travail et par de sages entreprises. Dans le cas où elle aurait encore plusieurs années à vivre restant seule, son avoir se trouverait entièrement dissipé et ses héritiers totalement privés de ce qu’elle a à cœur de leur conserver.

Partant de ces raisons, qu’elle croit des plus légitimes, elle propose à son fils d’établir une communauté entre elle et lui. Comme il a manifesté le désir de lui prodiguer les secours et les soins qu’exigent sa vieillesse, il a été fait, convenu et arrêté entre eux d’établir une communauté de tous les biens meubles et effets qui leur appartiennent à chacun, à partir de ce jour. L'apport de ladite veuve dans cette communauté est constitué par la portion qu'elle a reçue dans la succession de Marie Anne sa fille décédée quelques mois plus tôt et la somme de 3 673 livres qui lui reste des 4 182 livres de la moitié de l’inventaire réalisé après la dissolution de la précédente communauté en 1806 - Elle a en effet entre temps consommé 509 livres tant pour subsistance que pour traitement dans ses maladies. Ledit François Paineau, pour sa part, y conférera ses travaux, son industrie, sa portion afférente dans la succession de ladite Marie Anne sa sœur et la somme de 1 724 francs qui est entre ses mains en meubles, argent et autres objets mobiliers ; c'est-à-dire 1 097 francs de sa portion d’inventaire que sa mère lui a payé et 627 livres qu’il a gagné par ses travaux particuliers depuis la dissolution de communauté, ainsi que sa mère le reconnaît. Il sera libre à l’une ou à l’autre des parties de dissoudre à volonté ladite communauté ou association. En ce cas, elle sera partagée entre ledit Paineau et sadite mère par moitié.

 

Ainsi par cet acte, Marie Charrier assure sa subsistance pour la fin de vie, dont la santé et si fragile. Mais ce n’est pas tout. Marie désire gratifier plus particulièrement son fils aîné.

Il est vrai que, de ses huit enfants, deux sont morts en bas âge, trois filles se sont mariées et ont quitté le foyer maternel pour ceux de leurs époux. La dernière fille est décédée sept mois auparavant, en avril. Lui reste deux fils, qui demeurent encore avec elle. François l’aîné a alors 33 ans. Le cadet, Pierre est âgé de 26 ans. Tous les deux sont encore célibataires (François se mariera l’année suivante mais Pierre restera célibataire toute sa vie). Marie donc vit avec ses deux fils. Et visiblement ils prennent particulièrement bien soins d’elle et de sa santé chancelante, notamment l’aîné. C’est pourquoi elle souhaite les récompenser de leurs attentions.

 

Aussi elle déclare au notaire, revenu dans la métairie le 7 novembre que, « considérant que François Paineau mon fils demeurant avec moi, et particulièrement depuis la mort de François Paineau mon mari, a dirigé les travaux et les intérêts de la maison. Que sa bonne conduite et son économie a fait fructifier suffisamment le peu que j’avais pour élever mes autres enfants et leur amener une aisance telle qu’ils peuvent […], en tenant la même conduite, se soustraire aux besoins que produit la misère. Que pour cette raison il est de justice que j’offre ma reconnaissance audit François Paineau. Considérant également que Pierre Paineau mon autre fils demeurant aussi avec moi a aidé son frère dans ses travaux, qu’à ce titre il mérite aussi ma gratitude. »

C’est pourquoi elle « donne et lègue audit François Paineau à perpétuité, à lui et aux siens, par preciput et hors part, la quotité de biens meubles et immeubles dont il était permis de disposer par les lois existantes. » C'est-à-dire qu’elle lui donne, par avantage au dessus des autres héritiers, la part maximum de son patrimoine dont la loi lui permet de disposer librement (malgré la présence d’héritiers réservataires, à savoir ceux qui ont droit à une part obligatoire sur la succession).  Elle « charge expressément ledit François Paineau de vouloir, le plus tôt qu’il puisse, faire dire des messes pour le repos de [son] âme, pour la somme de 24 livres, et de donner aux pauvres la quantité de 4 charges de blé seigle et desquelles il voudra bien faire faire la distribution après la récolte prochaine. »

A son autre fils Pierre elle donne, hors sa part de succession, « un lit ou la somme de 72 livres ».

 

Ces dispositions désavantagent ses filles mariées. Marie Charrier en est bien consciente. C’est pourquoi elle précise : « si mes filles et gendres veulent bien me donner ou prouver l’amitié qu’ils m’ont toujours manifesté, ils ne contrarieront d’aucune manière mes intentions telles qu’elles sont exprimées en faveur desdits François et Pierre Paineau leur frère et beau frère et que je considère comme un acte de justice. Pour cette raison je les invite à vouloir respecter ma volonté. »

 

Marie décède dans « le courant de ce mois » de novembre 1809. Mais, malgré des dispositions claires et précises, le fiel de la discorde s’est insinué entre ses enfants. Cinq mois plus tard, les revoilà devant Me Melon pour contester ce testament, si avantageux pour certains et défavorable pour d’autres. Ses trois gendres, Jean Lavaut et les cousins Mathurin et Jean Gabard, pensent avoir des droits à cause de leur belle mère sur ladite communauté établie entre elle et son fils François. Tandis que, de son côté, François Paineau son fils, en vertu du testament précité a, au contraire, la prétention d’obtenir ce que sa mère lui a légué.

Afin de maintenir entre elles l’harmonie qui a toujours existé, les parties ont le présent désir d’entrer en discussion. S’étant approchées, elles ont convenu et ont respectivement arrêté ce qui suit :

  • Tous les meubles et effets qui forment et composent la communauté établie entre ladite veuve et son fils resteront à la disposition et appartiendront en toute propriété à compter de ce jour audit François Paineau.
  • Les autres biens de la métairie de Cruhé appartiendront également, pendant le temps qui reste à expirer de bail, audit François Paineau, sans que les autres parties puissent y prétendre, mais sous l’expresse condition que ledit François Paineau acquitte seul, et sans que les autres puissent être inquiétés, les prix de ferme et contributions qui seront dues à cause de cette métairie.
  • Est attendu que sur la communauté entre ladite veuve et son fils il revient auxdits Gabard, Lavaut et Pierre Paineau les quatre cinquième dans la moitié des effets de ladite communauté, à cause du décès de ladite veuve et en tant que ses héritiers ; lesdits Gabard, Lavaut et Paineau veulent bien se restreindre à la somme de 734,70 francs pour leur portion, ce qui fait pour chacun la somme de 183,67 francs ; en conséquence ledit François Paineau promet et s’oblige de leur payer à chacun cette dernière somme avant un an, sans intérêt.
  •   Au vu de tout ce qui a été convenu ci-dessus, lesdits François et Pierre Paineau désirant recevoir le profit du testament fait en leur faveur par ladite Charrier leur mère, les parties s’accordent à renoncer à toute demande supplémentaire.

 

On le voit, la poésie d’un testament des plus clairs, n’a pas empêché les héritiers de devoir négocier l'héritage et s’accorder entre eux, sous peine d’une brouille à jamais irréversible.

 

~ * ~

 

Avant de terminer, je note ici une curiosité généalogique : Marie, qui rencontre donc le notaire les 6 et 7 novembre pour ses dernières dispositions est, selon les registres d’état civil, décédée… le 30 octobre !

Il n’y aucun doute à avoir concernant l’identité de la personne, fort bien décrite, ni sur les dates des actes notariés, par ailleurs rappelées dans l’acte de 1810 entre ses héritiers. Les déclarations de succession et de mutation indiquent qu’elle est décédée le 12 ou le 13 novembre. Alors, qu’a fabriqué le maire de Noirterre, faisant fonction d’officier de l’état civil, en inscrivant sur son registre le 31 octobre que Marie Charrier est « décédée du jour précédent sur les cinq heures du matin » ? Il n’y a pas d’actes sur le registre avant la fin du mois de novembre. Peut-être qu’à l’occasion du décès suivant, il s’est soudain rappelé qu’il n’avait pas inscrit le décès de Marie Charrier sur le registre et que, ne se rappelant pas bien la date du décès, il a écrit au hasard le 31 octobre ? Ce n’est que mon hypothèse mais, je le crains, cette anomalie généalogique restera sans réponse…


 

 

 

 

vendredi 30 août 2024

Maître d'escrime

Lorsqu’il a 20 ans, Louis Astié est déclaré propre au service militaire. Il part donc pour le 9ème Régiment d’Infanterie le 12 novembre 1878.

Il mesure 1,68 m, il est châtain (des cheveux et … des yeux – on dirait plutôt "noisettes" aujourd'hui), un visage ovale, un front ordinaire et une bouche moyenne. Il a reçu une éducation puisqu’il sait lire, écrire et compter.

En janvier 1882 il devient "caporal moniteur d’escrime". Il entre à l’École Normale de Gymnastique et d'Escrime, basée à Joinville, qui forme des cadres sportifs pour les armées. Il a alors 25 ans : l’escrime est entrée dans sa vie et n’en sortira plus. 

 

Salle Coudurier à Paris © elperiodico


L’art de l’épée a toujours tenu une place importante dans l'éducation des seigneurs et chevaliers. Il est enseigné par des maîtres d'armes, personnes qui enseignent les techniques de combat et le maniement des armes. Au XVIIIème siècle, dès leur jeune âge, les enfants de la noblesse portent la lame au côté et apprennent à l'utiliser. Naturellement l'escrime est primordiale dans l'éducation de la noblesse. Elle fait partie, avec la danse et l'équitation, des arts permettant de fortifier le corps. Et, bien sûr, comme la chasse elle prépare à la guerre.

Au cours de l'entrainement militaire chaque régiment a son maître d'armes, enseignant le maniement des armes. Son instruction, participant à la formation de la jeunesse à la défense de la nation, est le symbole d’une éducation patriotique par excellence. Tout au long du XIXème siècle, la pratique de l’escrime est alternativement obligatoire ou facultative dans les corps d’armées. En 1869, Napoléon III impose à nouveau l'instruction de l'escrime aux soldats. En 1877, le règlement prévoit de rendre l'escrime à l'épée obligatoire dans la cavalerie et l'infanterie, et l'escrime au sabre obligatoire dans la cavalerie et facultative dans l'infanterie.

 

Pourquoi Louis s’est-il tourné vers l’escrime ? A-t-il appris le rudiment des armes auprès de son père gendarme (voir ici) ? L’a-t-il découvert à l’armée elle-même ? Quoi qu’il en soit, Louis poursuit sa spécialisation dans l’escrime : en 1882 est dit "caporal chef de salle". Le 16 juillet 1882 il obtient son brevet de maître d’armes. Quatre jours plus tard il est nommé au poste de "sergent maître d’armes". C’est à son tour d’enseigner aux jeunes recrues ; ce qu’il fait au 95ème Régiment de Ligne. En septembre 1882 il se réengage dans l’armée pour 5 années supplémentaires.

Alors en garnison à Bourges, il rencontre et épouse Marie Eulalie Victorine Desroches, fille d’un casernier (chargé de l’entretien des bâtiments et du matériel d’un casernement) décoré de la médaille militaire. Ensemble ils auront trois filles.

 

En 1884 il est qualifié de "maréchal des logis" (équivalent du grade de sergent). En 1886 il est passé au 1er Régiment d’Artillerie où il est toujours maître d’escrime. En 1887 Louis signe à nouveau, pour un troisième engagement. Le certificat de bonne conduite lui est accordé, ce qui n’est guère étonnant au vue de ses états de services. Il est renvoyé dans ses foyers à l’expiration de son second engagement en 1893. Au tournant du siècle la famille emménage à Ivry, où l’un de ses frères aînés demeure déjà depuis quelques années.


En avril 1896, un article le concernant paraît dans la presse.

 

« Salle d'armes

Jeudi 15 avril 1896, à 7 heures du soir, ouverture d'une salle d'armes, 3, rue Coutant, à Ivry-Port, par M. Astié Louis, professeur ex-maître d'armes, au 1er régiment d'artillerie à Bourges. Les leçons seront données de 7 à 10 heures du soir. Prix très modérés. Nous espérons que la jeunesse ivryenne ne restera pas indifférente à cet appel, et qu'elle viendra en grand nombre grossir le contingent d'élèves que possède déjà M. le professeur Astié. » (Le Réveil Républicain, édition de Malakoff)

 

Depuis la Restauration, en effet, la liberté d'installation permet à de nombreux vétérans de l'armée d'ouvrir leur propre salle d'escrime. Pour pouvoir enseigner et diriger une salle d’armes, les maîtres d’armes français doivent être titulaires d’un diplôme d’état et doivent pouvoir enseigner le maniement de trois types d’armes :

- le fleuret est une arme d’estoc (coup porté par la pointe). Il apparaît au XVIIème siècle : arme plus légère et plus courte que la rapière, sa lame de section quadrangulaire se termine par un bouton (ce qui lui donne son nom car il est moucheté comme une fleur). Grâce à elle on peut faire de l’escrime sans avoir l’intention de se battre, le jeu consistant à effleurer la poitrine adverse. Élégance et courtoisie marque le fleurettiste.

- l’épée est caractérisée par une lame droite et une coquille circulaire qui protège la main.

- le sabre est une arme d’estoc, de taille et de contre taille (coups portés à la fois par le tranchant, le plat ou le dos de la lame). Sa lame est quadrangulaire et peut éventuellement être courbée. La coquille n’est pas circulaire mais a un profile en poignée.

 

C’est ce qu’a fait Louis Astié : ouvrir sa salle, après de nombreuses années passées dans l’armée. Pour cela il est titulaire du brevet de maître d’armes, comme on l’a vu plus haut. Selon l’article de journal, il avait déjà des élèves (mais on ignore où il enseignait).

 

Il faut dire que l'escrime jouit d'un prestige grandissant dans la société de l'époque. Les maîtres d’armes n’enseignent plus exclusivement à la noblesse ou aux militaires, mais s’ouvrent aux civils : la bourgeoisie, notamment, mais aussi les gens de plume, deviennent adeptes de cet art. L’enseignement ne se fait plus à des fins guerrières mais devient davantage récréatif. Il se démocratise et devient un véritable spectacle : des assauts (simulacres de duels où l’on ne se bat qu’avec des armes mouchetées) sont organisés, connaissant un certain engouement du public.

 

Ainsi Louis organise un assaut d’armes public, dont les bénéfices seront reversés aux pauvres et à la caisse des écoles, en octobre 1897. L’événement connaît un véritable succès, la salle étant comble. Trois articles parus dans le Réveil Républicain le citeront même dans ses colonnes (le 2 pour l’annoncer, les 16 et 23 pour en faire le bilan). L’assaut a lieu dans les salons de l’Hôtel de Ville d’Ivry, animé par les sociétés musicales de la cité. De grands noms de l’escrime, tant militaires que civils y ont été conviés pour assurer le spectacle. Bien que plusieurs tireurs aient été gênés dans leur jeu par la défectuosité d’une planche pas assez suffisamment longue et large, ils ont néanmoins recueilli une ample moisson de bravos. 13 « combats » ont été donnés. Les tireurs ont fait apprécier leurs qualités de sang-froid et de précision. Les amateurs se sont surpassés. La séance a été close par la Marseillaise (rappelant les valeurs de patriotisme associées à l’escrime) donnée par les trois ensembles musicaux de la ville.

 

A la fin du XIXème siècle, l’escrime est vue peu à peu comme un sport de compétition. Depuis 1890, on commence en effet à parler d'escrime sportive. Des novateurs suggèrent de faire « juger» les assauts et de compter les coups. On ne prononce pas encore le mot de « match » mais celui de « duel blanc ». Un juge et quatre témoins sont présents pour comptabiliser les scores. Au début c’est davantage la manière et la vitesse relative des coups qui comptent, plus que les points. Peu à peu, cette pratique sportive de l’escrime s’organise et des compétitions apparaissent. Elle fait partie des sports retenus aux premiers Jeux olympiques modernes de 1896.

 

Les années 1880 marquent aussi le retour des duels dans la société. Les élégances prônées par les puristes du fleuret n’étaient pas toujours de rigueur et, dans la rue, l’escrime était plus souvent meurtrière. Devant l’hécatombe de la fine fleur de la nation, on tenta à plusieurs reprises d’interdire les duels, mais sans succès. Les salles d’armes qui se multiplient ont l’ambition de canaliser ces velléités de violence au nom de l’honneur (qu’il soit réel ou imaginaire). L'épée, arme de duel réglementaire, était utilisée sans conventions. Dans sa salle, le maître d'armes met en condition celui qui doit régler un duel à l'épée. Le but n'est pas de tuer mais de mettre son adversaire hors de combat.

 

Le XIXème siècle est un âge d’or pour l’escrime : les armes légères et équilibrées permettent des prouesses techniques en toute sécurité, les maîtres d’armes sont au sommet de leur science. Ils seront à la source du rayonnement de l’escrime française à l’étranger.

 

Louis Astié a dû, tant de fois, revêtir l’équipement complet du fleurettiste (dans cet ordre) : des chaussettes, un pantalon, une veste en toile très serrée, dont le plastron est doublé d'une grosse toile ou d’un cuir pour améliorer la protection aux points les plus sensibles, un gant, un fleuret et un masque.
Devant le nombre d’accidents type « œil crevé » lors des entraînements, on créa en effet le masque afin de protéger le visage des pratiquants. Au début simple grille un peu lâche devant la face, il se développe pour préserver le cou, les côtés du visage et le dessus de la tête, avec une grille plus serrée et une bavette en cuir pour éviter de se faire transpercer la gorge. La tenue est traditionnellement blanche. Cette couleur, difficile à entretenir, est naturellement attribuée aux tenues réservées à l'activité sportive que seuls les milieux aisés pouvaient pratiquer, comme les polos et pantalons pour jouer au tennis, la combinaison des pilotes des sports automobiles, etc…

 

On notera, lors de l’assaut organisé en 1897 par Louis Astié, la leçon publique donnée après les combats par Louis lui-même à sa fille de 11 ans, Jeanne.

 

Rappelons que l’éducation physique et intellectuelle des jeunes filles du début du XIXème siècle était extrêmement limitée, tout comme les fonctions que leur promettait l’âge adulte : épouser un homme, lui donner des héritiers et, pour les classes supérieures,  assurer un rôle de représentation aux côté de leurs maris. Autant dire que l’escrime, activité virile et musclée par excellence, en était bannie. La morale la condamnait fermement. Les activités physiques, déjà peu fréquents chez les fillettes, étaient encore plus rares chez les adolescentes, car ils étaient suspectés d’éveiller la sexualité. La bienséance limitait l’éventail des exercices physiques à la promenade et à la danse, qui permettaient aux jeunes femmes de d’exacerber leur féminité et, par la même occasion, de se trouver un époux.

Cependant, quelques féministes revendiquèrent l’accès à l’escrime par les femmes,  appuyées par certains médecins sensibles aux bienfaits de l’activité physique sur la santé et le développement de l’organisme.

 

C’est le cas de Marie Rose Astié de Valsayre. Née Claire-Léonie Tastayre (en 1846), elle se fait connaître pour ses talents musicaux sous le pseudonyme de Marie de Valsayre. En 1869, elle épouse le docteur Astié (sans rapport avec notre famille). Elle commence des études médicales et sert comme infirmière (ou ambulancière, selon les sources) pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Parallèlement, elle entreprend une carrière de journaliste. Elle s’intéresser aussi aux luttes menées par des travailleuses en compagnie de Louise Michel. Elle milite pour le droit des femmes à l’éducation (en demandant par exemple leur accès aux études de médecine, mais aussi la possibilité de devenir librement cochères ou maçonnes si elles le souhaitent), touche un peu à la politique. Elle est la première à demander l'abrogation de l'ordonnance de 1800, qui interdit aux femmes de porter le pantalon. Peu à peu ses revendications se font plus radicales, exigeant l’égalité des salaires ou le droit de vote pour les femmes. C’est l’âge d’or de la presse : Marie Rose y exprime ses opinions. Elle subit les railleries, parfois grossières, de ses contemporains masculins.
Presque naturellement, elle en vient à réclamer le libre accès à la pratique du sport, et en particulier de l’escrime, pour les femmes. Intrépide (elle s’est elle-même cautérisé une plaie au fer rouge), elle provoque en duel tous ceux (et celles) qui s’opposent à elle. Ainsi, en octobre 1884, un journaliste l’ayant traité de « veuve vautour », elle lui demanda une réparation par les armes. C’est le premier d’une longue liste, toujours vaine toutefois, les hommes répugnant à ferrailler avec une femme. C’est finalement une américaine qui accepta le combat, en 1886 : après un contentieux au sujet de la supériorité des doctoresses françaises sur les américaines, et comme l’Américaine traita d’idiote Marie Rose, aussitôt celle-ci lui jeta son gant à la figure. Miss Shelby releva le défi et les deux femmes croisèrent le fer. Mais l’Américaine dû s’incliner après avoir été blessée au bras par Marie Rose qui reconnut cependant les qualités de son adversaire.

 

Louis Astié était-il sensible aux revendications féministes ? Nous l’ignorons. Bien sûr, il n’avait pas de fils pour lui succéder, mais le fait qu’il enseignait son art à sa fille tendrait à prouver son ouverture d’esprit sur ce sujet.

 

Louis s’éteint en 1905 à l’âge de 48 ans. Il était encore professeur d’escrime.

 

 

 

 

mercredi 24 juillet 2024

Héritiers lointains

A vrai dire je ne l’avais pas vraiment remarquée, Anne Julienne Briand. Un peu éloignée dans une branche collatérale de mon arbre, elle se faisait discrète. C’est finalement sa petite cousine, mon ancêtre directe Marie Anne Puissant (sosa 35, génération VI) qui a mis le projecteur sur elle.

Dans l’inventaire après décès de son époux, Alexandre Rols (l’épicier de la rue de la Roë – voir ici pour en savoir plus), il est noté que son épouse a recueilli deux successions : celle de sa mère et celle de « sa tante Mlle Anne Julienne Mathurine Briand, propriétaire demeurant à Bonnétable (Sarthe) où elle est décédée au cours de l’année 1871. Ladite Mad. Briand lui avait remis de son vivant à titre de don manuel, purement gratuit :
- Divers meubles meublants et objet mobiliers existant encore et précédemment inventoriés d’une valeur de 150 francs
- Et une somme de 3000 francs en argent
Ainsi que la somme de 166 francs lui revenant qu’elle a touché de M Aristide Bois notaire à Bonnétable le 12 août 1871 en sa qualité de légataire pour cette somme de Mlle Anne Julienne Mathurine Briand sa tante propriétaire demeurant à Bonnétable (Sarthe) où elle est décédée au cours de l’année 1871.
 »

 

Quelques erreurs se sont glissées dans ces lignes, mais peu importe : ma curiosité était piquée. Qui était cette « tante » si généreuse ? J’ai remonté la branche de Marie Anne. Pas d’Anne Briand parmi les véritables tantes de Marie Anne. Je continue un peu plus loin. Finalement je la trouve enfin : elle était la cousine germaine du père de Marie Anne. En d’autres termes, la mère d’Anne Julienne était la sœur de la grand-mère de Marie Anne (vous suivez ?).

Filiation Briand/Puissant


Anne Julienne était l’aînée de trois enfants. Née à Candé (Maine et Loire) en 1796, elle est suivie de Michelle Jeanne (née en 1798) et Mathurin (né en 1801). Mon ancêtre Anne Marie, aussi née à Candé (950 habitants en 1800), devait entretenir des relations étroites avec les cousins de son père, si l’on fie aux généreux legs qu’elle a reçus.

D’ailleurs, l’époux de Michelle, Antoine Sibaut, était concierge du Duc de Talleyrand à Saint-Patrice (Indre et Loire) : c’est sans doute grâce à ce couple qu’Anne Marie s’est retrouvée là-bas aussi (à une centaine de kilomètres à l’ouest de son lieu de naissance). Elle y a rencontré Alexandre Rols, domestique au château, puis concierge lui-même, qu’elle a épousé en 1856. Comme on le verra plus bas, elle devait avoir gardé aussi des liens avec Anne Julienne, bien que celle-ci vivait 110 km plus au nord, à Bonnétable, dans la Sarthe.

 

Le père des enfants Briand était jardinier à Candé. Il ne possédait pas de biens immeubles et ses effets mobiliers ont été évalués à 527 francs lors de son décès, soit un niveau de vie assez modeste. Par comparaison, en 1820 le travailleur rural non nourri gagne à l'année, en moyenne, 350 francs, l'ouvrier urbain de province 540 francs (chiffres à prendre avec précaution tant sont grandes les disparités régionales et les statistiques telles qu’on les connaît aujourd’hui inexistantes). Une étude estime qu’un homme est aisé dès lors qu’il « gagne entre 600 et 1 000 francs par an, mais taxe de misère un gain annuel de 300 francs »*. Michelle était femme de charge. Mathurin, son frère, était tailleur de pierre. Tous les deux ne laissent aucun bien en succession (Mathurin est même nanti d’un certificat d’indigence). Or Anne Julienne était rentière ! Comment a-t-elle atteint ce niveau de vie ? Mystère.  Si le document cité en début d’article la dit propriétaire, ce n’était pas vrai (elle ne possédait aucun immeuble), mais rentière oui. Dans les tables de succession, la valeur de son mobilier était évaluée à 31 359 francs. Rien à voir avec le niveau de vie de sa famille.

 

De même, j’ignore pourquoi elle a emménagé à Bonnétable (distant d’un peu moins de 150 km au nord de Candé). Je l’y découvre en 1846. Dans le recensement de 1861. Elle a alors 65 ans, vit sans doute au domicile qu’elle occupera jusqu’à la fin de sa vie, est célibataire et déjà qualifiée de rentière. Quelle a été sa vie avant ça ? Difficile à dire. Comme elle ne s’est jamais mariée, aucun acte d’état civil ne permet de la suivre et de connaître ses domiciles ou emplois. Je sais juste qu’elle était instruite car, si elle n’est pas mentionnée parmi les témoins, on reconnaît sa signature au bas de l’acte de mariage de sa sœur Michelle en 1839 à Saint Patrice.

 

Comme expliqué ci-dessus, à Bonnétable Anne Julienne n’était pas propriétaire de son logement : elle louait à un M. Moreul, vicaire, une maison située à l’angle des rues St Sulpice et Mazagran. Lors de la succession elle lui devait 230 francs pour ses loyers, mais le montant mensuel n’est pas indiqué.

 

Ni sa sœur et son beau-frère, ni son frère, ni elle-même n’ont eu de descendance. Sans ascendant ni descendant direct, et par conséquent sans héritier à réserve [= ou héritiers réservataires, c'est-à-dire ceux qui reçoivent obligatoirement une part de l’héritage du défunt] lorsqu’arrive son décès, le notaire et les exécuteurs testamentaires d’Anne Julienne vont devoir faire de nombreuses recherches pour régler sa  succession.

 

Sachant cet état de fait, Anne Julienne avait anticipé, autant que faire ce peut, cette situation. Cinq mois avant son décès, elle avait dressé son testament devant notaire. Elle commence par détailler le type d’enterrement qu’elle souhaite : « je veux un enterrement de 3e classe et que le jour de mon enterrement soit célébré une messe à mon intention, mon corps présent à l'église ; que dans l'année de mon décès il soit dit 1500 messes basses pour le repos de mon âme et celles des membres de ma famille ; qu'il soit célébré un annuel à mon intention et à celle des membres de ma famille, c'est-à-dire une messe chantée chaque semaine, à partir du jour de mon décès et pendant un an dans l'église de Bonnétable ». Elle se soucie aussi de ses héritiers.

Elle prévoit de léguer « à [ses] parents côté paternel une somme de 11 000 francs qui leur sera payé dans les 6 mois de mon décès […], à [ses] cousins et cousines germains du côté maternel une somme de 500 francs ».

Anne Julienne a dû suivre un peu l’évolution de sa famille élargie, même si de temps en temps elle peine un peu à savoir où en est chacun. Elle sait ainsi que du côté paternel elle a des petites cousines nommées Loie « qui sont au nombre de six ». A chacune d’elles, par égale portion, elle lègue la somme de 833,33 francs (soit un total de 5 000 francs pour les six). Anne Julienne est prévoyante : « dans le cas où, soit dans ce moment soit à l’époque de mon décès, quelques unes de mes petites cousines Loie seraient décédées, j’entends que leurs enfants recueillent la part qu’auraient eu leur auteur. » Cela signifie aussi qu’elle ne sait pas si les petites cousines sont encore vivantes ou non.

Elle pense aussi à ses petits cousins ou petites cousines Patourel « que je ne connais pas et qui, je crois, demeurent aux environ de Candé (Maine et Loire) ». Elle leur lègue 5 000 francs, à répartir par égale portion. De la même manière, s’il y a des décès dans cette génération, ce seront leurs enfants qui recueilleront la succession.

A sa petite cousine Clavary « demeurant à la Rochelle, rue des Prêtres n°8, une somme de mille francs ». Cette fois l’identification est plus claire : on a une adresse précise. Sans doute entretenaient-elles une correspondance ou des relations quelconques. Le legs est plus élevé aussi : elles devaient être plus proches.

 

A ses cousins/cousines germains maternels elle donne la somme de 500 francs chacun. On voit encore la prévoyance d’un décès dans cette génération germaine et le legs qui échouera aux enfants du décédé. Toutefois une nuance est apportée ici : « cependant si mon cousin Noel Puissant était mort avant moi, j’entends que son plus jeune enfant Auguste Puissant ait les 500 francs à l’exclusion de ses frères et sœurs. » Ambiance. Je ne sais pas ce qu’ont fait ces deux enfants, toujours est-il que ledit Noël survivra à sa cousine et c’est donc lui qui touchera le legs.

Enfin viennent les dispositions particulières prises pour mes ancêtres directes : « Je donne à ma cousine femme Puissant [Anne Marie Sebeault] et à la femme de Charles Puissant sa belle-fille [Marie Joséphine Chevalier] à part égale portion tous les habits, linges, hardes et bijoux composant ma garde robe et les malles, coffres et cartons nécessaires pour emporter ces effets. Je ne veux pas qu'il soit vendu le moindre objet de ma garde robe. On donnera aux pauvres ceux que mes légataires ne voudraient pas. Je donne à ma cousine femme Puissant 3 paires de draps qu'elle choisira parmi ceux que je possèderai à mon décès. Je lui laisse en souvenir et en reconnaissance des bons procédés et des attentions qu'elle a toujours eu pour moi. Je donne à Maria Puissant ma petite cousine le petit tableau qui représente le château de Roche Cote. Je veux que les legs ci-dessus soient exempts de tous frais et droits quelconques (lesquels seront payés par ma succession). » Maria Puissant est probablement Anne Marie Puissant (mon ancêtre directe) puisqu’elle lui donne le tableau représentant le château de Rochecotte, à Saint Patrice, demeure de la famille de Talleyrand, où elle a travaillé.

 

Enfin, elle prévoit de donner « au bureau de bienfaisance de Bonnétable tout ce qui, après délivrance et paiement des dons et legs ci-dessus, frais et droits, restera dans ma succession ».  Anne Julienne n’a visiblement pas oublié ses jeunes années de misère.

 

Anne Julienne a aussi désigné deux exécuteurs testamentaires, choisis parmi ses relations : Mme Vilain veuve Letouzé, rentière demeurant à Bonnétable, et M. Millet, homme de confiance de M. le Comte de la Rochefoucauld Duc de Bisaccia maintenant rentier, ayant demeuré au château et actuellement même ville Grande Rue. Le tout passé devant Me Bois, notaire audit Bonnétable.

 

Bref, si Anne Julienne a pris ses dispositions, elles restent un peu floues. Aussi après son décès, survenu le 5 janvier 1870, le notaire et les exécuteurs testamentaires vont avoir du travail pour pouvoir régler sa succession.


Première étape : les scellés. Aussitôt après le décès, ils sont « apposés au domicile mortuaire de Mlle Briand ». Ensuite l’inventaire après décès : il commence le 31 janvier, à la requête des exécuteurs testamentaires. Lors de cette « première vacation il fut seulement procédé à la prisée du mobilier » qui est évalué à 1 334 francs, y compris la garde robe de la défunte. Ce mobilier a été vendu aux enchères publiques, sauf les objets légués spécialement par testament, rapportant un total de 1 707 francs.


Ensuite, commence un travail laborieux pour le notaire : identifier les héritiers. Éloignement géographique, implexe, décès en cascade, la tâche est ardue.

J’ai moi-même eu le plus grand mal à les identifier. Ainsi, les petites cousines Loie « qui sont au nombre de six » voient leur patronyme orthographié tantôt Loie, tantôt Loye ou Louays. Elles sont dispersées entre Maine et Loire et Loire Atlantique. Et parmi elles certaines sont déjà décédées avant même le testament d’Anne Julienne, d’autres après son décès en 1870. Il faut donc identifier les héritiers des héritières décédées. Même chose pour les Patourel/Pastourelle.

 

Le notaire le précise : « après des recherches très difficiles qui ont nécessité au notaire et à M. Millet un voyage dans les départements de Maine et Loire et de Loire Inférieure [actuelle Loire Atlantique], les légataires de Mlle Briand ainsi que tous ceux qui peuvent prétendre à des droits sur sa succession sont actuellement connus. » 

Ils sont, pour la branche paternelle :

1) Mlle Clavary, devenue épouse Barrault, cousine issue de germaine.
2) La branche Loie :

- Renée étant décédée, ce sont ses fils Pierre et Félix Muret qui héritent. Cependant Félix n’a pas de domicile connu : on ignore où il se trouve.

- Angélique, veuve Robert.

- Julienne, épouse Goupil.

- Jeanne étant décédée en 1864, ce sont ses fils mineurs Jean et Pierre Lequeu, sous tutelle de leur père ; leur sœur Jeanne devrait aussi hériter, mais elle est déjà décédée : ce sont ses filles, Jeanne et Joséphine Lerouil, filles mineures sous la tutelle de leur père qui reçoivent le legs Briand. Elles sont cousines au 7ème degré de la défunte.

- Marie, épouse Neveu.

- Joséphine étant décédée en 1859, ce sont ses enfants Joséphine, Philomène et Jean Aubert (les deux derniers mineurs sous la tutelle de leur père) qui héritent.

3) La branche Patourel :

- Marie Renée veuve Fénard.

- Julien Patourel.

- Louise, décédée en 1851, ce sont ses enfants qui deviennent héritiers : Julien Jean, Pierre Jean, Louis René Legras, enfants de Julien Legras.

- Rose Julienne, décédée en 1865, cède la place à ses enfants Marie Julienne, Jean Baptiste Eugène et Rose Désirée Legras, enfants mineurs sous la tutelle de leur père (Julien Legras, qui a épousé successivement les deux sœurs Patourel).

- Jeanne Marie (née Jeanne Renée Pastourelle) épouse Nourry.

- Renée épouse Guérin.

- Pierre étant décédé en 1869, ce sont ses 6 enfants qui héritent (Pierre, Marie Jeanne, Désirée Louise, Jeanne Emilie, Jean Marie et Eugénie Marie, les 5 derniers encore mineurs sous la tutelle de leur oncle).

Soit 29 personnes pour la lignée paternelle.


Pour la branche maternelle :

1) Noel Joseph Puissant, cousin germain (né Chaillou, enfant naturel de Cécile, reconnu par Noel Puissant lors de son mariage avec ladite Cécile l’année suivant

2) Louis René Puissant, frère germain du précédent.

3) Charles Puissant étant décédé, le legs est transmis à Marie Puissant [Marie Anne, en fait], épouse Rols, son frère Charles et sa sœur Augustine ; ces trois enfants sont cousins au 5ème degré de la défunte.

4) Elisabeth Martin épouse Vincent, cousine germaine.

5) Jacques Grange, cousin germain de la défunte par sa mère étant décédé, l’héritage échut à ses deux enfants François et Jacques, troisième du nom.

6) Prosper Chaillou, aussi cousin germain.

Tous descendants de feus René Chaillous et Anne Huilière [Lhuillier] grands-parents de la défunte. Soit 9 personnes pour la lignée maternelle (auxquelles il faut ajouter Anne Marie Sebault femme Puissant et Marie Chevalier épouse Puissant sa belle fille qui ont reçu un legs particulier lors du testament, comme on l’a vu plus haut).

Héritiers d'Anne Julienne Briand

 

Des indices nous laissent à penser que Marie Anne Puissant s’occupait particulièrement d’Anne Julienne : le legs de son vivant de divers effets mobiliers et de la somme de 3000 francs, la déduction faite sur la créance Rols de la somme de 321 francs « qui lui étaient dus pour ses soins et déboursés ». De même sa mère est récompensée « en souvenir et en reconnaissance des bons procédés et des attentions qu'elle a toujours eu pour [Anne Julienne]. »

 

Pour retrouver toutes ces personnes il a fallu aller à La Rochelle (Charente Maritime), Cheillé (Indre et Loire), St Léger des Bois, Bécon, Freigné, Candé, Denée, Vritz et Angers (Maine et Loire), St Sulpice des Landes, Grand Auverné, Mésanger, Teillé, Mouzeil, St Mars la Jaille et Nantes (Loire Atlantique), Paris.

Carte des domiciles des héritiers

Tous les héritiers/héritières ne pouvant se déplacer en personne, il a fallu ensuite faire des procurations : Me Billot notaires à Nantes, Me Roffay notaire à Bécon, Me Caron notaire à Candé, Me Echasseriaux notaire à la Rochelle, Me Fontenaux notaire à Angers. Ces procurations ont été transmises par M. Dangin, clerc de notaire à Bonnétable et M. Pean libraire à Bonnétable, qui ont fait déposer les documents officiels à Me Bois notaire à Bonnétable, responsable de la succession Briand.

Toutes ces procurations sont données par les héritiers ci-dessus nommés comme habiles à se dire héritiers de Mlle Briand.

 

L’inventaire après décès a été terminé entre le 23 et le 25 septembre 1871. Ont été recensés et estimés :

- les papiers et renseignements (une seule cote, le testament),

- les immeubles (néant),

- les créances actives (total : 19 825 francs), dont une créance de 8 200 francs due (et remboursée) par mon ancêtre Alexandre Rols. Il est dit dans ce document qu’il est « ci devant commis de banque actuellement marchand de vin ». Si vous avez lu l’histoire de l’épicerie de la rue de la Roë vous vous rappelez qu’Alexandre était employé à la Banque de France d’Angers avant de devenir épicier. Peut-être qu’Anne Julienne a prêté une certaine somme à Alexandre pour lancer son commerce ? D’où la créance ?

- les valeurs au porteur (21 obligations du Chemin de fer du Nord, d’Orléans et de l’Est et un titre de rente sur l’État romain, pour une valeur de 9 411 francs, trois obligations de 1000 francs chacune de l’emprunt royal du Portugal mais ces obligations, dont les intérêts n’ont pas été payés depuis 1834, devaient être considérées comme étant de nulle valeur),

- les délivrances de legs : il a été rendu compte des paiements faits aux héritiers paternels et maternels,

- les immeubles tenus à loyers : dû à M. Moreul pour la maison occupée par la défunte, 230 fcs,

- les pièces relatives à la succession de Mad. Cebeaux  [Michelle Jeanne Briand épouse Sibaut, la sœur de la défunte] : liasse contenant 25 pièces. Ces pièces ne présentant aujourd’hui aucune opportunité il n’en est parlé ici que pour ordre,

- l’argent comptant : ladite Briand possédait au moment de son décès la somme de 121 francs,

- les créances actives : elles totalisent 29 896 francs,

- les dettes : 19 692 francs,

- les droits de mutation : 3065 francs.

 

Extrait de la succession Briand © AD72 via FDA72

 

 Le 27 septembre 1871, par devant Me Bois, ont comparu :

1° Mme veuve Letouzé et M.Millet, en qualité d'exécuteurs testamentaires

2° Me Dangin, clerc de notaire agissant comme mandataire au nom  des héritiers paternels

3° M. Pean libraire marchand agissant comme mandataire au nom  des héritiers maternels

Ils ont fait part des comptes dépendant de la succession d’Anne Julienne Briand. Tous les légataires de Mlle Briand étant (enfin) connus, les exécuteurs testamentaires leur ont payé le montant des legs particulier à eux fait par ladite demoiselle, pour un total de 13 583 francs.

Ils présentent ensuite les recettes liées à ladite succession (vente de mobilier, créances dues et rentes viagères), pour un total de 24 784 francs.

Puis les dépenses : frais funéraires et messes, porteurs de cierges, personne chargée d'envoyer les invitations à l'enterrement, couronne, cercueil, luminaire, sépulture, place au cimetière, grand'messe et messes basses, transport au corps, denier de la domestique, entretient de la tombe par le fossoyeur, engagement à la propagation de la foi par le curé de Bonnétable, frais de dernière maladie, scellés, état des lieux, assurance, dettes diverses (blanchisserie, horloger, réparations au domicile à la charge de la locataire). A cela s’ajoutent les frais de recherche des héritiers et voyages, frais de délivrance d’extraits d’état civil, de legs et de procuration, frais de testament, frais d'inventaire et de tableau généalogique, frais divers, frais de correspondance. Sans oublier les droits de mutation. Les legs (payés aux héritiers et aux exécuteurs testamentaires, selon les dernières directives de la défunte). Total des dépenses : 23 082 francs.

Après la balance des recettes moins les dépenses, il se trouve un reliquat actif de 1 701 francs.

Sont signalées quelques sommes restant à recouvrer dans ladite succession Briand et legs restant à acquitter : somme due sur la vente mobilière, reliquat de créance, titres de l’emprunt royal du Portugal, mais considérés comme étant de nulle valeur. Et à acquitter : le legs de 416 francs revenant à M. Felix Muret aujourd’hui sans domicile connu. Enfin, le legs fait au bureau de bienfaisance (reliquat actif), prévu par le testament de la défunte, est accepté par les parties.

Dont acte, fait et passé à Bonnétable le 27 septembre 1871.

 

C’est ainsi que se clôt la difficile succession d’Anne Julienne Briand, 20 mois après le décès de celle-ci.

 

 

Je remercie Christelle, du Fil d’Ariane de la Sarthe, qui a réalisé les 125 photos de cette succession peu ordinaire.

 

 

* Paul Paillat : Les salaires et la condition ouvrière en France à l'aube du machinisme (1815-1830)

 

 

 


dimanche 30 juin 2024

Une famille dans la tourmente

Les guerres de Vendée ont fait de nombreuses victimes (entre 100 000 et 200 000, soit environ 20% de la population vendéenne – chiffres à prendre avec précaution car les historiens ne sont pas tous d’accord). Immanquablement ma famille a été touchée. 

Les Gabard sont originaires de Saint-Amand-sur-Sèvres (Deux-Sèvres), en plein territoire de la « Vendée militaire ». Jacques Gabard a 5 fils, 16 petits-enfants (je descends de Jacques, son fils d’un premier lit et de son petit-fils Jean*). Certains de ses descendants sont restés à Saint Amand tandis que d’autres ont quitté le giron familial pour la Vendée voisine. 

 

Famille Gabard et collatéraux :
en vert clair le prêtre réfractaire, en vert foncé les soldats vendéens identifiés à ce jour

 

La famille est touchée dès 1791. Pierre, le fils ainé du second lit (probablement : les registres de cette période ont disparus et les sources se contredisent quant à l’ordre des naissances des 4 fils), a choisi la religion. Il est nommé curé de Chambretaud (Vendée) en mai 1780. Au début il ne se montre pas hostile au mouvement émancipateur né de la Révolution (comme de nombreux Vendéens qui espèrent beaucoup en la redistribution des richesses promise par les révolutionnaires) : il est nommé électeur du canton des Herbiers et envoyé à Fontenay en 1790 pour élire les députés à l'Assemblée législative. Mais en 1791 c’est la rupture : il refuse de prêter le serment constitutionnel imposé au clergé. 

La Constitution civile du clergé est un décret adopté en juillet 1790 par l'Assemblée nationale, concernant l'organisation de l'Église de France, conséquence notamment de la nationalisation des biens de l'Église en novembre 1789. Adoptée contre son gré par Louis XVI, elle réorganise unilatéralement le clergé séculier français, instituant une nouvelle Église, l'Église constitutionnelle. Cette réorganisation est condamnée par le pape Pie VI en mars 1791, ce qui provoque la division du clergé français en clergé constitutionnel (les « jureurs ») et clergé réfractaire

Pierre Gabard, curé de Chambretaud, se voit donc sommé de prêter le serment exigé des prêtres par ce décret. Il le refuse et devient, dès lors, un suspect. En 1792, les prêtres, comme tous les Français percevant une pension ou traitement de l'État, doivent prêter un nouveau serment dit serment de "liberté-égalité". A nouveau il le refuse. Aucun prêtre jureur n'ayant été désigné à la cure de Chambretaud pour le remplacer, il peut encore y demeurer, au milieu de ses fidèles et leur procurer les secours religieux dus à son office. On le voit ainsi signer régulièrement les registres paroissiaux. 

La majorité de la population du pays, est très attachée à ses prêtres. Elle reste calme mais proteste seulement par son absence aux cérémonies des prêtres jureurs (dans les paroisses où il y a eu une nomination), qui sont vus comme des intrus. Elle assiste en revanche à la messe que leur véritable pasteur célèbre là où il peut (dans une grange s’il pleut, dans un bois ou un champ s’il fait beau). 

Mais au fur et à mesure, en raison des difficultés qui se multiplient, Pierre Gabard doit cesser l'exercice public de ses fonctions et veiller à sa propre sécurité. La situation, devenue très précaire, se trouve soudain aggravée par le décret du 26 août 1792, ordonnant la déportation de tous les prêtres insermentés, âgés de moins de 60 ans. En vertu de ce décret, exécutable sous quinzaine, Pierre Gabard, qui n'a que 57 ans (rappel : les sources se contredisent à ce sujet), est déportable. Néanmoins, il ne se soumet pas à la loi. Mais, à partir de ce moment, il s’impose une vie clandestine et doit multiplier les précautions ; car, en cas d'arrestation, il sera déporté de force en Guyane. Le contexte s’exacerbant, c’est sa vie même qui est désormais en jeu. Toutefois, malgré le danger, il ne s'éloigne pas de sa paroisse (comme le montrent les registres paroissiaux qu’il continue de tenir clandestinement). Poursuivi et menacé par les révolutionnaires, il persiste à demeurer quand même au milieu de ses ouailles et doit se cacher pour n'être pas arrêté et emprisonné. 

 

En mars 1793, la levée en masse de 300 000 hommes est votée par la Convention. Chaque département de France doit fournir des volontaires, complétés par des hommes requis par désignation ou par tirage au sort. La rébellion se repend dans toute la population, en réaction à cette décision. Si dans la plupart des départements les révoltes sont rapidement réprimées, dans un territoire appelé la « Vendée militaire » (Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Vendée et Deux-Sèvres) la situation s’envenime. Les insurgés (surnommés les « Blancs ») établissent une « Armée Catholique et Royale » qui remporte une succession de victoires au printemps et à l'été 1793. 

Mort du général Moulin, 1794 - Jules Benoit-Levy © Musée de Cholet


Parmi les 5 frères Gabard, outre le curé de Chambretaud, un seul semble avoir pris les armes. Son frère Jacques pourrait avoir servi dans l'Armée Royale entre 1793 et 1800, identifié dans l’ouvrage de Françoise de Chabot « Un canton du bocage Vendéen » : « Gabard Jacques, né à Saint-Amand, 1740, commissaire en 1794, 1795 et 1799 ». Cependant il existe de nombreux homonymes, donc ce n’est peut-être pas lui. Par contre, la génération suivante, elle, a largement pris les armes. On raconte d'ailleurs que, dès le début de l'insurrection, presque tous les hommes valides de Saint-Amand s'empressèrent d'aller combattre dans les rangs de l'armée vendéenne. 

Le 9 avril 1793 le commandant des forces Républicaines (les « Bleus ») à Angers a reçu l’ordre de lancer une offensive contre les territoires insurgés. En route, les soldats Républicains brûlent un village et massacrent plusieurs habitants. Le 11 avril ils sont devant Chemillé. La petite ville a été fortifiée par les Blancs. Après un combat de 10 heures les Bleus ont réussi une percée, mais ils doivent finalement battre en retraite et Chemillé reste aux mains des Royalistes. S’il est difficile de déterminer les pertes de chaque camp, la mémoire familiale a été marquée par cette bataille : Jean Mathurin, l’un des neveux de Pierre Gabard, le curé de Chambretaud, âgé de 16 ans seulement, « est resté devant Chemillé » où un témoin « l’a vu sabré ». Joseph Amant Barret, un collatéral de notre famille, alors âgé de 20 ans, est lui aussi tombé à Chemillé, plusieurs témoins affirmant l’avoir vu « tomber en expirant ».

 

La ville de Chemillé - Thomas Drake, L'album vendéen © Wikipedia

 

En mai les insurgés s'emparent de Parthenay, sans combat. La Chataigneraie, petite ville à 40 km à l’Ouest de Parthenay, est alors défendue par les Républicains. Le 13 les Vendéens réussissent à reprendre la ville. Pierre Mathurin Gabard (cousin de mon ancêtre Jean) a servi en qualité de capitaine dans l'Armée Royaliste vendéenne et a été blessé à la Chataigneraie lors de cette bataille de deux coups de feu, le premier au côté droit au dessous du sein et le second au poignet droit; les balles ayant porté sur les tendons lui occasionnant une difficulté dans le mouvement et la flexion. Son dossier de demande de pension précise « qu’en toutes occasions il a toujours montré un attachement majeur à la royauté. » 


La ville de Saumur abrite un important quartier-général Républicain. Devant l’avancée des Blancs, la ville se fortifie. Le 2 juin l'Armée Catholique et Royale sort de Cholet et commence sa marche sur Saumur. Quelques jours plus tard, les Vendéens entrent en contact avec l'avant-garde Républicaine. Le 9 Saumur est prise. Parmi ces soldats Royalistes se trouve Louis Baudry, 19 ans. Après le conflit, il épousera Marie Jeanne Gabard, cousine de notre ancêtre direct Jean Gabard. Les sources signalent qu’il a fait 4 ans de guerre. Il a eu le grade de capitaine et il fut blessé à Saumur. Après guerre il demanda un secours en tant qu’ancien militaire, « blessé au service du Roi ». Mais son cas n’a pas été jugé mériter la pension pour lesquels il avait été proposé et en conséquence il ne recevra rien. 

 

La ville de Saumur - Thomas Drake, L'Album vendéen © Wikipedia

 

En tant que veuve de militaires de l'armée vendéenne auxquelles sa majesté a accordé des pensions par ordonnance du 10 novembre 1815, Modeste Boissinot a obtenu 40 francs annuels. Cette aide est accordée tant que la veuve ne se remarie pas : elle touchera la somme jusqu’à son remariage en 1817. Son premier mari, Jacques Alexis Barret était concierge du château de la Guierche, à Saint-Amand. Ce château appartenait à Françoise Alexie Petit de la Guierche marquise de Saint-Mesmin, qui était sa marraine, et Jacques François René Marie de Vasselot son mari (leur fils était le parrain de Jacques Alexis Barret). La famille Barret était originaire de Jazeneuil (Vienne) où les parents de Jacques Alexis étaient au service de cette puissante famille. C’est sans aucun doute grâce à eux qu’ils sont arrivés à Saint-Amand puis le couple y deviendra concierge ou régisseur de leur château de la Guierche. 

Dans les documents concernant sa pension de veuve, Jacques Alexis est dit décédé à Luçon en 1793. Pendant que le gros de l'armée vendéenne préparait l'attaque de Nantes, l'armée du centre, tenta de lancer une diversion en s'emparant de Luçon. La place fut attaquée le 28 juin. Les Républicains s’étaient déployés devant la ville mais ils étaient en nette infériorité numérique, et une partie des troupes prit la fuite. Cependant 150 soldats de l'ancien régiment de Provence, qui avaient déserté pour rejoindre les Vendéens, changèrent une nouvelle fois de camp et retournèrent leurs armes contre les Blancs. Ce mouvement jeta la confusion chez ces derniers qui prirent la fuite à la tombée de la nuit, poursuivis par les Républicains. 

 

Bataille de Luçon - Thomas Drake © Wikipedia

Jacques Alexis ferait donc partie des nombreuses victimes de ce jour. Or les registres clandestins de Saint-Amand (tenu par des prêtres réfractaires) indiquent qu’il était présent au décès de sa mère (décédée le 25 juin, enterrée le 27). Rappelons qu’il faut environ 14h à pied pour rejoindre Luçon depuis Saint-Amand (sans compter toutes les fois où il faut se cacher des patrouilles républicaines dans un fourré). Le timing paraît un peu juste. Par ailleurs il n’est pas dit décédé lors des décès de ses filles en 1794 et 1795 (ce qui pourrait être un oubli… ou pas). 

Le frère de son parrain, Joseph Amand de Vasselot, un des chefs vendéens (tardif) en 1795 (arrêté et fusillé en 1796) l’a-t-il entraîné dans des combats postérieurs à février 1795 qui ont provoqué sa mort ? 

Françoise de Chabot dans « Un bocage vendéen » le dit décédé à Noirmoutier (sans date). Je ne l’ai pas trouvé dans les listes concernant la campagne de Noirmoutier (qui, de toute façon, a eu lieu en 1793/1794) même si je n’exclue pas d’avoir loupé le document où il figurerait. Ce qui est sûr c’est que Jacques Alexis est décédé avant 1800 puisque sa veuve fait son deuxième mariage (elle en fera trois au total) en octobre 1801. Pour cela, une attestation a été cherchée auprès de Mgr Supiot, vicaire général de La Rochelle, pour la déclarer veuve de Jacques Barret, mort à la guerre : "nous soussignés le 12 may 1800 d'après les informations de l'enquête faite par Mr Le François prêtre desservant de St Amand chargé par nous de cette commission pour prendre les connaissances propre à s'assurer de la mort de Jacques Barret, à déclarer Modeste Boissinot son épouse veuve et libre, si elle le juge à propos de convoler à de secondes nopces vu les raisons alignées et le tout bien considéré nous joignons par les présentes le dit Jacques Barret est mort à Noirmoutier et Modeste Boissinot son épouse veuve et libre de s'unir par les liens sacrés du mariage à qui bon lui semblera si elle veut se remarier, supposé qu'il n'y ait pour d'autres empêchements, et sans la dispense des règles ordinaires de l'évêque"

Noirmoutier ? Luçon ? 1793 ? 1795 ? Le mystère reste entier mais il ne fait cependant aucun doute que le décès de Jacques Alexis doit être imputé aux guerres de Vendée. 

 

Jean Gabard (mon ancêtre direct, sosa 112) fait lui aussi partie des blessés vendéens. Cela s’est passé à la bataille de Châtillon. Lors de la Restauration, le roi Louis XVIII s'intéresse au sort des soldats qui se sont battus pour sa cause. Le 3 décembre 1823, il adresse à tous les préfets une ordonnance prescrivant de rechercher les soldats vendéens nécessiteux, dans le besoin, ou ne pouvant plus travailler en raison de leurs infirmités ou de leurs blessures reçues au cours des batailles pour la cause des Bourbons. Quelques mois après, Jean Gabard dépose un dossier de demande de pension. Il y explique qu’il fut blessé « lors de l'affaire de vestherman à l'articulation de l'humérus d'un coup de bayonnette, blessure qui fut guérie mais qui le gêne pour travailler et gagner l'existence ». 

Le général Westermann est resté célèbre pour les atrocités qu'il commit lors des guerres de Vendée. Il s’y montre implacable et pratique une politique de terreur à l'égard des contre-révolutionnaires. Le 3 juillet 1793 il prend Châtillon. Avec les Républicains ils étaient stationnés sur le plateau ouest de Château-Gaillard surplombant la ville. Le 5 juillet les Vendéens les attaquèrent par surprise. Les Républicains prirent la fuite et dévalèrent en grand désordre les pentes abruptes du plateau. En se repliant sur Châtillon, ils tombèrent sur une deuxième colonne vendéenne. Les combats firent rage dans les ruelles de la cité. Westermann s’enfuit à cheval mais il y eu de nombreux morts et blessés, dans les deux camps. En octobre les Royalistess reprennent la ville, considérée comme la capitale de la Vendée militaire. Mais Westermann rallie de nouvelles troupes et revient à Châtillon à la faveur de la nuit, surprenant les Blancs qui, deux fois inférieurs en nombre, doivent céder la ville à Westermann et ses Républicains. Ceux-ci, non contents de leur victoire, incendient les maisons et massacrent la population, ne laissant que ruines avant d’ordonner leur retraite. 

 

Combat de rue, guerre de Vendée © Wiikipedia

 

On ne sait pas si Jean fut blessé au printemps ou à l’automne, mais son dossier nous apprend qu’il en garda des séquelles toute sa vie. Toutefois, bien que considéré comme pauvre, il est classé dans la 3e catégorie des soldats demandant un secours viagers, c'est-à-dire ceux qui ont des infirmités ou des blessures moins graves que ceux des deux premières catégories. Sa demande de pension sera rejetée, au motif qu’il « n'aurait pas droit » (sans doute n’a-t-il pas été assez blessé). On notera qu’en 1793, Jean n’avait que 17 ans. 

 

Après l’écrasement de l’Armée Catholique et Royale, fin 1793, il est décidé de détruire les derniers foyers insurrectionnels de la Vendée militaire. Des colonnes incendiaires quadrillent le territoire afin d’exterminer tous les « brigands » ayant participé à la révolte, femmes et enfants inclus et de saisir les récoltes et les bestiaux, incendier les villages et les forêts. Ces atrocités coûtent la vie à des dizaines de milliers de personnes et valent aux colonnes incendiaires d'être surnommées « colonnes infernales ». 

Ces troupes qui sillonnent le pays en dévastant tout sur son passage ont marqué la commune de St Amand et notre famille à plusieurs reprises. À la mi-janvier 1794 ont lieu les événements dits du Pont-Mesnard, commémoré par une plaque du Souvenir Vendéen dans l’église de Saint-Amand-sur-Sèvre. La garnison de Mallièvre s’abat sur la paroisse à la recherche, selon la tradition orale, du camp des partisans de Charette. « Les habitants sont surpris au petit matin. S’ensuivent une rafle et un tribunal révolutionnaire. Sur la table est placée une statue censée représenter la Révolution. Les paroissiens devaient lui prêter allégeance. Ils ont été saisis d’horreur à l’idée d’honorer un faux Dieu. On les amène alors à leur supplice », selon l'historien J. Grassin. Quelques jours plus tard, les 24 et 25 janvier 1794, c’est la colonne infernale de Boucret marchant entre Châtillon-sur-Sèvre (Mauléon) et Les Épesses qui arrive à Saint-Amand-sur-Sèvre. Elle massacra 25 personnes en une seule journée. Les fermes et les maisons du bourg furent incendiées. Le même jour la colonne de Grignon marchant entre Cerizay et La Flocellière ravage l’ouest de la commune dans les parages de La Pommeraie, faisant de la localité peut-être la seule dans la Vendée à avoir subi deux colonnes le même jour. L’un de mes collatéraux, Pierre Le Boiteux y fut tué « pour cause de religion » et enterré entre la Pommeraie et Montravers. Selon les estimations, de 1790 à 1800, la population de la paroisse tomba de 1 220 à 767 habitants, du fait de la guerre ou des départs vers des régions moins troublées. 

 

Avec le soulèvement général de la Vendée à partir de mars 1793, et que le pays fut sillonné par les armées Républicaines, l'exercice de son ministère à Chambretaud devient impossible à Pierre Gabard. Dans le bourg, les Bleus ont établi un camp ; les chefs logent à la cure, et l'église sert d'écurie pour leurs chevaux. C'est grâce à cet état de choses que ni l'église ni la curie n'ont été incendiées, contrairement à ce qui se faisait partout ailleurs. La présence au chef-lieu paroissial de cette petite armée, dont les perquisitions et les battues sont incessantes aux alentours, ne permet au prêtre aucun séjour dans la paroisse. Force lui est de se retirer ailleurs. Il trouve une retraite dans la paroisse voisine de Saint-Malo-du-Bois ; son lieu de refuge est ordinairement la ferme du Pré Landais. Là on lui fait une petite retraite sous des fagots de bois, en face de la ferme ; il n'en sort que pour porter à ses paroissiens les secours et les consolations de son ministère de manière officieuse. 

Il court plusieurs fois de grands dangers dont il se tire toujours sain et sauf, grâce à sa présence d'esprit et à son courage. Un jour, surpris dans sa cure par une patrouille de Républicains, qui lui annoncent qu'ils vont le conduire à Nantes, il est sauvé par sa servante qui demande aux soldats de laisser au moins à son maître le temps de changer de linge. Elle les invite à visiter la cave et leur offre à boire si généreusement, qu'à la faveur des copieuses libations, elle peut faire échapper son maître, et s'échapper elle-même après lui. Quand les soldats sortent de la cave, ils sont ivres et déchargent leur rage anticléricale contre un vieux tronc de pommier du jardin que, dans leur vue trouble, ils prennent, peut-être, pour le curé qu'ils cherchent. 

Une autre fois, le vaillant curé est découvert par les Bleus : c’est le 27 février 1794, jour du grand massacre de la Gaubretière. Quelques compagnies de la colonne infernale envahissent soudain Chambretaud. Les cris de mort éclatent avec la fusillade. M.Gabard était encore à son presbytère. Il s'empresse de fuir dans la campagne, poursuivi par les soldats qui hurlent « A mort ! A mort ! » En même temps, les balles sifflent à ses oreilles. Arrivé au pont de Fontaine-Vive, le curé se jette à l'eau, très froide en cette période, la tête seule hors de l'eau, sans avoir été aperçu, et reste là blotti sous le pont. Quelques instants après, les Bleus le traversent en courant et en blasphémant contre le prêtre fugitif dont ils ont perdu la piste. La tradition orale familiale raconte, qu’en sortant de l’eau, il fut pris d’un tremblement nerveux qu’il garda toute sa vie. 

Si l’on se fie aux registres paroissiaux, le curé ne s’éloigne du pays que durant huit mois (octobre 1793/juin 1794), période qui correspond au passage des Colonnes infernales. Selon certaines sources, avec un groupe important d’habitants de sa paroisse il dut suivre l’Armée vendéenne Outre-Loire (mais d’autres l’indiquent à Chambretaud en février, comme on l’a vu plus haut : difficile de retracer son parcours exact en ces temps troublés). 

 

En mars 1794, une autre colonne va entrer en foret de Vezins, où les Vendéens avaient établi leur quartier général. Louis Martineau, fusilier (soldat qui a pour arme un fusil) de l'Armée Royale de l'Ouest y est blessé. Il est âgé de 26 ans au moment des faits. Il a épousé l’une des sœurs de Jean Gabard, Marie, quelques années auparavant. Dès 1816 sa blessure le fait paraître dans les tableaux de secours alloués aux anciens combattants de l'arrondissement de Bressuire : il perçoit une aide annuelle 60 francs pendant plusieurs années. 

 

En juillet 1794, Mathurin Gabard (cousin de Jean) avait, selon la tradition familiale, quitté son oncle curé de Chambretaud pour rejoindre les rangs des insurgés. Il rejoint la ferme de son oncle et parrain au village du Poux, à Saint-Amand, avant de mourir de ses blessures. Il avait 21 ans.


La répression des colonnes infernales provoque une résurgence de la rébellion et, en décembre 1794, les Républicains engagent des négociations qui aboutissent entre février et mai 1795 à la signature de traités de paix avec les différents chefs vendéens, entraînant ainsi la fin de la « première guerre de Vendée ». Mais la situation n’est pas réglée. Une « deuxième guerre de Vendée » éclate peu après, en juin 1795. Le soulèvement s'essouffle cependant rapidement, et les derniers chefs vendéens se soumettent ou sont exécutés entre janvier et juillet 1796. La Vendée connait encore d'ultimes et brèves insurrections avec une « troisième guerre » en 1799. 

 

Pierre Gabard, un autre cousin de Jean, demanda lui aussi une pension, faisant valoir qu’il avait reçu un coup de sabre à « Champ Breteau » (sans doute Chambretaud) en 1799. Les Vendéens y ont attaqués par surprise par les Républicains qui lancèrent une charge à la baïonnette mettant en déroute les Blancs. Le jeune Pierre n’avait que 15 ans au moment des faits. Même si la blessure avait guérie en 1824 (date de la demande) elle le gênait encore pour marcher. Considéré « blessé grièvement et dans l'indigence » il reçu une pension de 100 francs. 

 

Le capitaine Pierre Mathurin Gabard (que nous avons vu plus haut blessé à La Chataigneraie) continue le combat. En novembre 1799 il est aux Aubiers. Les Vendéens assiègent la cité tenue par les Républicains, qui se sont réfugiés dans l’église. Grâce à des renforts venus de l’extérieur, ils tentent une sortie. Peu aguerris et mal équipés, les Vendéens paniquent et prennent la fuite. Les Républicains se lancent à leur poursuite et tuent un grand nombre de Vendéens avant que ces derniers ne parviennent à se réfugier dans les bois. Les pertes furent écrasantes pour les insurgés. « L’ardeur [de Mathurin] pour la légitimité l'ayant poussé à s'enfoncer dans les rangs ennemis, a ôté un drappeau aux troupes Républicaines à [cette] affaire qui eu lieu aux Aubiers » souligne son dossier. Lui aussi souhaite profiter des bienfaits de l'ordonnance royale du trois décembre et dépose une demande de pension. Son action d'éclat lui vaut d’être classé dans la 2e catégorie, c'est-à-dire ceux qui ont été blessés grièvement et un peu moins indigents que ceux de la 1ère catégorie. Compte tenu qu’il a servi dans l'Armée Royale de l'Ouest pendant toute la guerre, qu’il est infirme, journalier, indigent, et qu’il n'est parvenu sur son compte aucun élément défavorable, il est reconnu susceptible, par sa conduite, son indigence et son infirmité, d'obtenir du soulagement particulier : le secours annuel lui est accordé : il reçoit 100 francs. Régulièrement son cas est réexaminé : on s’attache notamment à vérifier « qu’il n'est parvenu sur son compte aucun élément défavorable ». A un moment donné on le soupçonne d’être père d'un réfractaire, mais en 1831 il est confirmé qu'il « n'a point fait partie des bandes et n'a point de fils réfractaire ». Il continue donc de percevoir sa pension. 

 

En 1797, le commissaire du Pouvoir exécutif au canton des Herbiers avait rappelé que « M. Gabard, curé de [Chambretaud], a étez deffendu de faire aucunes fonctions curialles, touchant son ministère, sous pênnes de punitions, de par la loi ». La situation du curé de Chambretaud est toujours délicate.

 

Enfin, après 1799, la pacification religieuse se fit peu à peu et M. Gabard reprit ostensiblement ses fonctions sans être inquiété. Il prononça finalement le serment de fidélité par écrit en 1803 en tant que desservant de Chambretaud. Au Concordat, il obtint une pension de 333 francs. Le saint et dévoué pasteur était resté l'objet de la vénération de tous ses paroissiens. Il s'éteignit pieusement dans sa cure de Chambretaud, le 21 août 1812. 

 

Dans les années 1825/1835 plusieurs Gabard ou apparentés apparaissent dans les sources concernant les anciens militaires de la guerre de Vendée

- Jacques Gabard, un des frères de Mathurin décédé en 1794 : « blessé très méritant, sans fortune, montant secours proposé : 100 fcs » 

- Jacques Gabard, frère du capitaine Mathurin (cousin des précédents) apparaît peut-être dans "Un canton du bocage Vendéen" de Françoise de Chabot : "Contrôle nominatif des Vendéens qui ont servi dans l'armée Royale entre 1793 et 1800 Gabard, Jacques, né à Saint-Amand, 1780, s'est battu en 1799"

- Rémi Vignaud (beau frère de mon ancêtre Jean), ancien soldat infirme par suite des fatigues de la guerre, a lui aussi déposé un dossier de demande de pension, faisant valoir qu’il "a servi en tant que soldat dans l'armée royale vendéenne et que pour se soustraire à la poursuite de troupes Républicaine, il fut obligé de rester longtemps (pendant 24 heures) dans l'eau et qu'il lui est survenu un rhumatisme qui l'empêche de gagner sa vie [...] et avoir couché grand nombre de nuits dans les bois pour se soustraire aux recherches que les Républicains faisaient pour l'arrêter." Ayant besoin de faire constater l’époque de sa naissance, il fait témoigner pour lui 7 personnes (dont son beau frère Louis Martineau et 3 Gabard : Mathurin, Pierre et Jean) ; ils indiquent que Rémi est né dans le courant de février 1777 à la Petite Boissière (bon, à moins qu’il ai eu un frère homonyme, moi j’ai retrouvé son acte de naissance en 1780 dans la paroisse voisine du Pin). Son dossier n’indique pas à quel moment il a dû fuir les Républicains : si c’était en 1793 il avait 13 ans (ou 16, donc) ; si les faits se sont produit plutôt dans la seconde guerre de Vendée il aurait eu 19 ou 21 ans. Bref, il était tout de même très jeune. Quoi qu’il en soit, sa demande a été refusée car il n’a pas été blessé proprement dit (ce qui était exigé dans le cadre de l’ordonnance royale de 1823). Lui et sa femme Louise Gabard mourront sans biens, situation attestée par un certificat d’indigence

- François Guetté : capitaine, blessé par un cheval à la jambe gauche à l'affaire de Châtillon, sans fortune. Secours proposé : 200 francs. Dans un case "observations" il est dit ajourné et dans la case voisine « a bien servi dans l’infanterie ». Ces remarques semblent indiquer qu’une enquête plus complète a été menée à son sujet. Mais je ne l’ai pas retrouvé ensuite dans d’autre tableaux, ce qui indiquerait qu’il n’a pas obtenu son secours. Des investigations complémentaires mériteraient d’être entreprises car, s’il est dit sans fortune, il est aussi maire de la commune de Saint-Amand de 1804 à 1812. Or à cette période pour être nommé il fallait en général faire partie des plus imposés de la commune et lors de son décès il laisse à ses héritiers plus de 500 francs de mobilier et une borderie évaluée à 1300 francs; ce qui est contradictoire avec les secours alloués aux indigents.

 

Martyrologe installé dans l'église de Saint-Amand par le Souvenir vendéen
(6 de mes ancêtres/collatéraux y figurent)



* Alerte homonymes ! Dans cet échantillon d’une vingtaine de personnes appartenant à la famille Gabard je compte 4 Pierre, 5 Jacques, 3 Jean, 4 Mathurin (en 1er ou 2e prénom) !