« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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jeudi 11 avril 2024

Les livres généalogiques

Vu de l’extérieur, faire de la généalogie c’est accumuler des dates, gâcher son temps devant un obscur tableau de matrice cadastrale ou s’enthousiasmer par la mort (surtout quand on trouve un acte mentionnant la cause particulière du décès). Bref, c’est bizarre.

Expliquer ses découvertes, transmettre ses recherches généalogiques à des personnes qui n’y entendent rien, ce n’est pas toujours évident.

Pour ne pas rebuter les profanes, il faut savoir adapter son vocabulaire, trouver un point d’intérêt, utiliser un outil de médiation accessible à tous.

 

Dans ce but, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de faire des livres généalogiques.

 

Dans le cadre d’une cousinade, j’ai utilisé le carnet pré-imprimé de la Revue Française de Généalogie « Mon carnet – toute une vie à transmettre ». Ce carnet est destiné à raconter sa propre vie, y inscrire ses relations, lieux de vie, souvenirs, coups de cœur… et ainsi laisser un véritable témoignage pour les générations futures. Bref, raconter la vie du généalogiste et pas celles de ses aïeux, pour une fois !

Cependant j’ai détourné l’usage premier de ce carnet et j’y ai décrit la vie de mes arrière-grands-parents maternels Joseph Gabard et Flora Roy.

L’avantage de cet ouvrage est d’y trouver des rubriques qui aident à raconter le déroulé d’une vie. Le carnet est graphique et agréable à feuilleter. Mais la médaille a aussi son revers : toutes les rubriques ne sont pas forcément utiles pour la personne concernée. Il y  a donc des pages laissées vides.

Comme j’ai rempli le carnet pour un couple et non pour une personne seule, je me suis adaptée et j’ai doublé certaines pages (lieu de naissance, ma famille, etc…). Je me suis amusée à ajouter des papiers à soulever, à dérouler, à ouvrir… J’ai collé des photos, des reproductions de documents, des dessins. 

Exemple de pages intérieures "Mon carnet"
Exemple de pages intérieures "Mon carnet"
 

Bref, je l’ai modifié à mon goût.

"Mon carnet" de Joseph et Flora


Ludique, l’objet a été très apprécié lors de cette cousinade réunissant les descendants du couple formé par Joseph et Flora.

 

En 2020 j’ai inventé un polar généalogique (à lire ici). Écrit dans le cadre du défi d’écriture du ChallengeAZ, chaque chapitre correspond à une lettre de l’alphabet, comme le veut l’usage de ce défi d’écriture généalogique. Il se base sur des faits réels et des personnes ayant véritablement existé. Seule l’intrigue policière a été créée de toute pièce.

Chaque article aborde une source permettant d’établir la généalogie d’une personne et de donner corps à sa vie, son environnement, depuis l’état civil jusqu’à la gastronomie locale, en passant par le récit des recherches menées.

La fiction permet de faire de la généalogie sans le savoir.

A l’origine destiné à être publié seulement sur le blog, ma mère m’a fait la surprise d’éditer quelques exemplaires physiques de ce polar. Pour cela, elle n’a repris que les textes du ChallengeAZ (« dans un polar, il n’y a pas d’image ! »). Elle est passée par CoolLibri, un site en site d’auto-édition. Elle a pu y choisir la reliure, le format, le papier, etc…

Couverture du polar généalogique "Les racines du crime"
Polar généalogique "Les racines du crime"


J’ai aussi fait imprimer deux autres livres, qui laissent une grande place aux visuels. Ils ont été offerts en cadeau à mon père.

 

Le premier livre raconte les généalogies paternelles et maternelles de mon père. C’est un sujet assez large puisqu’il s’étend sur neuf générations. Au fur et à mesure des pages, on remonte le temps. Je me suis concentrée sur les hommes, ce que l’on appelle une généalogie agnatique.  

Couverture du livre "Une famille, une histoire"
Livre "Une famille, une histoire"
 

J’ai établi une double page par génération : sur le feuillet de gauche figure le nom et dates de l’ancêtre, accompagné de sa photo ou sa signature (ou son nom seul à défaut) ; sur celui de droite, j’ai rédigé un texte présentant une synthèse des recherches, émaillé d’anecdotes familiales et ornés de photos et de documents (copies d’état civil et d’actes notariés, cartes postales anciennes, illustrations de costumes ou d’outils…). Des arbres complètent l’ouvrage, ainsi que des planches spécifiquement dédiées aux lieux habités par nos ancêtres et aux photos familiales. Une bande de couleur rouge sombre fait le lien entre les différentes pages. 

Exemple d'une double page intérieure
Exemple d'une double page intérieure
 

Le format choisi est un A4 paysage (horizontal), avec une couverture rigide. Il comporte 24 pages (48 vues).

 

Le second livre est plus graphique : il reprend les codes du scrapbooking (une page, un décor). 

Couverture du livre "Cécile et Augustin Astié"
Livre "Cécile et Augustin Astié"


Cet ouvrage est centré sur un seul couple, Augustin Astié et Cécile Rols, les arrière-grands-parents de mon père. Le choix n’a pas été facile à faire car j’avais aussi envie de raconter aussi la génération précédente mais pour ne pas alourdir l’ouvrage, je me suis restreinte (peut-être un livre futur ?). J’y explore les différents aspects de la vie de ce couple : parents et fratrie (pour l’un, puis l’autre), rencontre, mariage, enfants, métiers, décès, etc... Une page est consacrée à chaque thème.

La plupart du temps le travail généalogique avait été fait en amont, mais parfois la chronologie des découvertes a été inversée : l’idée d’une page-thème a été le moteur de recherches complémentaires.

Réalisé dix ans après le premier livre, ma pratique généalogique a évolué : j’ai pu inclure dans ce second ouvrage des sources que je n’explorais pas dans le précédent (cadastre, presse ancienne, dossier de carrière, etc…).

Le décor prend la majorité de la place, réduisant la taille du texte disponible. Cette contrainte d’espace dédié à l’écrit m’a obligé (permis) de faire une synthèse des recherches et de rendre abordable les sujets traités. De cette façon le lecteur n’est pas noyé dans des détails inutiles ou du vocabulaire abscons. Et permet une transmission plus facile.

Exemples de pages intérieures
Exemples de pages intérieures
 

Cette fois, pour changer, j’ai choisi un format carré, avec une couverture souple. Il comporte 19 pages (38 vues).

 

Ces deux ouvrages restent des objets visuels. L’écrit n’y tient pas la place principale. Ce n’est pas une étude complète. Je n’ai donc pas rédigé d’introduction ou de conclusion, développé le contexte historique ou la vie quotidienne locale. Je me suis concentrée sur de courtes biographies ou des thèmes particuliers.

Pour ces deux livres, j’ai utilisé les services d’éditeurs en ligne de livres photos (MonAlbumPhoto et PhotoBox). Ils sont faciles d’utilisation : il suffit de télécharger des photos et les placer comme on le souhaite sur la page ou de copier-coller des blocs de textes. Ces sites laissent le choix de la reliure, du format, de la qualité du papier, etc... Pas besoin de rentrer dans les relations parfois complexes avec un imprimeur. Le rendu très satisfaisant, c’est une solution pratique pour fabriquer ce type d’ouvrage.

A noter : ce sont des ouvrages à destination familiale. Si j’en ai fait imprimer plusieurs exemplaires (pour les membres de ma famille qui ont souhaité en posséder une copie), ils ne sont pas destinés à être vendus. Dans ce cas, les contraintes sont différentes, notamment pour les illustrations tirées d’un site d’archive soumises à la réutilisation à titre gratuit des informations publiques (à garder en mémoire, au cas où).

 

Ce sont de beaux objets, plaisants à feuilleter et tout à fait accessibles à tous.

 




samedi 6 janvier 2018

La généalogie est un voyage

  • La généalogie est un voyage...

Malles © marketmoquette.wordpress.com

Un voyage dans la vie de sa famille.
Un voyage dans son histoire. Et donc un voyage dans l’Histoire : les petites histoires de nos ancêtres rejoignant parfois la grande Histoire.
Un voyage dans la géographie : nos ancêtres sont souvent issus de régions, voire de pays différents [1] : un voyage au pays des plaines, des montagnes, de la mer, des climats, des langues…

  • La généalogie est un sentiment...

Passion, pour ceux qui ont attrapé le virus.
Patience, pour ceux qui font des recherches.
Humilité aussi, devant ce qui nous est offert, ou non.
Partage, pour ceux qui pensent que nos ancêtres ne nous appartiennent pas en propre.
Générosité, pour ceux qui pratiquent l’entraide sans rien attendre en retour.

  • La généalogie est une découverte...

Au fur et à mesure de la pratique on découvre des mondes inconnus, oubliés, disparus. Pour entrer dans ces mondes il faut une clé : le vocabulaire.
La généalogie est un voyage multiple :
Un voyage dans l’univers des monnaies : livre, sol, patagon…
Un voyage dans l’univers des tissus : serge, ritte, indienne…
Un voyage dans l’univers des titres : sieur, spectable, égrège…
Un voyage dans l’univers du parlé local : espued, serpentier, ruage…
Un voyage dans l’univers des mesures : sétérée, journal, bonnier…
Un voyage dans l’univers du vocabulaire administratif : feu, résidence, domicile…
Un voyage dans l’univers des métiers : notonnier, maréchal en œuvres blanches, grangier…
Un voyage dans l’univers des pratiques religieuses : ondoiement, extrême-onction, baptême sous condition…
Un voyage dans l’univers de l’écriture : paléographie, déchiffrage, devinette !
Un voyage dans l’univers des notaires : collégié, (ab) intestat, nuncupatif…
Un voyage dans l’univers des militaires : matricule, T.M., croix de guerre…
Un voyage multidisciplinaire, en somme. [2]

  • La généalogie est un apprentissage...

En permanence on apprend de nouvelles choses, des nouvelles notions, de nouvelles coutumes. Il suffit d’un document à déchiffrer, d’un article à rédiger, d’un billet lu qui aiguise la curiosité.
Un voyage dans le savoir.


Et après ça, qu’on ne me dise plus que la/le généalogiste ne se préoccupe que des morts !
Et après ça, qu’on ne me dise plus que la généalogie ne sert à rien !


[1] D’ailleurs, merci aux généablogueurs qui nous font découvrir les caractéristiques  - souvent inconnues pour moi - du pays basque, des hautes vallées des Pyrénées, de l’Alsace ou l’exotisme de la Réunion, du Québec, de l’Algérie, de la Russie... Je ne peux pas tous les citer : ils se reconnaîtront.
[2] Vous pouvez retrouver les définitions de ce vocabulaire varié sur la page Lexique de généalogie sur ce blog; page qui s'enrichit régulièrement au fur et à mesure de mes recherches...


dimanche 6 août 2017

Pris sous la poussière

J'ai pris de mauvaises habitudes : à force de dépouiller des sources diverses (fiches militaires, recensement, actes notariaux...), j'ai donné corps à mes ancêtres. Une poêle à frire un peu "uzée", un habit de noce neuf, des terres à labourer... Ces mentions donnent chaire au squelette d'un arbre qui, autrefois (quand j'ai commencé ma généalogie), ne comportait que - au mieux - les trois actes qui rythment la vie : baptême, mariage, sépulture. Depuis, il faut bien l'avouer, je ne peux difficilement m'en passer.

L'autre jour, je "feuilletais" mon arbre à la recherche d'une mention insolite, d'un événement qui pourrait donner matière à un article.
Et plus je furetais de branche en branche, plus les informations recueillies se raréfiaient : plus d'acte notarié d'abord, mais aussi des fiches de plus en plus courtes. Ce sont souvent les métiers qui disparaissent en premier : j'ignore alors si mes ancêtres sont de simples laboureurs ou de riches notaires. Et puis la paroisse d'origine qui reste obscure. Et enfin le nom qui m'échappe.

Le curé est moins bavard, les registres ont disparus : les raisons sont multiples à cette désertification progressive. Mais force est de constater que mon arbre se couvre de poussière. La poussière du temps. La poussière de l'oubli.

Arbre qui disparaît via sergeychubarov.ru

Combien sont-ils concernés ? Des centaines, des milliers peut-être...
Ils me font penser à ces corps momifiés par les cendres à Pompéi : on distingue leur silhouette, leur position, mais la poussière s'est déposée sur ces ancêtres, créant à la fois une gaine protectrice les fixant pour l'éternité mais brouillant leur image.

Les ai-je perdu à jamais ou parviendrai-je à les sortir de l'ombre un jour ? L'avenir le dira...


samedi 22 juillet 2017

Mémère et la tante Henriette

Pour les générations les plus proches de nous il est difficile de récolter des documents officiels, les délais de communicabilité empêchant l’accès à un grand nombre d'informations. Alors il ne nous reste que la parole. Celle de ceux qui nous précèdent. Et il faut faire vite avant qu’ils disparaissent.

Du côté de ma mère c’est, disons… un peu compliqué. D’après ce que j’ai compris belle-mère et belle-fille ne s’entendaient pas. Bref, du vivant de ma grand-mère, je n’ai pas pu avoir d’information sur sa belle-famille.

Du côté de mon père, les questions sont venues trop tard.
On peut donc dire que j’ai laissé passer ma chance : maintenant tous mes grands-parents sont dans les nuages. Je tente donc de me rattraper sur la génération suivante : celle de mes parents.

Mes grands-parents paternels ont eu 7 enfants. 12 ans séparent l’aînée du dernier. Mon père se place en avant-dernière position : beaucoup d’événements vécus par ses aînés lui sont étrangers. Faute de grands-parents pour me renseigner, je me tourne donc vers leurs enfants premiers-nés. Mais eux aussi vieillissent. Ma tante aînée n’est plus vraiment là pour répondre à mes questions, hélas. Alors, prenant dans l’ordre,  je « harcèle » le deuxième. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié. Récemment il protestait gentiment, disant que les vieilles mémoires étaient comme des passoires. Ayant quelques notions de dinanderie, je tente de transformer les passoires en louches, pour récolter le maximum d’informations avant que la marmite de la mémoire percée ne soit définitivement vide.

Passoire © Delcampe

Parfois je fais choux blanc : qui se rappelle que le grand-oncle Frète avait (peut-être) adopté le cousin Robert de son père alors qu’on n’était même pas né (pour en savoir plus sur cet épisode, cliquez ici) ? Mais d’autres fois j’ai plus de chance et les quelques anecdotes que me raconte mon oncle sont un véritable régal pour moi… Mais parfois aussi un véritable casse-tête !

En effet, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans les souvenirs des autres :
- Attend ! Attend ! Qui c’est « grand-mère Frète » dont tu me parles ? C’est la mère du boucher Daniel Frète ? Mais je croyais qu’il était orphelin. Ou est-ce sa belle-mère qui habitait avec eux ? Mais non, suis-je bête, celle-ci tu ne l’as pas connue : grand-mère Frète ne peut donc être, logiquement, que l’épouse de Daniel, la sœur de ton arrière-grand-mère, d’accord !
La « grand-mère » n’étant pas du tout sa grand-mère, ça part bien ! Bon, je commence à sentir que les petits noms vont me donner quelques séances de « mal aux cheveux ». Continuons.
Mon oncle reprend le fil de ses souvenirs :
- Suite à leur départ du logement qu’ils occupaient au-dessus de celui de grand-mère Frète, les grands-parents ont habité une cité d’urgence, construite après-guerre, appelée les Frémureau. Du coup, chez nous, on les appelait les grands-parents Frémureau.
- Bon, mais ces grands-parents, ce sont de « vrais » grands-parents cette fois ?
- Oui, c’étaient les parents de notre père. Nos enfants les avaient appelés comme ça pour les distinguer de leurs grands-parents maternels.
- OK, je suis : il s’agit donc d’Augustin et Louise Astié. Ensuite ?
- Et bien cette Louise, justement, on l’appelait Joséphine.
- … ?
- C’était à cause de ses employeurs : elle était domestique. Avant elle, ils avaient une Joséphine. Donc, ils ont décidé de continuer d’appeler la - nouvelle - domestique Joséphine (c’est vrai après tout : pourquoi s’embêter à apprendre un autre prénom !). Il se trouve que c’était, par hasard, son second prénom, mais de toute façon ça n’aurait rien changé. C’est pour cela qu’on l’appelait toujours Joséphine et non Louise.
- ... !!! Merci les patrons ! Et du coup, pourquoi tout le monde appelait sa sœur Célestine « la tante Henriette » ? Parce qu’elle, elle n’était pas domestique, elle, mais ouvrière chez Bessonneau (la grande usine d’Angers).
- Alors ça, je ne sais pas…
Ma louche est percée : personne ne peut me dire pourquoi Célestine est devenue Henriette.

Ma mère, de son côté, appelait sa grand-mère « mémère ».
- Oh ! Oh ! Doucement : laquelle de tes grand-mère appelais-tu ainsi ?
- Ma grand-mère paternelle, voyons ! Elle était domestique et les enfants de ses patrons l’appelaient mémère eux-aussi. Ils la considéraient comme leur propre grand-mère.
Voyons, voyons, c’est pas toujours facile à suivre, vos histoires de petits noms…
En tout cas,  quand ma mère est devenue grand-mère à son tour, alors là pas question qu’elle se fasse appeler mémère ! Ça faisait trop… "mémère" : vous voyez ce que je veux dire ? Mémère, dans le mauvais sens du terme qu’on peut lui donner aujourd’hui.

En tout cas entre les Joséphine qui n’en sont pas vraiment, les Henriette qui n’en sont pas du tout, les grands-parents qui changent de surnoms quand ils changent de domicile, les mémères qui ont de vrais/vrais et des vrais/faux petits-enfants, pas facile de s’y retrouver…


lundi 3 avril 2017

Fête de famille pour 241 descendants

En août 1971 il y eu à Saint-Amand-sur-Sèvre (Deux-Sèvres) une cousinade. Le nom de cousinade n’avait probablement pas encore été inventé, mais tel était cette réunion de famille.

Célestin GABARD est né en 1860 à la ferme de La Gidalière (commune de Saint-Amand, donc) ; ferme que tenait son père, ainsi que son grand-père avant et sans doute tous ses ancêtres (du moins jusqu’à la Révolution, c’est une certitude ; les registres antérieurs ayant disparus il ne nous est pas possible de le prouver irrévocablement). Il est le grand-père de ma grand-mère maternelle.
En 1892 il épousa Marie Henriette BENETREAU, originaire d’une commune voisine, Saint-Aubin-de-Baubigné.

Ensemble ils eurent  9 enfants, tous nés à St Amand :
- Célestin Aubin Eugène né le 2/4/1893, marié le 27 avril 1920, Saint-Amand-sur-Sèvre, avec Agnès Augustine CHARRIER
- Marie Léonie Henriette née le 4/9/1894, marié le 27 avril 1920, Saint-Amand-sur-Sèvre, avec Gabriel Joseph ROUSSEAU, décédée le 5 juillet 1972 à La Petite Boissière
- François Joseph né le 9/2/1897, marié le 13 juillet 1920, Saint-Amand-sur-Sèvre, avec Claire Marie Augustine ALBERT, décédé le 20 décembre 1962 à St Amand
- Joseph Elie né le 6/9/1899 mon ancêtre direct (cf. plus bas)
- Berthe Lucie Marie née le 19/11/1901
- Octave Henri Marie né le 30/3/1903, marié le 18 novembre 1929 à La Petite Boissière  avec Marie Louise Gabrielle RENAUD
- Alice Françoise Augustine née le 10/6/1904, marié le 10 juin 1925 à Saint-Amand  avec Raoul Alfred Alphonse MAUDES (MANDES ?), décédée le 4 décembre 1960 à Treize Vents
- Lucie Joséphine née le 27/4/1905 p44, décédée à Angers le 18/2/1988  
- Gabriel Roger Octave Marie né le 29/2/1912, marié le 29 avril 1947 à Saint-Amand  avec Marie Madeleine ARNOU (selon la mention marginale de son acte de naissance, mais connue sous le nom de Domitille – qui était aussi le prénom de sa mère semble-t-il).

Il est difficile de suivre ensuite chacun de ces enfants : c’est le fameux « trou noir de la généalogie » (trop récent pour apparaitre librement en ligne [*], trop ancien pour le souvenir des Hommes). Seules les mentions marginales des actes de naissance nous renseignent sur leurs mariages et décès, mais certains actes n’en possèdent pas.

Cependant je connais au moins ce qui concerne mes propres arrière-grands-parents, Joseph Elie et Flora Marie Victunienne ROY : ils eurent 4 enfants.
- L’aînée (ma grand-mère) en eu 5,
- La seconde 3,
- La troisième 3 également,
- Le dernier 3 aussi,
Soit 14 descendants pour cette génération.


La Gidalière, date inconnue © coll. personnelle
Marqués d'une croix, à gauche Gabriel (dernier fils du couple) et sa mère Marie Henriette Benetreau, veuve Gabard [**] (3ème à partir de la gauche) devant la façade de la ferme. Les autres : des inconnus, déjà…

Célestin et Marie Henriette moururent respectivement en 1924 et 1951. Vingt après le décès de Marie Henriette, la famille a choisi de se réunir – à la ferme de la Gidalière, bien entendu. Nombreux furent présents, à tel point que la « fête de famille » fit l’objet un court article dans le journal local.

Cet article nous renseigne sur la composition de la famille à cette date :
  • Les 9 enfants (au moins trois sont déjà décédés, selon les mentions marginales de leurs actes de naissance)
  • 70 petits-enfants
  • 133 arrière-petits-enfants
  • 10 arrière-arrière-petits-enfants

Bon, l’addition de tout cela fait 222 personnes, et non 241 comme annoncé dans le journal : peut-être que les 19 membres manquant de la famille n’ont simplement pas pu assister à la fête. En tout cas, ils étaient nombreux, dirons-nous...

Une messe fut organisée lors de ces retrouvailles, assurée par l’abbé Albert Gabard, fils de François et Claire.

L’article précise que des panneaux généalogiques avaient été réalisés, afin que chacun puisse se situer parmi les membres de la famille. Dommage que ces panneaux se soient perdus… Ils couvraient l’histoire d’une famille sur plus d’un siècle ; une famille à l’origine fermiers des Deux-Sèvres et depuis dispersée dans le département et jusqu’à Angers et Poitiers.

La ferme de La Gidalière resta dans la famille Gabard, reprise par André, fils de François. Pour mémoire, mon arrière-grand-père Joseph n’a pu en hériter après la seconde guerre mondiale, comme je l’ai raconté dans l’article Une lettre… pour changer une vie. André fut le dernier des Gabard à posséder cette ferme. C’est maintenant une coquette résidence… mais sortie du giron familial historique.

Aujourd’hui, combien sommes-nous de descendants de ce couple ? Dispersés à travers toute la France cette fois, difficile de le dire. Les anciens nous ont quittés, remplacés par des plus jeunes.


Fête de famille, journal (inconnu), 1er août 1971 © coll. personnelle

« Une réunion de famille qui mérite son nom…
Réunir une famille dont les 241 membres sont dispersés entre Saint-Amand-sur-Sèvre, Angers et Poitiers, tient du véritable exploit. C’est celui qu’a réussi M. l’abbé Albert Gabard, vicaire de Loudun, qui célébra lui-même la messe de famille dans un pré de la ferme où vécurent ses aïeux, M. et Mme Célestin Gabard.
Les neuf enfants de ces derniers avaient amené leurs fils et filles (70), leurs petits-enfants (133) et leurs arrière-petits-enfants (10).
Après la messe, la nombreuse famille se rassembla en un joyeux pique-nique avant de participer à des jeux et danses divers.
La journée se termina par un feu de joie tandis que, durant toute la fête, les descendants de M. et Mme Gabard avaient pu suivre sur des panneaux généalogiques, l’évolution de leur famille depuis plus d’un siècle. »



[*] Pas de registre en ligne postérieur à 1912 à Saint-Amand.
[**] La date du cliché n’est pas connue, mais vu l’apparence de Marie Henriette, il a sans doute été pris après la mort de Célestin, donc dans les années 1930 ou 1940.


samedi 11 février 2017

L'armée des ombres

Il en va ainsi en général : nous aimons les chiffres ronds. Et en la matière je viens d’en atteindre un. Un assez conséquent. Pour paraphraser une célèbre citation : "je partis seule et nous arrivâmes 10 000."

10 000 c’est un cap… « C'est un roc ! ... c'est un pic... c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? ... c'est une péninsule ! » dirait certain. Je répondrais juste : « non, ce n’est qu’un arbre ». Un arbre généalogique qui affiche aujourd’hui 10 000 individus, selon mon logiciel de généalogie : mes ancêtres directs et leurs frères et sœurs (quand je les ai trouvés : leur recherche n’a pas été systématique), quelques beaux-frères ou belles-sœurs  pour les plus proches parents.
9 999 sont donc derrière moi, clairement identifiés ou plus flous, « invisibles » (c'est-à-dire que j’ignore presque tout d’eux) ou mieux connus, voire carrément familiers à force de patientes recherches - et trouvailles.
Ils sont là, à veiller sur moi. Ou plus probablement à m’ignorer complètement, ne se doutant pas un seul instant que 600, 400, 100 ou même 50 ans un(e) de leurs descendant(e)s s’amuserait à les faire sortir de l’ombre où le temps les a patiemment installés.

Foule © via dreamstime.com

Ce travail (bien que le mot semble fort inapproprié en l’occurrence) a fait émerger pauvres gens et riches notables, fermiers laborieux et nobles familles, mort-nés vite ondoyés et vieillards chenus. Il m’a fait voyager dans plusieurs pays, au sens propre comme au sens figuré :
  • 4 pays : France, Suisse, Autriche, Belgique,
  • 18 régions (celles d’avant la réforme de 2016),
  • 31 départements français,
  • 305 paroisses et/ou communes.

Les généalogistes disent souvent (ou entendent dire) qu'il y a dans chaque arbre généalogique un roi et un pendu :
  • Je ne suis pas encore remontée assez pour trouver un roi, mais une belle famille noble qui m'a emportée jusque dans les années 1320 (sous le règne du roi Jean II) - les générations antérieures étant sujettes à caution. C'est la branche la plus longue et la plus ancienne de mon arbre. Elle me mème en (Haute-)Savoie (actuelle). Ma mère est à l'autre extrémité de cette longue branche...
  • De pendu, point non plus; mais un grand oncle assez tapageur qu'on a envoyé se calmer dans un bataillon d'Afrique au début du XXème siècle; ce qui n'a eu guère d'effet puisqu'il a été à nouveau condamné, cette fois par un tribunal militaire. C'est finalement la boue d'une tranchée de la Somme qui aura raison de sa rébellion (comme je l'ai raconté dans cet Hommage aux Poilus). 
  • Par contre j'ai un saint (ou presque) : saint François de Sales, fondateur de l'ordre de la Visitation, est le cousin germain de mon ancêtre direct Gaspard de Sales (la fameuse famille noble citée plus haut).
  • J'ai aussi dans mon arbre un "bastard", une fille "donnée" (à la naissance ?) et un fils illégitime, mon arrière-arrière-grand-père, qui m'a privé d'une grosse branche de mon arbre...

10 000 en vrac, cela donne :
  • Villevêque (Maine et Loire) est le lieu qui compte le plus d’événements (naissance, mariage décès) : 593. 67 paroisses/communes n’en comptent qu’un seul.
  • 1381 patronymes ont surgi du passé. Le plus commun : Le Tessier (109 porteurs) : de braves pêcheurs, pontonniers, laboureurs, vignerons ou marchands des Pays de la Loire, assis sur la branche paternelle et angevine de mon arbre. Mon propre patronyme n’arrive qu’en 6ème position avec 54 porteurs ; 561 ne concernent qu'un seul ancêtre, 24 n’ont pas été identifiés (désignés sous le patronyme de Xxx).
  • 630 prénoms ornent mon arbre. La palme revient à Marie (1 136 porteuses), puis viennent Jean (797), Pierre (697), Jeanne (687), François et Françoise (975 à eux deux). Très classique en somme. 127 n’ont pas été transcrits (Xxx), 267 ont joué les originaux : porté par une seule personne – et heureusement parfois : Yolente, Premier, Rouph, Neymod, Miaz, Ildefonce (Ah ! non, tiens ! ils sont deux ceux-là en fait…), Felisonne, Etragie, Brenguier, Anoye. Quelques un(e)s ont adopté le nom de saints locaux, plus ou moins oubliés aujourd’hui : Vital (nom de plusieurs saints, en France et à l’étranger), Opportune (sainte normande), Maurille (saint évêque d’Angers, Maine et Loire), Fare (sainte de Seine et Marne), Barbe (sainte, grande martyre des églises orthodoxes et catholique)…
  • Ces ombres tutélaires ont, de leur vivant, exercé 207 métiers différents (à ma connaissance : nombreux n’ont pas livré leur secret sur ce point) : paysans, commerçants, artisans, marchands, notables, sans profession (ce qui recouvre de multiples situations : nobles, retraités, épouses de…). De laboureurs (164 personnes) à sarger - ouvrier fabriquant des étoffes ou tissus de laine, de la serge (1 seul) : une grande partie de la société, et de sa diversité, est représentée.
  • 315 ont signé au moins un document au cours de leur vie. Ce faible pourcentage s'explique par le fait que je n'ai enregistré que les signatures de mes ancêtres directs, et non les 10 000 en entier.

Au fait ! le n°10 000 est Benoît Monet, fils de Pierre (sosa n°718, ancêtre à la Xème génération, né vers 1677 dans l'Ain). Benoît fait partie des invisibles : cité dans plusieurs actes concernant sa sœur comme "frère", bien identifié comme fils de Pierre, je n'ai trouvé aucun acte le concernant directement. De plus sa mère n'est pas nommée; or Pierre a eu deux épouses : je ne sais donc même pas laquelle est sa mère. Benoît n'étant pas un ancêtre direct, mais un collatéral, il ne porte pas lui-même de numéro sosa... Mais c'est le n° 10 000 de mon arbre !



lundi 22 août 2016

La petite boucherie de Jean

Jean Avalon vivait à Entraygues (Aveyron), à la fin du XVIIème siècle. Il était marié et avait trois enfants : Louis, Bonne et Bonne (sic). Il était boucher de profession. Alité "d'une certaine maladie corporelle de laquelle il croit mourir" mais jouissant toutefois de ses bons sens et entendements et d'une parfaite mémoire, bref sentant sa fin devenir proche, il avait fait venir le notaire pour rédiger son testament (décembre 1700). Il ne voulait pas, comme sa défunte épouse Bonne (re-sic), mourir ab intestat, c’est-à-dire sans avoir réglé ses affaires (et éviter les discussions entre ses enfants) en les couchant sur un testament en bonne et due forme. A son fils, trop jeune, il avait préféré désigner Simon Mommaton son gendre (époux de Bonne l’aînée), comme légataire universel. Tout était en ordre. Moins de quinze jours plus tard, il s’était éteint en son logis. Lors de son enterrement, il fut enseveli dans le tombeau de ses prédécesseurs au cimetière Saint-Georges, comme il le souhaitait.
A chacun de ses enfants il a légué 4 000 livres, ce qui représente une somme assez conséquente et nous laisse deviner une certaine aisance chez ce boucher d’Entraygues.

Trois mois plus tard, Simon utilise à son tour les services du notaire afin de régler ladite succession de feu son beau-père (avril 1701). Les possessions de Jean sont divisées en quatre lots : trois pour ses enfants et le dernier pour Simon son gendre.
Le document notarial qui nous renseigne sur ces faits n’est pas un inventaire après décès proprement dit (où toutes les possessions sont scrupuleusement notées et décrites (voir à ce sujet l’article d’Elise), mais les lots sont suffisamment bien détaillés pour nous donner une idée des possessions du boucher.

On peut y distinguer :
  • Les immeubles :
- deux maisons : une "rue droite" à Entraygues, l'autre "au devant de la porte supérieure de ladite ville",
- une "petite boucherie" (rue Droite), 

Entraygues, rue Droite © Delcampe
- une petite étable et grange,
- des chais,
- un "entier domaine" situé dans la paroisse voisine de Notre-Dame de Bez.
  • Les terres :
- des jardins,
- des vignes,
- plusieurs « chastaignal » (= châtaigneraies ?),
- des champs,
- des bois,
- des chanvriers (où on cultive le chanvre),
- des prés.
  •  Des meubles :
- plusieurs dressoirs,
- une "garderobe",
- des tables hautes,
- une petite table se fermant à deux battants,
- une "petite vielle table",
- des tabourets,
- une vieille escabelle (= siège bas, généralement à trois pieds),
- un banc,
- plusieurs maies à pétrir le pain,
- des "lits garnys" et un bois de lit,
- plusieurs caisses fermant à clé et de "vieilles caisses". 
  • Le linge, la vaisselle et les ustensiles :
- des chemises d'homme,
- "les habits du défunt à l'exclusion d'un manteau" -  ledit manteau est en fait dans un autre lot,
- des linceuls (= draps),
- une couverte (= couverture),
- des nappes,
- des serviettes,
- des landiers de fer (= chenets de cheminée) et une grille de fer (sans doute pour la cuisson dans la cheminée),
- des poêlons, poêle à frire, poêle à feu,
- des bassinoires (pour réchauffer le lit avant de s’endormir),
- petit mortier en métal à pilon,
- une cuillère de fer et une autre de cuivre,
- une lampe,
- de la vaisselle (sans précision),
- des pots de fer et d’étain, un pot de métal,
- des armes : un pistolet de ceinture et un vieux fusil,
- des cruches à huile,
- des chandeliers de laiton,
- des livres (si je lis correctement le document).
  •  Des outils :
- une faux pour couper les buissons,
- des fourches de fer, 
- des fessoirs (= arrosoir ou houe ?), 
- un panier,
- un tamis,
- une hache,
- un pressoir pour le suif,
- un peigne à peigner le chanvre,
- une corde,
- un crible (= tamis) à blé,
- un coin de fer à fendre le bois,
- des planches.
  •  Du bétail et des marchandises :
- des moutons et brebis avec leur laine,
- 144 livres d'étain,
- du cuivre pour 110 livres,
- une charrette de foin et de chanvre,
- un grand lard,
- de l’huile de noix,
- du seigle.
  • Les instruments spécifiquement liés à la boucherie :
- les "balances pour la boucherie",
- un "grand coffre qui est dans ladite boucherie",
- les couteaux de la boucherie,
- un tour de fer à tourner la broche,
- des poids, dont un lot de poids de balance se fermant dans lequel il y en a deux autres petits,
- un entonnoir de fer blanc,
- des tonneaux,
- des barriques,
- un seau.
  • Et enfin des archives :
- 45 documents dans le 1er lot,
- 44 documents dans le 2ème,
- 29 documents dans le 3ème,
- et 55 documents dans le dernier lot.
Soit au total : 173 documents (sans compter ceux passés pour acquérir les biens transmis).
Ces documents sont des obligations, des promesses, des transports.
  • Des éléments que je n'ai pas réussi à identifier (ou déchiffrer) :
- caral (cazal ?),
- nogarelle (nogarette ?),
- noguier (= un nogue : un baquet ?),
- cuissin à portefaix.

Une estimation de chaque lot a été faite :
- lot 1 : valeur 3620 livres six sols;
- lot 2 : 3622 livres 8 sols;
- lot 3 : 3615 livres 12 sols 8 deniers;
- lot 4 : 3448 livres. Celui-ci (dévolu au gendre, rappelons-le) est un peu moins élevé car ledit gendre a touché la constitution dotale de 500 livres de Bonne Noel sa belle-mère, promise dans son contrat de mariage et qui lui appartient de plein droit, ce qui fait la différence.
Soit un total d’un peu plus de 14 305 livres.

Il y a donc plusieurs maisons, garnies de meubles, de vaisselle, de linge...; le tout plutôt en bon état visiblement. Rien qu'avec ce partage de 1701, on devine que Jean a réussi et devait, sans doute, faire partie des notables locaux.
C'est pourquoi l'expression "la petite boucherie" située Rue Droite m'a interpellée : elle ne devait pas être si petite que ça. Ou alors elle devait très bien rapporter vu le legs laissé par Jean à son décès !