« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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jeudi 6 décembre 2018

#Centenaire1418 : 5 ans de guerre

De juillet 2014 à novembre 2018 j'ai suivi le parcours "pas à pas" de mon arrière-grand-père Jean-François Borrat-Michaud pendant la Grande Guerre. Tous les jours j'ai tweeté sa guerre sur le compte @jfbm1418*, ou du moins ce que j'ai pu en reconstituer (ou imaginer un peu quand les sources me faisaient défaut !); publications rassemblées tous les mois sur ce blog.

 
Je lui ai aussi dédié le ChallengeAZ 2018 : une autre façon de témoigner des événements qu'il a vécu il y a 100 ans.

En ultime hommage, je publie cette synthèse des 5 années qu'a passé Jean-François sous les drapeaux :


Les flèches vous permettent de naviguer à votre guise. Vous pouvez mettre en plein écran cette animation interactive en cliquant sur les trois points en bas à droite.


* Compte aujourd'hui clôturé.

dimanche 11 novembre 2018

#Centenaire1418 pas à pas : novembre 1918

Suite – et fin du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de novembre 1918 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er novembre
Tirs exécutés : 55 coups.

2 novembre
A 14h le groupe prend part à l’attaque de la 33ème DI qui doit s’emparer des organisations à l’Ouest de Guise. Tirs exécutés : 213 coups.

3 novembre
Tirs exécutés de nuit : 45 coups.

4 novembre
Opération du 36ème CA qui doit franchir le canal de la Sambre et s’établir à la Maison Rouge. Cette attaque est appuyée par le 31ème CA qui déclenchera à son tour une attaque générale dans le secteur de Villers lès Guise. Tirs exécutés : 129 coups.

5 novembre
Une reconnaissance faite dans la matinée pour trouver des positions dans la région de Crapilly devient inutile du fait du recul de l’ennemi. Le colonel charge de faire quotidiennement des reconnaissances pour le tenir au courant de la construction des ponts sur l’Oise et de l’état de routes direction de La Capelle.
Une pièce de la 1ère batterie est évacuée sur le PRA ; le tube 498 et l’affût 97 sont échangés pour le tube et l’affût 13.

6 novembre
Après la reprise de Guise, sur les ordres du colonel, les pièces sont mises hors batterie dans le courant de l’après-midi.
Guise © herv.demoulin.pagesperso-orange.fr

7 novembre
Le groupe est rassemblé tout entier à Noyales, sauf l’atelier qui reste à Regny. A date de ce jour, le régiment n’appartient plus au 31ème CA.

8 novembre
L’ennemi chancèle, il recule, perd pied. Bientôt il est hors de portée.

9 novembre
Les pièces sont en position de route, prête à poursuivre l’ennemi.

10 novembre
L’ennemi abandonne dans sa retraite un matériel considérable (voitures, wagons, approvisionnements de toute nature).

11 novembre

11 h :




A midi, coup de téléphone du PC du colonel qui nous apprend que l’Armistice a été signé et est entré en vigueur à 11h.

Armistice, la Dépêche © historyweb.fr

La guerre est finie.


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L’Armistice signé le 11 novembre 1918 surprend Jean-François dans le secteur de Guise (Aisne), à la poursuite des Allemands, entre deux coups de canons. Savait-il que la fin de la guerre approchait à grands pas ? Était-il au contraire coupé du monde sur le front ? Entend-il les volées de cloches à 11h ? Reste-t-il seulement un clocher capable de les faire sonner ? D'après le JMO, son régiment ne reçoit la nouvelle qu'à midi : était-ce l'espoir qui occupait les hommes durant cette heure intermédiaire, ou bien simplement la routine de tous les jours ? Nous ne le saurons probablement jamais...

Quoi qu'il en soit, cette signature est un soulagement pour tous : « la guerre est finie ». 

Cependant… elle n’est pas véritablement finie ! Si les combats ont cessé, cela ne signifie pas pour autant la fin de la guerre et le retour immédiat des hommes.

L’armée doit faire face à un immense chantier : rapatrier tous ses soldats, armes, véhicules, etc… disséminés à travers le monde. Les Français choisissent la démobilisation à l’ancienneté : l’idée est donc de commencer par démobiliser les soldats des classes les plus anciennes.

Jean-François n’avait que 20 ans en 1914 : c’est une des classes mobilisées les plus jeunes. Le retour à l’ancienneté signifie que, pour lui, la démobilisation n’est pas prévue pour tout de suite…

Une double démarche vient clore cette aventure "pas à pas" commencée en 2014 : le ChallengeAZ de généalogie, qui se déroule durant tout le mois de novembre, d'une part, puis un article à paraître le mois prochain pour en savoir plus sur l’après-guerre sous les drapeaux, en ultime hommage à Jean-François.


mercredi 31 octobre 2018

#Centenaire1418 pas à pas : octobre 1918

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois d’octobre 1918 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er octobre
Un nouveau docteur rejoint notre groupe pour remplacer l’ancien rappelé à l’intérieur. Le tube 476 de la 1ère batterie est échangé contre le tube 774.

2 octobre
Ordre du colonel : la colonne lourde fera manœuvre à 18h et la colonne légère à 5h pour Outrepont (région de Vitry le François).

Carte Rarecourt-Outrepont

3 octobre
Arrivée de la colonne lourde à 4h et de la colonne légère à 10h à Outrepont où nous cantonnons.

4 octobre
Les camarades me racontent les progrès fait par le régiment d’artillerie lourde depuis le début de la guerre : parti dès le premier jour de la mobilisation, il a constitué une arme nouvelle qui a réussi à participer à tous les grands combats sur les fronts de France, d’Italie ou d’Orient.

5 octobre
Se déplaçant fréquemment le RAL a été appelé là où les bombardements faisaient rage, là où il y avait besoin de la puissance et de la portée de ses canons et de la vaillance de ses soldats.

Artillerie lourde © museevirtuelmilitaire.centerblog.net

6 octobre
L’intelligence de tous, officiers et hommes de troupe, ont permis de perfectionner matériel méthodes. A tel point que le commandement décida la création d’unités analogues.

7 octobre
Si le RAL a subi de lourdes pertes, il a aussi mérité les honneurs, s’illustrant dans les grandes batailles de la guerre : Meuse, Yser, Champagne, Argonne, Verdun, Montdidier, etc…

8 octobre
Le RAL a aussi été récompensé par de nombreuses citations, palmes et étoiles. Sa fourragère verte et rouge restera, nous l’espérons, dans l’histoire comme le symbole du courage et de la vaillance du régiment.

9 octobre
L’ennemi est maintenant hors de portée. Le régiment est alors mis à la disposition de la Ière Armée dans la région de Saint-Quentin : nous reprenons la route.

10 octobre
Le Groupe envoie au PRA un avant train de la 1ère batterie l’affût 102 et la glissière 101 de la 2ème batterie qui vont être échangé contre un nouvel avant train l’affût 351 et la glissière 45.

11 octobre
Tout le régiment fait mouvement pour Sézanne. Nous cantonnons à Barbonne.

Carte Outrepont-Barbonne

12 octobre
Étape de Barbonne à Trocy où nous cantonnons.

13 octobre
Étape de Trocy à Tarlefesse où nous cantonnons 48h. Une reconnaissance est ordonnée pour le lendemain afin de déterminer les positions des batteries entre la côte 87 et la route de Marcy à Bernot.

Carte Barbonne-Bernot

14 octobre
Le chef d’escadron effectue sa reconnaissance avec les commandants de batteries.

15 octobre
A 5h30 départ d’une section par batterie pour les positions situées en bordure de la route de Regny à Seboncourt à 1 500 m au SE de Fontaine Notre Dame où s’installe le PC du chef d’escadron.

16 octobre
Le chef d’escadron prend pour trois jours, en l’absence du colonel, le commandement des groupes de G.P.F. du régiment.

17 octobre
Le groupe participe à une opération déclenchée à 5h30. 158 tirs sont exécutés.

18 octobre
235 coups sont tirés.

Douilles de canon 75 © Wikipedia

19 octobre
Le groupe est chargé par le colonel d’assurer la liaison entre la 33ème DI et le régiment. Tirs exécutés par la 1ère batterie : 105 coups ; par la 2ème batterie : 60 coups.

20 octobre
Tirs exécutés : 120 coups.

21 octobre
Certains disent que c’est l’ultime bataille de la guerre. Pourvu que cela soit vrai !

22 octobre
Tirs exécutés : 62 coups.

23 octobre
Un de nos lieutenants est affecté à la mission française auprès de l’armée américaine. Tirs exécutés de nuit : 40 coups.

24 octobre
Évacuation du sous-lieutenant Monnet. Tirs exécutés : 65 coups et 10 de nuit.

25 octobre
Tirs exécutés : 373 coups.

26 octobre
Le groupe participe aux opérations de franchissement de l’Oise à 5h45 pour la 33ème DI et à 9h pour la 56ème DI. Tirs exécutés : 390 coups pour la 1ère batterie, 409 pour la 2ème batterie.

27 octobre
Reconnaissance des positions de batterie dans la région de Noyales. Tirs exécutés : 209 coups.

Tir au canon de 120 © picclick.fr

28 octobre
Dans la matinée mise hors batterie ; les pièces sont conduites aux nouvelles positions au sud (1ère batterie) et au Nord (2ème batterie) de Noyales. Trois pièces seulement par batterie, les quatrièmes restent à l’échelon. Le PC est installé à Noyales, l’échelon se transporte à Regny. Le tube 520 de la 2ème batterie est échangé contre le tube 759.

29 octobre
Le capitaine Daubon prend le commandement du groupe en l’absence du chef d’escadron parti en permission.

30 octobre
Le groupe participe à l’attaque menée par le 31ème CA dont la mission d’ensemble comporte le franchissement de l’Oise en aval et au SE de Guise. Tirs exécutés : 177 coups.

Carte Bernot-Guise

31 octobre
Tirs exécutés : 176 coups.


dimanche 30 septembre 2018

#Centenaire1418 pas à pas : septembre 1918

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de septembre 1918 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er septembre
[JMO Ière armée] Nous tentons toujours de franchir le canal du Nord, mais la résistance ennemie est très active. Nous faisons une cinquantaine de prisonniers, mais de violentes contre attaques reprennent les secteurs que nous avons pris.

2 septembre
[JMO Ière armée] Violente réaction de l’ennemi pendant la nuit sur tout le front. Pendant la journée un détachement parvient à franchir la Somme. Les mitrailleuses ennemies rendent très difficile le débouché de l’attaque ainsi que sa progression et nous font subir de sévères pertes. Autour de nous le paysage est dévasté.

Dans la Somme, village bombardé, 1916 © Gallica

3 septembre
[JMO Ière armée] Pendant la nuit, activité de l’artillerie ennemie sur nos premières lignes. Au cours de la journée, nous avons progressé et fait des prisonniers. L’ennemi réagit violemment par son artillerie et ses mitrailleuses.

4 septembre
[JMO Ière armée] Pendant la nuit l’ennemi commence, devant nos reconnaissances offensives, un mouvement de repli. De vifs combats se déroulent entre le Canal du Nord et la Somme. Nous passons le canal, l’ennemi offrant peu de résistance. Nous faisons 300 prisonniers.
Retrait du front et transport par camions vers à Rogy (5 km au SE de Conty) où nous pouvons enfin jouir d’un repos bien mérité.

Carte Breuil-Rogy

5 septembre
Cruellement éprouvé, le bataillon se réorganise rapidement.

6 septembre
[JMO Ière armée] Nous apprenons avec joie que ceux qui continuent à se battre sur le front progressent d’environ 10 kilomètres par jour. Les brigades britanniques sont à leur tour retirées du front et remises à la disposition de la IVème Armée Britannique. 4 groupes lourds viennent les remplacer.

7 septembre
[JMO Ière armée] Partout l’ennemi est refoulé et les troupes françaises passent la Somme et le Canal du Nord.

8 septembre
Repos.

9 septembre
Je change d’affectation : et pour la première fois depuis le début de la guerre je ne rejoins pas un Bataillon de Chasseurs Alpins ! En effet je passe au 81è RAL (Régiment d’Artillerie Lourde), stationné dans la région de Châtres en Seine et Marne.

Carte Rogy-Châtres

10 septembre
Pendant ces quelques jours de repos, mes nouveaux camarades me brossent un portrait de leurs actions depuis 1914. Eux aussi ont beaucoup voyagé, et même en Italie comme nous.

Mise en batterie d'artillerie lourde © picclick.fr

11 septembre
Si l’artillerie lourde avait été négligée avant 1914, elle a fait ses preuves depuis et ses groupes se sont fait remarquer à de nombreuses occasions.

12 septembre
Conformément aux ordres du colonel, nous revoyons le matériel d’artillerie et le matériel automobile. C’est un peu une découverte pour moi !

13 septembre
Nous sommes dotés de 155 GPF ou du 145-155 Saint-Chamond modèle 1916. Les premiers sont des canons de 155 mm « Grande Puissance Fillloux », les seconds des canons de 145-155 mm. Tous ont été conçus au cours de la guerre.

Canon de 145-155 Saint-Chamond © clausuchronia.wordpress.com

14 septembre
Il faut voir la dextérité du groupe avec ce matériel extrêmement lourd des changements rapides qui comptent parmi les beaux exploits de la guerre.

15 septembre
Nous recevons l’ordre de faire mouvement et de se rendre dans la journée à Villeneuve au Châtelet où nous cantonnons.

16 septembre
Étape de Villeneuve à Torcy le Grand où nous cantonnons.

17 septembre
Départ à 3h du matin pour Moutier en Der. On est à peine arrivés, qu’à 23h on reçoit l’ordre de partir immédiatement pour Rosnes par St Dizier et Bar le Duc. Tout le régiment fait mouvement.

Carte Châtres-Rosnes

18 septembre
Le cantonnement prévu à Rosnes est reportés à La Tuilerie Neuve, sur les hauteurs de Rarécourt.

Carte Rosnes-Rarecourt

19 septembre
Le chef d’escadron et les commandants de batterie vont reconnaître des positions dans le bois de la Chalade et prennent contact avec le général américain Aultman, commandant la Ière Armée Américaine.

Général Aultman © Wikipedia

20 septembre
Dans la matinée une section par batterie monte en position, l’autre montera de nuit.

21 septembre
Vers10h le groupe est prêt à tirer. Il est rattaché à la Ière Armée Américaine et fait partie du sous groupe commandé par le colonel Donnet du 87ème RAL.

22 septembre
Dans la matinée, ordre du colonel Donnet de prendre les mesures nécessaires pour effectuer la mise en batterie au cours de la nuit du 22 au 23 d’un groupe de G.P.F. américains dans le bois de la Chalade.

La Chalade © argonne1418.com

23 septembre
La mise en batterie s’est faire dans la plus grande difficultés au cours de la nuit. Elle s’est terminée à 8 du matin. La rapidité avec laquelle tout ce travail a été effectué nous vaut une lettre de remerciement et de félicitations du général Aultman.

24 septembre
Dans la journée un brigadier de la deuxième batterie est blessé par le feu de l’ennemi.

25 septembre
Appuyés efficacement par le régiment, nos alliés enlèvent Montfaucon et Vauquois ainsi que tout le formidable réseau de tranchées vieux de quatre ans.

26 septembre
A 5h30 l’armée américaine attaque et nous participons suivant l’exécution du programme qui nous a été fourni par le colonel Donnet. Au total 1 316 coups ont été tirés. La 1ère batterie tient le record avec 259 coups tirés entre 5h30 et 10h, soit un coup toute les 95 secondes !

27 septembre
Conformément aux ordres donnés par le colonel Donnet des officiers vont à la recherche d’un observatoire avancé. De leurs côtés, les batteries continuent les tirs : 450 coups tirés.

28 septembre
Le lieutenant Moreau prend le commandement de la 1ère batterie, en remplacement du capitaine Bouquet qui part à l’école élémentaire d’observation comme instructeur. Tirs exécutés : 201 coups.

29 septembre
Reconnaissance des positions de batterie de 75 ordonnée par le colonel Donnet. Tirs exécutés : 403 coups.

Artillerie © argonne1418.com

30 septembre
A 14h, ordre du colonel Donnet de mettre hors batterie pour rejoindre le point où le colonel Blanchet rassemblera le 81ème. Tout le groupe est à la Tuilerie Neuve pour 22 heures.


vendredi 31 août 2018

#Centenaire1418 pas à pas : août 1918

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois d'août 1918 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er août
[JMO Ière armée] Journée et nuit calme. Tirs de harcèlements habituels. La Ière armée est positionnée dans le secteur de Montgérain/Angivillers au Sud de Montdidier (Somme).
Carte Montdidier

2 août
[JMO Ière armée] Journée et nuit calme.

3 août
[JMO Ière armée] Nos patrouilles sont arrivées aux abords de Mesnil saint Georges. Les Allemands abandonnent leurs 1ères lignes après avoir fait sauter leurs abris ainsi que la plupart des ponts sur l’Avre.

4 août
[JMO Ière armée] Nous progressons toujours et occupons une partie de la rive gauche de l’Avre. Nous avons pris plusieurs localités mais les Allemands continuent de résister à l’Ouest de Montdidier.

5 août
[JMO Ière armée] Journée assez calme. La rive droite de l’Avre paraît fortement tenue. Le plan est de flanquer la gauche des Britanniques entre l’Avre et la route d’Amiens, reprendre Montdidier et faire tomber la ligne de l’Avre.

6 août
[JMO Ière armée] Journée calme. En arrivant sur l’Avre nous sommes accueillis par des rafales de mitrailleuses, mais l’activité de l’artillerie ennemie est faible.

7 août
[JMO Ière armée] Journée et nuit calme. Quelques tirs de harcèlement.

8 août
[JMO Ière armée] La Ière Armée française attaque, en liaison avec la IVème Armée britannique. En face de nous la IIème et XVIIIème Armée allemande. Avec la 47ème DI nous sommes dans le secteur de Berny sur Noyé. Les attaques françaises et britanniques sont coordonnées à la même heure (4h20) : artillerie pour nous, tanks pour les Britanniques. Les combats font rage toute la journée. La 3e bataille de Picardie a commencé.
Carte Berny sur Noyé

9 août
[JMO Ière armée] Les combats se poursuivent. A deux reprises (12h et 15h30) l’ennemi contre attaque. Il a amené dans ce but deux nouvelles divisions. Vers 16h ils paraissent faiblir. A 18h30 nous sommes maîtres d’Arvillers.
Carte Arvillers

10 août
[JMO Ière armée] La Ière Armée reprend l’attaque à 4h20, épaulée par la IIIème sur sa gauche. Au début la progression est assez facile, mais la résistance ennemie devient de plus en plus forte à mesure que nous avançons. Andechy tombe entre nos mains à 12h15. La résistance ennemie s’effrite peu à peu. Nos avancées sont importantes.
Carte Andéchy

11 août
[JMO Ière armée] Nous recevons l’ordre de poursuivre notre avancée. L’ennemi résiste énergiquement ; son artillerie est plus active. Notre progression dans le secteur de Roye est très difficile. Nous prenons le bois en Z à 6h15 mais une violente réaction ennemie nous fait reculer et la position nous est enlevée à 8h.
Carte Roye

12 août
[JMO Ière armée] Les Allemands ont conservé leurs anciennes positions à l’Ouest de Roye : en vue de reprendre ce secteur, notre artillerie est mobilisée. Finalement on apprend que l’attaque prévue demain n’aura lieu que le 15. Des relèves d’effectifs sont organisées.

13 août
[JMO Ière armée] Dans la nuit l’artillerie allemande bombarde violemment nos 1ères lignes. Nous ripostons par des tires d’artillerie, destructions d’ouvrages, brèches dans les fils de fer. La réaction ennemie ne se fait pas attendre.

14 août
[JMO Ière armée] Continuation des destructions de l’artillerie. L’ennemi répond par des tirs assez violents, notamment avec des obus toxiques. L’attaque prévue du 15 est reportée au 16. Depuis le début de la bataille (8 août) nous avons fait 8500 prisonniers, 200 canons, 2600 mitrailleuses. Nos pertes : 2575 hommes et 256 officiers.

15 août
[JMO Ière armée] Notre infanterie, devant laquelle la résistance ennemie semble moins vigoureuse, fait des progrès notables. Le bois de Damery est pris, en liaison avec le corps canadien.  Sous un bombardement violent le 54e attaque le bois en Z et l’enlève à l’ennemi.

16 août
[JMO Ière armée] Fléchissement dans les défenses allemandes : une série d’attaque vigoureusement menées nous permettent de progresser à l’Ouest de Roye. Nous occupons Goyencourt, défendu avec acharnement par l’ennemi qui a reçu l’ordre de tenir le village coûte que coûte. Nous essuyons des tirs d’obus toxiques et nombre de nos camarades sont intoxiqués.
Carte Goyencourt

17 août
[JMO Ière armée] Nuit très agitée avec une artillerie ennemie très active. Pendant la journée, notre progression a continué. Une citation à l’ordre de la Ière Armée récompense nos « héroïques efforts » pendant les combats de ces derniers jours. Nous faisons 200 prisonniers.

18 août
[JMO Ière armée] Nuit relativement calme. La lutte, très vive, reprends le reste de la journée. Nous progressons, mais à la nuit tombante l’ennemi déclenche de violentes contre attaques qui nous rejettent hors du bois de Bracquemont. Nous faisons 400 prisonniers.


19 août
[JMO Ière armée] Nous prenons connaissance de la lettre du Général Graig, commandant l’armée britannique, lors de son départ après la victoire sur Amiens, nous faisans part de son plaisir d’avoir été à la tête des nos armées pendant cette bataille. Il nous adresse ses félicitations pour les âpres combats que nous avons menés. L’artillerie ennemie, violente pendant la nuit, se calme pendant la journée. Mais son artillerie résiste avec énergie. Par ordre du Maréchal commandant en Chef les Armées Alliées, la Ière Armée relèvera les troupes britanniques sur le front actuel du Corps canadien.

20 août
[JMO Ière armée] Nuit calme. Les combats font rage autour de Roye. Là encore l’infanterie ennemie se défend très vigoureusement, soutenue par son artillerie. Ordre n°88 : « la bataille est gagnée. A côté de nos alliés britanniques vous avez rompu le front ennemi et dégagé Amiens […]. Vous avez pris Montdidier. […] 16 divisions allemandes ont laissés entre nos mains 10 000 prisonniers, 220 canons. […] Saluons en une pieuse émotion nos braves camarades tombés. […] » Signé Général Debeney
Carte Amiens-Montdidier

21 août
[JMO Ière armée] Pendant la nuit tirs de harcèlement par obus toxique et explosifs. Toute la région est ypéritée. Journée calme. Faible activité de l’artillerie ennemie, mais nous constatons que partout l’infanterie ennemie reste vigilante.

22 août
[JMO Ière armée] Pendant la nuit l’artillerie ennemie est assez active. L’ennemi résiste vigoureusement à Crapeaumesnil.

23 août
[JMO Ière armée] Nuit calme. Pendant la journée l’activité de l’artillerie reprend avec vigueur.

24 août
[JMO Ière armée] L’activité de l’artillerie ennemie se poursuit. Après les Vosges et l’Italie me revoici sous le feu violent de l’ennemi.
Bois, trou d'obus, Somme, 1916 © Gallica

25 août
[JMO Ière armée] Pendant la nuit l’ennemi a tenté plusieurs coups, dont un important au NO de Roye. Ils ont tous été repoussés avec des pertes sérieuses pour eux. Nous récupérons 26 prisonniers et une mitrailleuse. Pendant la journée grande activité des deux artilleries.

26 août
[JMO Ière armée] Au cours de la nuit tirs de harcèlement de l’artillerie ennemie. Pendant la journée nos troupes connaissent différents succès et avancent dans plusieurs secteurs.  Nous faisons 1100 prisonniers, de très nombreuses mitraillettes et un matériel important.

27 août
[JMO Ière armée] A la suite de ses échecs de la veille l’ennemi se replie. Le bataillon, dont le capitaine adjudant-major Herbette a pris le commandement, reçoit l’ordre d’avancer. Roye tombe à 10h. La poursuite continue toute la journée, l’ennemi n’offrant qu’une faible résistance. Nous nous emparons du Bois de l’Abbaye, puis traversons sous le feu de l’ennemi la voie ferrée de Roye à Nesles. En fin de journée nous cantonnons entre Gruny et Carrépuis.
Carte Roye-Gruny

28 août
[JMO Ière armée] La progression reprend sur tout le front dès le lever du jour. L’ennemi continue à se replier, mais offre une résistance de plus en plus forte à mesure qu’on se rapproche de la Somme et du Canal du Nord. Roiglise tombe, puis Balatre, Rethonvillers. Nous sommes arrêtés à Languevoisin où l’ennemi offre une assez vive résistance ; mais à 17h30 le village est pris.
Carte Roye-Langueville

29 août
[JMO Ière armée] Réaction vive de l’artillerie ennemie au cours de la nuit. Pendant la journée l’ennemi fait front sur la ligne de la Somme et du Canal. Nous continuons néanmoins à progresser. Moyencourt est enlevé après une lutte acharnée pied à pied. Malgré une grande résistance, Breuil est pris à 17h.
Carte Moyencourt-Breuil

30 août
[JMO Ière armée] Durant la nuit l’ennemi exécute des tirs de harcèlement assez sérieux. Pendant la journée il continue à offrir une résistance vigoureuse : les bois et l’ouest de la Somme et du Canal sont disputés avec acharnement.

31 août
[JMO Ière armée] Pendant une partie de la nuit, les Allemands bombardent à obus toxiques la région de Languevoisin. La lutte est acharnée toute la journée. Malgré quelques incursions, nous ne sommes pas maîtres du secteur au-delà du Canal.