« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

dimanche 30 septembre 2018

#Centenaire1418 pas à pas : septembre 1918

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de septembre 1918 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er septembre
[JMO Ière armée] Nous tentons toujours de franchir le canal du Nord, mais la résistance ennemie est très active. Nous faisons une cinquantaine de prisonniers, mais de violentes contre attaques reprennent les secteurs que nous avons pris.

2 septembre
[JMO Ière armée] Violente réaction de l’ennemi pendant la nuit sur tout le front. Pendant la journée un détachement parvient à franchir la Somme. Les mitrailleuses ennemies rendent très difficile le débouché de l’attaque ainsi que sa progression et nous font subir de sévères pertes. Autour de nous le paysage est dévasté.

Dans la Somme, village bombardé, 1916 © Gallica

3 septembre
[JMO Ière armée] Pendant la nuit, activité de l’artillerie ennemie sur nos premières lignes. Au cours de la journée, nous avons progressé et fait des prisonniers. L’ennemi réagit violemment par son artillerie et ses mitrailleuses.

4 septembre
[JMO Ière armée] Pendant la nuit l’ennemi commence, devant nos reconnaissances offensives, un mouvement de repli. De vifs combats se déroulent entre le Canal du Nord et la Somme. Nous passons le canal, l’ennemi offrant peu de résistance. Nous faisons 300 prisonniers.
Retrait du front et transport par camions vers à Rogy (5 km au SE de Conty) où nous pouvons enfin jouir d’un repos bien mérité.

Carte Breuil-Rogy

5 septembre
Cruellement éprouvé, le bataillon se réorganise rapidement.

6 septembre
[JMO Ière armée] Nous apprenons avec joie que ceux qui continuent à se battre sur le front progressent d’environ 10 kilomètres par jour. Les brigades britanniques sont à leur tour retirées du front et remises à la disposition de la IVème Armée Britannique. 4 groupes lourds viennent les remplacer.

7 septembre
[JMO Ière armée] Partout l’ennemi est refoulé et les troupes françaises passent la Somme et le Canal du Nord.

8 septembre
Repos.

9 septembre
Je change d’affectation : et pour la première fois depuis le début de la guerre je ne rejoins pas un Bataillon de Chasseurs Alpins ! En effet je passe au 81è RAL (Régiment d’Artillerie Lourde), stationné dans la région de Châtres en Seine et Marne.

Carte Rogy-Châtres

10 septembre
Pendant ces quelques jours de repos, mes nouveaux camarades me brossent un portrait de leurs actions depuis 1914. Eux aussi ont beaucoup voyagé, et même en Italie comme nous.

Mise en batterie d'artillerie lourde © picclick.fr

11 septembre
Si l’artillerie lourde avait été négligée avant 1914, elle a fait ses preuves depuis et ses groupes se sont fait remarquer à de nombreuses occasions.

12 septembre
Conformément aux ordres du colonel, nous revoyons le matériel d’artillerie et le matériel automobile. C’est un peu une découverte pour moi !

13 septembre
Nous sommes dotés de 155 GPF ou du 145-155 Saint-Chamond modèle 1916. Les premiers sont des canons de 155 mm « Grande Puissance Fillloux », les seconds des canons de 145-155 mm. Tous ont été conçus au cours de la guerre.

Canon de 145-155 Saint-Chamond © clausuchronia.wordpress.com

14 septembre
Il faut voir la dextérité du groupe avec ce matériel extrêmement lourd des changements rapides qui comptent parmi les beaux exploits de la guerre.

15 septembre
Nous recevons l’ordre de faire mouvement et de se rendre dans la journée à Villeneuve au Châtelet où nous cantonnons.

16 septembre
Étape de Villeneuve à Torcy le Grand où nous cantonnons.

17 septembre
Départ à 3h du matin pour Moutier en Der. On est à peine arrivés, qu’à 23h on reçoit l’ordre de partir immédiatement pour Rosnes par St Dizier et Bar le Duc. Tout le régiment fait mouvement.

Carte Châtres-Rosnes

18 septembre
Le cantonnement prévu à Rosnes est reportés à La Tuilerie Neuve, sur les hauteurs de Rarécourt.

Carte Rosnes-Rarecourt

19 septembre
Le chef d’escadron et les commandants de batterie vont reconnaître des positions dans le bois de la Chalade et prennent contact avec le général américain Aultman, commandant la Ière Armée Américaine.

Général Aultman © Wikipedia

20 septembre
Dans la matinée une section par batterie monte en position, l’autre montera de nuit.

21 septembre
Vers10h le groupe est prêt à tirer. Il est rattaché à la Ière Armée Américaine et fait partie du sous groupe commandé par le colonel Donnet du 87ème RAL.

22 septembre
Dans la matinée, ordre du colonel Donnet de prendre les mesures nécessaires pour effectuer la mise en batterie au cours de la nuit du 22 au 23 d’un groupe de G.P.F. américains dans le bois de la Chalade.

La Chalade © argonne1418.com

23 septembre
La mise en batterie s’est faire dans la plus grande difficultés au cours de la nuit. Elle s’est terminée à 8 du matin. La rapidité avec laquelle tout ce travail a été effectué nous vaut une lettre de remerciement et de félicitations du général Aultman.

24 septembre
Dans la journée un brigadier de la deuxième batterie est blessé par le feu de l’ennemi.

25 septembre
Appuyés efficacement par le régiment, nos alliés enlèvent Montfaucon et Vauquois ainsi que tout le formidable réseau de tranchées vieux de quatre ans.

26 septembre
A 5h30 l’armée américaine attaque et nous participons suivant l’exécution du programme qui nous a été fourni par le colonel Donnet. Au total 1 316 coups ont été tirés. La 1ère batterie tient le record avec 259 coups tirés entre 5h30 et 10h, soit un coup toute les 95 secondes !

27 septembre
Conformément aux ordres donnés par le colonel Donnet des officiers vont à la recherche d’un observatoire avancé. De leurs côtés, les batteries continuent les tirs : 450 coups tirés.

28 septembre
Le lieutenant Moreau prend le commandement de la 1ère batterie, en remplacement du capitaine Bouquet qui part à l’école élémentaire d’observation comme instructeur. Tirs exécutés : 201 coups.

29 septembre
Reconnaissance des positions de batterie de 75 ordonnée par le colonel Donnet. Tirs exécutés : 403 coups.

Artillerie © argonne1418.com

30 septembre
A 14h, ordre du colonel Donnet de mettre hors batterie pour rejoindre le point où le colonel Blanchet rassemblera le 81ème. Tout le groupe est à la Tuilerie Neuve pour 22 heures.


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