Me voilà donc arrivée à Pierre His, dont je retrouve le contrat de mariage daté de 1648, à la Ferté Macé. Il demeure en la paroisse de Lonlay le Tesson. Les registres paroissiaux ne peuvent plus m'aider : pas de registre antérieur à 1662. Ce sont donc les actes notariés qui me permettent de progresser plus loin dans le temps. Il est le fils de feu Jean et de Julienne Clouet (enfin peut-être, son patronyme est difficile à déchiffrer).
Je ne sais même plus pourquoi je regardais la carte de Cassini, quand soudain, comme souligné par un cercle de relief et de végétation, un lieu-dit nommé Pierre His m'apparaît.
Tilt ! Happy Dance ! Montée d'adrénaline !
Parmi le peuple de laboureurs et de vignerons qui forme ma généalogie, aucun n'a donné son nom à une terre (et inversement).
Bon, pour le moment rien ne prouve qu'il y ait un lien entre les deux. Mais quand même...
D'ailleurs Pierre est dit "de la paroisse de Lonlay le Tesson", sans précision sur son lieu d'habitation.
D'autre part, toujours dans ledit document, il est nommé "Pierre Hayet fils de feu Jean His", même si dans tous les autres documents il est bien nommé His.
Après plusieurs investigations, il apparaît que "mon" Pierre His était crochetier, c'est-à-dire un artisan qui fait des crochets pour les crocheteurs et les portefaix ou les bêtes de somme. Le crocheteur gagne sa vie à charger, décharger et porter des fardeaux sur et avec des crochets. Le portefaix charge et décharge les produits solides, à l'aide de crochets qui sont des instruments à deux grandes branches et à deux crochetons avec une sellette (tandis que ceux des animaux sont des supports fixés sur le bât pour retenir les charges). [ 2 ]
Il était illettré. En effet, sur les actes le concernant, il appose sa marque. L'Orne est le seul endroit de ma généalogie ou les illettrés sont invités à apposer leur marque, tant sur les documents religieux (actes de baptêmes, mariage et décès) que civils (actes notariés). Mais on voit bien que la marque de Pierre est personnelle : elle est identique sur tous les documents et n'est pas faite au hasard, ne ressemble pas aux autres marques.
La commune de Lonlay-le-Tesson fait actuellement partie du département de l'Orne et du diocèse de Séez, canton de La Ferté-Macé. Sa superficie est de 1 237 hectares.
Lonlay-le-Tesson comptait, en 1709, 244 feux (ensemble des personnes vivant dans un même foyer). La fabrication et le commerce de la toile tenait une place importante dans l'économie du pays.
Le château, dont il ne reste plus qu'une partie, a été construit en 1773. Il fut vendu en 1825 à M. Clouet qui le convertit en ferme. Une partie du bâtiment abrita un temps la mairie et l'école de garçons.
Quant au village de Pierre His, au fils du temps son nom évolue. En 1881, on le nomme Le Pierris. Sur le cadastre napoléonien il est écrit Pierry. Forme qu'il a gardée de nos jours : Le Pierry.
Le Pierris est dit "appartenant à la famille His" dans la Notice sur la commune de Lonlay-le-Tesson [ 3 ]. Ce village relevait de la seigneurie du Bois-Manselet dont il formait une des "aînesses".
Le Bois-Manselet était un petit fief tenu noblement de la baronnie de Briouze, et ce dès le XVème siècle. Il s'étendait à la fois sur les paroisses de Ménil de Briouze et de Lonlay le Tesson. Sur le registre de ses pleds et gages-plèges [ 4 ] étaient inscrits, notamment, les tenants du Pierris.
Le manoir du Bois-Manselet était une sorte de vieux logis normand, construit au pied des collines boisées du Mont d'Hère. Le fief tomba en désuétude à l'extinction de la famille dans les années 1840.
En conclusion, difficile de dire que "mon" Pierre His avait un lien avec le lieu-dit dont les tenants semblent être plus élevés que de simples crochetiers. Néanmoins il n'est pas exclu qu'il soit apparenté à cette famille... En bref : p'tète ben qu'oui, p'tète ben qu'non.
D'accord c'est une conclusion de Normand, mais après tout leur sang coule dans mes veines aussi...
[ 1 ] Notamment par titep48/Michel Petit et dozeville/Jean-Pierre Bréard, qu'ils en soient chaleureusement remerciés.
[ 2 ] Source : www.vieuxmetiers.org
[ 3 ] Source : Notice sur la commune de Lonlay-le-Tesson par le comte Gérard de Contades, Le Mans, 1881; via Odile Halbert).
[ 4 ] Le plaid est une audience du tribunal. Le gage-plège était, en Normandie, une convocation extraordinaire que faisait le juge dans le territoire d'un fief pour différents motifs (élection d'un prévôt ou d'un sergent, règlement de rentes et redevances seigneuriales...).
Bonjour Mélanie,
RépondreSupprimerau sujet de la signature : le dessin de Pierre correspond peut-être à un symbole utilisé dans son métier, comme cela se faisait parfois
Bonjour
RépondreSupprimerC'est extraordinaire d'avoir trouvé un contrat de mariage de 1648 !
je ne connaissais pas le métier de crochetier
Fanny-Nésida