« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 4 décembre 2013

Drôles de naissances

On compte quelques naissances "curieuses", parmi mes ancêtres directs ou leurs collatéraux.

Grossesse, ©PhotoPin
    • Une grossesse trop courte :
  • Coutand François et Cousseau Renée se marient le 12 novembre 1736 au Boupère (Vendée) et leur premier fils Pierre naît le 22 décembre de la même année, soit un mois et demi après les noces.


    • Une grossesse vraiment très courte !
  • Bertrand François et Boissinot Modeste déclarent deux naissances à un mois d'intervalle à Saint Amand sur Sèvre (Deux Sèvres) : le 21 thermidor an 11 et le 5ème jour complémentaire an 11, soit le 9 août 1803 pour le premier et le 22 septembre 1803 pour le second ! Le premier de ces enfants est mon ancêtre Marie Françoise.


    • Un père inconnu... pas tant que ça :
  • Lors de leur mariage, Borrat-Michaud Joseph Auguste et Jay Antoinette Adélaïde (à Samoëns, Haute-Savoie, en 1893) demandent à reconnaître et légitimer deux filles, née en 1881 pour la première (dite "enfant naturel de Jay Antoinette") et en 1892 pour la seconde (dite "enfant illégitime de Borrat-Michaud Joseph").


    • Des enfants nés hors mariage :
  • Borrat-Michaud Joseph Auguste est l'enfant illégitime de Borrat-Michaud Justine, né à Champéry (Suisse) en 1863. Le père n'est pas connu.
  • Duchemin Simone est née, en 1657 à Guérard (Seine et Marne), hors mariage, "extra matrimonium" comme le précise son acte de mariage; dans son acte de naissance en effet il n'y a pas de mention du père. Par contre, lors de son mariage, son père (qui lui a donné son nom de famille) est nommé. 

  • Guibé Jacques est qualifié de "bastard" dans son acte de mariage (1640) et celui de son fils (1674). Il serait né en 1612 (selon son acte de décès), mais on le peut pas le vérifier : il n'y a pas de registre de naissance antérieur à 1615 à la Coulonche (Orne).

Et ce n'est là qu'un florilège : de bien belles entorses à la morale . . .

lundi 2 décembre 2013

Ouragan et inondation

En 1751 à Foudon (aujourd'hui le Plessis Grammoire, Maine et Loire) se sont abattus ouragan, tremblement de terre et inondation :

Extrait registres paroissiaux Foudon, AD49

[page 1]
 « le 15 mars 1751 est arrivé dans cette province, et dans
plusieurs circonvoisines et autres un ouragan si terrible
que de memoire d'homme lon en avoit iamais entendu
parler d'un semblable le recit que ienfais est aussi véritable
que paroistra surprenant ala posterité, ce desastre epouvan-
table cause par la la foudre des vens opposés les uns aux autres
et par un tempete accompagnee d'un tramblement deterre
terrible qui sest fait sentir entre onze heure et minuit et a
duré iusques à quatre heures un quart, a reveille les plus
assoupis, tout le monde son surpris sortoit meme deleurs
lits [mot rayé] et deleurs maisons croyant tous y perir, en entendant
les couvertures des maisons voler en lair tombant par terre
une partie des cheminees tomboit tant dans les chambres
que dans les rues chacun deploiroit son sort ne sachant
ou se mettre enfuite; ily a eu au moins deux cents maisons
a angers qui ont etes entierement ruine plusieurs eglises
delabres tant a angers quala campagne entre autre leglise
cathedralle
pour la plus grande partie, delabrees plusieurs
clochers tant en ville qua la campagne abbatues en autre celuy
celuy delabars [?] de st nicolas dangers, beaucoup de moulins
a vens et a leau emportes; en outre ily a eu bien dudegats
dans la Campagne de cette province tans sur les maisons
eglises champs vignes arbres detoute especes defruits et
autres qui etoient dune grosseur prodigieuse ont etes  
[page 2] 
renverse et deracine par leurs rasines pendant
presque tous les iours de cette annee ily a eu des
pluyes continuelles et abbondantes qui ont cause de
grandes innondations qui ont ruines les cultures et
les champs et qui ont causes une disette affreuse detoute
sorte despece de grains, vins et fruits et foins cequi a
cause une grande cherte et arendu les denres nescesaire
ala vie de l'homme et des annimaux dun pris dont
ily avoit un tres long temps quelon en avoit entendu
parler " 

Plusieurs de nos ancêtres, habitants du lieu, ont dû connaître ces événements climatiques exceptionnels : les familles Peulier, Moreau, Le Tessier, Bouguié, Chedanne.


samedi 30 novembre 2013

Sous le Gros Tilleul

Samoëns (Haute-Savoie) pourrait être le berceau de mes ancêtres maternels [ * ]. Sur la place trône le Gros Tilleul, un très vieil arbre, centre de vie et de socialisation de ce bourg de montagne.

Le Gros Tilleul, Wikipédia

Cet arbre a été planté en 1438 pour célébrer le retour de différents pâturages dans le giron de Samoëns.

Joseph Auguste Borrat-Michaud est né à Champéry, en 1863 de père inconnu. Sa mère Marie Justine a dû avoir une vie plutôt . . . "active" car elle avait déjà eu deux autres enfants illégitimes avant notre ancêtre (un premier de père inconnu, le second d'un homme qui était son compagnon, mais ils n'étaient pas mariés).
On retrouve Joseph à Samoëns alors qu'il est âgé de 23 ans (1886). Il apparaît dans le recensement, habitant le village de Mathonex, sous le nom de Joseph Michaud (nom qu'il emploie pour signer). Il est dit cultivateur domestique. En 1893 il épouse Adélaïde Jay - qui s'orthographiait Jaÿ et se prononce Ja-i.

Extrait de l'acte de mariage : "[...] Chacun d'entre eux ayant répondu séparément et affirmativement nous avons prononcé au nom de la loi que Monsieur Borrat-Michaud Joseph Auguste et Demoiselle Jay Antoinette Adélaïde sont unis par le mariage. Et à l'instant les époux nous ont déclaré reconnaître et légitimer 1° Jay Félicie Césarine née à Samoëns le 17 février 1881 enregistrée à la mairie de Samoëns comme enfant naturel de Jay Antoinette Adélaïde 2° Borrat-Michaud Marie Louise née à Samoëns le 28 décembre dernier enregistrée à la mairie de Samoëns comme enfant illégitime de Borrat-Michaud Joseph Auguste déclarant et de Jay Antoinette Adélaïde."

La vie "active" perdure donc à cette génération. Deux autres enfants viendront compléter cette famille (légitimes ceux-là), dont Jean François, que nous avons suivi pendant la première guerre mondiale dans ce blog. Dans le recensement de 1911, il est nommé Mechond.

Pendant longtemps on a cru, dans la famille, qu'Adélaïde était de la même fratrie que la fameuse Marie Louise Jay, fondatrice de la Samaritaine à Paris (la "Jay" de Cognacq-Jay). En fait oui - ou presque : il faut remonter 12 générations au dessus d'Adélaïde pour avoir un ancêtre commun : Humbert, né en 1595. Difficile d'avoir des prétentions sur l'héritage de la Samaritaine.

Les Borrat-Michaud déménagent dans la région parisienne, vraisemblablement dans les années 1920. 

 Jean-François Borrat-Michaud et son épouse Marcelle Ursule, née Macréau, 
coll. personnelle

C'est André, fils de Jean-François, qui rejoint l'Anjou, faisant la jonction avec la branche paternelle de mes ancêtres.

[ * ] En réalité les Borrat-Michaud sont originaires de Suisse, juste de l'autre côté de la frontière à Champéry (Valais). Hélas je ne possède que les relevés de l'AVEG (Association Valaisanne d’Étude Généalogique), aucun acte, aucune autre information.
Donc, en trichant un peu, on va dire que Samoëns est le berceau, ou tout au moins compte dans notre histoire; ce qui n'est pas faux puisque de nombreux ancêtres issus de branches maternelles en sont originaires. Cette branche est donc, pour le moins, alpine.