« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 3 juin 2015

#ChallengeAZ : C comme candidature

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le saviez il fallait me le dire, mais en tant que garde des eaux et forêts, dépendant du Ministère de l’Agriculture, Jules Assumel-Lurdin figure régulièrement dans les documents dudit Ministère conservés aux archives départementales de l’Ain (une trentaine de documents ont été trouvés à ce jour). 

Ces documents consistent notamment en correspondance échangée entre des maires, Préfets, conservateurs des eaux et forêts, etc… au sujet de Jules et de cet emploi.

Ainsi une lettre du conservateur des eaux et forêts, datée du 11 octobre 1904 et adressée au Préfet de l’Ain, signale que la candidature de Jules au poste de garde forestier communal a été agréée.

Correspondance, archives du Ministère de l'Agriculture © AD01


« Mâcon, le 19 octobre 1904

Le Conservateur des Eaux et Forêts
A Monsieur le Préfet de l’Ain
A Bourg
En réponse à votre lettre du 18 octobre courant, j’ai l’honneur de vous faire connaître que la candidature de M. Assumel du Poizat, à un emploi de garde forestier communal a été agréée par décision du 22 septembre dernier.
Vous avez bien voulu également vous intéresser à d’autres candidats plus anciens et non moins méritants, mais M. Assumel sera proposé aussitôt que les circonstances le permettront.
Pour le conservateur en tournée
L’inspecteur régional délégué »

Il faudra néanmoins attendre le 31 octobre 1905 pour qu’un poste se libère et qu’il soit nommé à Samognat (à 25 km du Poizat où il résidait jusqu’alors).

C’est le début du parcours de Jules en tant que garde forestier qui commence. Il a alors 29 ans.

Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Source : état du personnel des eaux et forêts.

mardi 2 juin 2015

#ChallengeAZ : B comme brigadier

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le savez c’est tant mieux, mais différentes sources peuvent indiquer le métier exercé par nos ancêtres.

Extrait du recensement de Martignat, 1911 © AD01

Ainsi, on peut retracer la carrière tout au long d’une vie. Dans le cas de Jules Assumel Lurdin, on le voit successivement être :
  • lapidaire (recensement de 1896 – 20 ans). Sous entendu "ouvrier lapidaire" : tailleur de pierres précieuses (sauf le diamant : travail réservé au diamantaire). Pour en savoir plus sur ce métier voir l’article Mes arrière-grands-parents étaient lapidaires. C’est une activité saisonnière.
  • lapidaire et patron (recensement de 1901  – 25 ans). Plus étonnant, en 1901 il est dit patron : il semble employer son jeune frère, de six ans son cadet.
  • cultivateur (fiche militaire 1896 – 20 ans ; acte de mariage de 1902 – 26 ans).
  • scieur (acte de décès de sa première épouse et liste électorale de 1905 – 29 ans ; recensement et acte de mariage de 1906 – 30 ans). C’est peut-être aussi une activité annexe au métier agricole qu’il exerce avant et après.

A partir de 1905 on le voit évoluer comme garde forestier, avec différents grades ou appellations :
  • garde communal des eaux et forêts (J.O. de 1908 – 32 ans). 
Le garde des eaux et forêts est responsable d’une circonscription territoriale appelée "triage". Il y surveille et aménage la forêt. Il s’occupe du marquage des arbres à couper, de leur coupe même et replante des arbres. Gardiens de la nature, il veille à la protection de la faune et la flore. Ainsi il lutte contre le braconnage, le vol de bois, ou la cueillette d'espèces protégées ou menacées. Il veille à la bonne application des lois concernant la gestion et la protection des forêts. Il assure la police de la nature et de l’environnement en qualité d’agent assermenté. À ce titre, il est habilité à constater les infractions en forêt (procès-verbal). Il travaille sous l’égide du ministère de l'agriculture (ou aujourd’hui de l’ONF). Les qualités nécessaires à cet emploi sont l’endurance physique pour se déplacer dehors par tout temps (ce qui fera défaut à Jules, comme on le verra dans l’article S : rendez-vous le 22 juin !), le sens de l’observation et le sens des relations humaines pour s’entretenir avec les usagers de la forêt (propriétaires, chasseurs…) et les autorités locales.
  • garde communal (fiche militaire 1909 – 33 ans).
  • garde forestier (acte de mariage et liste électorale de 1910 – 34 ans ; recensement de 1911 – 35 ans ; liste électorale de 1913 et 1914 – 37 et 38 ans ; acte de décès de 1929 – 53 ans).
  • garde domanial des eaux et forêts (J.O. de 1920 – 44 ans ; fiche militaire 1921 – 45 ans).
  • brigadier domanial (J.O. de 1921 – 45 ans).
  • garde des eaux et forêts (presse de 1928 – 52 ans).

Merci aux Archives Départementales de l’Ain, Wikipedia et à Gallica pour toutes ces trouvailles.
Sources : recensements, fiche militaire, état civil, JO, presse en ligne, listes électorales.

lundi 1 juin 2015

#ChallengeAZ : A comme Assumel-Lurdin

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas ce n’est pas très grave, mais Jules Assumel Lurdin est donc le fil conducteur de ce ChallengeAZ.

Jules Assumel Lurdin, années 1920 © coll. personnelle


Il est né le 15 février 1876 au Poizat (Ain). Son père, François, est cultivateur. Il est alors âgé de 32 ans. Son épouse et mère de Jules, Marie Antoinette Zélia Berrod, est aussi dite cultivatrice. Quelques années plus tard, en 1896, François est dit meunier au Moulin Menant, hameau du Replat, commune du Poizat.

Moulin Meunant © coll. personnelle


Le couple a déjà trois enfants lorsque Jules voit le jour :
- Louis Xavier, né en 1867.
- François Emilien, né en 1870.
- Marie Justine, née en 1873.
A son baptême Jules porte aussi les prénoms de Joseph Eugène.
Un dernier enfant viendra compléter la famille : Joseph Eugène né en 1882.

Le Poizat est une petite commune de l’Ain, à une cinquantaine de kilomètres de Bourg en Bresse, haut perchée à un peu moins de 1200 m d’altitude. La commune est située sur un plateau incliné au Nord, largement boisé. Le lac de Silans forme sa limite Nord. On y cultive du blé, de l’orge, de l’avoine, du foin, un peu de chanvre. Le commerce de bois de sapin, de bois de chauffage et de construction occupe une place importante.
Les dictionnaires historiques étant précis, en 1907, « L’effectif moyen des animaux est d’à peu près 7 chevaux, 1 âne, 5 taureaux, 20 bœufs, 300 vaches, 70 élèves bovins, 4 béliers, 15 brebis, 10 moutons, 15 agneaux, 25 porcs, 15 chèvres. ». La commune comptait alors 519 habitants. Le bourg est dit « bien bâti ; l’église postérieure à la Révolution est belle, large et bien proportionnée. »

Jules a été principalement garde forestier. Il a vécu dans l’Ain jusqu’à l’âge de 45 ans, dans différentes communes, mais jamais guère éloignées de son lieu de naissance. Il se maria trois fois et aura sept enfants au total. Ensuite, il déménagera en Anjou  (on verra pourquoi dans des articles futurs) où il terminera sa vie, assez jeune, à 53 ans.

C’était mon arrière-grand-père.

Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Sources : photo coll. personnelle, carte postale ancienne, dictionnaire historique Pommerol, état civil.