« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 5 juin 2015

#Challenge AZ : E comme élection

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas ce n’est pas si singulier, mais la Seconde République institue en 1848 le suffrage universel (vote de l'ensemble des citoyens, par opposition au suffrage censitaire qui est basé sur la fortune).

La majorité électorale, âge à partir duquel on peut voter et donc où l’on figure sur les listes électorales, est de 21 ans (jusqu’en 1974 où elle est abaissée à 18 ans). Ces listes, dressées par ordre alphabétique, indiquent pour chaque électeur : nom, prénom, profession, date et lieu de naissance, domicile.

Les listes sont diffusées en ligne quand elles ont plus de 100 ans (recommandations de la CADA (Commission d'accès aux documents administratifs) et de la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) s'opposant à la diffusion sur internet de données concernant des personnes susceptibles d'être encore en vie).

Jules apparaît dans les listes électorales :
  •  des Neyrolles, en 1905. Il a le numéro 10. Il est nommé Assumel Jules et dit scieur, né au Poizat et domicilié aux Neyrolles.
  •  de Martignat, en 1910. Il a le numéro 7. Il est nommé Assumel Jules et dit garde forestier, né au Poizat et domicilié à Martignat.
  • de Condamine la Doye, en 1913. Il a le numéro 1. Il est nommé Assumel Lurdin Jules Joseph Eugène et dit garde forestier, né au Poizat et domicilié à Condamine.
Extrait Listes électorales de Condamine, 1913 © AD01 
  •  de Condamine la Doye, en 1914. Idem.

Là encore, cette source apporte des informations qui peuvent pallier au manque d’état civil : date et lieu de naissance, profession, parfois même la parenté. Cela peut être très pratique si on est dans une impasse.

Pendant une fraction de secondes, je m’étonnais de ne pas trouver les épouses de Jules [ 1 ] : bien sûr, les femmes n’y figurent pas avant la fin de la Seconde Guerre mondiale puisqu’elles ne reçoivent le droit de vote que par une ordonnance du 21 avril 1944 (seulement !). Les mineurs, les étrangers et les personnes privées de leurs droits civiques n’apparaissent pas non plus sur les listes électorales.

Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Sources : listes électorales.

[ 1 ] Oui, il en a eu plusieurs : pour en savoir plus, rendez-vous le 8 juin !


jeudi 4 juin 2015

#ChallengeAZ : D comme domicile

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas vous allez vite le savoir, mais du fait de ses différentes nominations (notamment en tant que garde forestier), Jules va changer plusieurs fois de domicile.

Selon les sources, il est parfois difficile de le localiser. Ainsi, rien que pour l’année 1905, il est successivement dit « scieur aux Neyrolles » (acte de décès de son épouse, en juin) et « cultivateur au Poizat » (dans sa lettre de nomination au poste de garde forestier à Samognat, en octobre).
En fait, on ne peut se fier ni au métier ni à la localisation donnée par les sources, sans un certain recoupement. Ainsi, on l’a vu (cf. article A comme Assumel Lurdin), le métier de lapidaire exercé alors qu’il avait une vingtaine d’année, n’est qu’une activité secondaire, hivernale. De même, nommé garde forestier à Samognat, il n’habitera jamais cette commune.

Une seule source permet d’être sûre de ses différentes résidences : les recensements. Appelées listes nominatives de population, elles ont été dressées de manière systématique à partir de 1836, tous les 5 ans (sauf pendant les années de guerre). Elles indiquent, pour chaque commune, par rue et par foyer, les noms et prénoms des habitants, leur profession, leur place dans le ménage (chef de famille, épouse, fille, fils, domestique...) et, parfois même, l'âge, l'année et le lieu de naissance, la nationalité, les infirmités ou la religion.

Jules apparaît ainsi dans les listes de recensement du Poizat :
  • en 1896 (il a 20 ans). Il habite Monent avec ses parents, ses trois frères et sa sœur. Il est dit lapidaire.
Extrait du recensement du Poizat, 1896 © AD01
  • en 1901 (il a 25 ans). Il habite Le Replat avec sa mère, ses trois frères et sa sœur (son père est décédé en 1897). Il est lapidaire et patron. Il emploi probablement son frère Joseph âgé de 19 ans.
Il déménage ensuite et apparaît dans les listes de recensement aux Neyrolles :
  • en 1906 (30 ans). Il habite au "Village d'en bas" avec sa fille Blanche (dite née en 1906 aux Neyrolles, mais sa mère est décédée en 1905 : c’est une erreur du rédacteur – ou de son informateur – elle est née en 1903, et au Poizat, en fait [ 1 ]). Il est scieur (son patron se nomme Carrier).
Enfin, on le voit dans les listes de recensement à Martignat :
  • en 1911 (35 ans). Il habite à Grande Rue (Sur Muret) avec son épouse et sa fille Blanche (correctement dite née en 1903 au Poizat, cette fois, « fille »). Il est dit de nationalité française, garde forestier et « époux ».

Lorsqu’il déménage en Anjou dans les années 1920, on perd sa trace dans ce type de source. D’abord parce qu’il n’y a pas de recensement de la population en ligne en Maine et Loire. Et puis parce que de toute façon il n’y a pas de document postérieur à 1911 en ligne car les instances décisionnaires (CADA - Commission d'accès aux documents administratifs - et CNIL - Commission nationale informatique et libertés) s’opposent à la diffusion sur internet de données concernant des personnes susceptibles d'être encore en vie.

[ 1 ] D’où l’importance de bien toujours recouper les sources et ne de pas prendre pour argent comptant un document, tout officiel qu’il soit.

Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Sources : recensements, état civil.

mercredi 3 juin 2015

#ChallengeAZ : C comme candidature

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le saviez il fallait me le dire, mais en tant que garde des eaux et forêts, dépendant du Ministère de l’Agriculture, Jules Assumel-Lurdin figure régulièrement dans les documents dudit Ministère conservés aux archives départementales de l’Ain (une trentaine de documents ont été trouvés à ce jour). 

Ces documents consistent notamment en correspondance échangée entre des maires, Préfets, conservateurs des eaux et forêts, etc… au sujet de Jules et de cet emploi.

Ainsi une lettre du conservateur des eaux et forêts, datée du 11 octobre 1904 et adressée au Préfet de l’Ain, signale que la candidature de Jules au poste de garde forestier communal a été agréée.

Correspondance, archives du Ministère de l'Agriculture © AD01


« Mâcon, le 19 octobre 1904

Le Conservateur des Eaux et Forêts
A Monsieur le Préfet de l’Ain
A Bourg
En réponse à votre lettre du 18 octobre courant, j’ai l’honneur de vous faire connaître que la candidature de M. Assumel du Poizat, à un emploi de garde forestier communal a été agréée par décision du 22 septembre dernier.
Vous avez bien voulu également vous intéresser à d’autres candidats plus anciens et non moins méritants, mais M. Assumel sera proposé aussitôt que les circonstances le permettront.
Pour le conservateur en tournée
L’inspecteur régional délégué »

Il faudra néanmoins attendre le 31 octobre 1905 pour qu’un poste se libère et qu’il soit nommé à Samognat (à 25 km du Poizat où il résidait jusqu’alors).

C’est le début du parcours de Jules en tant que garde forestier qui commence. Il a alors 29 ans.

Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Source : état du personnel des eaux et forêts.