« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 29 novembre 2013

Rue del paleys

"Rue del paleys" aurait pu être le nom de ce blog.
C'est le nom de la rue où ont habité mes ancêtres éponymes à Conques à partir de 1775. On la trouve sous différentes mentions selon les générations : "rue del paleys"," rue del palays", "au palais". Et cette rue existe toujours !

Rue du Palais, Conques, coll. personnelle

C'est une petite ruelle montant vers les hauts de Conques. Qu'elle ne fut pas notre surprise et notre émotion de constater qu'elle était toujours là.

Mes ancêtres Astié sont originaires de Conques (Aveyron). Le plus ancien ancêtre est Antoine, marié à Conques en 1671. Au-delà de cette génération il n'y a plus registre. C'est donc le plus lointain ancêtre de notre famille. Si les curés dudit lieu ont parfois orthographié notre nom "Astier", ledit Antoine, lui signait déjà "Astié" - sans r à la fin.

Signature Antoine Astié, 1671, AD12

Pendant quatre générations, ils ont été vignerons. Au XVIIIème Augustin est chapelier puis cultivateur (sic), son fils Pierre Jean est cultivateur, puis "gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio". C'est le premier ancêtre qui quitte Conques.
Pendant longtemps, dans la famille, on a dit qu'on avait un ancêtre corse : en fait c'était ledit Pierre Jean, né à Conques mais simplement affecté en Corse ! Il finira ses jours à Aubin (près de Décazeville).
Son fils premier-né Augustin Pierre Jean a vu le jour la jour à Conques (avant le déménagement de la famille en Corse). C'est le premier de la famille à venir en Anjou, où on le retrouve à partir de 1875; Là vécurent les trois générations suivantes.
On ignore pourquoi il a quitté l'Aveyron. Mon grand-père avait laissé cette note :
"Il quitte Conques pour aller travailler et habiter à Angers, chez Monsieur Alexandre Rols, qui deviendra son beau-père. Le décès survenu à 48 ans de son beau-père et patron l'oblige à trouver un autre emploi. Il sera journalier dans une usine d'Angers, mais recherchera par ses propres moyens, à pied, à trouver du travail dans la région parisienne."
En effet, il déménage à Ivry. Il est enterré à Paris (13ème).

jeudi 28 novembre 2013

JF Borrat-Michaud, soldat 2ème classe (n°3)

"Bon chasseur, brave et courageux." C'est ainsi que Jean-François Borrat-Michaud est qualifié sur sa fiche militaire.
Peu après la bataille qui lui a valu la croix de guerre (cf. épisode n°2), le 27 février 1918, Jean-François est évacué du front et conduit à l'hôpital . . . pour une bronchite. Alors que les projectiles pleuvent de partout, que le fer et le sang se mélangent, il est transféré pour une inflammation des bronches. Bon, tant mieux pour lui, il a dû bien apprécier ce repos après les flammes. En tout cas, il n'a pas été gazé (m'a mère l'a connu), ce qui lui a permis de devenir déménageur après la guerre.
Il rejoint l'armée en avril 1918 après son passage à l'hôpital.
Le 10 juillet 1918, il est affecté au 54ème bataillon de chasseurs alpins (immatriculé sous le numéro 9952). Mais il n'y reste pas longtemps puisqu'en août il est proposé pour un changement d'armée : ce sera l'artillerie de campagne à tracteurs. 
Il passe ensuite dans la disponibilité/réserve où il est affecté dans le 84ème régiment d'artillerie lourde, le 9 septembre 1918. Le certificat de bonne conduite lui a été accordé. Enfin, il est mis en congé illimité de démobilisation par le 13ème régiment d'artillerie de campagne le 13 septembre 1919.

Il a survécu à la guerre.

Jean-François Borrat-Michaud entouré de sa famille, coll. personnelle

De retour de guerre, il pose fièrement avec sa famille en costume militaire, la croix de guerre ornant son revers. Ce cliché est une "photo-carte postale" comme cela se faisait autrefois. Malheureusement le verso est trop dégradé pour y lire la correspondance qui s'y trouvait.
Après la guerre, il s'installe à Eaubonne (Val d'Oise), où il occupe plusieurs appartement situés rue de Paris (aux n°29, 35, 14 et 27). En 1920 il épouse Marcelle Ursule Macréau. Ils n'auront qu'un seul enfant, André René Édouard mon grand-père.
Ils auront 5 petits-enfants, 14 petits-enfants . . . et cela continue, de génération en génération.

Il meurt le premier mars 1959. Je ne l'ai pas connu.

C'était mon arrière-grand-père.

[Merci à ma tante Nicole pour ce cliché photographique] 

mercredi 27 novembre 2013

JF Borrat-Michaud, soldat 2ème classe (n°2)

Le 9 septembre 1916, JF Borrat-Michaud est donc affecté au 51ème BCA. Il est immatriculé sous le n°10578. 

Extrait fiche militaire JF Borrat-Michaud, AD74

Le 51ème B.C.A. est formé à Annecy, le 2 août 1914. Son effectif comprenait : 
  • 17 officiers ; 
  • 2 médecins ; 
  • 1 156 hommes de troupe ; 
  • 91 mulets. 
Son organisation terminée, il est dirigé sur le front dès le 22 août et débarqué à St-Dié le 25. Puis il combat à Dijon où il subit de terribles pertes (1 100 hommes blessés, tués ou disparus), en Belgique puis vers Arras (fin 1914). Le bataillon, ayant reçus des renforts, va combattre dans les Vosges (1915, 1916).   
Jean François rejoint ce bataillon en septembre 1916. Le 51ème reçoit l'ordre de rejoindre l'Italie fin septembre 1917. L'embarquement a lieu le 2 novembre à Chavanges. Le Bataillon arrive le 4 dans la région de Lonato Peschiera.
La division est désignée pour tenir le secteur de Mont Tomba (Monte Fenera, relevant la 17ème D.I. italienne). Le Bataillon se trouve à droite du secteur en réserve du 4ème groupe de Chasseurs.
Le secteur est soumis à un tir très violent de l’artillerie ennemie. Le Bataillon a perdu quelques hommes pendant les travaux d’organisation. Le 12 décembre 1917, il relève le 11ème C.A. en première ligne. Il reste jusqu’au 20 et passe en réserve de sous-secteur, ayant été relevé par le 11ème B.C.A. Il y a quelques tués et blessés par l’artillerie durant cette période. Le 26, il relève en première ligne le 12ème bataillon. 

Le 27, une instruction secrète du Général de Division fait connaître qu’une attaque, à laquelle prendra part le 51ème, aura lieu avant la fin de l’année. Les préparatifs en sont poussés rapidement.
L’attaque aura lieu le 30 décembre 1917, à 16h 05. A l’heure indiquée, les compagnies d’assaut sortent des tranchées et marchent sur leurs objectifs, derrière le barrage roulant. Vingt minutes après, tous les objectifs sont atteints. Le Bataillon capture 24 officiers et 550 hommes, ainsi que 2 canons de 77, 3 engins de tranchées et 16 mitrailleuses. Leurs pertes sont de 13 tués, 45 blessés dont 4 officiers. 
En résumé, le Bataillon a attaqué avec trois compagnies sur un front d’environ 1 000 mètres, une position composée de deux lignes de tranchées, réunies par des boyaux occupés par plus d’un bataillon ennemi et une vingtaine de mitrailleuses. Le nombre de prisonniers capturés est supérieur à l’effectif des troupes d’assaut. 
Ce magnifique fait d’armes a valu au 51ème Bataillon la citation à l’ordre de la Xème armée. [ ** ]

Citation à l'ordre de la Xème armée, coll. personnelle  

A noter : ces hauts faits d'armes sont cités dans les "journaux des marches et des opérations" du bataillon. Extraits : 
  •  Le 1er, 2 et 3 décembre sont décrits les itinéraires suivis par le bataillon, les bivouacs, les cantonnements. 
  • Le 27 décembre la rumeur d'une grande attaque parvient aux hommes.
  • Le 30 décembre l'attaque est minutieusement détaillée (voir l'article "pas à pas" de décembre 1917).
  • Le 3 janvier : "Repos. Travaux de propreté. Le bataillon a le regret d'apprendre la mort du sous lieutenant Bremand à l'hôpital. [ . . . ] Messages de félicitations de la brigade italienne. [ . . . ] Lavage du linge. Nettoyage des effets et des armes." 
  • Le 6 janvier : "Le lieutenant Roux présente au Général d'Infreville commandant le 31è CA et au Général Maistre commandant le Xème armée le matériel enlevé à l'ennemi par la 47ème Division à l'attaque du Monte Fenera." 
  • Le 19 janvier : "Le Général Fayolle, commandant supérieur des forces françaises en Italie passe en revue le Bataillon, à 16h, à Cartigliano. Il donne lecture de la citation du 51ème et décore son fanion." 
  • Il faut attendre le 1er février pour que soit retranscrite la Citation.  
On retrouve la citation dans un ouvrage intitulé "51ème Bataillon de chasseurs alpins" [*].
Jean-François, simple soldat, n'est jamais cité dans ces journaux. [***]

. . . Affaire à suivre . . .

(Sources : * Gallica  ** Ancestramil  *** Mémoire des hommes)