« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

lundi 2 décembre 2013

Ouragan et inondation

En 1751 à Foudon (aujourd'hui le Plessis Grammoire, Maine et Loire) se sont abattus ouragan, tremblement de terre et inondation :

Extrait registres paroissiaux Foudon, AD49

[page 1]
 « le 15 mars 1751 est arrivé dans cette province, et dans
plusieurs circonvoisines et autres un ouragan si terrible
que de memoire d'homme lon en avoit iamais entendu
parler d'un semblable le recit que ienfais est aussi véritable
que paroistra surprenant ala posterité, ce desastre epouvan-
table cause par la la foudre des vens opposés les uns aux autres
et par un tempete accompagnee d'un tramblement deterre
terrible qui sest fait sentir entre onze heure et minuit et a
duré iusques à quatre heures un quart, a reveille les plus
assoupis, tout le monde son surpris sortoit meme deleurs
lits [mot rayé] et deleurs maisons croyant tous y perir, en entendant
les couvertures des maisons voler en lair tombant par terre
une partie des cheminees tomboit tant dans les chambres
que dans les rues chacun deploiroit son sort ne sachant
ou se mettre enfuite; ily a eu au moins deux cents maisons
a angers qui ont etes entierement ruine plusieurs eglises
delabres tant a angers quala campagne entre autre leglise
cathedralle
pour la plus grande partie, delabrees plusieurs
clochers tant en ville qua la campagne abbatues en autre celuy
celuy delabars [?] de st nicolas dangers, beaucoup de moulins
a vens et a leau emportes; en outre ily a eu bien dudegats
dans la Campagne de cette province tans sur les maisons
eglises champs vignes arbres detoute especes defruits et
autres qui etoient dune grosseur prodigieuse ont etes  
[page 2] 
renverse et deracine par leurs rasines pendant
presque tous les iours de cette annee ily a eu des
pluyes continuelles et abbondantes qui ont cause de
grandes innondations qui ont ruines les cultures et
les champs et qui ont causes une disette affreuse detoute
sorte despece de grains, vins et fruits et foins cequi a
cause une grande cherte et arendu les denres nescesaire
ala vie de l'homme et des annimaux dun pris dont
ily avoit un tres long temps quelon en avoit entendu
parler " 

Plusieurs de nos ancêtres, habitants du lieu, ont dû connaître ces événements climatiques exceptionnels : les familles Peulier, Moreau, Le Tessier, Bouguié, Chedanne.


samedi 30 novembre 2013

Sous le Gros Tilleul

Samoëns (Haute-Savoie) pourrait être le berceau de mes ancêtres maternels [ * ]. Sur la place trône le Gros Tilleul, un très vieil arbre, centre de vie et de socialisation de ce bourg de montagne.

Le Gros Tilleul, Wikipédia

Cet arbre a été planté en 1438 pour célébrer le retour de différents pâturages dans le giron de Samoëns.

Joseph Auguste Borrat-Michaud est né à Champéry, en 1863 de père inconnu. Sa mère Marie Justine a dû avoir une vie plutôt . . . "active" car elle avait déjà eu deux autres enfants illégitimes avant notre ancêtre (un premier de père inconnu, le second d'un homme qui était son compagnon, mais ils n'étaient pas mariés).
On retrouve Joseph à Samoëns alors qu'il est âgé de 23 ans (1886). Il apparaît dans le recensement, habitant le village de Mathonex, sous le nom de Joseph Michaud (nom qu'il emploie pour signer). Il est dit cultivateur domestique. En 1893 il épouse Adélaïde Jay - qui s'orthographiait Jaÿ et se prononce Ja-i.

Extrait de l'acte de mariage : "[...] Chacun d'entre eux ayant répondu séparément et affirmativement nous avons prononcé au nom de la loi que Monsieur Borrat-Michaud Joseph Auguste et Demoiselle Jay Antoinette Adélaïde sont unis par le mariage. Et à l'instant les époux nous ont déclaré reconnaître et légitimer 1° Jay Félicie Césarine née à Samoëns le 17 février 1881 enregistrée à la mairie de Samoëns comme enfant naturel de Jay Antoinette Adélaïde 2° Borrat-Michaud Marie Louise née à Samoëns le 28 décembre dernier enregistrée à la mairie de Samoëns comme enfant illégitime de Borrat-Michaud Joseph Auguste déclarant et de Jay Antoinette Adélaïde."

La vie "active" perdure donc à cette génération. Deux autres enfants viendront compléter cette famille (légitimes ceux-là), dont Jean François, que nous avons suivi pendant la première guerre mondiale dans ce blog. Dans le recensement de 1911, il est nommé Mechond.

Pendant longtemps on a cru, dans la famille, qu'Adélaïde était de la même fratrie que la fameuse Marie Louise Jay, fondatrice de la Samaritaine à Paris (la "Jay" de Cognacq-Jay). En fait oui - ou presque : il faut remonter 12 générations au dessus d'Adélaïde pour avoir un ancêtre commun : Humbert, né en 1595. Difficile d'avoir des prétentions sur l'héritage de la Samaritaine.

Les Borrat-Michaud déménagent dans la région parisienne, vraisemblablement dans les années 1920. 

 Jean-François Borrat-Michaud et son épouse Marcelle Ursule, née Macréau, 
coll. personnelle

C'est André, fils de Jean-François, qui rejoint l'Anjou, faisant la jonction avec la branche paternelle de mes ancêtres.

[ * ] En réalité les Borrat-Michaud sont originaires de Suisse, juste de l'autre côté de la frontière à Champéry (Valais). Hélas je ne possède que les relevés de l'AVEG (Association Valaisanne d’Étude Généalogique), aucun acte, aucune autre information.
Donc, en trichant un peu, on va dire que Samoëns est le berceau, ou tout au moins compte dans notre histoire; ce qui n'est pas faux puisque de nombreux ancêtres issus de branches maternelles en sont originaires. Cette branche est donc, pour le moins, alpine.

vendredi 29 novembre 2013

Rue del paleys

"Rue del paleys" aurait pu être le nom de ce blog.
C'est le nom de la rue où ont habité mes ancêtres éponymes à Conques à partir de 1775. On la trouve sous différentes mentions selon les générations : "rue del paleys"," rue del palays", "au palais". Et cette rue existe toujours !

Rue du Palais, Conques, coll. personnelle

C'est une petite ruelle montant vers les hauts de Conques. Qu'elle ne fut pas notre surprise et notre émotion de constater qu'elle était toujours là.

Mes ancêtres Astié sont originaires de Conques (Aveyron). Le plus ancien ancêtre est Antoine, marié à Conques en 1671. Au-delà de cette génération il n'y a plus registre. C'est donc le plus lointain ancêtre de notre famille. Si les curés dudit lieu ont parfois orthographié notre nom "Astier", ledit Antoine, lui signait déjà "Astié" - sans r à la fin.

Signature Antoine Astié, 1671, AD12

Pendant quatre générations, ils ont été vignerons. Au XVIIIème Augustin est chapelier puis cultivateur (sic), son fils Pierre Jean est cultivateur, puis "gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio". C'est le premier ancêtre qui quitte Conques.
Pendant longtemps, dans la famille, on a dit qu'on avait un ancêtre corse : en fait c'était ledit Pierre Jean, né à Conques mais simplement affecté en Corse ! Il finira ses jours à Aubin (près de Décazeville).
Son fils premier-né Augustin Pierre Jean a vu le jour la jour à Conques (avant le déménagement de la famille en Corse). C'est le premier de la famille à venir en Anjou, où on le retrouve à partir de 1875; Là vécurent les trois générations suivantes.
On ignore pourquoi il a quitté l'Aveyron. Mon grand-père avait laissé cette note :
"Il quitte Conques pour aller travailler et habiter à Angers, chez Monsieur Alexandre Rols, qui deviendra son beau-père. Le décès survenu à 48 ans de son beau-père et patron l'oblige à trouver un autre emploi. Il sera journalier dans une usine d'Angers, mais recherchera par ses propres moyens, à pied, à trouver du travail dans la région parisienne."
En effet, il déménage à Ivry. Il est enterré à Paris (13ème).

jeudi 28 novembre 2013

JF Borrat-Michaud, soldat 2ème classe (n°3)

"Bon chasseur, brave et courageux." C'est ainsi que Jean-François Borrat-Michaud est qualifié sur sa fiche militaire.
Peu après la bataille qui lui a valu la croix de guerre (cf. épisode n°2), le 27 février 1918, Jean-François est évacué du front et conduit à l'hôpital . . . pour une bronchite. Alors que les projectiles pleuvent de partout, que le fer et le sang se mélangent, il est transféré pour une inflammation des bronches. Bon, tant mieux pour lui, il a dû bien apprécier ce repos après les flammes. En tout cas, il n'a pas été gazé (m'a mère l'a connu), ce qui lui a permis de devenir déménageur après la guerre.
Il rejoint l'armée en avril 1918 après son passage à l'hôpital.
Le 10 juillet 1918, il est affecté au 54ème bataillon de chasseurs alpins (immatriculé sous le numéro 9952). Mais il n'y reste pas longtemps puisqu'en août il est proposé pour un changement d'armée : ce sera l'artillerie de campagne à tracteurs. 
Il passe ensuite dans la disponibilité/réserve où il est affecté dans le 84ème régiment d'artillerie lourde, le 9 septembre 1918. Le certificat de bonne conduite lui a été accordé. Enfin, il est mis en congé illimité de démobilisation par le 13ème régiment d'artillerie de campagne le 13 septembre 1919.

Il a survécu à la guerre.

Jean-François Borrat-Michaud entouré de sa famille, coll. personnelle

De retour de guerre, il pose fièrement avec sa famille en costume militaire, la croix de guerre ornant son revers. Ce cliché est une "photo-carte postale" comme cela se faisait autrefois. Malheureusement le verso est trop dégradé pour y lire la correspondance qui s'y trouvait.
Après la guerre, il s'installe à Eaubonne (Val d'Oise), où il occupe plusieurs appartement situés rue de Paris (aux n°29, 35, 14 et 27). En 1920 il épouse Marcelle Ursule Macréau. Ils n'auront qu'un seul enfant, André René Édouard mon grand-père.
Ils auront 5 petits-enfants, 14 petits-enfants . . . et cela continue, de génération en génération.

Il meurt le premier mars 1959. Je ne l'ai pas connu.

C'était mon arrière-grand-père.

[Merci à ma tante Nicole pour ce cliché photographique]