« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

lundi 30 juin 2014

#ChallengeAZ : Z comme Merci à tous...

... ou comme Zut c'est fini !
 
Billet rédigé à partir des articles du Challenge AZ 2014 : que leurs auteurs soient remerciés pour leur participation involontaire (et qu’ils me pardonnent pour les quelques libertés que j’ai prises, tordant parfois un patronyme pour le transformer en nom commun : nécessité de service ! * ).
Chaque mot en gras est le titre d’un article paru en ce mois de juin. Ils ont été regroupés anonymement avant d’être à nouveau tissés pour en faire une histoire. Certains d’entre vous se reconnaîtrons (je n’ai pas pu mettre tous les titres d’articles – on en compte plus d’un millier pour une soixantaine d'auteurs - j’espère que vous me pardonnerez).


The End © allthingsd

26 lettes pour 1 voyage
Franchement, ça sert à quoi la généalogie ?

On convoque le ban et l’arrière-ban des ancêtres. Ils sont tous là : les Antoine, les Bujaud, les oncles d’Amérique ; ceux dont les surnoms traduisent notre affection, et notre amour fraternel comme Badie ; ceux qui ont des prénoms bizarres comme Angevine ou Barbe. Qu’il soit Lozérien parti de rien ou soldat mort pour la France, qu’il ait un bras coupé, qu’il soit gros, grand, gras, gentil ou qu’il soit invalide bardé de décorations de la guerre de 1870 ou de la guerre de 1939-45. Ils sont tous là, on vous dit !

La méthode est simple : au début c’est juste un jeu de piste à la recherche des origines, du temps, des marques du passé. Wanted ! Il suffit de questionner, fouiller dans les archives et la bibliographie, transcrire, déchiffrer un document, jouer au détective, classer les cartes postales et les contrats de mariage. De cujus et implexe nous emmènent au BAVCC (Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains). Il faut avancer pour trouver l’aiguille dans la « botte de source ». Saperlipopette ! Trois mariages d’un coup ! L’information tant désirée tombe : on est en Liesse et on esquisse une danse artistique (une kas a-barh bien sûr), c’est la bénédiction des cloches ! Taïaut ! Epiphanie ! Youpi ! On peut jubiler et publier un faire-part pour annoncer la bonne nouvelle : rendez-vous en 2015 pour un repas de fête en fanfare, une joyeuse kermesse. Uniforme et robe perlée seront sortis de la remise. Préparons-nous à plonger la fourchette en fer dans le quart à boire.

Avec un peu de hasard, notre carnet de bal est complet. Yes ! Si on n’a pas de chance, c’est zéro . . . L’éclipse de mémoire : y’a un problème. C’est Waterloo. On se croit bon pour l’asile ou les hôpitaux du Xème arrondissement et on veut abandonner, crever en chemin (et/ou voir le docteur). On se trouve face à des blocages. Beaucoup de blocages. Questions sans réponse. Panne, pause et passe. Galères ! Mystère ! Misère ! C’est le naufrage. Mariage où es-tu ?

Et puis on a beau tout baliser, borner, on n’évite pourtant pas les surprises. Cachotier, va ! Soudain le destin des sœurs de Constantine se révèle à nous : ces dames déclarent leur dot avant de contracter une union avec des couvreurs à paille ou des charbonniers. Mais attention, les douairières veillent sur leurs oies comme Junon Moneta à Rome Roubaix ( ! ), leurs regards de dragons empêchant tout descendant de se faire déserteur. C’est l’histoire d’une découverte d’une branche généalogique, quoi. Zoom sur les us et coutumes d’une union dans le bocage Normand.

Au bout d’un temps x, on dispose d’un wagon  (ou un wagonnet) de source d’informations généalogiques à utiliser avec prudence. Car il faut rester méfiant : attention aux homonymes et erreurs de débutants. Ne pas confondre une habitation et un hôpital militaire. Relis-le encore ! Après tout, rien à voir entre un garde royal et un garde républicain ! Il ne faut pas s’emmêler les pinceaux. Pas de doute ! S’ouvrir pour se laisser pénétrer de l’orthographe des noms qui oublie le bon ordre et mélange marraine et neveux. Martin devient Martineau. Usurpation d’identité. Patronymes en X. Poser les bonnes questions : qu’est-ce que c’est que ce prénom ? Qui était Pétronille Le Quement ? Les « qui, quoi, quand » amènent le « qui je suis ».

Même si on ne reçoit pas que des monnaies royales en héritage : les histoires de dot et d’héritages sont toujours complexes. On fait x découvertes, mais on ne choisit pas plus de descendre des Habert, lignée de bouchers protestants à Sancerre, que de Georgette Brisbarre ; une fière famille fraxinienne ou une fille-mère ? Seigneurs et sieurs, garçons et filles, composent notre hoirie. L’hiver et la famine a décimé notre famille ? Ou bien est-ce la grève et la guerre mondiale ? Terreur, gueules cassées, vies brisées. Quelle connerie la guerre. Il faut gérer. On découvre que Isabelle Matey, enfant trouvée, a provoqué des hommes d’armes devant l’Hôtel-Dieu Saint Jacques un jour de noces à Ingolstadt. Elie Chaume, gendarme de l’empire l’a arrêtée. La voilà devenue hors la loi. La justice laisse des traces. Bon ou mauvais, notre genosociogramme est fécond. C’est l’illustration de nos héritages et successions. Houeran, Hiltiti et autres histoires hallucinantes peuvent aller se rhabiller.

Notre cadre de vie évolue avec nos recherches : on passe du cocon au camp d’extermination, du carnaval à l’atrocité des ancêtres. On voyage de l’Arverne à l’Armorique, de l’Algérie à la Belgique. On découvre des hameaux alternatifs qui nous étaient inconnus jusqu’alors et terriblement exotiques : Bonaventure à la pointe au Maquereau, Crespano ou Brens. Des lieux plein de Charmes. Entrons dans ces constructions habitées ou inhabitées, ces granges dîmières, ces domiciles entouré d’arbres. Découvrons des métiers disparus comme le droguetier ou le marcaire. Passons d’un curé contestataire à un chanoine honoraire, faisant leurs dévotions et liturgies dans les enclos paroissiaux.

Inutile de s’impatienter : petit à petit, les travaux d’aiguille généalogiques esquissent une carte de descendance, forment une dentelle de cousins et cousines remués de germain. C’est l’ivresse. La famille est dans la boîte. On peut alors cuisiner une bonne cousinade. Faire un véritable événement à Mellier, priant Saint Dieudonné qu’il n’y ait pas de catastrophe ce jour-là. On veut juste rencontrer Albert, le frère inconnu, laboureur à Nantua. Et fêter les retrouvailles du frère Gervais de Saint Ilpize et de l’oncle Orwell juge de paix aux tribunaux de Kerleux. Un Who’s who d’ancêtres. Leur lien ? Tous portent le même nom de famille. Ça alors : les ancêtres de Nathalie partagent l’origine de Jean-Louis Roy ! Ce rendez-vous est une ruche. Tous figureront sur les photos de famille, ces souvenirs d’une rencontre unique, ou sur un film partagé sur Youtube.

On se voit bouger sans quitter la bibliothèque : Depuis les quais de gare, monter dans une barque pour voyager à la Belle Epoque. Déposer un brevet d’invention surprenant pour sauter d’un baillage à une frontière, d’un four banal à une brasserie. Rencontrer un Cévenol en Dordogne, un Boche en Argentine.

Pour la gestion des recherches, chacun sa méthode : Georges l’octogénaire, trie ses fichiers, notant, fébrile, les informations sur les lieux d’implantation des ateliers monétaires royaux. Thérèse, la veuve, cherche des signatures dans tous les registres : « mes outils de recherche ? tables décennales, livret de famille, registre matricule, recensements, hypothèque, testament, inventaire après décès, succession. Oh ! il y a aussi la série J une série à ne pas manquer ». Pour d’autres, il y a internet : de la bibliographie on passe à Geneastar (site web de généalogie), des images pieuses à Instagram. Vive les échanges électroniques qui sont encore plus rapides. Le logiciel de généalogie édite la liste d’ancêtres, les statistiques des métiers depuis mil cinq cent soixante dix à aujourd’hui. Chic !

Mais attention à l’usure du temps. Préservez vos photos ! Car elles vous permettront de partager, de raconter votre histoire et leurs vies : Albert Prudhomme, mort pour la France, Papy et Mamie sont mariés au Plessis-Grammoire, les Optants d’Alsace Moselle... Ils sont tous aujourd’hui au Walhalla, paradis des guerriers.

Mes oncles d’Amériques, légende ou réalité ? Identifier un ancêtre que l’on n’a jamais vu sur une photo . . . Missions impossible ? Pas autant qu’un double mariage catholique et protestant. Il faut juste prendre du temps et, parfois, ajouter un jour complémentaire au calendrier. Faire travailler la mémoire orale pour éviter la noyade des souvenirs. Sinon c’est un code secret format XXL assuré. Et on peut faire une croix sur l’identification : inconnu à jamais.

Être méthodique et, tel un moine copiste, trier des kilomètres d’actes et de données : acte de naissance, avis de décès, inventaire, journaux, une kyrielle de prénoms, le Larousse familial, les listes nominatives de recensements de la population et le livret militaire du grand-père. Et les témoins : ne les négligez pas ! Et là tu te demandes : est-ce mon karma ou suis-je kamikaze ? Des kilomètres de livres et de revues dont les lectures nous font frétiller les moustaches. Plongeons dans la Mémoire des hommes tel un mineur de fond pour y déceler Legris, un maire assassiné, les cousins Jacquet en photo nés de père inconnu ou Louis Linard et sa particularité physique. Pas de trève pour les braves.

Asseyez-vous et écoutez : Il était une fois une histoire d’adoption, celle d’Olympe Desmarez, FFI à Gavarnie. Ou bien l’histoire d’un village : Magnagues (ça se fait aussi). Il y a 100 ans, des inconnus ont allumé des incendies. Nos recherches leur donnent l’immortalité. On ressuscite des instituteurs et des institutrices, pris dans une tempête de neige dans les Alpes ! mais surtout une kyrielle de travailleurs de la terre. "Iémai ! Arrête de iouquai dans la iôrbe !" ("Eh ! mais ! arrête de gesticuler dans l'escalier !") nous chuchote Henry Deschamps dans son idiome vosgien. Il était aussi maire d’Hagondage et les jours de foire ses jumelles s’échangeaient figurine ou poupée contre des jouets fabriqués à Istanbul en 1919. Pas de quoi jubiler ? Peut-être. Mais c’est notre histoire, et pas de celles qu’on raconte à la veillée. La vie d’autrefois. La vraie.

Le calendrier nous fait passer d’un baptême au cimetière, sans laissez-passer, ni procès verbal. Inhumation, monument aux morts et obsèques nous sont aussi familiers que mariage, sœur ou jumeaux. C’est le quotidien de notre quête.

Et nous voilà déclarante, d’un débit de chirurgien, qu’il n’y a pas de Chochot à Douzy ! Pas de quartier ! La Belgicité nous fait perdre la boule (ou la bocce, n’est-ce pas ainsi qu’on le dit en Català ?). Tout s’embrouille : l’abbé anglais à Amettes, le bourgeois de Paris donnant bail à sa bru bouquetière. Préfères-tu être coqueleux ou coulonneux ? Mais tout dépends si tu es de Carennac ou de Cassac !

Qui est M. X, tabellion à Yzernay ? Saint Yrieix n’est pas en Westphalie ? Ton association préférée est là, tel Zorro, pour résoudre cette épidémie d’épines. Une donation utile et des étrennes au cercle généalogique pour les remercier ? Bon, en attendant de leur décerner un blason, je retourne dans les Ardennes. L’entraide et le travail collaboratif nous débloquent sans délais : et voici la vie de Marie Bailly !

On y pense tout le temps. Je cherche donc je suis. L’hérédité sonne à nos oreilles comme l’horloge de l’Aïeul. Une mélodie entêtante au piano en ut ou la mineur.

Même si notre famille ne le comprend pas toujours. Les enfants naturels, ou non, partants à l’école, nous évoquent ces frères, au destin tragique ; l’épouse, la femme découverte sous un chêne, le grand-père ressuscite Guibert, soldat de la division d’Orient. Excuse-moi Claude . . . qu’est-ce que tu disais ? Joker. Vous avez beau vous excuser avec élégance, c’est la Révolution qui couve à Fresne sur Escaut, la foudre se fait entendre, le volcan gronde. La zizanie. Bientôt les dragonnades ! On s’y croirait : c’est la guerre, des ancêtres sur le champ de bataille. Mais le goût de(s) l’enquête(s) est plus fort. Après tout c’est l’histoire familiale, écume de l’océan.

Ôtez-moi d’un doute... vous y croyez, n’est-ce pas ? Et « t’as sans doute pas encore tout vu ! ».

Des images s’imposent. Eugénie la fileuse visitant l’exposition universelle de 1900, l’éclampsie de Catherine d’Espinal, la fiche individuelle de Felix Fournier à Faulx, Fernande Gallet partie trouver... son amoureux. Vous avez beau lutter, vous vous rêvez faiseuse de porte-plume, éleveuse de vers à soie, profession à risque si l’en est, ou bien employé des fermes du roi. On joue aux osselets avec la médaille de la famille d’Euphémie Duhamel et la légion d’honneur de Théodore Tocquart, le trisaïeul...

Des informations insolites, véritables incongruités, ont été trouvées. C’était dans le journal . . . Mais lequel ? Le journal de famille, le journal militaire, les JMO (journaux d’opérations militaires 14/18). Je le jure : jamais plus je n’oublierai mes sources ! Noter, numéroter, il en restera bien quelque chose. De l’organisation !

Et parfois, c’est l’inattendu : On cherche l’origine de Nîmes et on trouve l’origine d’une recette. Du registre apparaît un souvenir : une tante, servante chez Sébastien Loyauté, a noté ses recettes de religieuse et pets de nonne. Chouette ! Du pain béni. On va pouvoir l’utiliser pour ravir les triplés en villégiature à Vanves... « Sérendipiter » (faire une découverte par hasard) pour mieux trouver.

La vérification des sources nous amène à lire les archives judiciaires sur le web, à cause de quelques cas généalogiques, comme Raoul Servais, témoin dans une affaire criminelle : le cas de la « voisine assassinée en Vendée ». Thomas Gaillet, vigneron, père de quarante ans et soutient de famille, voit son union brisée par le geste de Sylvestre Cariou, de retour du service militaire en Suisse, réclamant la paternité et filiation de la petite Marguerite. Elisabeth, sa mère, obéissant à son instinct maternel, a l’a cachée derrière le four à chaux de Fontenay ; mais elle n’a pas pu éviter la querelle tragique, le coup mortel d’un ustensile appartenant à Xxx, cet inconnu. La véracité des faits ayant été établie, l’ouvrier criminel a été jugé coupable à l’unanimité par le juge-mage et son jury. Une vie bien courte. Une plaque commémorative en gardera le souvenir. Les amoureux seront à nouveau réunis en terre, dans leurs ultimes demeures. Comment rester les yeux secs ? Être zen ?

Alors, Denis Villecourt ? Tu ne veux pas être gratteur de pierre (pour avoir du lichen) à Issoire. Très bien : domestique tu resteras ! Après tout c’est naturel. C'est ton destin... De l’origine des choses. Mes ancêtres Mosellans de Plappeville ont eu nombre d’enfants. Qui s’en souvient ? A-t-on l’obligation de les faire revenir ? Question de transmission, de réhabilitation. Plusieurs possibilités s’offrent à nous : oubli (volontaire ?) ou partage ? La psychogénéalogie : généalogie comme thérapie ? La généalogie, une nourriture terrestre, les noces de la noblesse et de l’ouvrière papetière d’Ouroux dans le Rhone ?

Vérole ! Encore un vigneron ; Y’en a encore ? Parfois c’est la lassitude : Kesako ? Vous en avez assez des hiéroglyphes. Vous êtes noyé ! Denis est en difficulté. Géraud, Giraud se confondent. Ni Geneanet ni Heredis ne vous aident plus. Etre KO. Dire qu’il reste toute la génération 6 (à terminer). Y’a toujours à faire ! Vous cherchez Foudon en vain et le décès de Bernard Gardet reste un mystère. Claudine Massamier, disparue du Colombier, est nulle part. Il faut prendre des vacances. Alors c’est juré : cette fois c’est fini ! Elophe peut bien repartir en Espagne.

Mais… rapidement vous ressentez une étrange et étonnante absence. Il vous manque quelqu’un ou quelque chose. Qui, quoi, qu’est-ce... 

Et c’est plus fort que vous : la noble Dame de Pen Bizien vous rappelle. Les patronymes oubliés ressurgissent. Pas besoin d’avoir fait ESM (Ecole Supérieure Militaire) de St Cyr. La généalogie vous tient ! C’est un non-choix parce que c’est votre nature. Où faut-il signer ? Et vous voilà à nouveau replongé dans l’état civil et les BMS. Vous redevenez écoliers en 1905, fermiers généraux à Genouilly ou greffier à Germolles sur Grosne (Saône et Loire). Le gendarme Braillard et sa famille vous racontent des histoires de loup, et vous vous replongez dans l’histoire du siège de Paris en 1871, rien que pour le plaisir. Comment résister à Hautemayou et l’étrange épitaphe du cimetière St Simon ? Quand le vin est tiré il faut le boire. Y a-t-il une fin en généalogie ? Mais peut-on se satisfaire d’avoir des branches à tout jamais inconnues ?

Soudain, on se retourne : dix ans déjà ! On est que des amateurs, mais on reste amoureux de l’aventure, une passion dévorante... que l’on transmet à nos enfants, bien sûr ! Alors il ne faut plus hésiter. Même si ce n’est jamais fini. Tant qu’il en restera un...

Généalogiquement votre,

Xxx, les auteurs du ChallengeAZ 2014



Pour retrouver tous les articles du ChallengeAZ 2014, cliquez ici

* J’ai néanmoins laissé l’orthographe des titres telle quelle, ce qui a pu amener de jolies fautes dans mon texte : comme dans un document d’archive, je ne les renie pas . . .

samedi 28 juin 2014

#ChallengeAZ : Y comme Y'a un problème...



De temps en temps, si on est attentif, on s’aperçoit qu’il y a comme un problème.

Calendrier

On compte les jours du calendrier et là on voit... 

- Des grossesses trop courtes : 

  • Deschesnay Perrine est née en avril 1704, tandis que ses parents se sont mariés en novembre de l'année précédente (soit cinq mois seulement avant sa naissance). Son mari Hervé Pierre, est lui-même né en mai (1714) tandis que ses parents ne se sont mariés qu'en février (soit trois mois avant sa naissance) !
  • Honoré Lejard a épousé en première noce Marie Bienvenue en 1867. Il épouse ensuite Louise Châtelain le 7 janvier 1883, alors que sa première épouse n'est décédée que trois mois plus tôt, en octobre 1882. Un fils naît de cette seconde union (qualifiée de "légitime") seulement deux mois après le mariage et cinq mois après le décès de la première épouse, en mars 1883 ! Ce fils est le frère de mon ancêtre Louise Joséphine.
  • Pinot Martin fait un second mariage, en avril 1715, après le décès de sa première épouse Nouchet Catherine (décédée en février 1714); une fille naît de cette seconde union en juin 1715 (soit deux mois après les noces). Martin est alors âgé de 59 ans, son épouse est de 20 ans sa cadette.
  • Coutand François et Cousseau Renée se marient le 12 novembre 1736 et leur premier fils Pierre naît le 22 décembre de la même année, soit un mois et demi après les noces.


- Une grossesse vraiment très courte ! 

  • Bertrand François et Boissinot Modeste déclarent deux naissances à un mois d'intervalle : le 21 thermidor an 11 et le 5ème jour complémentaire an 11, soit le 9 août 1803 pour le premier et le 22 septembre 1803 pour le second ! Le premier de ces enfants est mon ancêtre Marie Françoise.


- Des pères inconnus... pas tant que ça :

  • Chaillous Cécile, épouse de Puisant Noël, est la mère d’un fils, né quelques mois avant son mariage, né de père inconnu, mais prénommé Noël... Ce fils est le frère de mon ancêtre Charles Prosper.
  • Lors de leur mariage, Borrat-Michaud Joseph Auguste et Jay Antoinette Adélaïde (en 1893) demandent à reconnaître et légitimer deux filles, née en 1881 pour la première (dite "enfant naturel de Jay Antoinette") et 1892 pour la seconde (dite "enfant illégitime de Borrat-Michaud Joseph").

 Et ce n'est qu'un florilège (j'ai d'autres exemples, mais ne lassons pas le lecteur... ).


vendredi 27 juin 2014

#ChallengeAZ : X comme Xxx, cet inconnu

Ma généalogie est parsemée de Xxx. C’est sous ce terme que sont désignés les prénoms ou noms inconnus.

Détail de l'arbre généalogique

La plupart du temps, ce Xxx est adopté lorsque le nom ou le prénom n'a pas été déchiffré. D'ailleurs, cet état n’est pas toujours définitif : l’écriture du rédacteur de l’acte devient plus familière à force de lire les registres (on s’habitue à la curieuse façon de faire les R chez untel par exemple) et par analogie on arrive à déchiffrer le nom (voir l'article Kesako ? de ce challenge). Ou dans un autre acte il est mieux écrit.

Ou bien encore d’autres généanautes ont été plus clairvoyants et nous donnent la clé pour percer le mystère. Mais parfois on trouve autant de versions du même nom que d'arbres généalogiques en ligne. Du coup, le choix est difficile, voire impossible : pourquoi adopter telle version plutôt qu'une autre ? Alors, en attendant de trouver un acte plus lisible que les autres, je garde le Xxx.

Au début j'avais centré mes recherches sur mes ancêtres directs. Puis, petit à petit, j'ai élargi à tous les enfants de mes ancêtres (enfin, tous ceux que j'ai trouvé). De ce fait, je vois les patronymes plus souvent écrits, et parfois par une autre main lorsque le rédacteur de l'acte change avec les années; ce qui permet de temps en temps de déchiffrer les noms inconnus.

Quelques fois, ce Xxx est choisi simplement parce que le rédacteur de l’acte n’a pas mentionné le nom. Par exemple : « Marthe, fille de Simon Drouard et Françoise ses père et mère ». N'étant pas extralucide, et en l'absence d'autres actes, ladite Françoise est nommée Xxx.

On retrouve aussi ce Xxx pour les enfants mort-nés et non prénommés. En effet, si la plupart du temps les enfants mort-nés sont prénommés avant d’être inhumés, il arrive parfois que ce ne soit pas le cas (ou alors le rédacteur de l’acte a omis le prénom).

Enfin, quatre personnes cumulent le Xxx à la fois dans le nom et le prénom : ce sont toujours des premières épouses non nommées dans l'acte de second mariage de l'époux. Exemple : "Jean Fonteny veuf de la paroisse de Cerizay". Comme il fallait bien mettre quelque chose dans la case ajoutée dans le logiciel de généalogie, j'ai opté pour le double Xxx. Pour celles-là, je n'ai pas beaucoup d'espoir de trouver leur véritable nom et leur état de "Xxx" risque de se prolonger un certain temps.

D'une façon tout à fait arbitraire, je n'ai pas nommé Xxx les pères inconnus ou mères non nommées : la case correspondante est simplement laissée vide.

A ce jour, on compte 18 Xxx comme patronymes et 15 Xxx comme prénoms (dans ma généalogie directe; 61 Xxx prénoms si on prend en compte la généalogie complète, avec tous les enfants).

La plupart des Xxx utilisés en tant que nom de famille sont des femmes, ce qui n'est pas étonnant : les noms d'épouses étant plus souvent négligés que ceux des hommes.



jeudi 26 juin 2014

#ChallengeAZ : W comme www.murmuresdancetres.blogspot.fr

A force d’engranger des informations, il faut bien les organiser. L’idée est venue de les mettre en scène, pour les rendre plus attrayantes à lire que d’interminables pages de texte sous Word : interactif, ludique, au gré des envies.

Ne trouvant pas, à l'époque, comment éditer un CD-Rom depuis chez soi, j'ai commencé à faire un site internet. Au fur et à mesure sont venues s’ajouter les pages sur les mariages, les photos, les lieux que mes ancêtres ont connus... Et puis la capacité autorisée - gratuite - du site a atteint ses limites maximum.

C’est alors que j’ai découvert le Challenge AZ 2013 dans la seconde quinzaine d’avril ; et de là, les nombreux blogs de généalogie qui émaillent la toile. L’idée d’en ouvrir un à mon tour s’est lentement, mais sûrement, insinuée. Et c’est en novembre 2013 que j'ai inauguré mon blog Murmures d’ancêtres. 

Capture d'écran blog Murmures d'ancêtres

Et puisqu’on est aujourd’hui à la lettre W, parlons du web en général :
Internet est aussi très précieux pour faire les recherches elles-mêmes : les sites communautaires, comme Geneanet, où chacun peut déposer sa généalogie, par exemple. Ils m’ont permis d’avancer sur bien des branches. Même si, on ne le dira jamais assez, il faut toujours en vérifier les informations car beaucoup se contentent de recopier des données qui s'avèrent parfois fausses dès le départ.

Les réseaux sociaux permettent aujourd'hui d'échanger, de diffuser, de débloquer aussi parfois...  C'est une autre façon de mettre en valeur sa généalogie, de la partager. Parce que la généalogie c'est aussi une question de partage.

Et bien sûr il y a aussi les archives en ligne : elles permettent de progresser de chez soi, à l’heure souhaitée, comme on en a envie. Quand on habite loin du secteur recherché et qu'on ne peut pas se déplacer, c'est irremplaçable. Sans cela, je n'aurai pas autant progressé et j'aurai peut-être même arrêté faute de sources à exploiter. Du coup, pour les départements qui ne sont pas en ligne, ou qui n’ont que des collections partielles, c’est parfois la frustration. L’impression d’être arrêtée sur le coup. Parfois ce n’est qu’une question de patience (de plusieurs années tout de même) et enfin les recherches peuvent reprendre et la famille s’agrandir.

Aujourd’hui ce n’est plus seulement l’état civil, mais aussi, les actes notariés, les archives militaires, les recensements en ligne... qui permettent d’appréhender d’une façon différente la vie de nos ancêtres. On peut compléter le décor, ajouter de la chaire au squelette que l'on a bâti avec les actes d'état civil.

Autre surprise, liée à internet, des cousins qui se manifestent ; des descendants d’une branche lointaine qui ont remarqué mon arbre en ligne. Ils me demandent parfois des compléments d’information. D’autres fois, au contraire, ce sont eux qui m’ont permis de débloquer des impasses.

En bref : le web, une mine d’or pour la généalogie aujourd’hui.


mercredi 25 juin 2014

#ChallengeAZ : V comme vigneron, forcément

Vigneron, c’est le métier le plus courant parmi les 128 métiers exercés par mes ancêtres.
Vignes © espacebrouilly

Mais comme c'était l'objet du Généathème de mars, je n'en reparlerai pas ici (voir l'article M comme métier). D’une manière générale, ce sont des métiers liés au travail de la terre qui sont majoritaires : laboureurs, cultivateurs, métayers, journaliers, bêcheurs…

Parmi les métiers les plus courants chez mes ancêtres, on compte quelques exceptions au domaine agricole :
  • les marchands (une cinquantaine d'individus) ; mais un certain nombre d’entre eux sont tantôt qualifiés de marchands, marchands fermiers, marchands puis vignerons (ou inversement) : la plupart restent donc liés aux métiers de la terre. Seuls quelques uns (8 personnes) échappent à cette tendance car la nature de la "marchandise" nous est connue : marchand boulanger, marchand de toile,  marchand tanneur, marchand meunier. Seulement 19 de ces marchands signent leurs actes d’état civil.
  • les "sans" : la mention "sans profession" recouvre des situations très variables selon les époques et les régions. La personne ne travaille effectivement pas; elle exerce la profession de son époux mais comme c'est une femme son métier n'est pas déclaré; elle est "mère au foyer"; cette mention équivaut aussi parfois à la retraite.
  • les domestiques.
  • les ménagères; mais selon les époques, ce terme désigne aussi un métier de la terre : lorsque l'agriculteur dispose d'une grande surface de terres, qu'il est riche, il est qualifié "ménager", c'est à dire chef de maison. L'épouse est donc la ménagère.
  • les tisserands.
  • les propriétaires (qui sont souvent des propriétaires terriens), qualifié ainsi souvent en fin de vie, lorsque la personne a pu, après une dure vie de labeur, acheter une terre.

Beaucoup plus rares dans ma généalogie, on compte 62 métiers différents exercés par une seule personne parmi nos ancêtres. Certains sont peu ou mal connus : les définitions ont été empruntées à D. Chatry, les métiers de nos ancêtres ( * ). Quelques exemples :

- Métiers de la santé :
  • Apothicaire (Bénavent Jean, à Conques, XVIIème). Celui qui prépare et qui vend les remèdes pour les malades : pharmacien.
  • Maître apothicaire (Bel François, à Taninges, XVIIIème)
- Métiers du bâtiment :
  • Couvreur d'ardoise (Courballay Guillaume, à Villevêque, 1672)
  • Maître charpentier (Bouchard Antoine, à Durtal, 1731)
- Métier du textile :
  • Chapelier (Astié Augustin, à Conques, 1805/1821)
  • Drapier (Bodet Jean, à Villevêque, 1619)
  • Tissier en toile (Vallée René, à Brain sur l'Authion, 1669). Personne qui fabrique des tissus de lin, de chanvre.
  • Maître cordonnier (Chaney Claude, à Cerdon, 1680)
  •  Mercière (Bregeon Clémentine, à Châtillon)
  • Sarger (Raouls Jean, à Conques, avant 1744). Ou serger : ouvrier fabriquant des étoffes ou tissus de laine, de la serge.
  • Tailleuse (Coutand Marianne, à La Pommeraie, 1840)
- Métiers agricoles et apparentés :
  • Charron (Brard Mathurin, à Jarzé, 1697). Fabricant de chars, charrettes, tombereaux, brouettes et autres moyens de transport.
  • Cordier (Bédier Jacques, à Faremoutiers, 1703)
  • Vacheron (Gros Joseph, à Chezery, 1721). Définition pas trouvée.
- Métiers de la sécurité :
  • Employé dans la brigade (Puissant Marin, à Candé, 1740/1742)
  • Gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio (Astié Pierre Jean, à  Ajaccio, 1851)
- Métiers de l'administration :
  • Procureur de fabrique (Bieslin Jean, à Pellouailles, 1707). Personne chargé des intérêts matériels de la communauté religieuse du village.
  • Receveur de l’enregistrement (Martin Pierre-Jean, à Conques, 1815, 1833). Personne qui fournit les renseignements pour l'établissement des titres de propriété des biens immeubles et la rédaction des déclarations de succession.
- Métiers de l'éducation :
  • Instituteur / instituteur primaire / institutrice (Berrod Jean-François, à Montanges, 1844, et Mérignat, 1853 / Roy Flora, à Châtillon sur Sèvre, 1924)
  • Nourrice d'enfants (Pillet Marie, au Plessis Grammoire, 1866)
- Métiers liés à l'entretien :
  • Blanchisseuse (Béroud Roze, au Poizat, 1839)
  • Cuisinière (Le Floch Ursule, à Tigeaux, 1900)
  • Lingère (Galerne Marie, à Loudéac, 1868/1874)
- Métiers du commerce :
  • Employé de la Banque de France (Rols Alexandre, à Angers, 1868)
  • Marchand boulanger (Nourry Pierre, à Candé 1753)
  • Représentant de commerce (Borrat-Michaud André, à Angers, 1946)
- Métiers liés à l'eau :
  • Marinier (Macréau Henri Lucien, à Mortcerf, 1720). Marin d'eau douce, c'est à dire naviguant sur rivières et canaux, généralement sur une péniche assurant le transport des marchandises.
  • Pêcheur (Le Tessier François, à Ménil, 1702)
  • Pontonnier (Le Tessier Jean, à Ménil, 1704). Personne percevant les droits de pontonage payés par ceux qui traversent une rivière soit sur un pont soit dans un bac.
- Métiers de bouche :
  • Aubergiste (Prost Joseph Marie, à Martignat, 1838). Personne tenant maison où l'on loge et ou l'on donne à manger.
  • Cabaretier (Pillet Jacques, à Ingrandes s/Loire, 1810). Personne tenant maison où l'on donne à boire et à manger pour de l'argent.
  • Farinier (Jarousseau Pierre, à Rochetrejoux, 1738). Marchand qui vend de la farine.
- Divers :
  • Coutelier (Puissant Charles, à Candé, 1856)
  • Déménageur (Borrat-Michaud Jean François, à Eaubonne, 1920)
  • Maître maréchal (Mathieu Mermillon Pierre, à Montanges, 1685)
  • Ouvrière  lapidaire (Gros Marie, à Condamine, 1916). Ouvrière taillant toutes sortes de pierres précieuses.
  • Rentière (Maire Marie-Sophie, à Groissiat, 1855)
  • Botteleur (Le Floch Vincent Marie, à Loudéac, 1901). Ouvrier métallurgiste chargé de mettre en bottes les barres (ou verges) de fer pour la vente; les verges de fer étant ensuite utilisées par les cloutiers, entre autres.
 

On compte cinq métiers exercés de père en fils ou belle-mère/bru :



  • Praticien (Regourd Pierre et Etienne, en Rouergue). Médecin. Il épouse une fille d'apothicaire (Bénavent Marie, à Conques, en 1672)

  • Concierge des prisons (Puissant Marin et son fils Joseph, à Candé, de 1745 à 1783). Le père a d’abord été « employé dans la brigade ».
  • Cordonnier (Puissant Urbain et Pierre, à Morannes, 1663)
  • Filandière (Le Mauff Suzanne et sa bru Le Goff  Marie Louise, à Loudéac, en 1808 et 1843). Fileuse de lin : Femme travaillant les filasses de lin avec un rouet de manière à en produire des fils qui sont ensuite mis en pelote.
  • Maréchal en œuvres blanches (Clavier Pierre et son fils Gabriel, à Saint Sylvain, en 1700 et 1701). Taillandier (forgeron) ne fabriquant que des outils tranchants.

 ( * ) Sauf le receveur de l'enregistrement.

mardi 24 juin 2014

#ChallengeAZ : U comme Usson

Usson, Rey Grobellet ou Beresteste : je compte 1 146 patronymes différents dans ma généalogie.


Fréquence des patronymes, ancêtres directs
(les 25 patronymes les plus fréquents)

Parmi les 25 patronymes les plus fréquents on trouve trois des quatre branches principales : Astié, Assumel Lurdin et Borrat-Michaud. Les Gabard ne comptent que 11 porteurs; ce qui n'est pas très étonnant puisque la Révolution nous empêche de remonter cette branche très loin dans le temps.
On trouve également des patronymes présents à la fois du côté paternel et maternel, comme les Robin.
529 patronymes ne sont portés que par une seule personne, parmi nos ancêtres.

Si on englobe la totalité de ma généalogie, les résultats diffèrent un peu.

 Fréquence des patronymes, tous les ancêtres
(les 25 patronymes les plus fréquents)

Environ un tiers des patronymes restent mystérieux (leur étymologie n'a pas été trouvée).
Pendant longtemps l’orthographe des patronymes n’était pas fixe : on voit donc parfois des évolutions apparaître au cours des registres :
  • On a parlé du R de Astié (cf. article du challenge A comme Astié).
  • Le changement est parfois phonétique : Halary > Alary. 
  • D’autres fois il évolue véritablement : Angeard > Anjard > Enjard > Jard > Jar > Legeard > Lejard. Ces évolutions compliquent le travail de recherche, notamment lorsque l'individu déménage.
Le cas de l’Ain est ainsi particulièrement difficile. Les patronymes varient beaucoup selon les générations : 
  • Les noms s’ajoutent au fur et à mesure des générations : Assumel devient ensuite Assumel Lurdin, Alhumbert devient Alhumbert Blanc...
  • Au contraire, au cours des générations on perd parfois le second nom : Mathieu Verney devient Mathieu, Berrod Rochais devient Berrod...
  • Les « dit » (les surnoms) sont nombreux. Ainsi on voit un "Assumel dit Lurdin" (qui deviendra ensuite Assumel Lurdin), "Jean Buffard dit Bon garçon" (1689) ou son père "Jean Bon garçon dit Buffard" (1707), "Jean Vualliat dit Cougniat" (1698), "Peytier Jean dit la pierre" (1706)... Alombert Etienne est qualifié, dans son acte de décès, en 1780, de « petit homme des granges du poisat hameau de ladite paroisse [Lalleyriat] ». 
Du fait de cette grande variation des patronymes, les individus identifiés ne le sont pas tous de façon certaine.
Dans ma généalogie, on retrouve les caractéristiques traditionnelles des noms :
  • ceux qui désignent une particularité physique : Lebeau, Petit, Gros
  • ceux qui désignent un lieu : Desboys, Fontaine, Deslandes, Deschamps
  • ceux qui désignent un métier : Verdier, Vigneron, Le Maçon, Cordier
  • ceux qui rappellent le règne animal : Loiseau, Lecocq, Pigeon
  • ceux qui rappellent les liens avec la sphère seigneuriale : Lecuyer, Châtelain, Chasteaux, Roy, Chevallier
  • Ceux qui sont des prénoms : Gérard, Antoine, Robert

Bon, bien sûr, on choisi pas son (ses) nom(s) de famille. Et le nom ne présage en rien de la personne elle-même... Mais je dois avouer que c'est avec un peu de soulagement que j'ai constaté qu’il n’y a pas de patronyme ridicule ou insultant dans ma généalogie : je suis ainsi tombée dans les registres, au cours de mes recherches, sur des Clochard ou, mieux encore (si l'on peut dire), des Connard; heureusement sans lien de parenté. Ni de mariage hasardeux : je me souviens de cette histoire racontée par mes parents : deux de leurs connaissances se sont mariés, Mlle Cochon a épousé M. Sallé, et ils ont emménagé rue des Longs Boyaux ! Véridique !


lundi 23 juin 2014

#ChallengeAZ : T comme tombe, dernière demeure

Du coup, la généalogie est devenue le prétexte pour voyager. Deux-Sèvres/Vendée, Aveyron, Haute-Savoie, Bretagne, Anjou... A chaque fois, une visite au cimetière s’impose. Pour la plupart des gens, aller voir un cimetière est une démarche macabre. Sans doute notre rapport à la mort a-t-il bien changé au cours des derniers siècles. Mais pour moi, cela ne diffère pas d'une visite aux archives, en fin de compte. Et cela permet de répondre à une question essentielle : reste-t-il des preuves matérielles de nos ancêtres, en dehors de la trace éphémère qu’ils sont laissés dans les actes et les vieux papiers ?

Cimetière de Conques © coll. personnelle

Pour l’instant, deux cimetières nous ont permis cette confrontation directe avec le passé : 
  • celui de Saint-Amand-sur-Sèvre (79) où subsiste la tombe de Gabard Célestin Félix, mon AAGP décédé en cette commune en 1924,
  • celui d’Angers où quatre tombes ont été identifiées : le couple Astié Daniel et Assumel-Lurdin Marcelle (mes GP, décédés en 2001 et 2013) et celle des parents de Daniel, Augustin et Lejard Louise (AGP paternels décédés respectivement en 1974 et 1970), le couple Gabard Joseph et  Roy Flora (AGP maternels décédés en 1965 et 1996), et celle de Borrat-Michaud André et Bregeon Clémentine, la grand-mère de son épouse réunis dans le même caveau (GP et AAGM décédés en 1963 et 1953).

J'ai eu la chance, pendant longtemps, de ne pas être confrontée à la mort de proches. Pas de deuil. Pas de visite au cimetière.

Alors, avec ces excursions un peu particulières (pour des vacances), en un instant ils sont là, ces aïeux disparus. Ils sortent de cette espèce de vie virtuelle où ils sont tous : un nom sur une liste, une ligne dans un registre... Là sous nos yeux. Concrètement. 

D’autant plus présent lorsqu’une photo figure sur la pierre grise, comme c’est le cas pour Célestin. 

Détail tombe Célestin Gabard © coll. personnelle

En effet, la tombe, par ailleurs très sobre, est ornée d’une de ces plaques de porcelaine que l’on trouve couramment dans le Limousin voisin (du fait de son histoire porcelainière). De format circulaire, comme les assiettes (facile à fabriquer, la machine est déjà calibrée), ornée d’une bande noire. Une seconde bande dorée, à demi effacée, suit la première. Le texte est sobre : « Ici repose le corps de célestin Gabard, décédé le 8 Xbre 1924, à l’âge de 64 ans Priez Dieu pour lui ». En médaillon son portrait, en noir et blanc. Le seul décor vient souligner le médaillon : une frise dorée de points et de fleurs, en grande partie effacée. ( * )

Pour les autres cimetières visités, nos ancêtres ont quitté ces régions vers 1870 pour les Astié (Aveyron), vers 1895 pour les Borrat-Michaud (Haute-Savoie), vers 1875 pour les Le Floch (Bretagne). Il est difficile de retrouver (et surtout d’identifier) des tombes aussi anciennes.


( * ) Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet des plaques de porcelaine qui ornent les tombes en Limousin (et parfois plus loin aussi), je vous recommande l'excellent ouvrage de JM. Ferrer et Ph. Grandcoing : "Des funérailles de porcelaine" (éd. Culture et patrimoine en Limousin)