« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

lundi 23 juin 2014

#ChallengeAZ : T comme tombe, dernière demeure

Du coup, la généalogie est devenue le prétexte pour voyager. Deux-Sèvres/Vendée, Aveyron, Haute-Savoie, Bretagne, Anjou... A chaque fois, une visite au cimetière s’impose. Pour la plupart des gens, aller voir un cimetière est une démarche macabre. Sans doute notre rapport à la mort a-t-il bien changé au cours des derniers siècles. Mais pour moi, cela ne diffère pas d'une visite aux archives, en fin de compte. Et cela permet de répondre à une question essentielle : reste-t-il des preuves matérielles de nos ancêtres, en dehors de la trace éphémère qu’ils sont laissés dans les actes et les vieux papiers ?

Cimetière de Conques © coll. personnelle

Pour l’instant, deux cimetières nous ont permis cette confrontation directe avec le passé : 
  • celui de Saint-Amand-sur-Sèvre (79) où subsiste la tombe de Gabard Célestin Félix, mon AAGP décédé en cette commune en 1924,
  • celui d’Angers où quatre tombes ont été identifiées : le couple Astié Daniel et Assumel-Lurdin Marcelle (mes GP, décédés en 2001 et 2013) et celle des parents de Daniel, Augustin et Lejard Louise (AGP paternels décédés respectivement en 1974 et 1970), le couple Gabard Joseph et  Roy Flora (AGP maternels décédés en 1965 et 1996), et celle de Borrat-Michaud André et Bregeon Clémentine, la grand-mère de son épouse réunis dans le même caveau (GP et AAGM décédés en 1963 et 1953).

J'ai eu la chance, pendant longtemps, de ne pas être confrontée à la mort de proches. Pas de deuil. Pas de visite au cimetière.

Alors, avec ces excursions un peu particulières (pour des vacances), en un instant ils sont là, ces aïeux disparus. Ils sortent de cette espèce de vie virtuelle où ils sont tous : un nom sur une liste, une ligne dans un registre... Là sous nos yeux. Concrètement. 

D’autant plus présent lorsqu’une photo figure sur la pierre grise, comme c’est le cas pour Célestin. 

Détail tombe Célestin Gabard © coll. personnelle

En effet, la tombe, par ailleurs très sobre, est ornée d’une de ces plaques de porcelaine que l’on trouve couramment dans le Limousin voisin (du fait de son histoire porcelainière). De format circulaire, comme les assiettes (facile à fabriquer, la machine est déjà calibrée), ornée d’une bande noire. Une seconde bande dorée, à demi effacée, suit la première. Le texte est sobre : « Ici repose le corps de célestin Gabard, décédé le 8 Xbre 1924, à l’âge de 64 ans Priez Dieu pour lui ». En médaillon son portrait, en noir et blanc. Le seul décor vient souligner le médaillon : une frise dorée de points et de fleurs, en grande partie effacée. ( * )

Pour les autres cimetières visités, nos ancêtres ont quitté ces régions vers 1870 pour les Astié (Aveyron), vers 1895 pour les Borrat-Michaud (Haute-Savoie), vers 1875 pour les Le Floch (Bretagne). Il est difficile de retrouver (et surtout d’identifier) des tombes aussi anciennes.


( * ) Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet des plaques de porcelaine qui ornent les tombes en Limousin (et parfois plus loin aussi), je vous recommande l'excellent ouvrage de JM. Ferrer et Ph. Grandcoing : "Des funérailles de porcelaine" (éd. Culture et patrimoine en Limousin)


2 commentaires:

  1. Bel article ; malheureusement les tombes anciennes sont plutôt rares.

    RépondreSupprimer
  2. Quelle chance en effet de ne pas être trop tôt confronté à la mort...
    Un bel article très intéressant. merci.
    Marie-Odile

    RépondreSupprimer