« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 20 juin 2014

#ChallengeAZ : R comme relis-le encore !

Comme Pénélope, cent fois sur le métier remettez votre ouvrage : lisez et relisez encore et encore !


Vase grec, Pénélope et Télémaque, © StudyBlue


Car on manque toujours quelque chose.

Récemment encore (mardi dernier, pour tout dire) je relisais les actes de mariages que j'avais récoltés, à la recherche des mentions de contrats de mariages - en vue d'un recensement exhaustif. Quand soudain, une phrase me saute aux yeux, dans l'acte de mariage de Théodore Macréau et Marie Louise Gibert (1866, La Chapelle sur Crécy, 77) : "Permission de mariage délivrée par le Général commandant la subdivision de Seine et Marne le 1er février."

Bon sang ! j'ai ce document depuis 2009 et je n'avais pas vu ça !

En plus, c'est la première fois que je rencontre ce type de mention au cours de mes recherches. C'est une mention un peu énigmatique, et je n'ai pour l'heure aucune idée de l'endroit où chercher des informations sur ce nouveau document. Mais cela ouvre de nouvelles pistes. Si j'ai bonne mémoire, je crois avoir lu que les soldats se devaient d'obtenir la permission de leurs supérieurs pour se marier. Cela signifie donc que Théodore était soldat en 1866. Né trop tôt (1840) pour apparaître dans les registres militaires en ligne, je n'avais pour l'heure aucune information sur sa vie de soldat (ou d'officier ?).

Ni une ni deux, je recherche ce point de droit sur internet : "Aucun militaire ou employé aux armées de terre et de mer ne peut se marier en France, et même hors de France, sans rapporter une autorisation spéciale de ses chefs. Aux termes des décrets en date des 16 juin, 3 et 28 août 1808, cette autorisation est accordée : par le Ministre de la guerre, aux officiers de tout genre en activité de service; par les conseils d'administrations des corps respectifs, aux sous-officiers et soldats (etc.)." Pourquoi, me direz-vous ? "Le motif de ce décret ( ... ) avait été d'empêcher que les officier ne pussent contracter des mariages inconvenants, susceptibles d’altérer la considération due à leur caractère." ( * )

Et voilà, au hasard d'une relecture, une nouvelle fenêtre s'ouvre, des questions fleurissent : quel type de document chercher ? où chercher ? ... (un arbre à questions vient de pousser subitement : voir l'article du challenge AZ sur ce blog Questions qui nous questionnent).

J'ai pris cet exemple parce qu'il est récent, mais je dois avouer que cet épisode m'est déjà arrivé : mention marginale oubliée dans le coin d'un page, acte trouvé après une deuxième ou troisième lecture des registres, blocage délié grâce à un témoin négligé... Bref, même si vous croyez avoir bien dépouillé tous vos actes, n'hésitez pas à relire, on ne sait jamais !
 

( * ) De l'état civil et des améliorations dont il est susceptible, M. Hutteau-D'Origny, 1823, consultable sur Gallica ici.




2 commentaires:

  1. Il existe au SHD Vincennes des archives sur les régiments incluant des dossiers personnels (demande de permission de mariage)
    A voir...

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  2. "'Relire ses sources" devrait faire partie des commandements du généalogistes. Encore faut-il en garder trace! Comme on apprend toujours, un détail insignifiant à une époque peut devenir important un peu plus tard. Bravo pour illustrer ainsi cet adage généalogique.
    Roland Bouat

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