Bien sûr, nous aujourd'hui nous apposons nos signatures sur toutes sortes de documents, et sans même y penser, puisque l’illettrisme est devenu relativement rare dans nos sociétés modernes (7 % de la population française en 2013 tout de même). Mais pour nos ancêtres, il en allait tout autrement.
C'est l’ordonnance de Fontainebleau, en 1554, puis l’ordonnance civile d’avril 1667, qui vont rendre obligatoire l’apposition d’une marque autographe du nom propre d’abord sur les actes notariés, puis sur les actes des registres paroissiaux. Dès lors, c’est une nouvelle conception de l’individu et de son identité qui s’affirme : la reconnaissance d’un être singulier, unique, parfaitement identifiable.
Ces signatures sont toujours agréables à découvrir car elles rendent moins impersonnels les actes d'état civils : on a alors l'impression de rencontrer "vraiment" nos ancêtres. De plus, cela montre, ou plutôt laisse deviner, leur degré d'instruction : sait écrire, ou pas, manie facilement la plume, ou pas.
Les illettrés signent aussi ! Plus rarement, il est vrai. Dans ma généalogie, seuls les curés de La Coulonche et La Sauvagère (Basse Normandie) font en effet apposer une marque à ceux qui ne savent pas écrire. Le curé note alors, à côté d’une croix : « la marque deladitte anne guibé » (acte de mariage, 1768).
On ne signe pas forcément son nom exact (sans même parler de l'orthographe des patronymes qui évoluent) : Borrat-Michaud Joseph signe ses actes « Michaud Joseph ». Chaillou Cécile, épouse de Puissant Noël, signe « Cécille Chaious femme Puissant ».
Aucun de mes aïeux n'accompagne, ou ne remplace, sa signature d'un signe distinctif, comme on peut en voir parfois (clé, ciseaux, encre de marine... ).
La signature de Guespin René, en 1653, est la plus alambiquée et décorée de fioritures; mais il est sergent royal et il a, lui, l’habitude de l’écrit de part sa fonction (on le voit d’ailleurs témoin dans de nombreux actes au fil des registres).
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