« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 4 juin 2014

#ChallengeAZ : D comme disparu

Tout généalogiste doit fatalement faire face à cette situation : tout d’un coup votre ancêtre disparaît. Impossible de le retrouver.

Par exemple Augustin Daniel, né à Angers, résidant à Angers, n’apparaît pas dans les registres militaires ; contre toute logique ! Difficile en effet d’échapper au recensement de l’armée. D’autant plus que l’on sait qu’il a bien été militaire (photo à l’appui).

C’est en 1872 que la Troisième République institue le service militaire obligatoire, ainsi que le recensement systématique, par classe d’âge, de tous les jeunes gens âgés de vingt ans. Ce recensement s’effectue sur le lieu de résidence du jeune homme, lorsqu’il a 20 ans donc.

Or, pour en revenir à Augustin, on sait qu’il naît à Angers en 1888 (recensement militaire en 1908, donc) et qu’il réside toujours à Angers en 1912. Comme il est introuvable dans les registres militaires d’Angers en 1908, cela signifierait qu’il a déménagé, avant de revenir ensuite à Angers. On sait que ses parents y habitent au moins jusqu’en 1895. On les retrouve ensuite en région parisienne, à Ivry, en 1912, mais on ignore la date de leur déménagement.

Il faut alors jouer les Sherlock Holmes pour tenter de percer ce mystère : mais où est Augustin ? C’est la fiche militaire de son frère (qui, lui, a bien été recensé en Anjou) qui nous donne une piste : son adresse nous indique qu’il habite aussi Ivry en 1908. Bingo ! Augustin réside bien à Ivry lorsqu’il a été recensé pour le service militaire.

Mais maintenant c’est son numéro matricule qui a disparu ! (à cause d’une page de registre déchirée : cf. article Généathème de janvier).

Tout ça pour ça ! Bon, je ne désespère pas : maintenant que j’ai retrouvé Augustin, je voudrai retrouver sa fiche militaire. Je suis un peu à court d’idée. L’idéal serait de trouver un double des tables alphabétiques où la page ne serait pas déchirée...

Finalement, ce cher Augustin résume à lui seul ce qu'est la généalogie : une enquête vers le passé, faite de succès, d'attentes et, parfois, d'échecs ou d'impasses. Mais ces derniers ne gâchent pas le plaisir de chercher !

mardi 3 juin 2014

#ChallengeAZ : C comme Conques

C’est le berceau de la famille Astié.

Conques, coll. personnelle

Conques (de « Concha » en latin, « Concas » en occitan signifiant coquille, qui rappellerait la forme que prend la confluence des cours d’eau à cet endroit), est situé dans le département de l'Aveyron. Pendant tout le Moyen Âge, Conques fut un important sanctuaire où étaient vénérées les reliques du crâne de sainte Foy. Elle est célèbre grâce à son église abbatiale dont l'architecture et les sculptures du porche sont remarquables. Depuis le XXe siècle, elle a été déclarée « étape majeure » sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (Via Podiensis). C'est aussi un très joli village classé par l'association Les plus beaux villages de France. Le lien supposé avec le pèlerinage à Compostelle a valu à Conques, en 1998, le classement au Patrimoine mondial de l'humanité de l'abbatiale et du pont sur le Dourdou.

Nos ancêtres Astié étaient d’abord vignerons (pendant trois générations). Puis ils se « diversifient » : Augustin est chapelier avant de devenir cultivateur (sic), à la charnière du XVIII et du XIXème ; son fils Pierre Jean est d’abord cultivateur avant de rejoindre la gendarmerie... en Corse – c’est le premier Astié à quitter Conques en 1851. 

Pendant deux générations au moins (Pierre et son fils Antoine, au XVIIIème) ils habitent « rue du Palais » à Conques (rue qui existe toujours aujourd'hui).

Historiquement, la vigne s'est développée sur les terres des abbayes fondées au Moyen-Age, notamment celle de Conques. Après la Révolution, les paysans continuent à cultiver ces vignes et à développer le vignoble, seule culture permettant de valoriser les coteaux. Les pieds sont implantés sur des petites surfaces, de pente plus faible, aménagées par l’homme et soutenues par des murets de pierre, des coteaux sur un sol de schistes. Il existe aujourd’hui encore des vignobles à Conques, qualifiés "Vins de Pays de l'Aveyron". Ils ont pour but de faire renaître la vigne dans ces hauts lieux en retrouvant les cépages anciens qui en exprimaient toute l'authenticité. 

Nos autres ancêtres Conquois sont aussi vignerons (les Alary, Bonnefous, Reboux, Cussac, Rols, Issanjou, Labro), couvreur (Mas), charpentiers (Bories, Banide), tailleur (Amagat), officier municipal (Martin), maréchal (Bru)...


lundi 2 juin 2014

#ChallengeAZ : B comme beaucoup

Beaucoup de monde ?


© M. Houssin

Depuis les 31 personnes transmises par mon grand-père, l’arbre a bien grandi : au 2 juin 2014, on compte 3 201 personnes (ancêtres directes) et 7 672 si on compte aussi tous les enfants (frères et sœurs de nos ancêtres directs). Et encore, certaines branches n’ont pas été explorées car les archives ne sont pas accessibles en ligne ou plus difficiles d’accès. Ça commence à faire beaucoup...

A partir de combien peut-on dire beaucoup ? 

Est-ce que 15 générations dans un arbre généalogique c’est beaucoup ?
Est-ce que 17 enfants pour le couple Galand/Balu à Villevêque (49) au XVIIème siècle c’est beaucoup ?
Est-ce que 1 143 noms de familles différents c’est beaucoup ?
Est-ce que le record de 41 ans de différence d'âge entre les conjoints pour le couple Barré/Delaunay à La Coulonche (61) au XVIIIème siècle c’est beaucoup ?
Est-ce que (sans doute) des centaines d’heures de recherche c’est beaucoup ?

Mais... est-ce qu’une passion se quantifie ?


samedi 31 mai 2014

#ChallengeAZ : A comme Astié

Facile ! pour commencer ce challenge, la première lettre est toute trouvée.
Astié, c’est mon patronyme. C’est celui de mon grand-père qui, en me donnant un petit arbre contenant 31 personnes, m’a transmis le virus de la généalogie.

Daniel Astié, 1934, coll. personnelle

Ce patronyme est une variante d’Astier (beaucoup plus courant). Deux hypothèses en expliquent l’origine :
1. Nom de personne d'origine germanique, Asthari (de ast = lance + hari = armée). Le patronyme est très fréquent dans l'Ardèche et la Drôme, ainsi qu'en Auvergne. Il a été popularisé par saint Astier, ermite en Périgord. Fils d’une famille romaine, né au VIe siècle à Puy-de-Pont, à l’embouchure de l’Isle et du Salembre, près de Neuvic sur l'Isle (actuelle Dordogne). La légende veut que, devenu ermite, il réalisa de nombreux miracles, donnant au lieu une certaine renommée. Après sa mort, son tombeau attirant la dévotion des fidèles, une abbaye s’installa. En 980, une église est bâtie. Les restes de saint Astier y sont transférés. La ville de Saint-Astier se développa autour du tombeau du saint.
2. Nom de personne latin Asterius, dérivé du grec aster, signifiant étoile.

Une partie de la famille en vacances à Saint-Astie[r] !
Années 1690, coll. personnelle

Le plus lointain ancêtre retrouvé est Antoine, marié à Conques en 1671. A noter : le prêtre rédacteur de l’acte orthographie le nom « Astier », mais notre ancêtre signe « A. Astie ». Dès la génération suivante on voit apparaître l’orthographe « Astié » dans certains actes, mais pendant quatre générations encore les rédacteurs des actes de baptêmes, mariages et décès l’orthographient tantôt avec un –r tantôt sans (l’orthographe varie parfois au cours d’un même acte). Lorsque la personne concernée signe (par exemple Augustin en 1805) c’est toujours sans -r. C’est à partir de Pierre Jean, né en 1821 que la forme « Astié » (sans -r) se fixe définitivement dans les actes.