« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 9 décembre 2017

#Généathème : Votre plus grand bonheur généalogique de l'année

La généalogie est parsemée de multiples sentiments : frustration de ne pas trouver ce que l'on cherche, découverte d'un document inconnu, excitation de la recherche. Mais les plus grands bonheurs sont ceux que l'on ressent lorsqu'on arrive à résoudre une énigme restée longtemps obscure, lorsqu'on trouve une nouvelle branche ignorée jusque-là ou lorsque l'on tombe sur une trace tangible de ses ancêtres.

La nouveauté c'est vraiment le kif : de nouveau ancêtres, de nouveaux métiers, de nouvelles régions... Mais tout cela reste immatériel, impalpable. Des noms sur des papiers (ou maintenant plus souvent sur des écrans d'ordinateur !). Des documents dématérialisés à l'ère du numérique. Au fur et à mesure cela se transforme en chiffres, noms, qui finissent par se mélanger, devenir flous, presque irréels.

Mais en de rares occasions, nos ancêtres renaissent à la vie. Ils (re)deviennent vivants, prennent corps et chair.
  • Lorsque l'on possède une photographie de nos ancêtres
Pas de doute ils sont là en chair et en os (ou presque). Mais en tout cas on découvre leurs visages, leurs vêtements, leur environnement. Récemment, j'ai découvert dans une pile de photos de gens non identifiés mais sans doute de ma famille (ou de proches ?), un cliché du père de mon arrière-grand-père maternel. Je ne possédais qu'une seule photo de lui, alors qu'il avait une cinquantaine d'années. Et là je le découvre en vénérable grand-père, cheveux et barbe blanche ! Émouvant.
Bien sûr, ces petits bonheurs sont limités en nombre (les clichés ne tombent pas du ciel tous les jours) et limités dans le temps puisque l'invention de la photographie est finalement assez récente.
  • Lorsqu'on découvre la signature d'un de ses ancêtres au bas d'un document
La signature d'un(e) ancêtre c'est tangible : c'est lui, c'est elle, c'est eux. Ils étaient au bout de la plume et ce fil invisible nous relie directement. Une écriture malhabile et l'on sent les difficultés de l'apprentissage ou la vieillesse qui fait son œuvre. Au contraire des fioritures qui décorent le paraphe et c'est la culture et le savoir qui se déroulent sous nos yeux.
Ces signatures font partie de mes plaisirs généalogiques les plus marqués.
  • Lorsqu'on hérite d'un objet ayant appartenu à nos ancêtres
Évidemment c'est plus rare : il existe en général peu d'objets qui se transmettent de génération ne génération. Des bijoux, des livres, des vêtements... Mais cela concerne quoi ? trois ou quatre générations, guère plus le plus souvent. A part un mouchoir qui a appartenu à la mère de mon arrière-grand-père paternel, brodé à son chiffre, qui m'a été brièvement confié (mais que j'ai dû rendre à sa propriétaire actuelle), je n'ai aucun objet appartenant au patrimoine intime de mes ascendants.

Pourtant, au moment où je m'y attendais le moins, j'ai récemment eu une belle émotion grâce à l'un de ces objets de famille. Enfin, quand je dis objet, ce n'est pas tout à fait le bon terme. Sur les traces de mon arrière-grand-père paternel, garde des eaux et forêts en Maine et Loire, je suivais le petit chemin qui menait à sa maison. Derrière la maison, la Loire : il y surveillait les saumons. De l'autre côté du chemin, des parcelles : il y plantait des arbres. Et si les saumons se sont sauvés, les arbres, eux, sont encore bien là. C'est ainsi qu'accompagnée de mon père et de l'une de ses sœurs aînées, nous avons découvert les arbres qu'il a planté. Lui nous a quitté depuis longtemps (1929), mais il a laissé sa trace, notamment une magnifique peupleraie. Aujourd'hui ce sont de beaux grands arbres. Bien sûr mon arrière-grand-père ne les a pas connu dans cet état, mais il était émouvant de l'imaginer, sillonnant la parcelle, avec ses petits plants, travaillant pour l'avenir. Et son avenir c'est notre présent. C'était d'ailleurs d'autant plus émouvant que j'étais entourée de ses petits-enfants, aussi troublés que moi par cette découverte.

Peupliers de la parcelle "les Ayraults", Les Ponts de Cé (49), 2017 © Coll. personnelle

Était-ce "mon plus grand bonheur généalogique de l'année" ? Non peut-être pas. Mais cela faisait partie assurément de ces beaux moments qui font la joie des généalogistes et qui constituent le moteur pour nous faire avancer, poursuivre nos recherches et, au hasard des rencontres, nous procurer de belles émotions qui font le sel de la généalogie.



samedi 2 décembre 2017

La Suisse est un coffre-fort

J’ai des ancêtres Suisses. Dans le Valais. A Champéry pour la plupart. 11 générations. 170 personnes environs identifiées (soit environ 150 actes ayant date et lieu). De la fin du XVIème pour les générations les plus anciennes jusqu’aux années 1880 où Joseph Auguste, mon arrière-arrière-grand-père saute dans la vallée voisine… qui se trouve en France. 

Carte Champéry-Samoëns

Il demeure donc ensuite à Samoëns (Haute-Savoie). Il est le père de Jean-François Borrat-Michaud, que les fidèles de ce blog connaissent bien, puisque je le suis « pas à pas » depuis 1914 pour connaître « sa » Grande Guerre.

Bref, j’ai des ancêtres Suisses.

Quand j’ai commencé ma généalogie, je ne savais pas ce que ça allait signifier. Dans ma famille on le savait qu’on avait des ancêtres Suisses : cela faisait partie des légendes familiales. On expliquait même son nom : Un Borrat aurait épousé une Michaud (ou l’inverse, on ne sait pas) et les deux noms aurait été accolés.

Dans son acte de mariage à Samoëns Joseph est dit né en 1863, de nationalité Suisse, "fils majeur, célibataire et illégitime de Justine Borrat-Michaud". Il signe Joseph Michaud. Dans son acte de naissance (rédigé en latin) il est dit "fils illégitime de Justine Es Borrat-Michaux". Au fil des recensements de Samoëns (il y apparaît à partir de 1886) il est successivement nommé Michaud, Borrat-Michaud, Mechond, Borrat-Michaux, Michaux.
Pour l’anecdote, il est reconnu père une première fois en 1892, épouse la mère de l’enfant en 1893, reconnaît sa fille illégitime ainsi que celle que sa nouvelle épouse avait eu 11 ans auparavant, seule survivante de deux paires de jumelles illégitimes (sic).

Que d’informations grâce à cet acte de mariage :
- c’est lui LE Suisse. Le premier. Légende familiale en partie vérifiée.
- il est fils illégitime. C’était aussi, par hasard, le premier que je trouvais dans ma généalogie.
- il n’était pas trop regardant sur les vertus de son épouse qui avait déjà eu deux paires de jumelles illégitimes ; et lui-même, fils illégitime, ne devait pas être trop à cheval sur les bonnes mœurs étant donné qu’il a mis « la charrue avant les bœufs », lui faisant un enfant avant de l’épouser. Bon, bien sûr, je ne connais pas les circonstances de toutes ces naissances, je me garderais donc bien de juger qui que ce soit.

Mais désormais je sais d’où et quand part ma branche suisse : Joseph est né à Champéry, juste à côté de Samoëns, de l’autre côté de la frontière ; à ce détail près qu’il n’y a pas de route pour franchir la montagne entre les deux villages.

Carte routes Samoëns-Champéry

Et cette montagne qui barre la route n’est pas que géographique : elle est aussi symbolique. En effet, l’état civil (ou paroissial) n’est pas accessible en Suisse de la même manière qu’en France. En fait il n’est pas accessible du tout, si l’on peut dire. Ainsi, comme le dit Patricia Ruelle, généalogiste familiale à Fribourg sous le nom de Chronique du temps, « les archives en ligne sont très rares. Selon les cantons, il existe également de grandes disparités d’accessibilité des sources. […] En Valais, il faut une autorisation du curé pour pouvoir consulter les registres paroissiaux d’une commune. »
« L’état civil suisse [laïc] existe depuis 1876. » Cela ne me concerne donc pas pour Joseph (déjà né, pas encore marié).

Autre particularité : « L’origine [qui] est un concept important en Suisse, [il] se rattache à l’ancien droit de bourgeoisie des familles. La ville d’origine d’une famille est celle dans laquelle le père possède un droit de bourgeoisie, qu’il a hérité de son propre père. Le père de famille transmet donc son lieu d’origine à sa femme et à ses enfants, et c’est dans cette commune qu’il faudra chercher des informations concernant la famille nouvellement créée. »
Dans mon « malheur » j’ai eu une chance, mes ancêtres suisses sont (quasi) tous originaires de Champéry et sa ville voisine de Val d’Illiez. Les lieux identifiés, les recherches peuvent commencer…

« Les registres paroissiaux [sont]  consultables aux archives cantonales. Le fonctionnement est similaire aux archives paroissiales françaises : les registres d’une paroisse recensent tous les événements qui se sont déroulés dans cette paroisse, sans tenir compte cette fois de la notion d’origine (mais elle est souvent mentionnée).
Dans les cantons […] catholiques (Fribourg, Jura et Valais) ils sont écrits en latin ou en français (ouf ! j’ai échappé à l’allemand gothique des cantons protestants, c’est déjà ça !).
Dans certains cantons, les registres originaux sont conservés dans les paroisses. Les Archives cantonales conservent alors des copies microfilmées. Une vaste entreprise de microfilmage a eu lieu en Suisse depuis les années 1990. »

Je ne mentionnerais pas les autres sources possibles, celles-ci me posent déjà suffisamment de problèmes.

En effet, si je ne me heurte pas aux délais de communicabilité (vu les dates qui m’intéressent), et si les actes sont librement consultables… il faut aller sur place ! Je vous passe les détails des consultations données par les archives cantonales : « Pour des raisons pratiques, il n’est pas possible de commander plus de dix articles à la fois. Les documents sont distribués à heures fixes :
- 08h30 commande possible la veille jusqu’à 16h15
- 10h15 commande possible jusqu’à 09h15
- 14h15 commande possible jusqu’à 13h15 »

Dans les forums, j’apprends en outre que « les copies d'actes ne sont pas gratuites, il faut débourser l'équivalent d'environ 25 à 30 euros pas acte. L'acte est très sommaire » ; information à prendre au conditionnel (sur les forums on dit tout et son contraire), mais en plus de ça, je risque de me retrouver sur la paille : 3 750 à 4 500 € de copies d’actes : gloups !

Donc, pour résumer, il faut que j’ai l’autorisation écrite du curé de la (des) paroisse(s) et que je me rende ensuite sur place aux archives cantonales (en l’occurrence à Sion) et que je calcule bien mes articles à commander (à cause des horaires), par paquets de 10 maximum, soit au moins 15 jours de présence puisque j’ai identifié 150 actes. Et pauvre comme Job.
Pas possible !

Bon, je cherche rapidement une autre solution : je me tourne vers l’AVEG (Association valaisanne d’Etude Généalogique) et crie au secours ! Très généreusement, ils me fournissent – gracieusement en plus – une liste d’ascendant composant ma lignée suisse : noms, prénoms, dates et lieux de naissance quand ils sont connus. C’est ainsi que « j’ai » pu identifier mes ancêtres Suisses. Mais aucun acte.

J’ai tenté d’autres pistes, mais en vain. Ah ! si ! j’ai trouvé l’origine du patronyme Borrat : du patois borat, taurillon, jeune homme (latin burrus, rouge ardent), ou bore, poil, laine grossière (latin burra, bourre, bure). Es-Borrat est une forme valaisanne, tirée d’un lieu-dit signifiant "chez les Borrat" (es = en les) [selon Ch. Montandon, www.favoris.ch/patronymes).].
Concernant les Borrat-Michaud, le nom est une variante de Borraz, Borra qui apparaît dans un rôle des terres du Chapitre de Sion à la fin du XIIe siècle. Cette famille se divise en plusieurs branches dites Borrat, Borrat-Besson, Borrat-Michod ou Michaud, Es-Borrat.
Les Borrat-Michaud descendent probablement d'un Michaud (= Michel) Borrat, fils de Jacquet Borrat, de Prabit; ce Michaud Borrat apparaît dans une reconnaissance de 1457 [selon le Nouvel armorial valaisan, Neues Walliser Wappenbuch, Auteur : Jean-Claude Morend, Léon Dupont Lachenal, Edité en 1984]. Donc pas de Borrat qui épouse une Michaud : légende familiale qui s’envole en partie. Au passage, clin d’œil à mon oncle Michel, qui s’appelle donc en fait Michel Borrat Michel !

C’était il y a une dizaine d’années. Je me suis dit : « adieu les Suisses ! Jamais je ne vous connaîtrai davantage ».

Aujourd’hui Noël approche. Je me suis dis que je pourrais demander au Père-Noël de m’offrir ces fameux actes manquants. Non que je mette en doute les relevés fournis par l’AVEG, mais ma formation d’historienne « m’oblige » à voir (avoir) la source première. Je recherche donc un généalogiste familial dans le Valais Suisse sur internet. En vain : je ne trouve que des généalogistes successoraux.

Je me tourne à nouveau vers l’AVEG en leur demandant si eux peuvent me fournir les actes, ou à défaut les coordonnées de quelque un susceptible de pouvoir le faire. Gentiment – à nouveau – ils me fournissent la copie d’une vingtaine d’actes. Cependant « les actes proviennent de photographies des registres paroissiaux de Val d'Illiez et de Champéry, réalisées avant les restrictions de l'Evêché. Les photos numériques n'avaient pas la qualité des photos actuelles, d'où la piètre qualité de ces photos. Aujourd'hui en effet, l'Evêché est propriétaire des documents et en limite fortement l'accès. Du coup, tous les registres n'ont pas été numérisés, et il est difficile d'accéder aux originaux ou aux copies disponibles aux archives valaisannes pour faire des copies des actes. »

Dans le lot, l’acte de naissance de mon AAGP, qui confirme bien sa naissance illégitime (ce dont je ne doutais pas) ainsi que les actes de naissance et décès de sa mère (qui ne s’est jamais mariée, même si, apparemment  elle a vécu avec un homme qui a reconnu l’un de ses enfants illégitimes… oui, elle aussi a eu plusieurs enfants illégitimes : l’histoire se répète). Les autres actes, concernant les ascendants les plus proches, confirment les dates données par l’AVEG il y a 10 ans. Un tableau issu de leurs relevés vient compléter l’envoi, identique aux données déjà reçues. J’ai laissé de côté les trois ou quatre dernières générations car elles n’ont pas d’acte leur correspondant et, les données n’étant pas sourcées, je ne sais pas comment le lien et la parenté de ces personnes a été établi.

Mais il me reste encore 130 actes à trouver. Je contacte cette fois directement les archives cantonales, pour savoir si elles peuvent réaliser des copies. La réponse est non, mais elles me conseillent de me tourner vers… l’AVEG !

Donc en 10 ans, si la généalogie en ligne en France a fait beaucoup de progrès, force est de constater qu’en Suisse les données restent bien au chaud dans leur coffre-fort. Inaccessibles. Je referai peut-être une nouvelle tentative dans 10 ans, sait-on jamais…


jeudi 30 novembre 2017

#Centenaire1418 pas à pas : novembre 1917

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de novembre 1917 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
___ 

1er novembre
Cette fois c’est officiel : nous partons en Italie ! Préparation de l’embarquement du lendemain.

2 novembre
Le bataillon embarque à Chavanges sur deux trains et demi (le 3e est partagé avec le 54ème). Notre compagnie est dans le 3e. Début de l’embarquement 17h ; départ : 20h.

3 novembre
Nous avons touché 9  jours de vivres. Itinéraire pour se rendre à la gare : Montier en Der, Droyes, Bailly le Franc, Chavanges.

Carte Montier-Chavanges

4 novembre
Itinéraire des trains : Langres, Dôle, St Amour, Bourg, Ambérieu, Culaz, Aixe les Bains, Chambéry, St Pierre d’Albigny, Modane, Turin.

Carte Chavanges-Turin
Dire que je suis passé si près de chez moi… Nous débarquons dans la nuit. Les Italiens nous ont fait un accueil très cordial. Le moral du bataillon est excellent.
Ordre général n°90 de la Division.

5 novembre
Rassemblement des officiers au QG. Pour nous c’est repos, nettoyage, inspection. On ne s’arrête pas ici : le  voyage continue demain.
Dire que me voilà en Italie !

Accueil Italiens © Gallica

6 novembre
Rassemblement à 6h50. Itinéraire Decenzano, Peschiera.

Carte Turin-Peschiera
Le bataillon défile devant le général Dillemann derrière lequel il a fait son entrée en ville. Nous cantonnons à l’école et à la caserne.

7 novembre
Emploi du temps à la discrétion des commandants de compagnie : on nous laisse un peu de temps libre pour découvrir l’Italie.

8 novembre
Ceux de la 47e déjà débarqués sont transportés en auto vers Breno-Edolo. Nous embarquons sur 36 camions à 8h. Itinéraire : Peschiera, Lonato, Brescia, Iseo, Pisogne, Breno, Cedegolo. Arrivée vers minuit à Cedegolo.

Carte Peschiera-Cedegolo

9 novembre
Nous nous installons dans nos cantonnements, situés à Sellero, au Nord de Cedegolo.

10 novembre
Aménagement des cantonnements. Travaux de propreté. Repos. Les habitants du pays se montrent très accueillants. L’armée italienne est très courtoise. Le bataillon reçoit l’ordre de se tenir prêt à se porter dans la région de Sonico-Edolo.

11 novembre
Départs échelonnés entre 9 et 10h. Nous cantonnons à Edolo.

12 novembre
Le bataillon a pour mission de barrer le Val Camonica. Devant lui la 5e DI italienne qui occupe la ligne des glaciers menant à l’Adamello. A droite le 31e CA français. A gauche le 12e BCA. Le seul passage permettant à l’ennemi de pénétrer dans le Val Camonica est le col du Tonale à 1 900 m, déjà encombré par la neige.

Edolo-Tonale

13 novembre
Le bataillon fait mouvement pour être regroupé en deux factions égales à Edolo et Cedegolo. On doit embarquer demain à Malonno. Installation sommaire dans les cantonnements.

14 novembre
Un éboulement interdisant la circulation sur la voie ferrée locale, l’embarquement du bataillon est retardé.

15 novembre
Toujours en attente de l’embarquement.

16 novembre
Nous embarquons enfin.

17 novembre
Itinéraire : Breno, Iseo, Brescia, Lonato, Vérone, Montebello. Nous sommes dans le 2e train qui part vers 1h30.

Carte Malonno-Tavernelle

18 novembre
Étape d’une quinzaine de km pour gagner les cantonnements : Agugliana, Il Motti par Montebello et Vicentino. Nous arrivons au cantonnement vers 5h, composés d’habitations disséminées.

19 novembre
Installation dans les cantonnements.

20 novembre
Exercices. Ordre de la division n°89. La Division est en réserve d’armée, chargée de l’organisation et de la défense d’une position d’arrêt. Elle est située  face au NE sur la ligne Isola di Malo-Vicense. On doit se tenir prêt à contre-attaquer pour aider les forces italiennes.

21 novembre
Exercices divers. Reconnaissance du terrain pour se rendre aux positions de défense.

22 novembre
Nouvelles répartitions des cantonnements : on nous attribue une ferme au Nord d’Agugliana.

23 novembre
Des renforts arrivent. On nous annonce un mouvement pour la Division demain. Préparation de départ.

24 novembre
Le Bataillon part à 6h. Il gagne le point initial de Montecchio Maggiore où il prend place dans la colonne n°3. En deux étapes la 47e DI, avant-garde de la Xe armée, se porte dans la région de Tezze. Mouvements et stationnements sont exécutés dans les conditions d’une marche de guerre, les troupes prêtes à l’attaque ou à la défense.
Itinéraire : Montorso, Montecchio Maggiore, Sovizzo, Creazzo, Cavazzale, Monticello. Arrivée à 19h à Bolzano.

Carte Montorso-Bolzano

25 novembre
Seconde étape : départ à 6h30. On rejoint la colonne n°2. Itinéraire : San Pietro in Gu, Scaldaferro, pont à bateaux de Friola, Tezze, Stroppari.
Le Bataillon profite d’un arrêt pour manger la soupe. Arrivée à 17h.
Cantonnement le long de la route  de Bassano-Citadella.

Carte San Pietro-Stroppari

26 novembre
Installation dans les cantonnements.

27 novembre
La Division étudie nos nouvelles positions : ligne de surveillance, ligne de résistance, ligne de soutien. Notre compagnie est assignée sur la gauche en première ligne.

28 novembre
Les unités reconnaissent les positions d’arrêts. Nos missions sont de renforcer l’armée italienne, contre-attaquer l’ennemi s’il se présente, couvrir un repli éventuel de l’armée italienne.

29 novembre
Les reconnaissances sont suspendues. Exercices. Les permissions reprennent (4% de l’effectif) à partir du 30 novembre.

30 novembre
Reconnaissance en première ligne du chef de Bataillon. Nous devons faire mouvement demain.