A partir de combien peut-on dire beaucoup ?
Est-ce que 15 générations dans un arbre généalogique c’est beaucoup ?
Mais... est-ce qu’une passion se quantifie ?
Blog généalogique, souvenirs d'aïeux de Conques (Rouergue) à Samoëns (Haute-Savoie), en passant par l'Anjou, la Bretagne, l'Ain, la Suisse . . .
« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »
- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches
Qu'elle ne fut pas ma surprise de reconnaître, au détour d'une page, la signature d'un de mes ancêtres, Antoine Courtin.
Je feuilletais alors le cahier de doléances de la paroisse de Villevêque (49).
Les cahiers de doléances : vous vous rappelez ? Ce sont ces registres
dans lesquels les assemblées chargées d'élire les députés aux États
généraux notaient vœux et doléances. Cet usage remonte au XIVème siècle. Mais les cahiers de doléances les plus notoires restent ceux de 1789.
Les cahiers de doléances du tiers-états sont pour la plupart
rédigés le dimanche, jour de la messe, où tous les villageois se
retrouvent. Ils peuvent y exprimer, de manière plus ou moins personnalisée, les revendications et attentes des habitants des communautés rurales et des paroisses.
C'est d'ailleurs ce que nous indique le procès verbal d'assemblée de la paroisse : "en l'assemblée convoquée au son de la cloche, en la manière accoutumée,
sont comparus sous le parvis de l'église de ce lieu, ou se tiennent
ordinairement les assemblées de cette paroisse" devant le procureur de
la châtellenie. Une cinquantaine de personnes présentes sont listées. "Tous nés français ou naturalisés, âgés de vingt cinq ans, compris dans ledit rôle des impositions, habitants de cette ditte paroisse de Villevêque, composée de trois cent feux. Lequels
pour obéir aux ordres de sa majesté, portée par les lettres données à
Versailles le vingt quatre janvier 1789 pour la convocation et tenue des
Etat généraux de ce Royaume [ . . . ] dont ils nous ont déclaré avoir
une parfaite connaissance tant par la lecture et publication cy devant
faite au prône de la messe de paroisse de ce jour par monsieur le
vicaire de cette paroisse et l'affiche qui vient d'en être faite à
l'issue de la ditte messe de paroisse au devant de la porte
principale de l'église, nous ont déclaré qu'ils allaient d'abord
s'occuper de la rédaction de leur cahier de doléances, plaintes et remontrances, et en effet ayant vacqué, ils nous ont représenté ledit cahier qui a été signé par ceux desdits habitants qui scavent signer".
Ils
ont ensuite élu leurs députés, représentants de la paroisse et porteur
dudit cahier à l'assemblée qui se tiendra au palais royal d'Angers le 16
mars suivant afin de "proposer, démontrer [ . . . ] tout ce qui peut concerner
lesdits besoins de l'Etat, la réforme de l'abus, d'établissement d'un
ordre fixe et durable dans toutes les parties de l'administration la propriété générale du royaume et le bien de tous et un chacun des sujets de sa majesté".
Les États Généraux sont une assemblée composée des représentants des trois ordres (noblesse, clergé et tiers-état). Ils n'avaient plus été sollicités depuis 1614. En 1789, ils sont convoqués
pour trouver une solution à la grave crise financière, politique et sociale qui sévit dans le royaume.
Le cahier de doléances de la paroisse de Villevêque est composé de 16 pages.
Antoine Courtin est
tantôt qualifié de fermier ou closier. Son père était qualifié d'
"honnête homme marchand fermier", mais le fils ne semble pas avoir poursuivi les activités de marchand de son père. Il est mon sosa n°318.