Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas vous allez vite le savoir, mais du fait de ses différentes nominations (notamment en tant que garde forestier), Jules va changer plusieurs fois de domicile.
Selon les sources, il est parfois difficile de le localiser. Ainsi, rien que pour l’année 1905, il est successivement dit « scieur aux Neyrolles » (acte de décès de son épouse, en juin) et « cultivateur au Poizat » (dans sa lettre de nomination au poste de garde forestier à Samognat, en octobre).
En fait, on ne peut se fier ni au métier ni à la localisation donnée par les sources, sans un certain recoupement. Ainsi, on l’a vu (cf. article A comme Assumel Lurdin), le métier de lapidaire exercé alors qu’il avait une vingtaine d’année, n’est qu’une activité secondaire, hivernale. De même, nommé garde forestier à Samognat, il n’habitera jamais cette commune.
Une seule source permet d’être sûre de ses différentes résidences : les recensements. Appelées listes nominatives de population, elles ont été dressées de manière systématique à partir de 1836, tous les 5 ans (sauf pendant les années de guerre). Elles indiquent, pour chaque commune, par rue et par foyer, les noms et prénoms des habitants, leur profession, leur place dans le ménage (chef de famille, épouse, fille, fils, domestique...) et, parfois même, l'âge, l'année et le lieu de naissance, la nationalité, les infirmités ou la religion.
Jules apparaît ainsi dans les listes de recensement du Poizat :
- en 1896 (il a 20 ans). Il habite Monent avec ses parents, ses trois frères et sa sœur. Il est dit lapidaire.
Extrait du recensement du Poizat, 1896 © AD01
- en 1901 (il a 25 ans). Il habite Le Replat avec sa mère, ses trois frères et sa sœur (son père est décédé en 1897). Il est lapidaire et patron. Il emploi probablement son frère Joseph âgé de 19 ans.
Il déménage ensuite et apparaît dans les listes de recensement aux Neyrolles :
- en 1906 (30 ans). Il habite au "Village d'en bas" avec sa fille Blanche (dite née en 1906 aux Neyrolles, mais sa mère est décédée en 1905 : c’est une erreur du rédacteur – ou de son informateur – elle est née en 1903, et au Poizat, en fait [ 1 ]). Il est scieur (son patron se nomme Carrier).
Enfin, on le voit dans les listes de recensement à Martignat :
- en 1911 (35 ans). Il habite à Grande Rue (Sur Muret) avec son épouse et sa fille Blanche (correctement dite née en 1903 au Poizat, cette fois, « fille »). Il est dit de nationalité française, garde forestier et « époux ».
Lorsqu’il déménage en Anjou dans les années 1920, on perd sa trace dans ce type de source. D’abord parce qu’il n’y a pas de recensement de la population en ligne en Maine et Loire. Et puis parce que de toute façon il n’y a pas de document postérieur à 1911 en ligne car les instances décisionnaires (CADA - Commission d'accès aux documents administratifs - et CNIL - Commission nationale informatique et libertés) s’opposent à la diffusion sur internet de données concernant des personnes susceptibles d'être encore en vie.
[ 1 ] D’où l’importance de bien toujours recouper les sources et ne de pas prendre pour argent comptant un document, tout officiel qu’il soit.
Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Sources : recensements, état civil.