« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 23 novembre 2019

#ChallengeAZ : T comme types d'actes

A partir des trois actes que sont le testament, l’inventaire après décès et le partage des biens de Jean Avalon, j’ai donc découvert 400 actes. Ils sont très variés : j’en dénombre plus d’une centaine de types différents. Parmi eux 64 ne se retrouvent qu’une seule fois et 18 de plus en deux exemplaires. Certains sont dits « extraits de … » (de vente, de cession, etc…) : est-ce une expression ou est-ce que Jean Avalon ne possédait pas le document en entier ?

Les documents les plus nombreux sont les obligations : 204 au total. Certaines portent une précision type « brassade de bois » ou « pipe de vin », mais cela reste assez rare hormis pour le « chaptail » plus souvent nommé.

« Obligations » de Jean Avalon

Les ventes représentent 35 documents et, en général, on sait de quoi il retourne car le bien vendu est presque toujours précisé (maison, vigne, terre, etc…).

« Ventes » de Jean Avalon

7 documents font référence à des contrats de mariage, 8 à des quittances ou 11 à des liasses de procès et des appointements de condamnation (voir lettre V). Plus rare, on mentionne le cadastre d’Entraygues (rappelons que nous sommes à la fin du XVIIème siècle : Napoléon et son célèbre cadastre n'est pas encore passé par là) ou le « rolle des aumônes » : Jean y apparaît comme donateur, pour deux quarts de seigle ; il ne signe pas (comme d’habitude).



* Le sens d’un mot vous échappe ? Rendez-vous sur la page Lexique de généalogie de ce blog pour le découvrir !


vendredi 22 novembre 2019

#ChallengeAZ : S comme somme

Sur les 400 actes retrouvés concernant Jean Avalon, 63 n’ont pas de somme connue - dans l'état actuel de mes recherches. 25 sont exprimés en natures (bois, blé, vin, etc…), ce que je ne sais traduire en valeur pécuniaire.

Pour ceux que j’ai pu dénicher, la plupart se situe sous les 50 livres (156 actes), un gros tiers entre 100 et 300 livres et près d’une quinzaine au-delà.

En dessous de 50 livres ces sommes correspondent à la vente/l’achat d’animaux, de terres, de legs aux prêtres obituaires de la ville, de « marchandises prises dans la boutique », etc… Ces informations proviennent essentiellement de l’inventaire réalisé après le décès de Jean Avalon et je n’ai trouvé que peu de ces documents d’origine dans les fonds en ligne. Pour beaucoup j’ignore même quel est la raison de la dette/créance.

Au-delà de 100 livres on retrouve la trilogie terres/animaux/viande de boucherie.

La moyenne des sommes connues est de 78 livres (1 415 euros).


Montants des actes concernant Jean Avalon

Parmi ces 400 actes notariés, la plus petite somme connue due à Jean Avalon est de 3 livres, dette contractée par Gaspard Marc pour de la viande « puisée dans la boutique dudit Avalon ». Le notaire et la date ne sont pas connus (c’est un acte « de seconde main » ; pour en savoir plus sur ce point voir la lettre L). Ce qui équivaut à un peu moins de 55 euros.

En ce qui concerne les montant les plus élevés on distingue une dette de 500 livres, d’une part, qui est en fait un agglomérat de dettes dues à l’origine par Benoît Comby, paysan d’une paroisse voisine, et de plusieurs membre de sa famille (père, épouse, oncle). Cette dette est passée de main en main par « transport » depuis le contrat de mariage de Comby fils en 1664 jusqu’à finir par échoir à Jean Avalon en 1693.

Et, d’autre part, un extrait de vente de Pierre Gineston à Jean Avalon, pour une valeur de 750 livres, datée de 1689. Malheureusement l’acte en question n’a pas été trouvé, j’ignore donc ce que mon ancêtre a acheté à son lointain cousin (bien sûr : voyez la lettre G), avocat et digne représentant de la haute société d’Entraygues ; je sais juste que cela concerne « un chay » mais l’acte d’origine recelait sans doute davantage de détails sur cette vente.



* Le sens d’un mot vous échappe ? Rendez-vous sur la page Lexique de généalogie de ce blog pour le découvrir !



jeudi 21 novembre 2019

#ChallengeAZ : R comme richesse

Jean Avalon fait partie de la bourgeoisie d’Entraygues, est parfois élu consul de sa ville, traite ses affaires avec d’autres bourgeois, voire même la comtesse comme on l’a vu dans les lettres précédentes. Bref, il brasse de l’argent. Mais combien ?

Outre le fait qu’il est difficile de le savoir, il faut choisir un instant T : évidemment sa fortune n’est pas la même au début et à la fin de sa vie.

Si on choisi la fin de sa vie, on voit que dans son testament il lègue à ses enfants la somme de 4 000 livres chacun. A son aînée déjà mariée, il avait donné par contrat de mariage 1 000 livres, des meubles et du linge (dont la valeur n’est pas quantifiée). Ce qui fait au plus bas (sans le mobilier) 10 000 livres pour les dots.

On sait que deux de ses trois enfants nés du premier lit deux sont morts en bas âge. La troisième reste incertaine à cause de lacunes des registres, mais comme elle n’apparaît pas dans son testament on peut supposer qu’elle est décédée avant 1700 ; a-t-elle eu le temps de se marier (et d’être dotée) ? Nous l’ignorons.

Lors du partage de ses biens après décès, quatre lots sont faits (trois pour ses enfants et un pour son gendre), soit un total de 14 295 livres (partie en mobilier/immobilier et partie en obligations).

Ce qui nous fait, avec les dots, 27 295 livres (à minima), soit environ 495 162 euros actuels, légués à ses enfants. N'oublions pas que nous sommes en 1700. Même s'il est difficile d'apprécier le niveau de vie (qui change selon les régions), on peut noter que le salaire d'un ouvrier ou paysan est à cette époque de 100 à 300 livres par an, le revenu bourgeois se situant entre 5 000 et 20 000 livres par an. Une famille de quatre personnes, pour assurer sa simple subsistance, dépensera environ 90 livres. [1] Évidemment les chiffres cités plus haut rendent compte une situation financière à un instant T, pas d'un revenu annuel, que je n'ai aucun moyen de connaître, mais cela nous donne quand même une petite idée du rang que pouvais tenir Jean Avalon.

Richesse © pixabay

Par ailleurs, dans les 312 actes notariés dont le montant est connu, Jean Avalon a brassé 24 499 livres. Somme à laquelle on pourrait rajouter les règlements en nature (bois, blé, récoltes, etc…) mais dont la valeur n’est pas forcément convertie en monnaie et reste donc inconnue. Parfois c’est de l’argent dépensé (lorsqu’il achète une maison par exemple), souvent c’est de l’argent qui vient rembourser une créance !

C’est donc l'équivalent de 444 439 euros qui sont entrés ou sortis de sa poche au cours de sa vie, via les actes notariés. A minima encore une fois.

Si on extrapole (en prenant la moyenne des actes dont le montant est connu, multipliée par 400), ce montant pourrait grimper jusqu’à 31 408 livres, soit 569 776 euros. Mais j’ai peut-être l’imagination un peu fertile…

Bref, si dans l’état actuel de mes recherches il m’est impossible de définir véritablement le montant exact de son « compte bancaire », je crois tout de même pouvoir dire que Jean Avalon était riche.


[1] Source : Jean Sgard : L'échelle des revenus, éd. Garnier frères, 1982