Cette année, alors que les questions climatiques sont au cœur de l’actualité, l’opération « Dis-moi dix mots » s’engage pour la planète. Repensons grâce à notre langue notre rapport au monde qui nous entoure ! Cette édition, « Dis-moi dix mots pour la planète » entre en résonance avec les problématiques actuelles et nous invite à explorer les grands défis en matière d’environnement tels que le climat, la biodiversité et les conflits relatifs aux ressources.
Au début, lorsque j’ai commencé la généalogie, pour explorer ma planète familiale, je me contentais de chercher les 3 dates essentielles de la vie de mes ancêtres : naissance (ou baptême selon les époques), mariage et décès (ou sépulture). Je n’ai aucune branche de mon arbre dans la région où je demeure : tout doit donc se faire à distance. Pour l’état civil, c’est assez facile : la plupart des départements ont mis en ligne leurs collections. Vive internet ! Plus besoin de se déplacer.
Puis, petit à petit, j’ai élargi le champ de mes recherches, au hasard de la mise en ligne de différents fonds : matricules militaires, cadastres, enregistrement (pour les successions), listes électorales, recensements et bien sûr actes notariés en tous genres. Et depuis lors le biome [1] regroupant les documents concernant mes ascendants ressemble plus à une forêt vierge qu’à une toundra !
En débroussant [2] ces pièces j’ai découvert des territoires inconnus, des détails savoureux de l’existence de mes parents, proches ou lointains, que jamais je n’aurais pensé connaître. C’est l’horloge avec ses poids accordés et sa boîte (inventaire après décès de la veuve Châtelain, 1863), les arbres qu’ils faut entretenir en bon père de famille (bail à ferme d’une petite borderie par Pierre Robin, 1778), la concession d’un emplacement de bancelle dans l’église paroissiale (droit de banc pour Laurent Vaugoyau, 1759), le vaurien de la famille qui a fait de la prison pour de petits délits (matricule militaire de Benoît Astié, classe 1912). Bref, je glane [3] ici ou là, d’un bout à l’autre du pays, tantôt en Rouergue, tantôt en Savoie, tantôt ailleurs, au gré des découvertes, des fragments de vie que jamais l’état civil seul ne m’aurai permis d’entrevoir.
Jusqu’à présent perdue, au ras du sol, dans la forêt de mes ancêtres, je me hisse désormais au sommet de la canopée [4], m’ouvrant des horizons dégagés, infinis, inédits. Si ma généalogie était autrefois sombre et sans reflet, elle est aujourd’hui solaire [5], illuminée de mille fragments, brillants à la lumière des « grosses » notariales et autres sources. Ces « titres et papiers » sont une oasis dans le désert, une palmeraie [6] salvatrice pour qui a soif d’en apprendre davantage sur les jours et les usages des générations anciennes.
Bien sûr, je ne dis pas que ces textes sont tous faciles à interpréter : écriture ou tournures de phrases peuvent conserver leurs secrets. Mais la plupart du temps ils permettent d’appréhender la vie quotidienne de nos aïeux : les objets qu’ils possédaient (inventaires après décès), leur niveau de fortune (contrat de mariage), les relations privilégiées qu’ils entretenaient (testaments). Ils mettent en relief des histoires, petites ou grandes : le contrat d’apprentissage du petit dernier, les blessures de guerres reçues sur des champs de bataille plus ou moins lointains, la rédaction des cahiers de doléances à la Révolution, la reconnaissance de dot attestant que les sommes promises ont bien été versées.
Nos prédécesseurs ont laissé leurs empreintes [7] dans ces liasses parfois jaunies par le temps : c’est à nous de savoir les dénicher aujourd’hui. Étaient-ils conséconscients [8] de semer ainsi de précieuses bribes de leurs vies, quand ils allaient faire rédiger ces actes, purement administratifs pour la plupart ? Sans doute pas.
Mais moi je m’en délecte aujourd’hui, butinant [9] le nectar de ces pages rédigées en l’étude d’un notaire (partage Astié, an XIII), au chevet d’un malade mourant (testament Bernard Jacquiot, 1689) ou même sur le bord d’un chemin (« au chemin public, au lieu de sous la motte en bas du cimetière du Biot », obligation rédigée en 1726 par Me Vulliez, mon sosa 1612).
Grâce à ces documents, mes ancêtres sortent de l’oubli, dégagés de la poussière du temps, surgissant soudain à la lumière, me murmurant leurs histoires. Ils sont vivants [10] !
Présentation de l'opération Dis-moi dix mots
Quel bel article ! Défi relevé avec succès ! :-)
RépondreSupprimerDéfi validé haut la main. Bravo !
RépondreSupprimerLa généalogie est omniprésente dans ta planète, elle développe des frondaisons qui croissent depuis des années.
RépondreSupprimerRadieuse, rayonnante, solaire, tu la mets en lumière.
Merci Marie !
SupprimerMélanie - Murmures d'ancêtres