« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mardi 23 juin 2015

#ChallengeAZ : T comme Touring Club de France

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le saviez vous auriez m’en informer tout de suite, mais poursuivant le parcours de Jules dans la presse [ 1 ], j’ai découvert qu’il était mentionné plusieurs fois dans la revue du Touring Club de France !

Revue Touring club de France © Gallica

S’inspirant d’un Cyclists Touring Club, un groupe d’amis français fonde un mouvement similaire qu’ils nomment le Touring Club de France (TCF). Leur but est de développer "le tourisme sous toutes ses formes, à la fois par les facilités qu’elle donne à ses adhérents et par la conservation de tout ce qui constitue l’intérêt pittoresque ou artistique des voyages".
Jusqu’aux congés payés de 1936, le tourisme est essentiellement réservé aux classes sociales aisées. Les fondateurs du TCF, passionnés de vélo, souhaitent développer le cyclotourisme. On est en 1890 et le « vélocipède » est alors en pleine croissance.
L’association participe au développement des guides touristiques, dès 1899, et des routes touristiques, des pistes cyclables, campings ou colonies de vacances, etc…
Malgré sa reconnaissance d’utilité publique en 1907, elle va péricliter dans la seconde moitié du XXème, avant de cesser définitivement ses activités en 1983.

Le TCF a aussi édité une revue mensuelle. Et c’est dans cette revue qu’apparaît Jules. A trois reprises en effet, on voit citer son nom :
  • Revue mensuelle du Touring-Club de France, février 1911 – « Concours de fabrication de skis, organisé à l'occasion de la Grande Semaine d'Hiver des Pyrénées. Ce concours était ouvert à trois catégories : 1° Ateliers militaires; 2° Ecoles professionnelles, industrielles et autres; 3° Fabrication familiale. Le jury s'est réuni au siège social du TCF, le 16 janvier dernier. Il a décerné, comme suit, les prix et récompenses affectés à ce concours : [...] 3° Fabrication familiale : [...] Assumel (Martignat, Ain)... 25 francs espèces. »
 

  • Revue mensuelle du Touring-Club de France, avril 1911 – « Liste des candidats, Département de l'Ain, Martignat, Assumel (J.), garde des eaux et forêts » (à quoi était-il candidat ? la liste ne le dit pas; le concours de skis de l'édition de février ?).
  • Revue mensuelle du Touring-Club de France, 15/9/1913 – « Concours de fabrication de skis pour enfants et de bâton de skis - Ces concours, ouverts par le Touring-Club, ont réuni un nombre de concurrents suffisant pour nous laisser espérer que les résultats en seront excellents. Nos meilleurs constructeurs ont répondu à notre appel et, d'ici la fin de l'année, nous en sommes convaincus, nos jeunes skieurs seront pourvus du matériel spécial qui leur manquait encore et le bâton de ski de tourisme, depuis si longtemps attendu, aura vu le jour. Le jury chargé d'examiner les envois de compétiteurs se réunira dans le courant d'octobre. Nous donnons ci-après la liste des concurrents : [...] concours de fabrication de skis économiques pour enfants : Assumel à Condamine (Ain). »

Si son prénom n’est pas toujours cité, on reconnaît néanmoins Jules dans  ces listes de concurrents (notamment grâce à ses domiciles, identifiés par ailleurs : voir l'article D comme domicile).

En dehors de ses activités de garde des eaux et forêts, Jules devait donc, dans son garage (ou ailleurs…) bricoler des accessoires dédiés au ski. On rappellera que Martignat est une commune de l’Ain située à 450/950 m d’altitude et Condamine la Doye à 500/800 m. Le ski y est toujours pratiqué. 

Pour aider au développement de la pratique du ski, le TCF offrait de généreuses contributions et organisait des manifestations pour promouvoir les sports de neige auprès d’un public de plus en plus large. Il incitait aussi les habitants des régions montagneuses et les touristes à fabriquer eux-mêmes leurs skis. D’où l’organisation de ces concours. Jules ne devait pas être manchot, puisqu’il a remporté notamment le concours de 1911 dans la catégorie « fabrication familiale », avec un prix de 25 francs à la clé !


[ 1 ] Voir l'article Q comme quotidien et mensuel.



Merci à Gallica pour cette trouvaille.
Source : presse en ligne.


lundi 22 juin 2015

#ChallengeAZ : S comme santé défaillante

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas je vais vous le dire, mais Jules avait une santé fragile.

C’est ce qui explique que son avancement a été refusé en 1916.

Rapport Pierron, 19/09/1916 © AD01

"République Française
Ministère de l’agriculture
Direction générale des eaux et forêts
Rapport
De M. Pierron
Inspecteur des eaux et forêts
A Nantua
Par lettre ci-jointe du 29 Août 1916 Monsieur le Préfet a fait connaître que son attention avait été appelée par Monsieur Pierre Baudin, Sénateur, ancien Ministre sur M. Assumel garde forestier à Condamine-la-Doye, qui désirerait être nommé brigadier communal.
Le garde Assumel a déjà été recommandé pour le même motif en 1909, en 1910 et en 1912. Il est entré dans l’Administration des Eaux et Forêts en 1908 ; il est bien noté, mais il n’a pas été proposé pour le grade de brigadier. Il a été mobilisé comme chasseur forestier au début de la Guerre : on a dû l’année dernière le remettre à la disposition de l’Administration parce que son état de santé l’avait rendu impropre au service militaire ; pour ce motif, ses chefs immédiats ont été invités à le ménager et à ne pas lui demander un travail fatigant. Actuellement sa santé est bonne ; il a pris part aux opérations relatives aux coupes pour lesquelles il a été convoqué, une seule fois seulement pendant deux journées consécutives. Une longue marche lui occasionnerait une enflure des jambes. On pourrait plus tard le nommer brigadier, à condition de lui donner un service facile n’occasionnant pas de causes pénibles. Il serait équitable cependant de nommer auparavant à ce grade ceux de ses collègues qui figuraient au tableau d’avancement avant 1914, qui depuis ont supporté sans interruption les fatigues de la guerre, et qui sans la mobilisation auraient déjà obtenu l’avancement pour lequel leurs chefs les avaient spontanément proposés.
Nantua, le 5 septembre 1916
L’Inspecteur des Eaux et Forêts

Tampon de la Préfecture
8/9/1916"

Outre le fait que ses problèmes de santé sont un nouveau motif pour refuser son avancement, on s'aperçoit ici que Jules devait parfois souffrir dans l'exercice de son métier. Il n'a pourtant que 40 ans.

Finalement, il sera muté en Maine et Loire, en 1921, où le relief nettement plus plat lui évite les fatigues inhérentes à son métier et à ses longs parcours en terrain accidenté des forêts de l’Ain. 

Dès lors, les rapports de ses supérieurs indiqueront que sa santé est « bonne ».

Ces sources ont expliqué pourquoi il ne progressait pas dans la carrière et surtout pourquoi il a déménagé en Anjou (les causes de ces déménagements lointains restant souvent un mystère).


Merci aux Archives Départementales de l’Ain et aux Archives Nationales pour cette trouvaille.
Source : état du personnel des eaux et forêts, dossier Assumel-Lurdin.


samedi 20 juin 2015

#ChallengeAZ : R comme Raymond ou la fracture du crâne

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas vous allez vite le découvrir, mais les mentions de nos ancêtres dans la presse sont parfois bien tristes.

Ainsi je suis tombée sur une suite d’articles de l’Ouest Éclair :
  • le 11 septembre 1932 :
Extrait l'Ouest Éclair, 11/09/1932 © Gallica

"Un jeune homme se fracture le crâne en tombant de bicyclette - 
Un grave accident s'est produit hier après-midi, vers 16h, à l'angle de la rue Desmazières et de la place de la Madeleine. Le jeune Assumel Raymond, 14 ans, domicilié chez ses parents, 169 rue Pasteur, et apprenti horticulteur chez M. Detriché, circulait à bicyclette autour de la place de la Madeleine, se livrant à une série d'exercices plus ou moins de circonstance. Soudain, il voulut s'engager dans la rue Desmazières. Malheureusement, deux piétons se trouvaient devant lui et à quelques mètres de là deux voitures en stationnement. A la suite d'une manœuvre qu'on ne peut s'expliquer pour l'instant, le jeune homme fit une chute telle sur le ciment de la route qu'il se fracture le crâne. 
L'ambulance automobile le transporta à l'hôpital après que le jeune homme eut reçu sur place les soins du docteur Brunetière."

Raymond est bien le fils de Jules Assumel et Marie Gros. Si Marie habite effectivement rue Pasteur, comme indiqué dans la coupure de presse, Jules quant à lui n'y est pas puisqu'il est décédé en 1929.

  • le 12 septembre 1932 :
Dans l’édition du lendemain on peut lire : "Après l'accident de la Madeleine - Le jeune Assumel est mort. Nous avons relaté hier les circonstances dans lesquelles le jeune Assumel, âgé de 13 ans, avait été blessé dans un accident, place de la Madeleine. Le pauvre enfant, transporté immédiatement à l'hôpital, y décédait dans la nuit de samedi. Nos condoléances à sa famille si cruellement éprouvée."

  • le 13 septembre 1932 :
L’édition du 13 vient clore cette sinistre série, en mentionnant le décès de l’enfant dans la rubrique État civil : "Décès : Raymond Assumel-Lurdin, 12 ans, rue Pasteur, 169."

Raymond avait effectivement 12 ans, contrairement aux indications fournies dans les éditions précédentes.

Cet accident est relaté dans les différentes éditions de l'Ouest Éclair du Maine et Loire, de la Vendée et de l'Ile et Vilaine.

En sa mémoire, Marcelle, sa sœur, prénommera son fils aîné Jean Raymond.


Merci au moteur de recherche de Geneanet et à Gallica pour toutes ces trouvailles.
Source : presse en ligne.