« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

lundi 21 novembre 2022

R comme ROBIN

    - Laissons faire le hasard -

 

  • Nom/sosa/génération

Aujourd’hui sur les 105 patronymes commençant par R, le hasard a désigné les ROBIN, et parmi eux Jeanne ROBIN, sosa n°247, VIIIème génération.


  • Etat civil

Jeanne ROBIN est née aux Epesses (Vendée) en 1780. A 23 ans elle épouse François COUTAND, qui est alors métayers à St Michel Mont Mercure. Ensemble ils auront 7 enfants, dont un mort en bas âge. Ils déménagent au grès des baux de fermes : Saint Amand s/Sèvre (Deux-Sèvres), Pouzauges, La Pommeraie. Jeanne y meure à l’âge de 60 ans en 1840.

 

  • Environnement familial

Jeanne est la 6ème d’une fratrie de 8. 2 de ses sœurs sont mortes en bas âges. Son père a exercé plusieurs professions : tisserand, laboureur, bordier, marchand. Il meurt alors que Jeanne n’avait que 9 ans. Il était lettré et avait une belle signature. Il avait hérité de sa mère une ferme située à Mallièvre qu’il met en fermage en 1765. Sa mère avait elle aussi hérité de son père une ferme, située au Petit Bourg des Herbiers, mise en fermage en 1778. Je ne sais pas ce que sont devenues ces fermes par la suite. Lors de son décès en 1822, elle légua à ses enfants plusieurs rentes.

Jeanne n’a pas connu ses grands-parents, tous décédés avant sa naissance.

Elle marie trois de ses enfants et a connu ses trois premiers petits-enfants.

 

  • Sources généalogiques complémentaires

ROBIN : Très fréquent, c'est un diminutif de Robert (nom de personne d'origine germanique, Hrodberht ; de hrod = gloire + berht = brillant) porté dans toute la France, mais surtout en Vendée.

Elle vit sous les règnes de Louis XVI puis connait la Révolution, les troubles de la guerre de Vendée et s’éteint sous la Monarchie de Juillet.

En 1807 est dissoute la communauté fondée avec son mari, leur fille aînée Marie Françoise et le gendre Mathurin TREILLARD, Jeanne et son mari François COUTAND ; chacun des couples y étant pour un tiers.

Elle apparaît dans les listes de recensement de St Michel Mont Mercure en 1820. Elle habite à Laurière avec son époux et 6 de leurs enfants. Je ne trouve plus la famille par la suite, même en 1836 à Pouzauges où, pourtant, sa présence est attestée en 1833 et octobre 1836.

Jeanne apparaît dans les registres de succession de Pouzauges. Ses héritiers sont François et Pierre COUTAND (selon tables), François son époux et Pierre, Etienne, Marie, Marie Anne, Jeanne, tous enfants de ladite Jeanne ROBIN (selon registre de mutation). Il est noté le n°582 du sommier douteux. Sur ce sommier sont consignés l'existence de droits impayés ou fraudés (mais ces registres ne sont pas conservés aux archives). Quand le contrôleur a réuni les preuves de l'exigibilité d'un droit ou lorsque le contrevenant se reconnaissait débiteur de l'impôt, l'article était annulé et reporté sur le "sommier des droits certains". A l'inverse, si la réclamation est non fondée ou s'il n'y avait pas de preuves suffisantes pour engager des poursuites, l'article était annulé.

La valeur du mobilier, argent, rentes et créances déclarée est de 27 francs; pas d'immeuble.
Selon la déclaration faite le 22 mai 1841 par François son époux, la succession est composée du mobilier propre, à savoir :
1) un lit composé de son bois, paillasse, coëte, traversin, matelas, estimé à 20 francs.
2) un coffre estimé à 3 francs.
3) deux draps estimés à 4 francs.
Immeubles : néant.

Sa famille n’a pas été trouvée sur le cadastre de Pouzauges (dressé en 1841). Son mari étant déclaré bordier à son décès en 1843, peut-être n’apparaît-il pas parmi les propriétaires.

 

  • A chercher

Qu’est devenu son fils Etienne, dit domestique à Mortagne en 1840 (je n’en sais pas plus).

 

 

 

samedi 19 novembre 2022

Q comme QUERO

    - Laissons faire le hasard -

 

  • Nom/sosa/génération

Aujourd’hui sur les 3 patronymes de ma généalogie commençant par Q, le hasard a désigné les QUERO, et parmi eux Marie QUERO, sosa n°433, IXème génération.


  • Etat civil

Marie QUERO est née en 1731 à Loudéac (Côtes d’Armor). A 22 ans elle épouse Pierre LE FLOCH et lui donne deux fils. Elle perd le second âgé de 3 semaines. 4 mois plus tard c’est son mari qu’elle enterre. 5 ans plus tard elle convole à nouveau, avec Basile TRESVAUX, un tisserand, veuf d’une paroisse voisine, d’une quinzaine d’années son aîné. Avec lui elle aura 5 enfants (dont une paire de jumeaux), tous morts jeunes sauf la dernière. Elle enterre son second mari en 1774. Elle meurt à son tour en 1782 à 50 ans, de suites de maladie.

 

  • Environnement familial

Elle est décédée alors qu’elle avait encore deux filles au foyer. Marie Françoise est décédée 7 mois après elle : c’est son fils né du premier lit Jacques LE FLOCH qui déclare le décès de la jeune fille âgée de 13 ans. Il est aussi le témoin au mariage de Jeanne TRESVAUX en 1793 (il est dit « mi-frère ») : les deux parents des filles TRESVAUX étant décédés, peut-être a-t-il été nommé leur tuteur ?

En plus de ses deux maris et de 5 de ses enfants, Marie a aussi enterré son père (1746), sa mère (un mois avant son propre décès), 3 de ses 7 frères et sœurs. Elle avait deux frères prénommés Julien (dont son jumeau) : l’un est décédé en 1739 « âgé de 6 ans » : c’est probablement le deuxième (en fait âgé de 5 ans) et non son jumeau (âgé de 8 ans) ; mais je n’ai pas retrouvé ce jumeau par la suite.

Elle n’a pas connu ses 3 grands-parents (la 4ème n’est pas identifiée). 3 de ses oncles et tantes sont décédés jeunes.

Bref, la mort rôde autour de Marie.

 

  • Sources généalogiques complémentaires

QUERO : Sans accent sur le e, c'est un nom espagnol surtout porté dans les provinces du Sud (Malaga, Cordoue, Jaén). Il désigne un rocher ou un lieu rocheux (racine pré-indoeuropéenne *kar, *ker), tout comme le catalan Quer. C'est notamment le nom d'une commune de la province de Tolède. Avec accent, tout comme Quérou, c'est un nom breton dérivé de ker = hameau.

Elle vit sous les règnes de Louis XV puis Louis XVI.

Il n’y a pas d’archives notariales en ligne antérieures au XIXème siècle pour Loudéac.

Marie apparaît dans les tables des successions et absences du bureau de Loudéac. Elle est dite veuve de Basile Tresvaux. Les biens et héritiers ne sont pas renseignés. Je ne l’ai pas trouvée dans les registre jusqu’en 1787.

Elle est née trop tôt pour apparaître dans les recensements, les cadastres.

 

  • A chercher

Une éventuelle succession plus tardive.

Le conseil de famille pour les deux jeunes Tresvaux après le décès de leur mère.

 

 

 

vendredi 18 novembre 2022

#52Ancestors - 46 - Antoine Mas

 - Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 46 : Cimetières et tombes

 

A l'occasion de cette quarante sixième semaine du challenge #52Ancestors dont le thème est "cimetière et tombes", je reviens sur les tristes (et nombreux) voyages d’Antoine Mas au cimetière.


On le sait, la période qui précède la Révolution française est une période de calamités agricoles : mauvaises récoltes, faim, froid, disettes… puis Révolution. Bien peu ont échappé à ces fléaux (en général, ils seront bientôt rattrapés et auront des ennuis jusqu’au cou…).

A Conques (12), si je n’ai pas de détails particuliers sur cette période, je vois bien que les registres paroissiaux débordent d’actes de sépultures.

Est-ce que la configuration du village a beaucoup changé par rapport à aujourd’hui ? Je l’ignore. Cependant aujourd’hui le cimetière est coincé entre l’abbaye et… le vide. Conques est en effet un village niché à mi-pente d’une grande colline (petite montagne ?) au cœur d’une vallée encaissée [*]. Il n’est pas très grand. Entouré d’un petit muret ; paisible lieu de repos et d’éternité.

 

Vue aérienne de Conques © B.Rousset via survoldefrance.fr

Lieu que la famille Mas a fréquenté de (trop) nombreuses fois. Antoine Mas (mon sosa n°132) a épousé Françoise Pradel - ou Pradellis/Pradelly - (sosa n°271) en 1775. Il est couvreur (il est même dit « Maître couvreur » en 1789 ; ce qui me fait penser qu’il ne devait pas être le plus pauvre parmi les plus pauvres), demeurant à Conques, rue des Rocs [**]. Ensemble ils ont eu 9 enfants… Et ils en ont enterré 8 ! Presque aussi régulièrement que Françoise mettait des enfants au monde (soit à peu près tous les deux ans), Antoine allait ensuite les enterrer au cimetière !
Le plus jeune a vécu 13 jours, le plus vieux 87 ans (mais il est resté célibataire). Seul mon ancêtre directe, Jean Antoine a survécu à cette hécatombe et a eu une descendance.

Antoine a donc accompagné ses enfants au cimetière en :
  • 1781 : décès de Françoise (âge inconnu)
  • 1783 : décès d’Antoine âgé de 2 semaines
  • 1785 : décès de Catherine âgée de 11 mois
  • 1789 : décès d’Antoine âgé de 13 jours
  • 1792 : décès d’Anne âgée de 13 ans
  • 1794 : décès de Marie âgée de 4 semaines
  • 1818 : décès de Marie Jeanne âgée de 31 ans
  • 1883 : décès d’Antoine âgé de 87 ans

On le voit, deux parviendront tout de même à l’âge adulte (Marie Jeanne et Antoine) mais, restés célibataires, ils ne donneront pas de descendance. A vrai dire, Antoine père ne connaîtra pas le décès de son (troisième) fils Antoine, car il meurt avant lui, avant 1833.

Le paradoxe de l’histoire est que j’ignore quand exactement Antoine père est décédé : je perds sa trace entre le décès de Marie Jeanne en 1818, où il est présent, et celui de son épouse en 1833, où il est dit décédé. Le voir si souvent au cimetière pour les autres et ne pas le trouver lui…

Si autrefois la mortalité infantile était courante, et si aujourd’hui elle est effrayante, comment ces parents ont-ils vécu le décès de la quasi-totalité de leurs enfants ? C’est une chose que nous ne pouvons imaginer à leur place, à leur époque. Mais la tristesse a bien dû habiter dans une maison de la rue des Rocs à Conques…


[*] Ce qui explique l’origine de son nom : la conque.
[**] Du moins je le suppose : l’adresse donnée est en partie sous une tâche d’encre !