« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

jeudi 29 novembre 2018

#ChallengeAZ : Y comme ypérite

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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L’ypérite est un gaz chimique infligeant de graves brûlures, notamment aux yeux, à la peau, aux lèvres, aux poumons. Il peut traverser les vêtements et les chaussures. Ce gaz peut être mortel, mais il est surtout fortement incapacitant, notamment à cause des lésions importantes infligées au niveau respiratoire qui peuvent rester incurables.

Expérimenté pendant la Première Guerre mondiale, il connaîtra une belle carrière puisqu’on l’a utilisé aussi pendant la Seconde, des conflits coloniaux ou au Moyen-Orient. On l’appelle aussi « gaz moutarde ». Ce nom lui vient du fait que, sous une forme impure, il avait une odeur proche de celle du célèbre condiment de Dijon. Mais pendant la Première Guerre Mondiale on le nomme rapidement « ypérite » car il a été utilisé pour la première fois par les Allemands dans le secteur de la ville d’Ypres en Belgique en avril 1915. Ce jour-là, poussé par le vent, le nuage jaune et verdâtre dérive vers les lignes alliées. Chez les Français, c'est la débandade, les corps de centaines de soldats asphyxiés se mêlent aux milliers d'agonisants. Cette première attaque aux gaz intoxique des milliers de soldats qui mourront dans les heures suivantes. 

Attaque au gaz © icrc.org

Rapidement, différents types de masques seront mis au point, tant côté alliés qu'allemand, de même que des systèmes de veille et d'alerte, et les attaques seront de plus en plus coûteuses et de moins en moins efficaces, à quantité de gaz et munitions égales.

Les premiers essais de ce gaz datent du XIXème siècle, notamment par des chimistes travaillant pour l’entreprise allemande Bayer. Ayant constaté son efficacité, les Français ne furent pas en reste et mirent au point un procédé qui permettait d’en fabriquer… trente fois plus rapidement que le produit allemand. 

L'usage des gaz « vénéneux » suscitera bien l'indignation de nombreux groupes et personnalités dans tous les camps, néanmoins la course aux armements se traduira par une production continue et massive d'armes chimiques de ce type. Il faudra attendre 1993 pour que soit signée la Convention sur l'interdiction des armes chimiques visant l'interdiction et la destruction de ces armes… Sans grand effet toutefois comme on peut le voir aujourd’hui encore régulièrement aux informations.

D’après les sources compulsées, Jean-François a rarement eu l’occasion d’être confronté aux gaz. On ne trouve en effet ce type d'attaque particulière que rarement au cours de ses campagnes :

- Le 31 août 1915 Jean-François combat avec le 23ème BCA au Combekopf, un massif des Vosges. Lorsque tout à coup (extrait du "pas à pas" d'août 1915) :
« Soudain un obus est tombé tout près avec un bruit mou, très différent du vacarme habituel.
On a aussitôt ressenti des démangeaisons dans le nez, puis la gorge.
- Les gaz ! Les gaz !
J’ouvre rapidement mon sac et trouve le masque placé sur le dessus, comme c’est recommandé.
D’autres mettent plus de temps à le trouver et le fixer. On les entend crier, suffoquant sous la brûlure des poumons.
Ils s’étouffent sur place, sans qu’on puisse les secourir.
Jusqu’à la nuit c’est un bombardement puissant sur toutes nos positions de première ligne, positions arrière et jusqu’aux camps éloignés qui subissent aussi l’effet des obus asphyxiants.
Vers 17h l’ennemi attaque. Il emploie des liquides enflammés et les gaz asphyxiants.
Nous apprenons dans la suite qu’il nous a enlevé une tranchée au Col du Linge. » [1]
Le JMO du 23ème indiquera à cette date « Pertes : 8 tués, 11 blessés, 1 disparu ».

- Le 13 octobre 1917 dans les tranchées de la Marne.

- Le 22 décembre 1917 sur le front italien.

- Le 18 juin 1918 sur le plateau au-dessus de Cerfroid (Aisne). 

- Le 5 juillet 1918 un obus à ypérite tombe sur la popote des officiers, aux pieds du Chef de Bataillon. Le masque est gardé toute la nuit au poste de commandement. La désinfection du terrain et du matériel sont exécutés le lendemain au petit jour. Le Chef de Bataillon de Fabry-Fabrègues est évacué pour brûlures, ainsi que 9 gradés ou Chasseurs.

- Le 21 août 1918, alors qu’il se trouve dans la Somme, dans le secteur de Montdidier, le JMO indique : « Pendant la nuit tirs de harcèlement par obus toxique et explosifs. Toute la région est ypéritée. Journée calme. Faible activité de l’artillerie ennemie, mais nous constatons que partout l’infanterie ennemie reste vigilante. »

On notera qu’entre temps, le verbe « ypériter » est passé dans le vocabulaire courant, alors qu’en 1915 on disait simplement gaz asphyxiant, obus à ypérite ou « hypérite » (sic).

Pendant longtemps ma mère a cru que son grand-père avait été gazé car, lorsqu’elle allait le voir (elle avait une dizaine d’années et lui un peu plus de 60), il restait toute la journée à regarder par la fenêtre, sans bouger pendant des heures. Or, d’après mes recherches, non seulement il n’a été que très peu confronté à ce type d’attaque mais d’autre part, après la guerre, il deviendra camionneur et déménageur, ce qui ne correspond guère avec les séquelles provoquées par le gaz. Cependant, nous ne saurons jamais à quoi il pensait toute la journée, le regard dans le vide. Ses vieux démons l’auraient-ils rattrapés ?

[1] Version légèrement romancée, mais basée sur des témoignages de soldats donc fortement probable.


mercredi 28 novembre 2018

#ChallengeAZ : X comme x camarades tués

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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Jean-François s'est-il demandé :  

« Combien sont-ils ? Ces camarades avec qui j’ai grandi, ceux qui ont suivi leur formation militaire en même temps que moi ou ceux qui étaient affectés dans les mêmes bataillons et qui ont disparu à jamais.

Des chiffres, on peut en aligner :
- 600 hommes sont mis hors de combat en une seule nuit à la Tête de Faux,
- 17 00 au Linge, le « tombeau des Chasseurs »,
- 5 000 soldats tués lors de la (ou l'une des) journée(s) la (les) plus meurtrière(s) de toute la guerre, le 1er juillet 1916,
- plus de 18 millions de tués au total et 20 millions de blessés.
Même les spécialistes ne s'accordent pas toujours sur les chiffres.

Le monde est un cimetière.

Certains sont morts loin de moi et je n’ai appris leur décès que bien plus tard. D’autres se sont simplement évanouis sur un champ de bataille sans même que je ne m’en aperçoive. Et puis il y a ceux qui se sont fait déchiqueter, les morceaux de leurs corps s’envolant dans une gerbe de terre et de feu, juste sous mes yeux, leurs sang et leurs entrailles m’éclaboussant tandis que nos gradés nous encourageaient à poursuivre notre avancée sous le feu ennemi. Combien sont-ils ? Puis-je les compter aujourd'hui ?

Qui se rappellera de des camarades tués à l’ennemi : Ferdinand Ausseil à Metzeral en juin 1915, le sergent Ardisson, au Barrenkopf en 1915, Isidore Bauchet en Italie en décembre 1917 ?
Qui se rappellera de mon ami Désiré Collomb Clerc, dont on n’a pas retrouvé le corps, perdu sur les pentes d’un mont brumeux dans les Vosges ?
Qui se rappellera de mes camarades de classe : les jumeaux Jay, Gaston Duc, Henri Rattelier-Parcher ?
Qui se rappellera de la terreur du jeune Marsaleix, 20 ans, fusillé pour abandon de poste en 1915 ?
Qui se rappellera Marius Bosc, décédé de suite de maladie contractée en service le 10 novembre 1918 ? Le 10 novembre ! Si près de la fin. [*]

Fiches "Morts pour la France" des jumeaux Jay © Mémoire des Hommes

Qui se rappellera de tous ces hommes, moi qui n’ai même pas gardé la mémoire de tous leurs noms tellement ils sont nombreux à être tombés à mes côtés ?
Une litanie sans fin.

Et moi ? Me rappellerai-je de tous mes camarades tombés au champ d’honneur, pour défendre leur pays ? Ceux qui avaient à peine 20 ans qui n’ont pas vécu leur vie ? Ceux qui avaient femmes et enfants et sont partis, fiers, tellement sûrs de revenir vite, victorieux ? Ceux, plus âgés, qu’on s’est dépêché de rappeler car les hommes, déjà, manquaient ?
Hanteront-ils mes nuits ? Passerais-je mes journées, assis près de la fenêtre, à tenter de retrouver dans le vide de ma mémoire le nombre de mes camarades disparus ? »


[*] Tous les noms cités ont été identifiés lors du parcours pas à pas de Jean-François.


mardi 27 novembre 2018

#ChallengeAZ : W comme Wesserling

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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Jean-François, normalement mobilisable en octobre, est finalement appelé dès le début du mois de septembre. Il suit sa formation militaire mais au lieu des six mois habituels, elle ne dure qu’un peu plus de quatre mois. Puis il est envoyé au front.

Ces jeunes gens de la classe 1914 avaient 20 ans. Beaucoup d’entre eux n’étaient sans doute jamais sorti de leur village ou leur vallée. Après l’école, pour ceux qui l’avait fréquentée, ils étaient envoyés au travail.

La caserne a déjà dû représenter un changement dans leurs habitudes (quoi que tous les hommes, fatalement, y passaient un jour ou l’autre : cela faisait partie du passage à la vie d’adulte). Ils y rencontraient des personnes qu’ils ne connaissaient pas, faisaient des activités dont ils n’avaient pas l’habitude (jouer au « football Rugby » par exemple), apprenaient des choses très en dehors de leur quotidien (marcher au pas, ranger son paquetage dans le bon ordre, etc…). Bien sûr, leur formation a été légèrement écourtée, mais je pense que lorsque les jeunes soldats ont été envoyés au front… ils n’étaient pas du tout préparés à ce qu’ils allaient devoir affronter.

Après la caserne, Jean-François est envoyé dans les Vosges, à Wesserling, le 28 janvier 1915. Le premier contact réel avec la guerre commence lors de son premier transport : lorsqu’il croise les convois de blessés descendant du front. Puis, au loin, il entend le lugubre feu roulant des canons. Un grondement qui a dû lui paraître bien plus redoutable que les bruits des canons d’exercice entendus pendant ses classes. Au-delà des arbres, la fumée des bombardements s’élève, avertissement sinistre de ce qui va se passer ensuite.

Wesserling © Edition Alsatia

Le premier cantonnement  de Jean-François a donc lieu à Wesserling. L'histoire de ce site commence par un relais de chasse, construit vers 1700, puis devenu château pour la noblesse locale. En 1762, le domaine change de finalité : il passe de l’agrément à l’industrie. Le textile se développe, et comme Wesserling, situé près d’une rivière et d’une voie de communication, réunit toutes les conditions pour la production, une manufacture royale s’y installe. Les ateliers sont aménagés au rez-de-chaussée du château, devenant un site industriel majeur produisant des « indiennes » (toiles imprimées). Dans les villages alentours, une main-d’œuvre à profusion : les paysans seront des milliers à se partager entre leurs terres et le labeur en atelier ou à domicile. En cette époque préindustrielle, les ouvriers-paysans seront nombreux et pour longtemps.

Quand éclate la Première Guerre, et que les Français, à partir du 7 août 1914, viennent occuper la vallée, le site compte alors quelque 2200 salariés. Dans un premier temps, l’activité est quasiment stoppée. Puis Wesserling devient un emplacement stratégique, avec l’installation des militaires sur le site. Courant 1915, l’état-major du général Serret, qui commande la 66ème division d’infanterie, occupe la partie centrale du château, dans les ailes duquel se trouvent toujours les industriels. Les militaires, qui cantonnent dans le parc, cohabitent avec les ouvriers qui reviennent peu à peu. Le général Serret, administrateur de la région de février 1915 à janvier 1916, tombe au front lors d’une visite de routine sur les premières lignes, mais le château restera le siège de l’État Major Français pendant toute la durée de la Guerre.

Durant son séjour, Jean-François passe beaucoup de temps à faire des « travaux de tranchée » et des reconnaissances dans la vallée de la Thur. 

Le 11 février 1915, le Général de Division devant visiter les cantonnements, le Bataillon a été rassemblé à 12h30 dans la cour de l’usine, en tenue de campagne complète. A 14h aux sons de la Marseillaise le Président de la République a fait son entrée. Il est accompagné de M. Millerand, ministre de la guerre, et de plusieurs Généraux. Après avoir passé devant le front du Bataillon, le Président a décoré des officiers et le directeur de l’usine de Wesserling. Le Bataillon est ensuite rentré dans ses cantonnements, après avoir défilé devant M. Poincaré aux sons « d’Alsace et Lorraine ». Après la visite présidentielle, les soldats retournent à leurs travaux de tranchées.

Finalement, le 23 février le bataillon quitte son (premier) cantonnement pour gagner la vallée de Munster et d’y affronter ses premiers véritables combats.


lundi 26 novembre 2018

#ChallengeAZ : V comme Vosges

Lien vers la présentation du ChallengeAZ 2018
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Jean-François étant originaire de Haute-Savoie c’est sans doute naturellement qu’il est affecté dans un bataillon de Chasseurs Alpins (pour en savoir plus, voir les lettres A et B). Pendant une grande partie de la guerre, et notamment dès sa première affectation, il est envoyé dans les Vosges. Là, les combats font rage, sur des terrains accidentés, pentus, et dans des conditions météo parfois difficiles (froid, neige).

Le front des Vosges est constitué d’une zone montagneuse comprise entre le col du Bonhomme au nord et le Grand-Ballon au sud, avec des sommets boisés à plus ou moins 1000 mètres d’altitude. Il correspond à l'ancienne frontière du Reich de 1871. En effet, suite à la défaite française de 1871, l’Alsace et une partie de la Lorraine ont été annexées par l’empire allemand. Ces provinces « perdues » ont alimenté une riche littérature patriotique et nationaliste, magnifiant un fort sentiment de revanche, et ont été l’un des objectifs continus de la Première Guerre Mondiale.

Les Vosges représentent le seul secteur du front français de la Grande Guerre concerné par les combats en haute et moyenne montagne. Protégée par son écrin forestier, les fortifications s’adaptent habilement aux moindres anfractuosités de la roche de ces massifs de grès. La guerre de montagne est un type de conflit qui se distingue des combats de front de plaine. En effet, il a dû s’adapter aux spécificités du relief, aux rigueurs du climat, à l’accessibilité du front sur les deux versants (compliquant le ravitaillement en hommes, nourriture ou armes) et à la durée et l’âpreté exceptionnelles des affrontements qui s’y déroulèrent. 

Front des Vosges © Delcampe

Plusieurs points du front des Vosges sont devenus tristement célèbres :
- le Hartmannswillerkopf, (ou Vieil Armand), surnommé la montagne « mangeuse d’hommes ». Culminant à 956 mètres, c’est une position stratégique qui devient l'enjeu de furieuses batailles entre le 26 décembre 1914 et le 9 janvier 1916. Le Vieil Armand s’est distingué par de très lourdes pertes, estimées au total à environ 25 000 morts à lui seul [*].
-  la vallée de Munster, où a été envoyé Jean-François, a presque entièrement été détruite par les combats de 1915. Le musée du Linge, installé à la jonction des tranchées françaises et allemandes, distantes parfois de cinq mètres à peine, rappellent ces combats qui ont fait 17 000 morts [*] (pour en savoir plus, voir la lettre L). Au sein d’un réseau parfaitement conservé, le musée raconte les assauts français qui débutent le 20 juillet 1915 et s’achèvent à la fin octobre.
- De l'autre côté du val d'Orbey, la Tête des Faux, est un sommet culminant à 1220 mètres, occupé en 1914 par les Allemands. Les Chasseurs Alpins français l'enlèvent le 2 décembre. La nuit de Noël 1914, les Allemands contre-attaquent vigoureusement. La bataille, menée dans des conditions hivernales extrêmes, entre dans la légende. 600 hommes sont mis hors de combat en une seule nuit [*]. Les Allemands s’accrochent sous le sommet et construisent d'impressionnantes fortifications figeant la situation jusqu’à l'Armistice.

Et bien d’autres sites encore…

La région est considérée comme un théâtre d’opération secondaire car les Vosges forment une barrière naturelle à la défense et aux déplacements difficiles. Côté français, au-delà des Vosges il y a la barrière du Rhin, tandis que pour les Allemands, l’obstacle est renforcé par une série de fortifications de Belfort à Épinal.

Par contre pour la France, la libération de l’Alsace est un impératif psychologique essentiel (d’où les attaques initiales) tandis que les Allemands ne pouvaient pas laisser prendre impunément Mulhouse, la seule grande ville du Sud de l’Alsace. C'est ce qui explique les combats incessants pendant tout le conflit : ces majestueux sommets ont été bouleversés, dévastés par les obus, les gaz, les lance-flammes, les averses de fer et de feu. Mais malgré ces batailles permanentes, flux et reflux, il n’y aura jamais de victoire décisive d’un l’un ou de l’autre camp : le front s’est stabilisé lentement mais sûrement et s’est enlisé dans un réseau complexes de tranchées continues aboutissant à un statu quo long et meurtrier. 

De cette période et de ces combats particuliers, les soldats ont conservé un souvenir radicalement différent de ceux livrés dans la craie de Champagne ou dans la boue des Flandres : leurs journaux et correspondance l’attestent. Il existe bien un vécu spécifique de la guerre de montagne dans les Vosges.


[*] Chiffres à prendre avec précaution : tous les auteurs ne sont pas d'accord entre eux.