Il y a les métiers "rares", c'est-à-dire pratiqués que par une seule personne (164).
Il y a les métiers au nom poétique : maréchal en œuvres blanches, par exemple (forgeron fabricant des outils tranchants).
Il y a les métiers exclusivement féminins : mercière, ouvrière lapidaire, lingère . . .
Il y a les métiers "héréditaires" : praticien, cordonnier, concierge des prisons . . .
Il y a les métiers mystérieux, au sens variant selon les époques : travailleur, vacheron, "sans" . . .
Mais puisqu'il faut en choisir un, ce serait vigneron.
- C'est le métier le plus pratiqué par mes ancêtres
- C'est (probablement) le métier pratiqué par mon plus lointain ancêtre éponyme
- C'est un métier "inter-branches" : pratiqué par mes ancêtres paternels et maternels
Moi qui n'y connais rien en vin : un comble !
Mes ancêtres se répartissent sur quatre terroirs principaux :
- l'Anjou
Pierre Clavier, les Bougard, vignerons sur plusieurs générations à Pellouailles-les-Vignes (la bien nommée * ) au XVIIème.
Marin Frémont, vigneron à Cornillé-les-Caves au XVIIème.
Pierre Clavier, les Galland, Guillaume Le Mesle, Jean Merceron, Mathurin Repussard, René Rohault, les Vaugoyau, vignerons à Villevêque aux XVII et XVIIIème.
Pierre Flon, Urbain Lecuyer, vignerons à Andard au XVIIème.
Michel Le Tessier, vigneron au Plessis-Grammoire au XVIIème.
Jean Lochet, les Peulier, vignerons à Brain-sur-l'Authion aux XVII et XVIIIème.
- l'Ain
Louis Bolliet, Jean Claude Barbier Colomb, Jean Baptiste Guilin, Nicolas Mollie, vignerons à Cerdon aux XVII et XVIIIème.
- la Seine et Marne
Les Becqué, les Couteau, les Gaudin, les Gibert, Nicolas Pottier, Pierre Raoult, vignerons à La Chapelle sur Crécy aux XVII et XVIIIème.
Louis Cardon, Pierre Grandhomme, vignerons à La Celle sur Morin au XVIIème.
François Beguin, les Bourjot, les Brunet, les Martin et Gaudin, les Testard et Hochet, les Leclerc et Pochet, les Lucas, les Macréau (sur six générations), Denis Marest, les Meheux, les Nicaise, les Noel, les Paveau, Jean Petit, les Thomeret, vignerons à Guérard aux XVII, XVIII et XIXème.
Les Mercier, vignerons à Saint Augustin au XVIIIème.
- l'Aveyron
Les Alary, Etienne Amagat, les Astié (ancêtres éponymes, sur trois générations), les Bonnefous, les Cussac, Jean Labro, les Mas, les Raolz, les Rols, Antoine Reboux, vignerons à Conques aux XVII et XVIIIème.
Difficile d'imaginer précisément les vies et conditions de travail de ces vignerons à travers les âges et les régions. Néanmoins, on peut esquisser un tableau, commun à tous les vignerons sans doute :
La véritable année viticole commence en mars car on attend la fin des gelées, qui peuvent détruire les bourgeons jusqu’à la fin mai, pour tailler la vigne, une taille courte qui assure la qualité en limitant la quantité. Le vigneron n’a ni cheval ni charrue, et il pioche sa vigne à la main (il faut attendre les années 1880 pour voir apparaître les vignes bien alignées sur fil de fer). Ces travaux de taille, le vigneron donne, de la fin mars à début avril, un premier labour. Ce travail extrêmement pénible s’effectue à la houe.
Début mai, le vigneron fiche les échalas, pieux de bois de chêne ou de châtaignier, longs d’1,45 m environ, destinés à soutenir la vigne et à maintenir les grappes éloignées du sol. Les échalas plantés, le vigneron donne un second labour, plus léger, qu’il appelle le binage, et qui est terminé à la fin du mois de mai.
Puis la vigne fleurit, courant juin, les grains commencent à se former, le verjus grossit rapidement et, dans le courant de juillet, de toute façon avant la moisson des grains, le vigneron donne un troisième labour : on dit qu’il rebine ou encore qu’il tierce ; ce travail a pour but essentiel de débarrasser la vigne des mauvaises herbes. Si la saison est très humide un quatrième labour peut être nécessaire en septembre, avant les vendanges, pour permettre une maturation plus parfaite des raisins.
Si la vigne a été épargnée, le vigneron vendange fin septembre ou début octobre. Coupeurs et hotteurs parcourent alors la vigne. Les coupeurs, serpette à la main (le sécateur n’apparaît pas avant 1840 et se généralise tardivement), emplissent les paniers et les vident dans leurs hottes. Les hotteurs emplissent alors les bachoues, grandes hottes placées sur le dos des ânes, ou des cuves plus grandes transportées dans des charrettes en direction du cellier ou du pressoir.
Ce métier de vigneron était l'activité principale pour certains, mais une activité temporaire ou annexe pour d'autres : un certain nombre d'entre eux sont en effet alternativement qualifiés de laboureurs, tonneliers, cultivateurs, mais aussi sabotiers ou couvreurs. Enfin, certains sont également marchands.
* C'est Clemenceau qui, en 1919, fit rajouter "les Vignes" au nom de Pellouailles en remerciement de son effort de guerre. En effet, le vignoble de la commune fut entièrement destiné à la consommation des poilus; le vin devenant le pilier du moral des soldats dans les tranchées.
Très bon choix (et je ne dis pas cela uniquement parce que c'est aussi le métier le plus pratiqué par mes ancêtres et qui l'est toujours par mes parents).
RépondreSupprimerLes ancêtres étaient en effet souvent notés vignerons dès qu'ils avaient une petite parcelle de vigne, ce qui peut expliquer que leur métier soit changeant dans le temps.