- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -
Semaine 22 : Y-a-t-il des informations conflictuelles dans votre
généalogie ?
Quand Nicolas Guilliot se remarie, il ne pensait sûrement
pas affoler tous les compteurs, depuis mon logiciel de généalogie jusqu'au site de
Geneanet !
Né en 1690 à Samoëns (74) il se marie une première fois avec
mon ancêtre Jeanne Antoinette Vuagnat en 1716. Ensemble ils auront 3 garçons et
3 filles (dans cet ordre). Mais Jeanne décède en septembre 1756. Nicolas décide
donc de se remarier. C’est chose faite 4 mois plus tard, avec Josephte Aimée
Excoffier. C’est une jeunette : elle lui donne 4 enfants
supplémentaires :
- François Marie né en 1757 – il décède 5 ans plus tard
- Pierre Antoine né en 1759 – il décède 6 mois plus tard
- Pierre Antoine né 1762 – enfant survivant
- Clauda Françoise née en 1764 – enfant survivant
Et c’est là que ça cloche. Ding, ding, ding ! ferait
mon logiciel de généalogie s’il pouvait parler. Mais comme il ne peut pas, il
voit rouge à la place, et c’est déjà pas mal.
Sur la fiche de Nicolas, un avertisseur !
Sur la fiche de Josephte, un avertisseur !
Sur la fiche de Pierre Antoine, un avertisseur !
Sur la fiche de Clauda Françoise, un avertisseur !
Et, Geneanet, site sur lequel j’ai mis mon arbre en ligne,
détecte lui aussi une anomalie.
Pourquoi tout cet affolement ? Si vous avez été
attentif à la lecture de ce billet, vous avez sûrement remarqué que Nicolas est
né en 1690 : il a donc enfanté ses deux derniers enfants à l’âge de 72 et
73 ans (l'enfant né en janvier, Nicolas fêtera son 74ème anniversaire en mai) !
Bien trop âgé, dit Geneanet !
Je me lance alors dans une vaste opération de vérification
des sources.
Concernant la première union, je dispose :
- du contrat de mariage, le 15 janvier 1716, passé devant Me
Duboin, notaire à Cluses. Il y est dit « honneste nicolas fils de feu
françois guilliot ». D’après mes investigations, son père se prénommait
bien François et il est décédé en 1695.
- de l’acte de mariage, daté du 21 janvier 1716, « Nicolas
a feu François Guilliot ».
Bon, la mère n’est pas mentionnée, mais ce n’est pas l’usage
ici.
Naissent donc 6 enfants, entre 1717 et 1730. Les actes de
naissance sont en latin, mais ne laissent pas de doute sur l’identité des
parents.
Lorsque Jeanne Antoinette décède en 1756, elle est dite « fille
de feu Nicolas Vuagnat et femme de Nicolas Guilliot ». Elle avait 62 ans.
Nicolas 66.
Vient la seconde union :
- Le contrat de mariage du 12 janvier 1757, passé devant Me
Duc, notaire à Cluses, l’identifie comme « Nicolas fils de feu françois
Guilliot ». L’identité de la future épousée ne fait pas de doute :
elle est clairement mentionnée (fille de « feu joseph excoffier et de
l’anne barbe famel ses père et mere »). Il n’est pas fait mention d’un
premier lit ou d’enfants de ce premier lit, mais ce n’est pas rédhibitoire (ce
n’est pas vraiment leur place).
- L’acte de mariage est plus bavard : « Nicolas fils
de feu françois Guilliot et de feu Bernardine Riondel veuf de la Jeanne
anthoine Vuagnat ». Son identité ne fait plus de doute.
Naissent donc 4 enfants, entre 1757 et 1764. Les actes de
naissance sont cette fois en français, et l’identité des parents n’est pas à
remettre en cause. La mère a de 31 à 37 ans.
D’autres documents jalonnent la vie de Nicolas :
recensement en 1745, testament de 1767, inventaire après décès de 1767. Dans le
testament il y est fait mention de « la claudaz françoise guilliot sa
chere fille née de ladite josephte aimée excoffier sa derniere femme ». C’est
sa dernière fille, qui est née en 1764 – celle qui affole les compteurs. Par ailleurs,
Nicolas prévoit une éventuelle grossesse de son épouse : « Si son épouse
se trouvait enceinte et accoucher d'une, ou plusieurs, enfants posthumes
femelles, le legs à sa fille serait alors divisible ». Une nouvelle
paternité n’a pas l’air de l’effrayer…
Les enfants du premier lit ne sont pas oubliés et reçoivent
chacun leur part.
Enfin, « son cher fils » Pierre Antoine – celui né
en 1762 qui affole les compteurs - est
nommé héritier universel et devra veiller au respect de ses dernières volontés et
aux droits de ses héritiers vivants déjà nommés mais aussi « le posthume ou les
posthumes males dont sadite femme pourroit être enceinte et accoucher ».
Donc non seulement Nicolas a eu des enfants jusqu’à l’âge de
72 et 73 ans, mais il prévoyait (éventuellement) d’en avoir d’autres… !