« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 10 juin 2022

#52Ancestors - 23 - Les frères Jeanvion

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 23 : Quelles erreurs avez-vous commises ?

 

Quand j’ai commencé ma généalogie, je ne m’intéressais qu’aux lignées directes. Peut-être était-ce parce que l’arbre de mon grand-père qui a été le déclencheur de mes recherches ne comportait que les ancêtres directs. Ou peut-être était-ce parce qu’ainsi j’avais l’impression d’avoir un arbre « pur », c'est-à-dire ne comportant que les ancêtres ayant un lien direct avec moi.

 

Mais avec l’expérience, je me suis rendue compte que c’était une erreur. Parce qu’en ne recherchant pas les frères et sœurs, par exemple, ou les unions multiples, c’est se priver de tout un environnement familial.

 

Ainsi je me rappelle un jour, il n’y a pas si longtemps, où je faisais des recherches autour d’un ancêtre – son nom m’échappe, alors que ce qui va suivre est resté gravé dans ma mémoire – il était seul, ses parents étaient décédés. Je m’aperçu que je n’avais pas exploré sa famille : je lui ai trouvé plusieurs frères et sœurs vivants, des proches, un tuteur choisi parmi eux. Et soudain mon regard changeait : mon ancêtre n’était plus seul. J’en ai ressenti une grande joie (bien que le pauvre homme fût mort depuis plusieurs siècles).

 

Mais plus bien souvent encore explorer les proches m’a permis de débloquer une situation. Ainsi avec les Jeanvion, famille de Lalleyriat (01) ayant vécu à la fin du XVIIème siècle.

J’avais d’un côté un Jean (Sosa 1312) et de l’autre un Claude (Sosa 1382). Lalleyriat étant un petit village, il y avait des chances pour qu’ils appartiennent à la même famille. Mais rien en l’état ne permettait de le prouver.

Alors j’ai réexaminé les actes paroissiaux. J’ai recherché tous les enfants de Jean et ceux de Claude. La tâche de fut pas aisée, les registres étant partiellement lacunaires. Si Claude a eu une descendance  relativement abondante (6 enfants et un certain nombre de petits-enfants), je n’ai trouvé qu’un fils de Jean, mon ancêtre Joseph. Alors j’ai examiné la génération suivante : naissances, mariages, décès… J’y ai traqué la moindre allusion familiale. Un oncle témoin ? Une cousine marraine ?

  • Claude est plusieurs fois dit l’Aîné. A son décès en 1704 sont présents Jean et Claude le Cadet. C’est ainsi que je (re)découvre un autre frère potentiel.
  • Bartholomière Jeanvion, fille de Claude, est la marraine de Barthélémière Alhumbert sa nièce née en 1721 et Claude Jeanvion, petit-fils de Jean, né en 1718.
  • Joseph Jeanvion, fils de Jean, est le parrain de Joseph Alhumbert, petit-fils de Claude né en 1709.
  • Au baptême du fils de Claude la Cadet sont témoins… Jean et Claude (probablement l’Aîné).
  • Aimé (ou Esmé – c’est le même prénom) Jeanvion est le parrain d’Esmé Jeanvion fils de Claude l’Aîné. Mais Aimé/Esmé est aussi le témoin au mariage de Claudine Jeanvion.

Et ainsi de suite (je vous épargne une longue liste fastidieuse). Les fils sont ténus, mais ils sont là. Claude et Jean sont frères.

Famille Jeanvion


Bref, en relisant les actes (souvent une information nous échappe, surtout quand les actes ont été trouvés il y a longtemps et que les méthodes de travail n’étaient pas les mêmes) et en explorant ceux que je n’avais pas examinés autrefois je suis parvenue à modifier totalement l’environnement familial des Jeanvion. De deux hommes isolés, j’ai fait une famille, complété la fratrie, bouleversé le paysage.

 

 

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