« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 30 novembre 2013

Sous le Gros Tilleul

Samoëns (Haute-Savoie) pourrait être le berceau de mes ancêtres maternels [ * ]. Sur la place trône le Gros Tilleul, un très vieil arbre, centre de vie et de socialisation de ce bourg de montagne.

Le Gros Tilleul, Wikipédia

Cet arbre a été planté en 1438 pour célébrer le retour de différents pâturages dans le giron de Samoëns.

Joseph Auguste Borrat-Michaud est né à Champéry, en 1863 de père inconnu. Sa mère Marie Justine a dû avoir une vie plutôt . . . "active" car elle avait déjà eu deux autres enfants illégitimes avant notre ancêtre (un premier de père inconnu, le second d'un homme qui était son compagnon, mais ils n'étaient pas mariés).
On retrouve Joseph à Samoëns alors qu'il est âgé de 23 ans (1886). Il apparaît dans le recensement, habitant le village de Mathonex, sous le nom de Joseph Michaud (nom qu'il emploie pour signer). Il est dit cultivateur domestique. En 1893 il épouse Adélaïde Jay - qui s'orthographiait Jaÿ et se prononce Ja-i.

Extrait de l'acte de mariage : "[...] Chacun d'entre eux ayant répondu séparément et affirmativement nous avons prononcé au nom de la loi que Monsieur Borrat-Michaud Joseph Auguste et Demoiselle Jay Antoinette Adélaïde sont unis par le mariage. Et à l'instant les époux nous ont déclaré reconnaître et légitimer 1° Jay Félicie Césarine née à Samoëns le 17 février 1881 enregistrée à la mairie de Samoëns comme enfant naturel de Jay Antoinette Adélaïde 2° Borrat-Michaud Marie Louise née à Samoëns le 28 décembre dernier enregistrée à la mairie de Samoëns comme enfant illégitime de Borrat-Michaud Joseph Auguste déclarant et de Jay Antoinette Adélaïde."

La vie "active" perdure donc à cette génération. Deux autres enfants viendront compléter cette famille (légitimes ceux-là), dont Jean François, que nous avons suivi pendant la première guerre mondiale dans ce blog. Dans le recensement de 1911, il est nommé Mechond.

Pendant longtemps on a cru, dans la famille, qu'Adélaïde était de la même fratrie que la fameuse Marie Louise Jay, fondatrice de la Samaritaine à Paris (la "Jay" de Cognacq-Jay). En fait oui - ou presque : il faut remonter 12 générations au dessus d'Adélaïde pour avoir un ancêtre commun : Humbert, né en 1595. Difficile d'avoir des prétentions sur l'héritage de la Samaritaine.

Les Borrat-Michaud déménagent dans la région parisienne, vraisemblablement dans les années 1920. 

 Jean-François Borrat-Michaud et son épouse Marcelle Ursule, née Macréau, 
coll. personnelle

C'est André, fils de Jean-François, qui rejoint l'Anjou, faisant la jonction avec la branche paternelle de mes ancêtres.

[ * ] En réalité les Borrat-Michaud sont originaires de Suisse, juste de l'autre côté de la frontière à Champéry (Valais). Hélas je ne possède que les relevés de l'AVEG (Association Valaisanne d’Étude Généalogique), aucun acte, aucune autre information.
Donc, en trichant un peu, on va dire que Samoëns est le berceau, ou tout au moins compte dans notre histoire; ce qui n'est pas faux puisque de nombreux ancêtres issus de branches maternelles en sont originaires. Cette branche est donc, pour le moins, alpine.

vendredi 29 novembre 2013

Rue del paleys

"Rue del paleys" aurait pu être le nom de ce blog.
C'est le nom de la rue où ont habité mes ancêtres éponymes à Conques à partir de 1775. On la trouve sous différentes mentions selon les générations : "rue del paleys"," rue del palays", "au palais". Et cette rue existe toujours !

Rue du Palais, Conques, coll. personnelle

C'est une petite ruelle montant vers les hauts de Conques. Qu'elle ne fut pas notre surprise et notre émotion de constater qu'elle était toujours là.

Mes ancêtres Astié sont originaires de Conques (Aveyron). Le plus ancien ancêtre est Antoine, marié à Conques en 1671. Au-delà de cette génération il n'y a plus registre. C'est donc le plus lointain ancêtre de notre famille. Si les curés dudit lieu ont parfois orthographié notre nom "Astier", ledit Antoine, lui signait déjà "Astié" - sans r à la fin.

Signature Antoine Astié, 1671, AD12

Pendant quatre générations, ils ont été vignerons. Au XVIIIème Augustin est chapelier puis cultivateur (sic), son fils Pierre Jean est cultivateur, puis "gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio". C'est le premier ancêtre qui quitte Conques.
Pendant longtemps, dans la famille, on a dit qu'on avait un ancêtre corse : en fait c'était ledit Pierre Jean, né à Conques mais simplement affecté en Corse ! Il finira ses jours à Aubin (près de Décazeville).
Son fils premier-né Augustin Pierre Jean a vu le jour la jour à Conques (avant le déménagement de la famille en Corse). C'est le premier de la famille à venir en Anjou, où on le retrouve à partir de 1875; Là vécurent les trois générations suivantes.
On ignore pourquoi il a quitté l'Aveyron. Mon grand-père avait laissé cette note :
"Il quitte Conques pour aller travailler et habiter à Angers, chez Monsieur Alexandre Rols, qui deviendra son beau-père. Le décès survenu à 48 ans de son beau-père et patron l'oblige à trouver un autre emploi. Il sera journalier dans une usine d'Angers, mais recherchera par ses propres moyens, à pied, à trouver du travail dans la région parisienne."
En effet, il déménage à Ivry. Il est enterré à Paris (13ème).

jeudi 28 novembre 2013

JF Borrat-Michaud, soldat 2ème classe (n°3)

"Bon chasseur, brave et courageux." C'est ainsi que Jean-François Borrat-Michaud est qualifié sur sa fiche militaire.
Peu après la bataille qui lui a valu la croix de guerre (cf. épisode n°2), le 27 février 1918, Jean-François est évacué du front et conduit à l'hôpital . . . pour une bronchite. Alors que les projectiles pleuvent de partout, que le fer et le sang se mélangent, il est transféré pour une inflammation des bronches. Bon, tant mieux pour lui, il a dû bien apprécier ce repos après les flammes. En tout cas, il n'a pas été gazé (m'a mère l'a connu), ce qui lui a permis de devenir déménageur après la guerre.
Il rejoint l'armée en avril 1918 après son passage à l'hôpital.
Le 10 juillet 1918, il est affecté au 54ème bataillon de chasseurs alpins (immatriculé sous le numéro 9952). Mais il n'y reste pas longtemps puisqu'en août il est proposé pour un changement d'armée : ce sera l'artillerie de campagne à tracteurs. 
Il passe ensuite dans la disponibilité/réserve où il est affecté dans le 84ème régiment d'artillerie lourde, le 9 septembre 1918. Le certificat de bonne conduite lui a été accordé. Enfin, il est mis en congé illimité de démobilisation par le 13ème régiment d'artillerie de campagne le 13 septembre 1919.

Il a survécu à la guerre.

Jean-François Borrat-Michaud entouré de sa famille, coll. personnelle

De retour de guerre, il pose fièrement avec sa famille en costume militaire, la croix de guerre ornant son revers. Ce cliché est une "photo-carte postale" comme cela se faisait autrefois. Malheureusement le verso est trop dégradé pour y lire la correspondance qui s'y trouvait.
Après la guerre, il s'installe à Eaubonne (Val d'Oise), où il occupe plusieurs appartement situés rue de Paris (aux n°29, 35, 14 et 27). En 1920 il épouse Marcelle Ursule Macréau. Ils n'auront qu'un seul enfant, André René Édouard mon grand-père.
Ils auront 5 petits-enfants, 14 petits-enfants . . . et cela continue, de génération en génération.

Il meurt le premier mars 1959. Je ne l'ai pas connu.

C'était mon arrière-grand-père.

[Merci à ma tante Nicole pour ce cliché photographique] 

mercredi 27 novembre 2013

JF Borrat-Michaud, soldat 2ème classe (n°2)

Le 9 septembre 1916, JF Borrat-Michaud est donc affecté au 51ème BCA. Il est immatriculé sous le n°10578. 

Extrait fiche militaire JF Borrat-Michaud, AD74

Le 51ème B.C.A. est formé à Annecy, le 2 août 1914. Son effectif comprenait : 
  • 17 officiers ; 
  • 2 médecins ; 
  • 1 156 hommes de troupe ; 
  • 91 mulets. 
Son organisation terminée, il est dirigé sur le front dès le 22 août et débarqué à St-Dié le 25. Puis il combat à Dijon où il subit de terribles pertes (1 100 hommes blessés, tués ou disparus), en Belgique puis vers Arras (fin 1914). Le bataillon, ayant reçus des renforts, va combattre dans les Vosges (1915, 1916).   
Jean François rejoint ce bataillon en septembre 1916. Le 51ème reçoit l'ordre de rejoindre l'Italie fin septembre 1917. L'embarquement a lieu le 2 novembre à Chavanges. Le Bataillon arrive le 4 dans la région de Lonato Peschiera.
La division est désignée pour tenir le secteur de Mont Tomba (Monte Fenera, relevant la 17ème D.I. italienne). Le Bataillon se trouve à droite du secteur en réserve du 4ème groupe de Chasseurs.
Le secteur est soumis à un tir très violent de l’artillerie ennemie. Le Bataillon a perdu quelques hommes pendant les travaux d’organisation. Le 12 décembre 1917, il relève le 11ème C.A. en première ligne. Il reste jusqu’au 20 et passe en réserve de sous-secteur, ayant été relevé par le 11ème B.C.A. Il y a quelques tués et blessés par l’artillerie durant cette période. Le 26, il relève en première ligne le 12ème bataillon. 

Le 27, une instruction secrète du Général de Division fait connaître qu’une attaque, à laquelle prendra part le 51ème, aura lieu avant la fin de l’année. Les préparatifs en sont poussés rapidement.
L’attaque aura lieu le 30 décembre 1917, à 16h 05. A l’heure indiquée, les compagnies d’assaut sortent des tranchées et marchent sur leurs objectifs, derrière le barrage roulant. Vingt minutes après, tous les objectifs sont atteints. Le Bataillon capture 24 officiers et 550 hommes, ainsi que 2 canons de 77, 3 engins de tranchées et 16 mitrailleuses. Leurs pertes sont de 13 tués, 45 blessés dont 4 officiers. 
En résumé, le Bataillon a attaqué avec trois compagnies sur un front d’environ 1 000 mètres, une position composée de deux lignes de tranchées, réunies par des boyaux occupés par plus d’un bataillon ennemi et une vingtaine de mitrailleuses. Le nombre de prisonniers capturés est supérieur à l’effectif des troupes d’assaut. 
Ce magnifique fait d’armes a valu au 51ème Bataillon la citation à l’ordre de la Xème armée. [ ** ]

Citation à l'ordre de la Xème armée, coll. personnelle  

A noter : ces hauts faits d'armes sont cités dans les "journaux des marches et des opérations" du bataillon. Extraits : 
  •  Le 1er, 2 et 3 décembre sont décrits les itinéraires suivis par le bataillon, les bivouacs, les cantonnements. 
  • Le 27 décembre la rumeur d'une grande attaque parvient aux hommes.
  • Le 30 décembre l'attaque est minutieusement détaillée (voir l'article "pas à pas" de décembre 1917).
  • Le 3 janvier : "Repos. Travaux de propreté. Le bataillon a le regret d'apprendre la mort du sous lieutenant Bremand à l'hôpital. [ . . . ] Messages de félicitations de la brigade italienne. [ . . . ] Lavage du linge. Nettoyage des effets et des armes." 
  • Le 6 janvier : "Le lieutenant Roux présente au Général d'Infreville commandant le 31è CA et au Général Maistre commandant le Xème armée le matériel enlevé à l'ennemi par la 47ème Division à l'attaque du Monte Fenera." 
  • Le 19 janvier : "Le Général Fayolle, commandant supérieur des forces françaises en Italie passe en revue le Bataillon, à 16h, à Cartigliano. Il donne lecture de la citation du 51ème et décore son fanion." 
  • Il faut attendre le 1er février pour que soit retranscrite la Citation.  
On retrouve la citation dans un ouvrage intitulé "51ème Bataillon de chasseurs alpins" [*].
Jean-François, simple soldat, n'est jamais cité dans ces journaux. [***]

. . . Affaire à suivre . . .

(Sources : * Gallica  ** Ancestramil  *** Mémoire des hommes)


mardi 26 novembre 2013

JF Borrat-Michaud, soldat 2ème classe (n°1)

Le père de mon arrière-grand-père Jean-François Borrat-Michaud, Joseph Auguste, est né à Champéry en Suisse. Il effectue un saut de puce (et de vallée) et emménage à Samoëns (Haute-Savoie) où il épouse Antoinette Adélaïde Jay. Après quelques enfants fort peu réguliers (mais ça c'est une autre histoire : un autre jour peut-être . . . ), Jean-François naît le 26 juin 1894. il appartient donc à la classe 1914.

JF Borrat-Michaud, coll. personnelle

D'après sa fiche militaire, il a les cheveux roux et les yeux châtains (sic).
Il est affecté au 97ème régiment d'infanterie (immatriculé sous le numéro 7650) le 9 septembre 1914. Sa fiche précise qu'il est arrivé au corps ledit jour (ouf). Il y est nommé soldat de 2ème classe.

Dès le mois de janvier 1915, il change d'affectation : il rejoint un premier bataillon de chasseurs alpins. Sa naissance en haute montagne a dû faciliter sa nomination. Sur le cliché ci-dessus on reconnaît le costume militaire des chasseurs alpins : le large béret de laine noire (la "tarte") porté légèrement incliné, le numéro de son bataillon (le 51ème BCA) brodé sur le col, au-dessus du cor de chasse argent. A la boutonnière, la Croix de guerre. . . Mais là, je vais trop vite; revenons donc en 1915.

Ce premier bataillon porte le numéro 23.  Il est immatriculé sous le numéro 5624.
Ce Bataillon est envoyé dans les Vosges en 1915. Après un court repos à l'Est des Vosges (du 29 novembre au 8 décembre 1915), le Bataillon remonte sur les importantes positions du Kiosque et du "mamelon intermédiaire" à l'Est de Metzeral. Il organise une occupation difficile de points où le rapprochement, à quelques mètres à peine, des positions françaises et allemandes, exige une surveillance active et continue. Cette occupation est rendue d'autant plus pénible par le froid et la neige. Mais la mission est de "tenir" et malgré tout, le Bataillon "tient" avec cœur [ * ]. C'est au cours de cette opération que Jean François est blessé le 28 janvier 1916 à Metzeral (Haut Rhin). Il est évacué le lendemain, 29 janvier. Il a été blessé "en faisant bravement son devoir" selon sa fiche militaire.


 Extrait fiche militaire JF Borrat-Michaud, AD74

La nature de la blessure n'a pas été totalement déchiffrée : ". . . région claviculaire sans lésion osseuse". Celui qui a photographié cette fiche n'a malheureusement pas soulevé le papier apposé dessus (si quelqu'un y parvient, merci de me contacter).
Sa blessure a dû néanmoins être assez sérieuse car il ne rentre au dépôt commun qu'en juillet 1916.

Le 9 septembre 1916, il est affecté au 51ème BCA. . .

. . . Affaire à suivre . . .


[ * source : Gallica]

lundi 25 novembre 2013

Parce que c'est aussi une question de partage...

Déjà présente sur Geneanet sous l'identifiant mastie, vous pouvez retrouver mon arbre en ligne :
Lien vers Geneanet mastie


N'hésitez pas si vous avez des questions.
Bonne navigation...

dimanche 24 novembre 2013

Une généalogie animée

 Un aperçu de ce qui va venir...




A bientôt ! 

 

 

Portrait

Murmures d'ancêtres est le nom de ce nouveau blog généalogique.
"Rue del paleys" ou "Papiers du vieil arbre" auraient pu être son nom.
Murmures d'ancêtres est l'écho de tous ceux qui m'ont précédé.
Mon grand-père m'a légué un arbrisseau. De multiples ramilles ont éclos.

Arbre de grand-père, coll. personnelle

Murmures d'ancêtres est une boîte de souvenirs d'un lignage.
Des fragments de vies, des éclats de récits.
Murmures d'ancêtres est le nom de ce nouveau blog généalogique.