« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 22 avril 2022

#52Ancestors - 16 - François Aubin Benetreau

 

- Challenge #52Ancestors : un article par semaine et par ancêtre -

Semaine 15 : Recensez ce que vous n’avez pas trouvé (c’est aussi une source !) 


Je n’ai pas trouvé un acte de décès. Celui de François Aubin Benetreau. La vie de ce dernier m’est assez bien connue : il naît à Saint-Aubin-de-Baubigné (79) en 1823.

Grâce aux recensements de population je peux le suivre aisément de son enfance à sa vie d’homme. Je le vois ainsi déménager de St Aubin à la Petite Boissière puis Saint-Amand-sur-Sèvre (communes distantes de moins de 15 km). Il est d’abord dit cultivateur puis bordier.

Il apparaît sur les listes de tirage au sort militaire du canton de Châtillon. Sa taille nous est alors précisée : il mesure 1,67 m. Il présente le motif d'exemption suivant : "cicatrice scrophuleuse au bras gauche" (infection chronique de la peau).

En 1856 il épouse Louise Bouju, dont il aura 8 enfants. On notera au passage que son fils se prénomme François Aubin et deux de ses filles Marie Henriette… ce qui, vous vous en doutez, ne facilite pas les recherches.

Selon les archives notariales, il établit une société commune avec son épouse, sa fille Marie Henriette l'aînée et l’époux de celle-ci Arsène Arbet, tous résidants dans la commune de La Petite Boissière.

On le voit témoin aux mariages de ses enfants en 1879, 1886, 1892. En juin il est dit domestique à St Jouin (lors du mariage de Marie Henriette la cadette) et en novembre 1892 (mariage de Marie Thérèse) dit cultivateur à St Amand. Il a 69 ans. Je perds sa trace ensuite.

 

Son acte de décès n'a pas été trouvé dans les registres d’état civil de St Amand, dernier domicile connu. J’ai élargi mes recherches dans les communes où il avait habité précédemment : St Jouin, La Petite Boissière et St Aubin jusqu'en 1932 (j’ai ratissé large : il aurait alors de 109 ans). Sans succès.

Je n’ai pas trouvé d'inventaire après décès sur les répertoires notariaux du chef lieu de canton, Châtillon, mais ces répertoires étant partiellement lacunaires il a peut-être existé sans que je puisse le trouver.

Du côté de l’enregistrement, je n’ai pas trouvé de testaments ou de succession à son nom (mais il n’y a pas de table postérieure à 1895).

Bref, François semble avoir disparu. Qu’est-ce qui pousse un homme de 69 ans, domestique de son état, a disparaître ainsi ?

  • Déchéance financière ? Avoir un ancêtre devenu mendiant, errant sur les routes, n’est pas si improbable. Mais pour le retrouver, c'est autre chose.
  • Problèmes judiciaires ? Les Archives départementales des Deux-Sèvres ne conservent pas les registres d'écrou de la Maison centrale de Thouars. Seul est parvenu un répertoire alphabétique des noms des détenus pour la période 1874-1925. Son nom n'y a pas été trouvé.

A tout hasard j’ai fait un tour sur la base de données des dossiers individuels des condamnés au bagne, des fois qu’il ait eu de sévères démêlés avec la justice. Ce site, hébergé par le site des Anom, recense les condamnés qui ont subi leur peine dans les bagnes coloniaux, principalement ceux de Guyane et de Nouvelle-Calédonie.… en vain.

 

A-t-il déménagé ? 

  • Peut-être pour trouver du travail ailleurs - si toutefois il en cherche (il a 69 ans) - mais dans ce cas il serait allé au-delà des limites cantonales, ce qu’il n’avait jamais fait avant. Difficile alors de deviner où il a atterri. 
  • Ou bien pour se rapprocher de ses enfants - mais les derniers domiciles connus de 4 de ses enfants survivants sont dans le canton. A tout hasard, je cherche dans la commune du cinquième et dernier enfant, sa fille Marie Thérèse. Elle demeure à Combrand, commune limitrophe de La Petite Boissière et de St Amand… mais dans le canton voisin de Bressuire.

Je commence par les tables des successions de l’enregistrement. Et là, surprise ! Je trouve un Benetreau François, demeurant à Combrand, décédé en 1894. Est-ce mon François Aubin ? Il est dit veuf de Louise Bouju : pas de doute possible. Je confirme auprès de l’état civil : c’est bien lui. J’ai enfin trouvé son acte de décès ! Et en bonus, sa succession (bon, en l’occurrence c’est un certificat constatant que le défunt ne possédait aucun actif, mais enfin, c’est toujours mieux que rien).

 

Alors, du coup, c’est dommage pour le thème de l’article de la semaine puisque j’ai trouvé ce que je n’avais pas trouvé ! Mais en refaisant soigneusement le tour de toutes les sources disponibles pour rédiger l’article, ça m’a donné de nouvelles idées où chercher… et j’ai l'ai eu !

 

3 commentaires:

  1. Bravo de tenir le rythme du challenge #52ancestors. Je viens de lire de beaux articles comme tu sais si bien les écrire. Cela me donnerait presque envie de participer, je vois que c’est un vrai marathon de généalogie que tu accomplis.

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  2. Ahhh des recherches comme on les aime 😊 good job !

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