Vu de l’extérieur, faire de la généalogie c’est accumuler
des dates, gâcher son temps devant un obscur tableau de matrice cadastrale ou
s’enthousiasmer par la mort (surtout quand on trouve un acte mentionnant la
cause particulière du décès). Bref, c’est bizarre.
Expliquer ses découvertes, transmettre ses recherches
généalogiques à des personnes qui n’y entendent rien, ce n’est pas toujours
évident.
Pour ne pas rebuter les profanes, il faut savoir adapter son
vocabulaire, trouver un point d’intérêt, utiliser un outil de médiation
accessible à tous.
Dans ce but, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de faire des
livres généalogiques.
Dans le cadre d’une cousinade, j’ai utilisé le carnet
pré-imprimé de la Revue Française de Généalogie « Mon carnet – toute une
vie à transmettre ». Ce carnet est destiné à raconter sa propre vie, y
inscrire ses relations, lieux de vie, souvenirs, coups de cœur… et ainsi
laisser un véritable témoignage pour les générations futures. Bref, raconter la
vie du généalogiste et pas celles de ses aïeux, pour une fois !
Cependant j’ai détourné l’usage premier de ce carnet et j’y
ai décrit la vie de mes arrière-grands-parents maternels Joseph Gabard et Flora
Roy.
L’avantage de cet ouvrage est d’y trouver des rubriques qui
aident à raconter le déroulé d’une vie. Le carnet est graphique et agréable à
feuilleter. Mais la médaille a aussi son revers : toutes les rubriques ne
sont pas forcément utiles pour la personne concernée. Il y a donc des pages laissées vides.
Comme j’ai rempli le carnet pour un couple et non pour une
personne seule, je me suis adaptée et j’ai doublé certaines pages (lieu de
naissance, ma famille, etc…). Je me suis amusée à ajouter des papiers à soulever,
à dérouler, à ouvrir… J’ai collé des photos, des reproductions de documents,
des dessins.
Exemple de pages intérieures "Mon carnet"
Bref, je l’ai modifié à mon goût.
"Mon carnet" de Joseph et Flora
Ludique, l’objet a été très apprécié lors de cette cousinade
réunissant les descendants du couple formé par Joseph et Flora.
En 2020 j’ai inventé un polar généalogique (à lire ici). Écrit
dans le cadre du défi d’écriture du ChallengeAZ, chaque chapitre correspond à
une lettre de l’alphabet, comme le veut l’usage de ce défi d’écriture
généalogique. Il se base sur des faits réels et des personnes ayant
véritablement existé. Seule l’intrigue policière a été créée de toute pièce.
Chaque article aborde une source permettant d’établir la
généalogie d’une personne et de donner corps à sa vie, son environnement,
depuis l’état civil jusqu’à la gastronomie locale, en passant par le récit des
recherches menées.
La fiction permet de faire de la généalogie sans le savoir.
A l’origine destiné à être publié seulement sur le blog, ma
mère m’a fait la surprise d’éditer quelques exemplaires physiques de ce polar.
Pour cela, elle n’a repris que les textes du ChallengeAZ (« dans un polar,
il n’y a pas d’image ! »). Elle est passée par CoolLibri, un site en
site d’auto-édition. Elle a pu y choisir la reliure, le format, le papier, etc…
Polar généalogique "Les racines du crime"
J’ai aussi fait imprimer deux autres livres, qui laissent une
grande place aux visuels. Ils ont été offerts en cadeau à mon père.
Le premier livre raconte les généalogies paternelles et
maternelles de mon père. C’est un sujet assez large puisqu’il s’étend sur neuf
générations. Au fur et à mesure des pages, on remonte le temps. Je me suis concentrée
sur les hommes, ce que l’on appelle une généalogie agnatique.
Livre "Une famille, une histoire"
J’ai établi une double page par génération : sur le
feuillet de gauche figure le nom et dates de l’ancêtre, accompagné de sa photo
ou sa signature (ou son nom seul à défaut) ; sur celui de droite, j’ai
rédigé un texte présentant une synthèse des recherches, émaillé d’anecdotes
familiales et ornés de photos et de documents (copies d’état civil et d’actes
notariés, cartes postales anciennes, illustrations de costumes ou d’outils…).
Des arbres complètent l’ouvrage, ainsi que des planches spécifiquement dédiées aux
lieux habités par nos ancêtres et aux photos familiales. Une bande de couleur
rouge sombre fait le lien entre les différentes pages.
Exemple d'une double page intérieure
Le format choisi est un A4 paysage (horizontal), avec une
couverture rigide. Il comporte 24 pages (48 vues).
Le second livre est plus graphique : il reprend les
codes du scrapbooking (une page, un décor).
Livre "Cécile et Augustin Astié"
Cet ouvrage est centré sur un seul couple,
Augustin Astié et Cécile Rols, les arrière-grands-parents de mon père. Le choix
n’a pas été facile à faire car j’avais aussi envie de raconter aussi la
génération précédente mais pour ne pas alourdir l’ouvrage, je me suis
restreinte (peut-être un livre futur ?). J’y explore les différents
aspects de la vie de ce couple : parents et fratrie (pour l’un, puis l’autre),
rencontre, mariage, enfants, métiers, décès, etc... Une page est consacrée à
chaque thème.
La plupart du temps le travail généalogique avait été fait
en amont, mais parfois la chronologie des découvertes a été inversée : l’idée
d’une page-thème a été le moteur de recherches complémentaires.
Réalisé dix ans après le premier livre, ma pratique
généalogique a évolué : j’ai pu inclure dans ce second ouvrage des sources
que je n’explorais pas dans le précédent (cadastre, presse ancienne, dossier de
carrière, etc…).
Le décor prend la majorité de la place, réduisant la taille
du texte disponible. Cette contrainte d’espace dédié à l’écrit m’a obligé
(permis) de faire une synthèse des recherches et de rendre abordable les sujets
traités. De cette façon le lecteur n’est pas noyé dans des détails inutiles ou
du vocabulaire abscons. Et permet une transmission plus facile.
Exemples de pages intérieures
Cette fois, pour changer, j’ai choisi un format carré, avec
une couverture souple. Il comporte 19 pages (38 vues).
Ces deux ouvrages restent des objets visuels. L’écrit n’y
tient pas la place principale. Ce n’est pas une étude complète. Je n’ai donc
pas rédigé d’introduction ou de conclusion, développé le contexte historique ou
la vie quotidienne locale. Je me suis concentrée sur de courtes biographies ou
des thèmes particuliers.
Pour ces deux livres, j’ai utilisé les services d’éditeurs en
ligne de livres photos (MonAlbumPhoto et PhotoBox). Ils sont faciles
d’utilisation : il suffit de télécharger des photos et les placer comme on
le souhaite sur la page ou de copier-coller des blocs de textes. Ces sites
laissent le choix de la reliure, du format, de la qualité du papier, etc... Pas
besoin de rentrer dans les relations parfois complexes avec un imprimeur. Le rendu
très satisfaisant, c’est une solution pratique pour fabriquer ce type
d’ouvrage.
A noter : ce sont des ouvrages à destination familiale.
Si j’en ai fait imprimer plusieurs exemplaires (pour les membres de ma famille qui
ont souhaité en posséder une copie), ils ne sont pas destinés à être vendus.
Dans ce cas, les contraintes sont différentes, notamment pour les illustrations
tirées d’un site d’archive soumises à la réutilisation à titre gratuit des
informations publiques (à garder en mémoire, au cas où).
Ce sont de beaux objets, plaisants à feuilleter et tout à
fait accessibles à tous.