« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mardi 24 décembre 2013

Avent généalogique

Pour ceux qui n'auraient pas suivi toutes les gourmandises journalières publiées sur Twitter pendant ce mois de décembre, les voici réunies ici :

Calendrier de l'avent, Photo Pin

1 : c'est UN arbre, et c'est le commencement de tout . . .
2 : c'est le nombre de pays où je trouve des ancêtres dans ma généalogie (la France et la Suisse).
3 : c'est le nombre de Helipx (prénom féminin) dans ma généalogie - mais je ne sais même pas comment ça se prononce !
4 +100=104 (je sais je triche) c'est l'âge de Mathurine Le Floc (sosa 7033) selon son acte de décès.
5 : c'est le nombre de siècles de ma généalogie (sans celui-ci) : Henri IV, Molière, Le Titien, Versailles, la Révolution, la première guerre mondiale . . .
6 : c'est le nombre de semaines entre le mariage de Coutand François/Cousseau Renée et la naissance de leur fils Pierre.
7 c'est le nombre de décès dans la famille Daburon en moins d'un mois en 1626 à Bauné alors que la peste sévit . . .
8 : c'est le nombre de naissances maximum pour un même jour calendaire (le 12 juin et 17 décembre à égalité).
9 : c'est le nombre maximum de décès par an pendant la Révolution (1789/1800), sans rapport apparent avec la période.
10 : c'est le nombre de "propriétaires" dans ma généalogie.
11 : c'est le nombre de métiers exclusivement féminins dans ma généalogie (blanchisseuse, fille de peine, mercière . . . ).
12 : c'est le numéro de département à l'origine de tout : l'Aveyron.
13 : c'est l'âge de plusieurs mariées de ma généalogie (le record c'est 12, mais c'était déjà pris !).
14 : c'est le nombre d'enfants pour le couple Le Boucher/Pillet à Jarzé (49) entre 1656 et 1676 (record non battu).
15 : c'est le nombre de générations dans ma généalogie retrouvées à ce jour.
16 : c'est le siècle où j'ai retrouvé les documents les plus anciens.
17 : c'est le pourcentage d'ancêtres prénommées Marie dans ma généalogie.
18 : c'est le nombre de sources différentes utilisées (registres Baptême-Mariage-Sépulture, cahier de doléance, testaments, contrats de mariage, recensements, cartes de Cassini, etc . . . ).
19 : c'est l'année (1919) où mon arrière-grand-père est revenu de la 1ère guerre mondiale. Pourquoi si tard ? C'est encore un mystère.
20 : c'est le pourcentage de signatures féminines parmi toutes les signatures d'ancêtres retrouvées à ce jour.
21: c'est l'âge de décès le plus jeune dans ma généalogie directe (Barbot Marie sosa 75), décédée "dans son domicile".
22 : c'est le pourcentage de vignerons parmi mes ancêtres.
23 : c'est le nombre de départements où je trouve des ancêtres en France.
24 : c'est à peu près le nombre d'heures (par jour, bien sûr ! ) pendant lesquelles je pense généalogie. Ah ! passion quand tu nous tiens . . .
 

vendredi 20 décembre 2013

Capable d'enseigner

Mon arrière-grand-mère maternelle Flora Roy est née en 1900 tout rond, à Saint-Amand-sur-Sèvre (79). Son histoire est presque un roman et mériterait un article à part entière. Aujourd'hui néanmoins je vais me concentrer sur un document qui m'est parvenu : son brevet de capacité pour l'enseignement primaire.

BCEP, coll. personnelle

Aux termes de l'article Ier de la loi du 16 juin 1881, nul ne peut, en France, exercer les fonctions d'instituteur ou d'institutrice, dans une école publique ou libre, sans être pourvu du brevet de capacité pour l'enseignement primaire.
Il existe deux brevets de capacité pour l'enseignement primaire : le brevet élémentaire et le brevet supérieur. Le premier se passait à 16 ans, le second à 18.
Le premier est le seul titre requis pour enseigner dans un établissement quelconque d'enseignement primaire public ou privé.
Le second confère aux maîtres et maîtresses qui en sont pourvus certains privilèges, tels que la nomination aux fonctions d'adjoint ou d'adjointe dans les écoles primaire, etc...

Les intitulés concernant cet examen sont si savoureux, que je ne résiste pas à vous les livrer [et à les commenter . . . ].

L'examen comprend trois séries d'épreuves :

Epreuves de la première série. —  

1° Une dictée d'orthographe d'une page environ, choisie dans nos meilleurs auteurs. [J'adore cette expression]
Des questions (cinq au maximum) relatives à l'intelligence du texte (définition du sens d'un mot, d'une expression ou d'une phrase ; analyse d'un mot ou d'une proposition). Il est accordé une demi-heure aux candidats pour revoir la dictée et pour répondre par écrit aux questions posées.
Chacune des deux parties de l'épreuve est cotée de 0 à 10 ;
2° Un exercice de composition française (lettre ou récit d'un genre très simple, explication d'un proverbe, d'une maxime, d'un précepte de morale ou d'éducation). 
Durée de l'épreuve : deux heures ;
3° Une question d'arithmétique et de système métrique, et la solution raisonnée d'un problème comprenant l'application des quatre règles (nombres entiers, fractions, mesure des surfaces et des volumes simples). [Hum, hum . . . ça fait rêver la littéraire que je suis]
Durée de l'épreuve : deux heures. 

Epreuves de la deuxième série. — 

Les aspirants doivent : 
 1° Faire une page d'écriture à main posée, comprenant une ligne en gros dans chacun des trois principaux genres (cursive, bâtarde et ronde), une ligne de cursive en moyen, quatre lignes de cursive en fin. 
Durée de l'épreuve : trois quarts d'heure ;
2° Exécuter à main levée un croquis côté d'un objet usuel de forme très simple (plan, coupe, élévation). 
Durée de l'épreuve : une heure et demie ;
3° Exécuter les exercices les plus élémentaires de gymnastique prévus par le programme des écoles primaires. 
Durée de l'épreuve : dix minutes au maximum. 

Les aspirantes doivent : [les épreuves pour les garçons et pour les filles sont donc différentes : bonjour le sexisme]
1° Faire une page d'écriture à main posée, comprenant une ligne en gros dans chacun des trois principaux genres (cursive, bâtarde et ronde), une ligne de cursive en moyen, quatre lignes de cursive en fin. 
Durée de l'épreuve : trois quarts d'heure ;
2° Exécuter un dessin au trait d'après un objet usuel. 
Durée de l'épreuve : une heure ;
3° Exécuter, sous la surveillance de dames désignées à cet effet par le recteur, les travaux à l'aiguille prescrits par l'article 1er de la loi du 28 mars 1882. 
Durée de l'épreuve : une heure. [Ah, Ah, Ah, on comprend les épreuves différentes]
 
Epreuves de la troisième série.

1° Lecture expliquée ; la lecture se fera dans un recueil de morceaux choisis en prose et en vers ; des questions seront adressées aux candidats sur le sens des mots, la liaison des idées, la construction et la grammaire ;
2° Questions d'arithmétique et de système métrique ;
3° Questions sur les éléments de l'histoire nationale et de l'instruction civique ; sur la géographie de la France avec tracé au tableau noir ;
4° Questions et exercices très élémentaires de solfège ;
5° Questions sur les notions les plus élémentaires des sciences physiques et naturelles et sur les matières de l'enseignement agricole.
Dix minutes au maximum sont consacrées à chacune de ces épreuves.

Nous rappelons aux candidats que :

ART. 1 et 2 : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l'entrée dans une administration publique ou l'acquisition d'un diplôme délivré par l'Etat constitue un délit. — Quiconque se sera rendu coupable d'un délit de cette nature, notamment en livrant à un tiers ou en communiquant sciemment avant l'examen ou le concours, à quelqu'une des parties intéressées, le texte ou le sujet de 1 épreuve, ou bien en faisant usage de pièces fausses, telles que diplômes, certificats, extraits de naissance ou autres, ou bien en substituant une tierce personne au véritable candidat, sera condamné à un emprisonnement de un mois à trois ans et à une amende de 100 francs à 10 000 francs, ou à l'une de ces peines seulement. *

 [Gloups !]

Je ne sais pas, hélas, quels étaient les intitulés exacts des épreuves que Flora a passées. Mais rien qu'au travers de ces quelques lignes on sent bien une autre époque (et je ne reviendrai même pas sur les travaux d'aiguilles).

Enfin, au cas où vous auriez été distrait pendant cette lecture de cet article (et surtout si vous n'avez pas examiné le brevet à la loupe), je vous rappelle que Flora a obtenu son brevet d'enseignement alors qu'elle n'était âgée que de 15 ans tout juste (tout de même). Elle a dû bénéficier d'une dispense pour pouvoir passer son examen.
Autre temps, autre époque.

Cet examen lui permis d'être institutrice primaire. Elle exerça notamment au pensionna du Sacré Cœur (avant de rejoindre son mari à la boucherie conjugale, changeant ainsi complètement de voie).

Flora Roy, 1918, coll. personnelle

C'était mon arrière-grand-mère (on l'appelait la "petite mamie") et je l'ai connue.

(*Source : inrp.fr)

lundi 16 décembre 2013

Bénédiction de cloche

Dans la série "vie quotidienne de nos ancêtres", voici un événement important dans la vie d'une paroisse : la bénédiction des cloches de l'église paroissiale.
Nous sommes ici à Andard (Maine et Loire) en 1692, où on procède à la "bénédiction de la petite cloche" :

Extrait des registres paroissiaux d'Andard, AD49


"Le septième jour de janvier mil six cent quatre vingt douze la
benediction de la petite cloche de cette paroisse a esté faite par mgr Jean
macé docteur en théologie chanoine de l'église St mainbeuf de la ville d'angers
la quelle a esté nommée Renée Lucresse par mgr Louis avril Sr des monceaux
conseiller de Roy Lieutenant civil et criminel de l'élection et grenier a sel
dangers et dame Renée Joullain veuf deffunt monsgr millon [ . . . ] Sr de
Luaudier, ont estés presents mgr urbain quiquaire curé de Couné mgr
michel Ramboux vicaire de Brain et maurice dupont cappelain dudit Brain
mgr mathurin Ravalery marchand droguiste tous demeurants dans la ville
dangers fors lesdits Ramboux et dupont demeurants paroisse de Brain"


Certains de nos ancêtres ont dû connaître cette bénédiction, comme Flon Pierre, vigneron à Andard (décédé en 1707), Guespin Marguerite (décédée en 1709), sa fille Houdouin Jeanne (décédée en 1703), sa petite-fille Lecuier Jeanne (née en 1685).

Cette cloche n'existe plus aujourd'hui : elle a été refondue en 1758 (selon Célestin Port, Dictionnaire historique de Maine et Loire), avec l'autre cloche.