« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 27 juin 2014

#ChallengeAZ : X comme Xxx, cet inconnu

Ma généalogie est parsemée de Xxx. C’est sous ce terme que sont désignés les prénoms ou noms inconnus.

Détail de l'arbre généalogique

La plupart du temps, ce Xxx est adopté lorsque le nom ou le prénom n'a pas été déchiffré. D'ailleurs, cet état n’est pas toujours définitif : l’écriture du rédacteur de l’acte devient plus familière à force de lire les registres (on s’habitue à la curieuse façon de faire les R chez untel par exemple) et par analogie on arrive à déchiffrer le nom (voir l'article Kesako ? de ce challenge). Ou dans un autre acte il est mieux écrit.

Ou bien encore d’autres généanautes ont été plus clairvoyants et nous donnent la clé pour percer le mystère. Mais parfois on trouve autant de versions du même nom que d'arbres généalogiques en ligne. Du coup, le choix est difficile, voire impossible : pourquoi adopter telle version plutôt qu'une autre ? Alors, en attendant de trouver un acte plus lisible que les autres, je garde le Xxx.

Au début j'avais centré mes recherches sur mes ancêtres directs. Puis, petit à petit, j'ai élargi à tous les enfants de mes ancêtres (enfin, tous ceux que j'ai trouvé). De ce fait, je vois les patronymes plus souvent écrits, et parfois par une autre main lorsque le rédacteur de l'acte change avec les années; ce qui permet de temps en temps de déchiffrer les noms inconnus.

Quelques fois, ce Xxx est choisi simplement parce que le rédacteur de l’acte n’a pas mentionné le nom. Par exemple : « Marthe, fille de Simon Drouard et Françoise ses père et mère ». N'étant pas extralucide, et en l'absence d'autres actes, ladite Françoise est nommée Xxx.

On retrouve aussi ce Xxx pour les enfants mort-nés et non prénommés. En effet, si la plupart du temps les enfants mort-nés sont prénommés avant d’être inhumés, il arrive parfois que ce ne soit pas le cas (ou alors le rédacteur de l’acte a omis le prénom).

Enfin, quatre personnes cumulent le Xxx à la fois dans le nom et le prénom : ce sont toujours des premières épouses non nommées dans l'acte de second mariage de l'époux. Exemple : "Jean Fonteny veuf de la paroisse de Cerizay". Comme il fallait bien mettre quelque chose dans la case ajoutée dans le logiciel de généalogie, j'ai opté pour le double Xxx. Pour celles-là, je n'ai pas beaucoup d'espoir de trouver leur véritable nom et leur état de "Xxx" risque de se prolonger un certain temps.

D'une façon tout à fait arbitraire, je n'ai pas nommé Xxx les pères inconnus ou mères non nommées : la case correspondante est simplement laissée vide.

A ce jour, on compte 18 Xxx comme patronymes et 15 Xxx comme prénoms (dans ma généalogie directe; 61 Xxx prénoms si on prend en compte la généalogie complète, avec tous les enfants).

La plupart des Xxx utilisés en tant que nom de famille sont des femmes, ce qui n'est pas étonnant : les noms d'épouses étant plus souvent négligés que ceux des hommes.



jeudi 26 juin 2014

#ChallengeAZ : W comme www.murmuresdancetres.blogspot.fr

A force d’engranger des informations, il faut bien les organiser. L’idée est venue de les mettre en scène, pour les rendre plus attrayantes à lire que d’interminables pages de texte sous Word : interactif, ludique, au gré des envies.

Ne trouvant pas, à l'époque, comment éditer un CD-Rom depuis chez soi, j'ai commencé à faire un site internet. Au fur et à mesure sont venues s’ajouter les pages sur les mariages, les photos, les lieux que mes ancêtres ont connus... Et puis la capacité autorisée - gratuite - du site a atteint ses limites maximum.

C’est alors que j’ai découvert le Challenge AZ 2013 dans la seconde quinzaine d’avril ; et de là, les nombreux blogs de généalogie qui émaillent la toile. L’idée d’en ouvrir un à mon tour s’est lentement, mais sûrement, insinuée. Et c’est en novembre 2013 que j'ai inauguré mon blog Murmures d’ancêtres. 

Capture d'écran blog Murmures d'ancêtres

Et puisqu’on est aujourd’hui à la lettre W, parlons du web en général :
Internet est aussi très précieux pour faire les recherches elles-mêmes : les sites communautaires, comme Geneanet, où chacun peut déposer sa généalogie, par exemple. Ils m’ont permis d’avancer sur bien des branches. Même si, on ne le dira jamais assez, il faut toujours en vérifier les informations car beaucoup se contentent de recopier des données qui s'avèrent parfois fausses dès le départ.

Les réseaux sociaux permettent aujourd'hui d'échanger, de diffuser, de débloquer aussi parfois...  C'est une autre façon de mettre en valeur sa généalogie, de la partager. Parce que la généalogie c'est aussi une question de partage.

Et bien sûr il y a aussi les archives en ligne : elles permettent de progresser de chez soi, à l’heure souhaitée, comme on en a envie. Quand on habite loin du secteur recherché et qu'on ne peut pas se déplacer, c'est irremplaçable. Sans cela, je n'aurai pas autant progressé et j'aurai peut-être même arrêté faute de sources à exploiter. Du coup, pour les départements qui ne sont pas en ligne, ou qui n’ont que des collections partielles, c’est parfois la frustration. L’impression d’être arrêtée sur le coup. Parfois ce n’est qu’une question de patience (de plusieurs années tout de même) et enfin les recherches peuvent reprendre et la famille s’agrandir.

Aujourd’hui ce n’est plus seulement l’état civil, mais aussi, les actes notariés, les archives militaires, les recensements en ligne... qui permettent d’appréhender d’une façon différente la vie de nos ancêtres. On peut compléter le décor, ajouter de la chaire au squelette que l'on a bâti avec les actes d'état civil.

Autre surprise, liée à internet, des cousins qui se manifestent ; des descendants d’une branche lointaine qui ont remarqué mon arbre en ligne. Ils me demandent parfois des compléments d’information. D’autres fois, au contraire, ce sont eux qui m’ont permis de débloquer des impasses.

En bref : le web, une mine d’or pour la généalogie aujourd’hui.


mercredi 25 juin 2014

#ChallengeAZ : V comme vigneron, forcément

Vigneron, c’est le métier le plus courant parmi les 128 métiers exercés par mes ancêtres.
Vignes © espacebrouilly

Mais comme c'était l'objet du Généathème de mars, je n'en reparlerai pas ici (voir l'article M comme métier). D’une manière générale, ce sont des métiers liés au travail de la terre qui sont majoritaires : laboureurs, cultivateurs, métayers, journaliers, bêcheurs…

Parmi les métiers les plus courants chez mes ancêtres, on compte quelques exceptions au domaine agricole :
  • les marchands (une cinquantaine d'individus) ; mais un certain nombre d’entre eux sont tantôt qualifiés de marchands, marchands fermiers, marchands puis vignerons (ou inversement) : la plupart restent donc liés aux métiers de la terre. Seuls quelques uns (8 personnes) échappent à cette tendance car la nature de la "marchandise" nous est connue : marchand boulanger, marchand de toile,  marchand tanneur, marchand meunier. Seulement 19 de ces marchands signent leurs actes d’état civil.
  • les "sans" : la mention "sans profession" recouvre des situations très variables selon les époques et les régions. La personne ne travaille effectivement pas; elle exerce la profession de son époux mais comme c'est une femme son métier n'est pas déclaré; elle est "mère au foyer"; cette mention équivaut aussi parfois à la retraite.
  • les domestiques.
  • les ménagères; mais selon les époques, ce terme désigne aussi un métier de la terre : lorsque l'agriculteur dispose d'une grande surface de terres, qu'il est riche, il est qualifié "ménager", c'est à dire chef de maison. L'épouse est donc la ménagère.
  • les tisserands.
  • les propriétaires (qui sont souvent des propriétaires terriens), qualifié ainsi souvent en fin de vie, lorsque la personne a pu, après une dure vie de labeur, acheter une terre.

Beaucoup plus rares dans ma généalogie, on compte 62 métiers différents exercés par une seule personne parmi nos ancêtres. Certains sont peu ou mal connus : les définitions ont été empruntées à D. Chatry, les métiers de nos ancêtres ( * ). Quelques exemples :

- Métiers de la santé :
  • Apothicaire (Bénavent Jean, à Conques, XVIIème). Celui qui prépare et qui vend les remèdes pour les malades : pharmacien.
  • Maître apothicaire (Bel François, à Taninges, XVIIIème)
- Métiers du bâtiment :
  • Couvreur d'ardoise (Courballay Guillaume, à Villevêque, 1672)
  • Maître charpentier (Bouchard Antoine, à Durtal, 1731)
- Métier du textile :
  • Chapelier (Astié Augustin, à Conques, 1805/1821)
  • Drapier (Bodet Jean, à Villevêque, 1619)
  • Tissier en toile (Vallée René, à Brain sur l'Authion, 1669). Personne qui fabrique des tissus de lin, de chanvre.
  • Maître cordonnier (Chaney Claude, à Cerdon, 1680)
  •  Mercière (Bregeon Clémentine, à Châtillon)
  • Sarger (Raouls Jean, à Conques, avant 1744). Ou serger : ouvrier fabriquant des étoffes ou tissus de laine, de la serge.
  • Tailleuse (Coutand Marianne, à La Pommeraie, 1840)
- Métiers agricoles et apparentés :
  • Charron (Brard Mathurin, à Jarzé, 1697). Fabricant de chars, charrettes, tombereaux, brouettes et autres moyens de transport.
  • Cordier (Bédier Jacques, à Faremoutiers, 1703)
  • Vacheron (Gros Joseph, à Chezery, 1721). Définition pas trouvée.
- Métiers de la sécurité :
  • Employé dans la brigade (Puissant Marin, à Candé, 1740/1742)
  • Gendarme à pied à la résidence d'Ajaccio (Astié Pierre Jean, à  Ajaccio, 1851)
- Métiers de l'administration :
  • Procureur de fabrique (Bieslin Jean, à Pellouailles, 1707). Personne chargé des intérêts matériels de la communauté religieuse du village.
  • Receveur de l’enregistrement (Martin Pierre-Jean, à Conques, 1815, 1833). Personne qui fournit les renseignements pour l'établissement des titres de propriété des biens immeubles et la rédaction des déclarations de succession.
- Métiers de l'éducation :
  • Instituteur / instituteur primaire / institutrice (Berrod Jean-François, à Montanges, 1844, et Mérignat, 1853 / Roy Flora, à Châtillon sur Sèvre, 1924)
  • Nourrice d'enfants (Pillet Marie, au Plessis Grammoire, 1866)
- Métiers liés à l'entretien :
  • Blanchisseuse (Béroud Roze, au Poizat, 1839)
  • Cuisinière (Le Floch Ursule, à Tigeaux, 1900)
  • Lingère (Galerne Marie, à Loudéac, 1868/1874)
- Métiers du commerce :
  • Employé de la Banque de France (Rols Alexandre, à Angers, 1868)
  • Marchand boulanger (Nourry Pierre, à Candé 1753)
  • Représentant de commerce (Borrat-Michaud André, à Angers, 1946)
- Métiers liés à l'eau :
  • Marinier (Macréau Henri Lucien, à Mortcerf, 1720). Marin d'eau douce, c'est à dire naviguant sur rivières et canaux, généralement sur une péniche assurant le transport des marchandises.
  • Pêcheur (Le Tessier François, à Ménil, 1702)
  • Pontonnier (Le Tessier Jean, à Ménil, 1704). Personne percevant les droits de pontonage payés par ceux qui traversent une rivière soit sur un pont soit dans un bac.
- Métiers de bouche :
  • Aubergiste (Prost Joseph Marie, à Martignat, 1838). Personne tenant maison où l'on loge et ou l'on donne à manger.
  • Cabaretier (Pillet Jacques, à Ingrandes s/Loire, 1810). Personne tenant maison où l'on donne à boire et à manger pour de l'argent.
  • Farinier (Jarousseau Pierre, à Rochetrejoux, 1738). Marchand qui vend de la farine.
- Divers :
  • Coutelier (Puissant Charles, à Candé, 1856)
  • Déménageur (Borrat-Michaud Jean François, à Eaubonne, 1920)
  • Maître maréchal (Mathieu Mermillon Pierre, à Montanges, 1685)
  • Ouvrière  lapidaire (Gros Marie, à Condamine, 1916). Ouvrière taillant toutes sortes de pierres précieuses.
  • Rentière (Maire Marie-Sophie, à Groissiat, 1855)
  • Botteleur (Le Floch Vincent Marie, à Loudéac, 1901). Ouvrier métallurgiste chargé de mettre en bottes les barres (ou verges) de fer pour la vente; les verges de fer étant ensuite utilisées par les cloutiers, entre autres.
 

On compte cinq métiers exercés de père en fils ou belle-mère/bru :



  • Praticien (Regourd Pierre et Etienne, en Rouergue). Médecin. Il épouse une fille d'apothicaire (Bénavent Marie, à Conques, en 1672)

  • Concierge des prisons (Puissant Marin et son fils Joseph, à Candé, de 1745 à 1783). Le père a d’abord été « employé dans la brigade ».
  • Cordonnier (Puissant Urbain et Pierre, à Morannes, 1663)
  • Filandière (Le Mauff Suzanne et sa bru Le Goff  Marie Louise, à Loudéac, en 1808 et 1843). Fileuse de lin : Femme travaillant les filasses de lin avec un rouet de manière à en produire des fils qui sont ensuite mis en pelote.
  • Maréchal en œuvres blanches (Clavier Pierre et son fils Gabriel, à Saint Sylvain, en 1700 et 1701). Taillandier (forgeron) ne fabriquant que des outils tranchants.

 ( * ) Sauf le receveur de l'enregistrement.