« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

jeudi 4 juin 2015

#ChallengeAZ : D comme domicile

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas vous allez vite le savoir, mais du fait de ses différentes nominations (notamment en tant que garde forestier), Jules va changer plusieurs fois de domicile.

Selon les sources, il est parfois difficile de le localiser. Ainsi, rien que pour l’année 1905, il est successivement dit « scieur aux Neyrolles » (acte de décès de son épouse, en juin) et « cultivateur au Poizat » (dans sa lettre de nomination au poste de garde forestier à Samognat, en octobre).
En fait, on ne peut se fier ni au métier ni à la localisation donnée par les sources, sans un certain recoupement. Ainsi, on l’a vu (cf. article A comme Assumel Lurdin), le métier de lapidaire exercé alors qu’il avait une vingtaine d’année, n’est qu’une activité secondaire, hivernale. De même, nommé garde forestier à Samognat, il n’habitera jamais cette commune.

Une seule source permet d’être sûre de ses différentes résidences : les recensements. Appelées listes nominatives de population, elles ont été dressées de manière systématique à partir de 1836, tous les 5 ans (sauf pendant les années de guerre). Elles indiquent, pour chaque commune, par rue et par foyer, les noms et prénoms des habitants, leur profession, leur place dans le ménage (chef de famille, épouse, fille, fils, domestique...) et, parfois même, l'âge, l'année et le lieu de naissance, la nationalité, les infirmités ou la religion.

Jules apparaît ainsi dans les listes de recensement du Poizat :
  • en 1896 (il a 20 ans). Il habite Monent avec ses parents, ses trois frères et sa sœur. Il est dit lapidaire.
Extrait du recensement du Poizat, 1896 © AD01
  • en 1901 (il a 25 ans). Il habite Le Replat avec sa mère, ses trois frères et sa sœur (son père est décédé en 1897). Il est lapidaire et patron. Il emploi probablement son frère Joseph âgé de 19 ans.
Il déménage ensuite et apparaît dans les listes de recensement aux Neyrolles :
  • en 1906 (30 ans). Il habite au "Village d'en bas" avec sa fille Blanche (dite née en 1906 aux Neyrolles, mais sa mère est décédée en 1905 : c’est une erreur du rédacteur – ou de son informateur – elle est née en 1903, et au Poizat, en fait [ 1 ]). Il est scieur (son patron se nomme Carrier).
Enfin, on le voit dans les listes de recensement à Martignat :
  • en 1911 (35 ans). Il habite à Grande Rue (Sur Muret) avec son épouse et sa fille Blanche (correctement dite née en 1903 au Poizat, cette fois, « fille »). Il est dit de nationalité française, garde forestier et « époux ».

Lorsqu’il déménage en Anjou dans les années 1920, on perd sa trace dans ce type de source. D’abord parce qu’il n’y a pas de recensement de la population en ligne en Maine et Loire. Et puis parce que de toute façon il n’y a pas de document postérieur à 1911 en ligne car les instances décisionnaires (CADA - Commission d'accès aux documents administratifs - et CNIL - Commission nationale informatique et libertés) s’opposent à la diffusion sur internet de données concernant des personnes susceptibles d'être encore en vie.

[ 1 ] D’où l’importance de bien toujours recouper les sources et ne de pas prendre pour argent comptant un document, tout officiel qu’il soit.

Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Sources : recensements, état civil.

mercredi 3 juin 2015

#ChallengeAZ : C comme candidature

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le saviez il fallait me le dire, mais en tant que garde des eaux et forêts, dépendant du Ministère de l’Agriculture, Jules Assumel-Lurdin figure régulièrement dans les documents dudit Ministère conservés aux archives départementales de l’Ain (une trentaine de documents ont été trouvés à ce jour). 

Ces documents consistent notamment en correspondance échangée entre des maires, Préfets, conservateurs des eaux et forêts, etc… au sujet de Jules et de cet emploi.

Ainsi une lettre du conservateur des eaux et forêts, datée du 11 octobre 1904 et adressée au Préfet de l’Ain, signale que la candidature de Jules au poste de garde forestier communal a été agréée.

Correspondance, archives du Ministère de l'Agriculture © AD01


« Mâcon, le 19 octobre 1904

Le Conservateur des Eaux et Forêts
A Monsieur le Préfet de l’Ain
A Bourg
En réponse à votre lettre du 18 octobre courant, j’ai l’honneur de vous faire connaître que la candidature de M. Assumel du Poizat, à un emploi de garde forestier communal a été agréée par décision du 22 septembre dernier.
Vous avez bien voulu également vous intéresser à d’autres candidats plus anciens et non moins méritants, mais M. Assumel sera proposé aussitôt que les circonstances le permettront.
Pour le conservateur en tournée
L’inspecteur régional délégué »

Il faudra néanmoins attendre le 31 octobre 1905 pour qu’un poste se libère et qu’il soit nommé à Samognat (à 25 km du Poizat où il résidait jusqu’alors).

C’est le début du parcours de Jules en tant que garde forestier qui commence. Il a alors 29 ans.

Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour ces trouvailles.
Source : état du personnel des eaux et forêts.

mardi 2 juin 2015

#ChallengeAZ : B comme brigadier

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le savez c’est tant mieux, mais différentes sources peuvent indiquer le métier exercé par nos ancêtres.

Extrait du recensement de Martignat, 1911 © AD01

Ainsi, on peut retracer la carrière tout au long d’une vie. Dans le cas de Jules Assumel Lurdin, on le voit successivement être :
  • lapidaire (recensement de 1896 – 20 ans). Sous entendu "ouvrier lapidaire" : tailleur de pierres précieuses (sauf le diamant : travail réservé au diamantaire). Pour en savoir plus sur ce métier voir l’article Mes arrière-grands-parents étaient lapidaires. C’est une activité saisonnière.
  • lapidaire et patron (recensement de 1901  – 25 ans). Plus étonnant, en 1901 il est dit patron : il semble employer son jeune frère, de six ans son cadet.
  • cultivateur (fiche militaire 1896 – 20 ans ; acte de mariage de 1902 – 26 ans).
  • scieur (acte de décès de sa première épouse et liste électorale de 1905 – 29 ans ; recensement et acte de mariage de 1906 – 30 ans). C’est peut-être aussi une activité annexe au métier agricole qu’il exerce avant et après.

A partir de 1905 on le voit évoluer comme garde forestier, avec différents grades ou appellations :
  • garde communal des eaux et forêts (J.O. de 1908 – 32 ans). 
Le garde des eaux et forêts est responsable d’une circonscription territoriale appelée "triage". Il y surveille et aménage la forêt. Il s’occupe du marquage des arbres à couper, de leur coupe même et replante des arbres. Gardiens de la nature, il veille à la protection de la faune et la flore. Ainsi il lutte contre le braconnage, le vol de bois, ou la cueillette d'espèces protégées ou menacées. Il veille à la bonne application des lois concernant la gestion et la protection des forêts. Il assure la police de la nature et de l’environnement en qualité d’agent assermenté. À ce titre, il est habilité à constater les infractions en forêt (procès-verbal). Il travaille sous l’égide du ministère de l'agriculture (ou aujourd’hui de l’ONF). Les qualités nécessaires à cet emploi sont l’endurance physique pour se déplacer dehors par tout temps (ce qui fera défaut à Jules, comme on le verra dans l’article S : rendez-vous le 22 juin !), le sens de l’observation et le sens des relations humaines pour s’entretenir avec les usagers de la forêt (propriétaires, chasseurs…) et les autorités locales.
  • garde communal (fiche militaire 1909 – 33 ans).
  • garde forestier (acte de mariage et liste électorale de 1910 – 34 ans ; recensement de 1911 – 35 ans ; liste électorale de 1913 et 1914 – 37 et 38 ans ; acte de décès de 1929 – 53 ans).
  • garde domanial des eaux et forêts (J.O. de 1920 – 44 ans ; fiche militaire 1921 – 45 ans).
  • brigadier domanial (J.O. de 1921 – 45 ans).
  • garde des eaux et forêts (presse de 1928 – 52 ans).

Merci aux Archives Départementales de l’Ain, Wikipedia et à Gallica pour toutes ces trouvailles.
Sources : recensements, fiche militaire, état civil, JO, presse en ligne, listes électorales.