« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

mercredi 17 juin 2015

#ChallengeAZ : O comme ovale

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le savez c’est tant mieux, mais sur les fiches militaires on trouve aussi la description physique de son ancêtre. 

On trouve cette information dans la partie « signalement ».

Extrait fiche matricule militaire Jules Assumel-Lurdin © AD01

Au cours de mes différentes recherches, j’ai récolté un certain nombre de fiches militaires (toutes branches généalogiques confondues). 

Selon les époques, les critères (pré-remplis sur la fiche) peuvent varier légèrement. Ainsi :
  • les cheveux et sourcils peuvent être châtains, bruns, noirs, blonds ou roux ; 
  • les yeux marrons, châtains, gris clairs, gris bleus ; 
  • le front haut, bas, ordinaire, découvert, rond ou vertical ; 
  • le nez fort, aquilin, petit, moyen, gros, droit, busqué ou rectiligne ; 
  • la bouche moyenne, grande ou saillante ; 
  • le menton rond ou à fossette ; 
  • le visage ovale, rond, allongé ; 
  • le teint brun.

Des marques particulières peuvent être signalées, telles des cicatrices, des lèvres épaisses, des tâches de rousseurs.

Malheureusement, les recruteurs ont parfois « oublié » de remplir tout ou partie de ce signalement et adieu la description physique !

D’autres ont des façons particulières d’observer leurs nouvelles recrues. Ainsi, j’ai un ancêtre qui a les yeux "roux" et un autre "orangés très verdâtres" !


Merci aux Archives Départementales de l’Ain, de la Vendée, de la Haute-Savoie, du Maine et Loire et de Paris pour ces trouvailles.
Sources : fiches militaires.


mardi 16 juin 2015

#ChallengeAZ : N comme nomination

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas ce n’est pas très important, mais certains documents concernant Jules Assumel conservé aux Archives Départementales de l’Ain sont plus émouvant que d’autres.

C’est le cas, par exemple, des lettres officialisant les nominations de Jules en tant que garde des eaux et forêts.

Nomination par le Préfet © AD01

"République Française
Préfecture de l’Ain
Nous, Préfet de l’Ain, Chevalier de la Légion d’honneur,
Vu le code forestier (art. 92, 95, 96, 97 et 98) ;
Vu le décret du 25 mars 1852 [ ?] et la circulaire ministérielle du 3 mai suivant
Vu la présentation faite par M. le Conservateur des Forêts, à la date du 28 octobre 1905
Arrêtons :
Art. 1er Le sieur Assumel Lurdin Jules Joseph Eugène, cultivateur au Poizat et nommé garde forestier à Samognat, triage n°24 du cantonnement d’Oyonnax, en remplacement du sieur Mathieu dont la démission est acceptée.
Art. 2 Le traitement annuel de cet agent est fixé à la somme de cinq cents francs.
Art. 3 Avant d’entrer en fonction, le titulaire justifiera avoir prêté par-devant qui de droit le serment prescrit par la loi du 6 octobre 1791.
Art. 4 M. le Conservateur des forêts est chargé d’assurer l’exécution du présent arrêté
Bourg, le 31 octobre 1905
Le Préfet de l’Ain"

Bon d’accord, au début je pensais que ça serait une belle lettre sur papier à en-tête. L’exemplaire qui m’est parvenu ne correspond pas vraiment à celui que j’avais imaginé… (ou est-ce juste le brouillon de la lettre ?) mais finalement c’est tout aussi émouvant, moins formel.

Celle-ci est la première. Je dispose aussi des suivantes, lorsqu'il sera nommé dans d'autres communes, au gré de son évolution dans la carrière.

A noter : il est dit "cultivateur au Poizat" en ce mois d'octobre 1905, mais en juin il était "scieur aux Neyrolles" (selon l'acte de décès de sa première épouse). Le recensement de 1901 le confirme au Poizat et celui de 1906 aux Neyrolles. Bref, un ancêtre parfois difficile à localiser précisément...


Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour cette trouvaille.
Source : état du personnel des eaux et forêts, état civil, recensement.


lundi 15 juin 2015

#ChallengeAZ : M comme militaire

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous le savez ça tombe bien moi aussi, mais grâce aux fiches matricules on peut suivre le parcours militaire de son ancêtre, de façon plus ou moins précise.

Fiche matricule militaire de Jules Assumel Lurdin © AD01

Jules a tiré le n°46 dans le tirage du canton de Nantua. Suite au conseil de révision, il est inscrit dans la première partie de la liste de recrutement communal (bon au service).

La fiche détaille ensuite le service militaire du soldat. La recrue est d'abord envoyé dans l'armée active :
  • Jules est ainsi incorporé au 5ème régiment d'artillerie (à compter du 15/11/1897). Il est arrivé au corps ledit jour. 
  • Il obtient le grade de brigadier le 30/3/1899. 
  • Un certificat de bonne conduite lui a été accordé.

Deuxième temps : la disponibilité ou la réserve. Elle est composée d'hommes retournés à la vie civile. Devenu "réservistes", ils peuvent être rappelés en cas de mobilisation pour compléter les effectifs des unités d'active ou pour former une unité de réserve. La durée de passage dans cette réserve varie suivant la loi de recrutement : en 1889 elle est de 7 ans et passe à 11 ans en 1913, par exemple.
  • Jules est envoyé dans la disponibilité le 28/9/1900 en attendant son passage dans la réserve.
  • Il est envoyé dans la réserve de l'armée d'active le 1/11/1900.  
  • Sa fiche confirme également ses affectations comme garde communal : à Martignat (le 13/3/1909), puis à Condamine la Doye (le 4/3/1913). Et son reclassement à Angers (le 4/4/1921).
Son affectation dans la réserve ne signifie pas la fin de la vie militaire : il peut non seulement être mobilisé à nouveau, comme on l'a vu, mais il doit aussi accomplir trois périodes d'exercices officiellement appelées "appels périodiques en temps de paix". En effet, la réserve peut durer plus d'une dizaine d'années, donc il ne faut pas que le soldat "oublie son métier" et reste opérationnel. La durée de appels varient selon les époques (de 28 à 17 jours selon les lois de recrutement). 
  • La première période d'exercice se déroule théoriquement la deuxième année après le passage dans la réserve de l'armée d'active et s'effectue souvent en septembre. Elle dure 28 jours jusqu'en 1905, puis 23. Jules a accompli sa première période d'exercices dans le 5ème régiment d'artillerie du 18 novembre au 15 décembre 1903 (soit un peu plus tardivement que la "norme").
  • Il a été dispensé "6%" de la seconde en 1906 : cette dispense indique que 6% des réservistes de chaque corps d'armée pouvaient être dispensés d'une période d'exercices car "soutiens indispensables de famille". En effet Jules est père d'une petite fille âgée de 3 ans et déjà veuf pour la première fois (voir article G comme Gros).

Troisième temps de la vie militaire : l'armée territoriale. En cas de mobilisation, elle forme des unités destinées à tenir les places, rester en arrière.
  • Suite à la déclaration de guerre, Jules est mobilisé dans un bataillon de chasseurs le 2/8/1914 ; ce qui est logique puisque ce sont les forestiers eux-mêmes qui demandèrent leur intégration dans l’armée dans les années 1870, donnant naissance aux Chasseurs Forestiers. Ils obtinrent un statut militaire en temps de guerre (naturellement soumis aux lois militaires). En 1914, les chasseurs forestiers font partie des "troupes d'élites". En temps de paix, le personnel sert à assurer la continuité du service forestier et sa surveillance. En temps de guerre, les chasseurs forestiers sont alors intégrés dans les premières lignes, et servent de guides et d’informateurs de l’armée. 
  • Jules est renvoyé dans ses foyers comme inapte le 11/10/1915 (il a des problèmes de santé, comme nous le verrons plus tard).  
  • Il est définitivement libéré du service militaire le 10/11/1925.
Théoriquement, une dernière période d'exercices doit être effectuée pendant cette dernière phase de la vie militaire. Ce dernier appel se déroule trois ans après le passage des hommes dans l'infanterie territoriale. Celle de Jules n'est pas remplie; sans doute à cause de la mobilisation et de la Grande Guerre.

La fiche militaire comprend aussi d'autres mentions. Par exemple si votre ancêtre a un casier, ce "détail" sera mentionné. Il y a aussi d'autres trésors : on l'a vu avec l'article I comme instruction et on le verra encore un peu plus tard...

Bon, parfois vous aurez aussi sur la fiche une mention qui va rester totalement mystérieuse, du genre "29 PC / 8474 / B (ou 13 ?)", mais enfin...



Merci aux Archives Départementales de l’Ain pour cette trouvaille.
Source : fiche militaire, combattant.14-18.pagesperso-orange.fr