« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

samedi 13 janvier 2018

La guerre de la Vandée

Nombre de mes ancêtres habitaient de part et d’autre de la limite entre la Vendée et les Deux-Sèvres. Pour le moment, je n’ai trouvé aucune preuve que l’un ou l’une d’entre eux ait pris une part active dans le conflit dit des « guerres de Vendée ».

Pour mémoire, les guerres de Vendée est le nom donné à la guerre civile qui opposa, dans l'Ouest de la France, les républicains (les bleus) aux royalistes (les blancs), entre 1793 et 1796. Comme partout en France, la Vendée a connu des manifestations paysannes entre 1789 et 1792. Mais c'est au moment de la levée en masse, en 1793, que la révolte ou rébellion vendéenne, aussi appelée insurrection vendéenne, s'est déclenchée, dans un premier temps comme une jacquerie paysanne classique, avant de prendre la forme d'un mouvement contre-révolutionnaire.

Étalée sur trois années, la guerre a connu plusieurs phases, avec une brève période de paix au printemps 1795. Elle s'est terminée au début de l'année 1796, après avoir fait plus de 200 000 morts et causé de nombreuses destructions. [*]

Au plus fort des combats, on distingue notamment la mise au point d’un plan de campagne dans lequel vingt colonnes mobiles, ultérieurement rebaptisées « colonnes infernales », sont chargées de dévaster et d'appliquer la politique de la terre brûlée dans les territoires insurgés des départements du Maine-et-Loire, de la Loire-inférieure (aujourd’hui Loire Atlantique), de la Vendée et des Deux-Sèvres qui forment la « Vendée militaire ». Seules quelques villes indispensables à la marche des troupes doivent être préservées. La consigne est de passer au fil de la baïonnette tous les rebelles « trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises, » ainsi que « les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. » Il ajoute que « les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l'ait préalablement ordonné. » En revanche les hommes, femmes et enfants dont le patriotisme ne fait pas de doute devront être respectés et évacués sur les derrières de l'armée.
D’où les nombreuses destructions et disparitions de personnes (insurgées ou non) de ce territoire. Au cours de cette période, plusieurs dizaines de milliers de civils vendéens ont été massacrés, des centaines de villages brûlés (et de multiples archives ont disparues !). [**] Un accord de paix est signé en février 1795, assortie d’amnisties et d’indemnités compensatoires. Mais la paix reste bien fragile, l’insécurité demeure et le conflit ne tarde pas à reprendre de la vigueur. De nouveaux accords de paix sont finalement signés en janvier 1800. Le traumatisme de ces violentes destructions perdurera longtemps dans le paysage et les mentalités de la Vendée.

 Le Bataillon Carré, Affaire de Fougères, 1793 © Julien Le Blant, Wikimedia Commons

Tout cela explique les nombreux trous de ce côte-ci de mon arbre, notamment à cause de la disparition des archives, mais aussi à cause des « trous de mémoire ». Ainsi par deux fois dans des actes on évoque ce conflit pour justifier le fait qu’on ignore le lieu et la date de la disparition de certaines personnes. [***]

Prenons l’exemple de Jean Jadaud et son épouse Marianne Fuzeau. De Jean, je ne sais presque rien. On le dit originaire de Montravers (Deux-Sèvres) mais je n’ai pas trouvé le document qui l’atteste de façon certaine. Son épouse est peut-être de Saint-Amand-sur-Sèvre (Deux-Sèvres), commune limitrophe de la Vendée qui a elle aussi perdue ses archives anté-révolutionnaires. J’ignore leur date de mariage, probablement dans les années 1750. Je leur connais 10 enfants, tous nés avant la Révolution. Pour aucun d’eux je n’ai pu trouver d’acte de naissance. Par contre j’ai retrouvé six actes de mariage et quatre actes de décès, attestant de leur filiation. Un seul acte donne une date de naissance précise : le mariage de Marie Anne, née en 1778 à St Amand. Ces actes se situent tantôt en Vendée tantôt dans les Deux-Sèvres.

Cherchant le décès de Jean, je m’aperçois qu’il est dit déjà décédé en l’an V/1796 (mariage de son fils Jean à La Flocellière, 85) et en l'an IX/1801 (mariage de sa fille Marie Anne à La Verrie, 85). Mais il n'est pas dit décédé au mariage de son fils Joseph en l’an VIII/1800 à St Amand, 79. Ce dernier élément ne prouve pas véritablement qu’il soit encore vivant : ce peut être un simple oubli, comme cela arrive régulièrement pour ce genre de mention.

En 1826 le mariage de son 9ème enfant, son fils Alexis, à St Amand (79) nous apporte davantage de précisions : Alexis est dit âgé de 48 ans, mais il a fallu un acte de notoriété passé devant un juge de paix cantonal pour le confirmer ; ce qui nous laisse supposer que les registres anciens ont disparus. Le fait que je juge de paix soit du canton de St Amand nous porte à croire qu’il est né dans cette commune, vers 1778 donc ; ce qui est d’ailleurs prouvé un peu plus loin : « né et domicilié en cette commune ». Ce qui lui faisait une quinzaine d’années durant les fameuses guerres de Vendée. En 1826 il est dit majeur (à 48 ans, c’est logique) et exerçant la profession de domestique.  Cet acte de mariage donne sa filiation : il est le « fils légitime de feu jean jadaud, cultivateur, et de feue marie anne fuzeau, les deux décédés en cette commune en les temps des guerres de la vandée sans pouvoir en préciser le jour ».

Si vous vous rappelez le début de l’article, les guerres de Vendée ont lieu entre 1789 et 1796 puis, malgré des accords de paix, se prolongent jusqu’en 1800. Ce qui place donc vraisemblablement les décès des parents Jadaud dans la décennie 1789/1799. Malheureusement il n’y a pas de registre de décès à St Amand antérieur à l’an VI, et encore sont-ils très lacunaires : an VI, VII, IX, X, 1802 ; 18 pages en tout.
Je n’y ai pas trouvé le décès de Jean Jadaud. Par contre, j’ai trouvé celui de son épouse Marianne Fuzeau ! Et là, surprise : elle est décédée en novembre 1807, « confortablement installée » - si je puis dire - dans la ferme de ses fils Jacques et Joseph, au lieu-dit La Ruffinière, commune de St Amand. Ce sont ces/ses deux fils et l’un de ses gendres qui déclarent son décès au maire François Guetté (un autre de mes ancêtres soit-dit en passant…). Elle est alors dite âgée de 77 ans. Ledit Jacques est mon ancêtre direct.

Ces deux actes (décès de Marianne et mariage d’Alexis) m’inspirent deux réflexions :
- tout d’abord novembre 1807 c’est un peu tard pour parler encore des guerres de Vendée, même si le conflit « officiel » s’est prolongé par de nombreuses escarmouches.
- et surtout comment Alexis a-t-il pu oublier le décès de sa mère ? Il avait alors environ 29 ans lorsqu’elle a été inhumée et lors de son mariage en 1826 cela faisait à peine 20 ans que sa mère était décédée, chez ses frères, dans la ferme familiale ! D’autant plus que Jacques était présent au mariage d’Alexis : pourquoi n’a-t-il pas lui aussi mentionné le décès de sa mère, qu’il a lui-même déclaré ?

Vu l’âge d’Alexis, l’hypothèse du trou de mémoire me semble peu probable. Une brouille familiale « escamotant » les parents n’est pas envisageable puisque Jacques était présent au deux événements. Est-ce que l’officier d’état civil a voulu s’épargner la peine de consulter ses registres ? Ou est-ce simplement dû au fait que les dates de naissance et de décès étaient moins suivies autrefois ? Nous ne le saurons probablement jamais. Peut-être a-t-on ici la preuve que les guerres de la « Vandée » ont laissé des traces inaltérables dans les mémoires… et dans les registres.


[*] On notera toutefois que ce chiffre varie beaucoup d’une source à l’autre en raison de la difficulté à différencier et comptabiliser les militaires, les civils, les "insurgés", les exilés, etc...
[**] Source : Wikipedia
[***] L’autre couple concerné est Jean Rabaud et Renée Marolleau dont les décès n’ont pas été retrouvés formellement.


samedi 6 janvier 2018

La généalogie est un voyage

  • La généalogie est un voyage...

Malles © marketmoquette.wordpress.com

Un voyage dans la vie de sa famille.
Un voyage dans son histoire. Et donc un voyage dans l’Histoire : les petites histoires de nos ancêtres rejoignant parfois la grande Histoire.
Un voyage dans la géographie : nos ancêtres sont souvent issus de régions, voire de pays différents [1] : un voyage au pays des plaines, des montagnes, de la mer, des climats, des langues…

  • La généalogie est un sentiment...

Passion, pour ceux qui ont attrapé le virus.
Patience, pour ceux qui font des recherches.
Humilité aussi, devant ce qui nous est offert, ou non.
Partage, pour ceux qui pensent que nos ancêtres ne nous appartiennent pas en propre.
Générosité, pour ceux qui pratiquent l’entraide sans rien attendre en retour.

  • La généalogie est une découverte...

Au fur et à mesure de la pratique on découvre des mondes inconnus, oubliés, disparus. Pour entrer dans ces mondes il faut une clé : le vocabulaire.
La généalogie est un voyage multiple :
Un voyage dans l’univers des monnaies : livre, sol, patagon…
Un voyage dans l’univers des tissus : serge, ritte, indienne…
Un voyage dans l’univers des titres : sieur, spectable, égrège…
Un voyage dans l’univers du parlé local : espued, serpentier, ruage…
Un voyage dans l’univers des mesures : sétérée, journal, bonnier…
Un voyage dans l’univers du vocabulaire administratif : feu, résidence, domicile…
Un voyage dans l’univers des métiers : notonnier, maréchal en œuvres blanches, grangier…
Un voyage dans l’univers des pratiques religieuses : ondoiement, extrême-onction, baptême sous condition…
Un voyage dans l’univers de l’écriture : paléographie, déchiffrage, devinette !
Un voyage dans l’univers des notaires : collégié, (ab) intestat, nuncupatif…
Un voyage dans l’univers des militaires : matricule, T.M., croix de guerre…
Un voyage multidisciplinaire, en somme. [2]

  • La généalogie est un apprentissage...

En permanence on apprend de nouvelles choses, des nouvelles notions, de nouvelles coutumes. Il suffit d’un document à déchiffrer, d’un article à rédiger, d’un billet lu qui aiguise la curiosité.
Un voyage dans le savoir.


Et après ça, qu’on ne me dise plus que la/le généalogiste ne se préoccupe que des morts !
Et après ça, qu’on ne me dise plus que la généalogie ne sert à rien !


[1] D’ailleurs, merci aux généablogueurs qui nous font découvrir les caractéristiques  - souvent inconnues pour moi - du pays basque, des hautes vallées des Pyrénées, de l’Alsace ou l’exotisme de la Réunion, du Québec, de l’Algérie, de la Russie... Je ne peux pas tous les citer : ils se reconnaîtront.
[2] Vous pouvez retrouver les définitions de ce vocabulaire varié sur la page Lexique de généalogie sur ce blog; page qui s'enrichit régulièrement au fur et à mesure de mes recherches...


dimanche 31 décembre 2017

#Centenaire1418 pas à pas : décembre 1917

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de décembre 1917 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
___ 

1er décembre
Départ à 7h. Itinéraire : Ca Vico, Nuove, Castello di Godego, Valla, Casella. On arrive à midi.

2 décembre
Départ à 9h. Itinéraire : Attivola, San Appolinare, Casella, Asolo, Posa, Castelcucco. Arrivée à 14h. Installation dans les cantonnements.
Carte Stroppari-Castelcucco

3 décembre
Départ à 8h45. Le village doit être de Castelcucco doit être évacué avant 9h : on bivouaque dans le vallonnement SO de Castelunga de 9h30 à 16h30 avant de pouvoir rejoindre notre cantonnement du soir à Pieve et Granigo.

4 décembre
Reconnaissance par les cadres des emplacements de leurs unités : le bataillon doit être en réserve de groupe.

5 décembre
Départ à 4h. Chaque unité gagne les emplacements qui lui sont assigné : des vallonnements orientés NS dans lesquels il n’existe aucune organisation. Nous construisons des abris légers et commençons des sapes.
Notre compagnie, la 8e et le SHR sommes assignés au Ravin de La Costa. La Division tient le secteur de Monte Tomba/Monte Monfenera. La 6e connaît des pertes.
Monte Tomba © magicoveneto.il

6 décembre
On améliore l’installation et les sapes. L’aviation ennemie se montre active : de nombreux appareils survolent la région.

7 décembre
L’activité de l’artillerie ennemie augmente. Plusieurs villages sont soumis à un tir de harcèlement assez conséquent entraînant des pertes. Un peloton va travailler chaque nuit en 1ère ligne où il va creuser le boyau de La Castella.

8 décembre
Recrudescence de l’activité de l’artillerie ennemie. Nous subissons des pertes, notamment un sergent de notre compagnie.

9 décembre
Quelques rafales, principalement sur le chemin Granigo-La Costa. Le lieutenant Henry, venu du 370e RI, est affecté à notre compagnie.

10 décembre
Assez grande activité de l’artillerie et de l’aviation ennemie. Fréquents tirs de harcèlement. Plusieurs pertes parmi les hommes.

11 décembre
Après une nuit assez calme, dès 7h des bombardements violents sur la Piave. De 15h30 à 16h de nouveaux tirs de harcèlement. Malgré la brume les avions ennemis survolent la région. De nombreuses pertes, dont 2 dans notre compagnie.
Panorama © frontedelpiave.info
Point rouge : Monte Tomba
Point orange : Monte Monfenera
Point vert : vallée de la Piave

12 décembre
En vue d’une relève prochaine, reconnaissance dans le secteur du 11e bataillon. Nuit nerveuse aux rafales fréquentes. Relève du 11e à la chute du jour ; terminée à 22h. Notre compagnie est affectée au sous quartier B à La Castella.
La ligne est constituée par une seule tranchée, discontinue par endroit, de La Castella au Monfenera. La Castella est la clé de la défense : les pentes N abruptes sur la Piave en interdisent l’accès. Les mitrailleuses sur l’arrête permettent de stopper l’ennemi sur le Monfenera.

13 décembre
Quelques rafales, aviation active.  Bombardements violent sur La Castella à partie de 9h. Un chasseur de notre compagnie blessé par une balle.

14 décembre
Nuit calme. Pendant la journée l’artillerie este silencieuse mais l’aviation se montre toujours active.

15 décembre
Nuit calme. Dans la matinée rafales sur les tranchées du Mont Castella. Nous apprenons la catastrophe du chemin de fer de Saint-Michel-de-Maurienne : un train de permissionnaires revenant du front italien a déraillé. On compterait plus de 400 morts !Quelle horreur !

16 décembre
Notre artillerie et notre aviation se montre active. Faible activité de l’ennemi. Les travaux sont poussés très activement : on creuse des sape, relie des tranchées, approfondit des boyaux …

17 décembre
Nuit calme. Artillerie ennemie peu active. Il a neigé : cela complique les choses, notamment pour repérer les pistes de la rive gauche du Piave. Un autre blessé dans notre compagnie par éclat d’obus.
Front italien neige, 1917 © Gallica

18 décembre
A 6h30 deux soldats ennemis tentent de s’approcher de nos lignes : sous les coups de feu de nos chasseurs ils se rendent. Ils appartiennent au 1er Régiment Bosniaque de la 50e DI autrichienne.

19 décembre
Dans la nuit nos patrouilles déterminent un lancement de pétards et de grenades.

20 décembre
Nos patrouilles repèrent deux postes ennemis en avant du Monfenera. L’artillerie ennemie reprend de l’activité. Quelques rafales sur La Castella. Vers 21h le bataillon est relevé par le 11eme. L’emplacement de réserve attribué à notre compagnie est situé au ravin de La Costa.

21 décembre
Calme. Installation.

22 décembre
A 2h15 une rafale d’une cinquantaine d’obus, dont quelques uns toxiques s’abat sur le ravin de La Costa. Quelques camarades sont indisposés. On améliore les sentiers muletiers.

23 décembre
A 6h30 rafales analogues à celles de la nuit précédente. Ordre de bataillon n°175.

24 décembre
Quelques obus à nouveau. Reconnaissance par les commandants de compagnie du secteur du 12eme bataillon en vue d’une relève prochaine.

25 décembre
L’activité de l’artillerie ennemie est toujours faible mais l’aviation se montre active : plusieurs appareils survolent les ravins à très faible hauteur. Encore un Noël sur le front. Le troisième. Cette fois en Italie. On peut dire que je vois du pays.
Peut-être aurons-nous de l’oie pour fêter ça…
Soldat chassant l'oie, sans date ©  Gallica

26 décembre
Journée calme. A la nuit on relève le 12e, sans incident. On démarre déjà les travaux d’aménagement des tranchées. Chute de neige.

27 décembre
Il paraît qu’il y a des instructions secrètes du Général commandant la Division annonçant que 3 bataillons, dont le nôtre, attaqueront les positions ennemies avant la fin de l’année afin de reprendre le Monte Tomba. On nous envoie reconnaître les 1ères lignes et le terrain d’attaque.

28 décembre
Nouvelles chutes de neige. On procède à des réglages de tirs d’artillerie. On a fait un prisonnier du 37e RI Hongrois. Préparation du plan d’attaque et préparatifs de toutes sortes : constitution de dépôts, reconnaissances du terrain, etc…

29 décembre
L’ordre d’attaque est précisé.

30 décembre
A 4h notre compagnie est relevée par le 12e. On retourne en réserve dans le haut de Comazzetto. Avant le jour les unités d’assauts font des brèches  dans les défenses accessoires, des gradins de franchissement du parapet. Des patrouilles reviennent avec de précieux renseignements sur les lignes ennemies particulièrement bien organisées. L’attaque est prévue à 16h5. Le tir de destruction commence à 12h. A l’heure H les compagnies d’assaut sortent des tranchées et marchent sur leurs objectifs. 16h15 : la 1ère ligne ennemie est enlevée. 150 prisonniers sont dirigés vers l’arrière.16h25 : tous les objectifs sont atteints. 16h50 : on s’organise sur la position conquise. Pertes : 13 tués, 45 blessés. La joie remplace la fatigue sur le visage des hommes. Nuit relativement calme, sauf une contre-attaque vers minuit rapidement dispersée par les feux des mitrailleuses.
A l’assaut du Mont Tomba © chemindememoire.gouv.fr

31 décembre
Journée calme. De minuit à 6h nous sommes relevé par le 54e. Plusieurs blessés. J’ai appris le décès de Lucien Isidore Beauchet, tombé hier sur les pentes du Monfenera. C’était un brave gars originaire de la Creuse.